Rapport | Doc. 13456 | 21 mars 2014
Un travail décent pour tous
Commission des questions sociales, de la santé et du développement durable
Résumé
L’accès à l’emploi dans des conditions de liberté, d’équité, de sécurité et de dignité est primordial pour le bien-être individuel et collectif. Si la législation internationale et européenne oblige des Etats à protéger le droit au travail et les droits des travailleurs, rendre le travail décent une réalité pour tous reste une bataille ardue. Les asymétries mondiales et intra-européennes ont érodé des droits liés au travail, la sécurité de l’emploi et des perspectives d’emplois de qualité pour des millions de personnes, notamment pour les jeunes et les migrants, ainsi que les «travailleurs paupérisés».
Le rapport souligne la nécessité de plus de coopération et de solidarité de la part de la communauté internationale afin de promouvoir l’agenda pour le travail décent dans le nouveau cadre pour le développement durable au-delà de 2015 et par le biais d’accords commerciaux multilatéraux et bilatéraux. Les Etats européens sont appelés à améliorer la cohérence des mesures nationales pour remplir leurs engagements internationaux et pour harmoniser les normes sociales européennes. Des efforts particuliers sont nécessaires afin d’assurer la sécurité au travail et de faire respecter efficacement la prohibition du travail des enfants de moins de 15 ans, en accord avec la Charte sociale européenne et grâce à des inspections de travail plus régulières.
Le partenariat entre les gouvernements et le secteur privé et la société civile devrait permettre de moderniser le contrat social dans la société et de renforcer la responsabilité sociale des entreprises, notamment en ce qui concerne des activités dans les pays où le risque de dumping social et d’exploitation est élevé.
A.	Projet
de résolution 
(open)B. Exposé des motifs, par M. Deseyn, rapporteur
(open)1. Introduction: le travail, fondement d’une vie digne et d’une société inclusive
 .
.2. Le concept de travail décent et l’Agenda de l’OIT pour le travail décent
- l’accès à l’emploi et à une rémunération équitable;
- les droits au travail (notamment le respect des normes fondamentales du travail)
;
- la solidarité par le biais de la protection sociale;
- la communication au travail à travers le dialogue social.
 . Il est par conséquent essentiel
que le nouveau cadre de développement sur les OMD au-delà de 2015
tienne dûment compte des enjeux relatifs au travail décent.
. Il est par conséquent essentiel
que le nouveau cadre de développement sur les OMD au-delà de 2015
tienne dûment compte des enjeux relatifs au travail décent.3. Le travail décent au regard des normes sociales, des objectifs et de l’intégration européens
 .
. ,
mais seuls 15 Etats membres sont liés par cette procédure.
,
mais seuls 15 Etats membres sont liés par cette procédure. .
. et
de la construction. Manifestement, l’harmonisation des dispositions
sociales, s’agissant en particulier des droits des travailleurs
et de leur protection, ne progresse pas au même rythme que la libéralisation
du marché, facteur essentiel à l’intégration économique européenne. Ce
constat est d’autant plus pertinent à la lumière de la mondialisation
et de la crise économique actuelles.
 et
de la construction. Manifestement, l’harmonisation des dispositions
sociales, s’agissant en particulier des droits des travailleurs
et de leur protection, ne progresse pas au même rythme que la libéralisation
du marché, facteur essentiel à l’intégration économique européenne. Ce
constat est d’autant plus pertinent à la lumière de la mondialisation
et de la crise économique actuelles.4. Défendre les normes sociales européennes dans le contexte de la mondialisation et de la crise économique
4.1. Une «crise des emplois»: risques de dumping social rampant liés à des problèmes structurels et à l’économie informelle
 . Dans les pays développés, l’économie informelle
représente en 2013 environ 18,4 % du produit intérieur brut (PIB)
au sein de l’Union européenne et 8,6 % en Australie, au Canada,
au Japon, en Nouvelle-Zélande et aux Etats-Unis
. Dans les pays développés, l’économie informelle
représente en 2013 environ 18,4 % du produit intérieur brut (PIB)
au sein de l’Union européenne et 8,6 % en Australie, au Canada,
au Japon, en Nouvelle-Zélande et aux Etats-Unis  .
. .
