Serguei

Stanishev

Premier ministre de Bulgarie

Discours prononcé devant l'Assemblée

mardi, 24 janvier 2006

Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs, permettez-moi d’emblée de vous remercier de m’avoir invité à prendre la parole devant l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe – ce forum européen des plus prestigieux, reconnu depuis longtemps comme l’une des pierres angulaires du parlementarisme européen, qui a été une véritable école de la démocratie pour les pays d’Europe centrale et orientale.

C’est pour moi un grand honneur que d’avoir, en tant que Premier ministre de la République de Bulgarie, l’occasion de m’adresser à vous, représentants démocratiquement élus de toutes les nations européennes et de toutes les tendances politiques, porteurs de la diversité et de l’unité européennes, qui êtes appelés à sauvegarder et à promouvoir les valeurs essentielles de notre Organisation: la démocratie, les droits de l’homme et la prééminence du droit en Europe.

Le début du XXIe siècle est marqué par l’émergence de nouvelles réalités et de nouveaux défis de taille pour notre civilisation, défis qui ont une incidence directe sur les perspectives du développement futur non seulement de notre continent, mais aussi du monde entier. Ces réalités et ces défis obligent la communauté internationale à aborder sous un nouvel angle les problèmes auxquels nos pays et nos sociétés sont aujourd’hui confrontés, à adopter de nouvelles approches et à prendre de nouvelles décisions en se fondant sur les valeurs fondamentales de la démocratie qui nous unissent. Dans ce contexte, nous avons besoin d’une nouvelle vision de l’Europe, de son rôle et de son avenir.

Avec l’élargissement progressif des structures européennes, qui contribuent à renforcer le processus de la réunification de l’Europe, l’architecture politique et institutionnelle de notre continent acquiert une nouvelle dimension. Nous sommes fermement convaincus que la poursuite du processus d’intégration permettra de développer le modèle pour la prospérité et la sécurité futures de notre continent, ce qui contribuera à renforcer la stabilité et la démocratie en Europe et dans les régions voisines.

Dans ce contexte, et compte tenu des résultats du 3e Sommet que notre Organisation a tenu l’année dernière, on peut dire haut et clair que le Conseil de l’Europe a réaffirmé son rôle en tant que composante essentielle de l’architecture politique européenne, en tant que cadre unique pour la protection et la promotion des droits de l’homme, pour la progression des principes et des valeurs démocratiques ainsi que pour le renforcement de la prééminence du droit dans l’Europe tout entière.

Transformer les objectifs prioritaires approuvés par le Sommet de Varsovie en actions concrètes constitue une responsabilité collective. Après le premier bilan effectué en novembre 2005 par le Comité des Ministres, la présente partie de session offre une nouvelle occasion de s’appuyer sur ce sens renforcé de l’objectif commun pour redonner un nouvel élan à la coopération entre les Etats membres en ce qui concerne les questions essentielles figurant à l’ordre du jour de notre Organisation et, partant, pour réaffirmer le rôle primordial qu’elle joue dans le débat politique européen d’aujourd’hui.

La Bulgarie est profondément attachée aux valeurs fondamentales de notre Organisation – droits de l’homme, démocratie et prééminence du droit – ainsi qu’au principe selon lequel elles sont universellement applicables.

C’est à la lumière de ces valeurs qu’il y a deux ans nous avons porté à votre attention le cas des infirmières bulgares et du médecin palestinien condamnés à mort en Libye. Votre conclusion, qui se fondait sur les faits exposés dans le rapport convaincant de M. Tony Lloyd et explicitement mentionnés dans la Recommandation 1726 de l’Assemblée parlementaire, en date du 6 octobre 2005, selon laquelle les infirmières bulgares et le médecin palestinien doivent être considérés comme totalement innocents, est arrivée à un moment crucial et a permis d’éviter le pire.

Permettez-moi de saisir cette occasion pour réitérer la reconnaissance que vouent mon gouvernement et le peuple bulgare à tous les membres de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe et à son Président, M. René van der Linden, ainsi qu’au Secrétaire Général du Conseil de l’Europe, M. Terry Davis, pour le soutien et la solidarité sans faille qu’ils nous ont témoignés.

Comme vous le savez certainement, le 25 décembre 2005, la Cour suprême de la Libye a décidé de faire rejuger l’affaire par une autre chambre du tribunal pénal de Benghazi. Cette décision nous semble positive, mais nous en examinons soigneusement toutes les conséquences éventuelles. Nous attendons de ce nouveau procès qu’il évite les nombreuses violations de procédure et autres qui avaient entaché le précédent; nous attendons également des juges qu’ils examinent en profondeur les preuves convaincantes présentées par la défense, preuves qui démontrent magistralement l’entière innocence du personnel médical bulgare et du médecin palestinien. Par ailleurs, nous espérons que le nouveau procès se tiendra le plus rapidement possible, compte tenu de l’état physique et psychologique désastreux dans lequel se trouve le personnel médical bulgare qui croupit dans les prisons libyennes depuis déjà sept longues années.

Mon pays poursuivra ses efforts en vue d’aboutir à une issue favorable qui permettra à nos compatriotes innocents de retourner chez eux. Nous sommes convaincus que cette affaire pourra être résolue grâce à une approche constructive et avec l’aide de la communauté internationale.

