1. Introduction
1. Du fait de son emplacement géographique, à la frontière
sud-est de l’Europe, les frontières terrestre et maritime gréco-turques
sont l’un des principaux points d’entrée de migrants irréguliers
dans l’Union européenne et dans l’espace Schengen.
2. La Grèce éprouve de grandes difficultés à faire face à l’arrivée
massive de flux migratoires mixtes, dont des migrants irréguliers,
des réfugiés et des demandeurs d’asile, ainsi qu’à l’actuelle crise
économique. Elle n’est cependant pas le seul pays de la région concerné.
Il est impossible d’étudier la situation de la Grèce sans examiner
celle de la Turquie, principal pays de transit vers la Grèce, qui
doit aussi prendre en charge plus de 150 000 réfugiés syriens.
3. Compte tenu de ce qui précède, il convient d’examiner l’ampleur
des problèmes de migration et d’asile rencontrés à la frontière
sud-est de l’Europe, en prenant en considération les réactions politiques
de la Turquie et de la Grèce, ainsi que deux autres éléments: les
tensions sociales au sein de la société grecque exacerbées par les
pressions financières et migratoires excessives, mais aussi la question
du partage des responsabilités en Europe, s’agissant de traiter
de problèmes non pas strictement nationaux mais d’envergure européenne.
2. La tempête
à la frontière sud-est de l’Europe
2.1. La Grèce sous pression:
le problème des migrants irréguliers et la crise économique
4. Au cours des dernières années, des centaines de milliers
de migrants en situation irrégulière, de demandeurs d’asile et de
réfugiés ont franchi les frontières terrestre, fluviale et maritime
de la Grèce, souvent en transitant par la Turquie. En 2010, la grande
majorité des flux migratoires mixtes sont entrés dans l’Union européenne
par la frontière gréco-turque. Cette situation engendre des défis
majeurs en termes de droits de l’homme et de gestion des migrations.
5. Selon les statistiques fournies par le Haut-Commissariat des
Nations Unies pour les réfugiés (HCR), en 2010, plus de 132 000
ressortissants de pays tiers ont été interpellés en Grèce dont 53 000
dans la région frontalière entre la Grèce et la Turquie. Au cours
des dix premiers mois de l’année 2012, il a été procédé à plus de
70 000 arrestations, dont près de 32 000 aux frontières de la Turquie
. Les personnes
étaient issues de 110 pays d’origine différents – majoritairement
d’Asie, y compris d’Afghanistan, du Pakistan et du Bangladesh, mais
aussi d’Irak, de Somalie, du Proche-Orient (Palestiniens notamment)
et, de plus en plus, de Syrie.
6. La plupart des migrants et des demandeurs d’asile n’ont pas
l’intention de s’installer en Grèce et envisagent de poursuivre
leur périple en Europe. Beaucoup d’entre eux sont cependant bloqués
en Grèce en raison des contrôles aux frontières et de leur arrestation
lorsqu’ils tentent de quitter le pays
, de l’actuel Règlement Dublin et
du fait que bon nombre de migrants en situation irrégulière ne peuvent
pas être renvoyés dans leur pays d’origine.
7. Le contexte inhérent à la profonde crise économique et de
la dette souveraine aggrave encore la situation et entrave la capacité
du gouvernement grec à répondre de manière adéquate aux arrivées
massives. La Grèce a bénéficié de deux plans de sauvetage, respectivement
de 239 milliards et 130 milliards d’euros, assortis de conditions
strictes. Ces dernières ont contraint le gouvernement grec à adopter
des mesures d’austérité drastiques afin de maîtriser son déficit
et à procéder à des réductions sévères dans les services sociaux
et les emplois de la fonction publique. Suite à cela, l’économie
grecque a enregistré un recul de 25% au cours des deux dernières
années et est entrée dans sa sixième année consécutive de récession
.
2.2. Syrie: la situation
déplorable pourrait encore se détériorer
8. Dans sa
Résolution
1902 (2012) sur la réponse européenne face à la crise humanitaire
en Syrie, l’Assemblée parlementaire condamne «les violations constantes,
généralisées, systématiques et flagrantes des droits de l’homme
commises en Syrie qui constituent des crimes contre l’humanité».
Elle qualifie de «plus en plus critique» la situation humanitaire
de 1,2 million de Syriens qui, selon les estimations, ont été déplacés à
l’intérieur du pays et des 638 000 Syriens enregistrés en tant que
réfugiés ou en attente de l’être, dans les pays voisins.
9. Depuis octobre 2012, loin de s’être améliorée, cette situation
déplorable s’est encore détériorée. Les rapports faisant état d’une
augmentation du nombre de victimes civiles de violence aveugle
, notamment le bombardement et l’assassinat
délibérés d’étudiants
et les allégations de recours à
la violence sexuelle à l’encontre de femmes et jeunes filles syriennes,
témoignent d’une nouvelle escalade du conflit
. La Commission internationale indépendante
d’enquête sur la Syrie a souligné le caractère de plus en plus sectaire de
ce conflit
, laissant entendre qu’aucune solution
rapide au conflit armé ne semble se profiler.
