1. Introduction
1. L’élection présidentielle s’est déroulée le 19 décembre
2010 au Bélarus. M. Alexander Loukachenko a officiellement été réélu
pour un quatrième mandat, avec près de 80 % des voix.
2. L’annonce des résultats du scrutin a été suivie de violents
affrontements dans la capitale, Minsk, entre les forces de sécurité
et des milliers de manifestants de l’opposition protestant contre
des fraudes électorales alléguées. La violente répression de cette
manifestation à caractère politique, au lendemain de l’élection présidentielle,
et les mesures répressives prises par les autorités à l’encontre
des manifestants de l’opposition, y compris d’anciens candidats
à la présidence, des défenseurs des droits de l’homme et des journalistes,
ont suscité de vives réactions et de nombreuses critiques de la
part de la communauté internationale.
3. Ces affrontements ont motivé entre autres le dépôt d’une demande
de tenue d’un débat selon la procédure d’urgence sur la situation
au Bélarus après l’élection présidentielle au cours de la partie
de session de janvier 2011 de l’Assemblée parlementaire. La commission
des questions politiques a été saisie pour rapport par l’Assemblée
et m’a confirmée en tant que rapporteuse. La commission des questions
juridiques et des droits de l’homme a été saisie pour avis et a
désigné M. Christos Pourgourides rapporteur.
4. Bien que le présent rapport soit soumis à l’Assemblée selon
la procédure d’urgence, il convient de noter que je suis la situation
au Bélarus depuis janvier 2008, date à laquelle j’ai été nommée
à la présidence de la sous-commission sur le Bélarus qui existait
alors.
5. En fait, la commission des questions politiques a suivi étroitement,
et très régulièrement, la situation au Bélarus depuis l’adoption
, en avril 2010, de la
Résolution 1727 (2010)
sur la situation au Bélarus: développements récents, dans laquelle
l’Assemblée décidait de suspendre ses activités impliquant des contacts
à haut niveau entre elle et les autorités bélarussiennes. L’adoption
de la résolution a fait suite à un débat selon la procédure d’urgence
organisé après l’exécution de deux détenus en mars 2010, les actes
de harcèlement envers des membres de la minorité polonaise et les
violations de leurs droits, ainsi que la tenue d’élections locales
dans le pays en l’absence de tout observateur international.
6. En réaffirmant qu’elle était prête à nouer un dialogue progressif
avec les autorités bélarussiennes en cas d’évolutions positives,
l’Assemblée a souligné qu’il ne pouvait y avoir de progrès dans
le dialogue sans progrès vers les normes du Conseil de l’Europe
et un engagement politique clair de la part des autorités bélarussiennes d’adhérer
aux valeurs du Conseil de l’Europe, attestés par des actions s’inscrivant
dans ce sens.
7. Dans l’interprétation de cette résolution, le Bureau de l’Assemblée
a estimé que les «contacts à haut niveau» faisaient référence aux
membres du Bureau. Cependant, à la demande de la commission des questions
politiques et en vue de vérifier la situation sur le terrain avant
l’élection présidentielle de 2010, le Bureau, lors de sa réunion
à Skopje le 20 mai 2010, m’a autorisée à me rendre au Bélarus en
ma qualité de rapporteur de la commission des questions politiques
sur la situation au Bélarus.
8. Au cours de ma visite à Minsk, du 22 au 25 août 2010, j’ai
rencontré un large éventail d’interlocuteurs afin de réunir des
informations pour mon rapport. Lors de sa réunion du 6 octobre 2010,
la commission des questions politiques, après avoir été informée
des principales conclusions de ma visite, a tenu un échange de vues
sur la situation au Bélarus et, notamment, sur les préparatifs des
élections, avec la participation de M. Thomas Markert, secrétaire
de la Commission de Venise, M. Nikolai Samoseiko, président de la
Commission permanente de la législation et des questions judiciaires
et juridiques de la Chambre des représentants de la République du
Bélarus et président du groupe ad hoc parlementaire sur les questions
relatives à l’abolition de la peine capitale, et M. Aleh Hulak,
président du Comité Helsinki du Bélarus.
9. La commission des questions politiques a tenu un autre échange
de vues sur l’élection présidentielle lors de sa réunion du 18 novembre
2010, avec M. Evgeni Smirnov, président de la Commission permanente pour
la législation et l’administration d’Etat du Conseil de la République
de l’Assemblée nationale de la République du Bélarus et adjoint
au président de la délégation de l’Assemblée nationale pour les
relations avec l’Assemblée parlementaire, M. Vital Rymasheuski,
coprésident du Parti des chrétiens-démocrates du Bélarus, M. Andrei
Babok, correspondant spécial du service de la coopération internationale
de
Narodnaya Gazeta, et M.
Andrei Aliaksandrau, vice-président de l’Association bélarussienne
des journalistes. A cette occasion, j’ai présenté une note d’information
sur ma visite à Minsk en août 2010 que la commission a décidé de
rendre publique
.