La Bulgarie tient à réaffirmer sa sympathie à l’égard des enfants contaminés et de leurs familles. Nous continuerons de contribuer aux efforts déployés par la communauté internationale en vue de soulager leurs souffrances; nous soutenons pleinement le plan d’action de l’Union européenne dans lequel nous voyons une expression constructive de la solidarité internationale.

La participation de la Bulgarie à la recherche d’une solution n’implique toutefois pas qu’elle accepte la demande libyenne d’une compensation financière pour les familles touchées. Nous continuons d’affirmer avec vigueur que les infirmières bulgares et le médecin palestinien sont innocents. C’est là une vérité qui a été confirmée par d’éminents experts internationaux, y compris le docteur Luc Montanier, qui a été le premier à isoler le virus VIH. Dans ce contexte, le paiement d’une compensation impliquerait la reconnaissance de leur culpabilité, ce qui rendrait vains tous les efforts déployés en vue de prouver leur innocence.

Nous comptons également sur le soutien du Conseil de l’Europe dans notre recherche d’une résolution rapide et équitable de cette affaire.

La Bulgarie attache une importance primordiale à l’harmonisation de la protection des droits de l’homme sur tout le continent européen. Elle est fermement convaincue que la Cour européenne des Droits de l’Homme – institution véritablement paneuropéenne – a un rôle vital à jouer dans l’édification de la nouvelle architecture européenne du XXIe siècle. C’est pourquoi elle ne manque pas de soutenir activement toutes les mesures visant à préserver et à améliorer l’efficacité de cette instance compte tenu de sa charge de travail qui ne cesse de croître.

A cette fin, mon gouvernement a signé le Protocole no 14 à la Convention européenne des Droits de l’Homme, qui a été ensuite ratifié par l’Assemblée nationale de la République de Bulgarie. Toutefois, nous sommes pleinement conscients qu’il importe également d’améliorer l’application de la Convention en prévenant les violations de ses dispositions à l’échelon national. La Bulgarie, qui a déjà accompli des progrès significatifs dans ce domaine, tient à réaffirmer son profond engagement à cet égard.

Comme les autres pays d’Europe centrale et orientale qui ont rejoint le Conseil de l’Europe au début des années 1990, la Bulgarie a tiré un grand profit de l’expertise unique de notre Organisation lors du processus de consolidation de la démocratisation de ses institutions. Toutefois, nous sommes pleinement conscients qu’il s’agit là d’un processus permanent.

A cet égard, mon gouvernement a récemment soumis à l’Assemblée nationale bulgare plusieurs importantes propositions d’amendements à la Constitution. Ces propositions portent sur l’amélioration du fonctionnement du judiciaire, notamment sur le rôle du bureau du procureur et des juges d’instruction au sein du système judiciaire national, et sur l’immunité des juges, des magistrats et des enquêteurs. Un certain nombre de dispositions visent à éviter le chevauchement de pouvoirs lors de la phase d’instruction, ce qui permettra d’en améliorer l’efficacité et la transparence. L’Assemblée nationale se verrait également conférer l’autorité nécessaire pour révoquer le procureur et les présidents de la Cour suprême administrative et de la Cour suprême de cassation. Les députés bénéficieraient d’une immunité ex cathedra – pour ce qui concerne les déclarations qu’ils font et les avis qu’ils expriment au sein de l’Assemblée nationale, ainsi que les activités qu’ils mènent en tant que représentants du peuple. D’autres modifications visent à accroître les compétences des pouvoirs locaux en matière de fiscalité.

Nous travaillons également avec détermination à améliorer l’efficacité des institutions judiciaires et administratives. L’Assemblée nationale, en coopération avec les autorités compétentes, a engagé un important processus de révision et d’amendement de toutes les dispositions pertinentes de la législation existante. Ainsi, par exemple, les modifications apportées en octobre dernier au Code de procédure pénale visent-elles à accélérer la conclusion de l’instruction, à développer l’aide juridique et à renforcer la protection des témoins. Par ailleurs, les amendements visent à accroître la transparence de toutes les activités du judiciaire, y compris en ce qui concerne le contrôle parlementaire. De plus, une nouvelle loi sur l’aide juridique est entrée en vigueur.

Le gouvernement a également élaboré des amendements à la loi sur le judiciaire.

Le nouveau projet de loi sur le ministère de l’Intérieur est déjà à l’étude au sein de l’Assemblée nationale. Ce projet porte sur la réorganisation des services de police, l’objectif étant d’éviter tout chevauchement d’activités entre les différents services spécialisés. Une nouvelle direction générale de la police doit être mise en place, qui regroupera tous les services nationaux existants. Elle comprendra également un service central spécialisé dans la lutte contre la criminalité organisée, ce qui permettra de mieux réagir face aux délits graves et, notamment, aux activités des groupes de criminels.

L’Assemblée nationale a également entrepris l’examen du nouveau Code de procédure administrative. De plus, un nouveau Code de procédure civile, entièrement conforme aux normes européennes, doit être adopté d’ici à l’été prochain. Tous les départements de l’administration font actuellement l’objet d’une analyse fonctionnelle générale, l’objectif étant d’améliorer les services proposés aux citoyens.

