1. Introduction
1. En juillet 2006, j’ai présenté
avec plusieurs de mes collègues une proposition de résolution concernant «Le
rôle des femmes dans les sociétés modernes, y compris dans le dialogue
interculturel et interreligieux». Cette proposition a été renvoyée
à la commission pour rapport et j’ai été désignée comme rapporteur
en décembre 2006 (la commission de la culture, de la science et
de l’éducation rédigera un avis, dont le rapporteur sera M. Pollozhani,
membre du Groupe démocrate européen au titre de «l’ex-République
yougoslave de Macédoine»).
2. Depuis ma désignation comme rapporteur, j’ai consulté plusieurs
experts lettons et internationaux sur cette question et organisé
une audition restreinte au printemps 2007 à Riga. A mon initiative,
un échange de vues sur ce thème a été organisé lors de notre réunion
d’Istanbul le 6 décembre 2007, pour nous permettre d’affiner nos
propositions et d’identifier des mesures concrètes qui pourraient
être proposées à l’Assemblée parlementaire pour renforcer l’autonomie
des femmes dans la société et promouvoir la contribution des femmes
au dialogue interculturel et interreligieux

. Lors de sa réunion du 17
avril 2008, la commission a proposé de modifier le titre du rapport
et de l’intituler «Renforcer l’autonomie des femmes dans une société moderne
et multiculturelle».
3. A l’heure où la commission sur l’égalité des chances pour
les femmes et les hommes célèbre le dixième anniversaire de sa création,
j’estime que le Conseil de l’Europe, organisation de défense des
droits de la personne humaine, doit rester à la pointe du combat
pour la promotion des droits des femmes et de l’égalité des chances
pour les femmes et les hommes, la lutte contre les discriminations
envers les femmes et toutes les formes de violences faites aux femmes.
4. Les femmes ont pris une part croissante dans la vie politique,
publique et économique en Europe et aspirent légitimement à voir
l’égalité de leurs droits reconnue dans les textes juridiques et
dans la pratique. Mais comme je tenterai de le démontrer dans ce
rapport, l’égalité entre les femmes et les hommes, qui fait partie
intégrante des droits de l’homme défendus par le Conseil de l’Europe,
est loin d’être réalisée dans l’ensemble des 47 Etats membres du
Conseil de l’Europe. Bien au contraire, il faut poursuivre et renforcer
la lutte pour l’égalité des chances entre les hommes et les femmes
dans une Europe fondée sur des sociétés multiculturelles qui prônent
l’intégration et le dialogue entre les communautés qui la composent.
Renforcer l’autonomie des femmes est donc un enjeu de développement
crucial pour le développement de sociétés modernes, fondées sur
le respect des libertés et droits fondamentaux des individus, sur
la promotion de l’égalité des chances pour les femmes et les hommes,
et le dialogue interculturel et interreligieux.
2. Renforcer l’autonomie des femmes dans
les Etats membres du Conseil de l’Europe
5. Le rôle des femmes dans la
société a évolué différemment selon les conditions culturelles,
historiques et religieuses. Lorsque, même dans nos sociétés les
plus prospères, le renforcement des droits démocratiques des femmes
et le mouvement en faveur de l’égalité des sexes appartiennent à
l’histoire récente (cent ans), il reste encore beaucoup de progrès
à faire dans les pays plus jeunes et les économies en développement.
6. L’Assemblée a déclaré avec fermeté à plusieurs reprises que
les violations des droits des femmes ne sont jamais acceptables
et que le relativisme culturel et religieux ne saurait les justifier
ni les excuser. Ainsi, par exemple, la
Résolution 1464 (2005) de l’Assemblée «Femmes et religion en Europe» affirme
explicitement au paragraphe 6: «Il incombe aux Etats membres du
Conseil de l’Europe de protéger les femmes contre les violations
de leurs droits au nom de la religion, et de promouvoir et pleinement
mettre en œuvre l’égalité entre les sexes.
Les
Etats ne doivent accepter aucun relativisme religieux ou culturel
en matière de droits des femmes [c’est moi qui souligne].
Ils ne doivent pas accepter de justifier la discrimination et l’inégalité
touchant les femmes pour des raisons telles que la différenciation
physique ou biologique fondées sur ou imputées à la religion (…)».
7. Des progrès notables ont été réalisés dans de nombreux Etats
membres au cours des dernières décennies en matière de respect de
l’égalité des sexes (non seulement en théorie mais aussi en pratique). Dans
la plupart des Etats membres du Conseil de l’Europe, les femmes
participent activement à la vie politique, publique et économique
et contribuent au développement de la société. Mais, malheureusement,
la «tradition» (fondée sur la religion ou la culture) empêche encore
souvent les femmes et les jeunes filles de tirer pleinement parti
de leur potentiel et de participer à égalité au développement de
leur société. Le rapport consacré en 2007 par l’UNICEF à la situation
des enfants dans le monde fait remarquer que l’égalité entre hommes
et femmes présente le double avantage de permettre à des femmes
en bonne santé et instruites d’élever des enfants en bonne santé
et instruits.
9. Plus généralement, dans de nombreux Etats membres, les femmes
sont largement sous-représentées au parlement, au gouvernement et
dans d’autres instances dirigeantes de la société

