1. Introduction:
objectifs, bases et approche du rapport
1. Les systèmes de retraite sont
au cœur des débats politiques dans la plupart des Etats membres
du Conseil de l’Europe. Les réformes engagées à travers le continent
ces dernières années doivent notamment faire face à deux grands
défis partagés: l’évolution démographique qui tend vers un vieillissement
de la population et l’impact des crises économique et financière
actuelles sur les revenus des personnes âgées. En même temps, les
Etats membres doivent fournir une double garantie pour des pensions
de retraite adéquates, et donc un niveau de vie raisonnable pour
les retraités actuels, et des systèmes durables pour les générations suivantes.
2. Dans cette situation complexe, le rapporteur attire l’attention
de l’Assemblée parlementaire sur l’évolution, qu’il juge préoccupante,
des niveaux des pensions de retraite et du niveau de vie des retraités
en Europe. Des difficultés des retraités à subsister sont notables
dans différents Etats membres, notamment en raison des diminutions
des pensions de retraite. L’impact des interventions faites au titre
de la pérennité des systèmes de retraite semble parfois être davantage
accentué par les réactions d’urgence à la situation économique actuelle
et aux déficits des budgets étatiques, comme un regard porté à différentes
situations nationales le démontre.
3. Dans l’esprit de la Charte sociale européenne (STE no 35),
l’Assemblée considère, et rappelle régulièrement, que la protection
sociale est essentielle à la cohésion sociale. Pour être complète,
la protection sociale devrait garantir à toute la population européenne
un accès à des pensions de retraite décentes, supérieures au seuil
national de pauvreté, et, comme le précise l’article 23 de la Charte
sociale européenne révisée (STE no 163),
mettre à la disposition des personnes âgées «des ressources suffisantes
pour leur permettre de mener une existence décente et de participer
activement à la vie publique, sociale et culturelle». A cet égard,
les réformes des pensions de retraite en cours doivent à la fois
affirmer la responsabilité des pouvoirs publics en créant une plus
grande solidarité au sein des générations, et entre elles, et encourager
la population active à prendre ses propres mesures de prévoyance.
4. Ce rapport est basé sur deux propositions déposées en 2009
(«Conséquences de la crise financière pour les retraités») et en
2010 («Des pensions de retraite décentes pour tous»). Il se place
par ailleurs dans la continuité de la
Résolution 1752 (2010) et la
Recommandation
1932 (2010) sur des pensions de retraite décentes pour les femmes,
adoptées par l’Assemblée le 25 juin 2010, et vise à apporter des
réflexions complémentaires par rapport à ces textes. Le rapporteur
s’est notamment appuyé sur les recherches de l’Organisation de coopération
et de développement économiques (OCDE)
et sur les travaux menés au niveau de
l’Union européenne qui ont débouché sur la publication, en 2010,
du
Livre vert sur les systèmes de retraite, ainsi
qu’en 2012 du
Livre blanc sur une stratégie
pour des retraites adéquates, sûres et viables. En ce
qui concerne l’exemple de la France, le rapporteur se fonde sur
les travaux de la Caisse nationale d'assurance-vieillesse (CNAV)
de ce pays
, ainsi
que sur ceux du Conseil d’orientation des retraites (COR)
. Par ailleurs, début 2012, à l’initiative
du rapporteur, une enquête spécifique a été lancée par le biais
du Centre européen de recherche et de documentation parlementaires
(CERDP), un mécanisme de coopération parlementaire et d'échange
d'informations, dont l’Assemblée parlementaire fait partie
.
5. L’objectif de ce rapport ne sera ni d’être exhaustif en ce
qui concerne la problématique des retraites en Europe, ni de donner
des recommandations spécifiques en ce qui concerne les choix politiques,
financiers ou fiscaux à faire par les Etats membres individuellement.
Il s’agit plutôt d’éclaircir et de structurer les problèmes principaux
auxquels les Etats membres du Conseil de l’Europe font face de manière
générale et, en temps de crise, d’établir des principes d’action
à suivre par les Etats membres pour garantir des pensions de retraite décentes
à tous, et par rapport auxquels un échange de bonnes pratiques pourrait
s’avérer utile dans les temps à venir.
6. En faisant référence aux «crises financière et économique»,
le rapport part du principe que l’ensemble des phases critiques
récentes de l’économie mondiale sont interconnectées et doivent
être soumises à une vue globale; elles englobent les crises financière
et économique qui ont démarré en 2008-2009, se sont plus ou moins
atténuées courant 2010 pour ensuite se transformer en une crise
de la dette souveraine observée à travers l’Europe en 2011 et se
poursuivant en 2012. Les effets de cette dernière ne sont pas encore
bien connus, mais depuis la fin 2011, il est évident que l’impact
sur les services sociaux sera non négligeable étant donné que beaucoup
d’Etats membres se voient dans l’obligation de réduire certaines
prestations sociales dans le cadre de programmes d’austérité appliqués
aux budgets nationaux. Il s’agit alors de savoir comment rendre
les systèmes de retraite d’aujourd’hui assez solides pour pouvoir
affronter les crises actuelles, et d’éventuelles crises futures.
2. Les systèmes de retraite face à l’évolution
démographique et aux répercussions des crises: défis et tendances
7. Les experts internationaux
s’accordent généralement sur le fait que le premier grand défi auquel
les gouvernements doivent faire face en matière de pensions de retraite
est une évolution démographique vers un vieillissement de la population.
Dans un contexte global marqué par des crises économiques et financières récurrentes
– deuxième défi –, les grandes priorités politiques en matière de
systèmes de retraite restent la durabilité financière des systèmes
et l’adéquation des retraites – ainsi qu’un équilibre à trouver
entre les deux. Ces mêmes défis sont également identifiés par la
Commission européenne dans son livre vert publié en juillet 2010
, ainsi que dans le livre blanc publié
en février 2012
. Ces ouvrages qui présentent d’excellentes synthèses
de la situation des pensions de retraite et qui énoncent clairement
les priorités pour la modernisation de la politique des retraites
pour les pays membres de l’Union européenne, devraient également
servir de première référence pour toute réflexion menée au niveau
du Conseil de l’Europe, tout en prenant en compte les spécificités
complémentaires des Etats membres qui ne font pas partie de l’Union
européenne.
2.1. Parmi
les premiers défis: la tendance au vieillissement de la population,
les besoins d’intégration des femmes au marché du travail et des
modes de vie en mutation
8. Le fait que l’Europe connaisse
une tendance au vieillissement de la population est connu depuis
bien longtemps. Cependant, une phase critique de cette évolution
sera bientôt atteinte, car la génération du «baby-boom» approche
de l’âge de la retraite alors que la population européenne en âge
de travailler devrait commencer à décroître à partir de 2012
. Ce constat fait pour l’Union européenne
est également vrai pour la Grande Europe, comme l’illustre l'exemple
de la Russie: comme beaucoup d’autres pays industrialisés, la Russie
a vu sa population vieillir en raison de décennies de taux de natalité
très bas qui sont à l’origine du déclin de la population. Ainsi,
des projections jusqu’à 2030 suggèrent que la Russie se trouve à
la tête des 11 pays qui devraient perdre au moins 1 million de personnes
en trente ans avec un déclin estimé de 12 millions de personnes
(sur environ 143 millions en 2011)
.