L’une des principales priorités du gouvernement concerne la corruption, tant sa prévention que la lutte contre ce fléau. En octobre 2005, de nouvelles mesures spécifiques ont été adoptées pour la mise en œuvre de la stratégie nationale de lutte contre la corruption. Les autorités, en coopération active avec la société civile – une nouveauté dans notre pays -, ont centré leurs efforts sur la formation des fonctionnaires à la déontologie, pour leur permettre de réagir plus efficacement aux rapports faisant état de cas de corruption et de les communiquer au bureau du procureur. Dans les activités qu’il mène à cet égard, le gouvernement est assisté par les associations actives dans le domaine des affaires. Je tiens à souligner derechef qu’il s’agit là d’un processus permanent et qu’il reste encore beaucoup à faire. Soyez assurés que mon gouvernement ne ménagera aucun effort pour le mener à bien.

Si démocratie signifie vraiment gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple, elle ne saurait se résumer à un processus législatif: elle doit faire partie intégrante de la vie quotidienne des citoyens. C’est pourquoi nous nous félicitons du lancement du Forum sur l’avenir de la démocratie, qui a tenu sa première session à Varsovie, où il a examiné les moyens de renforcer la participation de la société civile aux processus de prise de décisions et, d’une manière plus générale, à la vie démocratique. En promouvant et en développant la culture démocratique à tous les niveaux, en travaillant à édifier des sociétés plus cohérentes, nous renforcerons notre sécurité commune. La Bulgarie partage pleinement le point de vue selon lequel, pour lutter de manière plus efficace contre le terrorisme, il est besoin d’une vaste stratégie à long terme en vue de résoudre les problèmes politiques, économiques et sociaux qui font le lit de ce fléau. Le Sommet de Varsovie nous a donné de nouveaux outils à cette fin. Respectant l’engagement qu’elle a pris de contribuer à la mise en œuvre effective de ces instruments, la Bulgarie a déjà signé la Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention du terrorisme.

La traite des êtres humains constitue, elle aussi, une grave menace pour la sécurité de nos sociétés et exige une approche globale ainsi que des efforts concertés. Le Gouvernement bulgare, qui accorde une grande priorité à cette question, s’attache à améliorer sans cesse ses politiques ainsi que les programmes visant à la fois à prévenir la traite et à apporter une assistance et une protection appropriées aux victimes. Toutefois, pour lutter efficacement contre ce fléau, la communauté internationale doit prendre pleinement en compte les raisons de ce phénomène, y compris la situation économique et sociale des pays d’origine. Il faudra donc déployer de nouveaux efforts pour fournir un accès équitable aux droits sociaux. Se fondant sur cette analyse, la Bulgarie a accompli des efforts concertés en vue du respect des normes élevées du Conseil de l’Europe dans le domaine social, afin de garantir à tous les citoyens le droit de mener une existence digne. Notre objectif est de réaliser la stabilité et la durabilité de la société bulgare, de sorte que tous ceux qui sont dans le besoin ou qui sont victimes d’injustices puissent recevoir tout le soutien social nécessaire. A cet égard, nous sommes convaincus que ce sera uniquement en mettant en œuvre les principes de liberté, d’égalité et de solidarité et en érigeant en priorité politique la notion de cohésion sociale que notre société sera capable de créer les conditions nécessaires pour surmonter les phénomènes sociaux négatifs et, partant, d’assurer la prospérité de tous les citoyens.

Dans ce contexte, le Gouvernement bulgare est pleinement conscient des défis que constituent les problèmes auxquels est confrontée la communauté rom. Il est déterminé à poursuivre ses efforts en vue d’améliorer les conditions de vie des Roms de Bulgarie. En vue de faciliter leur intégration dans la société, les autorités, en coopération avec des organisations non gouvernementales roms, ont mis en œuvre des mesures spécifiques en matière d’éducation, de logement, d’emploi, d’assistance sociale et de soins de santé. De plus, une aide budgétaire supplémentaire est accordée pour différents programmes inscrits au plan d’action national à long terme visant à réaliser les objectifs de la décennie pour l’intégration des Roms.

Les valeurs fondamentales de notre Organisation constituent le cadre dans lequel s’inscrit l’action engagée par la Bulgarie en vue d’apporter un soutien actif aux processus de réforme démocratique et d’intégration européenne de la région occidentale des Balkans et en vue de promouvoir les relations de bon voisinage, la coopération et la solidarité. Dans ce contexte, l’un des défis clés auxquels nous sommes collectivement confrontés est de trouver une solution équitable et durable pour le Kosovo. Avant de poursuivre, permettez-moi de rendre hommage à feu le Président Rugova, que nous avons tous connu comme un éminent dirigeant politique jouissant d’une haute autorité morale au sein de la communauté albanaise du Kosovo et d’ailleurs.