10. Au fur et à mesure que s’alourdit le bilan des pertes en vies
humaines, le nombre de Syriens fuyant le conflit augmente considérablement.
Au début du mois de janvier 2013, le HCR a annoncé que plus d’un
demi-million de Syriens avaient cherché protection dans les pays
voisins, dont plus de 150 000 dans des camps de réfugiés en Turquie
. Selon les estimations de l’Organisation,
près d’1,1 million de réfugiés syriens auront besoin d’assistance
au cours du premier semestre 2013
. Les pays voisins ne sont plus en
mesure d’accueillir tous les réfugiés syriens. Selon l’Office de
secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine
dans le Proche-Orient (UNWRA), le Liban héberge déjà plus de 400 000 réfugiés
palestiniens. Bien que l’Union européenne ait apporté un soutien
financier au HCR et à la région, elle n’a pas encore proposé de prendre
part à la réinstallation de réfugiés syriens
.
11. En octobre 2012, 23 500 ressortissants syriens avaient demandé
asile dans les Etats membres de l’Union européenne, dont près de
3 000 demandes enregistrées pour le seul mois de septembre 2012
et plus de 15 000 en Allemagne et en Suède
. Comparativement
aux pays voisins, le nombre de demandeurs d’asile dans l’Union européenne
reste pour l’heure gérable. Cependant, le nombre de Syriens qui
essayent d’entrer de manière clandestine sur le territoire grec
a atteint un point culminant en juillet 2012 où plus de 800 Syriens ont
franchi chaque semaine la frontière terrestre entre la Grèce et
la Turquie. Durant le second semestre de l’année 2012, les ressortissants
syriens représentaient plus de 32 % des arrivées par mer dans les
îles grecques
.
2.3. Conséquences au
plan régional des arrivées de flux migratoires mixtes
12. Ces dernières années, l’Espagne, l’Italie et Malte
ont été le théâtre d’arrivées massives par mer. Selon le HCR, en
2012, 1 567 personnes sont arrivées à Malte par la mer. 75 % d’entre
elles provenaient de Somalie. Le HCR estime toutefois que moins
de 30 % des 16 000 autres personnes arrivées à Malte depuis 2002
sont restées dans le pays
.
13. L’Espagne et l’Italie ont signé et effectivement mis en œuvre
des accords de réadmission avec les pays d’Afrique du Nord et de
l’Ouest, mettant ainsi un frein aux flux migratoires mixtes. Ces
accords ont établi les bases du renvoi des migrants en situation
irrégulière et de la lutte contre le franchissement irrégulier des frontières
grâce à un renforcement des patrouilles maritimes et des contrôles
aux frontières, notamment dans le cadre d’opérations communes Frontex.
14. Suite à un changement d’itinéraire, les pressions migratoires
ont considérablement augmenté à la frontière gréco-turque. Excepté
en 2011 où le Printemps arabe a ouvert la voie à un nouveau flux
migratoire vers l’Italie et Malte, la Grèce est depuis 2008 la principale
porte d’entrée dans l’Union européenne. Pour donner un aperçu de
l’ampleur de la situation, Frontex a indiqué qu’en 2012, 56 % des
entrées irrégulières dans l’Union européenne détectées avaient eu
lieu à la frontière entre la Grèce et la Turquie
.
15. La Turquie en revanche est devenue le principal pays de transit
des migrants cherchant à entrer dans l’Union européenne. Grâce à
ses 11 000 kilomètres de frontière et à son régime d’exemption de
visa très large, il est facile de pénétrer sur le territoire turc.
Les estimations font état d’un demi-million de migrants avec et
sans papiers vivant actuellement dans le pays. La Turquie a de ce
fait été confrontée à tout un éventail de nouveaux défis qui l’ont
contrainte à développer une nouvelle approche en matière de gestion
des flux migratoires et de protection des personnes qui demandent
l’asile ou ont besoin d’une protection internationale
.
Elle connaît également de nouveaux problèmes en termes de rétention
de migrants irréguliers et de demandeurs d’asile. Au même titre
que la Grèce, ses conditions de rétention ont fait l’objet de vives
critiques et des mesures sont actuellement prises afin de construire
de nouveaux centres d’accueil avec l’aide financière de l’Union européenne.
16. Jusqu’à récemment, les relations politiques traditionnellement
complexes entre la Grèce et la Turquie ne permettaient pas la poursuite
ou le renforcement d’une politique de réadmission effective avec
la Turquie. Bien que la Grèce ait signé en 2001 avec ce pays un
accord de réadmission, sa mise en œuvre n’a été convenue qu’en 2010.
