1. Introduction:
la mission de la Banque de développement du Conseil de l’Europe
et ses liens avec le Conseil de l’Europe
1. Ces dernières années et depuis le dernier rapport
de l’Assemblée parlementaire sur la Banque de développement du Conseil
de l’Europe (ci-après «la CEB» ou «la Banque»), en 2010, le paysage
socio-économique en Europe s’est radicalement transformé sous l’effet
de la crise financière et économique. De nombreux pays s’évertuent
à rétablir leurs niveaux de croissance et de vie, tandis que la
précarité sociale s’étend. En ces temps difficiles, les banques
de développement multilatérales sont des acteurs majeurs pour soutenir
la solidarité dans les différents pays et entre eux et pour s’engager
là où le secteur privé ne s’aventurerait pas seul.
2. Etant donné sa vocation sociale singulière, la CEB a un rôle
spécial à jouer pour atténuer la crise sociale provoquée par la
crise économique et les mesures d’austérité. Dans le même temps,
les contraintes extérieures et l’évolution de la situation économique
mettent les institutions de développement au défi de travailler
différemment et de «faire plus avec moins». La Banque de développement
du Conseil de l’Europe est peut-être encore davantage confrontée
à cette difficulté que les autres institutions similaires en Europe étant
donné que deux des trois agences de notation ont abaissé sa note
de AAA à AA+ en 2012 à la suite de la baisse des notations de nombre
de ses pays membres et de ses emprunteurs.
3. La Banque est un accord partiel du Conseil de l’Europe et
compte actuellement 40 Etats
(huit Etats membres
ayant
jusqu’à présent décidé de ne pas participer à cet accord). Le Kosovo*
y
a adhéré le 4 novembre 2013. L’Assemblée parlementaire suit plus
étroitement les travaux de la Banque depuis le début des années
1990, époque à laquelle la CEB a subi d’importantes transformations
structurelles et intégré rapidement de nombreux nouveaux membres
d’Europe centrale et orientale
.
Plus récemment, le Conseil de l’Europe et la Banque ont tous deux
entrepris de réformer leur fonctionnement, afin de remplir leurs
missions respectives de manière plus pertinente, plus ciblée et
plus efficace.
4. Les pays membres de la Banque peuvent utiliser cette dernière
comme un instrument destiné à soutenir des projets à caractère social,
mais aussi comme un partenaire. Ils ont un intérêt direct à ce que
cette institution dispose de moyens suffisants et réponde à des
objectifs clairs pour remplir sa vocation sociale. Sa relation avec
le Conseil de l’Europe et son engagement envers les objectifs politiques
et sociaux de ce dernier sont une composante essentielle de son
existence et de sa raison d’être. L’orientation stratégique donnée
par les Délégués du Comité des Ministres, qui siègent au Conseil
de direction de la Banque, est donc essentielle pour la réussite
de la CEB. Tout aussi cruciale est la coopération étroite entre
la Banque et d’autres entités du Conseil de l’Europe. A cet égard,
l’Assemblée cherche à faire des propositions pour contribuer à optimiser l’action
de la Banque et à faciliter le débat concernant son avenir.
5. Ce rapport passera en revue les activités menées par la CEB
ces dernières années (2010-2013), examinera les suites données aux
précédentes recommandations de l’Assemblée et évaluera les progrès réalisés
grâce aux stratégies mises en œuvre par la Banque pour s’adapter
à l’évolution de son environnement et pour se renforcer de l’intérieur.
Je tiens à faire part de mes remerciements pour les renseignements
et éléments d’information auxquels j’ai pu avoir accès, en particulier
par l’intermédiaire des documents importants des principales structures
opérationnelles de la Banque
et
lors d’entretiens avec ses divers représentants (le Président et
des membres choisis du Conseil de direction, le Président du Conseil
d’administration, le Gouverneur, les Vice-gouverneurs et plusieurs
directeurs), le Secrétariat de l’Accord partiel de la CEB et d’autres
responsables. En tant que rapporteur de l’Assemblée, j’ai également
assisté à la Réunion commune annuelle de la Banque, qui s’est tenue
à Malte les 14 et 15 juin 2013, et à la réunion du Conseil de direction du
22 novembre 2013, à Paris.
2. Aperçu
des activités de la Banque en 2010-2013 à la lumière de marasme
économique en Europe: nouvelle dynamique de l’activité de prêt,
de la gestion des risques et de la coopération avec les partenaires
6. Depuis le début de la crise financière en Europe,
en 2008-2009, la CEB a vu les turbulences économiques se propager
largement et affecter profondément ses pays membres. Si la tourmente
financière a, dans un premier temps, provoqué une «contraction du
crédit» essentiellement dans les pays d’Europe centrale et orientale,
la situation s’est aussi rapidement détériorée à l’Ouest. Les pays
qui sont les grands actionnaires de la Banque et étaient déterminants
pour le niveau élevé de son profil de qualité de crédit et de risque
ont subi à plusieurs reprises une rétrogradation de leur notation,
ce qui a inévitablement entraîné l’abaissement de la notation de
la CEB, malgré la stabilité de ses résultats et de sa profitabilité
(voir Tableau 1 en annexe).
7. La CEB, tout comme d’autres banques de développement multilatérales,
a été soumise à une pression accrue de la part des agences de notation
internationales, qui ne considèrent plus que le capital appelable
soit de même qualité que le capital versé. Dans le même temps, les
instances de réglementation ont tardé à reconnaître le rôle particulier
de ces banques et la nécessité de prévoir pour elles des dispositions
spécifiques dans les cadres réglementaires. Incidemment, les hauts
dirigeants de plusieurs grandes banques de développement (la Banque
européenne d’investissement, la Banque européenne pour la reconstruction
et le développement, la Banque mondiale et la CEB elle-même) ont
été renouvelés depuis 2012.
