Denis

Zvizdić

Président du Conseil des Ministres de Bosnie-Herzégovine

Discours prononcé devant l'Assemblée

mercredi, 30 septembre 2015

Chère Madame la Présidente, Monsieur le Secrétaire Général, honorables parlementaires, chers invités, au nom du Conseil des ministres de Bosnie-Herzégovine et en mon nom personnel, je suis très honoré de m’adresser à votre Assemblée en qualité de Président du Conseil des ministres de Bosnie-Herzégovine, un Etat qui pour la première fois de son histoire préside le Comité des Ministres du Conseil de l’Europe.

L’occasion nous est ainsi donnée d’affirmer politiquement les valeurs de notre société, fondées sur le respect de la dignité humaine et la protection des droits de l’homme, mais aussi de promouvoir notre potentiel économique, culturel et touristique.

Autre élément essentiel de notre présidence, nous avons l’intention de nous présenter auprès de la communauté des pays européens comme un partenaire crédible et un facteur constructif dans les relations européennes et internationales. Je suis persuadé que l’expérience acquise par la Bosnie-Herzégovine au cours des dernières 25 années en relevant les défis politiques, économiques et sociaux représente un atout pour résoudre des problèmes auxquels le monde contemporain est actuellement confronté.

La présidence du Comité des Ministres du Conseil de l’Europe fournit l’occasion de souligner le grand pas en avant réalisé par l’Europe du Sud-Est au cours des deux dernières décennies. Elle a réalisé des efforts continus pour atteindre les normes et les valeurs européennes, efforts couronnés par l’adhésion de la Slovénie et de la Croatie à l’Union européenne. Il convient également de relever les efforts permanents des autres pays de l’Europe du Sud-Est pour devenir partie intégrante de la grande et prospère famille des Etats européens.

Vous n’êtes pas sans savoir que le chemin de la Bosnie-Herzégovine vers l’intégration européenne au cours de différentes périodes a été parsemé d’embûches, voire d’arrêts. Or l’orientation européenne de la Bosnie-Herzégovine n’a été jamais remise en question. La majorité des citoyens de Bosnie-Herzégovine est convaincue que nous appartenons de facto à l’Europe et que l’Europe est la seule possibilité envisageable. Je le souligne pour montrer notre détermination et notre volonté de remplir l’ensemble des obligations qui nous attendent sur le chemin exigeant de l’intégration à l’Union européenne. C’est pourquoi nous avons assumé la présidence du Comité des Ministres du Conseil de l’Europe, persuadés que ce serait un stimulus supplémentaire à l’aboutissement plus rapide de notre processus d’intégration.

Conscient du large éventail de vos compétences, des sujets importants inscrits à l’ordre du jour des travaux de votre Assemblée, des nombreux instruments dont vous disposez pour la mise en œuvre de conventions fondamentales, je puis dire que la présidence du Comité des Ministres et le soutien dont bénéficie la Bosnie-Herzégovine comblent nos attentes. Nous participons désormais aux instances européennes et internationales les plus importantes mais, à la différence du passé, en tant qu’acteurs et partenaires crédibles, voire en tant que moteur de la coopération régionale et internationale.

Face aux problèmes auxquels nous sommes confrontés, je vous informe de la présence d’une volonté politique positive en Bosnie-Herzégovine depuis les dernières élections législatives.

C’est la raison pour laquelle je vous présenterai nos actions qui marque notre volonté politique d’atteindre un consensus dans notre pays, ainsi que les réformes que nous avons adoptées en urgence afin de favoriser notre adhésion à l’Union européenne et de renforcer notre cadre économique et judiciaire.

J’évoquerai d’abord l’initiative allemande et britannique prise juste après les élections législatives de Bosnie-Herzégovine en octobre 2014 et qui a permis le lancement de nombreuses réformes politiques, économiques et sociales ayant pour objet la mise en conformité de nos normes de gestion et de développement durable avec celles des pays membres de l’Union européenne.

