1. Introduction
1. Le 28 janvier 2011, le Bureau de l’Assemblée parlementaire
a autorisé la commission des questions sociales, de la santé et
de la famille à élaborer un rapport sur le rôle des parlements dans
la consolidation et le développement des droits sociaux en Europe,
en tant que composante du débat de l'Assemblée sur la situation
des droits de l'homme en Europe, lors de sa partie de session de
juin 2011. Cette décision se fondait sur la
Résolution 1792 (2011) de l’Assemblée
sur le suivi des engagements concernant les droits sociaux (paragraphe
6.1). J'ai été désignée comme rapporteuse par la commission le 22
mars 2011.
2. L'Assemblée n'a cessé de souligner que les Etats membres doivent
prendre des mesures spécifiques en vue de la consolidation et du
développement des droits sociaux en Europe et de l’amélioration
de l'accès à ces droits, en particulier pour ceux qui risquent l'exclusion.
Les normes existantes du Conseil de l'Europe dans le domaine des
droits sociaux ont été reconnues par les Etats membres et ces derniers
doivent agir pour garantir que les droits sociaux deviennent une
réalité pour tous les citoyens.
3. Le présent rapport vise à attirer l'attention de l'Assemblée
sur les mesures qui peuvent et doivent être prises par les parlements
des Etats membres afin de garantir des progrès dans l’application
des normes relatives aux droits sociaux: en ratifiant les traités
correspondants (comme les conventions du Conseil de l'Europe et
des Nations Unies), et en veillant à ce que toutes les normes internationales
soient prises en compte lorsqu’ils élaborent une nouvelle loi ou
révisent la législation existante en exerçant des fonctions de supervision
telles que le contrôle parlementaire des politiques publiques et
des allocations budgétaires, et – enfin et surtout – au moyen de
la coopération interparlementaire.
2. Le rôle
des parlements dans la consolidation des droits sociaux en Europe
2.1. L’efficacité des
parlements
4. Dans l’exercice de leurs principales fonctions, en
l’occurrence l’élaboration des politiques et de la législation,
la représentation fondée sur des circonscriptions et le contrôle
de l’exécutif, les parlements peuvent faire progresser la consolidation
des droits sociaux.
5. Les parlements ont un rôle majeur à jouer pour garantir que
les normes minimales en matière de droits sociaux sont non seulement
reconnues, mais aussi appliquées et contrôlées au niveau national.
Je suis convaincue que les parlements peuvent accroître leur efficacité
en aidant à la satisfaction des besoins des citoyens et en assurant
leur accès aux droits sociaux s’ils renforcent leur efficience sur
un plan général en tant que parlements. Pour être en mesure de garantir
la transparence et la responsabilité dans le domaine social, nous
devons veiller à ce que nos parlements adoptent ces principes comme
normes dans leur travail quotidien

.
6. Les parlements doivent par conséquent être ouverts, transparents
et redevables au public de l'exercice de leurs fonctions législative
et d’élaboration des politiques. La libre circulation des informations
entre le parlement et ses membres ou le public, ainsi que les voies
permettant une participation effective du public, sont essentielles
à tout parlement véritablement démocratique. La circulation des
informations devrait également répondre aux besoins de toutes les
personnes et être accessibles à toutes, y compris notamment aux
personnes handicapées

.
2.2. Fonctions législatives
– Reconnaissance des normes dans le domaine des droits sociaux
7. En tant qu’organe élu représentatif de la population,
un parlement a pour principales responsabilités l’élaboration de
la législation et des politiques.
8. Les droits de l’homme, y compris les droits sociaux, sont
protégés par la loi, comme il ressort de la législation nationale
ou des traités internationaux auxquels le pays est partie. Comme
souligné dans sa Résolution 1792 (2011) sur le suivi des engagements
concernant les droits sociaux, l’Assemblée se chargera «de promouvoir,
au sein du Conseil de l’Europe et parmi ses partenaires externes,
une approche large des droits sociaux comme faisant partie intégrante
et indivisible des droits humains»

.
Dans sa
Résolution 1800 (2011)
«Combattre la pauvreté», l’Assemblée a réitéré ce message. Cela
signifie par ailleurs que les droits sociaux doivent être adéquatement
reflétés dans les systèmes juridiques nationaux afin de permettre
leur protection par une juridiction.
9. Les parlements devraient être impliqués dès le départ et à
toutes les étapes du processus de négociation dans l’élaboration
des traités internationaux (conclus ultérieurement par leurs gouvernements)
– il serait par exemple recommandable d’inclure des parlementaires
dans les délégations nationales chargées de représenter un Etat
membre donné dans les négociations

. Certaines
conventions pourraient ne pas être ratifiées comme prévu initialement
pour la simple raison qu’il est demandé aux parlements d’entériner
des accords
ex post facto,
après qu’ils ont été signés par le gouvernement. Il est de ce fait
essentiel d’associer au plus tôt les parlements aux négociations.
2.3. Application des
normes reconnues et création de mécanismes de suivi pertinents
10. Les parlements devraient surveiller l’application
des traités afin de s’assurer que les obligations contractées au
niveau international sont respectées. Au niveau national, les progrès
dans la mise en œuvre des droits sociaux peuvent aussi être surveillés
grâce aux contacts avec des groupes de citoyens, des organisations
non gouvernementales (ONG) et des électeurs qui partagent leurs
préoccupations et leurs souhaits avec les membres du parlement,
et grâce à des rapports réguliers des gouvernements et au contrôle parlementaire
des budgets et des politiques gouvernementales.
11. La mise en œuvre pleine et entière des droits sociaux dépend
de la représentation adéquate des intérêts de tous les membres de
la société, et en particulier de ceux qui risquent l'exclusion.
Les derniers traités relatifs aux droits humains soulignent ce message,
notamment la Convention des Nations Unies sur l’élimination de toutes
les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF), la Convention
des Nations Unies relative aux droits de l'enfant (CRC) et la Convention
des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées (CRPD).
La mise en œuvre des droits sociaux nécessite souvent l’établissement
par les Etats membres de mécanismes de contrôle correspondants au
niveau national. La création d’institutions du médiateur, la formation
du personnel en charge de l’élaboration des lois et de leur application,
et la mise en place de services à guichet unique à même de traiter
les besoins d’un groupe de la population, par exemple les personnes handicapées,
sont autant d’exemples de mesures qui pourraient et devraient être
prises.
12. Le suivi politique de l’application des traités internationaux
est de la plus haute importance, y compris au niveau international.
Le contrôle par l’Assemblée de la mise en œuvre des instruments
conventionnels du Conseil de l’Europe est par ailleurs essentiel
à leur application fructueuse. C’est pourquoi je me félicite de
la récente décision de l’Assemblée «d’engager le suivi politique
de la mise en œuvre de la Charte sociale européenne et des droits
sociaux en tenant pleinement compte de l’intégration d’une perspective
de genre, et ce en collaboration étroite avec le Comité européen
des Droits sociaux et d’autres organisations internationales et
européennes, notamment l’Organisation internationale du travail
et les organes de l’Union européenne»

