1. Introduction
1. Le 28 janvier 2011, l’Assemblée parlementaire a décidé
de créer une commission ad hoc sur la réforme de l’Assemblée en
lui confiant le mandat suivant:
«Etablir
un rapport pour examen par l’Assemblée, contenant des mesures afin
de rendre l’Assemblée plus pertinente politiquement, plus efficace
et plus visible et améliorer la participation des membres de l’Assemblée,
tout en renforçant l’interaction entre l’Assemblée et les parlements
nationaux. Le rapport sera établi sur la base du projet de rapport
préparé par la commission ad hoc du Bureau sur la réforme de l’Assemblée
et le processus de consultation ultérieur avec les membres de l’Assemblée,
les commissions, les délégations nationales et les groupes politiques
de l’Assemblée.
La commission ad hoc présentera son rapport à l’Assemblée
pendant la partie de session de juin 2011 ou, au plus tard, pendant
la partie de session d’octobre 2011. Après l’examen du rapport par
l’Assemblée, la commission ad hoc cessera d’exister.»
2. La composition de la commission ad hoc de l’Assemblée
figure en annexe au présent rapport.
3. La commission ad hoc a tenu deux réunions, le 5 mai 2011 (à
Paris) et le 26 mai 2011 (à Kiev). A l’issue de cette dernière réunion,
elle a approuvé le présent rapport et adopté le projet de résolution
pour débat à l’Assemblée.
2. Contexte de la réforme de l’Assemblée
2.1. Contexte général
4. Le processus actuel de réforme s’inscrit dans le
contexte de l’ambitieux programme de réforme que le Secrétaire Général
du Conseil de l’Europe a lancé en octobre 2009. La réforme vise
à rendre l’Organisation plus pertinente, efficace et visible, et
à améliorer le rapport coût/efficacité de ses structures et de son fonctionnement.
Dans ce contexte et compte tenu de ces contraintes générales, l’Assemblée
a décidé d’engager son propre processus de réforme.
2.2. Contexte interne
5. L’Assemblée parlementaire se caractérise, depuis
1949, par:
- des délégations
des parlements des Etats membres dont la composition est le reflet
du poids relatif des forces politiques au sein de ces parlements
et dont la taille dépend de la population du pays concerné (les
membres ont un rôle double: ils sont parlementaires dans leur pays
et membres de l’Assemblée);
- une Assemblée plénière et une Commission permanente qui
servent d’enceintes aux débats et aux votes;
- des travaux sur des questions de fond, répartis entre
des commissions dont l’intitulé, le mandat et le nombre ont évolué
au fil du temps;
- différents types de textes de caractère normatif ou non
législatif, adoptés à la majorité des voix.
6. L’Europe dans laquelle l’Assemblée opère actuellement a connu
de profonds changements, en particulier le passage à la démocratie
de nombreux pays de l’ancien bloc communiste après la chute du mur de
Berlin, ce qui a entraîné un élargissement progressif du Conseil
de l’Europe, après 1989. L’Assemblée a aussi réagi, essentiellement
en relevant le nombre de ses membres ordinaires (ainsi que celui
des invités spéciaux et des observateurs). Bien plus tôt, elle avait
constitué des groupes politiques à un moment où des «familles politiques»
commençaient à se développer en Europe, y compris au sein du Parlement
européen. Parmi d’autres évolutions de l’Assemblée, citons la mise
en place de procédures de suivi en 1997 et la modification de la
structure des commissions en 2000, et des méthodes de travail en
2005. De plus, un rôle accru a été donné à un Comité des présidents
(officiellement reconnu en 2007), qui réunit le Président de l’Assemblée
et les présidents des groupes politiques de l’Assemblée.
7. Comme le Secrétaire Général du Conseil de l’Europe l’a déjà
reconnu à l’échelle de l’Organisation dans son ensemble, il est
grand temps que l’Assemblée aussi procède à des changements plus
profonds, en partie également pour redynamiser l’intérêt et la participation
de ses membres à ses activités.
2.3. Contexte externe: évolution de l’environnement
de l’Assemblée parlementaire
2.3.1. D’un continent «bipolaire» à un continent «multipolaire»
8. Il y a de cela vingt ans, l’Europe est passée d’un
continent bipolaire, caractérisé par la guerre froide, à un continent
dont les différentes parties paraissent aller dans la même direction.
Au début, cette évolution a provoqué une certaine euphorie au sein
de l’Assemblée dont les objectifs semblaient correspondre aux souhaits
de tous et à ce qui allait être bientôt réalisé. Aujourd’hui, les
lacunes, qu’elles n’aient jamais été comblées ou qu’elles refassent
surface, deviennent apparentes dans de nombreux Etats membres, d’où
la nécessité pour l’Assemblée d’agir.
2.3.2. La «sécurité profonde» et l’Assemblée parlementaire
9. Sans la sécurité, il ne peut y avoir ni Etat de droit,
ni démocratie, ni droits de l’homme. C’est d’ailleurs la raison
pour laquelle le Conseil de l’Europe se préoccupe de lutter contre
la cybercriminalité, le crime transnational, le terrorisme, le trafic
d’êtres humains ou de stupéfiants, sans même parler des conflits
dit «gelés». Il est donc légitime que l’Assemblée puisse examiner
les questions de «sécurité profonde» et ce dans un cadre recouvrant
l’ensemble du continent européen et non la seule Union européenne
.
Il appartiendra à la commission du Règlement, des immunités et des
affaires institutionnelles de considérer les modalités pratiques
de la mise en œuvre de cette proposition, par exemple sous la forme
d’une sous-commission, d’un forum ou d’un congrès.