Au début de l’année 2015, la présidence collégiale de la Bosnie-Herzégovine, l’Assemblée parlementaire de Bosnie-Herzégovine et les dirigeants de tous les partis politiques ont adopté et signé la déclaration sur l’orientation européenne et sur les réformes nécessaires à l’avancement de la Bosnie-Herzégovine dans le processus d’adhésion à l’Union européenne.

En juin 2015, sept ans après la signature, l’accord de stabilisation et d’association est entré en vigueur. Cet accord a établi un partenariat étroit entre l’Union européenne et la Bosnie-Herzégovine. Au mois de juillet, l’agenda 2015-2018 des réformes économiques nécessaires à la Bosnie-Herzégovine a été adopté. Ces réformes concernent notamment: les finances publiques, le climat des affaires, le marché du travail, la sécurité sociale, l’Etat de droit, la gouvernance de droit et l’administration publique.

De stratégies et des plans d’action ont été adoptés pour lutter contre la corruption, le terrorisme et le crime organisé, la violence faite aux femmes et aux enfants, ainsi que pour réformer la justice. De nombreuses lois ont été adoptées relatives notamment au travail en Bosnie-Herzégovine, afin de tenir compte des lignes directrices européennes.

La mise en place de ces réformes a déjà commencé à donner des résultats. De sorte que tous les paramètres économiques sont en légère hausse par rapport à 2014: sur le marché du travail, le nombre de salariés est en progression de 1,8%; la production industrielle a augmenté de 2%; les revenus bruts des impôts indirects ont augmenté de 4,2%; les exportations sont en hausse de 4,4%; la couverture des importations par les exportations est en hausse de 2,58%; le déficit commercial a été réduit de 5,54%; le nombre de touristes a augmenté de 25,7% et le nombre de nuitées de 27,2%.

Les exportations de viandes connaissent une hausse importante; une croissance est également attendue dans les exportations de lait et de produits laitiers en Union européenne dès que nous aurons rempli les conditions exigées. La qualité de nos produits est maintenant reconnue; ils deviennent ainsi compétitifs au niveau régional, voire européen.

Malgré ces évolutions positives, des problèmes demeurent, liés à notre structure politique et à nos procédures complexes, quand nous devons atteindre un consensus sur des questions fondamentales à la réalisation de nos priorités. Ces priorités sont les suivantes: poursuivre notre chemin vers l’adhésion à l’Union européenne; le développement économique; l’Etat de droit. Pour atteindre ces objectifs, j’en appelle à votre soutien.

Nous avons encore de nombreuses obligations à remplir dans un temps très court, mais les réformes ont été lancées et nous avons la volonté de surmonter les obstacles que nous rencontrerons. L’intégration européenne, la croissance et l’emploi, la gouvernance de droit, la lutte contre la corruption et contre toutes les formes d’extrémisme sont les lignes directrices du Conseil des ministres et de toutes les institutions de la Bosnie-Herzégovine.

Chers parlementaires, en tant que représentant d’un Etat qui a vécu, dans son histoire récente, exil, meurtres et destructions, je souhaite partager avec vous mes réflexions sur les événements qui se déroulent actuellement en Europe, afin d’enrichir votre débat sur la question des migrants – qui fuient le barbarisme et tentent de trouver asile dans des pays plus sûrs – en y apportant un point de vue différent.

Il y a quatre ans, nous avons été les témoins d’insurrections populaires importantes qui ont bouleversé le monde arabe. Le «printemps arabe» s’est inspiré des mouvements de 1989 dans les pays de l’ancien Pacte de Varsovie. On y a deviné les signes précurseurs de la liberté, de la démocratie, de la solidarité et du respect des droits de l’homme. Mais aujourd’hui, à la place de la paix et de la prospérité, nous sommes les témoins de conflits dévastateurs en Syrie et en Libye. L’instabilité de la région et les violences qui y sont commises font le terreau de l’extrémisme et du terrorisme. Les civils sont tués, des villes et des monuments culturels sont détruits; le désespoir règne dans une société sans avenir.