.4.2. La résurgence du travail des enfants en Europe
 , principalement
dans les régions méridionales. Selon une autre étude datant de juin
2013, pas moins de 5,2 %, ou 260 000 enfants de moins de 16 ans
travaillent
, principalement
dans les régions méridionales. Selon une autre étude datant de juin
2013, pas moins de 5,2 %, ou 260 000 enfants de moins de 16 ans
travaillent  .
. . En juillet 2012, le Commissaire
aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe s’inquiétait que les
mesures d’austérité au Portugal avaient entraîné un accroissement
de la pauvreté chez les enfants, une hausse des taux de décrochage
scolaire et une résurgence du travail des enfants. Dans son communiqué
de presse d’août 2013
. En juillet 2012, le Commissaire
aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe s’inquiétait que les
mesures d’austérité au Portugal avaient entraîné un accroissement
de la pauvreté chez les enfants, une hausse des taux de décrochage
scolaire et une résurgence du travail des enfants. Dans son communiqué
de presse d’août 2013  ,
le Commissaire fait référence aux chiffres de l’UNESCO selon lesquels
en Géorgie, 29 % des enfants de 7 à 14 ans travaillent, cette proportion
étant de 19 % en Albanie. En Fédération de Russie, près d’un million
d’enfants seraient concernés. Cependant, sur un plan général, les données
fiables sur le travail des enfants dans les pays européens sont
très lacunaires et ce phénomène semble être un «sujet tabou», comme
l’ont constaté tant le Commissaire que l’OIT
,
le Commissaire fait référence aux chiffres de l’UNESCO selon lesquels
en Géorgie, 29 % des enfants de 7 à 14 ans travaillent, cette proportion
étant de 19 % en Albanie. En Fédération de Russie, près d’un million
d’enfants seraient concernés. Cependant, sur un plan général, les données
fiables sur le travail des enfants dans les pays européens sont
très lacunaires et ce phénomène semble être un «sujet tabou», comme
l’ont constaté tant le Commissaire que l’OIT  .
.4.3. Emploi précaire
 . Cette ruée
du marché vers une main d’œuvre peu coûteuse entraîne une augmentation
spectaculaire de la pauvreté non seulement parmi les chômeurs et
les personnes sous-employées mais aussi parmi celles qui ont un
emploi à plein temps mais sont pourtant des travailleurs à bas prix
(«les travailleurs pauvres»). De plus, comme l’a souligné le président
du Comité européen des Droits sociaux (CEDS) à la Conférence du
Conseil de l’Europe sur l’élimination de la pauvreté le 17 octobre
2012, la baisse des revenus issus du travail et des prestations
sociales – due à la crise économique et aux programmes d’austérité
– pénalise des familles entières en réduisant leur accès aux services
publics essentiels, en contribuant à la pauvreté des enfants et
en les exposant au risque de perdre leur logement.
. Cette ruée
du marché vers une main d’œuvre peu coûteuse entraîne une augmentation
spectaculaire de la pauvreté non seulement parmi les chômeurs et
les personnes sous-employées mais aussi parmi celles qui ont un
emploi à plein temps mais sont pourtant des travailleurs à bas prix
(«les travailleurs pauvres»). De plus, comme l’a souligné le président
du Comité européen des Droits sociaux (CEDS) à la Conférence du
Conseil de l’Europe sur l’élimination de la pauvreté le 17 octobre
2012, la baisse des revenus issus du travail et des prestations
sociales – due à la crise économique et aux programmes d’austérité
– pénalise des familles entières en réduisant leur accès aux services
publics essentiels, en contribuant à la pauvreté des enfants et
en les exposant au risque de perdre leur logement.4.4. Concurrence équitable: «emplois plus nombreux et de meilleure qualité» contre protectionnisme
 . En effet, en raison de taux plus
élevés d’anxiété, de dépression, de sentiment de désespoir et de
baisse de l’estime de soi, le risque de mortalité par suicide des
chômeurs est deux à trois fois plus élevé que celui des personnes
occupant un emploi. Par ailleurs, la détresse psychologique au travail,
le harcèlement moral et physique sur le lieu de travail et la pression
productiviste contribuent également à une augmentation des suicides,
des blessures, des dépressions et à une détérioration de la santé
en général
. En effet, en raison de taux plus
élevés d’anxiété, de dépression, de sentiment de désespoir et de
baisse de l’estime de soi, le risque de mortalité par suicide des
chômeurs est deux à trois fois plus élevé que celui des personnes
occupant un emploi. Par ailleurs, la détresse psychologique au travail,
le harcèlement moral et physique sur le lieu de travail et la pression
productiviste contribuent également à une augmentation des suicides,
des blessures, des dépressions et à une détérioration de la santé
en général  .
