Rapport | Doc. 12283 | 07 juin 2010
La gestion de la pandémie H1N1 : nécessité de plus de transparence
(Ancienne) Commission des questions sociales, de la santé et de la famille
Résumé
Le 11 juin 2009, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a officiellement déclaré la «pandémie (H1N1) 2009». La façon dont la grippe pandémique H1N1 a été gérée non seulement par l’OMS mais aussi par les autorités de santé compétentes, tant au niveau de l’Union européenne qu’au niveau national, est alarmante. Certaines répercussions des décisions prises et des conseils prodigués sont particulièrement problématiques, dans la mesure où ils ont entraîné une distorsion des priorités au sein des services de santé publique à travers l’Europe, un important gaspillage de fonds publics ainsi que des peurs injustifiées sur les risques de santé encourus par la population européenne en général.
De graves lacunes ont été identifiées en ce qui concerne la transparence des processus de décision liés à la pandémie, ce qui soulève des préoccupations sur l’éventuelle influence que l’industrie pharmaceutique aurait pu exercer eu égard des principales décisions relatives à la pandémie. Il est à craindre que ce manque de transparence et de responsabilité ne fasse chuter la confiance accordée aux conseils émis par les grands organismes de santé publique.
L’Assemblée parlementaire a mis en lumière la gestion de la pandémie H1N1 de la manière la plus complète possible et par le biais d’un dialogue ouvert avec l’OMS et d’autres acteurs. Elle accueille favorablement les enquêtes initiées par diverses autorités de santé publique, y compris par l’OMS, et demande à toutes les parties concernées de partager les résultats afin de tirer les leçons de cette expérience et de veiller à ce que les responsabilités soient assumées pour toute erreur commise. L’Assemblée considère qu’une révision approfondie des systèmes de gouvernance existants ainsi que la communication immédiate d’informations essentielles non encore publiées sont de la plus grande importance. Elles pourraient permettre de rétablir la confiance en des décisions et des conseils de santé publique pour s’assurer que ceux-ci soient suivis dans le cas d’une prochaine maladie infectieuse d’envergure mondiale, qui pourrait s’avérer plus grave encore.
A.	Projet de résolution 
(open)B.	Projet de recommandation 
(open)C. Exposé des motifs, par M. Flynn, rapporteur
(open)1. Introduction
«Les Nations Unies et le monde des affaires ont besoin l’un de l’autre. Nous avons besoin de vos innovations, de votre sens de l’initiative et de vos prouesses technologiques. Mais le monde des affaires a aussi besoin des Nations Unies. Le vrai sens du travail des Nations Unies est de créer l’environnement idéal qui permettra au monde des affaires de s’épanouir.»
	Ban Ki-moon, Secrétaire général des Nations Unies 
«Nous sommes censés nous préparer à une pandémie de grippe d’un certain type, car les observateurs de la grippe, ceux qui consacrent leur carrière à l’étude des virus et qui ont besoin d’un flux continu de subventions pour poursuivre cette étude, doivent convaincre les bailleurs de fonds de l’urgence de combattre un fléau à venir.»
	Professeur Philip Alcabes dans Dread 
 . La commission a tenu un échange de
vues avec le Dr Fiona Godlee (éditrice
en chef du British Medical Journal –
BMJ) le 4 juin 2010, à Paris, avant d’adopter le rapport.
. La commission a tenu un échange de
vues avec le Dr Fiona Godlee (éditrice
en chef du British Medical Journal –
BMJ) le 4 juin 2010, à Paris, avant d’adopter le rapport. 2. Riposte mondiale à la pandémie H1N1 – Faits essentiels et perception
Déclaration de la pandémie
 .
Le 11 juin 2009, la pandémie étant donc officiellement déclarée
et le passage au niveau d’alerte pandémique en phase 6
.
Le 11 juin 2009, la pandémie étant donc officiellement déclarée
et le passage au niveau d’alerte pandémique en phase 6  était annoncé. Selon certains experts,
cette déclaration dès les prémices de la maladie et peu de temps
après la détection des premières infections au Mexique en avril
2009, n’a été possible que parce que l’OMS a modifié la description
des phases d’alerte pandémique en mai 2009 et notamment parce que
le critère relatif à la gravité de la maladie n’a plus été pris en
compte dans la définition pour le passage au niveau d’alerte maximal
 était annoncé. Selon certains experts,
cette déclaration dès les prémices de la maladie et peu de temps
après la détection des premières infections au Mexique en avril
2009, n’a été possible que parce que l’OMS a modifié la description
des phases d’alerte pandémique en mai 2009 et notamment parce que
le critère relatif à la gravité de la maladie n’a plus été pris en
compte dans la définition pour le passage au niveau d’alerte maximal  .
. Nombre d’infections et de décès
 . Des conclusions définitives sur le
déclenchement de la pandémie devaient être établies après avril
2010, mois au cours duquel la grippe saisonnière normale prend généralement
fin; elles n’ont toutefois pas encore été publiées par l’OMS. D’après
l’OMS, il faudra attendre deux ou trois ans après la fin de la pandémie
actuelle pour avoir des estimations fiables du nombre de décès et
du taux de mortalité qu’elle aura provoqués
. Des conclusions définitives sur le
déclenchement de la pandémie devaient être établies après avril
2010, mois au cours duquel la grippe saisonnière normale prend généralement
fin; elles n’ont toutefois pas encore été publiées par l’OMS. D’après
l’OMS, il faudra attendre deux ou trois ans après la fin de la pandémie
actuelle pour avoir des estimations fiables du nombre de décès et
du taux de mortalité qu’elle aura provoqués  . Au moment de
l’élaboration du présent rapport, le nombre de cas de grippe en
Europe avait diminué et le virus pandémique n’était plus détecté
que de façon sporadique. Le Réseau mondial OMS de surveillance de
la grippe (GISN) continue à surveiller la circulation des virus
de grippe au niveau mondial, y compris les virus de grippe pandémique,
saisonnière et autres, infectant ou risquant d’infecter l’être humain
. Au moment de
l’élaboration du présent rapport, le nombre de cas de grippe en
Europe avait diminué et le virus pandémique n’était plus détecté
que de façon sporadique. Le Réseau mondial OMS de surveillance de
la grippe (GISN) continue à surveiller la circulation des virus
de grippe au niveau mondial, y compris les virus de grippe pandémique,
saisonnière et autres, infectant ou risquant d’infecter l’être humain  .
. .
.Stratégies de vaccination
 .
.  . Certains pays ont suivi
les recommandations des groupes pharmaceutiques préconisant une
double vaccination afin de garantir une protection totale contre
le virus et ont ainsi acheté les quantités correspondantes de vaccins.
L’adoption de certaines approches radicales a été justifiée par
les prédictions «pessimistes» sur le nombre de cas et de décès que
pourrait causer la pandémie.
. Certains pays ont suivi
les recommandations des groupes pharmaceutiques préconisant une
double vaccination afin de garantir une protection totale contre
le virus et ont ainsi acheté les quantités correspondantes de vaccins.
L’adoption de certaines approches radicales a été justifiée par
les prédictions «pessimistes» sur le nombre de cas et de décès que
pourrait causer la pandémie. Des perceptions qui divergent
 . Ce sont précisément
ces mises en garde qui ont attiré l’attention de l’Assemblée parlementaire
sur la question et l’ont incitée à s’y atteler et à demander l’élaboration
du présent rapport.
. Ce sont précisément
ces mises en garde qui ont attiré l’attention de l’Assemblée parlementaire
sur la question et l’ont incitée à s’y atteler et à demander l’élaboration
du présent rapport. 3. Gestion de la pandémie H1N1 – Transparence et responsabilité des mesures de santé publique?
3.1. Le rôle de l’Organisation mondiale de la santé (OMS)
 ,
l’OMS a pour objectif d’amener tous les peuples au niveau de santé
le plus élevé possible. Elle coordonne et dirige, dans le domaine
de la santé, des travaux ayant un caractère international et fournit
une assistance technique et l’aide nécessaire dans les cas d’urgence.
Elle s’emploie à former une opinion publique éclairée en matière
de santé et œuvre en faveur de l’éradication des maladies épidémiques,
endémiques et autres. L’OMS est donc l’autorité internationale en
matière de recommandations de santé publique pour les 193 Etats
membres de l’organisation. Compte tenu de son succès incontestable dans
l’éradication de maladies humaines majeures (comme la variole) et
le contrôle de certaines autres, l’OMS mérite en toute légitimité
que ses Etats membres lui témoignent tout le respect qui lui est
dû et lui apportent un soutien et une collaboration active par le
biais de structures de gouvernance prévues à cet effet.
,
l’OMS a pour objectif d’amener tous les peuples au niveau de santé
le plus élevé possible. Elle coordonne et dirige, dans le domaine
de la santé, des travaux ayant un caractère international et fournit
une assistance technique et l’aide nécessaire dans les cas d’urgence.