Il est essentiel que cet accord bilatéral entre la Grèce et la Turquie
fonctionne dans la pratique et son application effective constituera
un défi pour les deux pays.
3. Protéger la Grèce
en recourant aux contrôles aux frontières et à la rétention: cette
solution est-elle efficace?
3.1. Renforcement des
contrôles à la frontière terrestre gréco-turque (région d’Evros)
17. Ces dernières années, le nombre sans précédent de
tentatives de franchissement de la frontière gréco-turque par des
migrants en situation irrégulière et des demandeurs d’asile ont
mis à rude épreuve les capacités et ressources de la Grèce. Pour
remédier à cette situation, les autorités grecques ont adopté le
«Plan d’action de la Grèce sur la gestion des demandes d’asile et
des migrations», qui jette les fondements de la réforme du système
de gestion des migrants et des demandeurs d’asile dans le pays.
18. Dans ce contexte, la Grèce a entrepris des efforts considérables
en vue de consolider ses frontières extérieures et notamment sa
frontière avec la Turquie dans la région d’Evros. Elle a notamment
mis sur pied des centres opérationnels, installé des systèmes de
surveillance électronique et des dispositifs de vision nocturne
et déployé des bateaux pour intensifier les patrouilles sur le fleuve.
Les moyens de surveillance utilisés s’inscrivent dans le cadre des
actions menées au titre du système européen de surveillance des frontières (Eurosur).
19. L’opération «Aspida» («bouclier») lancée en août 2012 vise
à renforcer les activités de contrôle, de surveillance et les patrouilles
à la frontière terrestre entre la Grèce et la Turquie grâce au déploiement
d’environ 1 800 policiers supplémentaires de toute la Grèce comme
gardes-frontières dans la région d’Evros
.
20. Le renforcement dans ce contexte des contrôles aux frontières
a suscité bien des critiques. Des rapports inquiétants font état
de migrants, y compris de réfugiés ou de demandeurs d’asile, de
Syrie ou d’autres pays, ayant été renvoyés en Turquie par le fleuve
Evros
. Deux incidents se seraient produits
en juin et octobre 2012 respectivement: des bateaux de patrouille
de la police grecque auraient intercepté au milieu du fleuve Evros
des canots pneumatiques, les repoussant vers la Turquie avant de
couler les embarcations, laissant leurs passagers regagner la rive
turque à la nage
.
21. Par ailleurs, les autorités grecques ont achevé en décembre
2012 l’édification d’une clôture de barbelés le long de la frontière
terrestre de 12,5 kilomètres. Ce mur, dont l’annonce avait fait
l’objet de critiques de la part de responsables de l’Union européenne
, et construit sans l’aide financière
de l’Union européenne, a coûte selon les estimations 3 millions
d’euros.
22. Suite à ces mesures, le nombre de franchissements irréguliers
de la frontière terrestre est passé de plus de 2 000 par semaine
début août à moins de 30 par semaine dans la seconde quinzaine de
septembre. Selon le Gouverneur régional de la Macédoine orientale
et Thrace, ils seraient désormais proches de zéro
. Alors que les autorités grecques
affirment que ces actions ont permis une réduction de plus de 80 %
des entrées irrégulières
, on constate
que les migrants ont changé d’itinéraire, délaissant la frontière
terrestre gréco-turque pour se tourner vers la frontière maritime
entre les deux pays. Les autorités grecques ont reconnu ce changement.
23. De plus en plus de migrants arrivent dans les îles grecques
de la mer Egée Samos, Symi, Lesbos et Farmakonisi. Entre août et
décembre 2012, 3 280 personnes ont été interpellées après avoir
franchi la frontière maritime gréco-turque
,
à comparer aux 65 arrestations durant les sept premiers mois de
l’année 2012.
24. On relève également une augmentation du nombre de décès en
mer. Au début du mois de septembre 2012, 60 personnes ont perdu
la vie lors du naufrage de leur embarcation au large des côtes d’Izmir
. Le 15 décembre 2012, 18 migrants
au moins ont péri noyés près des côtes de Lesbos en tentant d’atteindre
l’île par bateau
.
25. Les pays voisins comme la Bulgarie et certains pays des Balkans
occidentaux ressentent aujourd’hui les conséquences de ces nouveaux
itinéraires de migration.
3.2. Rétention systématique
des migrants en situation irrégulière et des demandeurs d’asile
26. Parallèlement au renforcement des contrôles aux frontières,
la rétention administrative reste la principale réponse des autorités
grecques à l’entrée et au séjour de migrants en situation irrégulière.
Selon la nouvelle politique du Gouvernement grec, tous les migrants
repérés lors de leur entrée clandestine sur le territoire grec sont
systématiquement placés en rétention à ce seul motif. En criminalisant
le statut irrégulier des migrants, les autorités grecques acceptent
la rétention comme conséquence nécessaire.