.
13. S’agissant de la Charte sociale européenne révisée, l’Assemblée
a également décidé «de promouvoir, avec le Comité des Ministres
et les autres organes pertinents du Conseil de l’Europe, une révision
de la procédure de plaintes collectives dans le cadre du Protocole
additionnel à la Charte sociale de 1995, qui permettrait l’intervention
de parties tierces, y compris l’Assemblée, et d’envisager d’intervenir
en cette qualité le cas échéant»

. L’Assemblée devrait également
suivre de près les décisions du Comité européen des Droits sociaux,
et d’autres organes pertinents du Conseil de l’Europe, dans la mesure
où elles ont des répercussions directes sur le cadre juridique régissant
la mise en œuvre des droits sociaux en Europe.
2.4. Le contrôle parlementaire
– Un mécanisme visant à assurer l’application effective des normes
14. L’une des principales fonctions du parlement est
d’assurer un suivi permanent des activités de l’exécutif. Ce suivi
ou contrôle peut prendre différentes formes: des questions régulièrement
posées au gouvernement à l’occasion des sessions parlementaires,
des enquêtes entreprises par les commissions parlementaires, ou encore
des votes de confiance/défiance. Les procédures parlementaires devraient
à leur tour être transparentes et soumises au contrôle public. Enfin,
les gouvernements devraient être tenus de faire part publiquement,
dans un laps de temps défini, de leurs réponses aux enquêtes menées
par des commissions parlementaires.
15. A quelle fréquence les parlements exercent-ils un contrôle
de la mise en œuvre des droits sociaux? Selon quelles modalités?
Contrôlent-ils le respect des obligations internationales? Quels
sont les autres moyens dont nous, parlementaires, disposons et pouvons
utiliser pour garantir l’application, par les gouvernements, des
traités internationaux relatifs aux droits sociaux auxquels ils
sont liés? Les parlements sont-ils tenus informés par leurs gouvernements
respectifs des développements en matière de prise de décisions interinstitutionnelles?
Contrôlent-ils, par exemple, les programmes financiers de l’Union européenne?
A quel titre participent-ils à la fixation des priorités dans le
cadre des fonds respectifs, et en particulier du Fonds social européen?
Supervisent-ils l’allocation de fonds au niveau national? Voilà
autant de questions qu’il convient d’aborder.
16. Le suivi des politiques publiques et de l’allocation de budgets
devrait être entrepris régulièrement et à tous les niveaux – national
et européen. La gestion responsable et effective des deniers publics
est l’une des principales responsabilités des gouvernements. Et
le contrôle de cette gestion constitue l’un des mandats les plus
importants des parlements. Les programmes européens actuels, tels
que la Plateforme sociale de l’Union européenne, la Plateforme européenne
contre la pauvreté et l'exclusion sociale, et le Programme de l’Union européenne
pour l’emploi et la solidarité sociale, qui touchent des questions
sociales, de la santé et de la famille, doivent faire l’objet d’un
contrôle parlementaire approprié.
17. Les institutions internationales devraient également être
soumises à un tel contrôle. Dans sa
Résolution 1289 (2002) et sa Recommandation
1567 (2002) sur le contrôle parlementaire des institutions internationales, l’Assemblée
a souligné le déséquilibre entre le pouvoir grandissant des institutions
internationales et l’absence d’un contrôle démocratique de leurs
activités, ce qui constitue un défi majeur à la démocratie. Le contrôle parlementaire
des activités des institutions internationales doit commencer par
s’exercer au niveau national. Par conséquent, l’Assemblée invite
les parlements des Etats membres à exercer pleinement leurs pouvoirs
en cette matière, et notamment à tenir régulièrement des débats
sur les activités des institutions internationales, sur la base
de rapports présentés par le gouvernement; à faire usage, pour ce
faire, de procédures budgétaires et d’autres moyens à leur disposition;
à proposer aux gouvernements l’inclusion de parlementaires dans
les délégations nationales participant aux réunions des institutions
internationales.
3. Le rôle des parlements
dans le développement des droits sociaux en Europe
3.1. Généralités
18. Les parlements ont un rôle important à jouer dans
le développement des droits sociaux. Le progrès social ne peut être
accompli que si les Etats membres améliorent sans cesse leur compréhension
et leur application des normes relatives aux droits humains (y compris
aux droits sociaux), garantissant un accès effectif à ces droits
pour tous.
19. Les parlements devraient être associés au processus de définition
de la position de leurs pays respectifs au plan international, s’agissant
des décisions politiques qui affectent les droits sociaux.
20. Il me tient à cœur de soulever un autre point, en l’occurrence
la dangereuse tendance à l’«opting out» (notification négative)
observée dans certains accords internationaux, qui se traduit par
des déclarations sur l’applicabilité ou le choix d’articles auxquels
le pays accepte d’être lié dans les conventions «à la carte»

.
Pour ne citer qu’un exemple, seuls 15 Etats parties à la Charte
sociale européenne révisée ont accepté l’article 30 sur le droit
à la protection contre la pauvreté et l'exclusion sociale.
21. L’avantage des conventions «à la carte» est clair – la signature
rapide d’une convention représente un engagement politique, permet
une mise en œuvre progressive et donne aux pays la possibilité d’avancer
à leur rythme, certains choisissant d’accélérer le pas lorsque le
contexte politique est plus favorable. L’inconvénient cependant
est que nous laissons d’importants traités relatifs aux droits humains
à la merci d’une quelconque future instabilité politique ou économique
et des développements sociétaux cruciaux au rang de simples déclarations
populistes. Cette tendance est dangereuse et nous courons le risque
de prendre de mauvaises décisions, des décisions qui ne respectent
pas les principes et valeurs de l’Europe que sont la démocratie,
les droits humains et l’Etat de droit. Je voudrais de ce fait attirer
l’attention des Etats membres sur la nécessité de ratifier sans
plus attendre les instruments relatifs aux droits sociaux, sans
formuler de réserve et en acceptant d’être liés par toutes les dispositions.
22. Enfin, les parlements devraient garantir la protection des
droits sociaux au moyen des instruments de négociations collectives,
mais veiller également à ce qu’ils deviennent juridiquement applicables
par les citoyens à titre individuel. L’introduction de normes relatives
aux droits sociaux dans les législations nationales est essentielle
dans la mesure où il n’y a pas de protection des droits individuels
en l’absence d’un mécanisme permettant de demander justice en cas
de violation de ces droits.
3.2. Le droit à la santé,
y compris le droit à un environnement sain
3.2.1. Le cadre institutionnel
pour la réalisation du droit à la santé
23. Un grand nombre d’organisations internationales dont
le Comité des droits économiques, sociaux et culturels des Nations
Unies, le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme,
l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le Bureau international
du travail (BIT), le Conseil de l’Europe et de nombreuses organisations
de la société civile traitent des questions liées au droit à la
santé. L’implication d’une telle multitude d’organisations internationales
dans la recherche de solutions optimales pour garantir le droit
à la santé est liée au caractère multidimensionnel de ce droit et
au fait que sa réalisation dépend d’une grande variété de facteurs
dont certains, mais pas tous, relèvent de la responsabilité des
gouvernements.
24. Les gouvernements ont convenu d’un ensemble de priorités.
Ils se sont engagés, dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour
le développement (OMD) à réduire la mortalité infantile (OMD 4),
à améliorer la santé maternelle (OMD 5), et à combattre le VIH/sida

