Svetozar

Marović

Président de la Serbie-Monténégro

Discours prononcé devant l'Assemblée

mardi, 26 avril 2005

Je vous remercie, Monsieur le Président; merci à vous tous. C’est une grande occasion que vous m’offrez, ainsi qu’à mon pays. Vous voudrez bien faire preuve de compréhension, en me permettant de poursuivre dans ma langue maternelle.

(L’orateur poursuit en serbe) Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les parlementaires, Mesdames et Messieurs, je tiens à vous remercier de votre invitation et de l’occasion qui m’est offerte de m’adresser à l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe. C’est un grand honneur pour moi, en ma qualité de Président de la Serbie- Monténégro.

Deux ans se sont écoulés depuis notre adhésion au Conseil de l’Europe. Nous devons exprimer notre gratitude non seulement au Conseil pour son assistance concrète au cours de la période qui a commencé quelques mois seulement après l’assassinat du Premier ministre, M. Djindjic, mais aussi à tous vos observateurs pour leurs rapports et suggestions qui nous ont été très utiles; nous en avons tenu compte, en effet, dans tous les efforts que nous avons déployés jusqu’ici pour instaurer une société européenne pleinement démocratique et respectueuse des lois. C’est pourquoi à présent, en 2005, je tiens à souligner notre profond attachement aux objectifs et au rôle du Conseil de l’Europe.

«Le Kosovo doit être pluriethnique et européen, il doit être ouvert et sûr pour tous ses citoyens, protégeant soigneusement les minorités nationales»

Pour la Serbie-Monténégro, l’adhésion au Conseil de l’Europe en 2003 a marqué le début d’un processus d’adhésion aux institutions européennes qui ne peut être stoppé. Le principal objectif de l’union d’état, partagé par les deux États membres, a été, et reste, l’accélération du processus d’européanisation. Attachés comme nous le sommes aux principes et objectifs européens définis comme notre priorité dans la Charte constitutionnelle de la Serbie-Monténégro, nous œuvrons, jour après jour, à tous les niveaux, au renforcement des institutions démocratiques, à une mise en œuvre plus prompte des normes européennes et à l’affirmation d’une culture politique de tolérance et d’ouverture sociales.

Le processus d’européanisation n’a pas toujours été aussi rapide et approfondi que nous l’aurions voulu, ni aussi efficace que nos citoyens l’auraient souhaité, du fait de la spécificité constitutionnelle de l’union d’état; il nous a fallu, en effet, davantage de temps et d’efforts pour définir clairement et concrètement le mandat des Etats membres et de l’union d’état, compte tenu, en outre, de l’absence toujours notable de volonté d’accepter la réalité et de défendre les intérêts communs, et donc de renoncer aux querelles politiques au nom du progrès pour tous.

L’acceptation par l’Union européenne d’un double concept dans le processus d’harmonisation des systèmes économiques des Etats membres a favorisé la mise en œuvre des normes européennes. Dans ce nouveau climat, d’importants résultats ont été obtenus concernant la coopération avec le tribunal de La Haye, notamment au cours des deux derniers mois. Ces résultats ont confirmé que les responsables politiques à tous les niveaux avaient parfaitement compris qu’il fallait pleinement satisfaire à toutes nos obligations internationales si nous voulions adhérer aux institutions européennes et euro-atlantiques.

Ils ont également démontré que nous étions tout à fait déterminés à ne pas perdre un seul jour ou mois supplémentaire sur la voie de l’intégration européenne, de manière à ce que 2005 devienne l’année du succès européen de la Serbie-Monténégro. C’est une décision prise par tous les plus hauts représentants des Etats membres et de l’union d’état à la récente réunion du Conseil pour l’intégration européenne de la Serbie- Monténégro.

Pour nous, l’étude de faisabilité positive représente non seulement une première étape mais aussi une base pour notre adhésion pleine et entière à l’Union européenne, sur un pied d’égalité avec les autres Etats. C’est une obligation, tout autant qu’un signe important d’espoir et d’encouragement. Nous devons consacrer la période à venir à satisfaire consciemment et consciencieusement cette obligation, sans attendre de nouvelles pressions ou conditions. La période à venir doit se caractériser par un consensus politique interne et un dialogue sur l’avenir et les buts européens communs. Nous devons continuer à affirmer que l’Europe est notre choix, notre objectif et notre avenir. Une telle affirmation ne peut être une simple figure de rhétorique politique mais doit exprimer un intérêt vital, sincère et durable pour la Serbie comme pour le Monténégro.