27. Récemment, des milliers de migrants en situation irrégulière
ont été pourchassés par les forces de police dans les régions d’Attika
et d’Evros au cours de l’opération «Xenios Zeus», lancée début août
2012. Cette opération, qui porte le nom de l’ancien dieu grec de
l’hospitalité, a été menée en réaction à la présence de migrants
sans papiers à Athènes et dans d’autres centres urbains grecs. Elle
a abouti au placement en rétention d’un grand nombre de migrants
en situation irrégulière dans des locaux de police ou des centres
de rétention préalable à l’expulsion, partout dans le pays. En avril
2012, le Gouvernement grec a annoncé la construction de nouveaux
centres pouvant accueillir près de 10 000 personnes, financés par
l’Union européenne. Des travaux d’agrandissement ont également été
engagés dans cinq centres de rétention préalable à l’expulsion déjà
existants afin d’augmenter leur capacité d’accueil.
28. Cependant, sur près de 65 800 ressortissants étrangers arrêtés
entre août et décembre 2012, seuls 4 100 étaient en situation irrégulière
. Cette opération soulève de graves
préoccupations quant au principe de non-discrimination, compte tenu
du fait que ces étrangers ont été appréhendés sur la base de leur apparence
physique.
29. Les conditions dans les divers centres de rétention et les
commissariats de police où sont retenus les migrants en situation
irrégulière et les demandeurs d’asile ont fait l’objet de maintes
critiques et sont particulièrement inquiétantes. Au cours des dernières
années et dans plusieurs affaires, la Cour européenne des droits
de l’homme a conclu que la Grèce violait le droit de ne pas être
soumis à des traitements inhumains ou dégradants
.
Par ailleurs, le Comité européen pour la prévention de la torture
et des peines ou traitements inhumains ou dégradants (CPT) a régulièrement
critiqué les conditions de rétention déplorables des migrants en
situation irrégulière et des demandeurs d’asile et les insuffisances
structurelles de la politique de la Grèce en matière de rétention,
ainsi que l’absence persistante de réaction de la part des autorités
pour améliorer la situation
. Les conditions de rétention étaient
si mauvaises dans un des centres grecs qu’un tribunal local d’Igoumenista
a acquitté, en début d’année, des migrants accusés de s’en être
évadés, déclarant que les conditions dans cet établissement n’étaient
pas conformes aux droits de l’homme des migrants
.
30. Nonobstant les efforts entrepris récemment par le nouveau
Gouvernement grec pour améliorer les conditions de rétention, grâce
notamment à la rénovation des locaux et la construction de nouveaux
centres tels qu’à Amygdaleza, la visite de la sous-commission ad
hoc de l’Assemblée parlementaire
en
Grèce a confirmé le non-respect des normes. A titre d’exemple, dans
le centre de rétention de Fylakio, jusqu’à 72 migrants en situation
irrégulière étaient regroupés avec des demandeurs d’asile et des
mineurs non accompagnés dans une cellule de 100m2 dépourvue d’éclairage,
de chauffage et d’eau chaude. Au commissariat de police de Petrou
Ralli à Athènes, la délégation a rencontré plusieurs femmes désespérées, détenues
dans des conditions déplorables sans accès correct à des installations
sanitaires. Toutes se plaignaient du manque de vêtements convenables
et de services médicaux et de l’absence de contact avec le monde
extérieur.
31. La situation des femmes, des enfants migrants non accompagnés
ou séparés de leurs parents et des groupes vulnérables, y compris
les migrants malades et handicapés, les victimes de la traite et
les personnes traumatisées, est particulièrement inquiétante. Ils
ne bénéficient pas d’un traitement adéquat ni durant leur rétention,
ni après leur libération. Les mineurs non accompagnés sont souvent
retenus avec des adultes pendant des périodes prolongées, et remis
en liberté sans aucune assistance. A cet égard, l’Assemblée a déclaré
dans sa
Résolution 1810
(2011) sur les problèmes liés à l’arrivée, au séjour et au
retour d’enfants non accompagnés en Europe, que la rétention d’enfants
non accompagnés pour des motifs liés à la migration ne saurait être
tolérée, car elle n’est pas dans leur intérêt supérieur, qu’elle
devrait être remplacée par des dispositions appropriées de prise
en charge, et qu’un système opérationnel de tutelle légale devait
être introduit.
32. Les autorités grecques ont conscience de la plupart de ces
questions et problèmes. Elles ont récemment fermé un centre de rétention
et fait part de leur intention d’en fermer deux autres, dont les
conditions ont été jugées non conformes, notamment le commissariat
de police de Petrou Ralli à Athènes. Ce dernier devrait fermer courant
2013, une décision qu’il convient de saluer. Par ailleurs, Jean-Claude
Mignon, Président de l’Assemblée parlementaire, m’a indiqué que
le Premier ministre grec et le ministre de l’Ordre public et de
la Protection des citoyens avaient fait part, lors d’une réunion,
de leur intention de mettre un terme à la rétention de femmes et
d’enfants pour des motifs de migration à compter du printemps 2013,
dès que des établissements d’accueil ouverts seraient construits
. A cet égard, le Gouvernement
grec, en coopération avec l’OIM, mettra en place un réseau de parties
prenantes en vue de construire deux nouveaux centres d’accueil et
d’offrir une aide et une assistance spéciales aux groupes vulnérables,
notamment aux mineurs non accompagnés, aux familles et aux migrants
souffrant de problèmes de santé. Il s’agit d’une mesure importante, qu’il
convient de concrétiser au plus tôt.