Elle s’emploie à former une opinion publique éclairée en matière
de santé et œuvre en faveur de l’éradication des maladies épidémiques,
endémiques et autres. L’OMS est donc l’autorité internationale en
matière de recommandations de santé publique pour les 193 Etats
membres de l’organisation. Compte tenu de son succès incontestable dans
l’éradication de maladies humaines majeures (comme la variole) et
le contrôle de certaines autres, l’OMS mérite en toute légitimité
que ses Etats membres lui témoignent tout le respect qui lui est
dû et lui apportent un soutien et une collaboration active par le
biais de structures de gouvernance prévues à cet effet.Système de gouvernance de l’OMS et des instances concernées par les situations de pandémie
Adéquation et pertinence des mesures
 . Ceux
toutefois qui étaient en faveur de mesures de grande envergure,
les justifiaient par ce que l’on appelle le «principe de précaution».
De nombreux scientifiques prévoyaient de longue date la survenue
d’une nouvelle pandémie mondiale et étaient donc extrêmement sensibilisés
aux conséquences dramatiques que pouvaient avoir de nouveaux virus.
En outre la possible mutation du virus de la grippe porcine était
considérée comme le danger le plus grave puisqu’il aurait pu entraîner
l’inefficacité des traitements et vaccins antigrippaux existants
et également accentuer la gravité de la maladie.
. Ceux
toutefois qui étaient en faveur de mesures de grande envergure,
les justifiaient par ce que l’on appelle le «principe de précaution».
De nombreux scientifiques prévoyaient de longue date la survenue
d’une nouvelle pandémie mondiale et étaient donc extrêmement sensibilisés
aux conséquences dramatiques que pouvaient avoir de nouveaux virus.
En outre la possible mutation du virus de la grippe porcine était
considérée comme le danger le plus grave puisqu’il aurait pu entraîner
l’inefficacité des traitements et vaccins antigrippaux existants
et également accentuer la gravité de la maladie. ,
lors d’une audition de l’Assemblée parlementaire tenue à Paris le
29 mars 2010, a déclaré que «peu (voire aucun) de systèmes nationaux
et internationaux de surveillance font la différence entre grippe
réelle et syndrome grippal, soit parce qu’ils estiment que cela
n’a pas d’importance, soit parce que le “système” n’est pas prévu
pour, soit pour d’autres raisons encore floues». Il a en outre indiqué
que seulement 7 à 15 % des personnes présentant des symptômes grippaux
avaient réellement la grippe. Autrement dit, les programmes de vaccination
sont destinés à contrer ce que les systèmes de surveillance à travers
le monde appellent «la grippe» (influenza)
mais qui est en réalité un syndrome grippal ou une grippe légère.
Il s’est, avec ces arguments, fait l’écho de la préoccupation de
certains experts critiques quant à la pertinence des mesures prises
face à la situation du H1N1. Par ailleurs, de nombreux pays ont
eu des difficultés à clairement faire la distinction entre les patients
qui sont morts en ayant la
grippe porcine (c’est-à-dire ceux présentant des symptômes de la
grippe porcine mais dont le décès a été causé par d’autres pathologies)
et les patients qui sont morts de la
grippe porcine (c’est-à-dire ceux chez lesquels la grippe porcine
est la principale cause du décès); certaines statistiques sur lesquelles
des décisions ultérieures de santé publique se sont fondées, ont pu
s’en trouver «faussées». Très récemment, le Dr Klaus Stoehr qui
avait été responsable jusqu’en 2007 du système d’alerte relatif
aux pandémies au sein de l’OMS, a renforcé les doutes quant à la
pertinence des mesures prises par rapport à la grippe H1N1 en affirmant:
«La programmation des pandémies dans laquelle j’ai été impliqué
a toujours été basée sur un événement grave de santé publique. (...)
Passer à la phase 6 signifiait que nous voulions que les gouvernements
(...) démarrent leurs programmes, qu’ils les considèrent urgents
ou non.» Ensuite, il a exprimé sa conviction que, rétrospectivement,
il n’était pas nécessaire de passer à la phase 6 aussi rapidement,
et que l’OMS, au courant de l’été 2009, avait omis de lire les signes
concernant la grippe porcine en provenance de l’hémisphère Sud
,
lors d’une audition de l’Assemblée parlementaire tenue à Paris le
29 mars 2010, a déclaré que «peu (voire aucun) de systèmes nationaux
et internationaux de surveillance font la différence entre grippe
réelle et syndrome grippal, soit parce qu’ils estiment que cela
n’a pas d’importance, soit parce que le “système” n’est pas prévu
pour, soit pour d’autres raisons encore floues». Il a en outre indiqué
que seulement 7 à 15 % des personnes présentant des symptômes grippaux
avaient réellement la grippe. Autrement dit, les programmes de vaccination
sont destinés à contrer ce que les systèmes de surveillance à travers
le monde appellent «la grippe» (influenza)
mais qui est en réalité un syndrome grippal ou une grippe légère.
Il s’est, avec ces arguments, fait l’écho de la préoccupation de
certains experts critiques quant à la pertinence des mesures prises
face à la situation du H1N1. Par ailleurs, de nombreux pays ont
eu des difficultés à clairement faire la distinction entre les patients
qui sont morts en ayant la
grippe porcine (c’est-à-dire ceux présentant des symptômes de la
grippe porcine mais dont le décès a été causé par d’autres pathologies)
et les patients qui sont morts de la
grippe porcine (c’est-à-dire ceux chez lesquels la grippe porcine
est la principale cause du décès); certaines statistiques sur lesquelles
des décisions ultérieures de santé publique se sont fondées, ont pu
s’en trouver «faussées». Très récemment, le Dr Klaus Stoehr qui
avait été responsable jusqu’en 2007 du système d’alerte relatif
aux pandémies au sein de l’OMS, a renforcé les doutes quant à la
pertinence des mesures prises par rapport à la grippe H1N1 en affirmant:
«La programmation des pandémies dans laquelle j’ai été impliqué
a toujours été basée sur un événement grave de santé publique. (...)
Passer à la phase 6 signifiait que nous voulions que les gouvernements
(...) démarrent leurs programmes, qu’ils les considèrent urgents
ou non.» Ensuite, il a exprimé sa conviction que, rétrospectivement,
il n’était pas nécessaire de passer à la phase 6 aussi rapidement,
et que l’OMS, au courant de l’été 2009, avait omis de lire les signes
concernant la grippe porcine en provenance de l’hémisphère Sud  .
. . Dans sa déclaration qui
remonte à janvier 2010, il ajoutait en outre qu’il était encore
trop tôt pour dire si la pandémie était terminée et qu’une nouvelle
vague épidémique en Europe était encore possible à l’hiver ou au
printemps.
. Dans sa déclaration qui
remonte à janvier 2010, il ajoutait en outre qu’il était encore
trop tôt pour dire si la pandémie était terminée et qu’une nouvelle
vague épidémique en Europe était encore possible à l’hiver ou au
printemps.  . Selon le rapporteur, il est donc
primordial que les décisions clés relatives aux menaces pesant sur
la santé publique, notamment lorsque règne un climat d’incertitude, soient
prises en toute transparence. L’opinion publique doit par ailleurs
avoir accès à des informations complètes afin que même les personnes
ayant des connaissances scientifiques limitées n’aient pas de difficulté
à suivre les arguments. A cet égard, le rapporteur reconnaît qu’il
est difficile d’évaluer et de communiquer sur l’impact d’un virus
et que ce n’est que rétrospectivement que l’on peut juger du caractère grave,
bénin ou modéré d’une pandémie. Toutefois, afin d’éviter de céder
à un penchant anxieux, où les réactions sont guidées dans une plus
grande mesure par l’inquiétude que par la maladie elle-même, certains observateurs
ont récemment appelé à une approche plus pondérée face à l’apparition
d’infections et rappelé la nécessité de revoir à la fois l’évaluation
des risques et les stratégies de gestion des risques
. Selon le rapporteur, il est donc
primordial que les décisions clés relatives aux menaces pesant sur
la santé publique, notamment lorsque règne un climat d’incertitude, soient
prises en toute transparence. L’opinion publique doit par ailleurs
avoir accès à des informations complètes afin que même les personnes
ayant des connaissances scientifiques limitées n’aient pas de difficulté
à suivre les arguments. A cet égard, le rapporteur reconnaît qu’il
est difficile d’évaluer et de communiquer sur l’impact d’un virus
et que ce n’est que rétrospectivement que l’on peut juger du caractère grave,
bénin ou modéré d’une pandémie. Toutefois, afin d’éviter de céder
à un penchant anxieux, où les réactions sont guidées dans une plus
grande mesure par l’inquiétude que par la maladie elle-même, certains observateurs
ont récemment appelé à une approche plus pondérée face à l’apparition
d’infections et rappelé la nécessité de revoir à la fois l’évaluation
des risques et les stratégies de gestion des risques  .