9. Face à ces tendances démographiques, plus ou moins marquées
selon les pays, l’OCDE précise qu’il y aura un nombre décroissant
de personnes actives cotisant pour la retraite et donc payant pour
les pensions de retraite d’aujourd’hui, et que le «rapport de dépendance
économique»
des personnes âgées doublera dans
l’Union européenne: si l’on compte quatre personnes en âge de travailler
pour chaque personne de plus de 65 ans en 2010, elles ne seront
plus que deux personnes pour une d’ici à 2060. Les chiffres provenant
de l’OCDE concernant ses Etats membres partent d’une moyenne de
7,5 cotisants pour un retraité en 2011, qui devrait baisser à 3
cotisants pour un retraité en 2050.
10. En même temps, les périodes de retraite se prolongent en raison
d’une espérance de vie croissante; une évolution positive en soi
mais qui mène à des dépenses plus importantes à prévoir pour les
systèmes nationaux de pension. Ainsi, en 1970, les retraités en
France pouvaient bénéficier de leur pension durant 10,8 années en
moyenne, alors qu’en 2010 cette moyenne avait atteint 24 ans
. A moins que les citoyens, qui vivent
plus longtemps, travaillent également plus longtemps, il y a le
risque que l’adéquation des pensions se détériore ou que les dépenses
afférentes aux retraites augmentent de manière intenable.
11. Le rapport de 2009 de la Commission européenne sur le vieillissement
dans la zone euro indique que les dépenses publiques liées au vieillissement
devraient augmenter de 5 % par rapport au PIB d’ici à 2060, et que
la seule source de croissance sera la productivité d’une main-d’œuvre
réduite, d’où l’importance d’inscrire toute politique en faveur
des systèmes de retraite dans un cadre plus global de politiques
économiques et sociales
. Dans ce contexte, la promotion
d’une participation plus grande de femmes au marchés du travail est
une source de croissance, de façon à la fois directe et indirecte,
entre autres parce qu’elle génère de nouveaux emplois dans les domaines
des services de garde d’enfants et d’aide à domicile.
12. Enfin, d’autres évolutions peuvent être des sources de difficultés
supplémentaires pour maintenir les niveaux de pensions: les changements
concernant les modes de vie (foyers d’une personne, couples sans enfant,
éloignement des différentes générations d’une famille, etc.) entraînent
des organisations plus formelles des services de garde et de soin
et génèrent des coûts supplémentaires – même s’ils créent des opportunités d’emploi
et représentent des sources de croissance à moyen terme.
13. Parmi les défis à aborder se trouve certainement aussi celui
de la définition d’un niveau de pension «adéquat»: il s’agit pour
certains d’une pension de retraite qui se trouve au moins à hauteur
du minimum d’existence, tandis que d’autres considèrent que les
retraités devraient bénéficier d’un certain pourcentage de leur
salaire précédent. Une troisième définition consiste à dire qu’une
pension de retraite est à déterminer selon les besoins individuels
de consommation. Pour définir ce qu’il entend par un niveau de pension
adéquat, le Conseil de l’Europe se fonde principalement sur la Charte
sociale européenne révisée, dont l’article 23 sur le droit des personnes
âgées à une protection sociale dispose que «les personnes âgées
ont droit à des ressources suffisantes pour leur permettre de mener
une existence décente et de participer à la vie publique, sociale
et culturelle». Une fois que la signification du terme «adéquat»
sera clarifiée, il conviendra de soulever la question des moyens
appropriés pour se rapprocher du but, à savoir des pensions de retraites
décentes pour tous. Des facteurs d’incertitude à cet égard sont,
entre autres, la volonté et la capacité de chacun d’épargner tout
au long de la vie, et les risques liés aux marchés financiers
.
2.2. Les
effets de la crise financière et économique sur les systèmes de
retraite
14. Selon le constat de l’OCDE
en 2009, aucun pays et aucun régime de retraite n’a été à l’abri
des effets de la crise. Tout d’abord, la crise financière débutant
en 2008 a eu des répercussions sur les fonds de pensions privés,
aujourd’hui une composante importante des systèmes de retraite dans
beaucoup de pays. La crise économique suivante en 2009 a mené à
une diminution de la production et une forte augmentation du chômage.
Ces phénomènes ont ensuite été la cause d’une forte baisse des salaires
et de la réduction du temps de travail. Enfin, l’érosion des recettes
tirées des cotisations de retraite et un accroissement de la demande
de prestations de chômage, combinés aux plans de relance économique,
ont davantage pesé sur les finances publiques
. Cependant, les effets de la crise financière
sur les fonds de pension privés ont varié en fonction de la composition
de leurs portefeuilles. Ainsi les pays dont les fonds de pension
affichaient les plus grandes proportions d’actifs investis en actions
(souvent garantissant des rendements supérieurs à ceux des obligations)
ont souvent présenté les plus grandes pertes, telle l’Irlande par
exemple.
15. Il semble évident que les crises financière et économique
actuelles auront forcément un impact sur le niveau des pensions
de retraite publiques. Même là où les pensions ne diminuent pas
nominativement, leur niveau a tendance à augmenter plus lentement
que celui des salaires et des prix de manière générale. Pour la
France, pays du rapporteur, il est évident que les retraités d’aujourd’hui
ont un niveau de vie nettement meilleur que ceux des années 1970
où leur niveau se plaçait seulement à 60 % de celui des actifs.
Néanmoins, même en France, beaucoup de personnes à la retraite se
voient confrontées à des pensions qui n’augmentent plus suffisamment
par rapport au coût de la vie (logement, énergie, médicaments, etc.)
selon les associations caritatives présentes sur le terrain
.
2.3. La
tendance à la privatisation: entre viabilité et vulnérabilité des
systèmes de retraite
16. En vue d’assurer la pérennité
financière des régimes de retraite publics à long terme, bon nombre
de réformes des schémas de retraite prévoient la transition de systèmes
principalement basés sur la répartition de fonds publics et des
contrats intergénérationnels, donc le premier pilier, vers des systèmes
de plus en plus basés sur des composantes à capitalisation (obligatoires
ou volontaires), liés à l’emploi exercé avant la retraite et généralement
gérés par des acteurs privés. Dans le cadre des systèmes à capitalisation,
les produits qui garantissent un revenu défini au titre de la retraite
sont de plus en plus remplacés par des plans d’épargne dans le cadre
desquels «l’investisseur» ne connaîtra son capital qu’en entamant
sa retraite, étant donné que celui-ci est déterminé par la hauteur
de ses contributions et les taux de rendement
.
17. Dans le cadre des réformes récentes, la plupart des pays ont
mis en place un système de retraite fondé sur plusieurs piliers,
ou ont modifié un système par piliers déjà existant. La classification
des systèmes de retraite par piliers mérite, dès lors, d’être précisée.
Cette forme d’organisation des systèmes de retraite par piliers
se fonde notamment sur l’approche normative proposée par le rapport
publié en 1994 par la Direction de la recherche de la Banque mondiale.