Nous ne pouvons donc pas être surpris par les dernières vagues de réfugiés. Nous ne devons pas être choqués par leur volonté de fuir la violence et la terreur qui se déroulent dans leur pays, ni par le fait qu’ils souhaitent séjourner, temporairement ou de façon permanente, dans l’Union européenne, porteuse des valeurs de respect de la dignité humaine, de la liberté, de la démocratie, de l’égalité, de la prééminence du droit et du respect des droits de l’homme. Des valeurs communes à tous les pays européens.

On a toutefois l’impression que l’arrivée de réfugiés a provoqué un chaos sans précédent dans l’histoire de l’Union européenne. En effet, l’érection de hautes barrières métalliques, la fermeture de lignes de chemin de fer, d’autoroutes a été la réponse inattendue de certains pays membres de l’Union européenne qui pourtant, pendant des siècles, ont promu dans le monde entier les principes humanistes.

Ceux qui, parmi vous, ont consacré leur vie à défendre ces principes ont-ils vraiment cru que l’arrivée de plusieurs centaines de personnes pourrait mettre en danger le mode de vie européen? Nous sommes tous conscients que c’est impossible et qu’il ne s’est agi là que d’une peur irrationnelle, injustifiée. Reste que cette peur, mère de l’égoïsme, peut mettre en péril notre unité et notre stabilité. Un problème ne saurait être résolu sans qu’on imagine une solution à sa mesure. C’est pourquoi nous devons agir à temps et ensemble.

Je suis fier, en attendant, de la réaction du Conseil de l’Europe, fondée sur les principes européens. J’ai beaucoup apprécié la lettre que le Secrétaire Général a envoyée aux chefs des Etats membres de notre Organisation, leur rappelant leurs obligations vis-à-vis de la Convention européenne des droits de l’homme. Les autorités nationales doivent en effet veiller à la façon appropriée dont leurs forces de police traitent les réfugiés, afin d’assurer le strict respect desdites obligations. La lettre du Secrétaire Général définit par ailleurs la solidarité, principe européen fondamental ici mis à l’épreuve, comme la clef de la crise.

Je rappellerai également que le président de la Commission européenne, M. Junker, dans son discours annuel sur l’état de l’Union européenne, a proposé un plan pour une solution rapide, ferme et universelle, prévoyant l’instauration de quotas pour chaque pays membre. J’estime que le Conseil de l’Europe devrait sérieusement envisager l’extension de ce plan aux 47 Etats membres. Ce serait un geste indispensable de solidarité. Dans cette hypothèse, la Bosnie-Herzégovine serait prête à assumer sa part de responsabilité quand bien même ses capacités sont limitées – car je crois à l’importance symbolique d’un tel message, lancé par un pays qui aspire à devenir membre de l’Union européenne.

J’ignore évidemment quand s’achèvera cette crise, mais il est clair que la froideur de l’hiver n’arrangera rien. L’improvisation pour loger les réfugiés ne suffira plus. C’est pourquoi je lance un appel à tous les pays membres pour qu’ils fassent preuve de bonne volonté et prêtent leur concours aux Etats particulièrement touchés par cette crise: il s’agit d’éviter une catastrophe humanitaire.

Mon Etat n’est pas encore concerné par l’afflux de réfugiés. Nous n’en demeurons pas moins attentifs à l’évolution de la situation et avons prévu un plan devant nous permettre de faire face à une arrivée massive de migrants. Ce plan prévoit, d’une part, une action humanitaire visant à loger, nourrir, soigner, vêtir les arrivants… et, d’autre part, des mesures de sécurité consistant à recueillir des données sur les réfugiés afin d’identifier parmi eux d’éventuels terroristes.

Nous sommes vraiment prêts à apporter notre aide; c’est pour nous une obligation morale. Seulement, si l’Union européenne ferme ses frontières et si les réfugiés se retrouvent par conséquent bloqués dans les Balkans de l’Ouest, nos capacités logistiques seront débordées. Or la Bosnie-Herzégovine, qu’il me soit permis de le rappeler, doit déjà faire face à la situation de milliers de personnes déplacées sur son territoire à la suite de la guerre des années 1990.

