Boris

Trajkovski

Président de « l’ex-République yougoslave de Macédoine »

Discours prononcé devant l'Assemblée

jeudi, 27 juin 2002

Monsieur le Président, Excellence, Mesdames, Messieurs, chers, amis, je suis très honoré et heureux de m’adresser aujourd’hui à l’Assemblée parlementaire et de me réjouir avec vous de la fin du conflit qu’a connu, il y a un an, la République de Macédoine. Le processus de stabilisation progresse de manière satisfaisante bien que certaines forces tentent encore de le renverser. Nous sommes plus que jamais déterminés à construire notre avenir sur les principes que nous avons toujours chéris: la démocratie, le respect des droits de l’homme et la primauté du droit.

Ce sont les principes fondamentaux du Conseil de l’Europe, qu’il faut féliciter pour avoir réaffirmé et promu les valeurs paneuropéennes que sont les processus d’intégration et de démocratisation. Le Conseil de l’Europe, véritable promoteur de l’idée européenne et partisan convaincu d’une large intégration européenne, a su se montrer indispensable. Ses efforts sont visibles à travers la promotion d’une Europe sans clivages, d’une Europe de paix, de justice et de stabilité. La République de Macédoine est disposée à participer aux activités entreprises en vue du développement des nouvelles structures institutionnelles européennes, y compris celles qui sont mises en place ou soutenues par le Conseil de l’Europe.

Depuis ma dernière intervention devant votre Assemblée, deux grands événements sont intervenus, qui ont affecté notre quotidien: le conflit en République de Macédoine et les attentats du 11 septembre. Ces deux événements ont montré qu’il existe une corrélation, d’une part, entre les menaces internes et externes qui pèsent sur la sécurité et la stabilité de nos régions et, de l’autre, entre notre capacité interne à y faire face et la nécessité de rechercher un appui extérieur. Le conflit armé en Macédoine a mis en péril la démocratie et la coexistence interethnique. Notre pays, qui attache un grand prix au maintien de la paix et de la stabilité interethnique, a pu écarter cette menace avec le précieux soutien de la communauté internationale, notamment du Conseil de l’Europe.

Ce soutien a, certes, été variable, tant en qualité qu’en quantité, mais le fait est que les pays du monde reconnaissent désormais qu’ils ont besoin les uns des autres, notamment pour régler les conflits. Peu importe le continent ou la région où ils sont situés, les pays qui partagent les mêmes valeurs et les mêmes engagements démocratiques, et qui ont conscience d’avoir un avenir commun, ont plus qu’une obligation morale de soutenir ceux qui ont besoin d’aide. La lutte contre le terrorisme, qui constitue un nouveau défi, doit être cohérente et sans compromis, mais elle doit aussi aller de pair avec l’entier respect des droits de l’homme et de la prééminence du droit.

Nous nous félicitons du soutien apporté par le Conseil de l’Europe au maintien de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la République de Macédoine, et de l’approche constructive qu’il a adoptée pour nous aider à surmonter la crise. Le Conseil de l’Europe, dont les experts ont mis leur savoir et leurs compétences au service de l’élaboration d’amendements constitutionnels et de la législation issue de l’accord-cadre, et notamment de la loi sur l’autonomie locale, a joué un rôle actif dans le processus de mise en œuvre de l’Accord-cadre d’Ohrid. J’aimerais ici exprimer la reconnaissance du peuple macédonien pour les efforts que déploie l’Organisation. Je suis convaincu que notre coopération se poursuivra dans tous les domaines, y compris pour ce qui concerne la mise en œuvre de l’accord-cadre.

La reconstruction des maisons des personnes déplacées à l’intérieur de leur pays revêt une importance majeure pour restaurer la confiance et il est capital de mener cette tâche à bien avant l’hiver prochain. J’aimerais lancer ici un appel à tous les représentants des pays du Conseil de l’Europe pour qu’ils intercèdent auprès de leurs institutions nationales et auprès des organes compétents de cette assemblée en vue de l’octroi, en temps voulu, d’une aide appropriée pour la reconstruction à la fois des infrastructures de base et des logements des citoyens de Macédoine.

J’aimerais également saisir cette occasion pour remercier la Banque de développement du Conseil de l’Europe qui, faisant preuve d’une grande diligence, a effectué un don de 1 million d’euros, ce qui a permis d’alléger le sort des personnes déplacées durant la crise grâce, notamment, à l’achat de produits de première nécessité, et qui a également accordé au pays un prêt de 5 millions d’euros destinés à la construction de logements sociaux.