, le
paludisme et d’autres maladies (OMD 6). La branche exécutive et
ses bureaux administratifs sont responsables en dernier ressort
de la mise en œuvre des politiques nationales pour atteindre les
cibles des OMD. Toutefois les fonctions de législateur, de représentation
et de contrôle assignées aux parlements par la Constitution leur
confèrent un rôle crucial. Par ailleurs, dans la plupart des pays,
les législateurs sont non seulement des dirigeants politiques nationaux
et des participants au processus d’élaboration des politiques, mais
sont également bien souvent des leaders d’opinion

. Cette association décuple la puissance
de leur soutien à l’atteinte des OMD.
25. Dans ce cas de figure, les parlements jouent un double rôle:
d’un côté ils contrôlent l’action du gouvernement en matière de
respect des obligations internationales et, de l’autre, ils supervisent
ce qui est fait par les organisations internationales ou les décisions
prises au plan international. Il est important de comprendre que
les affaires internationales – y compris les accords conclus au
niveau international – commencent toutes chez soi. La supervision
des travaux des organisations internationales est d’autant plus cruciale
pour celles qui ne disposent pas d’organes de contrôle parlementaire.
Je propose, par exemple, que dans nos réflexions sur la possibilité
d’introduire un contrôle parlementaire des activités de l’Organisation mondiale
de la santé, nous veillons à respecter scrupuleusement en Europe
les principes d’une approche des soins de santé fondée sur les droits
humains. La récente crise du H1N1 a démontré la nécessité d’un tel contrôle
parlementaire

.
26. S’agissant des décisions prises au niveau international, il
convient de noter que les réformes affectent tous les secteurs du
Conseil de l’Europe. L’Assemblée, dans sa Recommandation 1959 (2011)
sur les politiques de prévention en matière de santé dans les Etats
membres du Conseil de l'Europe, a appelé à la mise en œuvre de mesures
effectives. Dans le même temps, toutefois, le Comité des Ministres
a décidé de mettre un terme au mandat du Comité européen de la santé
(à partir de 2012), un comité intergouvernemental du Conseil de
l’Europe chargé de faciliter les développements politiques et l’échange
de bonnes pratiques dans ce domaine. J’espère que cette décision
sera accompagnée d’autres mesures permettant d’assurer la poursuite
de la coopération intergouvernementale en matière de santé, conformément
aux principes et valeurs du Conseil de l’Europe, s’agissant notamment
de la mise en œuvre de l’article 11 sur le droit à la protection
de la santé de la Charte sociale européenne révisée.
27. Il est également possible d’aborder les questions liées à
la santé de manière transversale, en mettant l’accent sur les besoins
de groupes cibles particuliers et les facteurs spécifiques ayant
un effet sur la santé. Une telle action transversale nécessite toutefois
une coordination adéquate et la possibilité d’impliquer toutes les
parties prenantes. Le Conseil de l’Europe dispose d’un ensemble
de programmes traitant des besoins de groupes spécifiques qui risquent
l’exclusion et pour lesquels l’accès au droit à la santé s’avère
plus difficile. Les Etats membres doivent de ce fait engager des
actions particulières à leur égard afin d’assurer l’égalité d’accès
pour tous. Les travaux actuellement menés en faveur de l’intégration
des personnes handicapées, de l’insertion des Roms, de la protection
des femmes et des enfants peuvent tous intégrer des aspects liés
à la santé et veiller à ce que les besoins particuliers de ces groupes
soient clairement définis et pris en compte grâce à une approche
ciblée.
28. Les parlements devraient passer en revue l’ensemble de la
législation relative à la santé dans leurs pays respectifs afin
de voir dans quelle mesure elle correspond aux normes internationales
en matière de droits humains. Les parlements devraient également
demander à leurs gouvernements de garantir le plein accès à l’ensemble
des instruments internationaux pertinents en matière de droits humains,
et notamment aux textes des traités auxquels le pays est partie,
dans la (les) langue(s) officielle(s) et dans des formats accessibles
à tous, dont une version «facile à lire»

pour
les personnes souffrant d’un handicap intellectuel ainsi que des versions
audio ou en braille pour les personnes mal voyantes.
29. Je suis fermement d’avis qu’il convient d’élaborer un nouveau
protocole à la Charte sociale européenne révisée sur le droit à
la santé afin de garantir ce droit en tant que droit humain fondamental.
3.2.2. L’étendue du droit
à la santé
30. Comme souligné par le Comité des Nations Unies sur
les droits économiques, sociaux et culturels, le droit à la santé
est reconnu dans de nombreux instruments internationaux. La Constitution
de l’Organisation mondiale de la santé

énonce
que «la santé est un état de complet bien-être physique, mental
et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie
ou d’infirmité. La possession du meilleur état de santé qu’il est
capable d’atteindre constitue l’un des droits fondamentaux de tout
être humain, quelles que soient sa race, sa religion, ses opinions
politiques, sa condition économique ou sociale»

.
31. Dans sa Résolution 15/22 sur le droit qu’a toute personne
de jouir du meilleur état de santé physique et mentale possible

,
le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies appelle les Etats
membres à prendre une série de mesures spécifiques pour notamment
«veiller à ce que la législation, les réglementations et les politiques
nationales et internationales tiennent dûment compte du droit qu’a
toute personne de jouir du meilleur état de santé physique et mentale
possible»
(c). Il engage également
les Etats à «prendre, individuellement et dans le cadre de l’assistance
et de la coopération internationales, en particulier d’ordre économique
et technique, toutes les mesures que les ressources dont ils disposent
leur permettent pour assurer progressivement la pleine réalisation
du droit qu’a toute personne de jouir du meilleur état de santé physique
et mentale possible»
(d).
32. Selon l’Organisation mondiale de la santé, le droit à la santé
est un droit inclusif. Il est souvent associé à l’accès aux soins
de santé

.
Cependant, il a une portée bien plus large et il englobe un grand
nombre de facteurs qui peuvent nous aider à mener une vie saine.
Le Comité des droits économiques, sociaux et culturels, l’organe
chargé du suivi du Pacte international relatif aux droits économiques,
sociaux et culturels, les appelle les «facteurs déterminants pour
la santé». Ils comprennent: l’approvisionnement en eau potable et l’assainissement;
une alimentation saine; une alimentation suffisante et un logement
décent; des conditions de travail et environnementales saines; une
éducation à la santé et la diffusion d’informations; et l’égalité
entre les sexes

.
33. Le droit à la santé garantit des libertés, dont le droit de
refuser un traitement médical en l’absence de consentement mutuel,
notamment en matière d’expériences et de recherches médicales ou
de stérilisation forcée ainsi que de ne pas être soumis à la torture
et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.
Le droit à la santé garantit aussi des droits, notamment le droit
à un système de protection de la santé offrant à tous la possibilité
de bénéficier du meilleur état de santé possible; le droit à la
prévention et au traitement ainsi qu’à la lutte contre les maladies;
l’accès aux médicaments essentiels; la santé maternelle, infantile
et procréative; un accès égal et en temps voulu aux services de
santé de base; la fourniture d’une éducation à la santé et d’informations
y relatives; et la participation de la population au processus de
prise de décisions sur les questions de santé aux niveaux national
et communautaire