.Changer la définition d’une pandémie
 . En d’autres termes, une
pandémie a pu être déclarée sans qu’il y ait eu besoin de montrer
que son impact sur la population risquait d’être grave (s’agissant
par exemple de la gravité de la maladie et du nombre de décès).
La définition antérieure au 4 mai 2009 était libellée comme suit
«Une pandémie de grippe survient lorsqu’apparaît un virus nouveau
contre lequel le système immunitaire humain est sans défense, donnant
lieu à une épidémie mondiale provoquant un nombre considérable de
cas et de décès. Le nouveau virus grippal est d’autant plus susceptible
de se propager rapidement dans le monde que les transports internationaux
ainsi que l’urbanisation et les conditions de surpeuplement s’intensifient»;
voilà à présent la même définition telle qu’elle apparaît sur le
site internet de l’OMS après cette date: «Une maladie épidémique
survient lorsque la prévalence de cette maladie est supérieure à
la normale. Une pandémie est une épidémie mondiale. Une pandémie
de grippe peut survenir lorsqu’apparaît un nouveau virus de grippe
contre lequel la population humaine n’est pas immunisée (…) L’intensité
d’une pandémie peut être modérée ou forte en termes de cas et de
décès provoqués et peut varier au cours de l’évolution de la pandémie.»
. En d’autres termes, une
pandémie a pu être déclarée sans qu’il y ait eu besoin de montrer
que son impact sur la population risquait d’être grave (s’agissant
par exemple de la gravité de la maladie et du nombre de décès).
La définition antérieure au 4 mai 2009 était libellée comme suit
«Une pandémie de grippe survient lorsqu’apparaît un virus nouveau
contre lequel le système immunitaire humain est sans défense, donnant
lieu à une épidémie mondiale provoquant un nombre considérable de
cas et de décès. Le nouveau virus grippal est d’autant plus susceptible
de se propager rapidement dans le monde que les transports internationaux
ainsi que l’urbanisation et les conditions de surpeuplement s’intensifient»;
voilà à présent la même définition telle qu’elle apparaît sur le
site internet de l’OMS après cette date: «Une maladie épidémique
survient lorsque la prévalence de cette maladie est supérieure à
la normale. Une pandémie est une épidémie mondiale. Une pandémie
de grippe peut survenir lorsqu’apparaît un nouveau virus de grippe
contre lequel la population humaine n’est pas immunisée (…) L’intensité
d’une pandémie peut être modérée ou forte en termes de cas et de
décès provoqués et peut varier au cours de l’évolution de la pandémie.» . Ces définitions et
commentaires livrés au moment où la pandémie était imminente suscitèrent
la confusion chez les professionnels de la santé publique concernés
tout comme chez les observateurs au sein de l’ensemble de l’opinion
publique européenne.
. Ces définitions et
commentaires livrés au moment où la pandémie était imminente suscitèrent
la confusion chez les professionnels de la santé publique concernés
tout comme chez les observateurs au sein de l’ensemble de l’opinion
publique européenne.Le partenariat public-privé passé au crible
 .
.  .
. . Parmi les facteurs éveillant
les soupçons d’abus d’influence, on peut citer la conclusion précoce
d’accords contractuels en matière de délivrance des vaccins entre
les Etats membres et les groupes pharmaceutiques ainsi que les bénéfices
que ces groupes ont pu réaliser à la suite de la pandémie de grippe.
Le principal soupçon porte toutefois sur les liens professionnels
qu’entretiendraient les membres des conseils consultatifs de l’OMS
avec les groupes pharmaceutiques, ce qui remettrait en cause la
neutralité de leurs avis. Malheureusement, l’OMS ayant refusé de
divulguer les noms et les déclarations d’intérêts des personnes
concernées, toute recherche menée actuellement sur la question dépend entièrement
des résultats du journalisme d’investigation
. Parmi les facteurs éveillant
les soupçons d’abus d’influence, on peut citer la conclusion précoce
d’accords contractuels en matière de délivrance des vaccins entre
les Etats membres et les groupes pharmaceutiques ainsi que les bénéfices
que ces groupes ont pu réaliser à la suite de la pandémie de grippe.
Le principal soupçon porte toutefois sur les liens professionnels
qu’entretiendraient les membres des conseils consultatifs de l’OMS
avec les groupes pharmaceutiques, ce qui remettrait en cause la
neutralité de leurs avis. Malheureusement, l’OMS ayant refusé de
divulguer les noms et les déclarations d’intérêts des personnes
concernées, toute recherche menée actuellement sur la question dépend entièrement
des résultats du journalisme d’investigation  .
. ont à plusieurs reprises
réclamé la publication de la liste des experts et de leurs déclarations
d’intérêts respectives, l’OMS s’est refusée à fournir ces informations.
L’organisation s’abstient aujourd’hui encore de divulguer des informations
supplémentaires sur les intérêts des experts, invoquant l’argument
du respect de leur vie privée et la nécessité d’éviter qu’ils aient
à subir une forte pression de la part de certaines sociétés privées
ou groupes de pression. Le rapporteur est très préoccupé par cette
attitude et reste convaincu qu’il est à tout à fait justifié d’exiger
une transparence totale concernant les profils des experts dont
les recommandations ont tant de conséquences pour le secteur de
la santé publique ainsi que pour la santé et le bien-être des Européens.
 ont à plusieurs reprises
réclamé la publication de la liste des experts et de leurs déclarations
d’intérêts respectives, l’OMS s’est refusée à fournir ces informations.
L’organisation s’abstient aujourd’hui encore de divulguer des informations
supplémentaires sur les intérêts des experts, invoquant l’argument
du respect de leur vie privée et la nécessité d’éviter qu’ils aient
à subir une forte pression de la part de certaines sociétés privées
ou groupes de pression. Le rapporteur est très préoccupé par cette
attitude et reste convaincu qu’il est à tout à fait justifié d’exiger
une transparence totale concernant les profils des experts dont
les recommandations ont tant de conséquences pour le secteur de
la santé publique ainsi que pour la santé et le bien-être des Européens.  .
Parallèlement, l’OMS a rappelé à plusieurs reprises qu’elle considérait
que les mécanismes existants étaient satisfaisants, mais a fait
savoir que les allégations de conflits d’intérêts qui n’auraient
pas été déclarés étaient prises très au sérieux et feraient l’objet
de mesures. Dès janvier 2010, l’OMS a annoncé son intention d’examiner
la manière dont la pandémie était gérée et prévoyait également une évaluation
de ses propres performances, avec la participation d’experts externes
et en vue de procéder à un examen du Règlement sanitaire international
(RSI) existant.
.
Parallèlement, l’OMS a rappelé à plusieurs reprises qu’elle considérait
que les mécanismes existants étaient satisfaisants, mais a fait
savoir que les allégations de conflits d’intérêts qui n’auraient
pas été déclarés étaient prises très au sérieux et feraient l’objet
de mesures. Dès janvier 2010, l’OMS a annoncé son intention d’examiner
la manière dont la pandémie était gérée et prévoyait également une évaluation
de ses propres performances, avec la participation d’experts externes
et en vue de procéder à un examen du Règlement sanitaire international
(RSI) existant. ,
une évaluation interne a été lancée par l’OMS et menée par le Comité
d’examen sur le fonctionnement du Règlement sanitaire international
(2005) concernant la pandémie (H1N1) de 2009. Le Comité s’est réuni
pour la première fois du 12 au 14 avril 2010 à Genève. D’après son premier
rapport, le Comité s’était fixé trois objectifs: 1. évaluer le RSI
eu égard à la pandémie actuelle; 2. analyser le champ, l’adéquation,
l’efficacité et la réactivité des mesures mondiales ainsi que le
rôle du secrétariat de l’OMS; et, 3. dégager et analyser les principaux
enseignements tirés de la riposte mondiale à la pandémie actuelle.
,
une évaluation interne a été lancée par l’OMS et menée par le Comité
d’examen sur le fonctionnement du Règlement sanitaire international
(2005) concernant la pandémie (H1N1) de 2009. Le Comité s’est réuni
pour la première fois du 12 au 14 avril 2010 à Genève. D’après son premier
rapport, le Comité s’était fixé trois objectifs: 1. évaluer le RSI
eu égard à la pandémie actuelle; 2. analyser le champ, l’adéquation,
l’efficacité et la réactivité des mesures mondiales ainsi que le
rôle du secrétariat de l’OMS; et, 3. dégager et analyser les principaux
enseignements tirés de la riposte mondiale à la pandémie actuelle.  .
Le rapporteur est, cependant, très préoccupé par le fait qu’il apparaît
que certains des membres du comité d’examen sont également membres
du comité d’urgence dont ils devraient évaluer les actions (en particulier
le président de ce dernier)
.
Le rapporteur est, cependant, très préoccupé par le fait qu’il apparaît
que certains des membres du comité d’examen sont également membres
du comité d’urgence dont ils devraient évaluer les actions (en particulier
le président de ce dernier)  .
