Václav

Klaus

Premier ministre de la République tchèque

Discours prononcé devant l'Assemblée

lundi, 30 janvier 1995

Monsieur le Président, Monsieur le Secrétaire Général, Mesdames, Messieurs, c’est un grand honneur pour moi que d’avoir l’occasion de prendre la parole devant cet auditoire distingué quelques mois avant que la présidence du Comité des Ministres ne revienne à la République tchèque.

Je suis sûr que vous avez déjà entendu de nombreux discours intéressants dans cette enceinte. Il m’est donc difficile de vous surprendre avec des propos vraiment différents, suffisamment provocants ou intellectuellement stimulants. Tous les orateurs – se plaçant dans leur propre perspective – ont essayé de vous convaincre de leur vérité. Bien sûr, ce faisant, ils ont exprimé, qui son accord, qui son désaccord: mais c’est précisément cela qui fait l’Europe.

Les pays européens ont certes beaucoup de points communs, mais l’Europe repose sur une diversité qu’on ne saurait nier et qui rend fragile son unité. Pour nous, il va de soi que chacun doit pouvoir cultiver sa différence, ses traditions authentiques, ses rêves, sa façon d’être et ses intérêts, qui ne peuvent ni ne doivent être supprimés: en effet, chacun de nos pays européens constitue le cadre naturel de références dans lequel se déroule notre existence. Pourtant, l’Europe représente bien plus que des parties ajoutées; elle mérite que nous la protégions. Son existence nous enrichit à la fois matériellement et spirituellement, et nous avons le devoir d’exploiter toutes les formes de synergie possibles.

Conscient de cela, il doit être passionnant de siéger à l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe et de ressentir l’énorme responsabilité qu’il y a à débattre de questions concernant le continent tout entier. Quel message vous transmettre aujourd’hui? Que peut apporter quelqu’un qui vient de la République tchèque, quelqu’un qui se trouve en être le Premier ministre à cette époque agitée, turbulente, exigeante, mais aussi passionnante, de transformations historiques, politiques, sociales et économiques? Quel peut être l’intérêt de mes propos pour vous, ou du moins pour certains d’entre vous?

Mon approche repose sur un certain nombre de postulats. Premièrement, la République tchèque est située au cœur de l’Europe. Elle a toujours fait partie de l’Europe et, après des décennies de séparation et d’isolement, elle veut à nouveau participer à l’effort européen. Deuxièmement, les Tchèques interprètent leur «européanisme» comme l’obligation de sauvegarder et de préserver les caractéristiques qui leur sont propres, car ils croient que c’est précisément cela qu’ils peuvent offrir à l’Europe, qu’ils peuvent vous offrir à vous tous. Pour mériter son nom, l’Europe doit appliquer les principes de l’échange et de l’équivalence, et veiller à donner autant qu’à recevoir. Car s’il n’y avait rien à donner, il n’y aurait rien à recevoir et nous ne participerions qu’à additionner des zéros, ce qui est somme toute assez démoralisant.

Le régime communiste est définitivement révolu dans notre pays; mais, en raison de notre expérience malheureuse, nous sommes devenus particulièrement sensibles à tout ce qui vient affaiblir et troubler le respect des libertés, ou y porter atteinte, et dont on trouve des exemples même dans des pays où la démocratie prévaut depuis des décennies, voire des siècles. Notre approche des institutions européennes repose plus sur les idées d’ouverture, de liberté, d’échange, et sur des activités volontaires et spontanées que sur des idées de constructivisme, d’étatisme, d’interventionnisme, de réglementations et de contrôles. Nous croyons plus dans l’action humaine que dans la «théorie humanitaire» et nous sommes convaincus que cette simple vérité vaut tant pour les affaires intérieures que pour les affaires internationales.

Nous croyons en l’Europe en raison de la véritable attraction qu’elle exerce sur nous. Nous sommes convaincus que l’Europe continuera d’exister et que l’Europe est bien réelle. Toutefois, elle en déconcerte plus d’un, car on ne peut la voir ni la toucher du doigt. C’est pourquoi l’on propose de construire des bâtiments pour abriter les institutions. Mais je ne suis pas sûr qu’il faille aller vers cette tangibilité-là.

Selon nous, l’Europe n’a besoin d’être ni plus grande ni plus forte pour soutenir la concurrence des Etats-Unis ou du Japon: nous ne croyons pas que la taille revête une grande importance. Nous savons bien que la loi qui veut que les bénéfices augmentent proportionnellement à l’échelle du pays est en réalité contrebalancée par les effets d’autres lois, non moins importantes. 11 y a des limites à l’efficacité organisationnelle et administrative. Les connaissances sont inévitablement éparpillées entre les individus et il est impossible de les rassembler en ayant recours à toute la technologie de l’information dont nous disposons. Le progrès technologique n’est pas nécessairement le fait d’immenses continents organisés autour d’un noyau central. Bien au contraire: ce qui lui est indispensable, c’est la créativité, la motivation, ainsi que l’ouverture qui permettra de lever tous les obstacles, toutes les restrictions et toutes les barrières inventés par l’homme.