Le Parlement macédonien a fait un grand pas en avant en adoptant les amendements à la Constitution ainsi que les quinze lois clés pour la mise en œuvre de l’accord- cadre. L’adoption prochaine de son règlement intérieur viendra couronner les efforts entrepris par l’actuel parlement dans le cadre de l’Accord-cadre d’Ohrid. Les obligations restantes seront examinées par la nouvelle assemblée.

Nous devons – et ce point est capital – tout mettre en œuvre pour que les élections à venir soient organisées de manière démocratique, conformément aux normes et aux critères juridiques internationaux. Les nouveaux élus devront avoir l’autorité politique nécessaire pour mettre en œuvre les dispositions restantes de l’accord-cadre. Je suis convaincu que la présence de représentants des institutions nationales et de la société civile ainsi que celle des observateurs internationaux contribueront à ce que la consultation se déroule de manière loyale et démocratique. Et puisque des membres de l’Assemblée parlementaire suivront, eux aussi, le déroulement des élections, je suis fermement convaincu qu’à l’issue de la consultation de septembre la Macédoine aura retrouvé son statut d’Etat démocratique respectueux des normes élevées du Conseil de l’Europe. Les prochaines élections législatives ne se situent toutefois qu’au troisième rang de nos préoccupations. Pour l’heure, notre priorité la plus élevée reste la situation dans les régions affectées par la crise et où le principe de la prééminence du droit n’est pas encore pleinement établi.

Si on me demandait de résumer en quelques mots la vision à moyen terme que j’ai pour l’avenir de mon pays, je répondrais que je vois la Macédoine comme un pays stable et prospère, membre de l’Union européenne et de l’Otan. On peut aisément définir des orientations, mais il est plus difficile de les traduire dans les faits, car cela demande à la fois une profonde motivation et, bien entendu, des efforts. C’est dans la vie quotidienne de la population de Macédoine que nous trouvons l’inspiration nécessaire; c’est dans les accords que nous avons conclus avec l’Union européenne et l’Otan que nous puisons notre motivation. Mais il va sans dire que la réalisation de cette vision d’avenir dépend essentiellement des citoyens de Macédoine, qui doivent prendre en main leur destin et celui des générations futures.

La République de Macédoine est, certes, reconnaissante pour l’aide humanitaire et financière qu’elle a reçue, mais elle a encore besoin d’être stimulée pour parfaire son développement et atteindre à la prospérité. La solution des problèmes politiques et sociaux n’est pas l’objectif ultime. Les actions entreprises à cette fin seront vaines tant que n’auront pas été jetées les bases qui permettront d’améliorer les conditions de vie et le bien-être des habitants. Et cela, c’est aux dirigeants qu’il appartient d’y veiller. Malheureusement, on constate aujourd’hui en Europe que les chômeurs, essentiellement des jeunes, sont facilement séduits par des idéaux militaires et extrémistes, et sont plus enclins à souscrire aux solutions violentes. L’un des moyens de combattre les idées extrémistes est d’offrir à ces personnes des possibilités de formation et d’emploi appropriées, ce qui contribuera à leur redonner confiance en elles et leur permettra de prendre conscience de ce que la peur de l’autre n’est, en fait, que la peur de l’incertitude.

Je dois également souligner un point important. En tant qu’hommes politiques responsables, nous ne devons pas laisser les jeunes des pays européens n’appartenant pas à l’Union européenne avoir le sentiment que, dans ces moments importants pour l’Europe, ils sont exclus et ne peuvent réaliser leurs espérances. La création d’un forum, proposée par M. Giscard d’Estaing, serait une excellente occasion pour les citoyens européens d’entendre la voix de mes jeunes compatriotes.

En tant que Président, j’ ai pour objectif de conduire la République de Macédoine à la prospérité par la démocratie, en édifiant une société qui se fonde sur l’individu et non sur les groupes ethniques, sur les citoyens et non sur les majorités et les minorités. Le pays doit construire une démocratie fondée sur les droits et les responsabilités, non pas collectifs, mais individuels. Je veux que la Macédoine devienne un Etat où chacun puisse, grâce, d’une part, à ses mérites et, de l’autre, à un travail acharné, exploiter le potentiel qu’il a reçu à la naissance, un Etat qui réponde aux attentes des citoyens de toute origine.