En revanche, si les frontières avec l’Union européenne restent ouvertes, la Bosnie-Herzégovine et les autres pays de la région n’auront pas de difficultés à assurer le transit régulier des réfugiés.

Je ne m’attends pas à recevoir un nombre important de demandes d’asile dans mon pays car, de toute évidence, les Balkans ne sont considérés par les migrants que comme un point de passage et non comme une destination.

La question des réfugiés peut être à mon sens résolue rapidement et avec succès pour peu que nous organisions nos efforts et fassions preuve de la solidarité nécessaire. Reste qu’il nous faut trouver une solution durable et pour cela nous attaquer à la racine du problème: la situation des pays d’origine des migrants. Je suis conscient que l’action du Conseil de l’Europe est limitée mais nous avons à notre disposition de nombreuses conventions, organismes d’experts et mécanismes de suivi à même de nous permettre une importante contribution à la paix et à la stabilité de notre voisinage.

J’en profite pour remercier la Banque de développement du Conseil de l’Europe (CEB) qui a débloqué des fonds en urgence pour aider les pays membres touchés par la crise des réfugiés. Au cas où la Bosnie-Herzégovine deviendrait un point de passage pour les réfugiés, il est tout à fait probable que nous demandions à bénéficier de ce fonds.

J’appelle maintenant votre attention sur un problème des plus sérieux auquel fait face, notamment, la Bosnie-Herzégovine: la traite des êtres humains. Nous avons réalisé d’importants progrès en vue de le résoudre mais la crise des réfugiés risque bien de le faire resurgir. Les abus commis contre les réfugiés de la part des trafiquants d’êtres humains est l’un des pires crimes et il ne saurait rester impuni. Nous devons par conséquent redoubler d’efforts pour enrayer ce phénomène. Cette question sera, me semble-t-il, prochainement abordée par le Comité des Ministres, par l’Assemblée parlementaire et par le Congrès des pouvoirs locaux et régionaux. À la lumière de l’évolution de la situation, il est fort probable qu’il soit nécessaire d’amender les textes en vigueur. J’espère que les experts concernés agiront à temps afin d’éviter que le problème ne s’aggrave.

La Bosnie-Herzégovine, en tant que pays particulièrement concerné, continuera de veiller à la manière dont la question sera traitée au sein du Conseil de l’Europe. J’espère que les autres Etats, notamment ceux qui partagent nos préoccupations agiront de même.

Le terrorisme est une autre préoccupation qui pèse sur nos sociétés. La Bosnie-Herzégovine soutient le plan d’action du Conseil de l’Europe de lutte contre l’extrémisme violent et contre la radicalisation conduisant au terrorisme, ainsi que le protocole additionnel à la Convention du Conseil de l’Europe pour la prévention du terrorisme concernant les combattants étrangers. Le Président du Comité des Ministres et ministre des Affaires étrangères de Bosnie-Herzégovine vous a déjà informés que nous sommes parvenus à un consensus: ledit protocole sera signé à Riga, en Lettonie, le 22 octobre prochain; aussi, j’invite tous les Etats membres à s’y rendre pour le signer eux aussi.

Parallèlement à l’utilisation d’instruments de nature juridique, le Conseil de l’Europe doit intensifier ses actions contre la haine, l’intolérance et les phénomènes de radicalisation. Notre message doit être qu’une société basée sur l’égalité des droits, l’acceptation de la diversité et le respect des droits de l’homme, peut être une société prospère. L’Alliance parlementaire contre la haine et les débats récents sur les discriminations en Europe, le terrorisme et la crise des réfugiés, démontrent la volonté de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe d’agir sur ces questions essentielles. On ne peut que l’en féliciter.

Pour conclure, je voudrais saluer le rôle du partenariat pour la démocratie dans les pays du voisinage du Conseil de l’Europe. Il constitue un élément clé pour la consolidation des jeunes démocraties et pour le renforcement de la coordination des activités sur des questions d’intérêt commun.