Enfin, depuis notre révolution de velours de novembre 1989, nous avons acquis une expérience utile dans un processus historique unique, la transformation: un changement de système qui nous a permis de passer des structures politiques et économiques du communisme à une société libre et à l’économie de marché.

C’est dans cette perspective que je me placerai, si vous le permettez, pour aborder deux questions qui semblent n’avoir aucun rapport avec ce qui précède, mais qui sont intrinsèquement et structurellement similaires: la première a trait à la logique et aux caractéristiques de la transition du communisme vers une société libre, et la deuxième à celles de l’évolution vers l’intégration européenne, et surtout vers l’Union européenne.

Je n’entrerai pas ici dans les détails, je me contenterai de souligner deux conditions indispensables au succès de ces entreprises. Pour ce qui concerne la transition tchèque, il nous fallait avoir une vision claire, intense, transparente et attrayante de ce que nous voulions vraiment: nous n’avons pas détourné le regard de cette vision. Nous voulons une société libre, fondée sur le système de la démocratie parlementaire et pluraliste. Nous voulons une économie de marché et, j’ajouterai selon mon habitude, sans restriction.

La liberté repose sur la confrontation permanente d’idées concurrentes, et non sur une idée qui dominerait les autres. La valeur de la liberté même est cruciale, car elle est plus générale et plus globale que la valeur de n’ importe quelle idéologie ou ambition particulière, ou que la valeur de n’importe quel intérêt partial. Des problèmes surgissent chaque fois qu’un autre objectif l’emporte sur celui-là, même si ceux qui le défendent sont animés des meilleures intentions.

Le conflit qui déchire notre région du monde en est un exemple: il trouve son origine dans la tentative d’attribuer une valeur plus élevée à des visions et des objectifs différents. Le problème est plus complexe dans le cas de la vision d’une société bonne ou morale. Les gens pourraient croire qu’une société libre ne produit pas toujours des résultats qui nous satisfassent et qui les satisfassent. La définition du bien et de la moralité qu’ils ont en tête est, toutefois, assez vague.

Plus important encore, la liberté peut être «instaurée», alors que le bien et la moralité ne peuvent être que prêchés ou propagés sous forme de conseils ou de bons exemples. Garantir la liberté est l’une des tâches essentielles de ceux qui organisent le changement de système en cours. Prêcher la moralité est une tâche individuelle qui incombe à ceux qui se sentent en droit de le faire. Cette activité mérite notre admiration, mais elle ne saurait servir à définir une société et, par conséquent, être partie intégrante de la transformation telle que nous la concevons.

Voilà pour la transformation •interne. S’agissant du processus d’intégration européenne, notre vision ne doit pas être moins nette et doit être liée à notre vision de la société. Nous voulons une Europe libre, nous voulons des institutions européennes pour plus de liberté, des institutions pour une vie plus heureuse, des institutions pour plus de bien-être.

Nous ne voulons pas d’institutions qui tenteraient de nous contrôler, de nous réglementer, de nous coordonner, de nous organiser ou de nous préfabriquer. Nous ne voulons pas d’institutions qui tenteraient de nous imposer leurs propres valeurs, leurs ambitions ou leurs idées toutes prêtes, ni d’institutions qui favoriseraient les intérêts de certains aux dépens de ceux de l’ensemble.

Un autre élément déterminant de notre vision, c’est la distinction rigoureuse entre les objectifs et les moyens d’y parvenir. Les institutions européennes ne sont pas un but en elles-mêmes, elles ne sont qu’un instrument: il faut donc les apprécier en tant que tel. Elles doivent uniquement servir d’instrument et ne jamais se substituer aux objectifs réels. Cela peut sembler secondaire, mais cela ne l’est pas.

Une stratégie de mise en œuvre réalisable doit venir compléter la vision. Je n’ai pas l’intention ici d’examiner les aspects techniques de la stratégie la plus appropriée, ni les avantages comparés de réformes progressives et de la thérapie de choc, ni les règles optimales qui doivent présider à la succession des réformes, ni les divers aspects des analyses coût/ avantages de notre dette, souvent négligées.

Une stratégie ne portera de fruits que si elle repose sur l’interaction symétrique et équilibrée de mesures politiques, sociales et économiques. Omettre l’un de ces facteurs est le plus sûr moyen de courir à l’échec. On élaborera donc une stratégie qui soit à la fois équitable et réalisable sur les plans technique, administratif et organisationnel, dont les coûts et les avantages soient largement partagés, et dont les effets puissent être bien tolérés par tous les groupes sociaux.

