Yasser

Arafat

Président du Comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP)

Discours prononcé devant l'Assemblée

mercredi, 13 avril 1994

Merci, Monsieur le Président. Je voudrais avant tout féliciter M. Tarschys, Secrétaire Général nouvellement élu du Conseil de l’Europe, et je salue avec respect et admiration Mme Lalumière pour l’œuvre qu’elle a accomplie.

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les parlementaires du Conseil de l’Europe, je voudrais vous dire tout d’abord combien j’apprécie cette occasion qui m’est donnée de vous rencontrer et de prendre la parole devant vous. Permettez-moi de vous transmettre de cette tribune le salut du peuple palestinien et de vous exprimer en son nom, au nom de mes frères membres du Comité exécutif de l’Organisation de libération de la Palestine et de l’Autorité nationale palestinienne (ANP), notre profonde gratitude pour le soutien et la solidarité que cet éminent Conseil n’a cessé d’apporter à la juste lutte de notre peuple pour parvenir à une paix globale et équitable dans notre région et en Palestine, pays de la paix, de l’amour et de la tolérance.

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, cette date du 13 avril 1994 à laquelle nous nous rencontrons aurait dû être celle des premiers résultats de la Déclaration de principes, à savoir le retrait des forces israéliennes de la bande de Gaza et de la zone de Jéricho, comme le stipule la déclaration précitée qui a reçu votre appui, celui de toute la communauté internationale, et celui de toutes les forces de liberté, de justice et de paix du monde. Huit mois se sont écoulés depuis la signature à la Maison-Blanche de cet accord entre nous et le Gouvernement d’Israël, accord qui aurait dû être mis en œuvre avec l’achèvement du retrait israélien.

La paix des braves a besoin de votre soutien et de votre assistance; nous nous trouvons actuellement à un tournant dangereux dans lequel le processus de paix est bloqué et où les possibilités de progresser et d’obtenir des résultats rapides diminuent.

J’étais censé venir aujourd’hui de Jéricho et c’est ce que vous aviez à l’esprit, je crois, quand vous m’avez invité à prendre la parole dans cette enceinte. Malheureusement, les espoirs que nous avions tous depuis la signature de la Déclaration de principes à Washington, le 13 septembre 1993, ne se sont pas matérialisés, en raison des réticences d’Israël et de ses hésitations à observer ses engagements. A cause de ce retard, notre peuple a souffert de deux massacres, à Hébron et à Gaza, où plus de quatre-vingt-dix martyrs sont tombés et où l’on a dénombré plus de huit cents blessés. Tous ces événements se sont produits aux dépens de la paix. Je puis vous affirmer en toute franchise que sans rattachement de notre peuple et de la communauté internationale à la paix les massacres récents auraient suffi pour anéantir l’ensemble du processus de paix; en effet, les délais de mise en œuvre des dispositions convenues à la Maison-Blanche le 13 septembre 1993 ont permis à tous les extrémistes de se lancer dans cette grave escalade fébrile, comme on a pu le constater récemment à Afula, où de tels actes ont été perpétrés par des extrémistes palestiniens. Ces opérations ont malheureusement pour victimes des Israéliens et des Palestiniens innocents, et tendent à compromettre le processus de paix.

Pour notre part, nous avons tout mis en œuvre pour faciliter ce processus, depuis son début, à Madrid, en octobre 1991, et nous avons manifesté toute la souplesse et la patience nécessaires parce que nous croyons en une paix juste et que nous la désirons. Cette paix devrait mettre un terme à de longues décennies de guerre et de conflits sanglants au Proche-Orient, et apporter la sécurité et la stabilité aux peuples et aux Etats de notre région. Conformément au traitement nouveau des modalités de la paix, et pour favoriser la confiance et la coopération, nous avons, depuis la signature de la Déclaration de principes, établi un certain nombre d’institutions nationales qui devraient jouer leur rôle dans l’édification d’une société civile palestinienne libérale et démocratique, et consolider les fondements d’une paix et d’une coopération réelles entre les peuples de la région.

Permettez-moi, Monsieur le Président, de souligner ici que nous attendions du Gouvernement israélien, parvenu au pouvoir grâce à un programme électoral axé sur la paix, qu’il prenne les mesures indispensables pour restaurer la confiance entre les peuples palestinien et israélien, et mette fin à l’occupation militaire avec toutes les atteintes qu’elle implique aux progrès de l’humanité, aux conventions et accords internationaux et aux résolutions des Nations Unies. Nous avions espéré aussi, Monsieur le Président, que le Gouvernement israélien œuvrerait pour la paix et ne se contenterait pas de mesures garantissant la sécurité, car personne ne peut vivre en paix si cette paix n’est pas obtenue à tous les niveaux et dans tous les domaines.