La Banque mondiale considère que le modèle à plusieurs piliers est la
meilleure solution dans le domaine de la réforme des retraites,
et propose une classification en trois piliers:
- un premier pilier obligatoire,
en répartition et à gestion publique, chargé d’assurer un revenu
minimal;
- un deuxième pilier obligatoire, financé par capitalisation
et à gestion privée, chargé d’assurer le remplacement du revenu
d’activité;
- un troisième pilier de régimes supplémentaires financés
par capitalisation, à caractère facultatif et à gestion privée .
18. La Banque mondiale écarte ainsi le modèle fondé exclusivement
sur un système par répartition, d’une part, et le modèle financé
uniquement par capitalisation, d’autre part. Cette position est
également suivie par d’autres institutions et organisations internationales,
qui proposent néanmoins une classification légèrement différente.
L’OCDE a développé une classification fondée sur quatre piliers:
un premier pilier public chargé d’assurer un revenu minimal; un
deuxième pilier social, contributif, financé par répartition, censé
remplacer un revenu d’activité; un troisième pilier qui regroupe
la capitalisation collective; un quatrième pilier fondé sur l’épargne
individuelle facultative
. Enfin,
la Commission européenne reprend généralement une classification en
trois piliers, et regroupe dans le premier pilier les régimes de
base, obligatoires, par répartition, dans le deuxième les régimes
professionnels, créés et gérés par les partenaires sociaux, fonctionnant
en principe par capitalisation, et dans le troisième les contrats
fondés sur l’épargne individuelle. La classification par piliers
des systèmes de retraite fait donc l’objet d’un débat au sein des
institutions et organisations internationales, qui trouve également
un écho au niveau national. Si la grande majorité des Etats européens
ont mis en place des systèmes de retraite par piliers (trois en
général), chacun a adopté des modalités et des combinaisons de piliers
différentes.
19. Selon le rapport
Panorama des pensions
2011 de l’OCDE
, la plupart des pays européens (membres de
cette organisation) ont adopté des mesures pour améliorer la viabilité
financière des systèmes de retraite ces dernières années. Cependant,
la tendance à la privatisation des retraites, qui vise à rendre
les systèmes économiquement viables, les expose en même temps davantage
à la crise. Ainsi, l’impact des crises récentes aurait été plus
sévère dans les pays où la part des pensions privées et de l’épargne
retraite était importante, où les investissements ont été faits
dans des produits à risque ou encore lorsque l’équilibre financier
des systèmes publics était déjà précaire.
20. De manière générale, le rôle de l’épargne-retraite privée
varie énormément d’un pays à l’autre au sein de l’OCDE
:
ainsi, aux Pays-Bas ou au Royaume-Uni, par exemple, les sources
financières privées représentent plus de 40 % des revenus perçus
au titre de la retraite, alors qu’en Autriche, Hongrie, Pologne, République
slovaque ou République tchèque, ce pourcentage se situe à 5 % environ
(chiffres de 2009). Cependant, même certains de ces pays disposent
aujourd’hui de dispositifs de retraite privés obligatoires. Les salariés
les plus jeunes devraient donc pouvoir bénéficier d’une retraite
qui proviendrait du secteur privé à hauteur d’un tiers des revenus
en Hongrie, de la moitié en Pologne et 60 % en République slovaque.
21. Dans le cadre des réformes futures à entreprendre par des
pays qui doivent encore davantage impliquer le secteur privé dans
leur système de retraite, ou y introduire des composantes basées
sur la capitalisation, il sera donc important de veiller à ce que
les systèmes en question soient rendus résilients par rapport aux
crises futures. Selon l’OCDE, la meilleure méthode pour les gouvernements
et les individus, face aux incertitudes économiques, démographiques,
financières et sociales, serait de combiner les sources de revenu
au titre de la retraite et de concevoir des systèmes de retraite
équilibrés entre plusieurs piliers, comme c’est déjà le cas dans
de nombreux pays aujourd’hui.
2.4. Les
personnes âgées parmi les groupes les plus touchés par les crises
22. Selon les dernières prévisions,
l’Europe sera, dans un avenir proche, confrontée à un nombre croissant de
personnes qui n’ont pas été en mesure de pleinement cotiser pour
leur retraite et qui seront menacées par la pauvreté une fois atteint
l’âge de la retraite. Dans la plupart des pays étudiés par l’OCDE,
les personnes âgées font effectivement partie des groupes confrontés
au risque de pauvreté, surtout en temps de crise. Non seulement
elles dépendent de la solidité des systèmes de retraite face aux
crises et des revenus en provenant, mais les crises aggravent aussi
le contexte économique général qui a une influence directe sur leur
niveau de vie par le biais de leurs économies personnelles, des
prix des biens de consommation et notamment de l’énergie. Cependant,
l’ampleur des répercussions de la crise sur les retraités tient
effectivement à la tranche d’âge des personnes concernées
.
23. Ainsi, les personnes proches de la retraite sont les plus
concernées par l’impact des crises économique et financière. Elles
sont parmi les premières à perdre leur emploi en période de ralentissement
de l’activité économique et parmi les plus exposées au risque de
chômage de longue durée. Cela peut mener à la réduction définitive
de leurs revenus au titre de la retraite et les empêche de rattraper
leurs pertes éventuelles de revenus. Comme pour les pensions de
retraite de manière plus générale, l’ampleur des répercussions de la
crise financière sur les revenus au titre de la retraite, et notamment
de l’épargne-retraite, dépend aussi de la composition du portefeuille
des placements. Seulement une partie des retraités ont transféré
leurs investissements sur des actifs moins risqués à mesure que
s’approchait l’âge de la retraite. Ces effets sur les retraites
individuelles sont d’autant plus dramatiques que les pensions de
retraite doivent aussi être considérées comme un «amortisseur» de
crise si elles se trouvent à un niveau décent. Tout impact d’une
crise économique sur les retraites pourrait donc avoir un effet
aggravant pour la crise initiale.
24. Comparés à cette première catégorie de personnes, les salariés
plus jeunes, les salariés des tranches d’âge de forte activité et
les retraités sont beaucoup moins touchés par les crises récentes.
Les plus jeunes (25-34 ans) auront trente ans ou plus pour compenser
une dévalorisation momentanée de leurs placements ou les effets
d’une carrière incomplète. Le deuxième groupe (35-44 et 45-54 ans),
malgré le fait que la crise financière ait pesé sur leur épargne-retraite
privée, ont encore suffisamment d’années devant eux pour reconstituer
leur épargne, et leur emploi est généralement moins menacé que celui
des salariés plus jeunes ou plus âgés.
25. Enfin, les retraités d’aujourd’hui souffriront relativement
peu de la crise de manière générale (sauf pour certaines exceptions)
et sont généralement à l’abri des effets de la crise économique
sur le marché du travail ou de la crise financière sur les pensions
privées. Ces personnes subissent, en revanche, comme tout le monde,
les effets généraux de la crise économique sur le niveau des prix,
et se verront probablement concernées par des mesures appliquées
à la suite de la crise de l’endettement courante qui concerne également
les régimes publics de retraite.
2.5. Préservation
de la solidarité intra- et intergénérationnelle
26. Sur un plan politique, tout
essai de réduire le niveau des retraites se heurte forcément à des
obstacles majeurs. Une difficulté réside également dans la généralisation
des régimes de retraite financés par capitalisation. La plupart
des pays qui ont réduit les prestations de régimes de retraite financés
par répartition, ont, en même temps, adopté des mesures visant à
étendre la couverture des régimes par capitalisation. Cependant,
comme la population couverte par ces nouveaux instruments reste
limitée, on peut s’attendre à un retour d’inégalités importantes
dans le domaine des retraites dans la plupart des pays européens
.