10. A Bruxelles, le 9 décembre 2010, j’ai rencontré M. Jacek Protasiewicz,
président de la délégation du Parlement européen pour les relations
avec le Bélarus, afin de discuter des élections à venir. A la suite
de cette réunion, une déclaration parlementaire commune a été publiée
le 14 décembre 2010 appelant à des élections démocratiques et transparentes
.
11. Du 17 au 19 décembre 2010, j’ai participé à la mission d’observation
des élections organisée par le Bureau des institutions démocratiques
et des droits de l’homme (OSCE/BIDDH) de l’OSCE et l’Assemblée parlementaire
de l’OSCE, dont les premières constatations et conclusions ont été
publiées le 20 décembre 2010
.
Le même jour, j’ai publié une déclaration condamnant la violence
et appelant instamment les forces de sécurité et les manifestants
à ne plus y avoir recours jusqu’à la fin du processus postélectoral.
J’ai également appelé les autorités à libérer toute personne qui
serait détenue uniquement pour avoir exprimé son opinion sur le
résultat des élections
.
12. Le 24 janvier 2011, la commission des questions politiques
a tenu un échange de vues sur la situation au Bélarus à la suite
de l’élection présidentielle avec la participation des deux autres
membres de la Troïka parlementaire sur le Bélarus, M. Protasiewicz
et Mme Uta Zapf, présidente du Groupe de travail sur le Bélarus de
l’Assemblée parlementaire de l’OSCE. Ils ont, tous deux, insisté
sur le fait qu’il n’est plus possible, à l’égard du Bélarus, de
continuer comme si de rien n’était. Notre discussion, qui a continué
après la réunion de la commission, a nourri mon rapport.
2. Election
présidentielle et répercussions
2.1. Législation et
campagne électorales
13. Le 19 décembre 2010, s’est tenue au Bélarus l’élection
présidentielle sur la base d’un Code électoral amendé. Le Code électoral
a été révisé à la suite des recommandations du Bureau des institutions démocratiques
et des droits de l’homme de l’OSCE (OSCE/BIDDH) concernant plusieurs
aspects importants, tels que la liberté de faire campagne et le
financement des campagnes électorales, la composition et la nomination
des commissions électorales, l’inscription des candidats, l’intégrité
du vote anticipé, les procédures d’appel et le décompte des votes.
A la demande de la commission des questions politiques, la Commission
de Venise, avec l’OSCE/BIDDH, a préparé un avis sur ces amendements.
14. Selon cet avis conjoint
, qui a également été présenté
oralement à la commission des questions politiques par le secrétaire
de la Commission de Venise, le 1er octobre 2010, ces amendements
constituent un pas en avant pour remédier à certains manquements
de la législation électorale du Bélarus. Cependant, il a été jugé
peu probable qu’ils résolvent le problème sous-jacent lié au fait
que le cadre législatif électoral ne permet toujours pas de garantir
des élections véritablement démocratiques, s’agissant notamment
de la procédure de vote et de dépouillement, et de la publication
des résultats.
15. Notre Assemblée n’a pas été invitée à observer ces élections,
les autorités bélarussiennes ayant décidé de n’inviter que les organisations
internationales dont le Bélarus est membre. Au total, 27 000 observateurs nationaux
ont été enregistrés, ainsi que 1 032 observateurs internationaux
dont ceux de l’OSCE/BIDDH, de l’Assemblée parlementaire de l’OSCE,
de la Communauté d’Etats indépendants (CEI) et de l’Assemblée parlementaire
de la CEI.
16. En dépit de certaines améliorations spécifiques sur le plan
législatif, selon les premières constatations de l’OSCE publiées
le 20 décembre 2010, l’élection présidentielle a fait suite à une
campagne marquée par l’absence d’égalité de traitement et une concurrence
inégale entre le Président Loukachenko et les neuf autres candidats,
même si des progrès ont été enregistrés quant à l’inscription des
candidats et la mise à disposition de temps d’antenne limités mais
gratuits à la télévision et à la radio. En termes de couverture
médiatique, les principales chaînes de télévision ont clairement
favorisé le candidat sortant, consacrant près de 89 % des programmes
d’actualité diffusés aux heures de grande écoute à sa campagne et
à ses fonctions officielles.
17. 23,1 % du nombre de votants estimé se sont prononcés par «vote
anticipé», les observateurs notant la piètre qualité des urnes et
des sceaux ainsi que l’absence de dispositifs de sécurité sur les
urnes. De plus, seuls 0,26 % des membres des Commissions électorales
de bureau de vote (CEB) et 0,70 % de ceux des commissions électorales
territoriales (CET) ont été nommés par les partis politiques considérés
comme étant d’opposition.
2.2. Conclusions et
résultats préliminaires
18. Selon la Commission électorale centrale du Bélarus,
le Président Loukachenko a recueilli 79,6 % des voix. Le taux de
participation était de 90,65 %, soit environ 2 % de moins qu’en
2006.
19. D’après l’évaluation critique menée par l’OSCE, l’élection
présidentielle a montré qu’en dépit de certaines améliorations spécifiques,
le Bélarus a encore un long chemin à accomplir pour satisfaire à
ses engagements envers l’OSCE. Selon les observateurs internationaux,
le vote s’est déroulé assez calmement, mais le processus de décompte
manquait de transparence.