. . Les troubles sociaux sont également
en pleine recrudescence dans la plupart des pays par rapport à la
période d’avant la crise: le risque étant plus marqué au sein des
pays de l’Union européenne (passant de 34 % en 2006-2007 à 46 %
en 2011-2012 parmi les 71 économies pour lesquelles nous disposons
de données pertinentes)
. Les troubles sociaux sont également
en pleine recrudescence dans la plupart des pays par rapport à la
période d’avant la crise: le risque étant plus marqué au sein des
pays de l’Union européenne (passant de 34 % en 2006-2007 à 46 %
en 2011-2012 parmi les 71 économies pour lesquelles nous disposons
de données pertinentes)  .
. .
. .
Dans le cas de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne
d’une part et la Colombie et le Pérou d’autre part (en vigueur depuis
août 2013), certaines clauses font explicitement référence aux droits
humains et aux normes du travail. Ainsi, l’article 269 de l’accord
stipule que les parties réaffirment leur engagement «à promouvoir
le développement du commerce international d’une manière qui contribue
à l’emploi productif et au travail décent pour tous»
.
Dans le cas de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne
d’une part et la Colombie et le Pérou d’autre part (en vigueur depuis
août 2013), certaines clauses font explicitement référence aux droits
humains et aux normes du travail. Ainsi, l’article 269 de l’accord
stipule que les parties réaffirment leur engagement «à promouvoir
le développement du commerce international d’une manière qui contribue
à l’emploi productif et au travail décent pour tous»  .
. . Compte tenu du consensus général
croissant à cet égard, les responsabilités sociales des entreprises doivent
être précisées et renforcées, et s’accompagner d’un encadrement
approprié de la part des Etats et des autorités européennes. A cet
égard les lignes directrices de l’OCDE pour les entreprises multinationales
offrent un bon cadre, dans lequel les attentes de la communauté
internationale envers les entreprises multinationales sont assez
bien détaillées.
. Compte tenu du consensus général
croissant à cet égard, les responsabilités sociales des entreprises doivent
être précisées et renforcées, et s’accompagner d’un encadrement
approprié de la part des Etats et des autorités européennes. A cet
égard les lignes directrices de l’OCDE pour les entreprises multinationales
offrent un bon cadre, dans lequel les attentes de la communauté
internationale envers les entreprises multinationales sont assez
bien détaillées.4.5. Mise en œuvre des normes sociales européennes pour ancrer la notion de travail décent et lutter contre le dumping social
 et
éviterait que des messages contradictoires ne soient envoyés aux
Etats membres sur l’harmonisation de la législation nationale avec
les normes sociales et la jurisprudence européennes
 et
éviterait que des messages contradictoires ne soient envoyés aux
Etats membres sur l’harmonisation de la législation nationale avec
les normes sociales et la jurisprudence européennes  .
. .