L’union d’état formée par la Serbie et le Monténégro est consciente de cette responsabilité non seulement pour ses propres citoyens, mais aussi pour la stabilité et l’avenir de la région dans sa globalité. Nous sommes très fiers du fait que la Serbie-Monténégro a contribué à l’instauration d’un nouveau climat de confiance, de solidarité, de soutien et d’entraide dans la région. Nous continuerons à apporter cette contribution à l’avenir. Nous soutiendrons tous nos voisins qui sont, officiellement, en avance sur nous dans le processus d’intégration européenne. Nous souhaitons naturellement les rattraper, peut-être même les dépasser, mais pas à tout prix et pas au détriment de relations de bon voisinage et d’amitié et de la stabilité de l’Europe du Sud-Est dans son ensemble.

Le succès et la rapidité de l’européanisation de la Serbie-Monténégro influent directement sur la stabilité de l’ensemble de la région. C’est pourquoi la Serbie-Monténégro fera de son mieux pour que les négociations sur la stabilisation et l’association commencent dès que possible. Avec le soutien et la compréhension de l’Union européenne et compte tenu de l’importance du processus de stabilisation dans notre région, je suis convaincu que nous pourrions bénéficier d’une procédure quelque peu écourtée. Notez bien que nous ne cherchons pas à prendre des raccourcis pour rejoindre l’Europe mais seulement à accélérer le processus. Nous sommes parfaitement conscients de nos responsabilités. Je tiens à souligner de nouveau, en votre présence, que cette évolution dépend essentiellement de nous. Nous devons remplir nos obligations nous-mêmes. Nous devons accomplir nous-mêmes les tâches qui nous incombent. Nous devons gagner nous-mêmes notre liberté, assurer nous- mêmes notre sécurité et instaurer nous-mêmes l’Etat de droit. Nous devons faire tout cela en conformité avec les conventions et normes des démocraties plus avancées, ayant acquis plus de maturité et d’expérience, et avec les valeurs communes promues, protégées et garanties par la présente institution européenne, tout en gardant à l’esprit les spécificités que nous voulons préserver, spécificités qui témoignent de notre individualité et de notre authenticité. Notre politique restera, par conséquent, attachée aux principes multiethniques et à la tolérance.

Comme vous le savez, les problèmes de notre région ne sont pas tous résolus, mais il ne faut pas faire de cette situation un sujet d’inquiétude. C’est davantage un défi à relever, une invitation à faire preuve de maturité et de responsabilité pour prouver que nous pouvons bel et bien régler les problèmes par la démocratie et le compromis.

Mesdames et Messieurs, je suis très honoré de votre invitation et souhaite de nouveau me faire le porte- parole de la Serbie-Monténégro.

Tout d’abord, l’union d’état formé par la Serbie- Monténégro et ses Etats membres demeurent très attachée à l’intégration euro-atlantique et au processus accéléré d’adhésion aux institutions européennes. Ce sera là notre principale tâche dans l’avenir, que ce soit au sein du gouvernement, du parlement ou dans la vie quotidienne.

Deuxièmement, après les résultats positifs obtenus ces derniers mois, la Serbie-Monténégro continuera de coopérer pleinement avec les institutions internationales, et en particulier avec le tribunal de La Haye. Aucune personne sensée en Serbie-Monténégro ne saurait être naïve au point de croire que le progrès est possible sans une telle coopération. Bien au contraire, tous les représentants des Etats membres et du Conseil des ministres savent qu’une coopération pleine et entière avec La Haye est une condition préalable indispensable au rapprochement de la Serbie- Monténégro et de l’Europe.

Troisièmement, après avoir précisé la teneur de la proposition tendant à modifier la Charte constitutionnelle en la présence du haut représentant de l’Union européenne, la Serbie et le Monténégro ont tous deux confirmé qu’ils étaient prêts à favoriser démocratiquement leurs relations, moyennant un accord mutuel, car cela va dans l’intérêt bien compris des Etats membres et de leurs citoyens. Une procédure d’amendement de la Charte constitutionnelle s’ouvrira sous peu, qui fixera les conditions préalables indispensables à la pleine légitimité du niveau parlementaire de l’union d’état. L’activité législative de l’union, ainsi que celle des parlements des Etats membres, sont capitales pour l’accélération de la mise en œuvre des normes européennes. L’accord réaffirme les intérêts de l’ensemble des signataires et le droit de chaque Etat membre à organiser un référendum.

