1. Introduction
«Les OMD ont démontré que
des objectifs de développement bien définis à l’échelle mondiale
peuvent profondément influer sur le cours des choses. L’obtention
de résultats au cours des 1 000 prochains jours n’améliorera pas
seulement les vies de millions d’individus, mais créera un nouvel
élan alors que nous établissons des plans pour l’après-2015 et que
nous entrevoyons les défis à relever pour assurer un développement
durable»
Ban Ki-Moon, Secrétaire général des Nations Unies (juin 2013)
«La différence entre ce
que nous faisons et ce que nous sommes capables de faire suffirait
à résoudre une grande partie des problèmes de ce monde.»
Mahatma Gandhi
1. Lorsque les 189 nations du monde qui forment les
Nations Unies ont adopté la Déclaration du Millénaire lors de leur
Sommet en septembre 2000 et se sont engagées à défendre «les principes
de la dignité humaine, de l’égalité et de l’équité»

, nous pensions pouvoir éliminer
l’abjecte misère et la faim en seulement quinze ans, éradiquer les
pires maladies et réduire la mortalité des enfants et des mères,
de façon à ce que les plus vulnérables puissent simplement vivre
leur vie. Nous étions convaincus que le renforcement de l’autonomie des
femmes, la mise en place de partenariats mondiaux et une meilleure
protection de notre environnement jetteraient les fondations d’une
société plus pacifique, plus prospère et plus juste. Les Objectifs
du millénaire pour le développement (OMD) nous ont guidés tel un
phare dans le voyage que nous avons entrepris ensemble vers un avenir
meilleur.
2. Avons-nous réussi? La vie des plus démunis s’est-elle améliorée?
Si nous posons ces questions, en 2013, aux personnes qui peuvent
– enfin – boire de l’eau potable tous les jours ou manger à leur
faim, la réponse sera certainement «oui». Mais qu’en est-il si nous
nous adressons au milliard d’hommes, de femmes et d’enfants qui
meurent de faim? Notre solidarité n’est pas parvenue jusqu’à eux
et ils ne peuvent subvenir seuls à leurs besoins. Le monde n’a jamais
été aussi riche qu’aujourd’hui, mais l’écart entre les plus pauvres et
les plus riches n’a jamais été aussi grand. La crise économique
actuelle s’est rapidement propagée dans le monde, laissant des millions
de personnes sans abri, sans emploi, malades, affamées et en colère,
y compris en Europe. Les efforts déployés au niveau international
pour réaliser les OMD ne doivent donc pas être relâchés, mais au
contraire poursuivis avec la même ardeur au-delà de 2015.
3. L’Europe, qui fait partie des régions les plus riches du monde,
doit être l’un des principaux acteurs et moteurs de ce processus,
notamment parce que l’extrême pauvreté gagne du terrain en Europe.
Notre continent et ses différents acteurs, notamment les pouvoirs
publics, les entreprises privées et les citoyens, participent aux
schémas actuels de production et de consommation, lesquels sont
responsables d’une répartition inégale des richesses dans le monde.
Enfin, nous ne devons pas oublier que l’Europe possède les connaissances
technologiques, méthodologiques et systémiques pour résoudre nombre
de problèmes rencontrés par les différents pays dans le monde. Toutefois,
la volonté politique déterminera inévitablement la mesure dans laquelle
ces problèmes peuvent être traités.
4. Une responsabilité particulière pèse également sur l’Europe
du fait de l’intensification des flux migratoires depuis les régions
les plus pauvres du monde vers l’Europe. Ces flux ne sont qu’une
expression des multiples interdépendances qu’entretiennent les régions
du monde. L’afflux continu de migrants sur les côtes d’Europe du
sud, notamment récemment sur l’île italienne de Lampedusa où beaucoup
ont perdu la vie suite au naufrage de leur bateau, n’est qu’un triste
exemple. Il est par ailleurs révélateur des fortes disparités dans
les conditions de vie que l’on observe selon les continents et qui
poussent un grand nombre à espérer en un avenir meilleur en Europe
au point d’entreprendre des traversées aussi périlleuses.
5. La communauté internationale devra définir une vision mondiale
du cadre de développement d’après-2015 avant le sommet final en
2015. Nous, parlementaires de la Grande Europe, devons rapidement
présenter nos propositions en vue d’établir une feuille de route
du développement pour l’avenir qui soit réellement inclusive. Lorsque
nous examinerons la contribution européenne à la réalisation des
OMD jusqu’en 2015 et au-delà, nous devrons, me semble-t-il, donner
la priorité aux atouts comparatifs de l’Europe. Nous devrions également
faire la distinction entre les résultats finaux attendus, les institutions
et les processus qui nous permettent de les atteindre et certains
des éléments clés de ces processus.
6. En m’appuyant sur cette vision du type d’action nécessaire,
je reviendrai dans mon rapport sur certains progrès accomplis jusqu’alors
dans la mise en œuvre des OMD et insisterai sur les possibilités
et priorités d’action au titre d’un nouveau cadre de développement.
Je présenterai des propositions d’action d’un point de vue européen
et parlementaire, en mettant notamment en évidence les améliorations
structurelles qui seront nécessaires pour atteindre les objectifs
actuels et la manière de compléter ou réorienter le cadre des OMD
au-delà de cette première date butoir.
2. Les Objectifs
du millénaire pour le développement: quelles leçons pouvons-nous
tirer?
7. Moins de deux ans nous séparent de la date butoir
de 2015, date à laquelle nous avions estimé que nous aurions totalement
réalisé les OMD. Sur ce long chemin que nous parcourons depuis près
de 14 ans, les efforts que nous déployons pour lutter contre l’extrême
pauvreté et favoriser le développement dans le monde reposent sur
la Déclaration du Millénaire. La réalité, cependant, est que malgré
les énormes avancées qui ont été faites, dont nous nous félicitons,
certaines questions inscrites sur notre feuille de route restent
en suspens. Le moment est venu d’entreprendre une évaluation intermédiaire
de nos efforts et d’identifier les éventuels moyens d’action qui
pourraient être activés après 2015.
2.1. Progrès accomplis
et défis restant à relever dans un contexte mondial en constante évolution
8. La Déclaration du Millénaire a été approuvée en 2000,
durant une époque marquée par un grand élan d’optimisme nourri par
le processus de mondialisation et un taux de croissance élevé du
commerce international. Ce contexte a créé l’illusion d’un futur
où la création de richesses serait sans fin et l’obligation morale,
pour les pays riches, d’aider les personnes vivant dans les «pays
du tiers‑monde», touchés par l’exploitation des travailleurs, des
conditions commerciales déloyales et l’épuisement progressif des ressources
naturelles. A ce jour, de nombreux objectifs n’ont toutefois pas
été atteints et certains problèmes majeurs n’ont pas encore reçu
toute l’attention nécessaire.
2.1.1. Etat des lieux:
progrès accomplis et défis restant à relever
9. L’engagement conjugué de la communauté internationale,
y compris des gouvernements nationaux, des entreprises privées et
des organisations de la société civile a été déterminant dans la
bonne réalisation de plusieurs OMD importants. Parmi les cibles
déjà atteintes, nous pouvons citer: 1) la réduction de moitié de
la proportion de personnes vivant dans une extrême pauvreté (avec
moins de 1,25 dollar par jour); 2) la réduction de moitié de la
proportion de personnes qui n’ont pas accès de façon durable à un
approvisionnement en eau potable (la part de la population mondiale
y ayant accès ayant atteint 89 % en 2010, contre 76 % en 1990);
3) la maîtrise et la diminution des taux de mortalité due au paludisme
(qui ont chuté de 25 %), et à la tuberculose (presque réduits de
moitié); 4) l’amélioration des conditions de vie de plus de 200 millions
d’habitants de taudis