20. Ils ont qualifié de «mauvaises», voire «très mauvaises», près
de la moitié des opérations de dépouillement des suffrages examinés,
ce qui réduit à néant les efforts entrepris pour améliorer le scrutin.
Les observateurs n’ont pas eu de réelle opportunité d’observer le
décompte ou ont subi des restrictions dans 98 % des bureaux de vote
où ils étaient présents. Dans certains cas, les chiffres figurant
dans les procès-verbaux des résultats des CEB avaient changé une
fois arrivés au niveau des CET.
21. En tant qu’observatrice des élections, il ne m’a pas été possible
d’observer le décompte des voix; les membres de la Commission électorale
ont emporté les urnes rapidement et le dépouillement ne s’est pas
fait en notre présence par décompte à haute voix; au bout d’un certain
temps, les résultats nous ont simplement été communiqués.
22. Le Président Loukachenko lui-même a donné une interprétation
différente de l’évaluation de l’élection menée par l’OSCE. Selon
lui, «tout ce qui a été écrit par la mission des observateurs internationaux
constitue un pas en avant considérable par rapport à 2006» et pourra
servir de base au développement des relations du Bélarus avec l’Europe
.
23. Commentant les résultats préliminaires, le porte-parole du
ministère des Affaires étrangères du Bélarus, Andrei Savinykh, a
déclaré que les affirmations publiées dans le rapport préliminaire
ne correspondaient pas intégralement aux évaluations faites antérieurement
par la mission à tous les stades du processus électoral. Il a par
ailleurs estimé que le ton de la déclaration et la nature des conclusions
étaient marqués par des actions illégales et provocatrices lancées
par l’opposition minoritaire
.
24. Il convient de rappeler qu’aucun des scrutins nationaux organisés
sous la présidence de M. Loukachenko n’a répondu aux normes internationales
en matière de liberté et d’équité. Les dernières élections législatives
en 2008 n’ont pas permis de désigner un seul membre de l’opposition
au parlement.
2.3. Manifestations
postélectorales et détention de manifestants et de candidats à l’élection présidentielle
25. Le jour du scrutin, la police a violemment dispersé
une manifestation politique à Minsk et procédé à l’arrestation de
plus de 600 personnes, dont d’anciens candidats aux élections présidentielles
et certains de leurs partisans, des défenseurs des droits de l’homme
et des journalistes. Bon nombre d’entre eux ont été remis en liberté
quelques jours plus tard. Le ministère de l’Intérieur du Bélarus
a déclaré que la plupart ont fait l’objet d’une détention administrative
de dix à quinze jours.
26. Selon ce même ministère, les autorités ont accusé 31 personnes
d’avoir organisé des manifestations postélectorales et d’être à
l’origine de troubles à l’ordre public, actions passibles d’une
peine d’emprisonnement de cinq à quinze ans. Dans une déclaration,
le ministère a également fait savoir que la police avait identifié
120 personnes ayant activement participé aux perturbations massives
du 19 décembre.
27. Quatre anciens candidats aux présidentielles, Uladzimir Nyaklyayew,
Alyaksey Mikhalevich, Andrey Sannikaw et Mikalay Statkevich ont
été poursuivis au titre de l’article 293 du Code pénal et sont actuellement en
détention. Un autre ancien candidat, Vital Rymasheuski, a été remis
en liberté début janvier.
28. Dans les deux semaines qui ont suivi l’élection, les répressions
se seraient poursuivies de manière plus ciblée. Les domiciles des
proches des personnes arrêtées ont été perquisitionnés, au même
titre que les appartements et bureaux de défenseurs des droits de
l’homme, de militants de l’opposition et de journalistes.
29. Selon l’Association bélarussienne des journalistes, 25 journalistes
ont été arrêtés durant les opérations répressives et 21 ont été
victimes d’agressions physiques. D’après le site web indépendant Charter97, des descentes ont eu
lieu dans les locaux des médias critiques bélarussiennes et du matériel
a été confisqué. Les étudiants ayant participé à la manifestation
risquent d’être radiés des universités de tout le pays. Le ministère de
la Justice a, par ailleurs, demandé à l’Association du barreau de
Minsk de prendre des mesures disciplinaires à l’encontre d’un certain
nombre d’avocats qui ont défendu des militants et des dirigeants
de l’opposition.
30. Amnesty International rassemble des informations sur toutes
ces personnes. Actuellement, l’organisation dispose de suffisamment
d’éléments pour affirmer que 15 d’entre elles n’ont pas eu recours
à la violence et n’ont incité personne à en faire usage, que ce
soit avant ou pendant la manifestation. Amnesty International pense
que ces 15 détenus ont été inculpés uniquement pour avoir exercé
de manière pacifique leurs droits à la liberté d’expression et de
réunion. En conséquence, l’organisation réclame leur libération immédiate
et inconditionnelle et l’abandon des charges retenues contre eux
.