33. Alors que précédemment, la législation grecque prévoyait jusqu’à
six mois de rétention pour les migrants et demandeurs d’asile entrant
ou résidant en Grèce, de récents amendements, appliquant partiellement
la Directive retour de l’Union européenne, ont étendu cette durée
de rétention de 12 mois supplémentaires
. Le rallongement
de la durée de la rétention semble une mesure politique visant à
dissuader les migrants potentiels de venir en Grèce, mais en fait
il n’a pas eu l’effet escompté. Il ne fait qu’ajouter au désespoir
et à la vulnérabilité des personnes détenues.
34. La rétention est appliquée systématiquement, sans évaluation
personnelle de chaque cas. Elle est utilisée de façon courante et
non comme une mesure de dernier recours. Aucune alternative n’est
actuellement employée ou explorée. De plus, les garanties procédurales
font défaut. Les décisions de rétention ne font pas l’objet d’un
examen judiciaire automatique. L’aide juridique et l’information
des détenus quant aux motifs et à la durée de leur rétention sont
loin d’être suffisantes et l’accès à un interprète et à un avocat
n’est pas garanti, rendant ainsi quasi impossible tout recours effectif
contre la rétention. Les autorités grecques ont connaissance de
ces problèmes et cherchent à les résoudre. Il convient cependant
de souligner qu’il reste beaucoup à faire.
3.3. Obstacles à l’accès
à l’asile et à une protection internationale
35. Malgré les efforts actuels des autorités grecques
pour réformer le système de gestion de l’asile et des migrations,
le pays ne dispose toujours pas d’un mécanisme équitable et efficace
d’asile. Le Plan d’action de la Grèce sur la gestion des demandes
d’asile et des migrations, révisé en décembre 2012, détaille la
stratégie du Gouvernement grec. Il prévoit la création prochaine
d’un nouveau service de l’asile opérationnel, d’un nouveau service
de premier accueil et d’une nouvelle autorité d’appel, composés
de fonctionnaires dépendant du ministère de l’Ordre public et de
la Protection des citoyens, retirant ainsi aux autorités de police
la gestion des procédures d’asile. Cependant, il est à craindre
que les difficultés rencontrées pour trouver des ressources financières
suffisantes et du personnel qualifié ne fassent obstacle à la mise
en œuvre des mesures prévues.
36. Le système d’asile actuel reste marqué par des difficultés
d’accès à la procédure, des entretiens insuffisants avec les demandeurs
d’asile et un taux très faible d’acceptation des demandes (1 % à
2 %). Les mesures de renforcement des contrôles aux frontières et
de placement en rétention systématique des migrants en situation
irrégulière et des demandeurs d’asile ont eu pour effet secondaire
d’entraver encore davantage l’accès des personnes ayant besoin d’une
protection internationale à la procédure d’asile et l’enregistrement de
leur demande. Le défaut d’accès à une procédure d’asile et les dysfonctionnements
de la procédure d’asile engendrent un risque de refoulement et donc
de violation de la Convention européenne des droits de l’homme (STE
n° 5) et de la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés.
37. Pour les personnes qui ont besoin d’une protection internationale,
il est extrêmement difficile de solliciter l’asile en étant en rétention,
en raison du manque d’assistance juridique, d’interprétation et
d’informations sur leur situation. Les contacts indispensables avec
les représentants légaux ne sont souvent pas établis et le suivi individuel
des demandes connaît de nombreux problèmes.
38. Dans ce contexte, il est inquiétant de constater la présence
d’un nombre croissant de réfugiés syriens dans les rangs des personnes
retenues. Ces réfugiés sont particulièrement vulnérables et ont
grand besoin d’une protection internationale. Ils ne devraient pas
être placés en rétention, mais plutôt pris en charge et bénéficier
notamment d’une assistance médicale, psychologique et sociale.
39. Ceux qui sont libres de leurs mouvements rencontrent également
des problèmes pour demander l’asile en raison de la pratique des
autorités grecques visant à limiter le nombre hebdomadaire de demandes
d’asile qu’elles sont disposées à accepter. A titre d’exemple, la
Direction de la police de Petrou Ralli accepte actuellement l’enregistrement
de 20 à 40 demandes par semaine
, outre celles des personnes vulnérables, qui
peuvent déposer leur demande sur une base quotidienne.