Elle devra également être crédible jusqu’au bout: c’est pourquoi on veillera à en expliquer clairement le mécanisme à l’ensemble de la population. Rappelons-nous les tentatives récentes de transformation dans les anciens pays européens communistes: elles étaient accompagnées d’un cortège de troubles, liés, pour la plupart, à l’existence de visions incohérentes, de stratégies irréalisables, d’un fossé infranchissable entre les gagnants et les perdants. Mais les plus importants provenaient du manque de crédibilité des hommes politiques eux-mêmes ainsi que de leurs programmes, et de l’absence de consensus au sein de la société des pays en transformation.

Si un goulet d’étranglement apparaît dans l’accomplissement des tâches complexes et complémentaires de la transformation, il est d’ordre politique: c’est ainsi que se traduit l’inaptitude à garantir un soutien politique suffisant pour la mise en œuvre des réformes nécessaires. Les gouvernements successifs ont dû faire face à une opposition croissante, car il est plus facile de relever les défauts d’un programme plutôt que ses qualités. A cet égard, la République tchèque a bien réussi jusqu’à présent, et j’espère qu’elle continuera sur cette lancée.

Mais revenons à l’Europe. Le problème de l’évolution des institutions européennes et de la nature du processus d’intégration doit être abordé de manière semblable. Il faut, là aussi, en avoir d’abord la vision, puis élaborer une stratégie à la fois réalisable, équitable et crédible. Le premier objectif – empêcher une répétition du désastre de la seconde guerre mondiale – est difficile à formuler. Il consiste à trouver une nouvelle manière d’intégrer l’Allemagne à l’Europe, à promouvoir les valeurs de liberté et de démocratie par opposition à l’idéologie communiste, à œuvrer pour le bien-être en supprimant les barrières tarifaires et en instaurant un marché commun. On a peu à peu abandonné cette vision originelle, que la plupart des Européens avaient assez bien accueillie, pour la remplacer par une vision plus globale: 1’«européanisme». Cet «européanisme» se fonde sur une meilleure coordination grâce à la centralisation, une politique plus uniforme, une politique commune dans de nombreux domaines, la foi dans l’efficacité de réglementations plus importantes, une diminution de l’autorité et de la responsabilité des Etats-nations historiques et les efforts pour créer une identité européenne.

Je crois qu’il faut encore expliquer cette vision à de nombreux Européens. Il faut répondre à leurs questions et dissiper leurs doutes. L’élaboration de stratégies pour l’«européanisme» se heurte, elle aussi, aux obstacles que j’énumérais tout à l’heure – choix des étapes, choix entre évolution progressive ou thérapie de choc – auxquels il convient d’ajouter les problèmes de crédibilité et de répartition des responsabilités. Il ne s’agit pas là de problèmes techniques, car ils concernent des millions d’êtres humains, avec leurs rêves, leurs habitudes et leurs préjugés. Là encore, le plus important c’est d’être crédible.

Je ne crois pas que le processus d’intégration européenne doive se fonder sur l’attente d’un sentiment d’appartenance européenne qui viendrait supplanter celui d’identité nationale exprimé par la plupart des Européens. Je ne crois pas que le processus d’intégration européenne doive se fonder sur le passage de l’équilibre fragile de «l’unité dans la diversité» à une forme d’équilibre qui reposerait plus sur l’unité et moins sur la diversité. Je ne crois pas que le processus d’intégration doive se fonder sur l’ambition de créer une entité européenne puissante et unie dans le but de concurrencer les Etats-Unis et le Japon. Enfin, je ne crois pas que le processus d’intégration doive se fonder sur des idéologies à la mode et éphémères, telles que celles qui ont cours dans le domaine des politiques industrielle et commerciale, de la Charte sociale et des aspirations en matière d’environnement.

Le processus d’intégration européenne doit s’appuyer sur des données incontestées, permanentes, telles que l’affinité naturelle de la plupart des Européens à l’égard du continent, la trajectoire historique et culturelle similaire, les intérêts communs véritables – dont l’existence ne fait pas de doute – ainsi que la proximité géographique.

Sur le plan technique, il convient de définir «les biens publics à l’échelle européenne», ce qui suppose implicitement que tous les autres biens sont soit privés, soit publics, d’origine nationale ou régionale. Nous ne croyons pas en l’extension du domaine des biens publics. Nous sommes convaincus que la plupart d’entre eux peuvent être fournis à l’échelon national. Un tel débat s’impose depuis longtemps déjà et devra reposer sur des analyses et non sur des émotions; la République tchèque est prête à y prendre une part active.

En gardant à l’esprit tous les points que je viens de soulever, j’aimerais donner à cette Assemblée l’assurance que la République tchèque – qui entame actuellement une phase de postréformes – en aura bientôt terminé avec la transformation historique de son système. Elle sera devenue un pays démocratique, pacifique et stable, et, pour vous tous, un partenaire digne de confiance. Nous sommes aussi de vrais Européens. Malgré toutes nos questions, nos doutes et quelquefois même nos objections, nous voulons participer activement au processus d’intégration européenne. Nous voulons devenir membre à part entière de l’Union européenne dans les plus brefs délais. Je vous remercie de votre attention.