. , des mesures
d’incitation visant à augmenter le taux d’activité et la durée de
la vie professionnelle, ainsi que des accords de flexibilité du
temps de travail, des garanties juridiques entourant le principe
«à travail égal, salaire égal» et des obligations imposées aux employeurs
en matière de formation ou de reconversion des salariés. Certains
pays ont également instauré des mécanismes de soutien ciblé en versant
un complément pour les bas salaires payés dans le secteur privé
ou en prévoyant des allègements fiscaux pour les cotisations patronales
et la création d’emplois pour les catégories sociales les plus défavorisées
(en matière d’emploi) comme les jeunes et les handicapés. Il est
essentiel que ce soutien ciblé soit clairement lié aux obligations pour
l’employeur de fournir, préserver et améliorer des perspectives
et des conditions d’emploi à long terme de façon que les objectifs
sociaux soient pleinement atteints, plutôt que de simplement accroître
les bénéfices des sociétés privées qui refusent de payer des salaires
décents
, des mesures
d’incitation visant à augmenter le taux d’activité et la durée de
la vie professionnelle, ainsi que des accords de flexibilité du
temps de travail, des garanties juridiques entourant le principe
«à travail égal, salaire égal» et des obligations imposées aux employeurs
en matière de formation ou de reconversion des salariés. Certains
pays ont également instauré des mécanismes de soutien ciblé en versant
un complément pour les bas salaires payés dans le secteur privé
ou en prévoyant des allègements fiscaux pour les cotisations patronales
et la création d’emplois pour les catégories sociales les plus défavorisées
(en matière d’emploi) comme les jeunes et les handicapés. Il est
essentiel que ce soutien ciblé soit clairement lié aux obligations pour
l’employeur de fournir, préserver et améliorer des perspectives
et des conditions d’emploi à long terme de façon que les objectifs
sociaux soient pleinement atteints, plutôt que de simplement accroître
les bénéfices des sociétés privées qui refusent de payer des salaires
décents .
Cette nouvelle norme internationale associe plus étroitement les
politiques sociales et de l’emploi; elle vise à garantir l’accès
à des soins de santé essentiels et une sécurité minimale de revenu
(via les transferts monétaires, les services publics ou l’aide au
logement) afin d’empêcher ou de réduire la pauvreté, la vulnérabilité
et l’exclusion sociale. Elle est destinée explicitement aux personnes
travaillant dans l’économie informelle ainsi que dans l’économie
formelle, qui devraient tous bénéficier de la sécurité sociale. Dans
le même temps, elle œuvre pour la croissance de l’emploi formel
et la réduction de l’informalité. Le Comité de la protection sociale
de l’Union européenne a inclus les socles de protection sociale
dans son programme de travail pour des actions intra-européennes
et extérieures.
.
Cette nouvelle norme internationale associe plus étroitement les
politiques sociales et de l’emploi; elle vise à garantir l’accès
à des soins de santé essentiels et une sécurité minimale de revenu
(via les transferts monétaires, les services publics ou l’aide au
logement) afin d’empêcher ou de réduire la pauvreté, la vulnérabilité
et l’exclusion sociale. Elle est destinée explicitement aux personnes
travaillant dans l’économie informelle ainsi que dans l’économie
formelle, qui devraient tous bénéficier de la sécurité sociale. Dans
le même temps, elle œuvre pour la croissance de l’emploi formel
et la réduction de l’informalité. Le Comité de la protection sociale
de l’Union européenne a inclus les socles de protection sociale
dans son programme de travail pour des actions intra-européennes
et extérieures.4.6. Incidence de la dérégulation sur le travail et la protection sociale: la flexicurité est-elle une réponse?
 . Si la flexicurité
doit rester une stratégie valable, il est urgent de rétablir cet
équilibre dans de nombreux pays européens aux prises avec le chômage,
la pauvreté et les budgets d’austérité.
. Si la flexicurité
doit rester une stratégie valable, il est urgent de rétablir cet
équilibre dans de nombreux pays européens aux prises avec le chômage,
la pauvreté et les budgets d’austérité. avec
la dérégulation, la discipline budgétaire et une vaste réforme de
l’Etat-providence, fournit des indications intéressantes pour d’autres
pays européens. D’un pays en stagnation basé sur les prestations
sociales dans les années 1990, la Suède s’est transformée en une économie
dynamique présentant des inégalités encore faibles, même si elles
ont rapidement augmenté ces dernières années. Le facteur clé de
ce succès a été un dialogue social très développé entre les syndicats
et les employeurs pour négocier des salaires minimum différenciés
dans divers secteurs et une redistribution optimisée par l’Etat
en vertu de laquelle des charges plus faibles (en particulier pour
les emplois peu qualifiés) et des prestations sociales moins généreuses
incitent tout le monde à travailler. Une catégorie de bas salaires pour
les emplois peu qualifiés est atténuée par des services publics
solides et particulièrement efficaces qui apportent un soutien financier
à la protection sociale des enfants, l’éducation, la formation et
la recherche d’emploi, parmi tant d’autres. Enfin, les prestations
du régime national de retraites ont été indexées sur la croissance
économique du pays et donc sur les recettes budgétaires.