Face à cette situation, le rapporteur appelle au maintien de la
plus grande solidarité intragénérationnelle en tant que base de
la cohésion sociale dans nos sociétés.
27. Selon l’estimation de l’OCDE, les conséquences de la crise
économique et financière ont effectivement été douloureuses pour
beaucoup. Mais en termes de politiques de retraite, les effets de
la crise sont dérisoires au regard du problème du vieillissement
de la population qui, lui, reste le défi principal à affronter lors
de toute réforme des systèmes de retraite en cours ou à venir. La
Commission européenne, dans son livre vert, confirme également que
les récentes crises économique et financière n’ont fait qu’aggraver
les effets de la forte tendance au vieillissement de la population.
Elle rappelle que les principes de solidarité intergénérationnelle
et nationale restent essentiels et que «des systèmes de retraite
bien conçus et appropriés, qui permettent aux individus de maintenir
un certain niveau de vie après leur retraite, sont indispensables
pour les citoyens et pour la cohésion sociale»
. Elle poursuit en affirmant ceci:
«Garantir un revenu de retraite adéquat est la raison d’être des
systèmes de retraite et relève d’une solidarité intergénérationnelle
et intragénérationnelle fondamentale. Jusqu’à présent, la majeure
partie des réformes des systèmes de retraite a eu pour objectif
d’améliorer la viabilité des systèmes. Il est nécessaire de poursuivre
la modernisation des systèmes de retraite pour régler les problèmes
d’inadéquation.»
. Le rapporteur
propose de suivre ces mêmes lignes pour les projets de résolution
et de recommandation à proposer à l’Assemblée.
28. Le rapporteur soutient, par ailleurs, pleinement les constats
que fait la Commission européenne dans son livre blanc concernant
le travail des seniors: le relèvement de l’âge effectif de départ
à la retraite ne consisterait pas à opposer les intérêts des jeunes
à ceux des plus âgés. En effet, les Etats membres qui enregistrent
les taux d’emploi des travailleurs âgés les plus élevés figurent
aussi parmi ceux où les taux de chômage des jeunes sont les plus
bas. A long terme, le nombre d’emplois n’est pas fixe mais dépend notamment
de l’offre de travailleurs qualifiés, qui constitue un moteur essentiel
de la croissance économique. La disponibilité accrue de travailleurs
âgés expérimentés renforcera le potentiel de croissance de l’Europe
et créera ainsi davantage de possibilités et de meilleures conditions
de vie pour les jeunes comme pour les plus âgés
.
3. Les
réformes des systèmes de retraite en Europe: les leviers de systèmes
plus viables et adéquats
29. Au niveau de l’Union européenne,
la Commission européenne constate que la plupart des Etats membres
se sont vus obligés d’engager des réformes substantielles de leurs
systèmes de retraite ces dernières décennies; la crise économique
et financière récente n’ayant qu’accentué davantage la nécessité
de revoir les systèmes en place. Dans leurs réformes, les Etats
ont tout d’abord abordé les aspects de la viabilité des systèmes
et d’adéquation, mais aussi des problèmes plus spécifiques tels
que l’évolution des marchés du travail et la répartition des rôles
entre hommes et femmes. Ces constats sont, à nouveau, certainement valables
pour bon nombre d’Etats qui font partie de la Grande Europe.
30. Plus spécifiquement, la Commission européenne recommande à
ses Etats membres
:
- d’adapter l’âge de la retraite
pour tenir compte de l’augmentation de l’espérance de vie;
- de limiter l’accès aux régimes de retraite anticipée et
aux autres possibilités de sortie prématurée du marché du travail;
- de favoriser l’allongement de la vie professionnelle en
améliorant l’accès à l’apprentissage tout au long de la vie, en
adaptant les lieux de travail à une main-d’œuvre plus diversifiée,
en développant les possibilités d’emploi pour les travailleurs âgés
et en promouvant le vieillissement actif et en bonne santé;
- d’égaliser l’âge ouvrant droit aux prestations de retraite
pour les hommes et les femmes;
- d’encourager le développement de l’épargne-retraite complémentaire
afin d’accroître les revenus des retraités.
31. En vue d’améliorer l’adéquation des retraites, le premier
levier activé par les gouvernements est souvent le rallongement
de la vie active en encourageant les personnes à travailler plus
longtemps et en augmentant l’âge légal de départ à la retraite.
Cet âge est aujourd’hui fixé à 65 ans pour les femmes et les hommes
dans la plupart des pays de l’OCDE, à moins de 65 ans dans certains
(dont la France), et à 67 ans dans d’autres, tels que l’Islande
ou la Norvège
(voir
le document AS/Soc/Inf (2012) 08
). Si des évolutions différentes sont prévues en fonction
du contexte particulier de chaque pays (aussi en fonction de l’espérance
de vie et de l’âge réel de départ à la retraite), une tendance générale
à l'augmentation de l'âge légal se dégage néanmoins.
32. Parmi les autres leviers activés par les gouvernements se
trouvent le niveau des pensions, le niveau ou la durée des cotisations,
ou la base de calcul prise en compte pour déterminer le niveau des
pensions, c’est-à-dire les dernières années de salaires, les meilleures
années de salaire ou le salaire moyen durant toute la carrière.
De manière générale, les réformes récentes et en cours observées
en Europe se caractérisent par un double mouvement: d’une part les
régimes publics financés en répartition subissent des réductions
plus ou moins importantes, d’autre part on tente de développer des
instruments financés en capitalisation, soit au niveau collectif
(branche ou entreprise), soit au plan individuel
.
3.1. L’exemple
de la France: «Redonner confiance aux jeunes»
33. Pour mieux comprendre les défis
auxquels les Etats membres sont confrontés et les choix qu’ils doivent faire
dans le cadre de leurs réformes des retraites, la France, pays du
rapporteur, a servi de premier exemple. L’évolution du système des
retraites en France s’est faite en différentes phases. De 1945 à
1970, il s’agissait d’abord de maintenir un niveau décent de retraite.
Depuis 1970, les défis démographiques bien connus se sont ajoutés
à la problématique, notamment l’espérance de vie de plus en plus
longue rallongeant ainsi la période de la retraite. En France, la
Caisse nationale d’assurance-vieillesse (CNAV), en étroite collaboration
avec le Conseil d’orientation des retraites (COR), est appelée à
conseiller le gouvernement dans ses choix stratégiques et à informer
les assurés en leur exposant tous les choix possibles
.
34. La première réforme française était celle de 1993 introduisant
non seulement la prise en compte de vingt-cinq au lieu de dix ans
des meilleurs salaires pour déterminer le niveau de retraite, mais
aussi une nouvelle indexation basée sur les prix. La réforme de
2003 était destinée à augmenter le nombre d’années de cotisation
requises pour atteindre le niveau maximal de retraite; ce niveau
augmentera progressivement pour atteindre 41,5 ans en 2018 (donc
pour les personnes nées en 1956). Ensuite, la réforme de 2010 prévoit l’augmentation
de l’âge de la retraite pour atteindre 62 ans en 2018; un horizon
qui est considéré, par les autorités françaises, comme tout à fait
soutenable pour introduire de nouvelles mesures.