40. L’arriéré de demandes en cours est important et a été estimé
initialement à 55 000 dossiers. Le Gouvernement grec a exprimé sa
détermination à solder dans les plus brefs délais cet arriéré et
a recruté 200 personnes à cet effet, témoignant d’un effort remarquable
. Ce point était l’une des 13 questions
évoquées dans l’accord entre les autorités grecques et la Commission
européenne qu’il convenait de traiter de toute urgence
.
4. Tensions sociales
au sein de la société grecque
4.1. La situation sociale
des migrants et demandeurs d’asile
41. Les efforts déployés par la Grèce pour traiter l’afflux
de migrants en situation irrégulière et de demandeurs d’asile pâtissent
de l’absence de politique migratoire globale. Pendant de nombreuses
années, les autorités grecques n’ont pas eu de stratégie cohérente
quant à la façon d’agir face à des migrants en situation irrégulière
et des demandeurs d’asile déboutés qui n’étaient pas renvoyés dans
leur pays d’origine ou ne pouvaient pas l’être. Ceux-ci restaient
simplement cantonnés dans un vide juridique. En l’absence d’une politique
opérationnelle de gestion des flux migratoires réguliers, la plupart
des migrants sont arrivés clandestinement en Grèce
.
Cette incapacité à contrôler les flux migratoires mixtes de personnes
arrivant dans le pays et les difficultés à les gérer une fois qu’elles
sont sur le territoire sont sources de tensions politiques et sociales,
exacerbées par la crise économique.
42. Suite à la crise économique et aux mesures d’austérité, le
taux de chômage de la population grecque a atteint 26,8 %, celui
des jeunes grimpant à 56,6 %, en octobre 2012. Et ces chiffres devraient
encore augmenter
. De plus en plus de Grecs vivent
sous le seuil de pauvreté, ne peuvent plus faire face à leurs emprunts
et certains se retrouvent sans domicile fixe. Les secteurs des retraites,
des soins de santé, des transports et de l’éducation ont tous fait
l’objet de coupes drastiques. Dans un tel climat, de nombreuses manifestions
de protestation contre les mesures d’austérité et la situation économique
ont été organisées.
43. Dans ce contexte, les autorités grecques apportent un soutien
financier ou autre limité aux migrants en situation irrégulière,
aux demandeurs d’asile et aux réfugiés. Il existe près d’un millier
de places d’accueil pour des demandeurs d’asile, mais ces capacités
sont notoirement insuffisantes pour tous les héberger. Entre les seuls
mois de janvier 2012 et octobre 2012, plus de 7 700 demandes d’asile
ont été enregistrées, ce qui donne une idée des capacités manquantes.
44. De fait, beaucoup de migrants en situation irrégulière et
de demandeurs d’asile aboutissent dans des logements ou des appartements
dans un état effroyable ou se retrouvent à la rue et doivent faire
face à l’exclusion sociale et à des conditions de vie précaires.
Selon Amnesty International, «le non-respect par la Grèce des droits
des migrants et des demandeurs d’asile prend maintenant les proportions
d’une crise humanitaire», car même les besoins les plus fondamentaux,
en l’occurrence la sécurité et un toit, ne sont pas garantis.
45. Sur les îles grecques de la mer Egée, la situation ne fait
qu’empirer. Les autorités locales ne disposent souvent pas de capacités
d’accueil et de rétention suffisantes. Les migrants et demandeurs
d’asile, y compris des femmes enceintes et des familles accompagnées
d’enfants en bas âge, sont confrontés au surpeuplement ou contraints
de dormir dans la rue. Les autorités locales font de leur mieux
pour leur venir en aide, mais c’est aux autorités centrales, à l’Union
européenne et aux pays européens qu’il appartient de redoubler d’efforts.
4.2. Discrimination,
xénophobie et agressions racistes contre les migrants
46. Les tensions sociales grandissantes et la réponse
inadéquate de l’Etat pour régler la situation sociale difficile
des migrants, demandeurs d’asile et réfugiés ont engendré une augmentation
de la criminalité et de l’exploitation de ce groupe. De plus, les
migrations sont devenues un sujet de controverse politique majeur, contribuant
ainsi au renforcement d’un sentiment d’hostilité à l’égard des migrants
au sein de la population grecque.
47. Au cours des deux dernières années, le pays a connu une augmentation
dramatique des actes de violence xénophobe et à caractère raciste
contre des migrants, y compris des agressions physiques, telles
que des passages à tabac ou des agressions à l’arme blanche, des
attaques contre des lieux de résidence d’immigrants, des lieux de
culte, des boutiques tenues par des migrants ou des centres communautaires
. Le Réseau d’enregistrement des
actes de violence raciste a relevé 87 incidents racistes à l’encontre
de migrants et de réfugiés entre janvier et septembre 2012
, dont la moitié impliquant des groupes
extrémistes.