LA PRÉSIDENTE (interprétation)

Monsieur le Président, je vous remercie pour votre discours, qui a vivement intéressé les membres de notre Assemblée.

Plusieurs de nos collègues ont exprimé le souhait de poser une question. Nous commençons par les porte-parole des groupes politiques.

Mme DURRIEU (France), porte-parole du Groupe socialiste

Vingt ans de paix depuis les Accords de Dayton: c’est essentiel et vous l’avez rappelé, Monsieur le Président du Conseil des ministres. La stabilité des Balkans est indispensable pour la paix en Europe, mais le processus politique semble malheureusement bloqué à l’heure actuelle à Sarajevo.

Est-il nécessaire, selon vous, de modifier la Constitution? La tutelle du Haut Représentant de la communauté internationale n’est-elle pas un obstacle à l’émergence d’une conscience nationale et à l’engagement politique du peuple?

M. Zvizdić, Président du Conseil des Ministres de Bosnie-Herzégovine (interprétation)

Le processus engagé en Bosnie-Herzégovine commence à porter ses fruits. Nous poursuivons trois objectifs prioritaires, l’intégration européenne, le développement économique et la primauté du droit, tout en nous efforçant de répondre à nos obligations dans le cadre du processus de paix. Dès lors que la Bosnie-Herzégovine aura démontré sa capacité à assumer les responsabilités aujourd’hui confiées au Haut Représentant, nos institutions pourront jouer pleinement leur rôle au plan législatif comme au plan exécutif.

M. VAREIKIS (Lituanie), porte-parole du Groupe du Parti populaire européen (interprétation)

De nombreux problèmes liés à l’éducation et au patrimoine culturel existent actuellement en Bosnie-Herzégovine, or vous ne possédez pas, au niveau national, de ministères de l’éducation et de la culture. Nous pensons quant à nous qu’ils sont indispensables dans le cadre des changements que connaît aujourd’hui votre pays. Quelle est votre position sur cette question?

M. Zvizdić, Président du Conseil des Ministres de Bosnie-Herzégovine (interprétation)

La création de tels ministères en Bosnie-Herzégovine ne pourrait être le fruit que de procédures très longues et complexes. Une entité est aujourd’hui chargée d’assurer une coordination sur ces questions au sein de la Fédération de la Bosnie-Herzégovine. En Republika Srpska, c’est le gouvernement qui est compétent pour l’éducation et la culture. Je ne pense pas que dans un avenir immédiat nous adoptions un système identique à celui des autres pays de l’Union européenne. Notre intention est avant tout d’aider nos jeunes à acquérir des compétences qui correspondent aux exigences du marché du travail.

Nous devons également respecter le processus de Bologne et assurer la protection des droits de l’homme des minorités ethniques et culturelles. Tout citoyen de notre pays doit jouir des droits fondamentaux, ce qui supposera à terme la création de ministères de l’éducation et de la culture. Un amendement de notre Constitution sera nécessaire. Il prendra du temps, car un consensus est indispensable sur ces questions. Le temps viendra pour nous, j’en suis sûr, de mener des réformes importantes dans ces domaines essentiels. D’ici là, nous continuerons de travailler à l’amélioration du système existant, dans le secteur de la culture et du sport notamment.

Mme PALLARÉS CORTÉS (Andorre), porte-parole de l’Alliance des démocrates et des libéraux pour l’Europe (interprétation)

Malheureusement, les responsables politiques de la Bosnie-Herzégovine s’intéressent peu à la manière de redynamiser l’économie du pays. Quels sont vos projets pour réduire la dépense publique et relancer le secteur privé et l’emploi des jeunes?