.
10. Néanmoins, des progrès dans la mise en œuvre d’autres OMD
se font attendre et ne devraient pas être accomplis avant 2015.
Des mesures supplémentaires seront nécessaires à l’avenir, à savoir:
- le taux de mortalité des enfants
de moins de cinq ans a diminué de 41 %, ce qui reste éloigné de
la cible de réduction de deux tiers, et se concentre dans les régions
les plus pauvres;
- le taux de mortalité maternelle a été réduit de moitié,
mais reste éloigné de la cible de réduction de trois quarts, alors
que nous avons les moyens d’éviter la plupart des décès;
- l’accès universel aux traitements contre le VIH/sida n’est
pas encore garanti à tous ceux qui en ont besoin, même si la propagation
de la maladie a été enrayée et que la tendance a été inversée;
- la proportion d’enfants n’ayant pas accès à l’éducation
primaire a été pratiquement réduite de moitié, mais 57 millions
d’enfants nous séparent encore de la cible d’une éducation primaire
universelle;
- les émissions de CO2 au niveau
mondial sont en augmentation, la déforestation est en pleine expansion, la
désertification se poursuit, les ressources halieutiques marines
s’amenuisent et la biodiversité continue de s’appauvrir.
11. Alors que des progrès extraordinaires ont été réalisés dans
le domaine des soins de santé au niveau mondial, un trop grand nombre
de personnes n’ont pas encore un accès complet aux services de santé,
même de base, y compris dans les pays développés. Des stratégies
intégrées en matière de santé seront donc indispensables pour que
la population mondiale en pleine expansion – 9 milliards d’individus
d’ici à 2050 – reste en bonne santé pour apprendre, travailler et
profiter de la vie.
12. Alors que nous aspirons à offrir des vies décentes à tous
les humains, nous ne pouvons fermer les yeux face à la dégradation
continue de notre cadre de vie. Notre planète est épuisée et malade
à cause des catastrophes d’origine humaine telles que le changement
climatique, la détérioration de l’environnement et la pollution,
la pénurie d’eau et une érosion de la biodiversité. Pour assurer
la durabilité environnementale, un objectif explicite de développement
depuis 2000, il convient d’adopter une approche globale plus cohérente
et d’obtenir un engagement politique plus fort. Pour cette raison,
la question du changement climatique en tant qu’enjeu majeur fera
l’objet d’un prochain débat à l’Assemblée parlementaire au titre
de sa contribution au processus

des Conférences des Parties (CDP)

.
13. Lorsque nous examinons certains des résultats quantifiables
des processus de développement mondial, nous ne devons pas oublier
que la réalisation de certains OMD a été inégale selon les régions
et les sexes: des inégalités entre zones urbaines et rurales peuvent
être observées dans l’accès à l’eau potable; le taux de scolarisation
est trois fois moins élevé dans les ménages les plus pauvres, et
l’inégalité entre les sexes reste manifeste en matière d’accès à
l’éducation. Il apparaît clairement que certains des principaux
éléments clés qui déterminent un développement équilibré de la société
ont été négligés jusqu’à présent.
2.1.2. Eléments clés:
conditions préalables à un développement équilibré à l’échelle mondiale
14. Sur la voie des objectifs essentiels et quantifiables,
il importe de remettre régulièrement en cause les approches suivies,
notamment les institutions et processus qui génèrent des développements,
d’une part, et les éléments clés qui contribuent au succès d’un
processus de développement mondial, d’autre part. Les points figurant
ci-dessous sont selon moi ces éléments clés, lesquels, s’ils ne
bénéficient pas de toute l’attention requise, font obstacle à un
développement équilibré et durable respectant pleinement les droits
de l’homme.
2.1.2.1. Egalité des genres
15. L’égalité des genres et l’autonomisation des femmes,
reflétées par l’OMD 3 avec une cible unique («Eliminer les disparités
entre les sexes dans les enseignements primaire et secondaire d’ici
à 2005, si possible, et à tous les niveaux de l’enseignement en
2015 au plus tard») n’a pas encore – et c’est honteux - fait l’objet
de toute l’attention requise de la part de la communauté internationale
et des pays eux-mêmes. Ajoutons par ailleurs que l’association de
cette question au secteur de l’éducation est sans nul doute un bon point
de départ, mais cependant insuffisant pour tenir compte de tous
les risques et obstacles auxquels les femmes et les filles se heurtent
encore dans notre société moderne.
16. Les niveaux de la pauvreté, des maladies et des décès évitables
chez les femmes et les filles, de la discrimination et de la violence
fondées sur le sexe, de la mortalité maternelle et de la pénurie
d’emplois décents pour les femmes, restent intolérables. Les femmes
et les jeunes représentent les deux principaux groupes dans le monde
confrontés à des inégalités, des possibilités limitées et à des
choix et libertés restreints. Bien que je n’approfondisse pas cet
aspect dans le présent document, il va sans dire que les efforts
déployés pour parvenir à l’équité doivent également inclure la protection
d’autres groupes vulnérables, tels que les personnes handicapées
et les personnes âgées.
17. La situation actuelle des femmes et des filles dans nombre
de pays nuit au règlement des questions relatives à la population
mondiale et au développement durable et a des répercussions sur
le développement de pays entiers. Des études ont estimé que si le
taux d’emploi des femmes était ramené au niveau de celui des hommes,
le produit intérieur brut (PIB) des pays industrialisés pourrait
augmenter de 9 % aux Etats-Unis, de 13 % dans la zone euro et de
16% au Japon

.
Les femmes qui ont le contrôle des ressources du ménage investissent
une part nettement plus importante de leur revenu dans la santé,
l’alimentation et l’éducation de leurs enfants que les hommes, augmentant
ainsi les chances de leurs enfants de s’affranchir de la pauvreté. Par
conséquent, la persistance d’une discrimination fondée sur le sexe
réduit la capacité des pays à exploiter pleinement leur potentiel
économique et productif.
18. L’inégalité entre les femmes et les hommes se traduit également
dans nos parlements nationaux: le nombre de sièges occupés par des
femmes dans les parlements nationaux au 1er juillet
2013 (les deux chambres confondues le cas échéant) était de 21,3 %
en Afrique subsaharienne, de 18,8 % en Asie, de 22,7 % en Europe
(Etats membres de l’OSCE, à l’exclusion des pays nordiques) et de
24,4 % dans les Amériques; de meilleurs résultats étant observés
dans les pays nordiques uniquement (42 % (une seule chambre))

. Les chiffres pour l’Europe sont
confirmés par les données du Conseil de l’Europe: basée sur les
chiffres de l’UIP, la proportion moyenne des femmes dans les parlements
nationaux a été notée à 23 % en 2012 (avec les scores les plus élevés
à Andorre, en Finlande, aux Pays-Bas et en Suède)