 avec
la dérégulation, la discipline budgétaire et une vaste réforme de
l’Etat-providence, fournit des indications intéressantes pour d’autres
pays européens. D’un pays en stagnation basé sur les prestations
sociales dans les années 1990, la Suède s’est transformée en une économie
dynamique présentant des inégalités encore faibles, même si elles
ont rapidement augmenté ces dernières années. Le facteur clé de
ce succès a été un dialogue social très développé entre les syndicats
et les employeurs pour négocier des salaires minimum différenciés
dans divers secteurs et une redistribution optimisée par l’Etat
en vertu de laquelle des charges plus faibles (en particulier pour
les emplois peu qualifiés) et des prestations sociales moins généreuses
incitent tout le monde à travailler. Une catégorie de bas salaires pour
les emplois peu qualifiés est atténuée par des services publics
solides et particulièrement efficaces qui apportent un soutien financier
à la protection sociale des enfants, l’éducation, la formation et
la recherche d’emploi, parmi tant d’autres. Enfin, les prestations
du régime national de retraites ont été indexées sur la croissance
économique du pays et donc sur les recettes budgétaires.5. Nécessité d’une meilleure reconnaissance du capital social et d’une approche intégrée du travail décent et du développement
6. Remarques de conclusion sur les stratégies pour l’avenir
Annexe – Sélection de conclusions de non-conformité (2011) avec la Charte sociale européenne (révisée) (par le Comité européen des Droits sociaux)
(open)Concernant la Charte sociale européenne révisée 1996:
Albanie
Article 7.1: La définition des travaux légers autorisés par la loi n’est pas suffisamment précise, en ce qu’il manque une définition des types de travaux susceptibles d’être considérés comme tels ou une liste de ceux qui ne le sont pas.
Article 8.2: La réintégration n’est pas la règle dans les cas de licenciements motivés par une grossesse.
Arménie
Article 7.3: La durée journalière et hebdomadaire du travail pour les enfants soumis à l’instruction obligatoire est excessive.
(Autoriser des enfants à travailler le matin avant l’école est en principe contraire à l’article 7.3. Autoriser des enfants âgés de 15 ans, encore soumis à la scolarité obligatoire, à livrer des journaux le matin avant d’aller à l’école, à partir de 6 heures, et ce jusqu’à deux heures par jour, cinq jours par semaine, n’est pas conforme à la Charte. L’article 140 du code du travail fixe une durée de travail plus courte pour les jeunes âgés de 14 à 16 ans, à savoir 24 heures maximum par semaine. Le repos quotidien ne peut être, pour les jeunes de 14 à 16 ans, inférieur à 14 heures, ce qui signifie qu’ils peuvent travailler jusqu’à 10 heures par jour. Le Comité renvoie au cadre juridique minimal que constitue la directive 94/33/CE du 22 juin 1994 du Conseil de l’Union européenne relative à la protection des jeunes au travail, qui dispose que le temps de travail des enfants doit être limité à deux heures par jour d’enseignement et à 12 heures par semaine pour les travaux effectués durant la période scolaire et en dehors des heures d’enseignement scolaire, dans la mesure où les législations et/ou pratiques nationales ne l’interdisent pas, et qu’en aucun cas le temps journalier de travail ne peut excéder sept heures. Par conséquent la durée de travail journalière et hebdomadaire admise pour les enfants encore soumis à l’obligation de scolarité est excessive et, partant, non conforme à l’article 7.3 de la Charte.)
Article 7.7: Les jeunes travailleurs peuvent renoncer aux vacances annuelles contre une compensation financière.
Article 27.3: La législation ne prévoit pas de possibilités de réintégration pour les travailleurs illégalement licenciés en raison de leurs responsabilités familiales.
Azerbaïdjan
Article 8.1: Les périodes de chômage ne sont pas comptabilisées dans le calcul du temps de travail nécessaire pour bénéficier des prestations de maternité.
Bosnie-Herzégovine
Article 7.4: Une durée de travail de 40 heures par semaine pour des jeunes de moins de 16 ans est excessive.