Les huit mois écoulés depuis la signature de la Déclaration de principes à Washington ont été décevants et décourageants parce que le Gouvernement israélien a poursuivi sa politique de massacres, de détentions, de couvre-feu et d’isolement des villes – notamment celle de Jérusalem –, de confiscation des terres et de siège économique, qu’il a continué à soutenir et à encourager les colons fanatiques qui commettent les meurtres et les agressions les plus horribles contre la vie, les libertés et les propriétés du peuple palestinien. Ces actes ont permis à des colons israéliens armés, avec la connivence de certaines unités de l’armée israélienne, de perpétrer le massacre haineux qui s’est produit dans la ville d’Hébron, dans sa mosquée la plus sacrée, dans le sanctuaire le plus sûr où des justes sont tombés. Cette situation rappelle celle qu’ont connue nos frères d’Algérie à l’époque où l’Organisation armée secrète (OAS) française collaborait avec les colons français. Ce massacre a été suivi des événements sanglants par lesquels le Gouvernement israélien a puni le peuple palestinien innocent en lui infligeant des meurtres, des détentions, des couvre-feux et un siège économique et commercial. En outre, on a pu déplorer les réactions, que nous rejetons, d’extrémistes palestiniens contre les citoyens israéliens, comme à Afula.

Monsieur le Président, ce qui s’est passé à Hébron, et précédemment à la sainte mosquée Al Aqsa de Jérusalem, à Bethléem, à Gaza, à Naplouse et en d’autres lieux, résulte d’une négligence délibérée et d’une connivence abominable entre certaines unités de l’armée israélienne et les colons extrémistes, fanatiques et racistes. Ces colons sont venus de leurs pays d’origine grâce à l’aide du Gouvernement israélien, qui a contribué à leur formation, à leur armement et à leur financement, et qui les a encouragés à s’installer sur le territoire palestinien, au milieu de villes palestiniennes, de telle sorte qu’ils sont devenus de secondes troupes d’occupation et qu’ils ont formé des bandes armées qui ne respectent ni lois ni réglementations et qui sont protégées par les soldats occupants. Tous ces faits ressortent de l’enquête menée par les autorités judiciaires israéliennes.

J’ajoute que le Gouvernement israélien vient de prendre il y a à peine deux jours des mesures de rétorsion économique qui vont empêcher 150 000 ouvriers palestiniens, c’est-à-dire 150 000 familles de gagner leur pain quotidien. Et cette décision doit s’appliquer pour six mois! Cette question ne peut pas ne pas être au cœur des négociations de Paris. Transformer ainsi en chômeurs 150 000 personnes est de ces mesures qui se révèlent désastreuses pour la paix et la stabilité au Moyen-Orient.

Les colonies de peuplement israéliennes ont toujours constitué un obstacle majeur sur la voie de la paix – la communauté internationale en est venue à l’admettre totalement. Aujourd’hui, je regrette de le dire, elles sont devenues une alternative à la paix. La paix ne saurait être réalisée, bien que nous y soyons attachés, que nous ayons intérêt à la réaliser et que nous œuvrions en sa faveur, tant que ces foyers extrémistes menaceront en permanence l’ensemble du processus de paix et exposeront la vie, l’avenir et la sécurité de notre peuple à de graves dangers. Le problème des colons et des colonies de peuplement doit maintenant être traité de façon approfondie afin de sauvegarder le processus de paix, car une possibilité historique s’offre aujourd’hui qui pourrait ne pas se représenter. Il faut éviter de sacrifier cette possibilité à des gains politiques à court terme et à des calculs purement intérieurs car tous, et notamment les peuples palestinien et israélien, le paieront au prix fort.

Monsieur le Président, je réaffirme devant votre éminent Conseil l’attachement du peuple palestinien, de l’OLP et de l’ANP à la paix et au processus de paix; je réaffirme également que la paix que nous recherchons est une paix juste, permanente et globale qui apportera la sécurité, la stabilité et la sérénité à tous les peuples de la région, grâce à laquelle il sera mis fin à l’occupation, et qui permettra au peuple palestinien de vivre sur son sol dans la souveraineté et la liberté. Cette paix suppose que tous les accords, engagements et calendriers soient intégralement respectés. Tout retard, toute temporisation, hésitation ou manœuvre nous discréditera tous en compromettant la paix, en affaiblissant le camp de ses partisans et en précipitant notre région dans un tourbillon de confusion, de destruction et de balkanisation. Conscient de la grande responsabilité qui m’incombe et animé d’un profond sentiment de chagrin et de tristesse, je lance cette mise en garde: à laisser les choses évoluer comme elles le font depuis septembre dernier, nous aboutirons à une catastrophe qui anéantira tout espoir, toute confiance et toute foi que le peuple palestinien, la nation arabe et les amis de la paix peuvent encore avoir dans le processus de paix lui-même ainsi que dans la capacité, la sincérité et le sérieux de la communauté internationale pour ce qui est de réaliser la paix.