La Charte constitutionnelle prévoit l’existence bien réelle d’un référendum. Belgrade, la Serbie, le Monténégro et l’Europe ne veulent pas se voiler la face ni éviter la question. Cette question exige une réponse démocratique et pacifique. Il convient de respecter les normes démocratiques internationales pour pouvoir défendre les valeurs des sociétés européennes, garantir la stabilité et montrer l’attachement des deux Etats membres aux objectifs européens, quel que soit le résultat du référendum. Nous devons nous employer à organiser une campagne référendaire démocratique et à parvenir à un consensus sur les différentes options politiques. La tenue d’un référendum sera légalement possible après 2006 et le Monténégro devrait se prévaloir de cette faculté.

Quatrièmement, si l’avenir européen de la Serbie- Monténégro est capital pour notre évolution démocratique et générale, la question du Kosovo est l’un des principaux éléments de stabilité dans l’ensemble de la région. Le message de la Serbie-Monténégro concernant l’avenir du Kosovo est clair: le Kosovo doit être pluriethnique, il doit être européen, il doit être ouvert et sûr pour tous ses citoyens, et ses minorités doivent être bien protégées. Belgrade a déjà invité les plus hauts représentants albanais à participer à un dialogue. Là où nous sommes, dans cette ville qui a une signification particulière pour l’Europe dans son ensemble, je tiens à réaffirmer l’importance du dialogue pour résoudre le problème. Nous devons trouver une solution sans gagnant ni perdant, une solution qui profite à tous et qui soit une victoire pour tous. Les pourparlers entre Belgrade et les représentants du Groupe de contact ont confirmé la position commune, à savoir un Kosovo européen, démocratique et pluriethnique, dont le statut se situerait entre l’autonomie et l’indépendance.

Le Kosovo ne peut revenir à la situation d’avant 1999, mais le statu quo ne constitue pas davantage une solution. Lorsque je parle de dialogue, j’entends par là le dialogue à tous les niveaux: à l’échelon local et sur le plan technique, à l’échelon du Kosovo, de Belgrade et de Pristina. C’est uniquement par le dialogue et avec le soutien de la communauté internationale que nous trouverons une solution qui ouvrira des perspectives pour tous sans mettre quiconque en danger. Pour réussir, il nous faudra faire preuve de patience, de maturité et de détermination.

Cinquièmement, en tant que membre du Conseil de l’Europe, la Serbie-Monténégro est fermement convaincue que le 3e Sommet du Conseil de l’Europe, à Varsovie, soulignera une fois encore l’importance du respect des droits de l’homme, de la démocratie et de l’Etat de droit au xxi siècle, celle d’une Europe sans frontières ni clivages, où les différentes religions, traditions et cultures seront considérées comme un héritage qui nous relie au nouvel environnement d’une Union européenne élargie. Je sais que M. Prodi, ancien Président de la Commission européenne, avait l’habitude de dire que le processus d’intégration européenne ne serait pas achevé tant que les pays des Balkans occidentaux n’y participeraient pas. Je suis aussi pleinement conscient du fait que nous devons y travailler avec diligence au quotidien, car sans une européanisation rapide de l’Europe du Sud-Est et des Balkans occidentaux, le processus de stabilisation sera ralenti, les progrès de la région seront en péril, les incompréhensions se multiplieront, l’instabilité continuera de régner et la perspective «d’une vie meilleure et plus sûre pour tous les citoyens dans cette partie de l’Europe s’éloignera.

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les parlementaires, je vous suis très profondément reconnaissant de comprendre et de soutenir ces processus, non seulement ici au sein de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, mais aussi au sein de vos parlements respectifs à travers le pouvoir et l’influence que vous exercez. La Serbie-Monténégro a fait un pas important dans son histoire européenne. Les citoyens, les forces proeuropéennes, les Gouvernements de la Serbie et du Monténégro, et toutes les institutions de l’union d’état sont fermement convaincus que l’avenir européen est non seulement notre objectif, mais aussi une réalité qui mérite que l’on prenne des risques et que l’on fasse des sacrifices. Je sais que nous pouvons continuer à compter sur vous pour nous aider à progresser dans cette voie.

Au nom de tous les citoyens de Serbie-Monténégro, au nom de l’ensemble des partis et au nom de nos institutions, je vous remercie.