2.3.3. La «démocratie en crise»; la crise financière
et économique; la désintégration des pays
10. Pendant la guerre froide et juste après, l’espoir
de diffuser dans toute l’Europe les «valeurs fondamentales» du Conseil
de l’Europe a présidé à la plupart des travaux de l’Assemblée. Aujourd’hui,
cet élan a en grande partie disparu en raison d’une lassitude du
grand public face aux exigences croissantes de la mondialisation
et à la crise financière qui a touché de nombreuses parties du monde.
Cela a aussi eu comme effet qu’un certain nombre d’institutions
parlementaires sont elles-mêmes en crise.
11. Un discours xénophobe et à vocation sécuritaire semble gagner
du terrain à mesure que les populations perdent apparemment foi
dans le système démocratique.
2.3.4. Le retour de la «realpolitik» et le repli des
politiques plus «idéalistes»
12. La scène politique mondiale a aussi beaucoup changé,
en particulier avec l’essor de la Chine (et d’autres grandes et
moyennes puissances) et le déclin relatif des Etats-Unis des points
de vue économique et politique, voire militaire. Les Etats-Unis
tiennent en partie pour cette raison un discours qui tend à privilégier
la realpolitik et qui est moins axé sur les valeurs que le Conseil
de l’Europe et son Assemblée parlementaire promeuvent. De plus,
la rapidité de la croissance économique de pays aux systèmes politiques
plus autoritaires, comme la Chine, contraste avec la faiblesse,
voire l’arrêt de la croissance dans les Etats membres du Conseil
de l’Europe, en particulier dans ceux qui ont été durement touchés
par la crise financière et économique.
2.3.5. Le contexte sociétal et politique
13. Le paysage politique actuel de l’Europe est aujourd’hui
plus polarisé politiquement. Certaines positions passées de l’Assemblée
risquent donc de ne plus bénéficier du soutien qu’elles ont eu lorsqu’elles
ont été adoptées. Dans un certain nombre de pays, des partis d’obédience
plus extrémiste, à tendance parfois xénophobe et raciste, obtiennent
de meilleurs résultats aux élections ainsi que des sièges au parlement.
Cette situation découle vraisemblablement d’un certain nombre d’évolutions
socio-économiques, comme les ravages de la crise financière et économique,
les défis de la mondialisation et des pressions migratoires soutenues.
2.3.6. Une Union européenne en mutation
14. L’Union européenne, en passant de six Etats membres
en 1957 à 12 à la fin de la guerre froide, puis à 27, n’a que partiellement
«gagné du terrain» sur le territoire couvert par le Conseil de l’Europe
dont le nombre d’Etats membres est aussi passé, depuis 1989, de
23 à 47 aujourd’hui. Les effets sur l’Assemblée ont été multiples
et variés. Les 12 pays qui sont devenus membres de l’Union européenne
en 2004 et en 2007 concentrent désormais essentiellement leur attention
sur l’Union européenne; les pays des Balkans occidentaux s’inscrivent
tous dans une «perspective européenne» (bien qu’à des rythmes différents)
et sont suivis de près par la Commission européenne, y compris dans
les «domaines fondamentaux» du Conseil de l’Europe. L’Union européenne
a en outre procédé à des réformes en profondeur (par exemple le
Traité de Lisbonne, l’introduction de l’euro dans 17 Etats membres
et la création de l’Agence des droits fondamentaux) et s’intéresse
aujourd’hui à des domaines qui ont toujours été l’apanage du Conseil
de l’Europe. Il n’en reste pas moins qu’une certaine «euro-lassitude»
est perceptible, accentuée par la nécessité récente de renflouer les
Etats membres de l’Union européenne frappés par la crise financière.
15. L’Assemblée devrait continuer à jouer le rôle d’un forum de
dialogue tant entre les citoyens d’Europe qu’entre les Etats membres
de l’Union européenne et les Etats européens non membres de l’Union européenne,
qui revêtent tous une importance fondamentale pour le développement
de la construction européenne.
16. L’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne a entraîné un certain
nombre de changements au sein de l’Union européenne qui ont, à leur
tour, eu un effet direct ou indirect sur le Conseil de l’Europe
en général et sur l’Assemblée en particulier; on peut ainsi citer:
le renforcement du rôle et des compétences du Parlement européen;
le renforcement du rôle des parlements nationaux dans le processus
législatif et les affaires de l’Union européenne; l’introduction
de l’initiative citoyenne européenne, qui donne la possibilité à
un million de citoyens européens de présenter des propositions législatives;
la création d’un procureur européen et d’un service européen pour
l’action extérieure; la Charte des droits fondamentaux qui est devenue
contraignante et l’adhésion future de l’Union européenne à la Convention
européenne des droits de l’homme («la Convention»), qui est une
obligation imposée par le Traité de Lisbonne.
17. L’adhésion de l’Union européenne à la Convention, actuellement
en négociation, supposera une certaine participation de l’Union
aux organes de la Convention, y compris le droit de l’Union de présenter
une liste de trois candidats au poste de juge qui est appelé à la
représenter et qui est élu par l’Assemblée.
18. Au-delà de l’adhésion de l’Union européenne à la Convention,
la participation de l’Union aux travaux du Conseil de l’Europe aura
des répercussions dans tous les domaines liés à l’élaboration de
normes et au suivi, et donnera lieu à l’adhésion éventuelle de l’Union
européenne à d’autres conventions et/ou mécanismes du Conseil de
l’Europe. L’interaction entre l’Union européenne et ses Etats membres
lors de la négociation de nouvelles conventions du Conseil de l’Europe
ne sera plus la même, y compris pour ce qui est des textes à l’initiative
de l’Assemblée ou défendus par cette dernière. Un objectif à court
terme devrait être d’éviter la reproduction, par l’Union européenne,
des instruments ou des mécanismes existants du Conseil de l’Europe et,
quoi qu’il arrive, un abaissement des normes. Un objectif à long
terme devrait être l’adhésion de l’Union européenne au Statut du
Conseil de l’Europe, avec toutes les conséquences politiques qui
en découleraient.