Toutefois, et bien que chacun comprenne l’importance que revêt l’application de l’accord-cadre, il convient de souligner la nécessité de ne pas se tromper sur son objectif. Il faut reconnaître que certains ont tendance à en interpréter la teneur de manière si étendue qu’elle en devient absurde, ce qui risque de compromettre l’esprit même du texte. Cette dérive pourrait être source de nouvelles tensions et d’une déstabilisation qui seraient fatales pour l’avenir de notre Etat.

Comme je le disais, mon principal objectif est de faire de la Macédoine un membre à part entière de l’Union européenne et de l’Otan. Le processus d’adhésion a été accéléré l’année dernière avec la signature de l’Accord de stabilisation et d’association dont la ratification est en bonne voie. A cet égard, je tiens ici à inviter une nouvelle fois les pays de l’Union qui ne l’ont pas encore fait à ratifier cet accord qui définit les objectifs sur lesquels la Macédoine doit au premier chef faire porter ses efforts en vue de rejoindre la famille des nations européennes. Il s’agit, en effet, d’un projet commun qui doit être mis en œuvre dans l’intérêt de tous. Quant à notre souhait d’adhérer à l’Otan, il ne procède pas de la recherche d’un quelconque prestige politique, mais du désir de promouvoir la stabilité et la sécurité dans l’ensemble de la région. Comme tous les citoyens de la République de Macédoine, je suis convaincu que l’Alliance a conscience du fait que l’intégration pleine et entière de notre pays dans ses structures ne sera pas seulement un avantage en termes de sécurité, mais constituera également une obligation morale.

La stabilité de chacune des régions d’Europe est une condition préalable à la stabilité du continent tout entier. Nous avons besoin d’une coopération régionale pour éliminer les stéréotypes, la méfiance et les conflits, pour promouvoir les relations de bon voisinage et pour renforcer la démocratie à tous les niveaux, y compris à l’échelon local, ainsi que la coopération transfrontalière. Dans ce contexte, permettez-moi de rappeler la récente Déclaration de Vilnius sur la coopération régionale et la consolidation de la stabilité démocratique dans la Grande Europe. C’est en favorisant et en renforçant la démocratie que le Conseil de l’Europe joue le plus visiblement son rôle et c’est dans ce sens qu’il doit continuer à œuvrer. Dans cet esprit, j’aimerais vous informer que la Macédoine, désireuse de promouvoir le dialogue entre les cultures et entre les religions, accueillera, en novembre prochain, un forum régional sur ce thème, organisé en coopération avec l’Unesco dans le cadre du programme général mis en place par les Nations Unies dans ce domaine. Nous nous accorderons assurément tous à dire que seule la culture de la démocratie est porteuse d’avenir pour l’humanité et que c’est aussi le meilleur moyen, pour elle, d’atteindre à la prospérité.

LE PRÉSIDENT (traduction)

Merci beaucoup, Monsieur Trajkovski, pour ce discours fort intéressant. Un certain nombre de parlementaires ont exprimé le souhait de vous poser des questions. Je leur rappelle qu’ils disposent, pour ce faire, d’un maximum de trente secondes. Il s’agit, en effet, de poser des questions et non de prononcer des discours. La parole est à M. Kirilov pour poser la première question.

M. KIRILOV (Bulgarie) (traduction)

Votre discours vient renforcer notre espoir de voir votre pays mener à bien le processus de stabilisation politique qu’il a engagé. J’aimerais savoir si la mise en œuvre du Pacte de stabilité pour l’Europe du Sud-Est contribue effectivement à la création d’un climat de coopération entre les pays de l’Europe du Sud-Est. J’aimerais également avoir des précisions sur la contribution de votre pays, notamment aux projets conjoints d’infrastructures avec la Bulgarie et l’Albanie.

M. Trajkovski, Président de « l’ex-République yougoslave de Macédoine » (traduction)

J’aimerais répondre en macédonien afin que tout le monde puisse entendre notre langue.

(L’orateur poursuit en macédonien) (Interprétation) Il confirme que la République de Macédoine participe activement à la promotion de la coopération régionale. Comme d’autres pays de la région, la Macédoine cultive cependant un sentiment d’insatisfaction par rapport aux résultats obtenus. Le Pacte de stabilité, qui avait pour objectif d’aider les pays de la région en vue de leur intégration dans le processus européen, semblait une entreprise prometteuse. Une relance du pacte dépend des initiatives prises par les Etats eux-mêmes. Ils doivent en fait s’investir davantage pour en devenir le moteur. Mais cette reprise dépend aussi des bailleurs de fonds. La Macédoine copréside la deuxième table ronde et participe aux autres négociations, mais le financement dont elle dispose est insuffisant.