35. La réforme la plus récente s’est déroulée dans le contexte
de la crise économique dans lequel les retraites elles-mêmes n’étaient
pas touchées directement, mais où un niveau d’endettement élevé
était atteint pour garantir les retraites. Le grand principe conducteur
de cette dernière réforme a été la volonté de ne pas augmenter davantage
le niveau des prélèvements sur les salaires ni de baisser le niveau
des pensions. Cependant, au cours des différentes phases de réformes,
la France a activé tous les leviers possibles concernant les retraites:
1) les prélèvements; 2) la durée de cotisation/l’âge de départ à
la retraite; 3) et le niveau des pensions.
36. Selon la CNAV, plusieurs approches sont possibles pour déterminer
le niveau des retraites: l’apport effectué tout au long d’une vie
de travail (prévoyance) ou un revenu correspondant au dernier salaire
perçu; sachant que le système porté par la CNAV se base plutôt sur
la deuxième. La question centrale a donc été celle de l’indexation
appliquée pour déterminer une pension de retraite décente aux personnes
retraitées. D’autres enjeux auxquels les réformes en France devaient
faire face étaient la protection des personnes les plus vulnérables,
les responsabilités de chacun, et – cela étant considéré comme l’un
des enjeux principaux – le rétablissement de la confiance des jeunes
en l’avenir.
37. En France, le système de retraite reste fortement basé sur
le principe de solidarité et intègre des éléments de soutien aux
plus démunis. Ainsi, la possibilité de partir à la retraite relativement
tôt existe, par exemple pour les personnes qui ont travaillé longtemps,
pour les handicapés ou pour les personnes malades. Selon la CNAV,
les Français restent très attachés à ce système solidaire, ce qui
fait que l’approche proposant une «épargne retraite» a eu un succès
modéré. Cependant, le programme politique prévoit une nouvelle étape de
réforme pour 2013, cette fois-ci avec de nouveaux modes de cotisation.
38. Les points qui restent encore à aborder à l’avenir sont l’équilibre
financier des différents régimes et l’indexation par rapport au
dernier salaire perçu, ce dernier point ayant pour but d’assurer
un lien direct entre le niveau de vie en activité et celui de la
retraite, sans descendre en-dessous d’un certain seuil. Il reste également
à revoir la part des contributions individuelles à la retraite de
chacun: le socle des retraites continuera à être construit en commun,
alors que chacun devrait, à l’avenir, pouvoir assurer des compléments selon
ses possibilités. Pour la France, cela se déroule dans un contexte
particulièrement complexe marqué par un système de retraite qui
distingue non seulement les régimes de la fonction publique et ceux
du secteur privé mais connaît, pour des raisons historiques, environ
35 régimes spéciaux différents correspondant à des filières professionnelles
diverses. La complexité est augmentée davantage par la «rupture»
croissante des carrières professionnelles pendant lesquelles les
changements réguliers sont devenus la normalité, ce qui fait qu’il devient
de plus en plus difficile de conseiller le particulier sur son parcours.
3.2. L’exemple
de l’Allemagne: besoin de renforcer la promotion des deuxième et
troisième piliers
39. L’assurance-vieillesse légale
allemande a été introduite il y a plus d'un siècle en tant que premier système
public de retraite du monde, et a subi de nombreuses réformes radicales
depuis les années 1950. Comme la plupart des pays européens, l’Allemagne
se voit confrontée à un vieillissement de sa population et au départ
à la retraite prochaine de la génération du «baby boom», à la suite
duquel de moins en moins de cotisants payeront les retraites pour
un nombre croissant de retraités.
40. Le système de retraite allemand est principalement basé sur
trois piliers: 1) l’assurance-vieillesse légale (par répartition);
2) un système de pensions versées par l’entreprise (betriebliche Altersversorgung);
et 3) différentes offres de prévoyance privées dont les contrats
entièrement privés et la Riester Rente qui
offre, depuis 2001, la possibilité d’accéder à des plans d’épargne
subventionnés par l’Etat. Le système allemand est, comme celui de
la Suisse (voir ci-dessous) considéré comme exemplaire. Néanmoins,
les partenaires sociaux allemands se verront face à un certain nombre
de défis ces prochaines années. Parmi les dernières mesures prises,
le Gouvernement allemand (par décision en 2006) vient de progressivement
relever l’âge légal de départ à la retraite à 67 ans, ce qui exigera
donc une adaptation du monde du travail à cette nouvelle réalité.
41. Très récemment, il a été annoncé que le niveau des retraites
publiques diminuerait de 10 % par rapport aux salaires d'ici à 2025:
alors que le niveau des retraites était à 50,8 % des salaires (avant
impôts) en 2011, il est prévu qu’il atteigne les 45,2 % en 2025.
Selon l’Institut allemand de la prévoyance vieillesse (Deutsche Institut
für Altersvorsorge), le retraité moyen ne disposera même plus que
de 38 % de son dernier salaire brut, un chiffre qui devrait à baisser
davantage, jusqu’à 35,6 %, après 2040
.
42. Ces tendances sont jugées plus qu’inquiétantes par les fédérations
sociales qui exigent que l’évolution des pensions doit s’aligner
sur l’évolution positive des salaires en général
.
Selon l’OCDE, l’Allemagne fera face à un nombre croissant de personnes
âgées en situation de pauvreté, si l’accès aux deuxième et troisième piliers
n’est pas facilité, notamment pour les salariés à bas salaires.
Une prévoyance automatique manquerait aussi pour ceux qui n’ont
pas cotisé de manière continue. L’exemple de la Suisse pourrait
servir d’exemple même pour l’Allemagne parce qu’il prévoit une adhésion
obligatoire aux trois piliers
. La croissance lente de deux des
piliers est certainement liée, entre autres à la complexité du système
de retraite, car seul le deuxième pilier propose aux salariés cinq
types différents de prestations: épargnes directes par l’employeur,
caisses de pension, assurance-retraite, caisses de soutien et fonds
de pension
.
3.3. L’exemple
de la Suisse: un système à trois piliers en place depuis de nombreuses
années
43. La Suisse a mis en place depuis
de nombreuses années un système dit «système des trois piliers».
Le premier pilier, à savoir la prévoyance étatique (AVS (assurance-vieillesse
et survivants)/AI (assurance-invalidité)), est destiné à garantir
à la population résidente la couverture appropriée des besoins vitaux
durant la vieillesse et en cas d’invalidité ou de veuvage. Le deuxième
pilier, la prévoyance professionnelle, permet de maintenir le niveau
de vie antérieur, et est obligatoire pour les travailleurs percevant
un revenu annuel supérieur à 20 880 francs suisses en 2011 et facultatif
pour les indépendants. Le troisième pilier, la prévoyance individuelle,
permet quant à lui d’étoffer la pension de retraite individuellement
et selon les besoins de chacun. Les premier et deuxième piliers
n’ont pas le même système de financement. L’AVS, qui repose sur
un contrat intergénérationnel, est financé par répartition (les
personnes actives aujourd’hui financent les prestations des retraités
actuels), tandis que la prévoyance professionnelle se fonde sur
le système par capitalisation (constitution d’un avoir de vieillesse
qui permet de financer les prestations de la prévoyance professionnelle)
.