48. Des membres et partisans de l’Aube dorée ont souvent été impliqués
dans les récents raids et agressions contre des migrants et des
demandeurs d’asile. Recourant ostensiblement à un discours anti-migrant
et raciste et incitant souvent à la violence, l’Aube dorée a obtenu
7 % des voix aux élections législatives de juin 2012. Si l’on s’en
tient aux derniers sondages, le soutien dont bénéficie le parti
ne ferait que croître. En octobre 2012, le Parlement grec a levé
l’immunité de deux députés de l’Aube dorée qui ont participé en septembre
à des agressions violentes contre des migrants, afin qu’ils puissent
être poursuivis en justice.
49. Le Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe
a appelé la Grèce à vérifier la légalité du parti le plus ouvertement
extrémiste et nazi d’Europe. Il semble que l’Aube dorée vise à produire
une déstabilisation politique et sociétale et tire profit des dysfonctionnements
de la politique concernant les réfugiés et les migrants en situation
irrégulière. En décembre 2012, la Commission européenne contre le
racisme et l’intolérance (ECRI) a exprimé sa «profonde préoccupation»
face à la montée de l’Aube dorée et demandé aux autorités grecques
de «prendre des mesures fermes et efficaces pour veiller à ce que
les activités de l’Aube dorée ne violent pas l’ordre politique libre
et démocratique ou les droits d’individus».
5. La responsabilité
européenne face à un problème européen
5.1. Les Etats européens
directement exposés sous pression
50. Ce n’est pas la première fois que l’Assemblée parlementaire
exprime ses préoccupations face aux pressions exercées sur les Etats
européens directement exposés
.
51. Si la plupart des pays de l’Union européenne ont cessé le
renvoi de demandeurs d’asile vers la Grèce au titre du Règlement
Dublin à la suite de l’arrêt rendu par la Cour européenne des droits
de l’homme dans l’affaire
M.S.S. c. Belgique
et Grèce ,
des rapports font toujours état de renvoi par certains pays sur
la base de ce règlement
.
52. L’accord final entre le Conseil et le Parlement européen sur
la révision du Règlement Dublin continue à assigner la responsabilité
des demandeurs d’asile à un seul Etat membre de l’Union européenne
et ne modifie pas fondamentalement les règles en ce domaine. Les
Etats membres de l’Union européenne ont aussi rejeté l’idée d’un
mécanisme de suspension des renvois vers les pays de l’Union européenne
qui ne parviennent pas à gérer l’afflux de demandeurs d’asile sur
leur territoire, tout en convenant d’un «système d’alerte précoce».
5.2. Grèce: un test
pour la solidarité européenne
53. La pression migratoire exercée sur la Grèce intervient
à un moment où le pays souffre comme nul autre pays européen de
l’actuelle crise économique et sociale. En réponse à ces difficultés,
l’Union européenne a fourni une assistance financière et technique.
54. Au cours de la période 2011-2013, la Grèce a bénéficié de
98,6 millions d’euros au titre du Fonds pour le retour, de 132,8
millions d’euros au titre du Fonds pour les frontières extérieures
et de 19,95 millions d’euros du Fonds européen pour les réfugiés.
Ces financements ont servi aux mesures de contrôle aux frontières
et de rétention, au détriment des mesures de protection.
55. L’opération conjointe «Poséidon terre» de Frontex a été lancée
en 2010 aux frontières entre la Turquie et la Grèce et entre la
Turquie et la Bulgarie. Les Etats membres de l’Union européenne
ont à l’heure actuelle déployé 41 policiers ainsi que des équipements
dans la région frontalière d’Evros en Grèce
.
Ils aident également les autorités grecques et bulgares dans la
détection des migrants irréguliers, l’obtention d’informations,
et la lutte contre les flux migratoires irréguliers et les réseaux
de trafiquants
.
Par
ailleurs, Frontex a récemment renforcé ses patrouilles dans les
eaux côtières à l’est de la mer Egée entre la Grèce et la Turquie,
dans le cadre de l’opération conjointe «Poséidon mer». Les Etats
membres de l’Union européenne ont en outre déployé des moyens de
surveillance maritimes supplémentaires le long de la frontière maritime entre
la Grèce et la Turquie. L’opération conjointe, élargie pour couvrir
également la côte occidentale de la Grèce, est à l’heure actuelle
la principale activité opérationnelle de Frontex dans la région
méditerranéenne.
56. Par ailleurs, le Bureau européen d’appui en matière d’asile
(BEA) apporte un soutien technique à la Grèce et à d’autres Etats
membres de l’Union européenne dont les systèmes d’asile et d’accueil
sont soumis à des pressions particulières. A la suite d’une demande
du Gouvernement grec en février 2011, le BEA a apporté son aide
et dispensé des formations dans le pays afin de développer un nouveau
système d’asile, d’améliorer les conditions d’accueil des demandeurs
d’asile en Grèce et de régler l’arriéré de demandes d’asile en souffrance.