LE PRÉSIDENT (traduction)

Je vous remercie, Monsieur Marovic. Une trentaine de membres de l’Assemblée ont exprimé le souhait de vous interroger. Je vous propose de regrouper ces questions, de manière à aborder le plus grand nombre de sujets possibles. La parole est à M. Van den Brande, au nom du Groupe du Parti populaire européen.

M. VAN DEN BRANDE (Belgique) (traduction)

La Commission européenne a adopté, le 12 avril, l’étude de faisabilité à laquelle vous avez fait allusion et est convenue d’engager à une date ultérieure les négociations d’adhésion à l’Union européenne, qui constituent une autre de vos priorités, à la condition toutefois que la Serbie-Monténégro coopère pleinement avec le Tribunal pénal international de La Haye pour les crimes de guerre. Le Conseil de l’Europe manifeste également sa préoccupation au sujet du respect de l’Etat de droit et des droits de l’homme. Quelles actions et mesures concrètes avez-vous déjà prises ou envisagez-vous de prendre pour que les conditions d’une totale coopération soient réunies?

LE PRÉSIDENT (traduction)

Je vous remercie, M. Van den Brande. Je rappelle aux parlementaires qu’ils disposent de trente secondes pour poser leur question. La parole est à M. Eörsi, au nom du Groupe libéral, démocrate et réformateur.

M. EÖRSI (Hongrie) (traduction)

Monsieur le Président, nous comprenons tous que chaque dirigeant politique souhaite maintenir l’unité de son pays et nous prenons acte des efforts que vous avez déployés pour accorder l’autonomie au Monténégro et au Kosovo. Or, il semble que les populations du Monténégro et du Kosovo désirent leur indépendance, et ce quel que soit le statut que votre pays, la Serbie, est prêt à leur concéder. En cas de victoire du référendum sur l’indépendance, quelle sera votre attitude à leur égard?

Mme SMIRNOVA (Fédération de Russie) (interprétation)

demande si les normes internationales sont respectées au Kosovo, s’agissant de la préparation du statut futur de ce territoire.

M. Marović, Président de la Serbie-Monténégro (interprétation)

pense que, pour ce qui est de la coopération avec le tribunal de La Haye, les résultats parlent pour la Serbie-Monténégro. Le pays s’est prononcé clairement et il a convaincu les autorités de Bruxelles de sa bonne volonté. Il ne faudrait donc pas ériger des barrières artificielles et faire de ce tribunal un nouvel obstacle à l’intégration. Certes, il reste encore à faire, en particulier pour trouver des gens accusés de crimes de guerre, mais la Serbie-Monténégro a la ferme intention de respecter ses engagements, avec l’aide du Conseil. Elle se félicite naturellement de l’avis favorable rendu dans le cadre de l’étude de faisabilité et elle espère que toutes les questions en suspens pourront être réglées rapidement.

L’année 2005 est pour la Serbie-Monténégro celle de l’intégration européenne et les engagements pris par les responsables des deux Etats sont conformes à la Charte constitutionnelle. 2006 sera l’année où la population pourra exercer son droit d’expression démocratique, grâce au référendum dont le principe a été arrêté et qui n’est nullement remis en cause. Il reste simplement à en déterminer les modalités d’organisation, ce qui suppose un consensus sur certaines règles, mais M. Marovic est confiant dans la force des institutions démocratiques de son pays. L’essentiel est de garantir la stabilité du Monténégro comme de l’union d’état et il est évident de ce point de vue qu’une minorité ne saurait imposer ses vues à la majorité. La Serbie et le Monténégro devront continuer à entretenir des relations très étroites après le référendum, quelle que soit Tissue de celui-ci. Quant à la configuration précise de l’union, ce sera naturellement aux citoyens d’en décider. Certains souhaitent en effet deux Etats indépendants: les négociations doivent se poursuivre, mais, pour M. Marovic, la priorité doit aller à l’intégration européenne, à moins que la population n’en décide autrement.

La question du Kosovo ne concerne pas seulement la Serbie et le Monténégro, mais aussi toute la région, qui a besoin de stabilité à long terme. Il faut mettre en place une société pluriethnique, qui n’existe actuellement pas. Les représentants de la majorité albanaise ont toute liberté d’encourager les Serbes à revenir et il convient donc de s’entendre pour éviter toute exclusion et pour favoriser une coexistence harmonieuse. Sur ce principe, tous s’accordent. Reste à s’entendre sur les modalités. Cela pourrait se faire sur la base de la Résolution 1244 et en s’inspirant des dispositions des Accords de Dayton, mais aussi de ce qui se pratique déjà dans plusieurs territoires de la région.