LE PRÉSIDENT (traduction)

Je vous remercie. Monsieur Kirilov, désirez-vous poser une question supplémentaire?

M. KIRILOV (Bulgarie) (traduction)

J’aimerais que M. Trajkovski réponde à celle que je lui posais sur les projets d’infrastructures conjoints avec l’Albanie et la Bulgarie.

M. Trajkovski, Président de « l’ex-République yougoslave de Macédoine » (interprétation)

répond qu’une douzaine de projets d'infrastructures sont en cours sur le plan trilatéral. Ces programmes, qui comprennent notamment des liaisons par route et par rail entre les trois pays, ont une importance considérable pour la coopération économique et politique. La Macédoine fait tout ce qui est en son pouvoir pour obtenir des résultats positifs dans les négociations qui sont toujours en cours sur le plan technique, notamment pour l’établissement des corridors. Il espère d’ailleurs que l’aide internationale permettra d’aboutir à une solution positive en ce qui concerne le corridor n° 8.

M. TOSHEV (Bulgarie) (traduction)

Je me réjouis de pouvoir vous souhaiter pour la deuxième fois la bienvenue dans cette Assemblée. Vous avez eu le courage de vous battre en faveur de l’adoption de l’Accord-cadre d’Ohrid malgré toutes les difficultés et malgré l’opposition qu’il avait suscitée dans votre pays. J’aimerais savoir si, à votre avis, les tensions ethniques ont à présent pu être surmontées? J’aimerais également savoir quel rôle jouera à cet égard, selon vous, la mise en œuvre de l’Accord de stabilisation et d’association de votre pays avec l’Union européenne.

M. Trajkovski, Président de « l’ex-République yougoslave de Macédoine » (interprétation)

rappelle que, à la suite des événements qu’elle a connus l’année dernière, la Macédoine a dû relever un véritable défi dans le domaine des relations interethniques. D’après la communauté internationale, le pays est aujourd’hui devenu un modèle de société pluriethnique et multiculturelle. Le nouveau modèle constitutionnel et institutionnel mis en place a non seulement aidé à résoudre la crise, mais a surtout permis d’éliminer les risques de tension. Le gouvernement se concentre actuellement sur l’accélération de la mise en œuvre des accords résultant du Pacte de stabilité, sur le développement économique et sur l’amélioration du niveau de vie.

La communauté internationale ne s’était pas trompée en signant un accord avec la Macédoine, qui en souhaite maintenant la ratification pour pouvoir entamer un dialogue complet avec l’Union européenne et accélérer le processus d’intégration.

LE PRÉSIDENT (traduction)

Je vous remercie. Monsieur Toshev, désirez-vous poser une question supplémentaire?

M. TOSHEV (Bulgarie) (traduction)

La réponse faite par M. Trajkovski me satisfait pleinement et je lui souhaite plein succès dans son entreprise.

M. RIVOLTA (Italie) (traduction)

Monsieur le Président, on a entendu dernièrement certains hommes politiques évoquer l’hypothèse suivante: l’indépendance du Kosovo, qui existe aujourd’hui de facto, pourrait ou devrait devenir une indépendance de jure, c’est-à-dire de droit.

Qu’en pensez-vous? Quelles conséquences estimez- vous que puisse avoir le seul fait d’en parler? Enfin, que pensez-vous du fait que ces responsables politiques l’évoquent? A votre avis, le font-ils à titre personnel ou pour exprimer la volonté politique de certains pays?

M. Trajkovski, Président de « l’ex-République yougoslave de Macédoine » (interprétation)

rappelle que le statut actuel du Kosovo est sans ambiguïté. Certains préfèrent peut-être envisager ce statut comme temporaire pour éviter les investissements et refuser toute coopération économique. L’essentiel est d’achever la mise en place des nouvelles structures politiques, et de créer un climat et un environnement permettant aux citoyens de vivre en sécurité et aux réfugiés de rentrer au pays. La communauté internationale poursuit cet objectif en tentant d’instaurer une communauté multiconfessionnelle et pluriethnique fondée sur le droit de la personne. Il est important de mettre en place un Etat de droit au sein duquel les autorités du Kosovo veilleront en priorité à garantir les droits fondamentaux des citoyens.

Un débat doit encore avoir lieu sur le statut définitif de cette région. M. Trajkovski espère qu’il fera T objet d’un dialogue positif entre Belgrade et Pristina, dialogue qui se caractérisera par une compréhension réciproque, comme ce fut le cas pour le Monténégro. Il souhaite que tous les citoyens du Kosovo puissent y participer. Il est important que ce pays se développe harmonieusement pour l’économie de marché de toute la région.