Il a pour ce faire déployé plus de 40 équipes d’appui asile formées
d’experts dans le pays.
57. Les Etats membres de l’Union européenne sont prêts à apporter
une aide financière et technique pour aider la Grèce à gérer et
contrôler ses frontières en mettant l’accent sur les retours, forcés
ou volontaires, comme solution politique. Par contre, ils ne sont
pas enthousiastes à l’idée de partager l’accueil et le traitement des
flux migratoires mixtes arrivant aux frontières extérieures de l’Europe.
Selon les Verts/Libre alliance européenne du Parlement européen,
les migrations ne seront pas stoppées par le renforcement des contrôles aux
frontières, des mesures de gestion des frontières et des retours
forcés; l’approche actuelle ne fait que renforcer les violations
des droits de l’homme
.
58. En tant que rapporteur, je partage largement cette déclaration,
mais tiens à ajouter que si ces politiques peuvent permettre de
résoudre le problème dans un pays donné, elles ne font que «renvoyer
la balle» à un autre. S’il était possible de fermer hermétiquement
la frontière grecque, les pressions s’amplifieraient à n’en pas
douter sur la Turquie et la Bulgarie, puis sur les frontières orientales
de l’Union européenne. Ce point fera l’objet d’un rapport distinct
de la commission des migrations, des réfugiés et des personnes déplacées
.
59. La réponse de l’Union européenne à la crise économique et
financière en Grèce a consisté à renflouer massivement le pays.
L’actuelle crise sociale et humanitaire liée aux migrations et aux
demandes d’asile nécessite un niveau de solidarité analogue. L’Europe
ne fait pas assez et le fait trop tardivement. Une politique d’asile
commune, prenant en compte le fait que la pression migratoire n’est
pas l’apanage d’un ou de quelques Etats européens mais qu’il s’agit
bien d’un problème européen, est encore plus essentielle à une époque
où la région est confrontée à une instabilité majeure. Cette instabilité
ne fera que croître si le parti de l’Aube dorée, déjà en plein essor,
réussit à exploiter la question de l’immigration. L’Europe ne peut
se permettre de détourner les yeux.
60. L’augmentation des flux migratoires vers les Etats européens
directement exposés imposent de repenser intégralement la solidarité
et le partage de responsabilité. Les Etats membres doivent trouver
très rapidement des solutions qui aillent au-delà d’une simple assistance
financière et technique et faire preuve d’une bien plus grande solidarité
dans l’accueil des réfugiés et des demandeurs d’asile, en développant
la réinstallation (actuellement surtout pour les Syriens réfugiés
dans les pays voisins de la Syrie) et les programmes intracommunautaires
de relocalisation, notamment lorsque des enfants et des familles
sont en jeu. La
Résolution
1820 (2011) de l’Assemblée «Demandeurs d’asile et réfugiés: pour
un partage des responsabilités en Europe» formule des recommandations
importantes à cet égard.
6. Conclusions
61. La pression des flux migratoires mixtes qui se propagent
actuellement aux frontières extérieures de l’Union européenne dans
la zone de la Méditerranée orientale impose de repenser l’ensemble
du système de solidarité avec l’Union européenne et le Conseil de
l’Europe. La Grèce, la Turquie et d’autres pays voisins ne doivent
pas endosser seuls la responsabilité de répondre à la pression croissante
des flux migratoires mixtes depuis le Sud et l’Est. Une politique
commune en matière d’asile et de migration est encore plus essentielle
à l’heure où la région est confrontée à une instabilité économique
et sociale majeure.
62. Le durcissement des contrôles aux frontières, la prolongation
de la rétention des migrants et des demandeurs d’asile ou la construction
de nouveaux centres de rétention en Grèce sont autant de mesures
qui contribuent à la perpétration de nouvelles violations des droits
de l’homme. Elles ne sont pas des solutions au problème et ne persuadent
pas les migrants en situation irrégulière ou les personnes fuyant
la pauvreté et la violence dans leur pays d’origine de rester chez
eux.
63. Les récents efforts des autorités grecques pour introduire
un système plus humain et plus efficace de prise en charge des nombreux
migrants en situation irrégulière et demandeurs d’asile arrivant
en Grèce est une avancée louable dans la bonne direction. Mais la
Grèce est confrontée à une tâche herculéenne: bâtir un système efficace,
équitable et fonctionnel offrant une protection internationale à
ceux qui en ont besoin.
64. L’Europe doit, de toute urgence, unir ses efforts face au
problème des réfugiés syriens, offrir des possibilités de réinstallation
et de relocalisation pour soulager le fardeau des pays voisins de
la Syrie et des Etats européens méridionaux et veiller à ce que
les réfugiés syriens ne soient pas renvoyés chez eux.
65. Les défis sont considérables mais pas insurmontables pour
l’Europe. Ils le deviennent par contre lorsque les Etats portent,
à titre individuel, la responsabilité de les relever.