M. Marovic appelle donc au dialogue, à un dialogue qui écarte les vieilles recettes du passé. Il faut inventer pour résoudre cette question qui n’est pas, loin de là, rhétorique, mais une question de simple survie. Cela suppose d’instaurer un climat de confiance propice au retour des personnes déplacées et le Président insiste donc pour que les représentants de la majorité albanaise fassent preuve de bonne volonté.

M. BUDIN (Italie) (traduction)

Monsieur le Président Marovic, je tiens à vous féliciter pour l’avis favorable rendu par la Commission européenne dans le cadre de l’étude de faisabilité. La question que je voulais vous poser porte sur l’année qui nous sépare de l’organisation éventuelle d’un référendum: estimez- vous possible d’améliorer, au cours de cette année, l’image de l’union d’état dans l’opinion publique?

M. SCHREINER (France)

Monsieur le Président, dans votre discours introductif, vous avez dit que le Kosovo devait être «plus que complètement autonome et moins que complètement indépendant». Jusqu’à quel degré d’autonomie pensez-vous aller?

M. MIRZAZADA (Azerbaïdjan) (interprétation)

aimerait savoir ce que font les autorités de Serbie- Monténégro pour renforcer le processus d’intégration sociale, pour instaurer la confiance entre les diverses religions, pour développer la culture et l’éducation des minorités.

M. Marović, Président de la Serbie-Monténégro (interprétation)

pense que l’image de l’union d’état sera améliorée si chaque Etat membre et ses institutions font la preuve de leur efficacité. La cause de l’intégration européenne ne pourrait également qu’y gagner, car les négociations en seraient évidemment facilitées. Or le référendum ne devrait pas constituer un obstacle de ce point de vue. Dès lors que les deux Etats membres fonctionnent efficacement et se rapprochent de l’Europe, la résolution des litiges devrait en être facilitée. Pour ce qui est de l’autonomie, le Président n’a fait que donner la position de départ de la Serbie-Monténégro. Il serait en effet prématuré d’adopter une position définitive. En tout état de cause, il ne faut pas oublier la Résolution 1244 et la nécessité de garantir la stabilité de la région et de l’Europe.

Il existe d’excellents exemples de bonnes relations entre groupes ethniques au Monténégro comme en Serbie, et la multiplicité des langues officielles fait de ce pays un modèle pour l’Europe. La population de la Serbie-Monténégro vit en bonne harmonie, en dépit de quelques différends dus à des tensions sociales. Aucun doute n’est d’ailleurs possible: une société multiethnique, européenne et ouverte est une garantie de stabilité.

M. MILOJEVIĆ (Bosnie-Herzégovine) (interprétation)

demande à M. Marovic si, selon lui, les tenants de l’indépendance du Monténégro sont satisfaits de l’accord de stabilité.

M. CEKUOLIS (Lituanie) (traduction)

Monsieur le Président, le renforcement de votre coopération avec le tribunal de La Haye mérite d’être salué, mais, comme cela a été dit, de nombreux citoyens de votre pays considèrent le fait que des individus poursuivis se livrent volontairement d’une manière différente de celle que l’on pourrait souhaiter. Le Conseil de l’Europe s’est notamment engagé à mener une campagne de sensibilisation du public aux crimes de guerre auprès des populations de Serbie-Monténégro. Que pouvons-nous faire de plus à cet égard? Y a-t-il place pour une assistance du Conseil de l’Europe pour l’accomplissement de cette difficile mission?

M. VAREIKIS (Lituanie) (traduction)

Monsieur le Président, ma question concerne l’intégration régionale. Avant toute adhésion à l’Union européenne, il vous faut établir de bonnes relations avec les pays voisins de la Serbie-Monténégro, et la question des minorités nationales est toujours délicate. Quelle est votre opinion sur le statut des communautés serbes présentes dans les pays frontaliers du vôtre que sont la Bosnie-Herzégovine et la Croatie? Le jugez-vous satisfaisant? Pensez-vous nécessaire d’améliorer le statut des minorités hongroises de votre pays?