Conscients de la détresse et des souffrances continues de notre peuple, les pays européens ont joué un rôle actif et remarquable dans les efforts internationaux déployés en faveur de l’adoption de la Résolution 904 du Conseil de sécurité visant à accorder une protection internationale à notre peuple, ainsi que dans les efforts pour relancer le processus de paix et pour mettre en œuvre la Déclaration de principes signée entre le Gouvernement d’Israël et l’OLP le 13 septembre 1993 à la Maison-Blanche, à Washington.

Maintenant que cette résolution est adoptée, nous espérons que vous et la communauté internationale tout entière ferez tout ce qui est en votre pouvoir pour assurer la mise en œuvre rapide de ces dispositions, notamment celles qui prévoient d’accorder une protection internationale au peuple palestinien à Hébron et dans le reste des territoires palestiniens occupés, ainsi que pour assurer la mise en œuvre des mesures que nous avons prises il y a deux semaines au Caire. Il convient de faire en sorte que cette expérience réussisse en l’étendant aux autres villes et villages de Palestine afin de garantir un démarrage régulier de la phase finale et de prévenir de nouvelles pertes en vies humaines durant la période de transition.

L’application, sur le terrain, des dispositions de la Résolution 904 du Conseil de sécurité des Nations Unies, l’exécution sincère des accords conclus avec le Gouvernement d’Israël apporteront la sérénité au cœur de notre peuple et favoriseront sa confiance et son sentiment de sécurité. Notre peuple sera ainsi incité à appuyer le processus devant conduire à la paix juste.

En maintes occasions, devant de nombreuses instances régionales et internationales ainsi que lors de mes déplacements dans diverses capitales européennes, j’ai exposé et échangé des idées et des vues sur l’urgente nécessité d’entreprendre l’édification de l’économie nationale palestinienne et des institutions de l’Autorité nationale palestinienne (ANP), d’autant plus que nous partons de zéro dans ce processus de développement et de construction. L’ampleur des destructions et les difficultés que connaît notre peuple du fait des longues années d’occupation israélienne exigent que nous entreprenions immédiatement ce processus d’édification. Voilà qui imposera de lourdes responsabilités à l’ANP mise au défi de réparer les dégâts causés à l’économie palestinienne par cette longue et cruelle occupation. Pour que l’ANP puisse relever ces défis, il faut lui permettre de recevoir, d’orienter et d’utiliser l’aide internationale selon des modalités qui garantissent l’amélioration de la pénible situation de notre peuple, afin d’élever son niveau de vie et de résoudre les nombreux problèmes économiques, sociaux, sanitaires et éducatifs auxquels se heurtent nos institutions. Ce que nous espérons, c’est obtenir cet appui international par la voie d’une coopération à la fois collective et bilatérale découlant des relations qui existent entre nous.

En développant et en favorisant ces relations, nous pourrons aborder avec une plus grande liberté de mouvement et plus de souplesse les nombreux problèmes qui entravent le processus d’édification et de construction que nous appelons de nos vœux. Notre peuple a de grandes possibilités humaines; il a contribué activement à de nombreuses formes de progrès dans l’Orient arabe. Notre peuple sera à même de poursuivre ses activités créatrices et fera tout ce qui est en son pouvoir pour édifier notre société civile et démocratique, notre économie libre et nos institutions sociales intégrées, qui constitueront le fondement de la paix, de la coexistence et de la coopération future dans la région. Notre peuple sera capable d’exécuter les activités de construction et de reconstruction dans les meilleures conditions techniques et juridiques et selon des modalités caractérisées par la transparence, le sérieux et l’efficacité dans le cadre d’un système parlementaire démocratique fondé sur la liberté d’opinion et la liberté de constituer des partis politiques, un système où la majorité protégera les droits de la minorité et où la minorité respectera les décisions de la majorité. Ce sera un système fondé sur la justice sociale et l’égalité, accordant à tous les mêmes droits sans discrimination fondée sur la race, la croyance, la couleur ou le sexe et s’inscrivant dans le cadre d’une Constitution garantissant la souveraineté de la loi et l’indépendance de la justice. Un tel système est parfaitement conforme au patrimoine spirituel et culturel de la Palestine, fait de tolérance et de coexistence entre les religions depuis des siècles.

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs, c’est en toute franchise que nous vous parlons de nos préoccupations ainsi que nous en avons l’habitude dans nos relations avec vous. Vous pourrez ainsi, grâce au mécanisme qui nous apportera l’assistance nécessaire, participer avec nous à la construction de l’avenir et nous aider à éviter des désillusions qui auraient des répercussions négatives sur l’ensemble du processus de paix. Je vous demande donc d’adopter d’urgence la décision de nous accorder une aide financière adéquate, sous forme de dons ou de prêts à mettre à la disposition de l’Autorité nationale palestinienne pour lui permettre d’assumer ses responsabilités et pour faire face aux dépenses liées à la consolidation des nouvelles institutions et de ses engagements.