M. Zvizdić, Président du Conseil des Ministres de Bosnie-Herzégovine (interprétation)

Permettez-moi de le répéter: il y a quelques mois, nous avons adopté un texte très important, l’agenda pour la réforme économique, dans lequel nous avons défini un ensemble de mesures et d’activités destinées à améliorer l’environnement pour les entreprises, en nous appuyant sur nos ressources naturelles, le développement des petites et moyennes entreprises et la réforme du secteur public, et en mettant l’accent sur la création d’emplois pour les jeunes, afin que ces derniers restent en Bosnie-Herzégovine.

Nous cherchons à rationaliser la dépense publique. À cette fin, nous avons mis en œuvre l’interdiction du recrutement dans le secteur public et nous y avons gelé les salaires; nous avons également gelé d’autres fonds, puisque nous voulons surtout promouvoir des prêts à taux avantageux afin de permettre aux jeunes de créer leurs propres entreprises, ce qui contribuera à améliorer l’environnement pour les entreprises, ainsi que le taux d’emploi.

Pour un environnement plus favorable aux entreprises, il faut amender le droit du travail. Ce projet est lancé: notre nouvelle loi sur le travail a été adoptée dans l’une des entités, en Fédération de Bosnie-Herzégovine, et doit bientôt l’être en Republica Srpska.

Les paramètres qui permettent de mesurer la qualité de cet environnement se sont améliorés; selon certains indicateurs, la création d’entreprises et le potentiel économique du pays sont en augmentation. Cela concerne surtout les jeunes. Or le fait que ces derniers créent des entreprises contribue à réduire le nombre de personnes qui quittent la Bosnie-Herzégovine.

M. BINLEY (Royaume-Uni), porte-parole du Groupe des conservateurs européens (interprétation)

Monsieur le Président, vous avez évoqué les stratégies employées par votre pays pour éradiquer la corruption. Pourriez-vous nous indiquer les mesures concrètes qui y contribuent, s’agissant notamment des possibilités d’emploi dans le secteur public? Que faites-vous pour mettre un terme à l’utilisation des pots-de-vin pour accéder à ces emplois, une pratique qui fait tant de mal à la jeune génération, en particulier?

M. Zvizdić, Président du Conseil des Ministres de Bosnie-Herzégovine (interprétation)

En Bosnie-Herzégovine, nous sommes tout à fait conscients des conséquences extrêmement négatives qu’engendre la corruption. Il n’y a pas de différence à cet égard entre mon pays et les autres pays de la région, de l’Union européenne ou du monde. La corruption est un fléau dévastateur pour tout pays.

Voilà pourquoi la Bosnie-Herzégovine concentre ses efforts sur la lutte contre ce phénomène. Nous avons créé une agence de lutte contre la corruption à l’échelle du pays, partagé nos expériences dans ce domaine avec nos collègues européens, instauré des procédures permettant de signaler les cas de corruption et d’assurer un suivi constant au sein des institutions. Nous avons adopté il y a trois mois une stratégie et un plan d’action pour la période 2015-2020.

Cette stratégie se répercutera jusqu’aux échelons inférieurs du gouvernement grâce à la synergie entre les divers niveaux des institutions publiques. Nous espérons ainsi agir ensemble pour prévenir la corruption dans l’ensemble des institutions publiques. Une nouvelle réforme de l’administration publique va y contribuer. Nous voulons aussi développer les capacités des fonctionnaires, qui seront mieux formés pour répondre aux besoins des institutions comme des citoyens, dans le respect des procédures établies, en vue d’éviter tout acte de corruption, notamment lorsque l’administration doit répondre aux requêtes des citoyens dans un délai donné.

Nous sommes touchés par la corruption, comme d’autres pays de la région et du monde. C’est un fait, je ne le nie pas. Mais je peux vous assurer que nous œuvrons activement pour combattre la corruption et mener des poursuites dans tous les cas qui sont attestés. Nous faisons beaucoup pour prévenir la corruption à la source. Nous avons bien l’intention de poursuivre sur cette voie. Notre action a déjà porté ses fruits, mais nous allons redoubler d’efforts et vous verrez que l’administration de Bosnie-Herzégovine gagne en efficacité et en professionnalisme en respectant la loi.