19. Cela étant, l’Union européenne et le Conseil de l’Europe ont
conclu un mémorandum d’accord officiel (à l’instar du Parlement
européen et de l’Assemblée) et l’Union européenne cofinance de nombreux
projets du Conseil de l’Europe. Un partenariat stratégique stable,
comprenant un élément financier, est un objectif à brève échéance.
20. L’Assemblée et le Parlement européen sont aussi convenus de
créer un organe informel en vue de mettre en commun des informations
sur des questions d’actualité d’intérêt commun, notamment celles relatives
à l’adhésion de l’Union européenne à la Convention. Le présent rapport
ne porte en conséquence pas sur les mesures relatives à la coopération
entre ces deux organes parlementaires.
2.3.7. L’amélioration des moyens de communication avec
le public (participation de la société civile, évolution technologique)
21. Avec l’arrivée des nouveaux médias et moyens de communication
électroniques – qui concurrencent les moyens et organes de communication
traditionnels –, de nouveaux défis mais aussi de nouvelles possibilités s’offrent
au Conseil de l’Europe. Les contacts avec les médias se renforcent
et une meilleure visibilité se développe grâce au site web de l’Organisation
(les sessions de l’Assemblée sont retransmises en direct, les débats
peuvent être suivis dans le monde entier en temps réel). Un site
web permettant de mieux répercuter l’information auprès du public,
la présence sur Facebook et Twitter et les contrats passés avec
Google pour que le site de l’Assemblée apparaisse en priorité sur
le moteur de recherche sont autant de nouvelles pistes propres à
accroître la visibilité.
2.3.8. Changements récents dans les pays du voisinage
22. Des changements récents de situation dans de nombreux
pays arabes du Sud méditerranéen auront un impact sur la politique
de voisinage de l’Assemblée. Bien qu’il soit difficile à ce stade
de prévoir les conséquences de ces changements, plusieurs visites
de représentants de l’Assemblée dans des pays de la région ont déjà
eu lieu. Le nouveau statut de «partenaire pour la démocratie» auprès
de l’Assemblée a été évoqué à plusieurs reprises dans ce contexte
afin de soutenir ces évolutions démocratiques.
2.4. Conséquences pour la réforme de l’Assemblée
23. La plupart de ces changements contextuels présentent
au moins autant de possibilités à exploiter que de défis à relever.
Ainsi, la nouvelle Union européenne propose de nouveaux secteurs
et formes de coopération, dont une coopération accrue entre le Parlement
européen et l’Assemblée dans des domaines présentant un intérêt
commun (comme les effets sur les deux organes parlementaires du
Traité de Lisbonne); la «crise de la démocratie» pourrait être l’occasion
pour l’Assemblée et pour le Conseil de l’Europe de jouer un nouveau
rôle, peut-être analogue à celui qui a été le leur dans les premiers
temps. Les nouvelles possibilités offertes par les médias, si elles
sont bien utilisées, sont synonymes d’une nouvelle présence de l’Assemblée et
du Conseil de l’Europe en temps réel au niveau mondial. Ces questions
seront examinées plus en détail ci-après.
3. Mission et buts de l’Assemblée
3.1. Mission
24. L’Assemblée a la volonté d’agir en tant que conscience
démocratique de l’Europe. L’intégration et la coopération européennes
exigent une implication politique des parlements nationaux et des
citoyens des Etats du continent européen, dont émane notre Assemblée.
25. L’Assemblée est un organe statutaire unique et politiquement
visible du Conseil de l’Europe qui promeut le développement et la
mise en œuvre des normes les plus élevées de la démocratie, des
droits de l’homme et de l’Etat de droit dans l’intérêt des peuples
d’Europe, et qui agit en tant que moteur de l’Organisation.
3.2. Buts
3.2.1. Direction
26. L’Assemblée favorise le débat sur les questions européennes
nouvelles et d’actualité, identifie les tendances et les bonnes
pratiques et fixe des repères et des normes.
3.2.2. Suivi du respect des obligations statutaires et
des engagements contractés lors de l’adhésion
27. L’Assemblée exerce un contrôle politique sur les
mesures prises par les gouvernements et les parlements en vue d’appliquer
les normes du Conseil de l’Europe. Elle suit aussi la mise en œuvre
des obligations statutaires et des engagements contractés par les
Etats membres au moment de leur adhésion et, ce faisant, les amène
à rendre compte au Conseil de l’Europe, mais surtout à leurs propres
citoyens. On peut noter que, dans sa
Recommandation 1763 (2006) relative
à l’équilibre institutionnel au Conseil de l'Europe, l’Assemblée
a demandé à «être en mesure de saisir la Cour européenne des droits
de l’homme d’un recours alléguant une grave violation par une des
Parties contractantes des droits garantis par la Convention européenne
des droits de l’homme et ses protocoles additionnels». Un tel changement
nécessiterait de modifier la Convention.
3.2.3. Laboratoire d’idées
28. L’Assemblée est libre d’amorcer de nouveaux développements,
d’apporter une réponse politique rapide face aux enjeux du XXIe
siècle, de produire des idées «originales» et de fixer des standards
juridiques ou de politique générale innovants de nature à permettre
aux Etats membres du Conseil de l’Europe de faire face aux défis
et de prévoir la meilleure réponse possible.