44. Les dernières réformes mises en place en Suisse conservent
ce système en trois piliers, mais visent à en renforcer la viabilité.
Deux tentatives de réformer le premier pilier ont eu lieu mais ont
échoué, l’une en référendum populaire et l’autre au parlement. Une
«petite» réforme plutôt technique, acceptée par le parlement, est
entrée en vigueur en 2012. Une réforme du premier pilier destinée
à en assurer le financement et la pérennité est à l’étude. Les dernières
réformes du deuxième pilier ont été adoptées par le parlement en 2010
et 2011 et sont entrées en vigueur en 2011 et 2012. Elles renforcent
la surveillance, imposent aux acteurs du deuxième pilier des exigences
plus strictes et accroissent la transparence dans la gestion des
caisses de pension, contribuant ainsi à la prévention des abus.
Les dispositions relatives au financement des institutions de prévoyance
de corporation de droit public visent, quant à elles, à garantir
la sécurité financière de ces institutions. Certaines mesures concernent
plus spécifiquement les travailleurs âgés et visent à favoriser
leur participation et leur maintien sur le marché de l’emploi. En
raison de son système de retraite relativement solide et équilibré,
la Suisse pourra certainement servir aussi d’exemple à d’autres
pays européens.
3.4. L’exemple
du Royaume-Uni: l’abolition de l’âge légal de départ à la retraite
45. En 2008, le régime public de
retraite au Royaume-Uni comportait deux piliers (une pension basique forfaitaire
et une pension complémentaire liée à la rémunération) que complète
un vaste ensemble de régimes privés facultatifs. Ces dernières années,
celles-ci ont accueilli un grand nombre de cotisants quittant le deuxième
échelon public (35 % des salariés). Par ailleurs, une prestation
liée à la rémunération (pension à crédit) a été mise en place pour
les retraités les plus démunis
. Les réformes récemment
engagées par le Royaume-Uni suivent la même tendance que celle observée
dans d’autres pays, à savoir une augmentation de l’âge donnant droit
à la retraite de l’Etat qui est actuellement de 65 ans: à la suite
de la loi sur les pensions de 2007, actuellement mise en œuvre par
le Gouvernement britannique, cet âge passera à 66 ans en 2020 pour
progressivement atteindre les 68 ans en 2050.
46. Cependant, parmi les dernières mesures engagées se trouve
l’autorisation des salariés de poursuivre leur activité professionnelle
au-delà de 65 ans s’ils le souhaitent, et l'abolition, à partir
d’octobre 2011, de l’âge légal de retraite tout en maintenant une
durée de cotisation minimale permettant de bénéficier d’une pension complète.
Une surcote de 10 % de la pension de retraite de base pour chaque
année travaillée au-delà de 65 ans pour les hommes et 60 ans pour
les femmes a pour objectif d’inciter les plus de 65 ans à rester
dans la vie active plus longtemps
.
47. L’impact potentiel des crises financière et économique s’est
vu en juin 2010 quand le gouvernement a annoncé, dans le cadre du
débat budgétaire, qu’il avait l’intention de changer l’indexation
des régimes de pensions sur l’inflation du
Retail
Prices Index (RPI) (indice des prix à la vente au détail)
au
Consumer Prices Index (CPI) (indice
des prix à la consommation) qui est généralement en croissance plus
lente. Etant donné qu’un tel changement pourrait inciter des sociétés
du secteur privé à suivre le mouvement, les retraites d’un grand
nombre de personnes pourraient à l’avenir être affectées
.
3.5. La
situation dans d'autres Etats membres du Conseil de l’Europe
48. La Norvège vient de réformer
son système de retraite. Avec une espérance de vie qui vient de
dépasser 81 ans en 2010, le nombre de retraités n’a cessé d’augmenter
ces dernières décennies, tandis que le nombre d’actifs a baissé.
Afin de sauver la retraite par répartition, une réforme était donc
indispensable. Ainsi, le Parlement norvégien a décidé de rendre
flexible l’âge de la retraite. A partir de 2011, chacun a désormais
le choix de cumuler un salaire et une pension de retraite et de
travailler plus ou moins longtemps (de 62 à 75 ans). Si la retraite
est prise à 62 ans (premier âge possible pour prendre la préretraite),
et non à l’âge prévu par le schéma public de retraite (67 ans depuis
2007), la pension sera réduite, alors qu’elle augmente pour chaque
année supplémentaire de travail. Des éléments de capitalisation
ont été introduits dans le système du régime par répartition. En
outre, la pension de base sera ajustée à l’espérance de vie pour
chaque promotion
.
49. En Europe de l’Est, de nombreux pays ont commencé à engager
des réformes de leurs systèmes de retraite en raison, d'une part,
des défis communs aux autres pays européens (démographie, crises
financière et économique), et, d'autre part, des exigences des bailleurs
de fonds internationaux (Union européenne ou du Fonds monétaire
international (FMI)), qui considèrent certains systèmes de retraite
comme des charges importantes pour les budgets de l’Etat et exigent
des réformes comme condition préalable à l’accord de crédits. Ainsi,
en Roumanie, une réforme relevant l'âge de la retraite a été adoptée
par le parlement en 2010
. Cette loi prévoit que l'âge de
la retraite sera progressivement relevé à 65 ans pour les hommes
et 63 ans pour les femmes d'ici à 2015. Afin de répondre à la crise
financière et économique, qui a eu un effet à la fois sur les fonds
accumulés au titre des pensions et sur les économies nationales
en général, différentes approches ont été suivies. Pour renforcer
la viabilité de leur système, l’Estonie, la Hongrie, la Lettonie,
la Lituanie, la Pologne et la Roumanie par exemple ont repensé leur
modèle de financement en réorientant des contributions faites au
deuxième pilier vers le pilier public par répartition
.
50. La réforme engagée en Ukraine relève aussi des exigences internationales,
mais reste très controversée dans le pays même qui a vu, en 2011,
des manifestations contre l’adoption du projet de réforme par le
parlement. La réforme en Ukraine vise à décaler progressivement
l'âge légal de la retraite de 55 à 60 ans pour les femmes et de
60 à 62 ans pour les hommes
. Par ailleurs, l’objectif principal
des dernières réformes, entrées en vigueur en janvier 2012, a été
la création d’un système à trois piliers, et la spécification des
conditions en vue de l’obtention des pensions de retraite minimales
et maximales. Des réformes radicales s’étaient avérées nécessaires
en Ukraine en raison d’un système traditionnel devenu inefficace
aux niveaux social et économique, qui représentait une énorme charge
pour le budget de l'Etat
.
51. Confrontée aux mêmes défis démographiques que beaucoup d’autres
pays, la Fédération de Russie dispose depuis 2002 d’un système de
pensions basé sur trois piliers comprenant une pension de retraite publique
(pensions sociales), un fonds de retraite obligatoire (pensions
de travail) et une assurance de retraite privée et volontaire. Dans
le cadre du système étatique, l’âge légal de départ à la retraite
est de 60 ans pour les hommes et de 55 ans pour les femmes, et il
existe une gamme de prestations complémentaires pour les plus nécessiteux,
les personnes handicapées et les anciens combattants. Selon les
annonces officielles, la situation des retraités ne cesse de s'améliorer:
en 2012, les pensions de travail (fonds de pension russe) devraient
augmenter de 7 % (en février) et de 2,4 % (en avril), et les pensions
sociales (étatiques) de 14,1 % (en avril)
.