.Communication et dialogue sur les questions sensibles de santé
 . La plupart des personnes, toutefois, s’attendaient
à des conséquences plus dramatiques, notamment parce qu’au printemps
2009, la grippe porcine qui s’annonçait avait été à plusieurs reprises
comparée aux précédentes maladies infectieuses comme la grippe aviaire
et le SRAS de ces dernières années mais aussi à la grippe espagnole
de 1918. Pour certains experts, comme le professeur Keil, épidémiologiste
et directeur du centre collaborateur de l’OMS en épidémiologie de
l’université de Münster (Allemagne) qui s’est exprimé lors de l’audition
publique du  26 janvier 2010, la comparaison avec la ’grippe espagnole’
de 1918 ne se justifiait pas d’une manière générale dans la mesure
où les données empiriques étaient loin d’être comparables. La ’grippe
espagnole’ s’était propagée dans le contexte historique de la première
guerre mondiale, où les infections étaient facilement transmises
par les soldats, dont un grand nombre souffrait de malnutrition
et ne bénéficiait pas de médicaments considérés comme basiques aujourd’hui,
tels que la pénicilline. En réponse à cela, l’OMS a déclaré que
la référence à de précédents événements sanitaires devait être interprétée
comme un signe positif: elle cite l’exemple du SRAS dont la propagation
a été enrayée avec succès, ce qui constitue une victoire majeure
pour la santé publique
. La plupart des personnes, toutefois, s’attendaient
à des conséquences plus dramatiques, notamment parce qu’au printemps
2009, la grippe porcine qui s’annonçait avait été à plusieurs reprises
comparée aux précédentes maladies infectieuses comme la grippe aviaire
et le SRAS de ces dernières années mais aussi à la grippe espagnole
de 1918. Pour certains experts, comme le professeur Keil, épidémiologiste
et directeur du centre collaborateur de l’OMS en épidémiologie de
l’université de Münster (Allemagne) qui s’est exprimé lors de l’audition
publique du  26 janvier 2010, la comparaison avec la ’grippe espagnole’
de 1918 ne se justifiait pas d’une manière générale dans la mesure
où les données empiriques étaient loin d’être comparables. La ’grippe
espagnole’ s’était propagée dans le contexte historique de la première
guerre mondiale, où les infections étaient facilement transmises
par les soldats, dont un grand nombre souffrait de malnutrition
et ne bénéficiait pas de médicaments considérés comme basiques aujourd’hui,
tels que la pénicilline. En réponse à cela, l’OMS a déclaré que
la référence à de précédents événements sanitaires devait être interprétée
comme un signe positif: elle cite l’exemple du SRAS dont la propagation
a été enrayée avec succès, ce qui constitue une victoire majeure
pour la santé publique  .
. .»
.»3.2. Le rôle de l’industrie pharmaceutique
 . Au
niveau européen les vaccins – Focetria de Novartis, Pandemrix de
GlaxoSmithKline, Celvapan de Baxter International et Panenza de
Sanofi-Pasteur – ont été utilisés lors de la pandémie H1N1. Ces
sociétés appartiennent au groupe des Producteurs européens de vaccins
(EVM) qui dépend de la Fédération européenne des industries et associations
pharmaceutiques (EFPIA).
. Au
niveau européen les vaccins – Focetria de Novartis, Pandemrix de
GlaxoSmithKline, Celvapan de Baxter International et Panenza de
Sanofi-Pasteur – ont été utilisés lors de la pandémie H1N1. Ces
sociétés appartiennent au groupe des Producteurs européens de vaccins
(EVM) qui dépend de la Fédération européenne des industries et associations
pharmaceutiques (EFPIA).  .
.  .
Dans ses déclarations officielles, l’Agence a affirmé que, malgré
les courts délais d’obtention des autorisations de mise sur le marché,
ces vaccins avaient été suffisamment testés, tout comme les adjuvants
utilisés
.
Dans ses déclarations officielles, l’Agence a affirmé que, malgré
les courts délais d’obtention des autorisations de mise sur le marché,
ces vaccins avaient été suffisamment testés, tout comme les adjuvants
utilisés  . La question de savoir
si suffisamment de tests ont été pratiqués suscite une grande controverse
au sein de la communauté médicale. Il semblerait toutefois qu’au
moins un vaccin sans adjuvant de Sanofi-Pasteur (Panenza) ait fait
l’objet d’un traitement différent et ait obtenu une autorisation
dans certains pays, comme la France, sans passer par toutes les
procédures strictes prévues au niveau européen
. La question de savoir
si suffisamment de tests ont été pratiqués suscite une grande controverse
au sein de la communauté médicale. Il semblerait toutefois qu’au
moins un vaccin sans adjuvant de Sanofi-Pasteur (Panenza) ait fait
l’objet d’un traitement différent et ait obtenu une autorisation
dans certains pays, comme la France, sans passer par toutes les
procédures strictes prévues au niveau européen  .
Sans vouloir porter un jugement définitif sur cette question scientifique
très pointue, le rapporteur considère qu’il est tout à fait légitime
de se demander si les données scientifiques disponibles étaient
suffisantes pour lever tous les doutes qui auraient pu subsister
à l’égard de ces produits.
.
Sans vouloir porter un jugement définitif sur cette question scientifique
très pointue, le rapporteur considère qu’il est tout à fait légitime
de se demander si les données scientifiques disponibles étaient
suffisantes pour lever tous les doutes qui auraient pu subsister
à l’égard de ces produits.  .
Quelques mois après l’annonce de la pandémie, l’Agence européenne
du médicament elle-même a signalé que «seules quelques données sur
l’innocuité et l’immunogénicité des vaccins contre la grippe A(H1N1)v
seront communiquées lorsque les Etats membres commenceront à utiliser
les vaccins. En outre, en raison d’une possible mutation du virus,
il conviendra de suivre l’efficacité des vaccins»
.
Quelques mois après l’annonce de la pandémie, l’Agence européenne
du médicament elle-même a signalé que «seules quelques données sur
l’innocuité et l’immunogénicité des vaccins contre la grippe A(H1N1)v
seront communiquées lorsque les Etats membres commenceront à utiliser
les vaccins. En outre, en raison d’une possible mutation du virus,
il conviendra de suivre l’efficacité des vaccins»  .
.  .
L’on pourrait se féliciter que les gouvernements et les groupes
pharmaceutiques aient anticipé une situation majeure de santé publique;
le rapporteur tient néanmoins à signaler que des éléments indiquent
que certains groupes industriels se sont livrés à des pratiques
commerciales douteuses. Le rapporteur se réfère notamment à la pression
exercée sur les gouvernements nationaux pour l’entrée en vigueur
des «contrats dormants» après des délais de réflexion très courts
(invoquant l’argument qui veut que le premier arrivé soit le premier
servi) et la tentative de rejeter la responsabilité générale des
effets secondaires des vaccins sur les gouvernements eux-mêmes (voir
l’expérience de la Pologne décrite plus loin). Compte tenu de ces
soupçons et des répercussions majeures sur les budgets de santé
publique dans l’ensemble de l’Europe, le rapporteur salue la volonté
manifestée par les groupes pharmaceutiques de renoncer aux accords
contractuels conclus avec les gouvernements nationaux et de leur
permettre de résilier certaines commandes qui n’ont pas encore été
livrées.
.
L’on pourrait se féliciter que les gouvernements et les groupes
pharmaceutiques aient anticipé une situation majeure de santé publique;
le rapporteur tient néanmoins à signaler que des éléments indiquent
que certains groupes industriels se sont livrés à des pratiques
commerciales douteuses. Le rapporteur se réfère notamment à la pression
exercée sur les gouvernements nationaux pour l’entrée en vigueur
des «contrats dormants» après des délais de réflexion très courts
(invoquant l’argument qui veut que le premier arrivé soit le premier
servi) et la tentative de rejeter la responsabilité générale des
effets secondaires des vaccins sur les gouvernements eux-mêmes (voir
l’expérience de la Pologne décrite plus loin). Compte tenu de ces
soupçons et des répercussions majeures sur les budgets de santé
publique dans l’ensemble de l’Europe, le rapporteur salue la volonté
manifestée par les groupes pharmaceutiques de renoncer aux accords
contractuels conclus avec les gouvernements nationaux et de leur
permettre de résilier certaines commandes qui n’ont pas encore été
livrées. . En tant
que tels, et du point de vue de l’économie de marché, les intérêts
commerciaux ne peuvent faire l’objet de critiques. Le rapporteur
souhaiterait toutefois soulever la question suivante: était-il justifié
de vendre aux gouvernements nationaux des vaccins H1N1 à des prix
deux à trois fois plus élevés que ceux pratiqués pour le vaccin
de la grippe saisonnière en utilisant essentiellement des adjuvants
brevetés et en réalisant par là même des bénéfices exagérément élevés
sur le dos d’une crise déclarée de santé publique?