31. Le 13 janvier 2011, ma collègue parlementaire, Mme Marieluise
Beck, m’a transmis une note analytique préparée par l’Opération
internationale d’observation (IMO) de la Commission de contrôle
international de la situation des droits de l’homme au Bélarus
,
fondée sur les données recueillies du 3 au 5 janvier 2011 auprès de
73 personnes ayant été victimes d’actes de violence dont 12 détenus.
Toutes les personnes détenues ou arrêtées qui ont été interrogées
ont qualifié d’inhumaines et de dégradantes leurs conditions de
transfert et de détention. Selon l’IMO, tous les procès manquaient
d’impartialité et ne répondaient pas aux critères d’un procès équitable.
La demande de l’Union européenne de rencontrer les détenus a été
rejetée et les défenseurs des droits de l’homme se disent de plus
en plus inquiets de la situation.
32. Je suis vivement préoccupée par la sécurité et la santé des
détenus dont on est sans nouvelles, dont en particulier certains
dirigeants de l’opposition comme M. Nyaklyayew, un candidat de l’opposition
âgé de 64 ans qui aurait été frappé dans la rue et laissé inconscient
par des hommes masqués, puis kidnappé sur son lit d’hôpital quelques
heures plus tard par des policiers en civil. Son avocat n’a pas
été autorisé à le rencontrer depuis le 29 décembre 2010.
33. Dans le même temps, j’ai été agréablement surprise par la
vague de solidarité déployée par les réseaux sociaux qui ont mobilisé
les foules pour collecter de l’argent aux fins de régler les amendes,
discuté des moyens de venir en aide, analysé des images et des vidéos
de la manifestation et comparé les rapports officiels aux comptes
rendus de médias indépendants. Ces réseaux ont également constitué
de précieuses sources d’informations parallèlement aux rapports
officiels.
2.4. Autres développements
postélectoraux
34. L’exemple le plus poignant de la vague de répression
actuelle est celui d’un enfant de trois ans, Danil Sannikaw, dont
les parents emprisonnés sont l’ancien candidat aux élections présidentielles
Andrey Sannikaw et la journaliste indépendante Irina Khalip. Les
autorités ont informé la grand-mère de l’enfant, Lyutsina Khalip, qu’une
investigation était actuellement en cours afin de déterminer si
elle était suffisamment «compétente» pour prendre en charge le jeune
garçon. Dans le cas contraire, l’enfant deviendra pupille de l’Etat.
35. La mère de Pavel Sevyarynets, un militant du Parti des chrétiens-démocrates
du Bélarus emprisonné au centre de détention du KGB, a été contrainte
d’annuler sa visite à Varsovie après avoir été interceptée par des
agents du KGB à Minsk. La femme de M. Mikhalevich, ancien candidat
à la présidentielle, n’a, elle non plus, pas pu se rendre à Varsovie
où elle devait assister à une conférence sur la situation au Bélarus
le 12 janvier 2011.
36. Dans l’ensemble du pays, toute personne connue pour avoir
un lien quelconque avec l’opposition est amenée à être interrogée
par les services de sécurité. A mon sens, ces actions injustifiées
menées par les autorités peuvent sans aucun doute être qualifiées
de persécution à motivation politique d’opposants au régime.
37. Pour leur part, les autorités ont tenté de marginaliser les
protestataires, en les présentant comme des «bandits méprisables»
et des «hooligans» qui ont cherché à perturber la vie d’habitude
si paisible du peuple bélarussien et à organiser un bouleversement
politique en dehors de tout cadre légal
. Des informations transmises
par la Mission du Bélarus au Conseil de l’Europe le 3 janvier 2011,
corroborant la position du gouvernement face aux épisodes de violence,
ont été communiquées aux membres de la commission des questions
politiques lors de leur réunion le 24 janvier 2011 et rendues publiques
.
38. Le 29 décembre 2010, le Président élu a décidé de ne pas attendre
son investiture officielle, le 21 janvier 2011, et a nommé un nouveau
gouvernement.
39. Le 31 décembre 2010, les autorités bélarussiennes ont adressé
un nouveau signal négatif à la communauté internationale en indiquant
qu’il n’existait aucune raison objective de prolonger le mandat
du Bureau de l’OSCE à Minsk, qui assurait une présence au Bélarus
depuis 1998. Le mandat de ce Bureau doit être renouvelé chaque année
par les 56 Etats participants de l’OSCE et a expiré le 31 décembre
2010. Selon les autorités bélarussiennes, l’OSCE a achevé sa mission
dans le pays.
40. Le 9 janvier 2011, 14 groupes d’opposition bélarussiens ont
décidé de constituer un Conseil national de coordination de l’opposition
prodémocratique, qui fera notamment pression pour la libération
des militants de l’opposition arrêtés pour des raisons politiques.
Les participants ont signé une déclaration dans laquelle ils s’engagent
à ce que le conseil tienne informés les citoyens du Bélarus et la
communauté internationale de la situation dans le pays, plaidant
en faveur des principes d’Etat de droit et de démocratie.