LE PRÉSIDENT (traduction)

Merci beaucoup, Monsieur Klaus, de votre exposé stimulant, fort intéressant et parfois provocateur. Je suis persuadé que les membres de l’Assemblée l’ont apprécié et en ont pris bonne note. D’ailleurs, cette semaine, nous débattrons d’un certain nombre des questions que vous avez soulevées.

Monsieur Klaus, certains de nos collègues ont exprimé le désir de vous poser des questions. Je leur rappelle qu’ils disposent de trente secondes pour ce faire. Après que M. Klaus aura répondu à la question principale, ils auront, s’ils le jugent nécessaire pour clarifier certains des points soulevés, la possibilité de poser des questions supplémentaires. La parole est à M. Szymanski pour poser la première question.

M. SZYMANSKI (Pologne) (traduction)

Comment la République tchèque envisage-t-elle de promouvoir sa coopération avec la Pologne à la lumière de la future intégration de nos deux pays dans l’Union européenne? Etes-vous d’avis qu’il convient de prendre certaines dispositions juridiques et pratiques particulières à cet égard?

M. Klaus, Premier ministre de la République tchèque (traduction)

Je pense avoir déjà répondu en partie à votre question au cours de mon exposé, où je soulignais que chaque pays européen constitue le cadre de référence naturel où se déroulent nos existences. Le deuxième cadre de référence, ce sont les pays voisins. Je suis convaincu que nous entretenons les meilleures relations possibles avec tous nos voisins: la Pologne, la Slovaquie, la Hongrie, l’Autriche et l’Allemagne. Nous avons tout intérêt à étendre la coopération dans tous les domaines, y compris celui de la coopération transfrontalière européenne. Nous coopérons avec nos voisins, y compris la Pologne, car c’est à la fois dans l’intérêt de nos pays et de nos citoyens. Nous ne coopérons pas avec vous à cause de notre future adhésion à l’Union européenne. Notre coopération est authentique et nous avons tout intérêt à l’étendre.

M. SZYMANSKI (traduction)

Quel est l’avis de M. le Premier ministre sur le soutien financier accru que l’Union européenne accorde à la coopération transfrontalière entre les pays qui lui sont associés?

M. Klaus, Premier ministre de la République tchèque (traduction)

La République tchèque ne demande l’aide de personne. Dans la mesure où la coopération avec la Pologne est profitable à nos deux pays, je ne vois pas pourquoi quelqu’un d’autre devrait la financer. C’est superflu et inutile; en outre, c’est un très mauvais principe. Je ne pense pas que l’argent des contribuables de quinze pays de l’Union européenne devrait servir à financer la coopération entre la Pologne et la République tchèque: c’est nous-mêmes qui devons nous en charger.

M. GÜL (Turquie) (traduction)

Je remercie M. le Premier ministre pour son intéressant exposé au cours duquel il a développé le point de vue de la République tchèque sur les questions d’actualité en Europe. Un grand nombre des difficultés que connaît notre continent réside dans ses relations avec la Russie et la conception russe de «l’étranger proche». La Tchétchénie vit une situation dramatique, où les troupes russes, pour la plupart à contre-cœur et sous les instructions de Moscou, tuent sans discernement des civils, y compris des femmes et des enfants en bas âge. Quel est le point de vue de la République tchèque sur ce conflit?

M. Klaus, Premier ministre de la République tchèque (traduction)

Tout le monde ici bas souhaite voir la fin du conflit en Tchétchénie. C’est l’avis de tous les parlementaires ici présents, c’est aussi l’avis de la République tchèque. Je crois qu’il existe une solution politique à tous les problèmes. Nul ne saurait accepter une solution militaire qui implique les civils de façon tragique. Vous avez employé l’expression «étranger proche». Je tiens à souligner que nous n’avons pas le sentiment de faire partie de l’«étranger proche» de l’ex-Union Soviétique, ou de la Russie; il n’y a aucune différence entre la nature des relations que nous entretenons avec la Russie et avec les autres pays européens: l’on ne saurait dès lors parler de relations «tchécorusses» de caractère particulier.

M. PAHOR (Slovénie) (traduction)

Il semblerait que l’Union européenne va s’étendre vers l’est de façon sélective. Bien que les pays d’Europe centrale chercheront à y adhérer séparément, il pourrait leur être profitable à tous de chercher à renforcer leur coopération économique et politique. Quel est votre point de vue sur cette question?