LA PRÉSIDENTE (interprétation)

Nous allons maintenant entendre la dernière question, car nous n’avons malheureusement pas le temps de laisser s’exprimer tous les orateurs inscrits.

M. KOX (Pays-Bas), porte-parole du Groupe pour la gauche unitaire européenne (interprétation)

Merci, Monsieur le Président, pour ces bonnes nouvelles de votre magnifique pays. Vous avez maintenant un gouvernement qui fonctionne et le climat politique est constructif.

Lorsque nous sommes venus observer les élections l’an dernier, nous avons toutefois constaté que l’opinion publique n’avait pas confiance dans le fonctionnement des institutions démocratiques, ce qui, à long terme, risquait de mettre en péril la vie démocratique du pays. Comment le gouvernement et la classe politique pourraient-ils retrouver la confiance de l’opinion publique?

M. Zvizdić, Président du Conseil des Ministres de Bosnie-Herzégovine (interprétation)

Nous pouvons effectivement recouvrer la confiance de l’opinion publique. C’est d’ailleurs l’effort que réalise, sur la voie de l’intégration européenne, le Conseil des ministres de Bosnie-Herzégovine à l’heure actuelle, en mettant en place de façon cohérente des réformes en matière d’économie et d’Etat de droit. Ces réformes démontrent une volonté politique très claire d’atteindre, au bout du compte, des consensus internes sur les grandes priorités du développement économique et politique de la Bosnie-Herzégovine.

Au cours des cinq derniers mois, le Conseil des ministres de Bosnie-Herzégovine a approuvé plus de 800 documents à l’unanimité. Cela illustre bien l’existence d’une véritable volonté politique, puisque nous avons été en mesure de tomber d’accord sur des points importants sans mettre à mal notre unité. C’est une approche qui, je pense, permettra de recouvrer la confiance de l’opinion publique quant au bon fonctionnement des institutions de notre pays.

Nous allons mettre en œuvre toutes les réformes que j’ai mentionnées ainsi que toutes les stratégies que nous avons élaborées. Nous ferons preuve de sérieux, de cohérence et de persévérance dans nos travaux et nos activités. Cela viendra renforcer l’économie et améliorer notre compétitivité. J’espère que cela permettra de créer de nouveaux emplois et, à partir de là, je suis certain que les citoyens sauront à nouveau nous faire confiance.

Plusieurs exemples montrent que nous sommes dignes de confiance, à commencer par ce plan d’action économique que nous avons adopté avec les autres niveaux du gouvernement. Nous avons veillé à accroître les exportations de produits agricoles à partir de la Bosnie-Herzégovine, augmentant ainsi nos exportations de 220 %. Au cours des huit derniers mois, ce sont plus de 7 000 emplois que nous avons créés en Bosnie-Herzégovine. Donc, sur le plan économique, les résultats sont là. Ils sont concrets.

Nous avons aussi accéléré le processus d’intégration européenne. Nous remplissons nos obligations et engagements très rapidement et, d’ici à la fin de l’année ou au début de l’année prochaine, nous espérons être officiellement candidats à l’adhésion à l’Union européenne.

La prochaine étape devrait nous conduire à approfondir notre coopération avec l’Otan pour, un jour, devenir membre à part entière de cette organisation.

Tout cela va dans le sens d’un renforcement de la stabilité en Bosnie-Herzégovine, où nous avons consolidé l’Etat de droit et créé un nouveau climat pour les entreprises qui permettra d’attirer les investissements nationaux et surtout internationaux.

LA PRÉSIDENTE (interprétation)

Je vous remercie, Monsieur le Président, d’avoir répondu aux questions qui vous ont été posées. Je vous souhaite plein succès pour la suite de votre présidence.

Nous allons maintenant pouvoir nous rendre ensemble à l’inauguration de l’exposition organisée par la représentation de Bosnie-Herzégovine, intitulée «Bosnie Herzégovine, nouveau centre européen d’art contemporain». Je vous invite donc tous, chers collègues, à nous suivre pour inaugurer cette exposition.