.
Enfin, tous les services, biens et infrastructures doivent être
disponibles, accessibles, acceptables, de bonne qualité et, surtout,
fournis sans discrimination

.
34. Les développements récemment intervenus dans l’Union européenne,
dont l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne – le Traité sur le
fonctionnement de l’Union européenne (TFUE) – et le fait que la
Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne soit reconnue
comme faisant partie du traité

,
et soit par conséquent juridiquement contraignante, auront une influence
substantielle sur l’évolution du droit à la santé au sein de l’Union
européenne

.
35. Le droit à la santé devrait être considéré comme un droit
fondamental de l’individu

.
La Charte sociale européenne révisée commence par énoncer, à la
partie I, que les Parties reconnaissent comme objectif d'une politique
qu'elles poursuivront la réalisation de conditions propres à assurer
l'exercice effectif d’un ensemble de droits et principes, soulignant,
notamment
, que toute personne
a le droit de bénéficier de toutes les mesures lui permettant de
jouir du meilleur état de santé qu'elle puisse atteindre.
36. La Charte sociale européenne révisée énumère également certains
droits spécifiques: «Tous les travailleurs ont droit à la sécurité
et à l'hygiène dans le travail» (paragraphe 3); «Les enfants et
les adolescents ont droit à une protection spéciale contre les dangers
physiques et moraux auxquels ils sont exposés» (paragraphe 7); «Les
travailleuses, en cas de maternité, ont droit à une protection spéciale»
(paragraphe 8); «Toute personne a le droit de bénéficier de toutes
les mesures lui permettant de jouir du meilleur état de santé qu'elle
puisse atteindre» (voir paragraphe 11 et article 11); «Toute personne
démunie de ressources suffisantes a droit à l'assistance sociale
et médicale» (paragraphe 13). Selon moi, ces articles mettent en
avant la protection spécifique à l’égard des travailleurs, ce qui
ne signifie pas pour autant que la Charte sociale protège uniquement
les droits des employés. L’emploi de devrait pas être un facteur
limitatif ou une condition d’accès au droit à la santé.
37. J’estime que les efforts particuliers déployés à l’égard des
employés ne doivent en aucun cas empêcher l’accès aux normes minimales
des «sans-emploi» ou de ceux qui ne sont pas en mesure de travailler.
A titre d’exemple, la référence au fait que «les travailleuses,
en cas de maternité, ont droit à une protection spéciale» (paragraphe
8), ne devrait pas nuire à l’application des mesures de protection
sociale aux femmes qui n’ont pas d’emploi. Le suivi attentif des
situations liées au travail au titre de la Charte sociale européenne
révisée est une grande réalisation qui témoigne de la capacité des
Etats membres de faire progresser les droits sociaux. Dans un même
temps, la situation des personnes qui ne travaillent pas ne doit
pas être négligée, dans la mesure où l’expression «toute personne»
fait clairement référence à tous les membres de la société, indépendamment
de leur statut.
38. Nous devrions prendre dûment en compte les décisions du Comité
européen des Droits sociaux
![(24)
Le
comité souligne que le droit à la protection de la santé garanti
par l’article 11 de la Charte complète les articles 2 et 3 de la
Convention européenne des droits de l’homme tels qu’interprétés
par la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme,
en ce qu’il impose une série d’obligations positives en vue d’assurer
l’exercice effectif dudit droit. L’indissociabilité des droits proclamés
par les deux instruments est fortement affirmée par le comité lorsqu’il
se réfère à la dignité humaine: «la dignité humaine représente la
valeur fondamentale qui est au cœur du droit positif en matière
des droits de l’homme – que ce soit la Charte sociale européenne
ou la Convention européenne des droits de l’homme – et [que] les
soins de santé constituent un préalable essentiel à la préservation
de la dignité humaine». Voir le Digest de jurisprudence du Comité
européen des Droits sociaux (1er septembre 2008).](/nw/images/icon_footnoteCall.png)
qui a
interprété

la
portée de la Charte sociale européenne révisée et son article 11
sur la protection de la santé

. S’agissant du droit au
meilleur état de santé possible, le Comité européen des Droits sociaux
a souligné que la notion de santé au sens de l’article 11 couvre
le bien-être physique et mental conformément à la définition de
la santé figurant dans la Constitution de l'OMS acceptée par tous
les Etats parties à la Charte

.
39. S’agissant du droit à l’accès aux soins de santé, le Comité
européen des Droits sociaux souligne que le système de santé doit
être accessible à toute la population. Le droit à l’accès aux soins
de santé implique que la prise en charge des soins de santé soit
en tout ou en partie collective

et que le coût des soins ne représente
pas une charge trop lourde pour les individus. A cette fin, des
mesures visant à atténuer les effets de la participation financière
des patients parmi les catégories défavorisées de la population
doivent être prises

.
40. Le comité fait par ailleurs référence aux textes adoptés par
l’Assemblée. A titre d’exemple, il prend en considération la Recommandation
1626 (2003) de l’Assemblée sur «La réforme des systèmes de santé
en Europe: concilier équité, qualité et efficacité», qui invite
les Etats à employer comme principal critère pour apprécier le succès
des systèmes de santé, l’accès effectif aux services de soins pour
tous sans discrimination en tant que droit fondamental de l’individu

.
41. Le Comité européen des Droits sociaux a également prononcé
des décisions à l’égard de deux autres mesures, évoquées aux points
2 et 3 de l’article 11, en l’occurrence l’obligation de prévoir
des services de consultation et d’éducation pour ce qui concerne
l’amélioration de la santé et le développement du sens de la responsabilité
individuelle en matière de santé et l’obligation de prévenir, dans
la mesure du possible, les maladies épidémiques, endémiques et autres,
ainsi que les accidents. Nous devrions garantir la prise en compte
dans nos travaux au plan national des décisions du Comité européen
des Droits sociaux

.
42. Il convient de prendre des mesures spécifiques pour la mise
en œuvre du droit à la santé vis-à-vis des catégories de la population
qui risquent l’exclusion, dans certains contextes particuliers,
comme la santé au travail, ainsi qu’à l’égard de facteurs déterminants
spécifiques comme un environnement sain.
3.2.2.1. Groupes cibles
spécifiques – Enfants, personnes handicapées, femmes et personnes âgées,
personnes confrontées à la pauvreté
43. Les Etats membres devraient prendre des mesures spécifiques
afin de garantir aux enfants le droit à la santé. L’article 24 de
la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant

énonce
clairement que «les Etats parties reconnaissent le droit de l'enfant
de jouir du meilleur état de santé possible et de bénéficier de
services médicaux et de rééducation. Ils s'efforcent de garantir
qu'aucun enfant ne soit privé du droit d'avoir accès à ces services».
44. Les Etats membres ont également convenu de prendre des mesures
particulières pour garantir le droit à la santé aux personnes handicapées.
Ces dernières

sont
davantage confrontées à l’exclusion sociale et à l’incapacité d’accès
à l’information. L’article 25 sur la santé de la Convention des
Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées

énonce
que «les Etats parties

reconnaissent
que les personnes handicapées ont le droit de jouir du meilleur
état de santé possible sans discrimination fondée sur le handicap. Ils
prennent toutes les mesures appropriées pour leur assurer l’accès
à des services de santé qui prennent en compte les sexospécificités,
y compris des services de réadaptation».
45. Ces exigences ont été réaffirmées par le Conseil des droits
de l’homme des Nations Unies dans sa Résolution 15/22. Par ailleurs,
le Plan d’action du Conseil de l’Europe pour les personnes handicapées
2006-2015

appelle
les Etats membres à veiller à ce que les personnes handicapées aient
droit à des services de santé de qualité et à des traitements et
technologies appropriés pour que leur état de santé soit le meilleur possible
(ligne d’action no 9: soins de santé) et pour améliorer leur qualité
de vie. Un des aspects majeurs étant l’implication systématique
des personnes handicapées dans toutes les décisions les concernant,
le plan d’action stipule que les personnes handicapées et leurs
représentants devraient être consultés et pleinement associés au
processus décisionnel concernant leurs programmes de soins personnalisés.
Cette approche place la personne handicapée au centre du processus
de planification et de conception des soins et lui permet de prendre,
en connaissance de cause, des décisions concernant sa santé.
46. Les Etats membres devraient prendre des mesures spécifiques
pour garantir aux femmes la non-discrimination en matière de droit
à la santé. La Convention des Nations Unies sur l’élimination de
toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes

énonce,
à l’article 12, que les Etats parties prennent toutes les mesures
appropriées pour éliminer la discrimination à l’égard des femmes
dans le domaine des soins de santé en vue de leur assurer, sur la
base de l’égalité de l’homme et de la femme, les moyens d’accéder
aux services médicaux, y compris ceux qui concernent la planification
de la famille. Par ailleurs, les Etats parties fourniront aux femmes
pendant la grossesse, pendant l’accouchement et après l’accouchement,
des services appropriés et, au besoin, gratuits, ainsi qu'une nutrition
adéquate pendant la grossesse et l’allaitement.
47. La Charte sociale européenne révisée est l’un des très rares
traités à protéger les droits des personnes âgées

.
Le vieillissement de la population en Europe nécessitera de prendre
des mesures spécifiques afin de garantir le droit à la santé. L’article
23 de la Charte sociale européenne révisée demande aux Parties,
en vue d'assurer l'exercice effectif du droit des personnes âgées
à une protection sociale, de s’engager «à prendre ou à promouvoir
(...) des mesures appropriées tendant notamment à permettre aux
personnes âgées de choisir librement leur mode de vie et de mener
une existence indépendante dans leur environnement habituel aussi longtemps
qu'elles le souhaitent et que cela est possible, moyennant: la mise
à disposition de logements appropriés à leurs besoins et à leur
état de santé ou d'aides adéquates en vue de l'aménagement du logement et
les soins de santé et les services que nécessiterait leur état».
48. Dans sa Résolution 15/22, le Conseil des droits de l’homme
engage tous les Etats à s’occuper spécialement de la situation des
pauvres et des autres groupes vulnérables et marginalisés, notamment
en prenant activement des mesures pour garantir la pleine réalisation
du droit qu’a toute personne de jouir du meilleur état de santé
physique et mentale possible. La protection adéquate du droit à
la santé pour les personnes confrontées à la pauvreté ou les membres
des minorités et des communautés de migrants demeure toutefois un
défi sérieux. En tant que parlementaires, il nous appartient de
veiller à ce que les Etats membres prennent des mesures spécifiques
afin de garantir que les normes minimales, y compris les soins de
santé primaires, soient pleinement accessibles à tous, sans aucune
discrimination.
3.2.2.2. Contexte
49. L’application du droit à la santé dans les différentes
situations de la vie doit être prise en compte

. La mise en œuvre du droit à la
santé dans un contexte particulier, notamment celui de la santé
au travail, telle que décrite dans les conventions de l’Organisation
internationale du travail (OIT), nécessite la satisfaction de certains
critères afin de protéger la santé des individus dans un environnement
donné. Plusieurs conventions de l’OIT garantissent la sécurité et
la santé au travail, notamment celle sur la sécurité et la santé
des travailleurs (no 155, 1981) et son Protocole de 2002, la Convention
portant sur les services de santé au travail (no 161, 1985), la
Convention sur le cadre promotionnel pour la sécurité et la santé
au travail (no 187, 2006), ainsi que les conventions relatives à
la protection contre des risques spécifiques

ou
à la santé et sécurité dans les branches d’activité économique particulières

.
Je me dois de souligner que, selon l’OIT, 2,31 millions de personnes
meurent chaque année d’accidents ou de maladies résultant du travail
et près de 358 000 décéderaient des suites d’un accident du travail
fatal. Il y aurait chaque année 337 millions d'accidents également
en rapport avec le travail

.
3.2.2.3. Conditions favorables
50. Le droit à la santé est influencé avant toute chose
par l’environnement dans lequel nous vivons. Le droit à un environnement
sain peut être considéré comme un facteur déterminant du droit à
la santé. Cependant, en prenant en considération l’impact direct
sur l’existence de toutes les espèces, et pas seulement les êtres humains,
le droit à un environnement sain élargit le spectre des droits.
Il va en effet au-delà des droits humains existants et se rapproche
des droits de toutes les espèces vivantes sur terre

.
C’est la raison pour laquelle je tiens à consacrer un chapitre spécifique
au droit à un environnement sain.
51. Le temps est venu pour le Conseil de l’Europe de consolider
ses réalisations et d’énoncer clairement que la santé est un droit
à part entière et que les décideurs politiques doivent étudier les
implications potentielles sur le droit à la santé de toutes les
décisions prises par les autorités publiques mais aussi par les acteurs
privés, y compris par les entreprises privées. Il s’agit d’un impératif,
notamment lorsqu’il est question du fonctionnement des sociétés
multinationales.
52. Le progrès scientifique a permis de mieux comprendre les implications
des développements de la médecine pour les droits humains et la
dignité de l’être humain. Les Etats membres du Conseil de l’Europe devraient
reconnaître que les droits humains évoluent et qu’il convient de
ce fait que les législations et pratiques reflètent dûment cette
évolution, en garantissant en parallèle la meilleure protection
possible des droits humains, et notamment des droits sociaux. D’autres
instruments conventionnels du Conseil de l’Europe, dont la Convention
pour la protection des droits de l'homme et de la dignité de l'être
humain à l'égard des applications de la biologie et de la médecine
(STE no 164, «Convention d'Oviedo») et ses protocoles nécessitent
d’être transposés et appliqués dans nos Etats membres. Ceux-ci devraient
se tenir informés des derniers développements. Les traités internationaux
doivent être ratifiés et mis en œuvre pour garantir que les progrès
scientifiques respectent les droits humains et la dignité de l’être
humain.
3.2.3. Le droit à un
environnement sain
53. Tenant compte de la complémentarité avec la Convention
européenne des droits de l’homme et du lien grandissant que les
Etats parties à la Charte sociale européenne révisée et d’autres
organes internationaux établissent désormais entre la protection
de la santé et un environnement sain, le Comité européen des Droits sociaux
a interprété l’article 11 de la Charte (droit à la protection de
la santé) comme incluant le droit à un environnement sain