41. Le conseil comprend des représentants du Parti civique unifié,
du Spravedlivy Mir (Un monde juste), du Parti bélarussien de la
gauche, du Parti social-démocrate bélarussien Hramada, de la campagne
«Dis la vérité», du mouvement «Pour la liberté», du Parti des chrétiens-démocrates
du Bélarus (non enregistré) et du Congrès des syndicats démocratiques
du Bélarus. Alyaksandr Kazulin, un responsable politique qui s’était présenté
à l’élection présidentielle de 2006 avant d’être emprisonné pendant
plus de deux ans sur la base d’une accusation jugée à motivation
politique, a également rejoint les rangs du conseil.
42. A la suite de «l’avertissement» adressé par le ministère de
la Justice au Comité Helsinki du Bélarus, le 12 janvier 2011, ce
groupe des droits de l’homme risque à tout moment la fermeture,
dans la mesure où un seul avertissement supplémentaire suffit pour
l’y contraindre. Le ministère a qualifié un rapport du Comité d’Helsinki
relatif aux restrictions touchant les avocats de détenus politiques,
présenté au rapporteur spécial des Nations Unies sur l’indépendance
des juges et des avocats, de «tentative visant à discréditer la
République du Bélarus aux yeux du monde»
.
43. Le 14 janvier 2011, le quotidien Sovetskaya
Belorussiya, contrôlé par le gouvernement, a publié des documents
dits «précédemment classés confidentiels» contenant des informations
désobligeantes à l’égard d’opposants du Président Loukachenko, les
accusant d’entretenir des liens avec des gouvernements étrangers
et reprochant aux Etats européens, en particulier la Pologne et
l’Allemagne, de «comploter en vue de renverser» le Gouvernement
du Bélarus. L’Allemagne et la Pologne ont formellement récusé cette accusation.
3. Réactions de la
communauté internationale
44. Le Président Loukachenko a été vivement critiqué
par la communauté internationale pour les mesures répressives prises
au lendemain de l’élection, qui ont donné lieu à de nombreuses arrestations
de personnes considérées comme des «prisonniers politiques». L’annonce
de la fermeture par le Bélarus du Bureau de l’OSCE à Minsk n’a à
l’évidence pas aidé le Président à gagner un quelconque soutien
à l’étranger.
3.1. Conseil de l’Europe
45. Comme je l’évoquais précédemment, j’ai été la première
représentante du Conseil de l’Europe à réagir le 20 décembre 2010
pour condamner les violences et appeler les autorités à remettre
en liberté toutes les personnes détenues uniquement pour avoir exprimé
leur opinion sur le résultat de l’élection.
46. Le 21 décembre 2010, le Secrétaire Général du Conseil de l’Europe,
Thorbjørn Jagland, a également réagi à la situation au Bélarus en
déclarant que «le Président Loukachenko devrait accepter que les
élections ont pour but de permettre à la population de choisir ses
dirigeants et non l’inverse». Il a considéré que les irrégularités
qui, selon l’OSCE, ont entaché le vote présidentiel, et la répression
des opposants montrent malheureusement que le Bélarus risque de
perdre une nouvelle occasion de mettre fin à l’isolement qu’il s’est lui-même
imposé en Europe. Il a ajouté que le Conseil de l’Europe était déçu
mais ne perdait pas espoir, et qu’il continuera à soutenir toute
initiative sincère propre à rapprocher le Bélarus des valeurs du
Conseil de l’Europe et d’une adhésion à notre Organisation.
47. Le 12 janvier 2011, le Comité des Ministres du Conseil de
l’Europe a adopté une déclaration demandant aux autorités bélarussiennes
de fournir des informations supplémentaires expliquant sur quelle
base les candidats à la présidence, les journalistes et les activistes
des droits de l’homme ont été arrêtés au lendemain de l’élection.
Les 47 ministres ont déclaré qu’ils devraient être libérés immédiatement
et leurs droits individuels garantis. Les libertés politiques devraient
être pleinement respectées. Les ministres ont indiqué par ailleurs qu’ils
continueront à soutenir le rapprochement entre le Conseil de l’Europe
et le Bélarus uniquement sur la base du respect des valeurs et des
principes européens.
48. Le 18 janvier 2011, le ministre des Affaires étrangères du
Bélarus, M. Sergei Martynov, a adressé un courrier à son homologue
turc, également Président en exercice du Comité des Ministres, M.
Ahmet Davutoğlu, afin de lui communiquer de plus amples informations
sur la récente élection, la réponse des autorités à la suite de
la manifestation ainsi que sur la situation des personnes détenues
.
49. Le 19 janvier 2011, les Délégués des Ministres ont répondu
à une question écrite soumise par mon collègue, M. Pieter Omtzigt
. Les
ministres ont déclaré que le Comité des Ministres entend poursuivre,
et si possible intensifier, ses activités de coopération avec la
société civile, y compris avec les médias indépendants, au Bélarus.
Les relations avec les autorités du pays dépendront des suites qu’elles
donneront à la déclaration du Comité des Ministres, s’agissant notamment
de la libération immédiate des candidats à la présidentielle, des
journalistes et défenseurs des droits de l’homme arrêtés au lendemain
de l’élection.