. En tant
que tels, et du point de vue de l’économie de marché, les intérêts
commerciaux ne peuvent faire l’objet de critiques. Le rapporteur
souhaiterait toutefois soulever la question suivante: était-il justifié
de vendre aux gouvernements nationaux des vaccins H1N1 à des prix
deux à trois fois plus élevés que ceux pratiqués pour le vaccin
de la grippe saisonnière en utilisant essentiellement des adjuvants
brevetés et en réalisant par là même des bénéfices exagérément élevés
sur le dos d’une crise déclarée de santé publique? .
.3.3. Le rôle des Etats membres et de leurs autorités sanitaires
 .
Le rapporteur considère qu’avec du recul on peut considérer que
la France n’est pas dans une position enviable. Elle n’est toutefois
pas la seule à être dans cette situation.
.
Le rapporteur considère qu’avec du recul on peut considérer que
la France n’est pas dans une position enviable. Elle n’est toutefois
pas la seule à être dans cette situation.  . L’Assemblée
nationale et le Sénat ont adopté une approche proactive en organisant
une audition publique sur les mesures que pourraient prendre les chercheurs
et les pouvoirs publics eu égard à la grippe H1N1 par l’intermédiaire
de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et
technologiques
. L’Assemblée
nationale et le Sénat ont adopté une approche proactive en organisant
une audition publique sur les mesures que pourraient prendre les chercheurs
et les pouvoirs publics eu égard à la grippe H1N1 par l’intermédiaire
de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et
technologiques  . Le Sénat
français a mis en place une commission d’enquête sur le rôle des
sociétés pharmaceutiques dans la gestion de la grippe H1N1 par le
Gouvernement français, qui a débuté ses investigations en février
2010 dans la perspective de publier un rapport en août 2010. L’Assemblée
nationale a lancé une démarche parallèle dans le cadre de la «Commission
d’enquête sur la manière dont a été programmée, expliquée et gérée
la campagne de vaccination contre la grippe A (H1N1)» qui doit présenter
son rapport le 13 juillet 2010.
. Le Sénat
français a mis en place une commission d’enquête sur le rôle des
sociétés pharmaceutiques dans la gestion de la grippe H1N1 par le
Gouvernement français, qui a débuté ses investigations en février
2010 dans la perspective de publier un rapport en août 2010. L’Assemblée
nationale a lancé une démarche parallèle dans le cadre de la «Commission
d’enquête sur la manière dont a été programmée, expliquée et gérée
la campagne de vaccination contre la grippe A (H1N1)» qui doit présenter
son rapport le 13 juillet 2010. .
.3.4. Le rôle des instances de l’Union européenne
 . Le CEPCM, créé en 2005
et dont le siège est à Stockholm/Suède, a pour mission de déceler,
d’évaluer et de communiquer les menaces actuelles et émergentes
que des maladies infectieuses peuvent représenter pour la santé
humaine, en partenariat avec les organes nationaux pour la protection
de la santé en Europe et en associant des experts sanitaires de
toute l’Europe. Comme l’OMS, le CEPCM s’appuie sur ses organes consultatifs
internes. Les noms et déclarations d’intérêts des experts membres
de ces organes n’ont toujours pas non plus été communiqués.
. Le CEPCM, créé en 2005
et dont le siège est à Stockholm/Suède, a pour mission de déceler,
d’évaluer et de communiquer les menaces actuelles et émergentes
que des maladies infectieuses peuvent représenter pour la santé
humaine, en partenariat avec les organes nationaux pour la protection
de la santé en Europe et en associant des experts sanitaires de
toute l’Europe. Comme l’OMS, le CEPCM s’appuie sur ses organes consultatifs
internes. Les noms et déclarations d’intérêts des experts membres
de ces organes n’ont toujours pas non plus été communiqués.4. Conclusions – Recommandations
Annexe – Visite à l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Genève, 15 avril 2010.
(open)Réponses écrites de l’OMS aux questions posées par le rapporteur
A. GRIPPE SAISONNIÈRE ET PANDÉMIE: LA FLAMBÉE DE GRIPPE H1N1
1. Veuillez nous donner un aperçu de la définition de «pandémie grippale» et de toutes les modifications qui lui ont été apportées ces cinq dernières années? Quelle a été la raison qui a amené à modifier la définition de la pandémie grippale (mai 2009) et qui en a pris la responsabilité?
Par pandémie on entend la propagation planétaire d’une maladie
épidémique  : citons
par exemple une pandémie qui n’est pas liée à la grippe, l’apparition
et la propagation du VIH. La pandémie grippale renvoie spécifiquement
à l’apparition et la propagation mondiale d’un virus grippal qui
est «nouveau» en ce sens qu’il est «inédit» sur le plan immunologique
pour la majeure partie de la population mondiale.
: citons
par exemple une pandémie qui n’est pas liée à la grippe, l’apparition
et la propagation du VIH. La pandémie grippale renvoie spécifiquement
à l’apparition et la propagation mondiale d’un virus grippal qui
est «nouveau» en ce sens qu’il est «inédit» sur le plan immunologique
pour la majeure partie de la population mondiale. 
En 1999, l’OMS a publié ses premières lignes directrices de préparation à la pandémie fondées sur les contributions d’experts mondiaux. Ce document a été actualisé en 2005 et en 2009 pour y intégrer les évolutions des connaissances et des concepts scientifiques ainsi que des expériences en matière de santé publique. Ce sont ces lignes directrices qui comprennent les définitions des phases de la pandémie de l’OMS fournies aux pays pour les aider à planifier leurs actions au niveau national.
Le document de 1999 est intitulé «Plan de préparation à la pandémie grippale: le rôle de l’OMS et les lignes directrices pour la planification nationale et régionale (WHO/CDS/CSR/EDC/99.1). A la page 14, ce document indique: «La pandémie sera déclarée lorsqu’il sera avéré que le nouveau sous-type de virus aura causé plusieurs flambées dans au moins un pays, et qu’il se sera propagé à d’autres pays, avec des modèles cohérents indiquant la probabilité d’une morbidité et d’une mortalité graves dans au moins une fraction de la population. Par début, on entend le moment où l’OMS confirme qu’un virus d’un nouveau sous-type hémagglutinique comparé aux récentes souches épidémiques commence à se propager à partir d’un ou de plusieurs foyers initiaux. Selon le nombre d’alertes précoces, cette phase peut ou peut ne pas être précédée par la série précitée de niveaux progressifs de préparation». La même formulation est utilisée au tableau 1 de la page 19. La gravité n’est pas expressément indiquée comme critère.
Le document de 2005 est intitulé: «Plan mondial OMS de préparation à une pandémie de grippe. Le rôle de l’OMS et les recommandations relatives aux mesures à prendre à l’échelon national avant et pendant une pandémie». Le résumé d’orientation donne à la page 1 plusieurs raisons qui ont conduit à actualiser le document: «Ce nouveau plan tient compte de la possibilité de l’existence prolongée d’un virus grippal potentiellement pandémique tel que le virus appartenant au sous-type H5N1 qui sévit dans les élevages de volaille d’Asie depuis 2003». A la page 2, dans le tableau des nouvelles phases, la phase pandémique se définit par «une transmission accrue et durable dans la population générale». Dans la note de bas de page b, qui concerne les phases 3, 4, et 5, il est dit que entre ces phases est «basée sur une évaluation du risque de pandémie. Divers facteurs et leur importance relative compte tenu des connaissances scientifiques du moment peuvent être pris en compte. Il peut s’agir de la vitesse de transmission, de la localisation et de l’extension géographiques du virus, de la gravité de la maladie, de la présence de gènes appartenant à des souches pathogènes pour l’homme (si elles sont dérivées d’une souche rencontrée chez l’animal) et/ou d’autres paramètres scientifiques».
En d’autres termes, de nombreux facteurs potentiels peuvent être pris en compte. La gravité n’est pas expressément indiquée comme critère.
Le document de 2009 est intitulé: «Préparation et action en cas de grippe pandémique. Document d’orientation de l’OMS». Dans les remerciements, cet ouvrage est attribué à plus de 135 experts et à plus de 90 employés de l’OMS. A la page 3, l’avant-propos précise: «Les informations et les recommandations contenues dans le présent document ont été formulées avec l’avis d’experts à l’issue de plusieurs consultations internationales au cours desquelles on a examiné les informations et les études de modélisation disponibles, pris en compte les contributions d’experts de la santé publique fondées sur les enseignements de l’action menée face au SRAS et aux flambées de grippe humaine et animale, et fait la synthèse des recommandations figurant dans les documents d’orientation existant de l’OMS. Le présent document a fait l’objet d’un examen public approfondi». A la page 10, le résumé d’orientation donne les raisons de la mise à jour du document et notamment celle de «refléter plus précisément le risque de pandémie et la situation épidémiologique sur la base de phénomènes observables». A la page 13, tableau 1, la phase 6 est définie ainsi: «Outre les critères définis pour la phase 5, le même virus a provoqué des flambées soutenues à l’échelon communautaire dans au moins un pays d’une autre région de l’OMS.» Dans tout ce travail, l’OMS n’a pas cherché à définir ou à redéfinir ce qu’est une «pandémie». Elle a donné des descriptifs de pandémie fondés sur des observations historiques tout en énonçant une approche par phase à la riposte à la pandémie, incluant les définitions des phases pandémiques.