Il regrette la déclaration faite par le parlement du Kosovo, en totale contradiction avec la Résolution 1244. Ce texte est dangereux car il risque d’inciter les éléments extrémistes à reprendre des actions terroristes. Les hommes politiques doivent faire preuve de responsabilité. L’assemblé du Kosovo n’a pas reconnu l’accord intervenu sur les frontières entre la Yougoslavie et la Macédoine. Elle a dépassé le cadre de ses pouvoirs. Le Président se réjouit que la communauté internationale et le Conseil de l’Europe aient condamné cette attitude contraire à l’accord-cadre garantissant l’intégrité et la souveraineté de la Macédoine.

M. RIVOLTA (Italie) (traduction)

Monsieur le Président, pouvez-vous avoir l’obligeance de communiquer à tous nos collègues présents votre opinion sur les conséquences qu’aurait une indépendance de jure du Kosovo sur le plan interne, dans votre pays et dans la région?

M. Trajkovski, Président de « l’ex-République yougoslave de Macédoine » (interprétation)

répète que cette hypothèse ne fait pas partie de ses préoccupations. Il respecte la Résolution 1244 et les obligations qui en découlent.

M. LANDSBERGIS (Lituanie) (traduction)

Il est difficile d’imaginer qu’un autre pays se voie imposer un nom tel que «l’ex-République soviétique d’Ukraine» ou «l’ex-République soviétique de Moldova»... Seul le vôtre, Monsieur Trajkovski, a été condamné à être identifié par son appartenance à l’ex-Yougoslavie. J’aimerais savoir si vous avez l’intention de discuter de cette question avec les Nations Unies en vue de trouver un autre nom pour la nouvelle République de Macédoine.

M. Trajkovski, Président de « l’ex-République yougoslave de Macédoine » (interprétation)

trouve cette question intéressante. Il est vrai que la Macédoine faisait anciennement partie de la Yougoslavie, mais cette référence laisserait supposer une sorte d’abandon. La République de Yougoslavie est en fait une fédération entre la Serbie et le Monténégro. Si elle devait changer de nom, la Macédoine deviendrait alors une «ex-ex-république».

La Macédoine a pris, dès 1995, une initiative auprès des Nations Unies pour faire reconnaître le nom constitutionnel du pays. Il ne s’agit pas d’une question de prestige, mais d’une question d’ordre politique. L’avenir conduira sans doute à une position plus rationnelle. Le Président se dit confiant dans l’avenir et pense que la communauté internationale reconnaîtra la dénomination constitutionnelle de la République de Macédoine. C’est une question de dignité humaine.

M. LANDSBERGIS (Lituanie) (traduction)

Tout ce que j’espère, c’est que la communauté internationale aura assez de bon sens pour cesser de qualifier votre pays d’«ex-» quelque chose.

M. Trajkovski, Président de « l’ex-République yougoslave de Macédoine » (traduction)

Nous espérons que ce sera l’ex-«ex».

M. TEPSHI (Albanie) (traduction)

Vous méritez assurément les éloges qu’on vous adresse pour l’importante contribution que vous avez apportée à l’instauration d’un climat de bonne entente dans votre pays, et notamment à la mise en œuvre de l’Accord-cadre d’Ohrid, dont cette Assemblée se félicite. J’aimerais savoir si des élections seront organisées dans votre pays le 15 septembre.

M. Trajkovski, Président de « l’ex-République yougoslave de Macédoine » (interprétation)

le garantit. Tous les partis politiques en ont pris l’engagement et la population veut ces élections. La loi approuvée par le parlement assure, d’autre part, un déroulement démocratique du scrutin, qui sera tout à fait conforme aux normes européennes. Les nouveaux parlementaires, élus sur la base des accords-cadres, contribueront à la suite de leur mise en œuvre. M. Trajkovski ajoute que le président de la commission électorale sera désigné en temps voulu.

LE PRÉSIDENT

Je vous remercie. Monsieur Tepshi, désirez-vous poser une question supplémentaire?

M. TEPSHI (Albanie) (traduction)

J’aimerais simplement féliciter M. Trajkovski pour tout ce qu’il fait pour son pays et pour l’ensemble de la région.

LE PRÉSIDENT (traduction)

Je vous remercie. Nous sommes arrivés au terme de notre dialogue avec M. Trajkovski que, au nom de l’Assemblée, je remercie vivement pour son discours et pour les observations qu’il a formulées en réponse aux questions des parlementaires.