3.2. Union européenne
50. Dans une déclaration commune publiée le 23 décembre
2010, Catherine Ashton, haute représentante de l’Union européenne,
et Hillary Clinton, secrétaire d’Etat américaine, ont instamment
enjoint le Bélarus de libérer les candidats à l’élection présidentielle
et les autres personnes détenues à la suite du scrutin. Elles ont déploré
le pas en arrière dans l’instauration d’une gouvernance démocratique
que représentaient les élections et leurs suites, notamment le maintien
en détention de candidats à la présidence et les nouvelles arrestations et
attaques visant des médias. Elles ont, par ailleurs, appelé à la
libération immédiate des candidats détenus. Cependant, elles ont
ajouté que les Etats-Unis et l’Union européenne restaient prêts
à aider le Bélarus à respecter ses engagements en matière de droits
de l’homme et de libertés fondamentales.
51. Au sein de l’Union européenne, des actions ont été entreprises
pour initier des discussions sur un éventuel renouvellement de l’interdiction
de visas européens pour les officiels du régime. La réunion des
27 ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne, le 31
janvier 2011, pourrait réintroduire des sanctions envers les autorités
bélarussiennes avec l’éventuelle réintroduction de l’interdiction
de visa à l’encontre du Président du pays et d’autres hauts responsables.
52. Le 14 janvier 2011, le commissaire européen à l’élargissement,
M. Štefan Füle, a déclaré que l’Union européenne s’est fixé pour
objectif d’obtenir la libération des prisonniers politiques et la
sécurité de l’ensemble des personnes détenues. Il a toutefois ajouté
qu’il convenait de trouver un juste équilibre entre l’envoi aux autorités
d’un message de condamnation clair et le renforcement des contacts
avec le peuple bélarussien. En janvier 2011, la Haute représentante
de l’Union européenne, Mme Ashton, a rencontré plusieurs représentants de
l’opposition et du grand public au Bélarus, dont notamment des proches
des personnes emprisonnées ainsi que M. Martynov.
53. Lors d’une allocution au Parlement européen le 19 janvier
2011, Mme Ashton a déclaré que les événements auxquels nous venons
d’assister constituent un affront à notre vision du respect des
droits de l’homme, des libertés fondamentales et de la démocratie.
Outre le recours injustifié à la force, le processus électoral dans
son ensemble a clairement été entaché par le placement en détention
de représentants de la société civile et de l’opposition. Mme Ashton
a par ailleurs souligné que le respect des droits de l’homme et des
libertés fondamentales est au cœur même de la politique étrangère
et du Partenariat oriental de l’Union européenne, et fait partie
intégrante des valeurs communes partagées par l’Union européenne
et ses partenaires les plus proches. Elle a également ajouté que
l’Union européenne travaillait à l’adoption de «mesures ciblées»
à l’encontre du Gouvernement bélarussien, dont éventuellement une
interdiction de voyager pour le Président Loukachenko.
54. En 2006, le Président Loukachenko avait déjà été confronté
à une interdiction de visa et au gel de ses avoirs, après les élections
présidentielles contestées de l’époque. Trente-quatre hauts responsables
avaient également été inscrits sur la liste noire de l’Union européenne
après l’arrestation d’Alyaksandr Kazulin, candidat à la présidence
de 2006. Les sanctions européennes ne comportaient pas de volet
économique pour éviter de pénaliser le pays dans son ensemble. Deux
ans plus tard, en 2008, après la décision du Gouvernement du Bélarus
de libérer plusieurs prisonniers politiques, l’Union européenne
a levé les mesures de représailles et suspendu l’interdiction de
visa.
55. Outre l’interdiction de visa, l’Union européenne peut envisager
de revenir sur la participation du pays au Partenariat oriental
de l’Union européenne; de poursuivre les pressions pour obtenir
la libération de tous les Bélarussiens arrêtés durant la vague de
répression postélectorale qu’il convient de traiter comme des prisonniers
politiques; et de prêter assistance aux détenus et à leurs familles.
56. Le 12 janvier 2011, le Parlement européen a discuté de la
crise au Bélarus au cours d’une réunion extraordinaire de la Commission
des affaires étrangères en association avec la sous-commission des
droits de l’homme, la délégation du Parlement européen pour les
relations avec le Bélarus et la délégation à l’Assemblée parlementaire
Euronest. Au nom de la délégation du Parlement européen pour les
relations avec le Bélarus, M. Protasiewicz a condamné le recours
à la force brutale contre des candidats et des militants et appelé
les autorités du Bélarus à s’abstenir de toute forme de répression.
57. Le 20 janvier 2011, le Parlement européen a adopté une résolution
appelant l’Union européenne à imposer une interdiction de voyager
et à geler les avoirs des hauts dirigeants bélarussiens, et d’étendre
cette mesure aux fonctionnaires de l’Etat, aux membres de l’appareil
judiciaire ainsi qu’aux agents de la sécurité impliqués dans la
brutale répression postélectorale. Selon les parlementaires, la
levée de ces mesures devrait être conditionnée à la libération des
opposants politiques au régime.