L’Europe a un rôle fondamental à jouer dans l’établissement et le maintien de la paix dans la région ainsi que dans le processus de développement en général, que ce soit grâce à l’aide gouvernementale ou au développement du secteur privé auquel nous accordons une grande attention dans tous nos plans, projets et contacts. En effet, nous sommes convaincus de l’importance du secteur privé et de sa capacité considérable à générer des emplois, de même que nous croyons aux transferts de technologie et à l’activation du processus économique et de la coopération.

Comme vous pouvez le constater, nous vivons à une époque où les distances ont été raccourcies grâce à la révolution scientifique et technologique du dernier quart de ce siècle, qui marque l’aube d’une ère nouvelle avec tous ses défis. Malgré toute l’injustice, l’oppression et les souffrances subies, notre peuple possède les capacités, l’énergie et les aptitudes créatrices qui lui permettront de faire face aux besoins et aux enjeux de l’avenir avec assurance, et animé de la volonté de contribuer non seulement à la construction et au développement de sa propre société, mais aussi à la construction, au progrès et à la prospérité de la région et de la civilisation du Moyen-Orient. Cela favorisera la sécurité et la paix et en consolidera les fondements dans cette région du monde, particulièrement sensible.

Nous demandons à tous de participer à la construction de cet avenir qui garantira aux générations actuelles et futures la paix, la sécurité et une vie meilleure. Nous comptons sur votre soutien et votre aide pour clore le chapitre du passé, avec son cortège de douleurs et de catastrophes, et pour ouvrir un nouveau chapitre de coexistence pacifique, de compréhension, de coopération et de résolution des conflits par des moyens pacifiques, par le dialogue et l’arbitrage.

Une fois encore, de cette tribune, j’en appelle à vous, vous qui représentez l’Europe, pour nous aider à préserver le processus de paix, à maintenir l’espoir dans nos âmes, et à mettre en œuvre ce que nous avons signé, d’un commun accord avec le Gouvernement d’Israël, à savoir la Déclaration de principes de Washington, mais aussi les textes que nous avons signés à Oslo, à Davos, à Paris et au Caire. Ces documents sont restés jusqu’à présent lettre morte bien que les dates fixées pour leur mise en œuvre soient passées. Il s’agit là d’une question grave et fondamentale non seulement pour le Moyen-Orient mais aussi pour le monde entier. La paix des braves a besoin de votre soutien et de votre assistance; nous nous trouvons actuellement à un tournant dangereux dans lequel le processus de paix est bloqué et où les possibilités de progresser et d’obtenir des résultats rapides sont en train de diminuer.

De fait, nous avons besoin de tous vos efforts pour mettre en œuvre ce que nous avons décidé sur le papier et pour transformer cela en réalités tangibles afin de ne pas donner aux extrémistes de tous bords l’occasion de réduire à néant ou de retarder le processus de paix. Nous ferons cela dans l’intérêt de nos enfants et de leurs enfants, pour un Moyen-Orient où les peuples et les nations pourront coexister de manière fraternelle et constructive, loin des souffrances du passé et de leurs répercussions, un nouveau Moyen-Orient fondé sur l’amour, la bonté et le ferme espoir d’une paix réelle sur la terre sainte de Palestine, le berceau des trois messages divins.

Aucune voix ne doit couvrir la voix de la paix, aucun intérêt ne doit être plus précieux que l’intérêt de la paix et aucun effort ne doit être ménagé pour parvenir à la paix. Une énorme responsabilité historique nous incombe à tous. J’en appelle au Dieu tout puissant pour qu’il nous guide, nous aide et nous donne la sagesse, la détermination et la patience d’assumer une telle responsabilité, pour enfin parvenir à la paix, la paix des braves, et la consolider.

En conclusion, je tiens à vous remercier de m’avoir donné cette précieuse occasion de m’exprimer.

LE PRÉSIDENT (traduction)

Je vous remercie, Monsieur le Président. Nous disposons de trente-cinq minutes pour traiter quarante et une questions; je prie donc mes collègues d’être très brefs; je demande aussi au Président Arafat de s’efforcer de répondre brièvement de sorte qu’il puisse examiner le plus grand nombre de questions possible. Je donne la parole à M. Colombo, de l’Italie, pour la première question, et à M. de Lipkowski, de la France, pour la deuxième.

M. COLOMBO (Italie) (traduction)

Monsieur le Président, les membres de la commission des relations parlementaires et publiques du Conseil de l’Europe se sont rendus le mois dernier en Israël où ils ont rencontré les dirigeants du pays, ceux de l’OLP et de nombreux citoyens: tous veulent la paix.

Je suis convaincu que vous, Monsieur Arafat, Président du Comité exécutif de l’OLP, souhaitez la paix, mais le processus qui est en cours et que tout le monde approuve est menacé par les extrémistes de part et d’autre, par les extrémistes israéliens comme par les intégristes palestiniens.