52. Néanmoins, depuis quelques années, il est connu que le Gouvernement
russe se trouve face à des charges de plus en plus grandes, liées
au système de retraite, qui contribuent à un déficit budgétaire
chronique à hauteur de 3 % à 4 % du PIB qui, en 2009, était censé
perdurer les dix années suivantes selon un rapport de la banque
d’investissement Merrill Lynch. Ainsi, pour 2010, le fonds de pension
russe était estimé à environ 40 milliards de dollars (ou 2,4 % du
PIB)
. Selon les experts, la seule solution
à long terme serait de nouvelles réformes au système de pensions
ainsi qu’une forte promotion des fonds de pension privés auxquels
seuls 5 % des Russes avaient adhéré en 2009. Sans aucun changement
structurel, les augmentations régulières, effectuées, entre autres,
pour éviter des tensions sociales, semblent donc mettre plus de
pression sur un système de retraite déjà tendu. Il est estimé que,
dans une vingtaine d’années, seule une personne active cotisera
pour un retraité en moyenne, ce qui représenterait une «bombe à
retardement démographique»
.
53. Un regard vers la Turquie, un des autres grands pays membres
du Conseil de l’Europe, montre une situation bien particulière.
Le système de retraite consiste en un régime public lié aux salaires
qui a été complété, en 2001, par des compléments de pension privés;
les contributions à ces derniers sont déductibles des impôts
. Selon les experts, ces réformes auraient
largement amélioré la viabilité à long terme du système. Cependant,
le vaste secteur informel représente toujours un obstacle à la prévoyance
vieillesse en Turquie, étant donné qu’il offre de nombreuses possibilités
pour contourner la contribution au système de sécurité sociale.
Le succès des réformes des retraites dans le pays passe aussi par
la capacité du gouvernement à aborder et à résoudre ce problème.
54. Actuellement, en Turquie, des mesures de réforme, telles que
l’augmentation de l’âge de départ à la retraite et la diminution
des taux de remplacement, sont pratiquement restreintes aux jeunes
salariés entrant sur le marché du travail, qui devront donc supporter
le poids financier principal
. Le taux de remplacement pour la
majorité des salariés reste généreux par rapport à d’autres niveaux
observés dans la zone OCDE et dissuade donc les entrepreneurs du
secteur formel d’employer une main-d’œuvre peu qualifiée. Face à
cette situation complexe, il est attendu que le taux d’adhésion
volontaire à des régimes de pension liés à l’emploi ou privés restera
limité et que, en raison du manque de prestations de pension minimale
pour ceux qui en ont besoin, la pauvreté restera un problème parmi
les personnes âgées
.
3.6. Une
enquête spécifique parmi les parlements nationaux
55. A l’initiative du rapporteur,
une enquête spécifique a été lancée via le mécanisme de recherche parlementaire
«Centre européen de recherche et de documentation parlementaires
(CERDP)»
. Des réponses ont été fournies par 32
Etats membres du Conseil de l’Europe venant confirmer certaines
des tendances dégagées précédemment:
- la plupart des Etats membres semble s’orienter vers des
systèmes de retraite à trois piliers. Dans le cadre des réformes,
des changements de paradigme (concernant les piliers) et de paramètres
(niveaux de cotisation, indexation, etc.) peuvent être observés;
- l’âge légal de départ à la retraite est en train de croître
dans la majorité des pays ayant répondu, alors que dans bon nombre
de pays l’âge réel moyen de départ à la retraite reste nettement
en dessous. Cela semble indiquer que des mesures concernant le prolongement
de la vie active des personnes âgées s’imposeront pour assurer qu’un
maximum de personnes puisse profiter d’une retraite au taux plein;
- de nombreux pays ont été obligés de revoir à la baisse
le niveau des pensions étatiques perçues;
- dans la plupart des pays, l’âge légal de départ à la retraite
des femmes et des hommes semble aller vers une harmonisation;
- une question qui n’a pas été abordée explicitement par
l’enquête, mais qui reste à voir au vu des premiers résultats obtenus,
est celle du nombre de personnes ayant adhéré aux régimes de retraite complémentaires
(obligatoires ou volontaires) ainsi que la question de savoir comment
cela affectera leur revenu à l’avenir.
56. Parmi les exemples qui ont attiré l’attention du rapporteur,
en tant que bonnes pratiques ou pour leur caractère singulier, et
par rapport auxquels de futurs échanges de bonnes pratiques pourraient
s’avérer utiles, figurent:
- la
Finlande pour certaines de ses mesures radicales: pour déterminer
le niveau de retraite, toute la durée de cotisation sera dorénavant
prise en compte et l’âge légal de départ à la retraite a été aboli
et devient entièrement flexible;
- la Pologne, qui a clairement limité les possibilités de
départ anticipé à la retraite;
- la Suède, qui semble couvrir une gamme large de mesures
pour fournir des pensions adéquates, allant de la garantie d’une
pension minimale sous le premier pilier au développement d’un marché
de travail adapté pour accueillir plus facilement des salariés plus
âgés;
- la Suisse, avec un système en trois piliers relativement
bien développé, qui tente actuellement d’augmenter la transparence
de la gestion des caisses de pension, en vue de prévenir des abus.
4. Conclusions
– recommandations: quelles lignes suivre pour renforcer les systèmes
de retraite de manière durable et équilibrée?
57. La tendance au vieillissement
de la population est clairement le plus grand défi se posant aux
systèmes de retraite européens. En ce qui concerne les crises financière
et économique récentes et la crise de l’endettement public, il est,
certes, important de réagir rapidement pour protéger les systèmes
en place. Cependant, le développement durable des systèmes de retraite,
qui englobe une perspective de long terme, sera primordial pour
s’assurer que les systèmes en place seront suffisamment solides
face à des crises futures.
58. L’adéquation des pensions de retraite est non seulement un
résultat très attendu de toutes les réformes engagées, mais aussi
un facteur de stabilité contre les crises futures. Les Etats membres
devraient donc en faire une priorité dorénavant et pour les prochaines
phases de réformes à entamer. Par ailleurs, la garantie de retraites
décentes à la fois pour les retraités d’aujourd’hui et ceux de demain
est une question de dignité de la personne et de reconnaissance
des performances et de la contribution individuelle au développement
durable et au bien-être de la société entière. Un niveau de pension
décent – aujourd’hui et demain – sera donc un facteur important
de cohésion sociale.
59. Les mesures de réforme engagées par de nombreux Etats membres
ces dernières années ont certainement contribué à pérenniser les
systèmes de retraite publics. Cependant, les situations dans différents pays
sont très variées. Parmi ceux qui semblent avoir le mieux assuré
la viabilité de leur système se trouvent les pays scandinaves (Danemark,
Suède) et les Pays-Bas, qui disposent tous de systèmes équilibrés
basés sur plusieurs piliers
. Une diversification des systèmes
de retraite, telle qu’elle a été entamée par de nombreux pays ces
dernières années, semble donc être un pas vers une plus grande stabilité,
même si une généralisation progressive des systèmes à capitalisation
représente un risque de générer de nouvelles inégalités. Le défi
pour les Etats européens consiste à trouver un équilibre entre système
par répartition et par capitalisation. Le rôle de l’Etat devra rester
primordial pour garantir que de futurs systèmes de retraite soient toujours
basés sur une forte composante solidaire et un pilier reposant sur
un système par répartition.