.
54. Dans ses décisions, le Comité européen des Droits sociaux
évoque les dommages causés à l’environnement en termes de pollution
de l’air, de risques nucléaires pour la population vivant aux alentours des
centrales nucléaires, et de risques liés à l’amiante. Au regard
de la Charte, la maîtrise de la pollution est considérée comme un
objectif qui doit être atteint progressivement. Les Etats doivent
s’efforcer de l’atteindre à une échéance raisonnable, au prix de
progrès mesurables et en utilisant au mieux les ressources qu’ils peuvent
mobiliser

. Les mesures prises sont
évaluées au regard de la législation et la réglementation nationales,
des engagements pris au niveau de l’Union européenne et des Nations
Unies

,
et des conditions concrètes de mise en œuvre du droit applicable.
55. Le comité a souligné que, s’agissant de la pollution de l’air,
la garantie d’un environnement sain implique que les Etats développent
et mettent régulièrement à jour un cadre législatif et réglementaire
en matière environnementale qui soit suffisamment développé

et qu’ils prévoient
des dispositions particulières (adaptation des équipements, fixation
de valeurs limites d’émissions, mesures de la qualité de l’air,
etc.) tant pour prévenir la pollution de l’air au niveau local

que pour contribuer
à la réduction de la pollution atmosphérique à l’échelle planétaire.
56. Je tiens à évoquer un point qui nécessite des efforts conjoints
– la mise en œuvre de la Convention d’Aarhus. Le 30 octobre 2001,
la Convention d’Aarhus sur l’accès à l’information, la participation
du public au processus décisionnel et l’accès à la justice en matière
d’environnement

est
entrée en vigueur. Ouverte à l’adhésion des Etats du monde entier,
la convention a établi de nouvelles normes en matière de démocratie environnementale.
Elle tient une place unique parmi les accords multilatéraux relatifs
à l’environnement dans la mesure où elle vise à permettre aux citoyens
ordinaires, indépendamment de leur citoyenneté, nationalité ou domicile,
d’avoir voix au chapitre dans les décisions qui affectent leur environnement.
La Convention d’Aarhus octroie des droits au public et impose aux
parties et aux autorités publiques des obligations en matière d’accès
à l’information, de participation du public et d’accès à la justice.
57. Le Protocole de la Convention d’Aarhus sur les registres des
rejets et transferts de polluants, entré en vigueur en 2009, devrait
considérablement contribuer à une baisse des niveaux de pollution,
dans la mesure où aucune entreprise ne souhaite être désignée comme
figurant au nombre des pollueurs les plus importants. Je recommande
vivement à tous les Etats membres qui ne l'ont pas déjà fait, y
compris la Fédération de Russie, de signer et ratifier la Convention
d’Aarhus et son protocole

au plus tôt. Les parlements devraient également
surveiller la mise en œuvre de divers programmes environnementaux,
en examinant notamment l’utilisation des contributions financières
des Etats membres allouées à la protection de l’environnement.
58. Je suggère par ailleurs l’introduction du droit à un environnement
sain dans un nouveau protocole à la Charte sociale européenne révisée
consacré au droit à la santé.
4. Le rôle de la coopération
interparlementaire dans la consolidation et le développement des
droits sociaux
59. Nos pays sont de plus en plus forcés de trouver des
solutions concertées à des problèmes communs – ce ne sont pas seulement
les gouvernements qui doivent être impliqués, mais aussi et surtout
les institutions dont ceux-ci reçoivent leur mandat et qui tirent
leur légitimité directement du peuple, à savoir les parlements

. Les
parlements jouent un rôle essentiel en adaptant la législation nationale
aux normes internationales. Les législateurs, qui élaborent les
lois et représentent le peuple, doivent avoir une meilleure maîtrise
et compréhension des droits humains et notamment de ceux liés aux
droits économiques, sociaux et culturels. Une formation appropriée
peut ainsi s’avérer nécessaire. Outre la ratification des obligations
internationales, les parlements sont également responsables de l’adoption
de la législation d’application requise et de l’aménagement de la
législation nationale aux fins de satisfaire aux normes minimales
énoncées dans les traités.
60. Il convient de renforcer le rôle des parlements en matière
de développement des politiques publiques. Ils devraient être encouragés
à surveiller attentivement les travaux des organisations internationales concernées
par la mise en œuvre des droits sociaux, évaluer leur travail et
inciter les gouvernements à poursuivre certaines lignes d’action.
La coopération parlementaire joue un rôle important dans la consolidation et
le développement des droits sociaux. Les parlements assurent le
contrôle de l’action gouvernementale au plan national. Ils peuvent
également l’exercer au niveau international, et ce de manière encore
plus efficace grâce à une coopération interparlementaire.
4.1. L'Assemblée parlementaire
en tant que plate-forme pour la promotion des droits sociaux
61. Au cours de la dernière décennie, l’Assemblée a initié
plusieurs actions visant à améliorer la vie des Européens en sécurisant
leurs droits sociaux. Bon nombre de résolutions et recommandations
relatives à des questions sociales, de la santé et de la famille
ont été adoptées. Les débats régulièrement organisés au sein de
cette Assemblée ont conduit à l’adoption de positions spécifiques
sur des points nécessitant une action urgente de la part des Etats
membres. Dans le seul domaine de la santé, pour ne prendre que quelques exemples,
citons: la
Résolution
1247 (2001) sur les mutilations sexuelles féminines,
la
Résolution 1460 (2005) et
la
Recommandation 1715 (2005)
«Pour une meilleure réponse aux besoins de santé mentale en Europe», la
Recommandation 1785 (2007)
sur la propagation du VIH/sida chez les femmes et les jeunes filles
en Europe, la
Recommandation
1794 (2007) sur la qualité des médicaments en Europe,
la
Résolution 1576 (2007)
«Pour une Convention européenne sur la promotion des politiques
de santé publique dans la lutte contre la drogue», la
Résolution 1608 (2008)
«Le suicide des enfants et des adolescents en Europe: un grave problème
de santé publique», et, plus récemment, la
Résolution 1749 (2010) et la
Recommandation 1929 (2010)
«La gestion de la pandémie H1N1: nécessité de plus de transparence».
62. D’autres textes de référence ont été adoptés et je suis convaincue
que les débats importants que nous avons tenus au sein de cette
Assemblée ont grandement contribué à l’amélioration de la qualité
de vie et du bien-être de nos populations. Comme souligné dernièrement
dans la
Résolution 1792 (2011)
et la
Recommandation
1958 (2011) sur le suivi des engagements concernant les
droits sociaux, de nombreux progrès ont été réalisés mais il reste
beaucoup à faire.
63. L’Assemblée devrait assurer un suivi adéquat de ses résolutions
dans le domaine des questions sociales, de la santé et de la famille
afin de progresser dans la consolidation des droits sociaux. A titre d’exemple,
compte tenu du prochain débat biennal au sein de l’Assemblée sur
la situation des droits de l'homme et des droits sociaux en Europe
et des textes récemment adoptés sur la lutte contre la pauvreté,
il a été décidé d’analyser en 2013 l’accès aux droits sociaux pour
les personnes vivant dans la pauvreté.
64. L’actuel processus de réforme devrait renforcer la capacité
de l’Assemblée à traiter des questions relatives aux droits sociaux
et de trouver les meilleures solutions possibles au moyen d’un débat
démocratique. L’Assemblée devrait également améliorer sa capacité
à contrôler la mise en œuvre des droits sociaux par les Etats membres.
Elle devrait par ailleurs être en position de remettre en question
les décisions prises au niveau international si ces dernières risquent
d’avoir un impact négatif sur la vie des citoyens. Je tiens également
à souligner que la participation de l’Assemblée aux conférences
ministérielles et autres événements de haut niveau organisés par
le Conseil de l’Europe est un élément essentiel, tout comme sa participation
aux conférences ministérielles régionales comme celles qui ont été
consacrées à la région de la mer Noire ou à l’Europe du Sud-Est.
4.2. Le Parlement européen
65. Le Parlement européen a activement contribué au développement
de la politique sociale et de l’emploi dans l’Union européenne.
Son objectif est de lutter contre le chômage, d’améliorer les conditions
de travail et les conditions de vie des personnes pauvres et socialement
exclues, des personnes âgées, des enfants, des personnes handicapées
et des travailleurs migrants, et d’assurer l’égalité des chances
pour les femmes et les hommes. Le Parlement européen a soutenu une
série de propositions de la Commission européenne et appelé à une
politique communautaire plus active dans le secteur social afin
de contrebalancer le nombre sans cesse croissant d’instruments réglementaires
communautaires dans le domaine économique. Il a également fermement
appuyé le concept de dimension sociale européenne.
66. Le Traité de Lisbonne a renforcé l’engagement de l’Union européenne
en faveur du progrès social et des droits sociaux. Cependant, le
fait est que la politique sociale demeure une compétence partagée
entre l’Union européenne et ses Etats membres. Or seule une part
minime de cette compétence revient à l’Union, s’agissant notamment
des aspects définis dans le Traité sur le fonctionnement de l’Union
européenne (article 4.2.a du TFUE). La politique sociale reste pour
l’essentiel du ressort des Etats membres