Israël a montré sa volonté d’exercer un certain contrôle: le Gouvernement israélien a interdit les organisations extrémistes, il a accepté les observateurs de l’ONU, il a libéré nombre de prisonniers palestiniens.

Ma question est la suivante: Monsieur le Président, de quel pouvoir disposez-vous concrètement et immédiatement, vous et votre organisation, face aux franges extrémistes palestiniennes et islamistes? Je vous remercie.

M. Arafat, Président du Comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) (interprétation)

déclare qu’on ne peut lui demander l’impossible étant donné qu’il n’est pas à Jéricho, là où devaient se trouver les autorités palestiniennes. La date du 13 avril n’a pas été respectée et les militaires israéliens ne se sont pas retirés de Jéricho. Les engagements pris n’ont pas été tenus. Comment le peuple palestinien pourrait-il avoir confiance? C’est le retard dans l’application du processus de paix qui nourrit l’escalade et qui alimente l’extrémisme, des deux côtés, comme on l’a vu avec les massacres à Hébron, Jéricho, Ramallah ou ailleurs.

M. de LIPKOWSKI (France)

Monsieur le Président Arafat, je voudrais rendre hommage aux efforts si courageux que vous déployez en faveur de la paix. Nous avons tous été sensibles à votre appel pour cette paix exprimé avec une tolérance et une modération remarquables, condamnant tous les extrémismes et affirmant vos convictions démocratiques.

Bien que l’échéance du 13 avril n’ait pas été respectée, j’ai lu ce matin dans la presse que vous étiez parvenus à un accord sur la création d’une police palestinienne de 9 000 hommes. Quand interviendront, selon vous, le déploiement de cette force palestinienne et le retrait de l’armée israélienne?

Malgré les progrès dont nous nous félicitons, les colonies de peuplement situées à Gaza et en Cisjordanie risquent d’être la source de nouveaux et sanglants incidents, provoquant cette escalade de la violence de la part de tous les extrémistes, que vous avez si sagement condamnés. Pensez-vous qu’il soit possible d’envisager le regroupement de certains de ces colons hors d’agglomérations telles Hébron et Naplouse en attendant le démantèlement?

M. Arafat, Président du Comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) (interprétation)

déclare que cette police palestinienne n’existe malheureusement que sur le papier, aucun policier n’a encore été installé.

Comme il l’a dit dans son discours, M. Arafat considère que ce qui a été décidé dans les accords doit être effectivement appliqué sur le terrain. Prenant l’exemple d’Hébron, il souligne que cette ville compte quarante-deux familles de colons sur une population de 120 000 habitants. M. Rabin a lui-même fait savoir qu’il était défavorable à ce que ces quarante-deux familles continuent de résider à Hébron. Pourquoi, alors, sont-elles toujours là? Comment peut-on accepter que 120 000 habitants soumis, depuis le massacre du 25 février, à un couvre-feu qui a pour objet, semble-t-il, de protéger ces quarante-deux familles que personne ne menace soient en fait prisonniers de cette poignée d’individus? Pourquoi, pour éviter toute friction, ces familles ne sont-elles pas transférées aux portes d’Hébron, à Khyriat Arbaa?

On peut dire la même chose pour la bande de Gaza où, sur 360 km2, 1 130 000 habitants sont en fait prisonniers de 1 000 colons. Le Gouvernement israélien est lui-même conscient de cette anomalie et M. Peres a admis devant M. Arafat que les colons représentent un poids pour Israël, car leur présence impose que l’on mobilise 150 000 soldats pour les protéger. On ne peut que regretter que certains se soient en fait rendus eux-mêmes prisonniers d’un processus d’implantation qui continue alors qu’il aurait dû être interrompu le jour où les accords ont été signés.

M. COLUMBERG (Suisse) (traduction)

Monsieur le Président, je vous remercie pour vos explications convaincantes et votre engagement en faveur de la paix. M. Colombo et moi-même avons eu récemment l’occasion de nous rendre au Proche-Orient. Nous avons eu le sentiment que deux groupes coexistaient au sein du peuple palestinien: les Palestiniens qui vivent sur place et ceux qui résident à l’étranger.

Les dirigeants sont-ils également acceptés par les Palestiniens qui vivent sur place? A mon sens, il importe au plus haut point de veiller au bon fonctionnement de la coopération et d’éviter que des difficultés internes supplémentaires ne surgissent dans cet important processus de paix.

M. Arafat, Président du Comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) (interprétation)

répond qu’au cours des dernières élections municipales 96 des 116 personnes élues figuraient sur la liste de l’OLP. Par ailleurs, trois élections ont eu lieu le mois dernier dans la bande de Gaza, élections qui concernaient les avocats, les ingénieurs et les médecins. Dans les trois cas, c’est l’OLP qui l’a emporté. Cela ne signifie pas, bien entendu, que l’OLP ne rencontre pas quelques échecs, mais l’exemple cité est un exemple récent. Malheureusement, certains tentent de diviser le peuple palestinien, qui constitue pourtant une seule entité. Quant aux délégations palestiniennes éparpillées à travers le monde, elles représentent, c’est très clair, aussi bien les Palestiniens de l’intérieur que ceux de l’étranger.