3.2.4. Promotion des normes les plus élevées de la démocratie
parlementaire
29. L’Assemblée offre une plateforme en vue de permettre
aux membres des parlements nationaux d’échanger des bonnes pratiques
et de développer des normes communes en vue du travail parlementaire. Se
fondant sur ses connaissances et son expertise, elle formule des
recommandations, rédige des codes de bonnes pratiques et propose
des conseils ciblés pour répondre à des problèmes spécifiques rencontrés
par les parlements des Etats membres afin de renforcer leur capacité
à remplir plus efficacement leur rôle.
3.2.5. Promotion des normes les plus élevées des droits
de l’homme
30. Les parlements jouent un rôle essentiel en matière
de surveillance des droits de l’homme. L’Assemblée a un rôle particulier
à jouer à cet égard. Aucun parlement ou parlementaire ne doit relâcher
sa vigilance sur cette question. L’Assemblée doit assumer une position
ferme au sujet de la protection des droits de l’homme et continuer
de veiller à ce que ces questions demeurent au premier plan des
préoccupations politiques, dans les Etats membres comme à l’Assemblée.
3.2.6. Renforcement de l’interaction et du partenariat
entre les organes statutaires et autres institutions du Conseil
de l’Europe
31. Acteur du cadre institutionnel de l’Organisation
fixé par le Statut, l’Assemblée entretient des rapports étroits
avec le Comité des Ministres, le secteur intergouvernemental, le Congrès des pouvoirs locaux et régionaux,
la Cour européenne des droits de l’homme et les mécanismes indépendants
de suivi de l’Organisation en exerçant pleinement ses prérogatives
politiques et en favorisant le débat sur les questions européennes
nouvelles et d’actualité. Elle n’hésite pas à prendre des risques
et à organiser des débats sur les questions les plus controversées
et à exiger du Comité des Ministres qu’il réponde à ses conclusions.
Ce dialogue entre les deux organes statutaires devrait être renforcé
chaque fois que c’est possible, notamment par les mesures indiquées
dans un rapport établi par le Secrétaire Général du Conseil de l’Europe
à la demande des deux organes en juin 2010 (SG/Inf (2010) 12).
4. Objectifs de la réforme de l’Assemblée
32. Le contexte dans lequel s’inscrit la réforme de l’Assemblée
ayant été défini, de même que la mission et les buts de cette dernière,
il semble qu’il y ait un large consensus sur les objectifs que doit
poursuivre la réforme, à savoir:
- renforcer
la pertinence politique et l’efficacité de l’Assemblée;
- rendre l’Assemblée plus visible;
- améliorer l’engagement des membres de l’Assemblée, tout
en renforçant l’interaction entre l’Assemblée et les parlements
nationaux;
- renforcer la capacité de coopération interparlementaire
partout en Europe, y compris en augmentant la coopération avec le
Parlement européen.
33. La pertinence politique de l’Assemblée se juge à l’aune de
sa présence dans les débats politiques des parlements, des gouvernements,
des opinions publiques nationales et de la communauté internationale
grâce au sérieux et à la rapidité qu’elle met à répondre aux besoins
perçus et à anticiper les problèmes d’actualité. Cette pertinence
découle aussi de la mesure dans laquelle elle s’acquitte de sa mission
et de ses objectifs institutionnels. L’un des éléments révélateurs
de la pertinence politique de l’Assemblée est sa capacité à se porter
sur la scène internationale.
34. L’efficacité peut être synonyme de la capacité à «faire ce
qu’il faut quand il faut» et, ainsi, à atteindre les buts fixés.
35. La visibilité est la fréquence de la présence de l’Assemblée
dans les médias et dans les sphères publiques et, donc, au final,
dans l’esprit de ceux qui font la politique. Elle dépend aussi de
la manière dont l’Assemblée répond aux préoccupations des citoyens.
Elle est également liée à la crédibilité, qui recouvre à la fois
l’action à court et à long terme ou, autrement dit, la capacité
à faire l’histoire et les grands titres.
36. L’implication des membres de l’Assemblée peut se mesurer à
leur degré de participation active aux parties de sessions et aux
réunions des commissions, de même qu’à leur adhésion à l’action
et aux valeurs de l’Assemblée et du Conseil de l’Europe, aussi bien
dans le cadre des réunions officielles qu’en dehors, en particulier
au sein de leurs parlements nationaux.
37. La coopération interparlementaire en Europe concerne notamment
la coopération avec le Parlement européen et l’Assemblée parlementaire
de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Les
domaines dans lesquels la coopération pourrait être renforcée sont
par exemple la coopération judiciaire et l’observation des élections.
38. Ces différents objectifs sont liés: plus l’Assemblée sera
pertinente sur le plan politique, plus elle sera visible et plus
ses membres s’investiront. Il en est de même pour les mesures proposées
ci-après; il faut les voir comme des éléments qui se renforcent
mutuellement. C’est pour cette raison que les différentes mesures mentionnées
n’ont pas été subordonnées à la réalisation d’un objectif en particulier.
En effet, plusieurs d’entre elles contribueront à plusieurs objectifs
à la fois. Il convient également de noter à ce propos que le processus de
réforme de l’Assemblée donne l’occasion de poursuivre l’approche
intégrée de l’égalité entre les femmes et les hommes, dont il faut
tenir compte dans le cadre de chacune des mesures exposées ci-après.
5. Mesures à prendre pour atteindre les objectifs
39. Les mesures proposées pour atteindre les quatre objectifs
présentés ci-dessus peuvent se répartir en deux catégories: (a)
l’action politique, définie comme un changement de pratiques n’appelant
pas nécessairement des modifications du Règlement de l’Assemblée;
et (b) le changement des méthodes et structures de travail, qui
imposera une modification du Règlement ou des textes pararéglementaires.