. Il est par conséquent primordial
que les parlements des Etats membres

engagent des actions
pertinentes au niveau national pour contrôler la mise en œuvre des
politiques ayant une incidence sur les droits sociaux.
67. Le Parlement européen peut exercer une certaine influence
sur le développement de la Stratégie de Lisbonne sur la croissance
et l’emploi en usant efficacement de ses pouvoirs budgétaires pour
constituer des ressources financières suffisantes dédiées à la mise
en œuvre par l’Union européenne des politiques liées à cette stratégie.
Dans cet esprit, le Parlement européen a adressé un message clair
dans le cadre de la préparation du budget 2008. Les réductions effectuées
par le Conseil dans le domaine de la compétitivité pour la croissance
et l'emploi et les réductions en matière de paiements au titre de
la cohésion n'ont pas été soutenues par le Parlement européen. La
stratégie de ce dernier se fonde sur le concept d'un «budget de résultats»:
l'affectation des ressources financières doit suivre les priorités
politiques. L'insuffisance du financement des programmes relatifs
à la compétitivité avait été stigmatisée par le Parlement européen
dans le cadre des négociations sur les perspectives financières
au moment où le financement adéquat des objectifs de Lisbonne figurait
en bonne place à son ordre du jour

.
4.3. Le Conseil nordique
68. Le Conseil nordique a été institué en 1952. Il comprend
87 membres élus du Danemark, de la Finlande, de l’Islande, de la
Norvège et de la Suède ainsi que des trois territoires autonomes:
les îles Féroé, le Groenland et les îles d’Ǻland. Les membres du
Conseil sont désignés par leurs partis politiques. Mon pays, la
Suède, contribue activement aux travaux du Conseil nordique dans
le cadre de la mise en œuvre des droits sociaux.
69. En 2010, la Commission des affaires sociales du Conseil nordique
a sélectionné comme thème principal «une meilleure santé et qualité
de vie pour les personnes âgées», couvrant différents aspects tels
que le logement, la prise en charge et le traitement, la technologie
du bien-être, la santé mentale, la démence et l’aide aux familles.
La commission s’est rendue dans plusieurs agences gouvernementales
et centres d’hébergement pour personnes âgées afin de se forger
une opinion sur la manière d’aborder ces questions dans la pratique.
Des réunions ont été organisées avec les ministres et experts compétents
dans les municipalités de Trondheim et Bergen, en Norvège. A partir
des informations ainsi obtenues, la commission a décidé d’axer son
action sur trois principaux domaines thématiques: la recherche,
les actions de prévention et les initiatives pratiques.
70. La Commission des affaires sociales a par la suite nommé un
groupe de travail chargé d’examiner le rapport de la commission
et d’élaborer une proposition finale pour la session du Conseil
nordique à Reykjavík. Dans ces recommandations, le Conseil nordique
des ministres est invité à renforcer différents types de travaux de
recherche afin de garantir que les décisions politiques en matière
de prise en charge des personnes âgées sont bien fondées sur des
connaissances validées, à développer la technologie du bien-être
au niveau nordique, et, selon le modèle danois, à mettre en place
des activités de sensibilisation au plan municipal destinées aux
plus de 75 ans afin de répertorier leurs principaux besoins

.
71. En 2011, la Commission des affaires sociales a décidé d’étudier
de plus près les grandes zones d’habitation des pays nordiques confrontées
à des problèmes sociaux aigus et de chercher par ailleurs comment
réduire la ségrégation et l’exclusion sociale. Elle s’attachera
plus particulièrement à analyser l’établissement de ces zones résidentielles,
les personnes en charge de l’environnement du quartier, et le sentiment
de bien-être physique et mental des habitants de ces zones sensibles.
Au cours de l’année, la commission rencontrera des responsables
politiques, des travailleurs sociaux, des membres de la police et d’autres
acteurs municipaux afin de dresser un bilan aussi complet que possible
de la situation. Elle poursuivra également ses travaux sur certains
problèmes connexes en matière sociale et de santé, sur le chômage
des jeunes dans les pays nordiques, et sur les soins psychiatriques
pour les enfants et les adolescents dans les pays nordiques ainsi
que la santé mentale des personnes âgées.
4.4. La Conférence
des organes spécialisés dans les affaires communautaires et européennes des
parlements de l’Union européenne
72. La Conférence des organes spécialisés dans les affaires
communautaires et européennes des parlements de l’Union européenne
(COSAC)

a
permis de développer les pratiques relatives au contrôle parlementaire
des politiques publiques. La XXIXe COSAC, réunie à Rome en octobre
2003, a décidé de recourir aux rapports semestriels pour donner
un aperçu de l’évolution des pratiques et procédures du contrôle parlementaire
au sein de l’Union européenne. La plupart des parlements nationaux
concentrent leurs efforts au niveau national (à savoir en contrôlant
leur gouvernement), indépendamment de leur modèle de contrôle. Les
décisions relatives aux dépenses des fonds européens envisagent
un contrôle à trois niveaux de l’accord qui naît sous trois formes
de législation: le cadre financier pluriannuel, les programmes de
dépenses individuels

et
le budget annuel

.
Ce triple contrôle donne une idée plus large et plus approfondie
de la structure des programmes financiers de l’Union européenne