M. GJELLEROD (Danemark) (traduction)

Monsieur Arafat, quiconque s’est rendu sur la rive occidentale et dans la bande de Gaza a pu constater que la situation n’est pas tenable. J’étais là-bas il y a deux ans; la situation était désespérée, et cela n’a pas changé.

Comment entendez-vous relever le défi que constitue le processus de démocratisation pendant la période de transition? En avez-vous les moyens? En d’autres termes, l’OLP est-elle en mesure de jouer au cours du processus de transition un rôle analogue à celui de l’ANC en Afrique du Sud? Le rôle clé et l’action de l’ANC vont déboucher sur la tenue d’élections, dont tout le monde espère sincèrement qu’elles seront libres et honnêtes.

M. Arafat, Président du Comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) (interprétation)

rappelle que les Accords de Washington prévoient la tenue d’élections dans les territoires libérés quatre mois après le retrait des forces israéliennes. Il en appelle à l’Assemblée pour qu’elle participe au contrôle de la régularité de ces élections et indique avoir déjà eu des contacts à ce sujet avec une délégation de l’Union européenne qui souhaite contribuer à l’organisation d’élections libres et démocratiques dans les territoires.

Cela dit, la révolution palestinienne est en elle-même un mouvement démocratique de libération. L’OLP organisera des élections populaires, pour l’ensemble des catégories sociales, dans le respect des principes démocratiques.

M. SOLE TURA (Espagne) (traduction)

La région méditerranéenne est en train de devenir l’une des régions les plus problématiques et les plus dangereuses du monde. Les conflits, souvent d’ordre frontalier, y sont nombreux et des sources potentielles de nouveaux conflits existent dans tous les domaines – démographique, social, économique, religieux et militaire.

Les pourparlers et les négociations actuels entre le Gouvernement israélien et l’OLP sont porteurs d’espoir, mais certaines questions fondamentales ne sont pas encore réglées. Deux cas sont possibles: ou bien les accords conclus permettront l’instauration d’un meilleur climat politique et social dans la région méditerranéenne dans son ensemble; ou bien de nouvelles divisions et tensions locales et régionales se formeront autour des deux frontières. Les réactions à votre politique d’accord ont été – et sont toujours – diverses, voire contradictoires.

Ma question est la suivante: à votre avis, quels seront les effets des accords entre l’OLP et Israël en ce qui concerne la paix dans la région méditerranéenne?

M. Arafat, Président du Comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) (interprétation)

répond qu’il a souligné, dans son discours, que seules les forces extrémistes fanatiques essaient d’empêcher l’aboutissement du processus de paix en Terre sainte, ce qui leur donne prétexte à des actions violentes. Il n’y a aucun doute: la mise en œuvre des accords de paix aura des répercussions sur l’ensemble de la région.

M. MIMAROGLU (Turquie) (traduction)

Je vous remercie beaucoup de votre déclaration mesurée et équilibrée dans la présentation des deux points de vue, Monsieur Arafat. Ma question, qui sera brève, concerne l’avenir et je vous demanderai de jouer le prophète. Comment voyez-vous les relations futures entre Israël et l’Etat palestinien lorsque celui-ci aura été créé?

M. Arafat, Président du Comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) (interprétation)

rappelle qu’en 1988, à Alger, le Conseil national a décidé d’accepter la Résolution 242 du Conseil de sécurité des Nations Unies et de créer un Etat palestinien. La solution réside dans la coexistence de deux Etats, dans un nouveau Moyen-Orient où tous les peuples et toutes les nations coexisteraient. Sans cela, nous ne pourrons éviter le chaos et la balkanisation. Mais après la guerre la Palestine aura besoin, comme l’Europe il y a quarante ans, d’un «plan Marshall».

M. ANTRETTER (Allemagne) (traduction)

M. Arafat a déjà répondu à ma question dans sa réponse à une autre question.

Je vous serais reconnaissant, Monsieur le Président, de donner à ma place la parole à Mme Baarveld-Schlaman, rapporteur de l’Assemblée sur le Proche-Orient, qui sans cela ne pourra pas s’exprimer.

M. PSAILA SAVONA (Malte) (interprétation)

a également déjà obtenu la réponse à la question qu’il voulait poser.

M. ALEXANDER (Royaume-Uni) (traduction)

Selon la Déclaration de principes que vous avez acceptée en septembre dernier, la rive occidentale et la bande de Gaza sont une seule et même unité territoriale. Le maintien des colonies juives met-il en péril ce concept et, particulièrement après le massacre d’Hébron, pensez-vous que les colons doivent partir avant que vous signiez un accord final?