M. Klaus, Premier ministre de la République tchèque (traduction)

Tout d’abord, ainsi que je l’ai souligné dans mon discours, je tiens à vous faire remarquer qu’après des décennies de retraite et d’isolement forcés le changement le plus dramatique qui a eu lieu dans notre région, et plus particulièrement dans nos pays, est le fait que nous nous soyons ouverts au reste du monde. Voilà la véritable révolution et le véritable changement. Je ne pense pas que le moment soit venu d’accroître la coopération entre les pays d’Europe centrale, bien qu’il soit dans notre intérêt de coopérer entre nous.

Comme vous le savez, nous avons créé la CEFTA – la zone de libre-échange d’Europe centrale – qui revêt pour nous une importance primordiale. Vous n’êtes certainement pas sans savoir que c’est grâce à mon initiative personnelle que cette coopération a été étendue à la Slovénie et que la CEFTA compte à présent cinq membres, et nous sommes prêts à l’élargir encore. Cette année, nous avons prévu de tenir un sommet des Premiers ministres des pays de la CEFTA, que j’ai invités à se réunir dans mon pays pour discuter de l’avenir de notre coopération.

Nombreuses sont les raisons qui militent en faveur de la coopération, mais celle-ci ne devrait pas être un substitut à l’adhésion à l’Union européenne, entre autres. A plusieurs reprises déjà, nous avons rejeté certaines propositions tendant à créer un petit Comecon en Europe centrale, car ce serait une mauvaise chose. C’est ce que souhaiteraient ceux qui voient d’un mauvais œil notre adhésion à l’Union européenne, qu’il nous faudra réaliser très rapidement.

LE PRÉSIDENT (traduction)

Je vous remercie, Monsieur Klaus. Je constate que M. Pahor ne désire pas poser de question supplémentaire. Je suis certain que tous les parlementaires ici présents sont d’accord avec ce que je disais tout à l’heure à M. Klaus: personne dans cet hémicycle ne souhaite que la République tchèque soit mise à l’écart. Non seulement nous voulons voir votre pays adhérer à toutes les institutions engagées dans la construction européenne, mais nous voulons le voir y adhérer le plus rapidement possible, car nous avons besoin de lui. La parole est à M. Gross.

M. GROSS (Suisse) (traduction)

Monsieur le Premier ministre, la question que je souhaite vous poser m’est dictée par la profonde admiration que j’éprouve à l’égard de tout ce que vous avez réalisé. Vingt pour cent des citoyens de la République fédérative tchèque et slovaque avaient demandé – par des pétitions notamment – l’organisation d’un référendum sur la scission du pays. Tant le Gouvernement tchèque que le Gouvernement slovaque avaient, à l’époque, ignoré cette démarche. Pensez-vous que cette attitude aura une influence sur la motivation des gens à s’engager politiquement en République tchèque?

M. Klaus, Premier ministre de la République tchèque (traduction)

Dois-je répondre en anglais ou en allemand? A ce qu’il semblerait, la majorité d’entre vous sont plus à l’aise en anglais. Tout d’abord, je répondrai de façon globale, puis je dirai quelques mots sur la division de notre pays. D’une manière générale, nous ne croyons pas en la démocratie directe. Nous croyons fermement au pluralisme politique tel qu’il est habituellement perçu, à la démocratie indirecte et au système parlementaire. Je sais qu’il existe en Suisse une forme de démocratie fondée sur le référendum, mais elle ne saurait s’appliquer à notre pays. Il existe beaucoup d’arguments, recouvrant à la fois des considérations idéologiques et purement techniques, qui militent en faveur d’une démocratie indirecte ordinaire et nous nous en tenons à ces principes-là.

S’agissant de la délicate question de la scission de notre pays, je tiens à souligner que c’était quelque chose dont nous ne voulions pas. Mon épouse, qui m’a accompagné à Strasbourg, est originaire de Slovaquie. Moi-même, je suis Tchèque: il n’était donc vraiment pas dans notre intérêt que le pays soit divisé et nous avons essayé de maintenir son unité. Pour moi, ce pays était le cadre naturel de référence de mon existence depuis cinquante ans; j’ai donc beaucoup perdu quand il a été divisé, parce que cela m’a enlevé la possibilité de vivre à l’intérieur de l’entité que représentait la Tchécoslovaquie. Il n’y avait aucune raison d’organiser un référendum sur cette question, notamment dans la partie tchèque du pays qui ne désirait pas la séparation. Je ne vois pas à quelle question d’un référendum les électeurs tchèques auraient pu répondre; je n’arrive même pas à imaginer la moindre question qu’on aurait pu leur poser. D’ailleurs, un référendum n’aurait été ni positif ni constructif, il n’était donc pas question d’en organiser un.

M. de PUIG (Espagne)

L’adoption de la loi 40.1993, Monsieur le Premier ministre, a engendré des préoccupations au sein de certaines organisations internationales. C’est la raison pour laquelle certains Représentants du Conseil de l’Europe, notamment Mme Verspaget, ont demandé au Comité des Ministres de s’intéresser aux conséquences de l’application de cette loi, en ce qui concerne en particulier les Tsiganes et les Rom.