5.1. Action politique
5.1.1. Filtrage des propositions de résolution ou de
recommandation
40. Il semble assez largement acquis qu’il conviendrait
que le Bureau procède à une présélection plus stricte des propositions
à l’origine d’un rapport à l’Assemblée de manière que les rapports
et les textes adoptés qui en découlent soient plus ciblés. Cela
nécessitera responsabilité politique et discipline de la part des
membres de l’Assemblée et en particulier des membres du Bureau,
l’objectif global étant d’agir dans l’intérêt de l’Assemblée dans
son ensemble et non pour défendre des intérêts sectoriels.
41. Dans la plupart des cas, des propositions de résolution ou
de recommandation sont à l’origine des débats de l’Assemblée et
des textes qu’elle adopte. En vertu du Règlement en vigueur (article
24.1.
a et
b), les membres de l’Assemblée peuvent
présenter des propositions sur toute question qui relève soit de
la compétence de l’Assemblée, soit de celle des gouvernements des
Etats membres. Il conviendrait de ne pas toucher à la liberté de
présenter des propositions sur tout sujet relevant du domaine de
compétences du Conseil de l’Europe
de
manière que l’Assemblée puisse rester la force novatrice qu’elle
a été par le passé.
42. Il incombe au Bureau de proposer à l’Assemblée les suites
à donner à ces propositions. Le choix se fait essentiellement entre
trois possibilités: i. renvoi pour rapport; ii. renvoi pour information;
iii. classement sans suite
. Dans le premier
cas, la commission compétente peut, sans y être obligée, soumettre
un rapport à l’Assemblée, accompagné d’un projet de texte soumis
à adoption. Il faudrait garder présent à l’esprit que le point de
vue de la commission concernée peut également être sollicité avant
qu’une décision soit prise par le Bureau; il serait bon de recourir
à ce mécanisme plus souvent. Une commission peut également refuser
un renvoi pour rapport si cela ne lui semble pas approprié compte
tenu de ses priorités.
43. Dans le cas d’un renvoi pour information, la commission devrait
avoir le choix entre trois options qui devraient être explicitées
dans le Règlement: i. prendre note sans autre débat; ii. établir
un rapport d’information pour débat à l’Assemblée ou à la Commission
permanente sans soumettre de projet de texte pour adoption à l’Assemblée;
iii. établir un rapport d’information sans projet de texte soumis
pour adoption, sans débat devant l’Assemblée, mais diffusé à ses
membres en tant que document de la commission et publié en tant
que tel.
44. Les critères de sélection devront être explicités de manière
que les membres et les autres acteurs de l’Assemblée puissent être
assurés de l’équité et de la transparence de la procédure. L’un
des ensembles de critères les plus récents et les plus largement
acceptés est constitué par les quatre lignes d’action adoptées par
le Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement du Conseil de l’Europe,
qui s’est tenu en mai 2005 à Varsovie. Dans leur plan d’action,
ils ont estimé que les principales tâches du Conseil de l’Europe
devaient être à l’avenir:
- de
promouvoir les valeurs fondamentales communes: droits de l’homme,
Etat de droit et démocratie,
- de renforcer la sécurité des citoyens européens;
- de construire une Europe plus humaine et plus inclusive;
- de développer la coopération avec les autres organisations
et institutions internationales et européennes.
45. Le Bureau pourrait être invité à utiliser ces lignes d’action
comme grille de sélection, et les auteurs de proposition, à exposer
en quoi leurs propositions répondent à ces critères. Pris globalement,
ces éléments pourraient constituer un «test de pertinence». En outre,
les commissions devraient pouvoir jouer un rôle plus actif dans
ce contexte. D’un côté, elles devraient avoir le droit de déposer
des propositions au titre de l’article 24.2 du Règlement et, de
l’autre, être plus sélectives en ce qui concerne les thèmes qu’elles
proposent et vont poursuivre, afin de s’assurer que leurs travaux
ont un impact et sont pertinents. Enfin, la pratique actuelle qui permet
aussi au Bureau d’être à l’origine de rapports pour débats à l’Assemblée
(renvois) devrait être formellement reconnue dans le Règlement.
46. De plus, les conditions fixées pour soumettre une proposition
pourraient être durcies en exigeant que les signataires appartiennent
à au moins six délégations nationales (au lieu de cinq actuellement).
Concernant une demande visant à ouvrir une procédure de suivi (
Résolution 1115 (1997) telle
qu’amendée), les conditions devraient être proches de celles pour
une proposition normale; les conditions seraient par conséquent
20 signataires venant de six délégations nationales et deux groupes
politiques
.
On pourrait aussi réfléchir sur des méthodes électroniques plus
modernes permettant de mettre un projet de proposition à la disposition
des membres pour signature.
5.1.2. Suites données aux textes adoptés
47. Si l’Assemblée adoptait des textes moins nombreux
et meilleurs, les suites que leur donnent les parlements nationaux
et le Comité des Ministres pourraient être plus avisées. L’Assemblée
devrait développer une promotion plus active de ses textes dans
les parlements nationaux en faisant appel à la collaboration des présidents
de délégation et de ses membres, notamment en envoyant aussi ses
textes adoptés directement aux présidents des commissions parlementaires
nationales concernées. Pour les textes importants, le Bureau devrait
s’efforcer d’évaluer de manière plus systématique (si nécessaire
avec l’assistance des commissions) les mesures qui ont été adoptées
(ou non) au niveau national
.