60. Dans un contexte de crise financière et économique, la mise
en place de systèmes de retraite équilibrés et solides soulève deux
grands défis: 1) Il est nécessaire de surmonter les déficits budgétaires
étatiques de manière générale et, en particulier, ceux des caisses
de prévoyance publiques. Des mesures d’austérité peuvent aggraver
cette situation et mettre à mal le principe de la solidarité intergénérationnelle.
Une véritable revitalisation économique sera la seule solution durable;
2) Les effets économiques positifs doivent atteindre les ménages
individuels afin qu’ils soient en mesure de cotiser à des schémas
complémentaires (collectifs ou individuels). Ce genre de démarche
des salariés peut être promue ou subventionnée par l’Etat mais,
de prime abord, les personnes concernées doivent en être capables
de par leurs propres revenus. Un climat de confiance en de nouveaux
régimes de retraite est à créer.
61. Il sera par ailleurs de la plus grande importance que les
autorités (publiques) des Etats membres (gouvernements et parlements)
soient ouvertes au dialogue avec toutes les parties prenantes (y
compris la société civile), dans un esprit de transparence, avant
d’engager des réformes majeures. De tels dialogues doivent avoir
pour objectif d'atteindre un équilibre acceptable entre les coûts
et les bénéfices des futurs régimes alternatifs de retraite. Ils
devront également prendre en compte et répondre à l’incertitude
observée parmi les jeunes générations dans bon nombre de pays quant
à l’avenir de leurs retraites. Il s’agira de mener des débats nuancés,
qui ne se fondent pas sur une simple opposition de systèmes publics
ou privés comme seules alternatives, mais qui étudient la meilleure
combinaison possible entre les systèmes de «retraite par répartition»
et de «retraite par capitalisation». Cette réflexion devra mener
à une répartition claire des responsabilités entre acteurs publics
et privés dans un esprit de «responsabilité sociale partagée»
.
62. En vue de la situation actuelle des systèmes européens de
pension, et notamment face à la tendance au vieillissement de la
population et à la suite des crises financière et économique récentes,
les Etats membres du Conseil de l’Europe devraient explorer et,
s’il y a lieu, prendre les mesures suivantes:
63. Sur un plan général:
- mettre
en place des systèmes de retraite qui reflètent la complexité des
situations professionnelles (y compris des changements d’emplois
plus fréquents) et des modes de vie actuels;
- lutter contre les inégalités persistantes dans les systèmes
de retraite, notamment entre les femmes et les hommes, entre autres
en commençant par la lutte contre le fossé salarial entre les femmes
et les hommes;
- engager ou mener à bien des réformes des retraites qui
maintiennent à la fois la durabilité des systèmes à long terme (aussi
face à de futures crises économiques) et l’adéquation des retraites;
- communiquer, de manière claire et compréhensible par tous,
sur les implications des systèmes de retraite en vigueur pour chacun,
notamment sur le niveau de pension auquel chaque cotisant pourra s’attendre
à l’avenir dans le cadre des systèmes par répartition;
- mener des politiques économiques positives visant une
revitalisation des économies sans réduire le pouvoir d’achat.
64. En matière de durabilité des systèmes:
- considérer les retraites comme un volet important dans
le cadre des réponses à donner à la crise de l’endettement actuelle
(2011-2012);
- face aux incertitudes économiques, démographiques, financières
et sociales, concevoir des systèmes nationaux de retraite basés
sur un «panaché» solide de sources de revenu au titre de la retraite (éléments
de répartition et de capitalisation) et reposant donc sur plusieurs
piliers;
- néanmoins, consolider la solidarité intergénérationnelle
et intragénérationnelle qui confirme également le rôle central de
l’Etat en ce qui concerne la garantie de pensions décentes pour
tous;
- promouvoir la coopération internationale en matière de
retraite étant donné que les retraites sont de plus en plus une
question de nature transnationale au-delà de l’Union européenne
ou de la zone euro (professionnels migrants/mobiles, fonds de pension
internationaux).
65. En matière d’adéquation des retraites:
- assurer un niveau de vie digne aux retraités en leur fournissant
une certaine part de pension garantie provenant du système de retraite
public basé sur la solidarité intergénérationnelle, tout en appelant davantage
à la responsabilité individuelle des personnes actives qui ont encore
le temps de se constituer une épargne ou d’y contribuer dans une
mesure à déterminer;
- mener des politiques engagées en faveur de la création
d’emplois, car seules les personnes ayant une activité suffisamment
rémunérée sont en mesure d’épargner pour compléter leur future pension
de retraite ou de cotiser à des régimes de pensions complémentaires;
- prendre en compte les nouveaux modes de vie des familles
qui exigent souvent le soin externe de personnes âgées, ainsi que
le rallongement de la durée de vie moyenne (qui prolonge également
les périodes pendant lesquelles les retraités perçoivent des pensions);
- prévoir des aides financières pour les parents en charge
d’enfant(s) pour qu’ils puissent concilier l’éducation de leur(s)
enfant(s) et l’épargne pour leur propre retraite. Il n’est en effet
pas aisé pour des parents, d’une part, de subvenir aux besoins d’une
famille et d’élever un ou des enfant(s) et, d’autre part, de pouvoir
épargner suffisamment pour leur propre retraite à venir;
- trouver des solutions adaptées pour les personnes qui
ont connu des phases de non-cotisation à la retraite (par exemple
les femmes qui ont interrompu leur activité professionnelle notamment
pour s’occuper des enfants);
- prévoir des mesures et des régimes de retraite spécifiques
pour les groupes vulnérables qui n’ont pas eu des capacités suffisantes
pour préparer leur retraite (migrants, handicapés, etc.);
- faciliter aux personnes âgées la cessation progressive
d’une activité professionnelle, ce qui leur permettrait de compléter
leurs pensions de retraite par un salaire et aurait certainement
des effets positifs sur leur santé physique et mentale, limitant
ainsi les coûts qui, autrement, pourraient être générés au niveau
des systèmes de santé et de soins.
66. Indépendamment des implications financières et structurelles
des systèmes de retraite et au niveau des politiques générales en
faveur des personnes à la retraite, il semble intéressant d’explorer,
aussi dans le cadre d’un échange de bonnes pratiques européennes,
des approches innovantes visant à améliorer le bien-être des personnes
à la retraite, telles que des prestations sous forme de services
à fournir aux personnes âgées. Ainsi, plusieurs pays connaissent
aujourd’hui des systèmes d’entraide où des personnes âgées sont
appelées à fournir de l’assistance à d’autres, et récompensées par
des «points» qui leur permettront, à l’avenir, de faire appel à
des prestations similaires quand elles en auront besoin. Ce type
d’aide ne doit certainement pas se substituer à des prestations
financières provenant des systèmes de pensions, mais peuvent les
compléter pour faciliter la vie des personnes âgées nécessiteuses.