La Bulgarie est convaincue que toute solution devra viser à la stabilité politique à long terme, à l’intégration régionale et à la prospérité économique. Nonobstant la définition du futur statut du Kosovo, nous estimons impératif de mettre pleinement en œuvre au Kosovo toutes les normes en matière de démocratie, de droits de l’homme et de prééminence du droit, car il s’agit là d’une condition sine qua non pour la stabilité et la sécurité de toute la région de l’Europe du Sud-Est. Il faut accélérer le rythme des progrès; ce point revêt une importance primordiale pour donner au Kosovo ainsi qu’à la région occidentale des Balkans une perspective d’avenir européen. La Bulgarie continuera de travailler avec ses partenaires en faveur d’une solution européenne durable au Kosovo. Elle est en effet convaincue que la perspective européenne non seulement constitue la meilleure façon d’aborder les nombreux problèmes politiques et socioéconomiques fort complexes que connaissent à la fois le Kosovo et l’ensemble de la région, mais aussi permet de renforcer le sentiment de solidarité, contribuant ainsi à prévenir l’apparition de nouveaux clivages dans la région.

La Bulgarie souhaite partager avec vous l’expérience positive qu’elle a acquise à cet égard. S’appuyant sur les valeurs de la démocratie pluraliste et de la société civile, elle a mis sur pied un modèle efficace de relations interethniques, qui se fonde notamment sur l’acceptation des principes de l’intégration volontaire des minorités dans la société civile et de la protection de l’identité ethnique, religieuse et/ou linguistique des membres des minorités. Ce modèle constitue l’une des caractéristiques intrinsèques de la société bulgare contemporaine. La sauvegarde et le développement de ce modèle positif, qui pourrait servir d’exemple à d’autres nations, constituent une des priorités majeures du Gouvernement bulgare.

Les activités engagées dans ce domaine ont notamment pour objectifs l’élaboration et la mise en œuvre de mesures législatives et autres en vue d’améliorer le statut de toutes les personnes appartenant à des minorités ethniques, religieuses ou linguistiques dont on peut dire en toute objectivité qu’elles sont défavorisées – et cela vaut plus particulièrement pour les Roms -, en leur garantissant l’égalité des chances dans les domaines économique, social, politique et culturel. Des mesures spécifiques ont été prises en vue de créer les conditions qui permettront aux citoyens bulgares appartenant à des minorités ethniques, religieuses ou linguistiques de préserver leur culture ainsi que tout ce qui fait leur identité.

La Bulgarie a toujours été très favorable au renforcement de la coopération entre les principales organisations européennes, coopération qui devrait se fonder sur leurs valeurs communes, leurs avantages comparés et le principe de complémentarité. C’est pourquoi elle soutient sans réserve et attend avec impatience l’intensification du dialogue politique entre le Conseil de l’Europe et l’Union européenne. A cet égard, elle se réjouit des propositions formulées par M. Jean-Claude Juncker.

En ce qui concerne les relations avec l’OSCE, je vous rappelle qu’une des priorités de la Bulgarie, qui a assuré la présidence de cette organisation en 2004, avait été le renforcement de la coopération entre le Conseil de l’Europe et l’OSCE dans tous les domaines et qu’elle reste fidèle à cet objectif.

Enfin, et ce n’est pas le moins important, la Bulgarie appuie l’intensification de la coopération entre le Conseil de l’Europe et les Nations Unies, notamment pour des questions d’intérêt mondial.

En conclusion, j’aimerais souligner derechef l’importance du rôle et de la contribution de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, dont les travaux constituent une formidable incitation pour la sauvegarde et la promotion des valeurs essentielles de notre Organisation. Par ailleurs, permettez-moi de redire que je suis convaincu que le débat sur la future architecture institutionnelle de notre continent vient conforter et renforcer le rôle du Conseil de l’Europe en tant que gardien des valeurs fondamentales de la démocratie, des droits de l’homme et de la prééminence du droit. Je suis intimement convaincu que les efforts que nous déployons nous permettront de nous rapprocher de notre objectif commun: construire une Europe des citoyens, une Europe de la justice et une Europe de la cohésion sociale. Je vous remercie.

LE PRÉSIDENT (traduction)

Merci, Monsieur Stanichev, pour ce discours dans lequel vous avez réaffirmé votre engagement sans faille à l’égard du Conseil de l’Europe et de son Assemblée. Je vous remercie également d’avoir soutenu la position de l’Assemblée en considérant le rapport Juncker comme un élément clé de la future coopération entre l’Union européenne et le Conseil de l’Europe. Soyez assuré que nos collègues Eorsi et Lloyd feront tout ce qui est en leur pouvoir, avec l’entier soutien de l’Assemblée, pour que les citoyens bulgares emprisonnés en Libye puissent rentrer chez eux.

Le Premier ministre a aimablement accepté de répondre aux questions des parlementaires. Je rappelle aux membres de l’Assemblée qu’ils disposent, pour ce faire, de trente secondes au maximum. La parole est à M. de Puig pour poser la première question.

M. DE PUIG (Espagne)

Monsieur le Premier ministre, le processus d’adhésion de la Bulgarie à l’Union européenne a été entamé. Un traité a été approuvé, des accords ont été conclus. D’aucuns pensent qu’au 1er janvier 2007 la Bulgarie sera membre de l’Union européenne. Cependant, d’autres évoquent également la possibilité de reporter l’adhésion d’un an, compte tenu de la situation de crise que traverse l’Union européenne. Où en est donc le processus d’adhésion de la Bulgarie à l’Union européenne?