2. Veuillez expliquer comment la flambée de la grippe H1N1 de 2009 correspond à la définition d’une pandémie, contrairement à la propagation planétaire et à la mutation annuelles des virus de la grippe saisonnière?
Le virus H1N1 pandémique a été considéré comme «nouveau» parce qu’il contient une constellation de gènes provenant de virus grippaux animaux et parce que les tests antigéniques indiquent que des anticorps au virus existant de la grippe humaine H1N1 ne réagissent pas au nouveau virus, ce qui indique que le virus serait «inédit» sur le plan immunologique pour la plupart des personnes ou pour bon nombre d’entre elles. Cette constellation de gènes n’avait jamais été vue auparavant dans un virus grippal pouvant contaminer les êtres humains. La propagation mondiale rapide et bien documentée de ce virus a été associée à des modèles de morbidité épidémiologiques inhabituels tels qu’une activité forte de la maladie dans de nombreux pays au cours des mois d’été. L’infection a été aussi associée à un modèle inhabituel de morbidité présentant un degré élevé de mortalité et de gravité de la maladie observé chez les jeunes dont un grand nombre était en bonne santé.
En revanche, les épidémies de grippe humaine saisonnière se caractérisent par des variantes de virus bien connus qui suivent généralement des modèles épidémiologiques et de morbidité différents de ceux associés au virus pandémique H1N1.
Des analyses plus récentes ont montré que l’hémagglutinine de ce virus H1N1 (déterminant fondamental de l’immunogénicité) dérive probablement de celui du virus de 1918. Ainsi, la vaste majorité de la population humaine n’aura pas d’immunité préexistante à ce virus et sera donc vulnérable à l’infection.
La propagation du virus pandémique H1N1 2009 a clairement causé une pandémie grippale mondiale.
3. Veuillez expliquer pourquoi le nombre de décès n’est plus pris en compte dans la définition d’une «pandémie grippale» et dire si cela pourrait à nouveau changer?
L’OMS n’a jamais spécifié aucun nombre de décès comme faisant partie «des définitions des phases de la pandémie». Voir la documentation précitée. Mais l’OMS a souligné que l’impact des pandémies est variable et qu’il a été très élevé dans certaines pandémies passées.
4. L’OMS a dit dans le passé qu’une pandémie causait «un nombre considérable de décès et de maladies». Toutefois, les deux dernières pandémies grippales se seraient produites en 1957 et 1968 mais rares sont les personnes parmi celles qui les ont vécues qui s’en sont rendu compte. Il y en a encore moins pour se rappeler la flambée du nouveau virus de la «grippe russe» en 1977. De même, le SRAS a infecté moins de 8 000 personnes dans un monde qui en compte 6 milliards. Il semblerait donc que les pandémies peuvent être fortes ou faibles. De quelle manière le plan pandémique de l’OMS a-t-il anticipé la possibilité de formes légères et graves de pandémie et comment s’y est-elle préparée?
Dans tous les documents de préparation et d’action en cas de pandémie établis par l’OMS, il a été prévu que la prochaine pandémie pourrait avoir des niveaux variables de gravité. La mortalité estimée des pandémies grippales au XXe siècle a varié d’environ 1 million en 1968-1969 à plus de 40 millions en 1918-1919. La limitation du SRAS est considérée comme une victoire importante de la santé publique et l’un des grands tournants dans la santé publique moderne, qui a montré que la coordination mondiale peut freiner la propagation d’une nouvelle maladie émergente. Toutes les variantes, versions (1999, 2005, 2009) des lignes directrices de préparation de l’OMS à la pandémie ont anticipé la possibilité que l’impact pouvait être fort.
5. A la suite de tests de laboratoire, des chercheurs du Mexique ont signalé que seulement 11 % des cas de «grippe porcine» dans la flambée qu’a connue ce pays était de nature grippale. Cette proportion est la même que dans les saisons normales où la vaste majorité des syndromes grippaux ne peut être liée à la grippe. Cela étant, pourquoi l’OMS a-t-elle mis l’accent sur les vaccins et les antiviraux qui ne fonctionnent que pour la grippe, pour lutter contre une épidémie qui semble être causée par un vaste cocktail de virus de toutes sortes?
Pour la riposte à la pandémie H1N1, l’OMS a mis l’accent sur le recours à des méthodes efficaces pour réduire les infections et la maladie pandémique, et notamment des communications, des interventions non pharmacologiques et des méthodes pharmacologiques comme les vaccins et les médicaments antiviraux. Cette approche est conforme avec celle de nombreuses autres maladies infectieuses. Les vaccins sont utilisés pour réduire le nombre d’infections ou de maladies graves. Les médicaments antiviraux sont utilisés pour traiter les infections mais peuvent aussi l’être comme instrument prophylactique contre l’infection dans certaines situations. Parmi les cas de syndrome grippal, le pourcentage des cas attribuables à la grippe ou à d’autres pathogènes, varie en fonction de la saison ou des circonstances. Il s’agit d’une caractéristique fondamentale de l’épidémiologie des maladies respiratoires et de la grippe. D’autres données de surveillance provenant d’autres sources indiquent que la proportion des virus pandémiques H1N1 en 2009 isolés à partir des patients souffrant de syndromes grippaux était allée jusqu’à 70 %.
L’OMS a recommandé l’administration de médicaments antiviraux et de vaccins contre la grippe pour réduire la gravité des maladies et sauver des vies. Ainsi, l’OMS a recommandé en priorité la vaccination des personnes présentant un risque élevé de maladie grave ainsi que les personnels de santé. De même, le traitement antiviral est recommandé pour traiter des patients gravement malades et ceux qui courent un risque plus élevé de développer une maladie grave, mais dans le contexte de l’information épidémiologique locale. Ce dernier point en particulier prend en compte le fait que la probabilité d’un syndrome grippal dû à la pandémie H1N1 varie selon les saisons.
Les vaccins antigrippaux sont l’une des méthodes les plus efficaces pour empêcher la population de contracter la maladie pendant les épidémies et les pandémies de grippe. Ce point est particulièrement important pour les personnes présentant un risque plus élevé de maladie grave ou de complications, et dans ces situations, la vaccination aide à prévenir ces maladies graves et les décès. De même, les antiviraux ont montré qu’ils réduisaient ou prévenaient les maladies graves et les décès, notamment pour les personnes présentant déjà un risque plus élevé de développer une maladie grippale grave. Les lignes directrices de l’OMS concernant l’utilisation des vaccins et des antiviraux sont cohérentes avec les avantages avérés précités.
6 ospitalisations et de décès causés par ces cas, y a-t-il eu au cours des cinq dernières années? (Chiffres exacts vérifiés par des analyses de laboratoire). Comment ces chiffres ont-ils été calculés? S’il n’est pas possible de quantifier la grippe saisonnière (ordinaire), comment est-il possible de savoir ce qu’est une grippe (pandémique) extraordinaire?
Au niveau mondial, certains pays ont des systèmes de surveillance et des données leur permettant de suivre convenablement l’épidémie de grippe. A partir de ces données et de ces systèmes, des études et des modèles ont estimé le poids de la grippe et ont montré que la proportion des maladies et des hospitalisations attribuables à la grippe est très variable. Par exemple, les modèles dans les tropiques sont différents de ceux dans les zones tempérées. On observe également des variations dans le temps: les proportions sont généralement plus élevées en hiver qu’en été dans les zones de climat tempéré.
Comme le décrivent les réponses aux questions 1 et 2, les différences entre la grippe saisonnière et la grippe pandémique concernent une combinaison de caractéristiques épidémiologiques, virologiques et cliniques. Contrairement à l’épidémie de grippe saisonnière, la pandémie H1N1 s’est montrée très différente à bien des aspects importants, et notamment:
- une incidence plus élevée des formes graves de la maladie et de l’hospitalisation chez les enfants et les adolescents qu’avec la grippe saisonnière;
- la présence d’une épidémie dans plusieurs régions du monde en dehors des périodes saisonnières normales pour la grippe;
- une incidence plus élevée que la normale de la pneumonie virale qui a été observée dans les pandémies antérieures et qui est difficile à traiter;
- l’absence d’immunité préexistante contre la contamination naturelle par les virus actuels de la grippe saisonnière ou par la vaccination;
- la mutation presque complète du virus saisonnier H1 antérieur et une mutation importante d’une autre souche saisonnière A(H3N2), comme on l’a observé lors de précédentes pandémies.