.
Assurer la participation égale des femmes aux processus décisionnels
est une étape décisive vers une plus grande égalité des sexes dans d’autres
domaines de la société, comme l’éducation ou le marché du travail.
2.1.2.2. Le manque de perspectives
pour les jeunes femmes en particulier
19. Le chômage des jeunes est élevé dans la plupart des
pays; les jeunes femmes notamment se heurtent à des obstacles fondés
sur le sexe. Les jeunes qui travaillent occupent bien trop souvent
des emplois peu porteurs: 73 millions de jeunes sont au chômage,
soit une augmentation de 3,5 millions depuis 2007

. Dans les pays
à faible et moyen revenu, où vit 90 % de la jeunesse mondiale, environ
deux tiers d’entre eux ne travaillent pas ou ne font pas d’études,
exercent une activité irrégulière ou travaillent dans le secteur
informel. Des obstacles supplémentaires à des possibilités d’emploi
décent se dressent devant les 120 millions de jeunes et les 497
millions de femmes qui sont analphabètes, le plus souvent des femmes
et adolescentes pauvres et des zones rurales

.
2.1.2.3. Persistance de
taux de mortalité maternelle élevés
20. Le respect des droits et de la santé en matière de
sexualité et de procréation est un déterminant essentiel du niveau
d’instruction des femmes et des filles et de leur capacité à accéder
à des emplois décents. Cependant, l’OMD 5 est celui qui accuse le
plus de retard dans sa réalisation: le taux de mortalité maternelle a
diminué de 47 % au cours des deux dernières décennies mais reste
toutefois loin de l’objectif des 75 %.
Chaque
jour, 800 femmes et adolescentes meurent des suites de complications
évitables liées à une grossesse ou à un accouchement (ce qui représente
un total annuel de 287 000 décès)

.
21. Chaque année, 16 millions d’adolescentes (entre 15 et 19 ans)
et 2 millions supplémentaires de jeunes filles de moins de 15 ans
donnent naissance à un enfant. Dans le même temps, la mortalité
maternelle constitue la principale cause de décès chez les adolescentes
dans de nombreux pays

.
Seuls 55 % des femmes enceintes dans les pays en développement bénéficient
du minimum recommandé de quatre consultations prénatales, et dans
certaines régions, telles que l’Afrique subsaharienne, moins de
50 % des femmes reçoivent l’assistance d’un personnel soignant qualifié
lors de la naissance

. 222 millions de femmes souhaiteraient
éviter une grossesse mais n’utilisent pas une méthode de contraception
efficace. Ce phénomène contribue aux 80 millions de grossesses non
désirées, aux 30 millions de naissances non planifiées et aux 20
millions d’avortements pratiqués dans de mauvaises conditions de
sécurité chaque année

.
2.1.2.4. Persistance de
niveaux de violence élevés à l’égard des femmes et des jeunes filles
22. La violence à l’égard des femmes et des filles est
l’une des atteintes aux droits de l’homme les plus répandues au
monde qui nuit gravement à leur santé et à leur participation sociale,
économique et politique. Traumatismes sévères, décès et graves problèmes
de santé en sont quelques-unes des conséquences désastreuses. La
violence entrave la productivité des survivants ainsi que le développement
scolaire et personnel des enfants qui sont témoins ou victimes de
violence domestique ou de sévices sexuels. Elle alourdit chaque
année les budgets publics de plusieurs milliards de dollars, sans
compter les pertes de revenus et de productivité que subissent les
femmes et les employeurs concernés

. La
violence sexuelle rend notamment les femmes plus vulnérables au
VIH et aux autres maladies sexuellement transmissibles.
23. La violence à l’égard des femmes a également été classée parmi
les obstacles à la réalisation de nombre d’OMD lors d’une récente
réunion ministérielle co-organisée par ONU-Femmes. Selon la première étude
systématique menée à partir de données mondiales sur la violence
à l’égard des femmes présentée par l’OMS en juin 2013, aucune région
du monde n’est épargnée par la violence fondée sur le sexe et une
femme sur trois sera victime, à un moment de sa vie, de violence
physique et/ou sexuelle, qui sera le plus souvent le fait d’un partenaire
intime. S’agissant des priorités de l’après-2015, ONU-Femmes a proposé
un objectif autonome qui s’appuierait sur l’OMD 3 en s’attachant
à trois domaines cibles: 1) des femmes et des filles à l’abri de
la violence; 2) l’égalité des sexes concernant les droits et la
santé en matière de sexualité et de procréation et l’accès à des
ressources et des chances égales; 3) l’égalité des sexes en matière
de prise de décision dans les institutions publiques et privées

. Il s’agit là d’objectifs extrêmement
clairs auxquels l’Assemblée parlementaire devrait selon moi apporter
un vif soutien.
2.1.2.5. La situation en
Europe
24. En juillet 2013 seulement, la Commission économique
pour l’Europe des Nations Unies (CEE-ONU), l’UNFPA et le Gouvernement
suisse ont organisé une conférence régionale pour l’Europe en vue
de faire le point sur la mise en œuvre du Programme d’action de
la conférence internationale sur la population et le développement
dans la région de la CEE-ONU

(adopté
en 1994). Les éléments présentés lors de cette conférence ont montré
que l’Europe n’échappe pas aux défis mondiaux évoqués ci-dessus
et qu’il est urgent d’encourager la mise en place de nouvelles mesures
législatives et politiques en faveur des femmes. Même si de nets
progrès ont été accomplis en matière de bien-être, de santé et d’éducation,
on observe que la région se heurte toujours à de nombreux obstacles
et défis, comme un programme incomplet en matière d’égalité des sexes
et d’autonomisation économique des femmes, de direction politique
et de participation à la prise de décision, d’importantes inégalités
concernant l’accès aux informations et services relatifs aux droits
et à la santé en matière de sexualité et de procréation, ainsi qu’une
discrimination à l’égard des migrants, des minorités et d’autres
groupes défavorisés

.
25. En dépit du niveau élevé d’éducation des femmes, on observe
que de graves problèmes demeurent concernant leur participation
au marché du travail, notamment dans certains pays d’Europe de l’Est
et du Sud-Est. La majorité des femmes occupe toujours des emplois
précaires, moins bien rétribués et à faible niveau de responsabilités
et fait face à des écarts considérables en termes de revenus (qui
varient entre 20 % en moyenne au sein de l’Union européenne et entre
40 % et 50 % dans le Caucase et en Asie centrale).
26. L’objectif de réduire la mortalité infantile en Europe semble
à portée de main, même dans les économies émergentes d’Europe. Des
progrès supplémentaires sont toutefois nécessaires pour réaliser
la cible 5A de réduction de la mortalité maternelle. La persistance
de faibles taux d’utilisation de méthodes contraceptives modernes
et les besoins non satisfaits en matière de planification familiale
constituent des indicateurs essentiels permettant de suivre les
progrès futurs: une forte proportion de décès maternels pourrait
être évitée si les femmes qui souhaitaient avoir recours à la contraception
y avaient accès.
2.1.3. Un contexte qui
évolue dans le commerce international et l’aide au développement
et nécessite un engagement soutenu de la part de l’Europe
27. Le contexte international actuel contribue à transformer
radicalement le fondement du Projet du millénaire tel qu’il est
défini à l’objectif 8: «Mettre en place un partenariat mondial pour
le développement». Il est caractérisé, d’une part, par le respect
insuffisant des mécanismes de financement traditionnels par les
pays développés, et, d’autre part, par une redistribution inégale
de la richesse créée au niveau mondial, qui se manifeste par une
croissance extraordinaire dans les économies émergentes et par un
ralentissement important dans les pays développés. Il s’ensuit que
les pays BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) ont
surclassé les pays riches, dont l’Europe, s’agissant de l’aide au
développement et ils prévoient de créer leurs propres institutions
pour faire face à la suprématie économique occidentale