(D’après le Comité, au regard de l’article 7.4, la législation interne doit limiter la durée de travail des jeunes de moins de 18 ans qui ne sont plus soumis à l’instruction obligatoire. Cette limitation peut découler de la législation, de règlementations, de contrats ou de la pratique. Pour les moins de 16 ans, une limite fixée à 8 heures par jour ou 40 heures par semaine est contraire à la présente disposition. En revanche, pour les plus de 16 ans, elle ne l’est pas. L’article 29 du code du travail de la Fédération de Bosnie-Herzégovine, l’article 40.1 du code du travail de la Republika Srpska et l’article 22 du code du travail du District de Brcko fixent à 40 heures la durée hebdomadaire du travail. Cette disposition s’applique à tous les salariés et la législation en vigueur ne prévoit pas de durée plus courte pour les jeunes.)
Article 7.6: La législation ne considère pas le temps consacré à la formation professionnelle avec le consentement de l’employeur comme du temps de travail.
Bulgarie
Article 8.2: L’exception à l’interdiction de licencier une femme enceinte, en cas de délocalisation de l’entreprise pour laquelle elle travaille si elle décide de ne pas la suivre, est contraire à la Charte.
Article 8.5: Les femmes ayant récemment accouché et qui n’allaitent pas ne bénéficient pas de la possibilité d’un aménagement de leurs conditions de travail ou d’une réaffectation temporaire à un poste approprié.
Chypre
Article 19.6: Pour les travailleurs étrangers souhaitant faire venir leurs proches, l’obligation d’avoir résidé légalement pendant aux moins deux ans à Chypre est excessive.
(Les Etats peuvent imposer une certaine durée de résidence aux travailleurs migrants avant que leur famille les rejoigne, une période d’un an étant acceptable au regard de la Charte.)
Estonie
Article 19.6: La condition d’une durée de résidence de deux ans imposée aux travailleurs migrants qui ne sont pas ressortissants d’un Etat membre de l’Union européenne ou d’un Etat appartenant à l’Espace économique européen, est excessive.
(Les Etats peuvent imposer une certaine durée de résidence aux travailleurs migrants avant que leur famille les rejoindre, une période d’un an étant acceptable au regard de la Charte.)
Finlande
Article 8.2: La législation ne prévoit pas la réintégration des femmes licenciées illégalement durant la grossesse ou le congé de maternité.
Article 27.3: La législation ne prévoit pas de possibilités de réintégration pour les travailleurs illégalement licenciés en raison de leurs responsabilités familiales.
France
Article 7.2: La législation ne prévoit pas une interdiction absolue du travail avant 18 ans pour des activités dangereuses en dehors du cadre de la formation professionnelle ou si une telle formation n’a pas eu lieu au préalable.
Article 8.3: Les femmes employées dans la fonction publique n’ont pas droit à des pauses d’allaitement.
Article 19.6: La condition établissant que le ressortissant étranger qui souhaite être rejoint par sa famille proche doit séjourner régulièrement en France depuis dix-huit mois est excessive.
(Les Etats peuvent imposer une certaine durée de résidence aux travailleurs migrants avant que leur famille les rejoigne, une période d’un an étant acceptable au regard de la Charte.)
Irlande
Article 27.1: Les périodes de congé parental ne sont pas prises en compte dans le calcul de la pension.
Italie
Article 7.4: Une durée de travail de 40 heures par semaine pour des jeunes travailleurs âgés de 15 ans (durée permise par le Décret-législatif nº 345 du 4 août 1999) est excessive.
(Au regard de l’article 7.4, la législation interne doit limiter la durée de travail des jeunes de moins de 18 ans qui ne sont plus soumis à l’instruction obligatoire. Cette limitation peut découler de la législation, de règlementations, de contrats ou de la pratique. Pour les moins de 16 ans, une limite fixée à 8 heures par jour ou 40 heures par semaine est contraire à la présente disposition. En revanche, pour les plus de 16 ans, elle ne l’est pas.)
Article 8.3: Les employées de maison et les travailleuses à domicile n’ont pas droit à des pauses rémunérées pour allaiter leur enfant.
Pays-Bas
Article 19.8: Les membres de la famille d’un travailleur migrant qui se sont installés aux Pays-Bas à la suite d’un regroupement familial peuvent être expulsés (s’ils ne bénéficient pas d’un droit de résidence propre, ce qui n’est possible qu’après un séjour de trois ans selon la législation néerlandaise) lorsque ledit travailleur migrant fait l’objet d’une telle mesure.