7. L’OMS dit que la grippe saisonnière occasionne 250 000 à 500 000 décès en moyenne chaque année. A combien l’OMS estime-t-elle le nombre annuel de décès attribuables à des syndromes grippaux causés par des virus non grippaux (ILI), et que fait l’OMS pour gérer ce problème?
Des estimations sur la grippe ont été faites en 2002 à partir d’études reconnues menées dans des pays tempérés et industrialisés et extrapolées pour estimer l’impact mondial de la grippe saisonnière. Au niveau mondial, la proportion de décès liés aux pneumonies dues aux infections virales non grippales n’est pas connue.
L’OMS a une approche large de la réduction du nombre de ces décès, et notamment l’aide aux pays pour développer des capacités indispensables en matière de santé, des informations et des orientations dans plusieurs domaines, la défense, la coordination de la surveillance mondiale, l’actualisation semestrielle des souches de vaccins candidats de la grippe et une assistance lors des flambées.
8. Les hypothèses et les orientations de l’OMS en matière de planification de la lutte contre la pandémie adressées aux Etats étaient-elles fondées sur le présupposé que la grippe aviaire H5N1 causerait la prochaine pandémie?
La révision des lignes directrices s’est appuyée sur une évaluation large des nouvelles connaissances scientifiques et de l’expérience en matière de santé publique ainsi que sur l’étude des dernières pandémies (1918, 1957, 1968). L’expérience contemporaine a pris en compte les infections H5N1 et plusieurs infections grippales humaines dues à d’autres virus animaux (H3, H9, H7). Les révisions ont aussi reflété les travaux des groupes de modélisation qui ont aidé à délimiter l’ensemble des résultats pouvant être attendus.
9. Pouvez-vous donner les estimations les plus récentes pour le H1N1 – les personnes contractant la maladie, le nombre des décès, le nombre de personnes vaccinées, les vaccins commandés (et non utilisés)? Pouvez-vous aussi expliquer pourquoi le nombre de décès causés par le H1N1 a été beaucoup plus faible que «l’estimation relativement conservatrice de 2 millions à 7,4 millions de décès» prévue par l’OMS dans le cadre d’une future pandémie?
Depuis le 7 mai 2010, plus de 214 pays et de territoires ou communautés d’outre-mer ont signalé dans le monde entier des cas confirmés en laboratoire de grippe pandémique H1N1 en 2009 et plus de 18 000 laboratoires ont confirmé des décès. Ce nombre est heureusement bien inférieur aux chiffres cités lors des pandémies précédentes, et cela peut être attribué à deux facteurs.
- La pandémie H1N1 a eu un taux relativement faible de contamination chez les personnes âgées. Ces dernières étant relativement vulnérables à la grippe, et représentant la majorité des décès dus aux épidémies de grippe saisonnière, ce taux d’attaque faible dans les tranches d’âge les plus âgées peut avoir contribué à une mortalité plus faible que celle anticipée.
- Même dans les groupes qui ont connu des niveaux élevés de contamination, le taux de mortalité («case fatality rate») a été plus faible que celui observé lors des précédentes pandémies, ce qui n’aurait pas pu être prévu au début de la pandémie. Cela est probablement dû aux propriétés du virus lui-même, mais les progrès dans les soins médicaux (comme les soins intensifs, de nouveaux antiviraux) ont aussi contribué à cette évolution.
D’autres considérations sont également importantes lorsque l’on examine les données actuellement disponibles sur la mortalité.
- Le nombre actuel des décès signalés pour la pandémie H1N1 reflète les décès analysés par les laboratoires et confirmés individuellement. Les estimations pour les pandémies et les épidémies de grippe saisonnières sont déterminées par des estimations statistiques rétrospectives des «décès en excès» pendant une épidémie ou une pandémie. Cela donne une meilleure estimation de l’impact réel de la pandémie. Une évaluation plus précise et complète de la mortalité due à cette pandémie, basée sur des modèles statistiques, prendra environ d’un à deux ans après la fin de la pandémie et la publication des données nationales complètes de mortalité.
- La plupart des décès qui ont été enregistrés pour cette pandémie se sont produits dans les tranches d’âge les plus jeunes. L’impact de la pandémie en termes d’«années de vie perdues» est donc supérieur à celui indiqué par les nombres absolus.
L’OMS a fourni les chiffres potentiels des décès dus à la pandémie pour aider les responsables nationaux à concevoir des plans de préparation. Il est difficile sinon impossible d’organiser une planification efficace sans disposer de tout un arsenal de données chiffrées.
10. Veuillez définir ce qu’est un «nouveau virus de la grippe»?
Voir la réponse à la question 2. Pour ce qui est du potentiel d’un virus à causer une pandémie de grippe, les facteurs les plus importants sont de savoir si un virus de grippe doit être considéré comme un candidat pandémique, s’il est contagieux pour les êtres humains, s’il peut se propager durablement parmi les êtres humains et s’il n’existe pas ou peu d’immunité préexistante à ce virus.
11. Si les aspects classiques des pandémies, comme les taux d’attaque et de gravité ne sont pas pris en considération, quelle est la raison en matière de santé publique qui a amené à traiter la pandémie différemment de la grippe saisonnière?
L’évolution future d’une pandémie ne peut être prédite à ses débuts ni même pendant la plus grande partie de son évolution. Les pandémies sont traitées différemment des grippes saisonnières parce qu’elles ont un potentiel plus fort que les grippes saisonnières d’augmenter la morbidité grave et la mortalité dans la population. Elles peuvent aussi provoquer d’importantes perturbations sociales. Puisque la capacité de fabrication et d’approvisionnement de vaccins antigrippaux et de médicaments antiviraux est axée sur l’incidence et la demande saisonnière, ceux-ci peuvent ne pas être disponibles pendant les pics de la maladie pandémique. Comme on le voit avec l’actuelle pandémie H1N1, des groupes de population qui ne sont généralement pas considérés comme risquant des complications d’atteintes grippales graves peuvent courir des risques élevés qui exigent des changements en matière de politique de santé publique.
B. LA POSITION DE L’OMS SUR LES VACCINS
12. Quelles ont été les préoccupations de l’OMS concernant les vaccins et leur(s) efficacité/risques? Cette position a-t-elle changé? Quelle a été la position de l’OMS à l’égard des entreprises pharmaceutiques déclinant toute responsabilité pour les vaccins et cherchant à transférer cette responsabilité sur les gouvernements qui les ont commandés?
Les vaccins contre la grippe pandémique ont été testés par les mêmes méthodes que les vaccins contre la grippe saisonnière. La rapidité accrue n’est pas due à des compromis en matière d’assurance qualité ou de rigueur des essais, mais à l’effort de collaboration des pays et des responsables pour examiner et approuver le vaccin le plus rapidement possible dans une période de grande incertitude et d’inquiétude en matière de santé publique. Cela montre ainsi ce que peut accomplir la collaboration internationale dans une urgence de santé publique.
Les conclusions des études réalisées à cette date montrent que les vaccins pandémiques ont les mêmes résultats en matière de sécurité que les vaccins contre la grippe saisonnière.
L’OMS n’est pas associée aux décisions prises au niveau national concernant l’achat de vaccins.
13. La contamination virale aurait-elle pu être prévenue avec les vaccins en stock? Sinon, pourquoi?
Non. Les études sur les réponses immunitaires humaines ont confirmé qu’une réponse immunitaire à la grippe H1 saisonnière ne protège pas contre le virus pandémique H1 et que les vaccins contre la grippe saisonnière ne pouvaient donc pas protéger la population contre le virus pandémique.
14. L’OMS a-t-elle effectué des études comparatives pour comparer les interventions comportementales comme le lavage des mains par rapport à la vaccination?
L’OMS n’a pas commandé ou mené de telles études. En outre, plus que concurrentes, ces interventions sont complémentaires.
C. RELATIONS AVEC L’INDUSTRIE, LES EXPERTS ET LES CONFLITS D’INTÉRÊT
15. Quelles mesures l’OMS prend-elle pour être plus transparente et pour éviter les conflits d’intérêts avec les entreprises pharmaceutiques?
Lorsque l’OMS a recours à l’expertise extérieure pour telle ou telle activité, les experts concernés doivent signer à l’avance un formulaire de déclaration de conflit d’intérêts avant de participer à cette activité (généralement une réunion d’experts ou d’autres travaux visant à apporter des conseils spécialisés à l’OMS).
Par le biais de cette déclaration, chaque expert doit déclarer des intérêts qui pourraient constituer un conflit d’intérêts réel, potentiel ou apparent concernant sa participation à la réunion ou aux travaux.