.
28. Du côté des donateurs, les progrès dans la mise en œuvre des
OMD sont menacés par la dure crise économique et financière qui
fragilise nos économies depuis l’effondrement de 2008 et se traduit
par des taux de chômage en hausse et une augmentation de la pauvreté
dans les pays européens également. Dans ce contexte inattendu, de
nombreux gouvernements se préoccupent davantage de leur situation macroéconomique,
dont ils sont directement tenus de rendre compte, que du fait d’allouer
une partie de leurs ressources à des populations étrangères. Les
gouvernements nationaux à travers le monde, y compris en Europe,
ont évoqué à maintes reprises la crise financière pour se justifier
de ne pas avoir consacré 0,7 % du PIB à l’aide publique au développement
(APD).
29. Dernièrement, l’Union européenne a demandé à ses Etats membres
d’honorer leurs engagements en matière d’aide car leurs contributions
aux pays les plus pauvres de la planète avaient chuté de 2,3 milliards d’euros
en 2012, selon un rapport de l’Organisation de coopération et de
développement économiques (OCDE). Début 2013, seuls le Danemark,
le Luxembourg, les Pays-Bas et la Suède avaient atteint l’objectif des
0,7 % du PIB

. Au niveau mondial,
l’APD des pays développés s’élevait à $125,6 milliards en 2012,
ce qui représentait seulement 0,29 % du PIB cumulé de ces donateurs
et une baisse de 4 % en termes réels par rapport au niveau de 2011,
lequel était déjà de 2 % en dessous du niveau de 2010. C’est la
première fois que l’APD diminue pendant deux années consécutives

.
30. Du côté des pays aidés, des taux de croissance extraordinaires
ont propulsé les économies émergentes, à l’instar de la Chine, et
marqué un tournant dans la vie de millions de personnes qui bénéficiaient auparavant
d’une aide par le biais de l’APD. Dans certains de ces pays, la
pauvreté généralisée a laissé la place à un essor économique extraordinaire
qui a donné aux citoyens de nouvelles possibilités et a permis d’améliorer
le niveau de vie global. Cette évolution a généré une euphorie qui
s’est tout d’abord traduite par une plus grande volonté des gouvernements
de préserver la dynamique de la croissance, plutôt que de consacrer
une partie de leur extraordinaire croissance du PIB à l’APD ou de
partager les connaissances découlant de leur succès avec des pays
distancés.
31. Néanmoins, cette situation a radicalement changé au cours
de la dernière décennie. Certains pays, comme les pays BRICS, sont
devenus des acteurs principaux dans le domaine de la coopération
au développement, grâce à une aide financière accrue, une assistance
technique ainsi que par le biais de la coopération sud-sud avec
les pays à faibles revenus (PFR)

. Aujourd’hui, les relations BRICS-PFR
ne se limitent plus à une assistance financière; les échanges commerciaux
et régionaux se sont intensifiés
![(23)
Mlachila/Takebe, FDI from BRICs to LICs: Emerging Growth Driver? [Les
IED des BRICS vers les PFR: un nouveau moteur de croissance?], Fonds
monétaire international (FMI) Document de travail 11/178, Washington
DC, 2011, téléchargé sur le site du programme Eldis, coordonné par
l’Institut des études de développement (IED), Brighton/Royaume-Uni, <a href='http://www.iadb.org/intal/intalcdi/PE/2011/08803.pdf'>www.iadb.org/intal/intalcdi/PE/2011/08803.pdf</a>.](/nw/images/icon_footnoteCall.png)
. Ce rapprochement peut être perçu
comme une évolution positive étant donné qu’il renforce les contributions
de l’ADP. Cependant, cette aide est souvent octroyée par le biais
de mécanismes bilatéraux axés sur l’intégration régionale des pays
voisins, ce qui entraîne une modification des relations géoéconomiques
dans lesquelles certains pays en développement ne sont pas représentés.
L’Europe devrait donc tenir et renouveler son engagement envers
l’aide au développement, et orienter ses propres programmes en conséquence.
2.2. Mobilisation des
ressources, des politiques et des acteurs
32. Les OMD auraient davantage de chance d’être réalisés
si tous les acteurs concernés assumaient véritablement leurs rôles
respectifs dans le projet du millénaire des Nations Unies avec une
détermination absolue. Les gouvernements des pays tant développés
qu’en développement doivent entreprendre des réformes politiques,
ce qui permettrait d’améliorer l’efficacité de l’aide financière
et d’appliquer des politiques macroéconomiques saines. Outre la
mobilisation de réserves dans le cadre du mécanisme de l’APD, de nouvelles
solutions devraient être proposées en vue d’améliorer l’architecture
de financement.
33. A cet égard, il conviendrait de tenir compte des questions
clés qui pèsent sur la source première des fonds afin de garantir
le flux continu de l’aide et l’efficacité de son utilisation

:
- Les
pays donateurs devraient systématiquement contribuer à l’APD pour
garantir le taux de 0,7 % du PIB et appliquer des plans financiers
de prévisibilité sur une base annuelle. L’aide financière devrait
être structurée afin qu’elle soit allouée à des politiques et des
programmes de développement cohérents. Les associations caritatives
privées peuvent mettre leur savoir-faire à profit pour orienter
l’aide plus efficacement et des mesures de contrôle des dépenses
devraient être appliquées si besoin;
- Les gouvernements des pays en développement devraient
œuvrer en faveur d’une plus grande transparence et lutter contre
la corruption, mettre en œuvre des politiques ciblées, soutenir
la création d’institutions saines de développement, et améliorer
leurs services statistiques, ce qui permettrait ainsi de contrôler
précisément les dépenses;
- Une gouvernance publique et privée équitable associée
à des prix de cession transparents permettrait d’augmenter le pouvoir
de négociation que les producteurs de pays riches en ressources
naturelles exercent dans les négociations avec les industries internationales.
Cela se traduirait enfin par des revenus plus équitables et les
ressources pourraient être consacrées à l’éducation, à la santé
et à l’élimination de la pauvreté;
- Enfin, le fait de garantir un accès aux services financiers
dans les pays en développement permettrait à quelque 400 millions
de micro, petites et moyennes entreprises des pays en développement
d’obtenir la liquidité nécessaire pour investir dans la capacité
de production et générer des revenus à long terme grâce à leurs
entreprises.
34. Lors de sa 5e Assemblée tenue à
Kiev, en Ukraine, en avril 2008, le Mouvement mondial pour la démocratie
s’est notamment penché sur les actions que les démocraties pourraient
mener pour réduire la pauvreté et les inégalités