(D’après le Comité, les membres de la famille du travailleur migrant qui ont rejoint celui-ci dans le cadre d’un regroupement familial ne peuvent être expulsés à titre de corollaire de l’expulsion dudit travailleur, car ils jouissent d’un droit de séjour sur ce territoire qui leur est propre.)
Norvège
Article 7.6: Les jeunes travailleurs n’ont pas droit à ce que leur temps de formation professionnelle soit rémunéré comme des heures de travail.
Portugal
Article 7.3: La durée journalière et hebdomadaire du travail pour les enfants soumis à l’instruction obligatoire est excessive.
(D’après la législation portugaise: entre 7 et 12 ans, 3 heures par jour et 9 heures par semaine, avec possibilité de relever ces deux plafonds de 3 heures si l’activité supplémentaire a lieu un jour où l’intéressé n’a pas classe; et entre 12 et 16 ans, 4 heures par jour et 12 heures par semaine, avec possibilité de relever ces deux plafonds de 3 heures si l’activité supplémentaire a lieu un jour où l’intéressé n’a pas classe. Référence est faite comme un cadre minimal à la directive 94/33/CE du 22 juin 1994 sur la protection des jeunes au travail qui établit que le temps de travail des enfants doit être limité à 2 heures sur une journée d’école et 12 heures par semaine pour travaux effectués durant la période de temps en dehors des heures fixées pour la fréquentation scolaire, à condition que ce ne soit pas interdit par la législation nationale et/ou la pratique et que dans aucun cas, la durée quotidienne du travail n’excède sept heures. Il estime que pour les enfants âgés entre 7 et 16 ans, la durée journalière de travail est excessive et pour les enfants âgés de 12 à 16 ans, le nombre d’heures de travail hebdomadaires est excessif.)
République slovaque
Article 7.3: La définition des travaux légers autorisés par la loi n’est pas suffisamment précise.
Article 8.2: Les femmes peuvent faire l’objet d’une mesure de licenciement durant leur grossesse ou leur congé de maternité en cas de délocalisation des activités de l’entreprise qui les emploie.
Slovénie
Article 8.3: Les pauses d’allaitement ne sont pas rémunérées.
Suède
Article 7.9: La loi ne garantit pas un examen médical régulier de tous les jeunes travailleurs.
(En application de l’article 7.9, le droit interne doit prévoir un suivi médical régulier pour les travailleurs de moins de 18 ans employés à certaines occupations définies par la législation ou la réglementation nationales. Ce suivi doit être adapté à la situation spécifique des jeunes travailleurs et aux risques particuliers auxquels ils sont exposés.)
Turquie
Article 7.2: L’âge minimum d’admission à l’emploi pour certaines des occupations considérées comme dangereuses ou insalubres est inférieur à 18 ans.
Article 7.4: La durée de travail des enfants âgés de 15 ans ou moins est manifestement excessive.
(La loi nº 4857 sur le travail prévoit que les enfants de moins de 15 ans qui ont terminé leur scolarité primaire obligatoire et ne vont plus à l’école peuvent travailler à raison d’un maximum de 7 heures par jour et 35 heures par semaine. Ces limites peuvent être portées à 8 heures par jour et 40 heures par semaine pour les enfants âgés de 15 ans révolus. La durée de travail doit être assortie de modalités d’application qui garantissent aux enfants et aux jeunes qui travaillent une période minimale de repos de 14 heures consécutives par tranche de 24 heures. En période scolaire, les enfants qui vont à l’école peuvent travailler jusqu'à deux heures par jour et 10 heures par semaine. Une pause de 30 minutes est accordée lorsque la plage de travail est longue de 2 à 4 heures; elle passe à 60 minutes lorsque la durée du travail est comprise entre 4 heures et 7 heures 30.)
Article 8.2: Toutes les salariées n’ont pas droit à la réintégration en cas de licenciement illégal durant la grossesse ou le congé de maternité.
(D’après la loi nº 4857 sur le travail, en cas de licenciement illégal, les salariées titulaires d’un contrat à durée indéterminée qui ont travaillé moins de six mois dans la même entreprise, celles titulaires d’un contrat à durée indéterminée travaillant dans une entreprise de moins de 30 salariées et celles sous contrat à durée déterminée n’ont pas droit à la réintégration.)