Monsieur le Premier ministre, quelles mesures concrètes votre gouvernement a-t-il prises ou envisage-t-il de prendre pour s’assurer que cette loi n’aura pas pour effet de créer un groupe de personnes apatrides sans citoyenneté?

M. Klaus, Premier ministre de la République tchèque (traduction)

J’ai du mal à comprendre votre question. Nous avons tenté de nombreuses fois de vous expliquer que votre question ainsi que d’autres similaires qu’on nous a posées au cours des dernières semaines et des derniers mois reposent sur un malentendu, sur une mauvaise lecture de notre Constitution et de notre législation ainsi que sur un défaut de compréhension du système juridique ayant trait à la citoyenneté tchèque.

Notre tâche était difficile, car il s’agissait de réaliser en douceur la scission du pays. Je pense que nous avons réussi à le diviser de telle sorte que tous les citoyens de l’ancienne Tchécoslovaquie possèdent actuellement soit la nationalité tchèque, soit la nationalité slovaque. Personne n’a été privé de citoyenneté; nous n’avons d’ailleurs pas œuvré dans ce but.

Je sais que le Vice-Premier ministre – qui est un expert juridique – vous a adressé une longue lettre vous expliquant les aspects techniques de la séparation, lettre que je ne puis ici vous citer par cœur. Je suis sûr que la délégation tchèque à cette Assemblée parlementaire pourra vous fournir de plus amples détails; pour moi, je ne puis que vous y renvoyer. Nous essayons de fournir toutes les informations nécessaires à votre Organisation, à votre Conseil.

M. de PUIG

Dois-je comprendre à la lumière de votre réponse que vous êtes disposé à accueillir des experts du Conseil de l’Europe afin qu’ils puissent étudier en profondeur la situation et nous permettre de dissiper nos inquiétudes?

M. Klaus, Premier ministre de la République tchèque (traduction)

Nous sommes prêts à accepter l’expertise du Conseil de l’Europe sur n’importe quelle question. Je ne dis pas que nous accueillerons avec joie des experts du Conseil chargés d’examiner cette question particulière, parce que, à mon avis, elle est inexistante: il est donc inutile d’envoyer une mission d’experts à cet effet. Vous n’ignorez certes pas que, dans le monde entier, il existe un certain nombre de problèmes relatifs aux Tsiganes, problèmes étant principalement dus à la particularité de ce groupe social et qui n’ont rien à voir avec les lois tchèques relatives à la citoyenneté. Il n’existe aucune discrimination dans notre pays, à aucun égard.

M. MUEHLEMANN (Suisse) (traduction)

Monsieur le Premier ministre, vous avez mis en pratique cet axiome d’Alexis de Tocqueville, qui dit en substance que les hommes ne désirent pas seulement être libres, ils veulent aussi pouvoir manger à leur faim. Vous êtes le père du miracle économique qui a eu lieu dans les anciens pays communistes. Pensez-vous que la Roumanie, la Bulgarie, l’Albanie ou même la Russie pourront suivre votre exemple et passer d’une économie centrale planifiée à une économie libre de marché avec le même succès?

M. Klaus, Premier ministre de la République tchèque (traduction)

Comme je l’ai déjà indiqué, nous sommes les défenseurs d’une économie de marché sans restriction; nous sommes favorables à une économie de marché reposant sur la sécurité de structures sociales appropriées et fiables. Cependant, il est malvenu, à mon sens, de placer l’épithète «social» avant les mots «économie de marché». Le social devrait être placé au deuxième plan. Vous disiez que les gens ne devraient pas seulement être libres, mais qu’ils devraient également pouvoir manger à leur faim. C’est tout à fait exact. Pourtant, s’il est un postulat que notre pays a assimilé, c’est bien que sans liberté point de bien-être et sans bien-être point de liberté: les deux notions sont indissociables.

Les gens mangeront à leur faim à condition d’être libres, et ils ne seront libres qu’à condition de pouvoir manger à leur faim. C’est pourquoi tout le processus de la transition du communisme vers une société libre et vers l’économie de marché doit reposer sur une délicate combinaison de mesures politiques, sociales et économiques interdépendantes.

L’on se fourvoie facilement en ne s’engageant que dans une seule voie. Il convient de créer ce que j’appelle une «masse critique», pour reprendre un terme de physique, une masse critique de mesures propres à favoriser la réforme: alors vient la réforme, alors vient le changement. Ce n’est qu’à ce moment-là qu’un changement systémique pourra voir le jour.

Si la masse critique de mesures de réforme est insuffisante, le pays risque de devoir faire face à de graves troubles.