M. Arafat, Président du Comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) (interprétation)

rappelle qu’un accord a été passé sur les implantations. La discussion de quatre points litigieux a été reportée: la ville de Jérusalem et son statut définitif, les colonies d’implantation et leur statut définitif, les anciens réfugiés et leur statut définitif – qu’il ne faut pas confondre avec les personnes déplacées après la guerre de 1967 – et enfin les frontières et leur tracé définitif. La discussion a été reportée, mais pas au-delà du début de la troisième année.

M. Arafat rappelle qu’il ne devrait plus y avoir de nouvelles implantations et que les extensions devraient cesser. Malheureusement de nouvelles implantations ont été créées; 470 unités d’habitations ont été construites encore récemment à côté de Jérusalem. Il ne faut plus élargir les installations existantes! L’accord passé doit rester en vigueur car il faut déterminer le statut des colons. C’est l’armée israélienne qui, avec l’OLP, doit être responsable pendant la période de transition.

Mme BAARVELD-SCHLAMAN (Pays-Bas) (traduction)

Je n’ai pas de question à vous poser, Monsieur Arafat, mais je voudrais vous faire une proposition, qui découle de la résolution adoptée par l’Assemblée au mois de septembre de l’année dernière. Vous n’êtes pas sans savoir que notre Assemblée ne peut pas donner d’argent; néanmoins, pourriez-vous dire aux vôtres, Monsieur Arafat, qu’en vertu de la résolution adoptée le 29 septembre nous pouvons non seulement envoyer des observateurs sur place pour contrôler le déroulement des élections, mais aussi vous aider à les organiser. Après les élections et sur la base de notre résolution nous inviterons des élus et des fonctionnaires palestiniens à venir à Strasbourg où ils pourront se former à la gestion des assemblées élues et des administrations.

M. Arafat, Président du Comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) (traduction)

Je vous remercie de votre proposition.

M. JASKIERNIA (Pologne) (traduction)

L’ancien Président des Etats-Unis, M. George Bush, a vu dans les événements survenus en Europe centrale et orientale en 1989, en URSS en 1990, et dans le golfe Persique après la crise koweitienne un nouvel ordre international. Certains observateurs ont fait remarquer qu’il vaudrait mieux parler d’un nouveau désordre international. Comment voyez-vous la situation internationale, Monsieur Arafat, et pensez-vous qu’elle soit propice à la réalisation des objectifs du peuple palestinien?

M. Arafat, Président du Comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) (interprétation)

constate que la fin de la première guerre mondiale a donné naissance à un ordre international. La seconde guerre mondiale a également donné naissance à un ordre international. Puisse la fin de la «troisième guerre mondiale» être la source d’un nouvel ordre international. Mais M. Arafat souhaite que cet ordre soit celui des peuples et des hommes et ne soit pas simplement une façon de remettre de l’ordre dans les affaires intérieures.

M. RODRIGUES (Portugal)

Monsieur le Président Arafat, je salue, en votre personne, la longue lutte de votre peuple, marquée par l’épopée et la tragédie.

Ma question est la suivante: l’implosion de l’Union soviétique et le passage d’un monde bipolaire à un monde unipolaire a-t-il été nuisible au processus de paix au Moyen-Orient et en particulier à la cause du peuple palestinien?

M. Arafat, Président du Comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) (interprétation)

dit qu’il est difficile de savoir dès à présent si ce changement a été dans l’intérêt des peuples ou contre lui. L’histoire jugera. Il faut espérer qu’il aura été bénéfique aux peuples car il faudrait craindre sinon de violentes réactions.

Ce sont les injustices qui ont suivi la première guerre mondiale qui ont entraîné la seconde, et ce sont les injustices qui ont suivi celle-ci qui ont provoqué la guerre froide et les conflits locaux qui l’ont accompagnée. Espérons, dit-il, que ces erreurs ne se répéteront pas.

M. GHALANOS (Chypre) (traduction)

Je voudrais également rendre hommage au Président Arafat pour ses efforts soutenus et courageux en faveur de la paix. Ma question est concrète: dans quelle mesure votre administration est-elle déterminée à promouvoir la paix et à user de son influence pour faire appliquer l’accord conclu, et en a-t-elle les moyens?

M. Arafat, Président du Comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) (interprétation)

dit qu’il lui est difficile de répondre à cette question. Le peuple palestinien meurt de faim dans la bande de Gaza tandis que le Gouvernement israélien reçoit des fonds importants et des armes des Etats-Unis, Israël a reçu encore très récemment trente-deux avions très modernes. Pourquoi ces armes si la paix doit régner? Pendant ce temps, la famine règne à Gaza!