. A cette occasion, les chercheurs
ont montré, par exemple, que les plus forts niveaux d’inégalité
en Amérique latine n’étaient pas le fait du marché mais résultaient
plutôt de la faiblesse de l’Etat dans cette région, s’agissant notamment
des programmes publics de redistribution et des systèmes d’imposition.
Ils ont dès lors émis les recommandations suivantes, lesquelles
devraient être pleinement soutenues:
- réduire les niveaux de corruption pour veiller à ce que
les ressources de l’Etat soient utilisées pour les infrastructures
de base et les programmes sociaux;
- mettre en place des programmes éducatifs informant les
citoyens de leurs droits et leur proposant des formations professionnelles
leur permettant de ne pas dépendre de l’Etat;
- renforcer les institutions telles que les parlements afin
qu’elles puissent exercer plus efficacement leur rôle de surveillance;
- renforcer l’Etat de droit pour accroître la responsabilité
et réduire la corruption;
- encourager les médias et la société civile à dénoncer
la corruption;
- renforcer les syndicats pour garantir les droits des travailleurs
et des salaires équitables;
- mettre en place des programmes ciblés de réduction de
la pauvreté, notamment des programmes de subventions conditionnelles
en espèces pour les familles à faibles revenus;
- améliorer les mesures d’imposition pour redistribuer les
richesses plus efficacement et générer des recettes pour les programmes
de politique sociale;
- mettre en pratique des réglementations récompensant les
entreprises qui appliquent de pratiques non discriminatoires.
35. Parmi les initiatives soutenues par des organisations internationales,
l’Association internationale de développement (IDA) du Groupe de
la Banque mondiale mérite d’être mentionnée

. Depuis 1960, le «Fonds de la Banque
mondiale pour les plus pauvres» est l’une des principales sources
de financement du développement, dans les domaines de la santé,
de l’éducation, des infrastructures, de l’agriculture et du développement
économique et institutionnel dans les pays les plus pauvres du monde.
Ce programme présente un avantage principal: les connaissances intersectorielles
et les ressources de la Banque mondiale sont regroupées et utilisées
pour solutionner des problèmes complexes. Concrètement, cela a permis
à l’IDA de vacciner presque un demi-milliard d’enfants, d’assurer
un meilleur accès à l’eau pour 123 millions de personnes et d’aider
65 millions de personnes à bénéficier de services de santé. A l’avenir,
ces programmes de développement devraient accorder une place toujours
plus importante aux principes de bonne gouvernance et de responsabilité
au moment de décider la manière dont les fonds sont distribués aux
pays bénéficiaires.
36. Il convient également de mentionner un grand nombre de fonds
privés, parmi lesquels la Fondation Bill & Melinda Gates, qui
est l’une des plus connues et des plus investies dans le programme
de développement pour le millénaire pour ce qui est de l’octroi
de subventions. Par le biais de son programme de développement mondial
et de ses programmes de santé mondiaux en faveur des pays en développement,
cette fondation s’efforce d’améliorer la santé des individus et
de leur offrir la possibilité d’échapper à faim et à l’extrême pauvreté.
Les montants des subventions allouées dans le monde pour les exercices
financiers 2011 et 2012 (incluant également un programme spécifique
d’égalité des chances pour les Etats-Unis) ont atteint 3,4 milliards
de dollars

. Les gouvernements à travers le
monde, y compris en Europe, ne doivent ménager aucun effort pour
encourager d’autres sociétés privées à s’engager avec autant d’ardeur
en faveur du développement international.
3. Le leadership des
parlementaires européens pour une meilleure gouvernance en matière
de développement
37. Comme nous l’avons montré, les structures démocratiques
et la bonne gouvernance sont aussi des déterminants essentiels sur
la voie d’une répartition plus équitable des ressources et des richesses. Cependant,
une société dans laquelle les besoins essentiels tels que l’accès
à la nourriture, à un logement et à des soins de santé ne sont pas
garantis parviendra difficilement à défendre des valeurs démocratiques
et le respect des droits humains; les droits fondamentaux, la démocratie
et l’Etat de droit sont en effet étroitement liés aux processus
pour un développement équilibré. Les parlements, en tant qu’organes
démocratiques essentiels directement élus par le peuple, jouent
un rôle central dans la progression vers une meilleure gouvernance
en matière de développement, au moyen de mesures à la fois législatives
et politiques.
3.1. Le scandale de
la pauvreté et de la faim
38. Les progrès les plus remarquables accomplis jusqu’à
présent dans le cadre du Projet du Millénaire des Nations Unies
sont, peut-être, la réduction de moitié de la proportion de personnes
vivant dans une extrême pauvreté (avec 1,25 dollar par jour) et
la réduction de presque de moitié de la proportion de personnes souffrant
de la faim, objectif qui semble pouvoir être réalisé avant 2015

. Cependant,
même réduite de moitié, la proportion de personnes vivant avec moins
de 1,25 dollar par jour était estimée à 22 % en 2010, ce qui signifie
que 1,2 milliard de personnes vivent toujours dans le dénuement
le plus complet, et que les améliorations actuelles ne sont pas
réparties uniformément. Selon le document «Objectifs du Millénaire
pour le développement: Rapport de 2013», environ 870 millions de
personnes, soit une personne sur huit, restaient sous-alimentées
au cours de la période 2010-2012, là encore avec une répartition
inégale selon les régions du monde.
39. Selon le rapport «Pertes et gaspillages alimentaires dans
le monde», publié en 2011 par l’Organisation des Nations Unies pour
l’alimentation et l’agriculture (FAO), près d’un tiers de la production
alimentaire destinée à la consommation humaine dans le monde, à
savoir environ 1,3 milliard de tonnes, est perdue au stade de la
production et de la distribution commerciale ou gaspillée tous les
ans par les consommateurs. Chaque année, les consommateurs des pays
développés gaspillent quelque 222 millions de tonnes d’aliments parfaitement
comestibles, alors que la production annuelle nette de l’Afrique
subsaharienne s’élève à 230 millions de tonnes

. Une fois encore ces chiffres montrent
qu’il importe de sérieusement remettre en question les schémas de
production et de consommation du monde occidental.
40. Nous ne devons cependant pas oublier ceux qui vivent dans
des nations riches et développées mais qui sont réduits à la pauvreté.
Les taux de chômage élevés, les taux d’imposition en hausse, les
dettes financières accablantes et les coupes dans les services sociaux
plongent de nombreux Européens dans la pauvreté, alors que les gouvernements
choisissent de poursuivre le démantèlement des services sociaux
en appliquant des programmes d’austérité. Dans certains pays européens,
tels que la Grèce

,
le Portugal ou l’Espagne

, des établissements d’enseignement
publics ont récemment signalé des cas «d’insécurité alimentaire».
La pauvreté des ménages est connue comme étant la première cause
de non-scolarisation des enfants, suivie de l’appartenance sexuelle
et du lieu de résidence

.
L’importance de ces problèmes qui touchent l’Europe a conduit l’Assemblée
parlementaire à les examiner de manière approfondie dans un rapport
spécifique intitulé «Eradiquer la pauvreté des enfants en Europe»,
actuellement en cours d’élaboration au sein de la commission des
questions sociales, de la santé et du développement durable.
3.2. L’égalité de l’accès
aux soins de santé et un travail décent pour tous ne sont pas un
luxe
41. Mettons ici en exergue l’égalité de l’accès aux soins
de santé et le travail décent comme deux exemples de domaines thématiques
dans lesquels l’Europe pourrait exercer une influence sur les évolutions
à venir au moyen de programmes ciblés.
3.2.1. L’égalité de l’accès
aux soins de santé
42. Les progrès que nous avons accomplis dans la réduction
de la mortalité infantile, l’amélioration de la santé maternelle
et la lutte contre le VIH/SIDA, le paludisme et d’autres maladies,
sont indéniables. Toutefois, de nos jours, dans beaucoup de zones
rurales pauvres et périphériques, les services de soins de santé
même élémentaires sont loin d’être accessibles à tous, en dépit
du droit à la santé inscrit dans la Déclaration universelle des
droits de l’homme des Nations Unies de 1948, qui stipule que «Toute
personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé,
son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour (…) les soins
médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires

»; cet ensemble de droits a, depuis
lors, été maintes fois réitéré par l’Organisation mondiale de la
santé (OMS)

.
43. Malheureusement, la croissance économique ne garantit pas
automatiquement un accès universel aux soins de santé de base. Les
gouvernements des pays développés, dans leurs efforts pour retrouver
une stabilité financière, ont récemment pris pour cible l’augmentation
des coûts de santé et ont opté pour des restrictions budgétaires
qui affectent le niveau général des services de santé fournis. Dans
de nombreux pays, par exemple, les moyens des hôpitaux sont limités
et la demande de services de santé privés augmente, ce qui contribue
à renforcer les inégalités dans le domaine de la santé.
44. Cette dynamique a récemment été examinée par l’Assemblée parlementaire
dans un rapport sur «L’égalité de l’accès aux soins de santé» qui
a donné lieu à la
Résolution
1946 (2013). Les Nations Unies ont également confirmé que l’accès
universel aux soins de santé de base est fondamental et doit être
assuré à l’échelle mondiale. Au plan national, une allocation optimale
des ressources et le contrôle des dépenses sont fondamentaux pour
l’efficacité des services de santé de base universels, et les pays
développés devraient apporter leur assistance technique dans ce
domaine si besoin. Des actions de prévention, par exemple par l’éducation
ou la vaccination, constituent des mesures supplémentaires efficaces
lorsqu’il s’agit de protéger les plus vulnérables

.
45. De nouveaux appels en faveur de «L’accès à la santé: un droit
fondamental» ont récemment été lancés par l’Union interparlementaire
(UIP). Dans sa résolution adoptée lors de sa 126e assemblée,
l’UIP se dit notamment préoccupée par la non réalisation de certains
des OMD comme les OMD 4 et 5 (mortalité maternelle et infantile)
et propose un ensemble de recommandations destinées à améliorer
l’accès universel aux soins de santé et préservant notamment la
santé des femmes et des enfants

.
3.2.2. Travail décent
46. La question du travail décent est largement absente
du débat mondial, alors qu’il s’agit d’une condition indispensable
à la réalisation de certains des autres objectifs et qu’elle fait
partie intégrante des OMD (cible 1B de l’objectif «éliminer l’extrême
pauvreté et la faim»). Les avantages que nous retirons des richesses
de notre planète tendent à nous faire oublier les besoins de ceux
qui se trouvent en bas de l’échelle économique. Les normes fondamentales
du travail, certaines convenues il y a près d’un siècle, font partie
de l’héritage de notre civilisation et de notre conception moderne
de la justice sociale. Mais dans le monde impitoyable de la finance
et du commerce international dans lequel les sociétés européennes
jouent également un rôle important, le respect du travail et du
capital humain est trop souvent relégué en marge de la mondialisation.
47. Plus particulièrement dans les pays en développement, l’absence
de données fiables et cohérentes ne permet pas de mesurer l’ampleur
du chômage et de prendre des mesures efficaces pour lutter contre
ce phénomène. Nous savons néanmoins que le nombre de travailleurs
qui vivent avec moins de 1,25 dollar par jour, relevant de la catégorie
des «travailleurs pauvres», a baissé de 294 millions depuis le début
de ce siècle, même si 384 millions de personnes continuent de vivre
en dessous de ce seuil. Selon la classification de l’OIT, 60,9 %
de la population active dans les pays en développement est restée
«quasi pauvre», vivant avec moins de 4 dollars par jour

. Les
«emplois très vulnérables», y compris les travailleurs familiaux
non rémunérés et les travailleurs à leur propre compte, représentent
des pourcentages élevés en Amérique latine et dans les Caraïbes
(31 %), au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (36 %) et en Asie
du Sud (79 %), contrairement aux Etats membres de l’OCDE (15 %)
et à la zone euro
(12 %)

.
48. Selon l’OIT, le plein emploi productif et un travail décent
pour tous, y compris les femmes et les jeunes, constituent la voie
la plus sûre pour sortir de la pauvreté; à ce titre elle a publié
son «Agenda du travail décent» appelant à une action au niveau mondial
dans ce domaine

. L’OIT et l’Union européenne collaborent actuellement
sur un projet intitulé «Mesure et suivi du travail décent» (MAP)
(2009-2013), visant à renforcer la capacité des économies en développement
et de transition à suivre et évaluer elles-mêmes les progrès accomplis
en matière de travail décent

.
49. L’accès à un métier et à une rémunération équitable donne
aux individus et à leurs familles les moyens financiers de satisfaire
les besoins essentiels et de faire des économies pour investir dans
des biens personnels et productifs. Les gouvernements à travers
le monde doivent entreprendre des transformations socioéconomiques
permettant d’atteindre une croissance plus inclusive et d’interdire
définitivement le travail des enfants et le travail forcé. Nous
aurons cependant plus de chance de mettre en place un développement économique
durable dans les pays en développement si les gouvernements et le
secteur privé permettent aux plus pauvres de participer, en tant
que partenaires, à la croissance du commerce international dans
des conditions plus justes et équitables, comme celles assurées
par les programmes de «commerce équitable» destinés à créer de nouvelles
possibilités d’investissement dans la capacité de production endogène.
50. De récents exemples ont montré que les inégalités dans les
secteurs industriel et commercial se traduisent parfois de manière
violente faisant de nombreuses victimes: le 24 avril 2013, un bâtiment
entier d’une usine de Dhaka au Bangladesh s’est effondré causant
la mort de plus 1 000 ouvriers du textile. Malgré tout, plusieurs
mois après la catastrophe due à la dangerosité du lieu de travail,
la plupart des entreprises concernées refusent toujours d’indemniser
les victimes niant – comme c’est souvent le cas dans ce genre de situation
– avoir jamais entretenu des relations commerciales directes avec
l’usine

.
51. Dans ce domaine en particulier, les interdépendances internationales
deviennent très visibles. Les populations dans le monde en développement
sont souvent contraintes d’accepter un travail éloigné des normes
occidentales pour assurer leur propre subsistance tout en répondant
à la demande massive, de la part des consommateurs occidentaux,
de biens à des prix raisonnables. De nouvelles normes doivent être introduites
délicatement et de manière globalement coordonnée afin d’éviter
que les problèmes liés à l’exploitation des travailleurs pauvres
ne soient simplement transférés vers d’autres pays

.
52. Tout débat sur la nouvelle vision de notre programme de développement
sera l’occasion d’accorder au travail décent une juste place parmi
nos priorités pour l’avenir. A cette fin, l’Assemblée parlementaire
consacre également un rapport spécifique à cette question, lequel
est actuellement en cours d’élaboration par la commission des questions
sociales, de la santé et du développement durable

.
53. Les pays en développement ont besoin d’une aide sur le plan
financier et des connaissances pour entreprendre des investissements
dans les infrastructures, la création d’emplois, les compétences
et l’innovation, qui seront susceptibles d’augmenter la productivité
des travailleurs. En conséquence, l’OIT a formulé les deux propositions
suivantes pour le programme de développement après-2015: donner
un nouvel élan à l’objectif du plein emploi productif et du travail
décent et en faire un objectif central et pas uniquement un objectif
visant à réduire l’extrême pauvreté et la faim, et mettre en place
des socles de protection sociale pour réduire la pauvreté et améliorer
la résilience des populations