, et l’opposition
à des «mesures positives» (telles que des quotas), qui pourraient
rapidement corriger la situation, augmente dans certains secteurs.
La discrimination à l’égard des femmes sur le marché du travail
est une chose courante

: l’écart
en matière de salaires est aussi légendaire que réel, de même que
le «plafond de verre». Même l’accès au marché de l’emploi n’est
pas toujours garanti, puisqu’il n’y a pratiquement aucune égalité
entre les sexes lorsqu’il s’agit d’assumer la charge de la famille
et les travaux du ménage

. Les préjugés à l’égard
des femmes au foyer conduisent à des situations dans lesquelles,
comme c’est le cas en Allemagne ou aux Pays-Bas, les femmes diplômées
de l’enseignement supérieur choisissent souvent de rester à la maison
pour s’acquitter de leurs obligations de mères et de conjointes
ou effectuent des journées de travail réduites. Aux Pays-Bas, sur 10
femmes exerçant une activité professionnelle et ayant des enfants,
une seule travaille à plein temps, tandis que les hommes qui ont
des enfants travaillent neuf fois sur dix à plein temps. Nous assistons
à la féminisation de la pauvreté

.
10. Il me paraît donc évident qu’il faut renforcer l’autonomie
des femmes dans les sociétés modernes afin de contrer, sur la base
d’un consensus de l’ensemble de la société, le retour de bâton que
l’on peut observer actuellement en matière d’égalité des sexes et
des droits des femmes. D’innombrables études ont déjà montré que
l’égalité des sexes et le respect des droits des femmes entraînent
des avantages notables pour l’ensemble de la société: plus une société
pratique l’égalité des sexes, plus elle investit dans la promotion
des droits de la femme, plus cette société est prospère, saine et
pacifique. Ainsi, par exemple, investir dans l’éducation des filles
et promouvoir une plus grande participation des femmes au marché
du travail produit des dividendes mesurables en termes de croissance
économique et de santé de la population, qui profitent à toute la
société. Le rôle de l’éducation dans ce domaine est crucial et devrait
faire l’objet de la plus grande attention de la part des gouvernements.
Notre commission, qui prépare actuellement un rapport sur «les droits
des filles d’aujourd’hui: les droits des femmes de demain» (rapporteur:
Mme Cliveti (Roumanie, SOC)), aura l’occasion d’approfondir
cette question

.
11. En tout état de cause, le Conseil de l’Europe doit rester
à l’avant-garde de la promotion de l’égalité des sexes et des droits
des femmes dans nos sociétés. L’Assemblée a récemment adopté des
positions claires qui visent à renforcer l’égalité entre les femmes
et les hommes, et les droits des femmes – je me réfère ici en particulier
aux textes adoptés par l’Assemblée sur le respect du principe d’égalité
des sexes en droit civil