58. Le Parlement européen a également demandé à l’Union européenne
de faciliter aux citoyens bélarussiens l’accès aux visas pour se
rendre dans ses Etats membres et d’accroître son soutien financier
aux médias indépendants et aux ONG afin de favoriser la démocratie
et de s’opposer au régime. Les parlementaires ont par ailleurs appelé
la Commission européenne à mettre un terme à l’aide qu’elle apporte aux
médias détenus par l’Etat et à permettre aux ONG interdites dans
le pays de tirer profit des programmes de l’Union européenne. Le
Parlement européen a en outre demandé la tenue d’une nouvelle élection présidentielle,
qui soit conforme aux normes internationales.
3.3. OSCE
59. Le Président de l’OSCE, le ministre des Affaires
étrangères de Lituanie, Audronius Ažubalis, a répété lors d’une
réunion le 5 janvier 2011 à Vilnius qu’il juge essentiel que l’OSCE
puisse poursuivre ses opérations sur le terrain au Bélarus. La Lituanie
a engagé des consultations diplomatiques avec les Etats participants
de l’OSCE afin de trouver des solutions pour permettre à l’Organisation
de continuer son travail au Bélarus.
60. Le représentant de l’OSCE pour la liberté des médias, Dunja
Mijatovic, a appelé le 5 janvier 2011 à l’arrêt des attaques contre
les médias indépendants au Bélarus et a exhorté les autorités à
libérer immédiatement les journalistes emprisonnés.
61. Le 11 janvier 2011, Uta Zapf, a appelé à un dialogue entre
les forces politiques du Bélarus. Tout en réclamant des autorités
qu’elles cessent le harcèlement des responsables de l’opposition,
des médias et des représentants de la société civile, Mme Zapf a
souligné l’importance d’une participation continue au processus de
l’OSCE et la nécessité de trouver des solutions pacifiques et inclusives
aux problèmes politiques que connaît le pays. Mme Zapf a également
exprimé son fort attachement à la poursuite de l’activité du Bureau
de l’OSCE à Minsk dans le cadre du mandat qui lui a été confié.
3.4. Nations Unies
62. Le 10 janvier 2011, le Secrétaire général de l’ONU,
Ban Ki-moon, a appelé à la libération des anciens candidats à la
présidentielle et des autres dirigeants de l’opposition, détenus
au Bélarus à la suite de la manifestation postélectorale. Il a noté
les vives préoccupations formulées par les observateurs à propos
du processus électoral et des développements subséquents et exprimé
son inquiétude devant le maintien en détention de journalistes,
de candidats et de militants de l’opposition.
3.5. Autres
63. Le 20 décembre 2010, les ministres des Affaires étrangères
polonais et allemand, Radoslaw Sikorski et Guido Westerwelle, ont
publié une déclaration commune condamnant les agressions et les
détentions de dirigeants de l’opposition. Ils ont appelé les autorités
du Bélarus à libérer immédiatement les personnes arrêtées et à engager
le dialogue avec l’opposition. A la lumière des conclusions de l’évaluation
du scrutin effectuée par l’OSCE/BIDDH, ils ont estimé que ces élections
étaient un grave revers pour les ambitions démocratiques du peuple
bélarussien.
64. Le 23 décembre 2010, les ministres des Affaires étrangères
de la République tchèque, de l’Allemagne, de la Pologne et de la
Suède ont publié un article commun condamnant les brutalités policières.
«Il ne peut y avoir de statu quo entre l’Union européenne et le
Président du Bélarus, Aleksander Loukachenko, après les événements
qui se sont produits depuis l’élection présidentielle de dimanche
dernier (…) La poursuite d’une implication positive avec M. Loukachenko
semble pour l’heure une perte de temps et d’argent. (…) Il a fait
son choix – un choix qui va à l’encontre de toutes les valeurs de
l’Union européenne.»
65. Le 18 janvier 2011, la Pologne a décrété une interdiction
d’entrée sur son territoire à l’encontre de plusieurs responsables
du Gouvernement bélarussien et a encouragé les autres pays européens
à faire de même.
66. Les Etats-Unis ont fait part de leur soutien à la résolution
du Parlement européen appelant à des sanctions à l’égard des dirigeants
du Bélarus et se sont déclarés prêts à prendre des mesures similaires
en vue de restaurer les sanctions précédemment levées.
67. Le 21 janvier 2011, plusieurs ambassadeurs de l’Union européenne
accrédités à Minsk ont boycotté la cérémonie d’investiture du Président
du Bélarus et participé à une conférence internationale à Vilnius consacrée
à la répression postélectorale des opposants au Bélarus.
4. Prochaines étapes
68. Au même titre que la grande majorité des représentants
de la communauté internationale, je suis profondément préoccupée
par cette vague sans précédent et persistante de violences, d’intimidations, d’arrestations
et de poursuites d’opposants politiques, de défenseurs des droits
de l’homme, de professionnels des médias et de citoyens du Bélarus.
69. Il est difficile de trouver des raisons à un éventuel renforcement
des relations avec le Bélarus, bien que de telles perspectives semblaient
réalistes et envisageables avant les élections. Je suis personnellement convaincue
que le Président Loukachenko s’est rendu un bien mauvais service.
Le dénigrement de ses opposants et leur exclusion de l’arène politique
vont à l’encontre de son projet politique déclaré: bâtir un Bélarus
fort et prospère.