En outre, les rapporteurs devraient avoir un rôle plus actif dans
la mesure où, avec la commission concernée, ils continueraient d’être
saisis pendant une période d’un an après l’adoption du texte afin
de garantir son suivi. A la fin de cette année, ils devraient faire rapport
à la commission.
48. La pratique des Parlements finlandais, islandais, néerlandais,
suédois, suisse et britannique, d’avoir un rapport et un débat annuels
sur les activités du Conseil de l’Europe, devrait être encouragée
dans d’autres parlements nationaux. Il pourrait aussi être utile
d’encourager la tenue de réunions entre les commissions de l’Assemblée
et les commissions correspondantes des parlements nationaux.
49. Le secrétariat de chaque commission concernée devrait élaborer
un rapport annuel sur les suites données par les parlements nationaux
et/ou par le Comité des Ministres aux suggestions figurant dans
les résolutions et/ou recommandations qui émanent de la commission.
Les réponses du Comité des Ministres devraient en outre constituer
le premier point à l’ordre du jour des réunions des commissions
de l’Assemblée. Lorsque la commission estimera que les suites données
à ses propositions par le Comité des Ministres ne sont pas satisfaisantes,
elle pourra faire, le cas échéant, un communiqué public sur ce point.
50. Ces dernières années, il est devenu courant que les commissions
de l’Assemblée soumettent à la fois un projet de résolution et un
projet de recommandation à l’Assemblée pour adoption. Dans le souci
de recentrer les activités et les textes de l’Assemblée, il conviendrait
que les commissions ne proposent des projets de recommandation que
lorsqu’elles sont convaincues qu’une action intergouvernementale
du Conseil de l’Europe s’impose. Dans les deux cas, le texte devrait
être aussi succinct que possible.
51. Dans ce contexte, l’Assemblée devrait viser à une plus grande
synergie entre les différentes instances du Conseil de l’Europe,
en profitant pleinement des services du Secrétaire Général du Conseil
de l’Europe. Les secrétariats des commissions de l’Assemblée sont
notamment encouragés à renforcer leur pratique actuelle de consultation
des autres services de l’Organisation lors de la préparation d’un
rapport.
5.1.3. Rendre les sessions plénières plus intéressantes
et animées
52. L’analyse de la participation aux sessions, de la
participation aux votes et de la couverture médiatique des sessions
plénières sur les dernières années montre que les débats qui donnent
lieu à controverses ou qui présentent les enjeux les plus importants
sont les plus intéressants et les plus animés, ce qui leur vaut
une bonne couverture médiatique. Avoir plus de débats controversés,
en phase avec l’actualité ou originaux, plus de débats d’urgence
et plus de discussions communs pourrait donc être un moyen de parvenir
à cet objectif. Un débat d’urgence ou d’actualité le vendredi matin
inciterait davantage de membres de l’Assemblée à être présents ce
jour. Néanmoins, il convient d’insister sur le fait que la clé de
la visibilité et de la crédibilité est la qualité du contenu des
rapports et que la controverse n’est pas une fin en soi. C’est ainsi
que les valeurs défendues par l’Assemblée doivent être promues.
De plus, augmenter le temps consacré aux questions inciterait aussi
plus de membres à participer. A ce propos, il convient de rappeler
que les membres ont déjà le droit, en vertu de l’article 34.3
, d’interrompre
un orateur lors d’un débat, avec l’autorisation du Président, s’ils souhaitent
lui poser une question sur un point particulier. Il conviendrait
également de conseiller aux personnalités invitées de limiter la
longueur de leurs allocutions de manière que le plus grand nombre
possible de questions puisse être posé et recevoir réponse.
53. Il a été suggéré de définir un ou plusieurs thèmes généraux
pour chaque partie de session, ce qui a parfois été fait (notamment
en avril 2011 avec la dimension religieuse du dialogue interculturel).
Il appartiendrait au Bureau de décider de ces thèmes généraux sur
proposition du Président et du Comité des présidents. Le Bureau
et les commissions devront alors tenir compte de ces thèmes pour
décider des renvois en commission. Cette démarche prévisionnelle
aurait aussi l’avantage de permettre d’inviter suffisamment à l’avance
des personnalités de premier plan à des parties de session consacrées
à un thème donné.
54. L’Assemblée pourrait aussi introduire la pratique d’un «débat
libre», qui existe dans plusieurs parlements nationaux. Un créneau
déterminé pourrait être réservé au cours de la semaine de plénière
(par exemple le lundi ou le vendredi) à un «débat libre» au cours
duquel les membres auraient la possibilité de s’exprimer sur le
sujet de leur choix, sous réserve que la liste des orateurs soit
établie comme d’habitude en conformité avec le critère d’Hondt.
Ce serait pour eux l’occasion de se faire mieux connaître, y compris
dans leur circonscription nationale.
5.1.4. Regroupement et planification à long terme des
réunions de commission
55. 55. Actuellement, les réunions de trois commissions
(AS/Pol, AS/Jur et AS/Mon) sont regroupées au cours de semaines
données en dehors des parties de session. Il conviendrait d’envisager
de regrouper également les réunions d’autres commissions au cours
de périodes de l’année fixées un an à l’avance.
5.1.5. Réorganisation et développement des instruments
de communication de l’Assemblée
56. Internet est devenu un outil puissant dans tous les
domaines de la vie, y compris pour l’Assemblée et ses membres. En
conséquence, il conviendrait de réorganiser le site web de l’Assemblée
et, avant tout, de donner à ses membres des profils personnalisés
(comportant notamment des photos, des vidéos, des discours), avec
éventuellement un lien vers leurs sites web nationaux.