, sur les femmes et la religion

et sur l’accès à un avortement sans
risque et légal en Europe

. Je me félicite par ailleurs de
l’adoption de la Recommandation CM/Rec(2007)17 par le Comité des
Ministres aux Etats membres sur les normes et mécanismes d’égalité
entre les femmes et les hommes qui, je l’appelle de mes vœux, encouragera
les Etats membres à évaluer les progrès réalisés en matière d’égalité
entre les femmes et les hommes, et à prendre toutes les mesures
nécessaires pour permettre aux femmes de participer pleinement à la
vie économique, sociale et politique de leur pays. Cependant, beaucoup
reste à faire et nous devons lutter pour des politiques actives
qui renforcent les droits et l’autonomie des femmes.
3. Comment
promouvoir l’égalité des sexes et les droits des femmes dans nos
sociétés
12. L’égalité des sexes et les
droits des femmes ne doivent pas nécessairement entrer en conflit
avec les traditions d’un pays, du moment que ces traditions sont
interprétées dans un esprit de tolérance et d’ouverture d’un point
de vue religieux et culturel. La promotion de l’égalité des sexes
et des droits des femmes n’a pas pour objectif de menacer l’identité
d’un pays ou d’une communauté, ni la possibilité qu’ont les individus
de choisir eux-mêmes leur mode de vie. Ainsi, par exemple, aucune
femme ne devrait être obligée d’aller travailler si elle préfère
rester à la maison pour s’occuper de ses enfants. Cependant, le
problème est tout à fait différent si une femme n’a pas vraiment
d’autre choix que de rester à la maison pour s’occuper de ses enfants,
parce que son mari ne veut pas qu’elle aille travailler, parce qu’en
tant que fille elle n’a pas reçu une éducation suffisante, parce
qu’elle ne trouve pas d’emploi du fait de son sexe, parce que son
salaire sera inférieur à celui de son mari, parce qu’elle sera victime
de discrimination sur le marché du travail, ou encore parce qu’elle
ne peut payer les frais de crèche ou de garderie pour ses enfants.
La contribution des femmes à l’économie est illustrée par l’exemple
des Pays-Bas, où leur participation représente 27 %. Selon les estimations,
si les femmes travaillaient un peu plus en dehors de leur foyer,
par exemple à hauteur de 35 % environ, le Produit intérieur brut
augmenterait de 11 %, soit approximativement de 60 milliards d’euros
par an.
13. On constate aussi que de nombreuses femmes et jeunes filles
ont peu confiance en elles ou se sous-estiment, parce que certaines
sociétés privilégient manifestement les hommes et les garçons. Ainsi,
parce que la société exerce une pression sur elles, des femmes peuvent
être amenées à perpétuer la discrimination dont elles sont victimes.
Le problème est particulièrement grave dans certains pays non européens,
tels que la Chine, l’Inde, le Pakistan et l’Afghanistan, pour n’en
nommer que quelques-uns, où la préférence pour les garçons (et le
rôle des hommes dans la société) est tellement ancrée dans les traditions
qu’il n’est pas rare que les femmes de certaines régions de l’Inde
tuent elles-mêmes leurs petites filles à la naissance ou que les femmes
chinoises préfèrent avorter lorsqu’elles découvrent qu’elles sont
enceintes d’une fille. Ainsi, dans les sociétés qui attachent moins
de valeur aux filles qu’aux garçons, la pratique d’avortements sélectifs
motivés par le sexe (féminin) de l’enfant à naître ou l’assassinat
de petites filles à la naissance aboutissent dans le monde à un
«déficit» de millions de femmes et de filles.
14. Les traditions au sein des Etats membres du Conseil de l’Europe
vont rarement aussi loin que ce «féminicide». Toutefois, la plupart
de nos sociétés conservent encore des valeurs plus ou moins patriarcales, et
les femmes occupent souvent une position relativement secondaire
au sein de la famille et de la société – notamment là où les traditions
patriarcales, culturelles et religieuses sont les plus fortes, comme
dans certaines zones rurales, dans les «fiefs»
des fondamentalistes religieux (à quelque religion qu’ils appartiennent, catholiques
romains, chrétiens évangéliques, chrétiens orthodoxes, juifs orthodoxes
ou musulmans, etc.), ainsi que dans les communautés d’immigrés (qui
s’efforcent de maintenir vivantes dans un pays étranger des traditions
parfois déjà disparues dans leurs pays d’origine).
15. Il faut donc élaborer un calendrier d’actions positives destiné
à renforcer l’autonomie des femmes dans la société. Ce calendrier
devrait s’appuyer sur des valeurs communes qui peuvent être acceptées
dans toutes les sociétés, cultures et religions. Ce devrait être
un calendrier progressiste aidant les sociétés à évoluer vers ces
valeurs communes tout en respectant les traditions essentielles