70. Je reste convaincue que les réformes si cruellement nécessaires
au Bélarus ne peuvent être menées qu’avec l’engagement plein et
entier des forces démocratiques du pays, des représentants de la
société civile et des défenseurs des droits de l’homme, mais également
avec les dirigeants et les responsables gouvernementaux.
71. La violente répression de la manifestation politique au lendemain
de l’élection présidentielle est à l’évidence un net pas en arrière
et un signe de mépris complet des valeurs fondamentales défendues
par le Conseil de l’Europe. Elle montre que notre politique d’engagement,
définie dans la Résolution 1671 (2009) sur la situation au Bélarus,
n’a malheureusement pas donné lieu à des changements positifs.
72. A la lumière de ce qui précède, l’Assemblée ne peut pas fermer
les yeux sur les événements récents et en cours et continuer comme
si de rien n’était.
73. L’Assemblée devrait en particulier appeler les autorités bélarussiennes:
- à libérer immédiatement tous
les candidats de l’opposition et leurs partisans, les journalistes
et les défenseurs des droits de l’homme détenus pour des motifs
politiques;
- à mettre un terme au harcèlement et aux intimidations
à l’encontre des responsables politiques de l’opposition, des médias
et des représentants de la société civile;
- à engager une enquête transparente sur le recours abusif
à la force par la police et les forces de sécurité contre les manifestants;
- à mettre un terme aux renvois d’étudiants des universités
et aux licenciements de personnes en raison de leur participation
aux manifestations;
- à reconsidérer leur décision de fermer le Bureau de l’OSCE
à Minsk et à prolonger son mandat en 2011 et au-delà;
- à achever le processus de réforme de la législation et
de la pratique électorales en tenant compte de l’ensemble des recommandations
de l’OSCE/BIDDH et de la Commission européenne pour la démocratie
par le droit (la Commission de Venise).
74. Je reste convaincue que toute sanction et restriction appliquées
aux contacts et interactions avec les responsables des événements,
y compris les dirigeants aux plus hauts niveaux, ne devraient pas
aggraver encore l’isolement du peuple bélarussien. L’Assemblée devrait
par conséquent renforcer le dialogue avec les forces démocratiques
du Bélarus, la société civile, les groupes d’opposition, les médias
libres et les défenseurs des droits de l’homme. Dans le même esprit,
l’Assemblée devrait appeler l’ensemble des Etats membres du Conseil
de l’Europe:
- à favoriser les
programmes d’échange pour les partis politiques d’opposition bélarussiens
et les conférences en soutien de la démocratie bélarussienne;
- à maintenir et renforcer le dialogue avec la société civile
bélarussienne et nouer des contacts interpersonnels avec le Bélarus
à tous les niveaux;
- à envisager de faciliter l’octroi de visas aux citoyens
ordinaires du Bélarus;
- à encourager les universités à ouvrir leurs portes aux
étudiants bélarussiens qui ont été renvoyés en raison de leurs activités
politiques;
- à soutenir la poursuite des activités du Bureau de l’OSCE
à Minsk en vertu du mandat qui lui a été confié.
75. S’agissant de ses propres relations avec le Bélarus, il convient
de rappeler que l’Assemblée parlementaire, dans sa Résolution 1671
(2009), adoptée en juin 2009 (rapporteur: M. Andrea Rigoni, Italie, ADLE),
a réagi à certains progrès constatés dans la situation au Bélarus
et défini une nouvelle politique d’engagement et d’ouverture dans
ses relations avec les autorités bélarussiennes, tout en continuant
à soutenir le renforcement des ONG et de la société civile bélarussiennes.
C’est pourquoi l’Assemblée a demandé au Bureau de lever la suspension
du statut d’invité spécial du Parlement du Bélarus à condition qu’un moratoire
sur l’exécution de la peine de mort ait été décrété, et réitéré
sa conviction que «le dialogue ne peut être nourri que par des progrès
continus du Bélarus vers les normes du Conseil de l’Europe».
76. Comme évoqué précédemment, en avril 2010, à la suite d’un
débat selon la procédure d’urgence motivé essentiellement par l’exécution
de deux détenus en mars 2010
, l’Assemblée, dans
sa
Résolution 1727 (2010),
a décidé de suspendre ses activités impliquant des contacts à haut
niveau entre l’Assemblée et les autorités bélarussiennes. A cette
occasion, l’Assemblée a répété que le dialogue ne peut être nourri
que par des progrès continus du Bélarus vers les normes du Conseil
de l’Europe.
77. Au vu du nouveau recul constaté, je propose que l’Assemblée:
- réaffirme sa décision de suspendre
ses activités impliquant des contacts à haut niveau avec les autorités bélarussiennes;
- appelle le Bureau de l’Assemblée à ne pas lever la suspension
du statut d’invité spécial du Parlement du Bélarus jusqu’à ce que:
- un moratoire sur l’exécution de la peine de mort ait été
décrété par les autorités bélarussiennes compétentes;
- des progrès substantiels, tangibles et vérifiables interviennent
en termes de respect des valeurs et principes démocratiques défendus
par le Conseil de l’Europe.