M. Stanishev, Premier ministre de Bulgarie (traduction)

Je vous remercie pour cette intéressante question. Vous avez fort justement relevé que la Bulgarie souhaitait adhérer à l’Union européenne en janvier 2007. Cet objectif n’est pas uniquement celui du gouvernement et de l’Assemblée nationale; il est également largement partagé par les forces politiques du pays, y compris de l’opposition, ainsi que par la société bulgare dans son ensemble. Ce consensus est unique, non seulement pour un pays candidat, mais également par rapport aux pays de la première vague, où le scepticisme augmente à mesure que l’Union s’élargit.

Tous les efforts et toutes les profondes réformes engagés au cours des quinze dernières années par la Bulgarie procédaient de la volonté politique et publique de rejoindre l’Union européenne et de faire reprendre au pays sa place au sein de la famille européenne. La Bulgarie veut être un membre actif de l’Union et ce non seulement dans son propre intérêt, mais également dans celui des membres actuels de l’Union.

Chacun sait que 2005 a été une année difficile pour l’Union européenne, notamment en raison des problèmes auxquels s’est heurtée la Constitution européenne. Le rejet du traité constitutionnel à la suite des référendums organisés en France et aux Pays-Bas a créé un vide institutionnel et de graves incertitudes se sont fait jour quant à l’orientation de l’Union. Certains, se demandant si l’Union servait véritablement les intérêts des citoyens, ont envisagé de reporter d’un an l’adhésion de la Bulgarie et de la Roumanie afin de clarifier la situation. Mais en prenant une telle décision on émettrait un message politique erroné: la société bulgare a accompli tant d’efforts et a consenti tant de sacrifices qu’elle ne mérite assurément pas un tel report.

Nous prenons très au sérieux les problèmes que la Commission européenne a mis en lumière dans son rapport de suivi. Notre gouvernement et notre Assemblée nationale travaillent d’arrache-pied afin de les surmonter non seulement pour se conformer aux souhaits de l’Union, mais également parce qu’il y va de l’intérêt de notre pays. Les problèmes en matière judiciaire et de criminalité organisée ne constituent pas seulement de futurs problèmes pour l’Union européenne, mais font également obstacle au bon développement de notre société et de notre économie de marché. Voilà la raison pour laquelle nous sommes déterminés à les surmonter. Certes, cela ne se fera pas du jour au lendemain, mais nous travaillons assidûment à améliorer la coordination du système judiciaire. Nous voulons obtenir des résultats dans ce domaine comme dans beaucoup d’autres.

Reporter l’adhésion de la Bulgarie reviendrait à envoyer un mauvais message aux pays de la région occidentale des Balkans dont les dirigeants suivent de près l’évolution de la situation: la Bulgarie deviendra-t-elle membre de l’Union européenne en janvier 2007? Ces pays, où certaines réformes sont encore fragiles, se demandent s’ils doivent suivre le bon exemple de la Bulgarie. Dans ces pays, les gens aspirent, eux aussi, à la réunification de l’Europe.

Dans certains des anciens Etats membres, on semble penser que l’Union s’est trop élargie et que les citoyens des nouveaux Etats membres prennent des emplois à ceux des anciens pays membres. Toutefois, si l’on considère les réalités de l’élargissement, le processus est bénéfique pour tous. Bien entendu, les nouveaux Etats profitent de la cohésion et des fonds structurels ainsi que de la politique suivie par l’Union en vue d’assister les pays et régions les moins développés. Parallèlement, toutefois, ils s’engagent dans un marché ouvert offrant d’importants avantages aux grandes entreprises des anciens pays membres, ce qui représente pour eux et pour leurs entreprises un défi qui, ils le savent, ne sera pas facile à relever. C’est pourquoi la Bulgarie se prépare activement à faire face à la pression de la concurrence en développant son économie.

A cet égard le pays a enregistré, ces dernières années, une évolution positive: il connaît aujourd’hui un taux de croissance de plus de 5 %. Ce taux était de 5,8 % en 2005 et, selon les prévisions, il devrait être du même ordre en 2006. Le pays se développe et les mentalités évoluent rapidement. Je suis absolument convaincu que la Bulgarie sera un membre actif de l’Union européenne et qu’elle contribuera à ce que le projet européen commun connaisse au XXIe siècle le même succès qu’au XXe.

Mme MIKHAILOVA (Bulgarie) (traduction)

Monsieur le Premier ministre, votre gouvernement a récemment proposé un nouveau projet de loi sur les activités du ministère de l’Intérieur, loi dont l’article 71.5 semblerait prévoir l’emploi de la force et de mesures spéciales à l’encontre des femmes enceintes et des enfants. Pensez-vous que de telles pratiques soient compatibles avec l’esprit du Conseil de l’Europe? J’aimerais savoir pourquoi on a tenu à transférer au ministère de l’Intérieur la responsabilité de telles décisions.