. Il s’agit là d’une stratégie à laquelle
nous souscrivons.
54. Cependant, le défi qui consiste à assurer un travail décent
pour tous menace de plus en plus les marchés de l’emploi dans les
pays développés, où la crise économique et financière a fait grimper
les taux de chômage, avec une baisse de 1,7 % du ratio emploi-population

. Pour
l’Europe notamment, nous pouvons citer le cas de la Grèce et de
l’Espagne, touchés par des taux de chômage de 26,9 % et 26,8 % respectivement en
2013

. On observe des résultats plus
alarmants chez les jeunes âgés de 15 à 24 ans, avec des taux de 55,3 %
de chômage des jeunes en Grèce et de 53,2 % en Espagne en 2012

. Ce phénomène retarde l’entrée sur
le marché du travail d’un grand nombre de jeunes appartenant à cette
tranche d’âge et les entreprises ne peuvent pas tirer profit du
potentiel de candidats très qualifiés qui perdent rapidement leur
compétitivité et continuent de dépendre des ressources parentales
pour vivre, souvent pendant de nombreuses années.
3.3. Brûler la chandelle
par les deux bouts – une nouvelle approche aux économies mondiales
55. Le progrès de l’humanité semble être inexorablement
propulsé par la collecte, l’utilisation, le commerce et la consommation
de ressources naturelles. Toutefois, ce modèle de croissance présente
des défauts à long terme, le prix du pétrole étant sans doute le
dilemme le plus évident de notre addiction irrationnelle à la consommation
de ressources. A certains pays développés, traditionnellement responsables
de la part la plus importante de l’épuisement des ressources et
des émissions de gaz à effet de serre, nous devons maintenant ajouter
ces économies émergentes qui connaissent des avancées économiques
vigoureuses, tout en comptant pour les plus grandes augmentations
de population.
56. Lorsque nous nous retrouverons face à une population mondiale
qui atteindra les 9 milliards d’individus d’ici à 2050, le stock
actuel de ressources naturelles sera mis à rude épreuve si les niveaux
de consommation actuels se maintiennent ou augmentent. En parallèle,
la consommation continue d’énergies fossiles, le consumérisme répandu
et l’élimination irresponsable des déchets continuent de polluer
notre environnement. Il est donc essentiel que les «anciens» et
les «nouveaux» consommateurs soient pleinement informés des conséquences
dévastatrices si nous persistons dans une direction censée conduire
au «progrès» et au «développement» dans le monde mais que finalement
nous réduisons à néant nos efforts en détruisant nos ressources
naturelles et notre environnement.
3.3.1. Mieux comprendre
le développement durable: une nécessité
57. Parmi les conséquences les plus visibles du progrès,
les émissions mondiales de CO2 ont augmenté
de plus de 46 % entre 1990 et 2010, les ressources halieutiques
marines ont été réduites de près d’un tiers, la déforestation et
la désertification ne cessent de s’étendre et de nombreuses espèces
sont menacées d’extinction, pour ne citer que quelques exemples

. Avec
une augmentation de seulement 0,8°C par rapport aux niveaux de l’époque
préindustrielle, des régions très vulnérables en Afrique, en Asie
et dans le Pacifique subissent déjà de graves effets environnementaux
sur leurs écosystèmes, zones forestières et réserves d’eau. Si les
efforts que nous déployons pour inverser cette tendance restent
vains au cours des prochaines décennies, nous atteindrons le seuil
fixé par la Convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique
avec une augmentation de près de 2°C de la température, ce qui entraînera
des pénuries alimentaires, des phénomènes climatiques extrêmes,
dont des vagues de chaleur persistantes et des sécheresses

.
58. Dans son rapport de 2012, «Baissons la chaleur», la Banque
mondiale a révélé que l’effet de serre aura finalement pour conséquence
une augmentation de la température de 4°C par rapport aux niveaux
de l’époque préindustrielle d’ici à la fin du siècle à moins que
nous ne prenions des mesures adéquates et coordonnées. L’Afrique
subsaharienne fera partie des régions les plus touchées dans le
monde, où la pauvreté et la faim devraient s’accentuer sans possibilité
d’adaptation. L’engagement récemment pris par la Banque mondiale
de mettre fin à l’extrême pauvreté d’ici à 2030 est peut-être à
notre portée, mais le changement climatique et ses conséquences
menacent de faire échouer une telle entreprise.
59. Jusqu’à présent, nous n’avons pas réussi à inverser la tendance
de l’augmentation des émissions de CO2 et
de la destruction des ressources naturelles. Si nous aspirons à
changer de direction, nous devons prendre des mesures efficaces
parmi lesquelles le développement de technologies respectueuses
de l’environnement pour le transport, la production industrielle,
les émissions des ménages et la production d’énergie, la promotion
d’une consommation et d’une production responsables, le soutien
de la recherche et du développement scientifiques et la négociation
d’une action intégrée avec une détermination politique forte et
une coopération internationale claire.
60. Rappelons que la véritable valeur ajoutée du concept de développement
durable réside dans sa transversalité visant à coordonner les questions
d’ordre économique, environnemental et social de telle manière à
assurer le bien-être des générations actuelles et futures

.
Depuis le lancement du processus de Rio en 1992, les nations du
monde ont clairement fait savoir que le principal objectif consistait
à intégrer les aspects économiques, sociaux et environnementaux.
C’est ce qui a été confirmé à la Conférence Rio+20, qui s’est aussi
tenue à Rio de Janeiro (Brésil), du 20 au 22 juin 2012.
61. Dans sa déclaration finale, la Conférence des Nations Unies
sur le développement durable reconnaît que l’élimination de la pauvreté,
l’abandon des modes de consommation et de production non viables
en faveur de modes durables, ainsi que la protection et la gestion
des ressources naturelles sur lesquelles repose le développement
économique et social, sont les objectifs premiers. Elle reconnaît
également que la démocratie, la bonne gouvernance et l’Etat de droit
sont des conditions sine qua non du développement durable et confirme qu’il
importe, dans les efforts déployés pour réaliser les Objectifs du
millénaire pour le développement, de tenir compte de l’interdépendance
des différents pays et des zones de développement

.
3.3.2. Reconnaître les
interdépendances mondiales et les coûts réels de la destruction
environnementale
62. Donnons ici deux exemples illustrant le degré d’interconnexion
des dimensions économique, sociale et environnementale du développement
humain et la nécessité de nouvelles visions transversales: nous observons
d’une part que le groupe des «réfugiés environnementaux» est en
augmentation, lequel englobe les personnes que la détérioration
de l’environnement oblige à migrer en raison du péril qu’elle représente
pour leur existence ou des risques inacceptables qu’elle fait peser
sur leur santé

. D’autre part, nous assistons à des
niveaux élevés de consommation des ressources dans le monde: un
grand nombre de personnes a accès à des services et exerce une forte
incidence sur l’environnement sans nécessairement contribuer aux
coûts réels de son comportement. Selon les projections publiées
en 2012 par l’Administration fédérale américaine de l’aviation (FAA),
les déplacements des passagers aériens seront multipliés par deux
dans les vingt prochaines années

. Parallèlement, des études environnementales
ont révélé qu’un vol aller-retour Londres-New York produisait une
empreinte carbone

supérieure au maximum annuel auquel
il faudrait se limiter par personne pour assurer la préservation
du climat