Article 8.5: Les femmes enceintes, celles qui viennent d’accoucher et celles qui allaitent ne se voient accorder un congé sans solde que lorsque, la poursuite de leur activité habituelle s’avérant dangereuse dans leur état, elles ne peuvent être transférées sur un autre poste.
(Le Comité souligne que si la réaffectation des femmes enceintes ou allaitantes s’avère impossible, elles doivent avoir droit à un congé rémunéré.)
Article 27.2: La loi ne donne pas aux pères le droit à un congé parental d’éducation.
Ukraine
Article 7.1: La définition que donne des travaux légers la législation interne n’est pas suffisamment précise, car il manque une définition des types de travaux susceptibles d’être considérés comme tels ou une liste de ceux qui ne le sont pas.
Concernant la Charte Sociale Européenne de 1961:
Autriche
Article 19.6: L’exclusion du calcul des revenus du travailleur des prestations d’assistance sociale est de nature à faire obstacle au regroupement familial au lieu de le faciliter.
(Pour ce qui est de l’assistance sociale, le Comité considère que les travailleurs migrants disposant de revenus suffisants pour assurer la subsistance des membres de leur famille ne peuvent pas être privés du droit au regroupement familial en raison de l’origine de ces revenus, dès lors que cette origine ne revêt pas un caractère illégal ou contraire aux bonnes mœurs et que les aides consenties sont de droit.)
Croatie
Article 7.4: La durée de travail des jeunes âgés de 15 ans est excessive.
(Aux termes de l’ordonnance sur les services de médiation en matière d’emploi de 2009, les jeunes de plus de 15 ans ne peuvent travailler plus de 7 heures par jour ou 35 heures par semaine. A titre exceptionnel, la durée de travail peut être portée à 8 heures par jour ou 40 heures par semaine. Le Comité estime que cette limitation est suffisante pour les travailleurs âgés de plus de 16 ans, mais ne l’est pas pour les jeunes de moins de 16 ans.)
Article 8.3: Les pauses d’allaitement ne sont pas rémunérées comme des heures de travail normales, et le montant des prestations servies en lieu et place peuvent entraîner une perte de salaire.
République tchèque
Article 8.2: L’exception à l’interdiction de licencier un salarié durant le congé de maternité (en cas de délocalisation de tout ou partie des activités de l’entreprise) est contraire à la Charte.
Allemagne
Article 19.8: Les travailleurs migrants et les membres de leur famille (non nationaux de l’Union européenne) peuvent être expulsés pour avoir eu recours à l’assistance sociale, pour absence de domicile fixe ou pour toxicomanie.
Grèce
Article 8.1: Les périodes de chômage ne sont pas prises en considération pour le calcul de la durée du temps de travail requise pour bénéficier des prestations de maternité.
Article 19.5: Les travailleurs migrants ressortissants des Etats Parties à la Charte sociale ne bénéficient pas tous de l’exonération fiscale pour l’acquisition d’une première résidence familiale.
Article 19.6: L’exigence de deux années de résidence en Grèce imposée aux travailleurs migrants pour pouvoir exercer les droits au regroupement familial est excessive.
Article 19.8: Un travailleur migrant peut être considéré comme une menace à l’ordre ou à la sécurité publique et expulsé du pays lorsqu’il est poursuivi pour une infraction passible d’une peine d’emprisonnement d’au moins trois mois.
Luxembourg
Article 19.4: Certaines catégories de travailleurs (selon la durée du séjour au Luxembourg) ne peuvent pas être élues aux comités d'entreprise.
Espagne
Article 8.3: Les employées de maison n’ont pas droit à des pauses pour allaiter leur enfant.
Royaume-Uni
Article 19.8: Les membres de la famille d’un travailleur migrant, ressortissants d’une Partie contractante qui n’est pas membre de l’Union européenne ou Partie à l’EEE, ainsi que les enfants d’un travailleur migrant qui sont eux-mêmes ressortissants d’Etats membres de l’Union européenne ou parties à l’EEE mais ont moins de 17 ans, peuvent être expulsés à la suite de l’expulsion du travailleur migrant.