(qui ne violent pas les droits des femmes). Ce calendrier devrait
intégrer la participation active des femmes aux initiatives visant
à promouvoir le dialogue interculturel et interreligieux, qui devrait
toujours comporter une dimension «égalité des sexes».
16. Pour que ce calendrier ait une chance de succès, il faut impliquer
tous les partenaires. Ce ne sont pas seulement les femmes (représentées,
par exemple, par le mouvement féministe), mais aussi les hommes, ceux
qui pensent qu’ils ont plus à perdre qu’à gagner d’une responsabilisation
des femmes, en particulier les hommes qui occupent des postes à
responsabilité dans la société, tels que les décideurs dans la sphère publique
et politique (membres du gouvernement ou du parlement), responsables
religieux ou grands patrons, etc. Il ne sera possible de mettre
en œuvre un calendrier progressiste sur l’égalité des sexes et les
droits des femmes que si nous pouvons leur prouver que l’ensemble
de la société – eux-mêmes compris – a quelque chose à gagner d’un
renforcement du rôle des femmes dans la société. A cet égard, je
salue la proposition de résolution déposée récemment par M. Mendes
Bota et plusieurs de nos collègues visant à
«Impliquer
les hommes pour réussir l’égalité entre les femmes et les hommes»,
qui permettra à l’Assemblée parlementaire de travailler spécifiquement
sur cette question
(rapporteur:
M. Steingrímur Sigfússon (Islande, GUE)).
17. Je crois que l’une des raisons pour lesquelles nous constatons
actuellement un recul du mouvement en faveur des droits des femmes
est que, jusqu’à présent, les hommes ne se sont pas «engagés» à
nos côtés. La plateforme d’action de Pékin (vieille de plus de dix
ans) ne sera pleinement réalisée – y compris dans les Etats membres
du Conseil de l’Europe – que lorsque les hommes comprendront que
la responsabilisation et l’autonomisation des femmes est aussi conforme
à leur intérêt.
18. Aussi souhaiterais-je proposer, à l’échelon mondial, que l’Assemblée
s’engage, conformément à sa
Recommandation
1716 (2005), à promouvoir la tenue d’une 5e conférence mondiale
des Nations Unies sur les femmes, qui pourrait porter sur les défis
récents lancés aux droits des femmes et à l’égalité des sexes (propagation
du VIH/sida parmi les femmes, accès des femmes aux nouvelles technologies
de l’information, traite des êtres humains et victimisation délibérée
des femmes dans les conflits armés), en excluant toute remise en
cause des décisions prises à Beijing en 1995 lors de la dernière
Conférence mondiale des Nations Unies sur les femmes. Cette conférence
pourrait promouvoir le renforcement du rôle des femmes dans la société
à l’échelon mondial, et apporter ainsi une contribution notable
à l’objectif du présent rapport. Permettez-moi de citer en guise
de «conclusion» les paragraphes 3, 5 et 7 de cette recommandation:
«3. L’Assemblée
parlementaire estime que ce n’est vraiment pas le moment de céder
à la nonchalance face à la lutte pour l’égalité des sexes et à la
complaisance, pas plus que de renoncer au Programme d’action de
Beijing et à ses objectifs importants. La situation des femmes dans
le monde d’aujourd’hui est alarmante et, dans certains domaines,
pire qu’en 1995. Le retour de bâton contre les droits des femmes
et l’égalité des sexes se manifeste de nombreuses manières.
5. L’Assemblée considère que
seule une nouvelle conférence mondiale des Nations Unies sur les femmes
est en mesure de mobiliser cet effort au niveau mondial et cette
volonté politique, et qu’un tel événement est en fait attendu depuis
longtemps. Toute remise en cause des décisions prises à Beijing devra
cependant en être exclue: la 5e conférence mondiale des Nations
Unies sur les femmes ne saurait avoir pour objet que les défis récents
lancés aux droits des femmes et à l’égalité des sexes.
(…)
7. L’Assemblée recommande donc
au Comité des Ministres:
7.1. de promouvoir l’organisation
d’une 5e conférence mondiale des Nations Unies sur les femmes, sans
rouvrir au débat le Programme d’action de Beijing, qui ait lieu
en 2010 au plus tard;
7.2. d’inviter les gouvernements
des Etats membres du Conseil de l’Europe à soutenir cette initiative;
7.3. d’organiser une conférence
régionale européenne préparatoire en 2007 au plus tard.»
4. Renforcer
le rôle des femmes dans le dialogue interculturel et interreligieux,
en particulier dans les activités du Conseil de l’Europe
19. Le Conseil de l’Europe a développé
de nombreux travaux dans le domaine de la participation des femmes
au dialogue interculturel et interreligieux. Rappelons à cet égard
que l’Assemblée a adopté en 2004 une résolution et une recommandation
sur «Prévention et règlement des conflits: le rôle des femmes»