M. Stanishev, Premier ministre de Bulgarie (traduction)

Je vous remercie pour cette question. J’aimerais souligner que la structure du ministère de l’Intérieur s’inspire d’un des meilleurs exemples européens: le système allemand. Le parlement est prêt à procéder à la deuxième lecture de la loi et à apporter des amendements à bon nombre des dispositions qu’elle contient. Je tiens à préciser ici qu’il n’est pas question de violer les droits de l’homme, mais au contraire de renforcer le contrôle sur les différentes directions du ministère de l’Intérieur en vue de limiter les cas de violences policières et, partant, les problèmes avec le Conseil de l’Europe et la Cour européenne des Droits de l’Homme. Ces textes seront examinés attentivement par le parlement. Je pense que la meilleure solution sera de se fonder sur les critères européens.

LE PRÉSIDENT (traduction)

Madame Mikhailova, désirez-vous poser une question supplémentaire? Ce n’est pas le cas. La parole est à M. Bender, au nom du Groupe démocrate européen.

M. BENDER (Pologne) (traduction)

Monsieur le Premier ministre, votre pays compte rejoindre l’Union européenne. J’aimerais savoir si, à votre avis, la Constitution européenne est définitivement enterrée ou bien si elle peut être ressuscitée.

M. Stanishev, Premier ministre de Bulgarie (traduction)

Le texte de la Constitution européenne est, bien entendu, un compromis auquel on a abouti après de nombreux mois de discussions et de débats au sein de la Convention. La Bulgarie n’est pas encore membre de l’Union européenne, mais elle a activement contribué à ces débats, convaincue qu’elle est de la nécessité d’améliorer le cadre institutionnel de l’Union européenne afin de mieux répondre aux exigences de l’élargissement. Jusqu’à il y a deux ans, l’Union comptait 15 membres; aujourd’hui elle en compte 25; et deux autres pays la rejoindront dans moins d’un an. Le défi est considérable.

Plusieurs pays, y compris la Bulgarie, ont ratifié la Constitution dans sa version actuelle. Les résultats négatifs de certains référendums n’étaient pas toujours dirigés contre le texte en lui-même, mais contre les gouvernements en place dans les pays concernés. Ou bien ils étaient l’expression de l’insatisfaction engendrée par la manière dont fonctionnent les institutions européennes, auxquelles on reproche de ne pas être suffisamment responsables envers les citoyens. Je pense qu’il conviendrait de renforcer le rôle du Parlement européen parce que cet organe est directement élu par les citoyens européens auxquels il est comptable.

Il n’en reste pas moins qu’à la fin de l’année dernière l’Union européenne a enregistré un important succès, ici à Strasbourg, puisqu’un accord est intervenu sur les perspectives financières de l’Organisation. Il s’agit là d’une percée. Je pense que la présidence autrichienne se concentrera à présent sur le débat relatif à l’avenir de l’Europe, y compris en ce qui concerne le cadre institutionnel. En faisant preuve de volonté commune, une issue satisfaisante devrait être trouvée en vue de donner à l’Europe un avenir meilleur.

Je pense que, après les hésitations et les réflexions qui ont marqué l’année 2005, les nombreux pays qui n’ont pas encore ratifié le traité d’adhésion avec la Bulgarie devraient accélérer le processus. A travers vous, je m’adresse à vos parlements nationaux. Comme je le disais dans ma réponse à la première question, il y va de la crédibilité de l’Union européenne. Il s’agit de respecter le traité qui a été signé par les chefs d’Etat et de gouvernement de vos pays. Nous attendons pour le mois de mai le rapport de la Commission européenne, qui devrait confirmer les progrès et les efforts accomplis par la Bulgarie. Toutefois, le processus de ratification est une démarche différente et indépendante: c’est un acte de volonté politique de la part des différents pays.

LE PRÉSIDENT (traduction)

Je vous remercie. Monsieur Bender, désirez-vous poser une question supplémentaire?

M. BENDER (Pologne) (traduction)

Je pense, Monsieur le Président, qu’il me sera très difficile aujourd’hui de recevoir une vraie réponse à ma question.

LE PRÉSIDENT (traduction)

Je défendrai le Premier ministre qui, à mon sens, a parfaitement répondu à votre question. La parole est à Mme Hurskainen, du Groupe socialiste.

Mme HURSKAINEN (Finlande) (traduction)

L’égalité se situe au cœur du développement de l’humanité et des droits de l’homme. L’inégalité entre les sexes peut être considérée comme un obstacle à l’évolution du genre humain et au respect des droits de l’homme. C’est la raison pour laquelle cette question doit être traitée avec sérieux. J’aimerais savoir quelle est, en matière d’égalité des sexes, la situation en Bulgarie et ce que le Gouvernement bulgare compte faire pour la renforcer.

M. Stanishev, Premier ministre de Bulgarie (traduction)

Merci, Madame Hurskainen, pour cette question. Le sujet revêt, en principe, une importance extrême. Bien entendu, chaque pays a des traditions et des caractéristiques qui lui sont propres. Avant 1989, les femmes bulgares étaient très bien intégrées dans la vie économique et sociale du pays. Les réformes engagées par la suite ont eu bon nombre d’incidences sur la situation des femmes sur le lieu de travail, par exemple. Beaucoup d’entre elles sont moins bien rémunérées – encore que, bien entendu, cela ne soit pas la règle – et elles ont moins de chances que les hommes d’être promues.