J’ai toujours déclaré que les ex-pays communistes se divisent actuellement en trois catégories: ceux qui se trouvent à l’étape de la «prétransition»; ceux qui se trouvent à l’étape de la transition proprement dite, et ceux qui sont arrivés à l’étape de la «posttransition». Pour user d’une métaphore, je dirai que se trouver à la première étape, c’est comme se trouver dans la salle d’attente d’un hôpital. C’est là où l’on effectue certains examens préliminaires, c’est le stade où le patient espère encore pouvoir échapper à l’intervention chirurgicale en avalant quelques comprimés. Je déplore que certains des anciens pays communistes se trouvent encore dans la salle d’attente.

L’étape suivante, c’est la salle d’opération. Celle-ci doit être pratiquée rapidement et en douceur; mais il faut surtout la mener à son terme. Car si l’on abandonne le patient en plein milieu d’une opération, tout sera perdu: le malade sera dans un état bien plus grave qu’avant d’entrer au bloc opératoire. Dans certains pays, on a renvoyé les chirurgiens au beau milieu de l’intervention, et la plaie est restée béante. Dans ce cas, la plupart des troubles prennent naissance comme si l’intervention n’avait jamais eu lieu. En tant qu’observateur indépendant, il me serait possible de nommer les pays auxquels je fais allusion. En tant que Premier ministre, cela ne m’est pas permis, mais vous aurez sûrement deviné quels sont ceux qui appartiennent à cette catégorie.

La dernière étape est celle de la réinsertion ou de la convalescence. Il m’arrive d’évoquer à ce propos un centre de remise en forme: il me semble que la République tchèque est entrée dans l’ère de la remise en forme. En effet, le pays a acquis la liberté et ses habitants mangent à leur faim.

LE PRÉSIDENT (traduction)

Merci. Monsieur Muehlemann, je constate que vous êtes satisfait de cette réponse. La parole est à M. Demiralp pour poser la question suivante.

M. DEMIRALP (Turquie) (traduction)

M. Klaus a déjà répondu à toutes les questions que je désirais lui poser.

LE PRÉSIDENT (traduction)

Je vous remercie. Monsieur Maruflu, désirez-vous poser votre question?

M. MARUFLU (Turquie) (traduction)

Merci, Monsieur le Président. Je voudrais tout d’abord remercier M. le Premier ministre de son excellente allocution. Ce que l’on appelle un «nouvel instrument-cadre sur la protection des minorités» a été ouvert à la signature dans le cadre d’une initiative centre-européenne. A mon avis, cet instrument, bien qu’il s’inspire largement de la Convention-cadre du Conseil de l’Europe, est bien plus dur dans la lettre en ce qu’il ne se contente pas de donner des définitions, mais esquisse les droits culturels spécifiques à accorder aux minorités. Dans ce contexte, quelle est la position de votre pays en ce qui concerne l’instrument-cadre de cette initiative centre-européenne?

M. Klaus, Premier ministre de la République tchèque (traduction)

Je suis conscient de ce fait. La République tchèque est favorable à l’approche de la question des minorités telle qu’elle a été adoptée par le Conseil de l’Europe. Nous avons vivement critiqué l’approche suggérée par quelques-uns de nos collègues de l’initiative centre-européenne. Je pense que vous savez que nous n’y avons pas souscrit. La République tchèque a proposé de refuser une solution particulière à l’Europe centrale et suggéré d’attendre que l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe ait adopté une résolution à ce sujet.

Je disais tout à l’heure dans mon discours qu’après quarante années de communisme notre sensibilité a peut-être été exacerbée, notamment quand il s’agit de questions ayant trait aux droits individuels et collectifs; c’est pourquoi nous suivons de très près le débat qui se déroule à ce sujet au sein du Conseil de l’Europe. Nous avons quelquefois le sentiment que les droits collectifs jouissent d’une faveur plus grande que les droits individuels. Pour moi, cela est inacceptable et je ne puis que vous faire part de mon désaccord. Je suis heureux que votre question m’ait donné l’occasion d’exprimer mon point de vue sur ce sujet.

LE PRÉSIDENT (traduction)

L’Assemblée se félicite que vous approuviez l’orientation de la convention élaborée au sein du Conseil de l’Europe.

M. FASSINO (Italie) (traduction)

Monsieur le Président, votre ton suave et convaincant arrondit les angles, mais c’est plutôt la rigueur qui caractérise vos propos.Vous avez conclu votre intervention en affirmant que la République tchèque souhaite devenir membre de l’Union européenne le plus tôt possible, mais vous avez auparavant déclaré qu’il n’est pas besoin de politiques sociales européennes, ni d’institutions européennes, ni de politiques communes.

J’aimerais, par conséquent, savoir si l’Europe n’est pour vous qu’un marché; si c’est le cas, ne trouvez-vous pas contradictoire de chercher à entrer dans une Union européenne qui s’efforce, quant à elle, de devenir plus qu’un simple marché?