, qui énumèrent
une série de mesures visant à associer les femmes à la prévention
et au règlement des conflits.
20. Dans le secteur intergouvernemental, la 5e Conférence ministérielle
européenne sur l’égalité entre les femmes et les hommes, organisée
à Skopje en janvier 2003, était consacrée à «La démocratisation,
la prévention des conflits et la construction de la paix: les perspectives
et les rôles des femmes»

. Le Comité directeur pour l’égalité
entre les femmes et les hommes (CDEG) a publié en 2005 un rapport
sur le rôle des femmes et des hommes dans le dialogue interculturel
et interreligieux pour la prévention des conflits, la consolidation
de la paix et la démocratisation

, et a finalisé, lors de sa réunion de novembre
2007, un projet de recommandation adressé aux Etats membres sur
«Le rôle des femmes et des hommes dans la prévention et la résolution
des conflits et la consolidation de la paix» qui devrait être examiné
dans les mois à venir par le Comité des Ministres.
21. Dans le même temps, le Conseil de l’Europe va publier en 2008
un Livre blanc sur le dialogue interculturel

qui fixera ses principales orientations
politiques dans ce domaine et fournira aux décideurs et aux praticiens
des lignes directrices, des outils d’analyse et des méthodes pour
promouvoir le dialogue interculturel aux niveaux national, régional
et local. La commission de la culture, de la science et de l’éducation de
l’Assemblée a été associée à la procédure de consultation qui s’est
achevée en juin 2007. Le Centre Nord-Sud du Conseil de l’Europe
a organisé les 14 et 15 avril 2007 à Genève une consultation consacrée
au thème «Femmes et dialogue interculturel».
22. Le Conseil de l’Europe a également organisé à SaintMarin les
23 et 24 avril 2007 une Conférence européenne sur la dimension religieuse
du dialogue interculturel. Les représentants des religions et de
la société civile présents ont souhaité l’engagement à partir de
2008 d’un dialogue ouvert et transparent fondé sur les valeurs du
Conseil de l’Europe, dans un esprit de concertation (paragraphe
12). Cependant, seuls les représentants du Conseil de l’Europe à
la conférence ont considéré que la participation des femmes à ce processus
était très importante (paragraphe 11)