57. En fonction des ressources disponibles, l’Assemblée devrait
prévoir de publier certaines parties de son site web dans des langues
autres que l’anglais et le français.
58. L’Assemblée devrait utiliser davantage les sites en ligne
et les réseaux sociaux (tels que Facebook et Twitter) pour améliorer
sa stratégie de communication.
59. De nouvelles voies, plus démocratiques, devraient être envisagées
pour initier des rapports de l’Assemblée. Il pourrait notamment
être envisagé:
- d’inviter le
public, via le site web, à proposer des sujets pour débat, un mécanisme
adapté devant ensuite filtrer ces propositions; ce mécanisme séduisant
soulève en effet une question difficile: comment éviter que des
groupes bien organisés ne submergent l’Assemblée de propositions
allant dans le sens de leurs intérêts?
- d’encourager les initiatives publiques ainsi que la consultation
de la société civile et des organisations non gouvernementales (ONG)
par l’internet.
5.1.6. Collecte de fonds
60. En fonction de ses propres positions et priorités
politiques et afin de pouvoir apporter un soutien ciblé aux actions
en cours (non statutaires) ou de lancer de nouvelles initiatives
(par exemple la campagne pour combattre la violence sexuelle à l’égard
des enfants), l’Assemblée devrait s’efforcer d’exploiter plus activement les
sources externes de financement (collecte de fonds auprès des Etats
membres et de la Commission européenne), en plus de la possibilité
qui lui est donnée, conformément à la procédure prévue à l’article
38.d du Statut, de soumettre,
lorsque nécessaire, des demandes de financements complémentaires
au Comité des Ministres.
5.2. Modification des méthodes de travail et des structures
5.2.1. Organisation des parties de session
61. Beaucoup de membres de l’Assemblée se sentent frustrés
de ne pouvoir intervenir au cours des débats les plus intéressants
et controversés de l’Assemblée. Il conviendrait de prendre les mesures
suivantes afin de dégager plus de temps pour les orateurs:
- ramener le temps de parole des
membres inscrits sur la liste des orateurs de cinq à quatre minutes,
avec la possibilité pour le Bureau de le réduire à trois minutes
quand le grand nombre d’orateurs l’impose;
- prévoir en principe un minimum de deux heures pour les
débats, à l’exception des débats d’actualité, qui resteraient limités
à une heure et demie .
62. L’impact pratique sur l’organisation des parties de session
serait le suivant:
- le lundi
après-midi, il n’y aurait plus de rapport de commission au programme,
à l’exception du rapport d’activité, mais éventuellement un «débat
libre» (voir le paragraphe 54 ci-dessus) et l’intervention d’une personnalité
(par exemple le Secrétaire Général du Conseil de l’Europe ou le
Président du Comité des Ministres);
- le mardi, le mercredi et le jeudi, il y aurait au maximum
un débat le matin et deux l’après-midi;
- le vendredi matin, il y aurait au maximum deux débats ;
- les réunions de commissions dans les après-midi des mardi,
mercredi et jeudi dureraient plus longtemps et auraient lieu de
14 h à 15 h 30, de manière que les commissions aient plus de temps
pour examiner les amendements et traiter leur ordre du jour;
- les séances de l’après-midi du mardi, du mercredi et du
jeudi se tiendraient en conséquence de 15 h 30 à 19 h 30, ou 20 h
au plus tard ;
- en principe, aucune liste d’orateurs ne serait coupée,
et une répartition géographique et politique équitable serait assurée.
63. Il conviendrait d’inviter davantage de ministres spécialisés
(c’est-à-dire autres que les ministres des Affaires étrangères),
en particulier du pays exerçant la présidence du Comité des Ministres,
lors des débats en plénière.
64. On pourrait aussi envisager, après le débat en commission,
et avant le débat proprement dit à l’hémicycle, l’organisation d’une
table ronde avec des invités de haut niveau, qu’ils soient physiquement présents
ou grâce à la visioconférence sur écran géant, cette faculté permettant
d’avoir la participation de plusieurs personnalités de premier plan.
5.2.2. Suppléants
65. La participation aux réunions de l’Assemblée est
entravée par le refus d’un nombre croissant de parlements nationaux
de financer le déplacement de suppléants dans leurs délégations.
Plus généralement, se pose la question de la réforme du statut des
suppléants. Dans un grand nombre de délégations nationales, les
suppléants représentent l’opposition ou des minorités nationales
dans le parlement. Ce sujet a été abordé avec la plus grande ouverture
pendant le processus de consultation sur ce rapport et il en résulte
que tout changement nécessiterait une discussion plus approfondie
sur la participation des membres de l’Assemblée. Si on souhaitait
une plus grande flexibilité, on pourrait préciser que les représentants
pourraient être remplacés par des suppléants non seulement pour
une séance entière (matin ou après-midi) mais aussi pour un débat. En
outre, l’obligation faite actuellement par l’article 47.7 du Règlement
aux présidents et vice-présidents de commission d’en être membres
titulaires et non remplaçants devrait être supprimée.
5.2.3. Commission permanente
66. La Commission permanente a actuellement pour fonctions
principales d’adopter des textes au nom de l’Assemblée et de tenir
des échanges de vues politiques avec le Président du Comité des
Ministres au début de sa présidence. Il y a des critiques concernant
l’intérêt, le format et l’organisation de telles réunions. Les membres
de l’Assemblée sont donc invités à formuler des propositions afin
de rendre ces réunions plus vivantes et pertinentes, tout en préservant
la représentativité de la Commission permanente qui comprend toutes
les délégations nationales. Certaines des propositions qui devraient
être examinées dans ce contexte sont l’organisation d’une «mini-session»
(en dehors de Strasbourg, impliquant le Bureau, la Commission permanente
et deux commissions) sur deux jours et/ou plus de réunions qui se
tiendraient à Paris (en tenant compte de l’aspect budgétaire de
telles réunions tant pour le parlement hôte que pour le budget de l’Assemblée).