M. Klaus, Premier ministre de la République tchèque (traduction)

Je n’ai pas dit que l’Europe représentait uniquement un marché. J’ai évoqué des questions qui ne concernaient pas seulement la coopération économique entre les pays européens. Je sais bien que l’Europe est plus qu’un marché, et c’est ce que j’ai essayé d’exprimer dans mon allocution.

Nous vivons dans un monde où l’histoire n’a pas de fin, un monde qui bouge, qui se transforme et dans lequel de nouvelles idées se font jour. L’Europe n’est pas une image statique. Mon pays tout comme l’Union européenne sont en perpétuel mouvement. Nous redéfinissons nos objectifs, nos idéaux et nos stratégies. Nous sommes prêts à participer à toutes les initiatives. Nous voulons participer au jeu en tant qu’acteurs et non en tant que spectateurs. Nous voulons avoir notre mot à dire, nous voulons pouvoir exprimer notre point de vue sur les importants enjeux auxquels il nous faut faire face. Par nous, j’entends tous les Européens. La République tchèque désire être un pays européen normal, et je suis persuadé qu’elle est très près de ce but. Pour nous, il est évident que l’adhésion à l’Union européenne en fait partie, et nous ne voulons pas en être exclus.

M. VALLEIX (France)

Monsieur le Premier ministre, je souhaite également vous poser une question de nature économique, mais, reprenant Tocqueville, je dirai que pour la liberté et la démocratie les problèmes économiques ne sont pas du tout indifférents.

Vous avez évoqué l’évolution de la première phase de progrès économique dans votre pays et la zone de libre-échange. Vous n’avez pas parlé de l’axe fluvial, maintenant continu de bout en bout, Rhin-Main-Danube, qui, partant de la mer Noire va jusqu’à la mer du Nord, permettant un trafic fluvial à bon marché, intense et de très bonne rentabilité, quoique un peu handicapé par des problèmes de frontières et par le drame slave.

Monsieur le Premier ministre, cet axe est-il de nature à conforter l’économie de votre République tchèque? Est-il également de nature à favoriser une cohésion économique et politique de l’Europe centrale?

M. Klaus, Premier ministre de la République tchèque (traduction)

Il est toujours utile de créer des infrastructures. J’ai d’ailleurs pu m’en rendre compte la semaine dernière lors d’une visite que nous avons effectuée en Egypte. A mon sens, la construction d’un pipe-line, par exemple, qui traverserait l’Egypte et Israël pour aboutir en Jordanie, ou la création d’un réseau électrique transfrontalier sont des projets bien plus prometteurs que certains pourparlers menés récemment dans telle ou telle ville.

Ainsi, des infrastructures plus souples devraient en principe contribuer à rapprocher les Européens. Pour ce qui est de la République tchèque, je suis au regret de constater que mon pays n’est plus riverain du Danube comme naguère, lorsque la région faisait partie de la Tchécoslovaquie. Le Danube est malheureusement devenu pour nous un fleuve aussi lointain que le Rhin. Seul l’Elbe traverse mon pays. Nous n’avons donc aucun intérêt particulier dans le projet évoqué par M. Valleix. Il existe une association de pays et de régions au sein de laquelle nous jouissons du statut d’observateurs au niveau des Délégués des Ministres, mais sans en être membres à part entière.

LE PRÉSIDENT (traduction)

Nous en avons à présent terminé avec les questions. Monsieur Klaus, je vous remercie d’y avoir répondu. Votre pays est peut-être loin des grands fleuves, mais ceux qui le traversent ont inspiré d’éminents compositeurs. Tous ceux qui ont eu le privilège de se rendre dans votre pays savent quelle source d’inspiration représentent ses rivières et les ponts qui les enjambent. Nous sommes heureux d’avoir pu vous accueillir dans cette enceinte. Vous nous avez remis un précieux viatique pour cette semaine qui promet d’être longue, chargée et tendue, au cours de laquelle l’Assemblée sera appelée à prendre d’importantes décisions. Soyez certain que tant votre discours que les réponses que vous avez apportées aux questions des parlementaires orchestreront, d’une certaine façon, nos débats ultérieurs.

Je remercie M. Klaus non seulement de nous avoir rendu visite à Strasbourg, mais également – ce qui est plus rare – de s’être fondu dans cette Assemblée, d’y avoir pleinement participé et de s’y être informé en prêtant une grande attention aux propos qui se sont tenus. Je vous remercie à la fois de votre présence et de l’intérêt que vous avez marqué pour nos travaux. La présente journée est porteuse de grands espoirs pour la future présidence tchèque du Comité des Ministres qui interviendra très prochainement. Le moment est crucial à la fois pour le Conseil de l’Europe et pour la construction européenne. Je suis certain que nous aurons d’autres occasions de communiquer avec vous à Strasbourg ou à Prague. Nous vous souhaitons plein succès, Monsieur le Premier ministre, ce succès que, comme je le disais tout à l’heure, vous-même et votre pays méritez amplement. Merci beaucoup.