Il s’agit là d’un problème reconnu par le gouvernement et nous travaillons d’arrache-pied en vue de le résoudre. C’est ainsi que nous avons adopté récemment un mécanisme national pour l’égalité des sexes qui devrait contribuer à surmonter les problèmes existants, qui sont caractéristiques et auxquels tous nos pays sont confrontés. Je ne relâcherai jamais les efforts que je déploie à cette fin. A côté de mes fonctions de Premier ministre, j’occupe également celle de président du Parti socialiste, et c’est à mon initiative que, lors du congrès de décembre dernier, il a été décidé d’introduire la parité ainsi que des quotas en faveur des jeunes aux postes les plus élevés de la direction du parti. Je dois avouer que, à titre personnel, je ne suis pas partisan des quotas. Mais, jusqu’à ce qu’on ait établi une culture politique, jusqu’à ce qu’on ait pris l’habitude de préserver et d’asseoir la situation des jeunes et des femmes dans la vie politique, c’est peut- être une bonne solution. Nous appliquerons cette politique à l’échelle de l’Etat.

M. KOSACHEV (Fédération de Russie) (traduction)

La Fédération de Russie est un pays riverain de la mer Noire. Comme vous le savez, la Roumanie a récemment proposé de créer une organisation régionale, le Forum de partenariat et de dialogue des pays riverains de la mer Noire. J’aimerais savoir ce que pense la Bulgarie de cette proposition, d’autant qu’il existe déjà un certain nombre d’organisations régionales telles que l’Organisation de coopération économique des pays de la mer Noire, le Forum économique de la mer Noire, etc.

M. Stanishev, Premier ministre de Bulgarie (traduction)

Merci, Monsieur Kosachev pour cette question. Vous savez certainement que, en tant que membre de l’OTAN et en tant que futur membre de l’Union européenne, la Bulgarie mène une politique active de bon voisinage et de coopération non seulement en Europe du Sud-Est, mais également dans la région de la mer Noire. Traditionnellement, la Bulgarie entretient de bonnes relations avec la plupart des pays de la région. C’est à juste titre que vous avez relevé qu’il existe déjà un certain nombre de mécanismes tels que l’Assemblée parlementaire de l’Organisation de coopération économique des pays riverains de la mer Noire, et cette organisation elle-même dont la banque a son siège à Thessalonique. Je suis, en principe, favorable à toute initiative susceptible de promouvoir la coopération, le dialogue politique ainsi que les relations de bon voisinage dans la région de la mer Noire. Bien entendu, cette initiative doit être examinée sur le plan concret de sorte à éviter les chevauchements d’activités avec d’autres institutions reconnues à l’échelon international. Il ne suffit pas de coucher de telles initiatives sur le papier, encore doivent-elles apporter une contribution concrète. Plusieurs questions pratiques, telles que celles du financement et du mécanisme de prise de décisions, doivent être examinées. D’une manière générale, la Bulgarie est ouverte à toutes les propositions et elle fera connaître sa position sur cette initiative après plus ample examen. En principe, celle-ci devrait être favorable.

M. PANGALOS (Grèce) (traduction)

Monsieur le Premier ministre, je vous souhaite la bienvenue parmi nous. J’aborderai la question de l’absence de ressources énergétiques qui constitue un important problème dans cette partie du monde. J’aimerais connaître votre point de vue sur d’éventuels programmes de l’Union européenne pour une utilisation accrue des ressources hydrauliques en vue du développement durable de la capacité énergétique de la région. Quelles sont, à votre avis, les possibilités d’un recours accru à l’énergie nucléaire? Si nous sommes tous favorables à l’oléoduc Burgas- Alexandroupolis, pourquoi n’avançons-nous pas plus vite dans ce domaine?

M. Stanishev, Premier ministre de Bulgarie (traduction)

Merci, Monsieur Pangalos, pour cette question. De fait, le développement énergétique de l’Europe du Sud-Est revêt une grande importance pour les pays de la région parce qu’il a des répercussions sur la compétitivité, la stabilité et le développement de chacun d’entre eux.

La Bulgarie est actuellement l’un des plus importants exportateurs d’électricité en Europe. Elle se situe au quatrième rang des pays exportateurs de cette énergie et apporte une contribution substantielle à l’équilibre énergétique dans les pays voisins. Elle entend poursuivre dans cette voie. La Bulgarie, se fondant sur ses connaissances et sur les expériences de la tradition bulgare, souhaite vivement développer différentes sortes d’énergie à l’échelon national. Elle souhaite travailler sur l’efficacité énergétique et développer la centrale de Belene, qui constitue un projet international majeur. Beaucoup d’entreprises internationales ont manifesté un intérêt pour ce projet qui pourrait contribuer de façon significative à l’équilibre énergétique de la région après que la centrale de Kosludy aura été progressivement déclassée, conformément aux souhaits que l’Union européenne a exprimés dans le traité d’adhésion. Nous travaillons sur cette question et sommes ouverts à la coopération.