.
23. Il est temps que ces efforts multiples du Conseil de l’Europe
pour promouvoir la place des femmes dans le dialogue interculturel
et interreligieux trouvent une traduction concrète dans l’ensemble
des programmes d’activités du Conseil de l’Europe. Des initiatives
ciblant plus particulièrement les femmes devraient, par exemple,
être développées dans les programmes de coopération parlementaire,
touchant en particulier la question des «conflits gelés», et dans
les programmes de type «mesures de confiance» qui peuvent être proposés
par l’Organisation.
5. Recommandations
proposées
24. L’Assemblée considère qu’il
est nécessaire de contrer le retour de bâton que l’on peut observer actuellement
en matière d’égalité des sexes et des droits des femmes sur la base
d’un consensus de l’ensemble de la société.
25. L’Assemblée devrait inviter les Etats membres à renforcer
le rôle des femmes dans les sociétés modernes et les encourager:
- à combattre tout relativisme
culturel ou religieux qui empêche encore souvent les femmes et les
jeunes filles de tirer pleinement parti de leur potentiel et de
participer à égalité au développement de leur société;
- à lutter contre les discriminations à l’encontre des femmes
et les violences fondées sur le genre;
- à promouvoir des «mesures positives» pour aboutir à une
participation équilibrée des femmes et des hommes à la vie publique,
politique et économique;
- à faire de l’éducation et de la formation des filles et
des femmes une question prioritaire et à mettre l’accent sur la
promotion du rôle égal des femmes et des filles dans les programmes
éducatifs.
26. L’Assemblée devrait inviter le Comité des Ministres à intégrer
de toute urgence les aspects concernant l’égalité des sexes dans
les activités du Conseil de l’Europe sur le dialogue interculturel
et interreligieux, et en particulier:
- mener des actions de sensibilisation des représentants
des religions et de la société civile dans ce domaine refusant tout
relativisme culturel et/ou religieux;
- développer des programmes ciblés visant à promouvoir la
participation des femmes dans le dialogue interculturel et interreligieux.
27. L’Assemblée pourrait de plus inviter le Comité des Ministres
à mener une action distincte pour renforcer le rôle des femmes dans
la société moderne, y compris dans le dialogue interculturel et
interreligieux, et:
- à procéder
à un inventaire des mesures possibles (meilleures pratiques et nouvelles
initiatives) visant à renforcer le rôle des femmes dans les sociétés
modernes, y compris dans le dialogue interculturel et interreligieux;
- à organiser une importante conférence du Conseil de l’Europe
sur ce thème, à laquelle seraient invités tous les partenaires intéressés
(hommes et femmes, représentants des gouvernements, des parlements et
de la société civile, ainsi que responsables religieux), et qui
fixerait un calendrier d’actions progressiste, fondé sur des valeurs
communes et visant à renforcer le rôle des femmes dans la société;
- à assurer le suivi régulier des progrès réalisés pour
la mise en œuvre de ce calendrier d’actions.
28. Enfin, l’Assemblée devrait s’engager plus vigoureusement dans
la campagne pour la tenue d’une 5e conférence mondiale des Nations
Unies sur les femmes, conformément à sa proposition dans la
Recommandation 1716 (2005).
Commission chargée du rapport: commission sur l’égalité des
chances pour les femmes et les hommes.
Renvoi en commission: Doc. 10999 et Renvoi no 3270 du 2 octobre 2006.
Projet de résolution et projet de recommandation adoptés à
l’unanimité par la commission le 29 avril 2008
Membres de la commission: M. Steingrímur J. Sigfússon (Président), M. José Mendes Bota (1re Vice-Président),
Mme Ingrīda Circene (2e
Vice-Présidente), Mme Anna Čurdová (3e
Vice-Présidente), M. Frank Aaen, M. John Austin,
M. Lokman Ayva, Mme Marieluise Beck,
Mme Anna Benaki,
Mme Oksana Bilozir (remplaçante: Mme Herasym’yuk), Mme Olena Bondarenko, M. Predrag Bošcović,
M. Jean-Guy Branger, M. Igor Chernyshenko, M. James Clappison
(remplaçante: Mme McCafferty),
Mme Minodora Cliveti, M. Ignacio Cosidó
Gutiérrez (remplaçant: M. Blanco),
Mme Diana Çuli, M. Ivica Dačiċ, M. Marcello
Dell’Utri, M. José Luiz Del Roio, Mme Lydie Err, Mme Catherine
Fautrier, Mme Mirjana Ferić-Vac, Mme Maria
Emelina Fernández Soriano,
Mme Sonia Fertuzinhos,
Mme Alena Gajdůšková, Mme Ruth
Genner (remplaçant: M. Müri),
Mme Svetlana Goryacheva (remplaçant:
M. Lebedev), Mme Claude
Greff, M. Attila Gruber, Mme Carina Hägg, M. Ilie Ilacu, Mme Fatme Ilyaz, Mme Nataša
Jovanoviċ, Mme Birgen Kele, Mme Krista Kiuru,
Mme Irine Kurdadzé, Mme Angela
Leahu, M. Terry Leyden, Mme Mirjana Malić, Mme Nursuna
Memecan, Mme Dangutė Mikutienė, Mme Ilinka
Mitreva, M. Burkhardt Müller-Sönksen, Mme Christine Muttonen, Mme Hermine
Naghdalyan, M. Gebhard Negele,
Mme Yuliya Novikova (remplaçant: M. Popescu), M. Mark Oaten, M. Kent Olsson, M. Jaroslav Paška, Mme Maria
Agostina Pellegatta, Mme Antigoni Papadopoulos, M. Claudio Podeschi,
Mme Majda Potrata,
M. Jeffrey Pullicino Orlando, M. Frédéric Reiss, Mme Mailis Reps, Mme Jadwiga
Rotnicka (remplaçante: Mme Nykiel), Mme Marlene Rupprecht, Mme Klára
Sándor, M. Giannicola Sinisi, Mme Miet
Smet, Mme Darinka Stantcheva,
Mme Tineke Strik, M. Michał Stuligrosz, Mme Doris Stump, M. Han Ten Broeke, M. Vasile
Ioan Dănuţ Ungureanu, Mme Tatiana Volozhinskaya, M. Marek Wikiński, M. Paul Wille, Mme Betty Williams, M. Gert Winkelmeier,
Mme Karin S. Woldseth, Mme Gisela Wurm, M. Vladimir Zhidkikh, Mme Anna
Roudoula Zissi.
N.B. Les noms des membres présents à la réunion sont indiqués
en gras.
Voir 21e séance, 24 juin 2008 (adoption des projets de résolution
et de recommandation amendés); et Résolution 1615 et Recommandation
1838.