M. Marović, Président de la Serbie-Monténégro (interprétation)

répond à M. Milojevic que tous ceux qui sont favorables à l’intégration du Monténégro au sein des institutions européennes ne peuvent qu’être favorables à l’accord. S’agissant des relations entre la Serbie-Monténégro et le tribunal de La Haye, il souligne que les décisions individuelles qui ont été prises résultent bel et bien d’une pression accrue de l’opinion publique. On se félicitera de cette évolution positive, à laquelle le Conseil de l’Europe a contribué. Pour ce qui est de l’intégration régionale, la Serbie-Monténégro a toutes les raisons d’être fière du chemin parcouru, mais chaque capitale concernée a contribué au retour de la stabilité en signant des accords relatifs aux droits des minorités tel que celui, historique, qui a été signé Tannée dernière entre Belgrade et Zagreb. Le sort de la minorité serbe en Hongrie a suscité des tensions politiques qui se sont fort heureusement apaisées après la visite que le Président de la Hongrie a faite à Belgrade. Des malentendus persistants ont été levés et les interlocuteurs sont convenus que les incidents malheureux constatés avaient un aspect criminel plutôt que xénophobe.

M. BANAC (Croatie) (traduction)

La question du scrutin à la majorité qualifiée, soulevée par M. Javier Solana, a fortement perturbé la situation au Monténégro. Quel est l’avis du Président à ce sujet? Le scrutin à la majorité qualifiée fait-il obstacle à la demande d’indépendance manifeste du Monténégro?

Mme PETROVA-MITEVSKA («l’ex-République yougoslave de Macédoine») (traduction)

«L’ex- République yougoslave de Macédoine» et la Serbie-Monténégro entretiennent de bonnes relations dans divers domaines d’intérêt national. Le réseau de transport transeuropéen favorise le développement des liaisons routières et ferroviaires. Que convient-il de faire pour sauvegarder cet important lien économique, culturel et historique?

M. NASUFI («l’ex-République yougoslave de Macédoine») (traduction)

M. Milojevic comparait actuellement devant le tribunal de La Haye. Lorsque la Serbie et le Monténégro étaient séparés, le discours des dirigeants serbes était identique à celui de Milojevic. Quelle est la différence entre la conception du Kosovo alors défendue par Milojevic et celle prônée aujourd’hui par les responsables serbes?

M. Marović, Président de la Serbie-Monténégro (interprétation)

répond à M. Banac que, lorsque la Serbie-Monténégro a signé l’accord avec M. Solana, il a été convenu que chacun des Etats qui procéderaient à un référendum en 2006 devrait respecter des critères démocratiques, mais il se trouve que les avis sont partagés sur leur définition. Pour autant, il n’y a pas lieu de porter un jugement sur les critères choisis par certains pays et, si critères il y a, ils doivent être les mêmes pour tous. D’ailleurs, les autorités de la Serbie-Monténégro, à l’époque de l’élaboration de l’accord, avaient été en contact étroit avec les experts de l’OSCE, qu’elles avaient consultés. Quoi qu’il en soit, c’est le consensus politique qui importe si l’on souhaite la stabilité de la Serbie et du Monténégro, et cela quel que soit le résultat du référendum. Il faut donc faire les choses de manière rationnelle, démocratique et sans exclusive, le dernier mot devant revenir aux citoyens.

S’agissant de l’avenir de l’union, M. Marovic se gardera bien de se prononcer à la place des Monténégrins, mais la Charte constitutionnelle devra être respectée et, quels que soient les avis des uns et des autres, le référendum répondra à des règles démocratiques précises.

Des initiatives ont déjà été prises pour favoriser la coopération économique entre la Serbie-Monténégro et la Macédoine, comme en témoigne la réunion qui s’est tenue le mois dernier à Skopje. Il va sans dire que la clé du succès politique se trouve dans la croissance économique qui, seule, permettra d’améliorer les conditions de vie de la population. C’est dire l’intérêt des accords de libre-échange, facteur de créations d’emplois et de richesses.

M. Marovic s’inscrit en faux contre l’assertion selon laquelle le langage des autorités actuelles de Serbie-Monténégro serait le même que celui de l’ancien Président Milosevic.

LE PRÉSIDENT (traduction)

Je vous remercie. Il nous faut à présent interrompre la liste des questions posées au Président Marovic. Plus de 20 orateurs demeurent inscrits, ce qui témoigne de l’intérêt de cette Assemblée pour l’évolution de votre pays et de son implication dans cette question. Je vous remercie vivement, au nom de l’Assemblée, de votre allocution, et tout particulièrement de la manière dont vous avez répondu à l’ensemble de ces questions. Je vous souhaite tout le succès possible dans vos activités et dans vos fonctions à la tête de votre pays.