. L’un des enjeux du développement
durable sera de surmonter cette incohérence et de faire face à l’ampleur
de l’incidence environnementale des habitudes de consommation des
individus, en insistant notamment sur le principe du «pollueur-payeur».
63. En Chine par exemple, d’après des estimations récentes, le
coût de la dégradation environnementale s’élevait à 230 milliards
de dollars en 2010, soit 3,5 % du PIB du pays. La Chine paie par
conséquent le prix de sa rapide industrialisation ou, pour reprendre
les termes d’un expert en économie: «Creuser un trou et le reboucher
vous donne une augmentation du PIB. Mais pas une valeur économique.
Ces dernières années, en Chine et ailleurs, une grande partie de
l’activité a consisté à creuser des trous pour les reboucher – qu’il s’agisse
de sauver de la faillite les entreprises du secteur solaire ou d’ignorer
les “externalités” de la croissance économique

.»
4. Conclusions
et recommandations en vue d’une action européenne
64. Les progrès accomplis dans le premier cadre OMD sont
incontestables. Nous nous sommes prouvé que des mesures efficaces
peuvent être prises pour éliminer la pauvreté et la faim. Cependant,
même si nous avons rempli certains des objectifs essentiels du cadre
OMD cinq ans avant la date butoir de 2015, cela ne nous autorise
pas pour autant à relâcher nos efforts et à oublier les millions
de personnes qui continuent de souffrir de la pauvreté.
65. La mesure dans laquelle les OMD seront réalisés d’ici à 2015
et au-delà dépendra notamment des facteurs suivants: la volonté
politique et le niveau d’entente entre les nations, la cohérence
et l’efficacité du cadre OMD après-2015, le respect de l’APD, l’éducation,
la transparence et l’efficacité des dépenses au titre de l’aide,
la capacité à produire des richesses endogènes et des résultats
visibles jetant les bases d’un développement véritablement durable.
66. Nous devons mettre en pratique des lignes d’action révisées
à compter de 2015, car certains des OMD n’ont manifestement pas
été réalisés et de nouveaux objectifs doivent être ajoutés. Dans
ce contexte, il convient de tenir compte de plusieurs éléments,
tels que l’interdépendance des différents OMD, la nécessité de fixer
des cibles plus ambitieuses ou d’adapter l’architecture actuelle
de financement.
67. Parmi les autres déterminants qui auront une influence sur
la réalisation des OMD, citons la capacité à promouvoir une bonne
gouvernance de la manière la plus résolue qui soit, notamment dans
la lutte contre la corruption et le gaspillage des ressources, dans
les pays tant développés qu’en développement. Si nous ne garantissons
pas la transparence et l’Etat de droit, les ressources générées
et distribuées par le biais de programmes d’assistance internationale
resteront inefficaces à long terme.
68. Le présent rapport a recensé un certain nombre d’éléments
clés qui constituent encore de sérieux obstacles à un développement
plus équilibré et plus durable au niveau mondial; aussi devraient-ils
être traités en priorité au cours des deux années restantes du processus
actuel des OMD et après 2015. Il s’agit notamment d’assurer l’égalité
entre les femmes et les hommes, l’égalité des chances pour les femmes
et les jeunes, de lutter contre la violence à l’égard des femmes
et des filles et de garantir pleinement aux femmes et aux filles
les droits et la santé en matière de sexualité et de procréation.
L’urgence qu’il y a à relever ces défis dans les pays en développement
n’exempte pas l’Europe de la nécessité de s’engager dans ces domaines.
69. Dans ce contexte, la contribution de l’Europe devrait plus
particulièrement:
- redoubler
d’efforts pour réduire les inégalités au niveau mondial et régional
au titre du cadre actuel des OMD;
- proposer de bons exemples en matière de bonne gouvernance,
fondée sur des structures et des processus démocratiques, et de
lutte engagée contre la corruption, et continuer à promouvoir ces valeurs
et mesures en Europe et au-delà;
- s’attacher aux éléments clés susmentionnés qui font obstacle
au développement et susciter la volonté politique pour ce faire;
- contribuer au processus international de négociation en
demandant à ce qu’un nouvel ensemble d’objectifs vienne compléter
dans ce sens le cadre de développement pour l’après-2015.
70. L’Europe est l’une des principales parties prenantes lorsqu’il
s’agit d’accomplir des progrès en matière de développement humain
et de progresser dans la mise en œuvre des OMD d’ici à 2015 et au-delà,
tant sur le plan du partage des connaissances, notamment sur le
développement durable et la bonne gouvernance, que de la remise
en cause de ses propres besoins et pratiques économiques qui ont
des conséquences dramatiques pour la société et l’environnement.
Dans les processus de négociation à venir au sein de la communauté
internationale, le Conseil de l’Europe devra veiller à ce que la
Grande Europe parle d’une seule et même voix et que le message européen
soit entendu.
71. L’Assemblée parlementaire, notamment, devrait également conjuguer
ses efforts à ceux d’autres organes parlementaires tels que l’Union
interparlementaire (UIP), le Parlement des Amériques, le Parlement européen,
la Fondation du Commonwealth, l’Assemblée parlementaire de la Méditerranée,
le Groupe des nations africaines ainsi que d’autres instances qui
participent activement au processus des OMD d’après-2015. L’UIP
plus particulièrement est parmi ceux qui demandent que les OMD actuels
soient remplacés par une nouvelle série d’Objectifs de développement
durable (ODD) mondiaux

, comprenant
à la fois les objectifs pour éradiquer la pauvreté et pour promouvoir
un développement durable – une fois encore, je recommanderais vivement
que l’Assemblée parlementaire soutienne cette proposition compte
tenu des éléments précédemment indiqués.
72. Le Conseil de l’Europe, en général, et l’Assemblée parlementaire,
l’un de ses deux organes, prennent déjà des mesures concrètes favorisant
le progrès au titre de facteurs clés d’un développement équilibré, comme
indiqué dans ce rapport. Parallèlement à la préparation de rapports,
y compris sur le changement climatique, le travail décent et la
pauvreté des enfants, l’Assemblée parlementaire mène diverses campagnes de
sensibilisation à la lutte contre la violence faite aux femmes et
aux filles (chapitre 2.1 ci-dessus) depuis quelques années. Elle
promeut la mise en œuvre de la Convention du Conseil de l’Europe
sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes
et la violence domestique (STCE n° 210) via son réseau parlementaire
pour «le droit des femmes de vivre sans violence». La lutte contre
la violence sexuelle infligée aux enfants (filles ou garçons) et,
à ce titre, la mise en œuvre de la Convention du Conseil de l’Europe
sur la protection des enfants contre l’exploitation et les abus
sexuels (STCE n° 201) sont encouragées à travers la dimension parlementaire
de la campagne UN sur CINQ (2010-2014).
73. Les activités intergouvernementales du Conseil de l’Europe
dans ce domaine comprennent des activités diverses et variées concernant
l’égalité entre les femmes et les hommes et en particulier la Stratégie
du Conseil de l’Europe sur les droits de l’enfant (2012-2015), dont
l’un des objectifs stratégiques consiste à éliminer toutes les formes
de violence contre les enfants. Parmi toutes ces activités visant
la mise en œuvre des normes européennes, le programme relatif aux
droits de l’enfant doit en particulier être mis à jour en 2014 et
poursuivi après 2015; il reste par conséquent l’un des outils par
lesquels l’Europe pourrait contribuer largement aux processus de
développement mondial.