La Bulgarie soutient vivement le projet de développement de l’oléoduc Burgas-Alexandroupolis. Elle entretient des contacts actifs à ce sujet avec les Gouvernements de la Grèce et de la Russie, et espère que les entreprises chargées de sa construction seront plus actives. Je pense qu’il faut faire progresser ce projet le plus tôt possible parce qu’il permettra de renforcer la stabilité énergétique non seulement dans la région, mais également dans l’Union européenne. De plus, il comporte un avantage écologique certain puisqu’il permettra également d’éviter les problèmes environnementaux causés par les pétroliers qui passent par les détroits du Bosphore et des Dardanelles. La Bulgarie entend également travailler à la mise en place de programmes en matière d’efficacité énergétique, question qui revêt une importance capitale. La semaine dernière, dans cet hémicycle, M. Lemierre, président de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, a cité la Bulgarie comme exemple de pays travaillant activement sur ce dossier.

M. ZERNOVSKI («l’ex-République yougoslave de Macédoine») (traduction)

Le corridor no 8, qui relie la Bulgarie, la Macédoine, l’Albanie et, indirectement, la Turquie et l’Italie, a une nouvelle fois été inscrit sur la liste des corridors de transport prioritaires de l’Union européenne. Etant donné que la Bulgarie va adhérer à l’Union et que la Macédoine y est candidate, pensez-vous qu’il soit possible pour nos deux pays de se joindre à nos partenaires européens pour soutenir cet important projet?

M. Stanishev, Premier ministre de Bulgarie (traduction)

Merci, Monsieur Zernovski. Je pense que oui. Cela dépendra de notre action et de notre sérieux. Pour être tout à fait franc, il faut dire que les dirigeants des pays qui travaillent à la mise en place de ce corridor – la Bulgarie, la République de Macédoine et l’Albanie – ont tenu bon nombre de discussions, mais n’ont pas fait assez en vue de convaincre les institutions financières internationales, les éventuels bailleurs de fonds et les pays qui pourraient être intéressés par ce projet. Nous travaillons dur en vue de mettre en œuvre tous les aspects de ce corridor – la voie ferrée, le couloir d’accès et l’AMBO, l’oléoduc Albanie-Macédoine- Bulgarie, qui pourrait être l’oléoduc entre Burgas et Vlore.

Les gouvernements qui ont manifesté de l’intérêt pour le développement de ce corridor devraient se montrer plus actifs. Nous pourrions coopérer avec certains de nos voisins européens, par exemple l’Italie, qui est un fervent partisan du corridor no 8. A mon sens, la multiplication des corridors de transport et d’oléoducs dans la région et en Europe permettra de renforcer notre stabilité. En effet, chaque projet d’infrastructure qui traverse le territoire de plusieurs pays constitue un lien et crée un intérêt commun. Telle est la mentalité européenne qu’il importe de mettre en œuvre. Et je la vois croître chaque année en Europe du Sud-Est. Il faut aborder cette question en ayant la volonté de construire un avenir commun et de travailler ensemble. Le Gouvernement bulgare est partisan d’une telle approche.

M. ZERNOVSKI («l’ex-République yougoslave de Macédoine») (traduction)

Je me réjouis de voir que, lors de votre discours, vous avez appuyé la décision de la Cour européenne des Droits de l’Homme. Cela signifie-t-il que la Bulgarie acceptera d’enregistrer l’organisation cultuelle OMO Ilinden à laquelle appartiennent des membres de la minorité macédonienne?

M. Stanishev, Premier ministre de Bulgarie (traduction)

Merci, Monsieur Zernovski pour cette question. Je puis vous dire que la Bulgarie entend se conformer aux décisions de la Cour européenne des Droits de l’Homme, ce qui n’implique toutefois pas que l’organisation que vous avez mentionnée devra être reconnue par la Cour bulgare. Je tiens à souligner que la question ne relève pas de la compétence du gouvernement, mais de celle de la Cour bulgare indépendante à qui il appartient d’enregistrer de telles organisations ainsi que les partis politiques. Je pense que celle-ci tiendra compte de la décision de la Cour européenne des Droits de l’Homme, mais je tiens à souligner que, en vertu de la Constitution bulgare, tout être humain a le droit de déclarer son identité nationale et d’exercer ses droits religieux. Aucune minorité ne peut être réprimée dans notre pays. Ces droits sont expressément garantis par la Constitution. Lors des recensements, y compris lors du dernier en date organisé en 2001, toute personne est libre de déclarer son appartenance ethnique. Dans ce contexte, plus de 5 000 personnes sur une population totale de près de 8 millions s’étaient déclarées macédoniennes.

LE PRÉSIDENT (traduction)

Il nous faut à présent mettre un terme à notre dialogue avec M. Stanichev que, au nom de l’Assemblée, je remercie vivement pour la précieuse contribution qu’il a apportée à notre débat et plus particulièrement pour son discours. Je lui souhaite plein succès dans la préparation de son pays à l’adhésion à l’Union européenne et compte sur son soutien pour le renforcement de la coopération entre l’Union européenne et le Conseil de l’Europe; j’espère notamment qu’il appuiera le rapport de M. Juncker. Merci beaucoup, Monsieur le Premier ministre.

(M. Szabo, Vice-Président de l’Assemblée, remplace M. van der Linden au fauteuil présidentiel.)