La centrale palestinienne demande que les dirigeants américains et russes prennent leurs responsabilités et fassent appliquer la Résolution 204. Les Etats-Unis devraient participer à la protection du peuple palestinien et M. Arafat les a implorés de contribuer à la force internationale. Malheureusement ils ont refusé. Et quand les Etats-Unis ne viennent pas, les Russes ne viennent pas non plus. En Europe, seuls le Danemark et l’Italie ont envoyé des observateurs. M. Arafat se demande qui peut faire pression sur Israël sinon les deux grandes puissances. Or, actuellement, c’est lui qui subit les pressions et non Israël.

M. PAVLIDES (Grèce) (traduction)

Je félicite le Président Arafat de son attitude face aux actes de terrorisme quels qu’ils soient. Quelle est votre position face à ceux qui maintiennent des forces d’occupation dans d’autres pays? Je crois comprendre que les Israéliens se sont aujourd’hui retirés de la bande de Gaza et de Jéricho. Comment voyez-vous l’aboutissement du processus de paix?

M. Arafat, Président du Comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) (interprétation)

ne désire qu’une chose: que ce qui a été décidé sur le papier soit appliqué sur le terrain. Il faut constituer une force internationale de protection, il faut donner à la police palestinienne les moyens d’assumer ses responsabilités. Mais M. Arafat lui-même est encore dans l’impossibilité de résider en Palestine et son peuple est empêché de se doter des institutions indispensables.

M. KELAM (Estonie) (traduction)

On ne peut qu’admirer vos efforts en faveur d’un règlement pacifique au Proche-Orient. Un tel règlement suppose l’élimination du terrorisme. Malheureusement, un extrémiste a récemment jeté sa voiture piégée contre un autobus, provoquant la mort de nombreux innocents. L’OLP s’est contentée de déplorer cette attaque et ne l’a pas condamnée explicitement.

Ne conviendrait-il pas que toutes les parties aux négociations prennent clairement position sur ce type d’acte de violence?

M. Arafat, Président du Comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) (interprétation)

estime avoir dit aujourd’hui ce qu’il fallait.

Mme HOLAND (Norvège) (traduction)

M. Arafat a décrit certains revers tragiques du processus de paix, mais comme nous devons toujours garder espoir et demeurer optimistes je voudrais lui poser deux questions très simples. Quel serait à son avis un calendrier réaliste pour la mise en œuvre d’un accord sur une présence étrangère temporaire à Hébron et quand le siège de l’OLP quittera-t-il Tunis?

M. Arafat, Président du Comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) (interprétation)

réplique que la décision ne dépend pas de lui, mais de M. Rabin.

M. SPACEK (République tchèque) (traduction)

Au cours des négociations de paix, les représentants de l’OLP ont accepté de supprimer de la Charte nationale palestinienne les articles incompatibles avec les négociations de paix – notamment l’article 9, qui définit la lutte armée comme une stratégie générale des Palestiniens; l’article 20, selon lequel les Juifs ne forment pas une nation, et l’article 22, qui décrit Israël comme une base de l’impérialisme international, et plusieurs autres articles de la même veine.

Quand le Congrès national de l’OLP va-t-il modifier la charte?

M. Arafat, Président du Comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) (interprétation)

dit que la décision relève du Conseil national palestinien. Lui-même est trop démocrate pour se substituer à cette institution. Mais il ne pourra la convoquer en Algérie, comme cela avait été le cas la dernière fois; il faudra donc attendre que M. Rabin l’autorise à rentrer en Palestine. Ce point sera alors inscrit à l’ordre du jour de la première réunion du Conseil.

Mme RAGNARSDÖTTIR (Islande) (traduction)

Dans votre vision d’un Etat palestinien indépendant, Monsieur Arafat, quel type de coopération régionale étroite envisagez-vous et quels pays y seraient associés?

Par ailleurs, l’attitude négative des musulmans fondamentalistes en ce qui concerne la sécurité des Israéliens n’est-elle pas pour vous un motif de préoccupation?

M. Arafat, Président du Comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) (interprétation)

constate que la non-application des accords donne des armes aux extrémistes et aux fondamentalistes. Si M. Rabin a une opposition, M. Arafat en a quatre: une opposition palestinienne, une opposition arabe, une chrétienne et une islamiste. Mais il a pris des engagements et il entend les appliquer pour aboutir à la «paix des braves».

En ce qui concerne la région, il lui semble qu’un plan Marshall s’impose, compte tenu des destructions. Or un tel plan ne peut qu’être ouvert à tous. D’autre part, M. Arafat espère de tout cœur que le Moyen-Orient se dotera rapidement d’un parlement comparable à l’Assemblée du Conseil de l’Europe.

LE PRÉSIDENT (traduction)

Je vous remercie beaucoup. Je sais que vingt de nos collègues seront frustrés de n’avoir pas pu poser leurs questions, mais au moins vingt et un auront été satisfaits. On ne peut malheureusement prolonger la discussion.

Le débat n’en a pas moins présenté un grand intérêt.