Par conflit d’intérêts, on entend que l’expert, ou son partenaire, ou l’unité administrative qui l’emploie, a un intérêt financier ou autre dans une entité commerciale qui aurait influencé indûment la position de l’expert sur le sujet/la matière en examen. Un conflit d’intérêts apparent existe dès qu’un intérêt, sans influencer nécessairement l’expert, pourrait amener néanmoins à la remise en cause de son objectivité par d’autres. Un conflit d’intérêts potentiel existe en cas d’intérêts qu’une personne raisonnable ne saurait être sûre qu’il faille ou non le signaler. Les informations présentées par l’expert sont évaluées par le secrétariat de l’OMS et peuvent, selon la situation, déboucher sur un certain nombre de mesures visant à éviter tout conflit réel ou perçu. Ces mesures peuvent aller de l’exclusion totale ou partielle des activités et/ou à la divulgation publique de l’intérêt (par exemple au début de la réunion ou dans le rapport d’activité). Les rapports des réunions d’experts étant généralement publiés par l’OMS, les informations sur les intérêts divulgués des experts sont généralement disponibles au public.
S’agissant du personnel de l’OMS, outre les règles générales qui s’appliquent à tout le personnel, certaines catégories de personnel doivent remplir des déclarations d’intérêts chaque année pour identifier les conflits d’intérêts potentiels qui pourraient nuire à leur objectivité et à leur indépendance.
16. Comment l’OMS définit-elle le conflit d’intérêts?
Les informations divulguées dans la déclaration de conflit d’intérêts de l’OMS par les experts sont utilisées pour déterminer si les intérêts déclarés constituent un conflit d’intérêts réel, potentiel ou apparent appréciable. Un conflit d’intérêts réel appréciable est défini par l’intérêt financier ou autre d’un expert qui pourrait indûment influencer sa position concernant le sujet/la matière en examen. Un conflit d’intérêts apparent est défini par un intérêt qui n’influencerait pas nécessairement l’expert mais qui pourrait amener son objectivité à être remise en cause par d’autres. Un conflit d’intérêts potentiel se définit comme un intérêt dont toute personne raisonnable ne saurait être sûre qu’il faille ou non le signaler.
17. Veuillez fournir davantage d’informations et de précisions sur «le système de partenariat public-privé» pour la santé en ce qui concerne la préparation à la grippe pandémique et en particulier le développement d’«accords de partage des bénéfices avec les fabricants de vaccins antigrippaux»
L’OMS travaille avec les gouvernements, la société civile et le secteur privé pour faire progresser la santé publique, et notamment pour évaluer et contrôler les risques, comme l’indique le Règlement sanitaire international. Les accords de partage des bénéfices pour la grippe sont un domaine de négociation des Etats membres de l’OMS. Le dernier cadre de travail contenant un certain nombre de chapitres approuvés est disponible au public dans le document de l’Assemblée mondiale de la santé WHA A62/5Add.1 (http://apps.who.int/gb/ebwha/pdf_files/A62/A62_5Add1-fr.pdf). Des informations supplémentaires sur le processus intergouvernemental figurent à http://apps.who.int/gb/pip. Le financement et l’aide en nature ont été assurés multilatéralement et bilatéralement ces dernières années. Ils comprennent les options de constitution de stocks de vaccins H5N1 et H1N1 et d’agents antiviraux par le biais de dons des gouvernements et de l’industrie et des accords de transfert de technologie. En outre, une aide a été reçue, destinée au renforcement des capacités pour la surveillance des laboratoires et la riposte à la pandémie, comme le demande le Règlement sanitaire international (2005).
Avec la flambée de la pandémie A(H1N1), l’OMS a travaillé étroitement avec les Etats membres et l’industrie pharmaceutique pour identifier les moyens d’obtenir les vaccins et les médicaments antiviraux nécessaires. L’OMS a fait rapport à son conseil exécutif lors de sa 126e session en janvier 2010 en fournissant des informations sur les dons de vaccins contre la pandémie et de médicaments antiviraux de l’industrie pharmaceutique, ainsi que le financement apporté à l’OMS pour soutenir ses activités de riposte.
18. Veuillez donner davantage de précisions sur les méthodes de sélection des experts dans les organes consultatifs et les comités d’experts de l’OMS (y compris le «comité d’examen»):
La sélection des experts dans les comités d’experts de l’OMS (y compris le comité d’examen) est régie par le Règlement des groupes et comités consultatifs d’experts (et le Règlement sanitaire international dans le cas du comité d’examen). Les experts participant aux comités d’experts de l’OMS, y compris le comité d’examen, sont choisis par des groupes consultatifs d’experts de l’OMS sur la base des principes de la représentation géographique équitable, de l’équilibre entre les femmes et les hommes, de l’équilibre entre les experts venant des pays développés et des pays en développement, de la représentation de différentes tendances de pensée, d’approche et d’expérience concrète dans différentes régions du monde et d’un équilibre interdisciplinaire approprié. La sélection des membres des groupes consultatifs d’experts de l’OMS s’appuie avant tout sur leurs capacités et leur expérience techniques. Des efforts doivent également être faits pour assurer la plus large représentation internationale possible dans les groupes en matière de diversité et de connaissances, d’expérience et d’approche dans les domaines pour lesquels les groupes sont créés.
19. Veuillez fournir davantage de précisions sur le système mis en place pour prévenir ou enrayer les conflits d’intérêts: Existe-t-il un questionnaire? Les déclarations de conflit d’intérêts sont-elles compilées et consultables et, dans l’affirmative, par qui (Etats membres)? En cas de consultation avec les experts sur ces questions, des rapports sont-ils rédigés après ces consultations et sont-ils disponibles et consultables et, le cas échéant, par qui?
Voir la réponse à la question 15 ci-dessus. Les déclarations de conflits d’intérêts de l’OMS sont compilées par le secrétariat de l’OMS. Comme on l’a noté ci-dessus, les rapports des réunions d’experts de l’OMS contiennent généralement des informations appréciables sur les conflits d’intérêts qui ont été déclarés par les experts participants. Ces rapports étant généralement publiés, les informations sont donc disponibles au public.
20. Le Dr Keiji Fukuda a déclaré au Conseil de l’Europe le 26 janvier 2010: «Une des fonctions principales de l’OMS, qu’elle prend très au sérieux, est de donner des avis indépendants aux Etats membres. L’OMS se garde de subir l’influence de tout intérêt indu.» Dans ce contexte, sur quels éléments l’OMS s’est-elle fondée pour recommander l’utilisation et le stockage de Tamiflu (par exemple pour réduire les complications de la grippe). L’OMS a-t-elle procédé à une analyse du médicament indépendamment de celle faite par le fabricant?
L’OMS a publié des lignes directrices pour l’utilisation des antiviraux en août 2009 qui ont été, par la suite, révisées et republiées en mars 2010.
Ces lignes directrices s’inspirent d’examens indépendants des données probantes disponibles réalisés pour l’OMS par des consultants indépendants. L’examen des données a ensuite été utilisé par un groupe d’experts pour formuler les recommandations particulières en matière de traitement.
Dans les lignes directrices publiées, l’OMS a veillé à l’entière transparence du processus suivi et de la base des recommandations. La documentation comprend:
- une déclaration sur la qualité des données cliniques qui étayent chaque recommandation;
- des détails sur les méthodes pour le bilan des données, des études publiées qui ont été prises en compte et la gradation de l’évaluation;
- la liste intégrale des membres du groupe d’experts et la divulgation de leurs intérêts respectifs
21. Dans leur bilan du «fiasco de la grippe porcine» de 1976, Neustadt et Fineberg écrivent: «Dans un cas de grippe porcine où les données probantes sont maigres… ce n’est pas seulement d’hypothèses mais de l’évaluation de leurs qualités scientifiques que les hauts responsables ont besoin. Les groupes ont souvent une «pensée de groupe» et des tendances à l’exagération alimentées par des échanges et une longue intimité, comme dans la communauté de la grippe. D’autres scientifiques compétents, qui ne partagent pas leur identité de groupe ou leurs intérêts, devraient pouvoir évaluer la logique scientifique appliquée aux données disponibles». Quelles mesures l’OMS a-t-elle prises et prend-elle pour intégrer des experts ayant des opinions différentes ou divergentes dans son processus de consultation et de préparation des orientations politiques et pour éviter ce que l’on appelle la «pensée de groupe»?
Veuillez vous rapporter à la réponse à la question 18.
22. Quels sont les systèmes en place pour analyser les recommandations de l’OMS et sont-ils adéquats et bien fondés?
23. Quels enseignements ont été tirés de la pandémie H1N1?
Un examen approfondi de la riposte mondiale à la pandémie grippale a commencé en avril. Un comité d’examen externe, convoqué dans le cadre du Règlement sanitaire international (RSI), examinera comment le monde et l’OMS ont réagi à la pandémie H1N1.
Le but ultime est d’identifier les enseignements appris et les manières d’améliorer la façon dont le monde peut travailler de concert pour protéger la santé mondiale lors d’une urgence de santé publique.
Cet examen extérieur et rigoureux de la riposte à la pandémie H1N1 est un processus sans précédent qui influencera la prise de décisions en matière de santé publique lors de la prochaine pandémie et dans d’autres urgences de santé publique à l’échelle internationale.