.
73. Comme le but de ce rapport porte principalement sur la mise
en œuvre des droits sociaux, je voudrais attirer l’attention sur
le Programme de l'Union européenne pour l'emploi et la solidarité
sociale – PROGRESS

–
mis en place par l’Union européenne pour la période 2007-2013 en
vue de soutenir financièrement la mise en œuvre des objectifs de
l'Union européenne dans les domaines de l'emploi, des affaires sociales
et de l'égalité des chances, tels qu'ils sont décrits dans Agenda
social

,
et de contribuer à la réalisation de la Stratégie de Lisbonne pour
la croissance et l'emploi. PROGRESS

figure
au nombre des programmes les plus fréquemment contrôlés pour la
période 2007-2013. Les parlements les plus actifs à cet égard ont
été le Folketinget danois, l’Eduskunta finnois et les deux chambres
du Parlement britannique, au sein desquelles un contrôle systématique
de tous les programmes de dépenses majeurs a eu lieu

.
74. En tenant compte des opportunités d’échange de bonnes pratiques
offertes par la COSAC, je voudrais toutefois proposer de mettre
également en place une coopération entre la COSAC et l’Assemblée parlementaire
du Conseil de l’Europe, en particulier dans les domaines intéressant
l’Assemblée. J’invite mes collègues à étudier la possibilité de
renforcer, si ce n’est déjà fait, la coopération au sein de leurs
parlements nationaux, en l’occurrence entre leurs commissions chargées
des affaires européennes et les membres de l’Assemblée parlementaire.
Il convient de préciser que les affaires européennes commencent
toutes chez soi.
4.5. L'Union interparlementaire
75. S’exprimant devant le Conseil des droits de l’homme
des Nations Unies en mars 2011, le Secrétaire général de l'Union
interparlementaire (UIP), M. Anders Johnsson, a plaidé vigoureusement
en faveur de la participation des parlements à l'examen périodique
universel (EPU), créé par les Nations Unies en 2006. Il s'agit d'un
dispositif unique en son genre qui consiste à examiner la situation
des droits de l'homme des 192 Etats membres des Nations Unies tous
les quatre ans. Pour le Secrétaire général de l'UIP, la mission
des parlements – légiférer et passer au crible l'action de l'exécutif
– est d'une importance capitale pour les activités du Conseil des
droits de l'homme des Nations Unies. Sans ces deux missions des
parlements, rares seraient les recommandations appliquées à l'issue
de l'EPU.
76. Dans sa résolution la plus récente relative à la coopération
entre les Nations Unies, les parlements nationaux et l'UIP, l'Assemblée
générale engage l'UIP à renforcer sa contribution au Conseil des
droits de l'homme, «notamment en ce qui concerne l'examen périodique
universel des obligations et engagements des Etats membres en matière
de droits de l'homme». L'expérience montre que, lorsque les parlements
sont informés, ils sont désireux de contribuer.
4.6. Le Réseau parlementaire
sur la Banque mondiale
77. Le Réseau parlementaire sur la Banque mondiale (RPsBM)

a
été créé en 2000. Il s’agit d’une organisation non gouvernementale
indépendante, qui offre aux parlementaires de plus de 110 pays du
Sud et du Nord une plate-forme pour promouvoir une plus grande transparence
et redevabilité dans les programmes de développement financés par
la Banque mondiale.
78. En février 2011, le réseau a formulé des commentaires sur
la consultation menée par la Société financière internationale (SFI)
sur sa politique de durabilité, ses normes de performance et sa
politique de divulgation de l’information

. Le RPsBM fait référence à la proposition
de la SFI de renforcer les directives relatives à l’engagement des
parties prenantes/clients, s’agissant notamment des communautés
touchées, ainsi qu’aux projets de la SFI de divulguer davantage
d’informations relatives aux projets quant à leur impact sur le
développement, l’environnement et au plan social durant toutes les
étapes du processus, conformément à l’approche de catégorisation
des projets de la SFI. Le RPsBM salue ces initiatives mais souhaite
s’assurer que les parlementaires en particulier participeront activement
aux consultations des parties prenantes/clients durant toutes les
phases de développement et de mise en œuvre du projet. Habituellement,
les consultations associent des représentants du monde universitaire,
du secteur privé, d’organisations non gouvernementales et de la
société civile. Compte tenu du rôle des parlementaires et de leur
qualité de représentants directs des populations affectés par les
projets financés par la SFI, le RPsBM juge essentiel que la SFI
mette en place un mécanisme permanent de consultation parlementaire.
5. Conclusions
et recommandations
79. L’ensemble des Etats membres du Conseil de l’Europe
devraient s’efforcer d’améliorer la qualité de vie des populations
en renforçant l’accès aux droits sociaux. Les parlements ont un
rôle déterminant à jouer pour garantir que les gouvernements prennent
toutes les mesures nécessaires visant à atteindre cet objectif. L’autorité
technique et la capacité d’un parlement varient considérablement
d’un pays à l’autre. En dépit de cette diversité, tous les organes
législatifs ont trois principales responsabilités:
- législation: outre
le fait d’approuver les nouvelles lois ou résolutions, la fonction
législative inclut l’introduction de nouvelles lois, les débats,
examen et/ou amendement des textes législatifs proposés par l’exécutif,
ainsi que l’examen et l’adoption du budget national et la ratification
des traités internationaux (dans la plupart des pays);
- représentation: en
tant que représentants d’une circonscription géographique élus au
suffrage direct, les parlements ont également pour tâche de garantir
que les besoins et préoccupations d’une partie spécifique de la
population sont pris en compte dans le processus d’élaboration des
politiques. Par conséquent, les activités relevant de la fonction
de représentation vont de la communication directe avec les citoyens
jusqu’à l’introduction de questions locales dans les débats politiques
nationaux ou les législations;
- contrôle: les parlements
sont également censés servir de mécanismes internes permettant de
contrôler et d’évaluer la mise en œuvre des politiques nationales.
Fortes de cette capacité, les assemblées nationales ou régionales
recherchent des informations sur la prioritisation de politiques
ou questions spécifiques, l’allocation et l’utilisation de fonds,
et l’efficacité d’initiatives particulières. Pour ce faire, les parlements
s’appuient sur des mécanismes tels que les enquêtes réalisées par
des commissions, les demandes de réunions d’information régulières
ou les témoignages de représentants ministériels, ainsi que les
auditions publiques aux fins de réunir des informations sur une
question spécifique auprès de sources non gouvernementales.
80. Bien qu’elles soient faciles à distinguer d’un point de vue
conceptuel, ces responsabilités sont, dans la pratique, étroitement
liées. Ces trois fonctions parlementaires doivent par conséquent
être pleinement mises en œuvre afin de développer et de consolider
les droits sociaux dans les Etats membres. Les parlements doivent
garantir la prise en compte de l’ensemble des normes internationales
en matière de droits sociaux lors de l’élaboration et de l’entrée
en vigueur de traités, de la préparation de nouvelles législations
ou de la révision de la législation existante au niveau national.
Ce rapport fournit des recommandations d’action à entreprendre par
les parlements. J’invite par conséquent l’ensemble des Etats membres
du Conseil de l’Europe à agir sans plus tarder en ce sens.