Une autre idée est que, comme les sessions plénières, les réunions
de la Commission permanente aient un thème directeur et des personnalités
éminentes devraient être invitées en rapport avec ce thème. Une
proposition en ce sens devrait être faite six mois avant la réunion,
en coopération avec le pays accueillant la Commission permanente.
La solution la plus audacieuse, mais aussi probablement la plus intéressante,
serait de supprimer la Commission permanente et de la remplacer
par une mini-session de trois jours à Strasbourg. Néanmoins, vu
l’augmentation des coûts que cela impliquerait, il n’est pas certain
que cela soit compatible avec les restrictions actuelles du budget
de l’Assemblée.
5.2.4. Sous-commission sur l’élection des juges à la
Cour européenne des droits de l’homme
67. Lorsque la sous-commission sur l’élection des juges
à la Cour européenne des droits de l’homme fait sa recommandation
aux membres de l’Assemblée sur le candidat le mieux qualifié, il
serait utile pour les membres de l’Assemblée de disposer des raisons
positives pour lesquelles un candidat particulier a été recommandé, sans
pour autant donner les raisons négatives pour lesquelles les autres
candidats n’ont pas été recommandés puisque cela pourrait entacher
la réputation de ces candidats.
5.2.5. Structure des commissions
68. La motivation sous-tendant le processus actuel de
réforme de l’Assemblée est de recentrer ses activités. Il est donc
logique que la structure de ses commissions soit modifiée. Cela
permettrait en outre de renforcer les secrétariats des commissions
restantes et de faciliter le suivi des travaux de ces commissions
par leurs membres.
70. Il y aurait donc, au total, les huit commissions permanentes
suivantes:
- Commission des questions
politiques (AS/Pol)
- Commissions des questions juridiques et des droits de
l’homme (AS/Jur)
- Commission de la cohésion sociale, de la santé et du développement
durable (AS/CSD)
- Commission des migrations et des réfugiés (AS/Mig)
- Commission de la culture, de la science et de l’éducation
(AS/Cult)
- Commission sur l’égalité et la non-discrimination (AS/Ega)
- Commission pour le respect des obligations et engagements
des Etats membres du Conseil de l’Europe (Commission de suivi) (AS/Mon)
- Commission du Règlement, des immunités et des affaires
institutionnelles (AS/Pro).
Les mandats de ces
commissions seront revus en conséquence dans un rapport ultérieur
sous la responsabilité de la commission du Règlement, des immunités
et des affaires institutionnelles.
71. Dans le système actuel de 10 commissions, chaque membre de
l’Assemblée a la possibilité d’être un membre titulaire d’au moins
une commission. Avec la réduction proposée du nombre de commissions,
et à moins que le nombre de sièges au sein des commissions soit
augmenté (ce qui ne semble pas avoir de soutien), cette possibilité
n’existera plus. Par contre, si les sièges de remplaçants en commission
sont aussi pris en compte dans ce contexte, chaque membre de l’Assemblée
continuera à avoir le droit de siéger dans au moins une commission.
En outre, il est proposé de limiter l’appartenance de chaque membre
de l’Assemblée à deux commissions en tant que membre titulaire.
5.2.6. Composition des commissions
72. Les membres de la commission de suivi, de la commission
du Règlement et de la sous-commission pour l’élection des juges
(de l'AS/Jur) continueraient à être nommés par les groupes politiques
en vertu du système d’Hondt. Néanmoins, afin de prendre en compte
les nouvelles responsabilités de la commission du Règlement, les
présidents des cinq groupes politiques de l’Assemblée et des cinq
plus grandes délégations nationales (France, Allemagne, Italie,
Fédération de Russie, Royaume-Uni) devraient être nommés en tant
que membres ex officio.
6. Prochaines étapes
73. La réforme de l’Assemblée est un projet ambitieux.
Elle implique aussi une remise en cause des méthodes de travail,
des structures et des schémas de pensée établis. Il est donc essentiel
que les membres de l’Assemblée aient, dans toute la mesure du possible,
le sentiment que les propositions de réforme sont les leurs. C’est
pourquoi la commission ad hoc a consulté tous les membres de l’Assemblée,
les groupes politiques, les commissions et les délégations nationales
dans un processus de consultation qui a duré plusieurs mois et qui
semble avoir été très apprécié par tous. La commission ad hoc souhaite
remercier tous ceux qui ont contribué à ce processus en faisant
des propositions utiles. Une fois que la réforme aura été décidée
par un vote démocratique de l’Assemblée, ce ne sera pas la fin du
processus. Il incombera aux principaux acteurs de l’Assemblée de
mettre en œuvre ces changements dans le même esprit que celui dans lequel
ils ont été convenus, c’est-à-dire dans le but de renforcer les
objectifs de l’Assemblée pour le bien commun de tous les citoyens
de l’Europe.
74. Lorsque l’Assemblée aura voté les changements proposés, il
y aura par la suite un rapport de la commission du Règlement, des
immunités et des affaires institutionnelles qui formalisera les
modifications au Règlement qui découlent de la réforme, y compris
les mesures transitoires et les questions liées à l’interprétation
du Règlement telles que les mandats permanents des commissions et
les délais de préparation des rapports. Cela devrait permettre à
l’ensemble des mesures de réforme d’entrer en vigueur à l’ouverture
de la session de 2012 de l’Assemblée, le 23 janvier 2012.