8. Alors que les investisseurs internationaux deviennent méfiants
et hésitent à se trouver engagés dans un nombre croissant de pays
européens, les principales agences de notation ont renforcé leurs
critères relatifs à la capitalisation et à l’endettement des institutions
financières soumises à leur analyse. Fort heureusement, l’augmentation
de capital de la Banque est devenue effective fin 2011: ses fonds
sont ainsi passés de 5 milliards à 6,5 milliards d’euros
.
Cette mesure, tout à fait nécessaire pour satisfaire aux règles
prudentielles plus strictes et préserver le niveau des activités
de prêt, en particulier en faveur de pays dans lesquels les incertitudes
et les risques sont plus grands, est intervenue à point nommé.
9. Le montant total des prêts approuvés en 2010 a été de 2,26 milliards d’euros;
en 2011, il a été de 2,1 milliards d’euros, en 2012, de 1,8 milliard d’euros
et en 2013 de 2,27 milliards d’euros. Les fonds décaissés ont été
de 1,78 milliard d’euros en 2010, de 1,85 milliard d’euros en 2011,
de 1,58 milliard d’euros en 2012 et de 1,84 milliard d’euros en
2013. Les volumes de 2013 résultent essentiellement des efforts
de diversification entrepris et de l’intérêt accru des Etats membres
pour la création et le maintien d’emplois. En moyenne, les décaissements
de la CEB ont augmenté de 9 % sur la période 2010-2013 par rapport
à la période couverte par le précédent Plan de développement (2005-2009).
Nous constatons une certaine convergence entre les engagements de
financement pour les projets approuvés et ceux effectivement financés au
titre d’engagements antérieurs courant sur plusieurs années. Etant
donné la conjoncture extérieure difficile, ces quelques dernières
années ont constitué un défi de taille pour la Banque.
10. Le nombre de projets approuvés au cours de la période 2010-2013
a été de 30 en 2010, 34 en 2011, 28 en 2012 et 38 en 2013. En moyenne,
les deux tiers des projets approuvés étaient en faveur des pays
les plus défavorisés, qui constituent le groupe cible
. Ce groupe
de 21 pays (22 depuis l’adhésion du Kosovo en novembre 2013) est
composé de pays non membres de l’Union européenne et de pays récemment
entrés dans l’Union, soit à peu près la moitié des membres de la
CEB. Certains de ces pays ont connu un développement beaucoup plus
rapide que d’autres, ce qui a rendu nécessaire l’établissement de
distinctions claires entre ceux qui s’en sortent le mieux et les
plus défavorisés, de manière à ce que les projets de la Banque génèrent
une plus grande valeur ajoutée.
11. En 2013, parmi les 38 projets approuvés, 27 (représentant
presque la moitié du montant total des prêts approuvés) ont été
en faveur de pays du groupe cible. Ces chiffres révèlent les efforts
constants déployés en faveur de ces pays du groupe cible, dans un
souci d’équilibre entre le volume d’activités et l’exposition au risque.
Globalement, comme le montre le Tableau 3 en annexe, des pays comme
la Croatie, la Pologne, la Roumanie, la Serbie, la Slovaquie et
la Turquie ont été les principaux bénéficiaires parmi les pays du
groupe cible au cours de la période 2010-2013, tandis que la Belgique,
la France et l’Espagne étaient les grands destinataires occidentaux
des fonds de la Banque sur la même période.
12. Pour ce qui est du nombre de pays empruntant activement auprès
de la Banque, il était de 18 en 2010, 16 en 2011, 14 en 2012 – cette
baisse étant due principalement à des contraintes budgétaires au
plan national – et 22 en 2013. Certains pays ont interrompu des
projets déjà en cours: 13 projets (242 millions d’euros) ont été
arrêtés en 2010, 20 (140 millions d’euros) en 2011, 15 (540 millions d’euros)
en 2012 et 18 (668 millions d’euros) en 2013. Il n’y a cependant
pas eu de défaillance sur le remboursement des prêts. Grâce à la
reconfiguration de certains projets en cours (à Chypre notamment)
et au meilleur ciblage des nouveaux, l’activité de projets s’est
intensifiée tout au long de l’année 2013, ce qui s’est traduit par
une augmentation d’environ 27 % des approbations de prêt et de 17 %
pour les décaissements.
13. S’agissant de la répartition sectorielle (voir le Tableau 2 en annexe),
les activités ont porté principalement sur les mesures de cohésion
sociale, en particulier sur la création d’emplois, la modernisation urbaine
et rurale et le logement social. La part des projets dans ce domaine
a augmenté, passant d’environ 50 % en 2010 à 79 % en 2012 et 75 %
en 2013, tandis que les projets relatifs à l’environnement ont diminué, essentiellement
sous l’effet des contraintes budgétaires et parce que les pays concernés
ont utilisé les fonds (aides) de l’Union européenne plutôt que des
prêts de la CEB. L’aide aux infrastructures publiques à vocation sociale
reste un secteur d’activité important, bien que l’intensité des
interventions destinées à soutenir les services publics administratifs
et judiciaires ait considérablement diminué entre 2010 et 2013,
pour les mêmes raisons budgétaires. J’espère que cette tendance
va s’inverser car les investissements dans les infrastructures et
les services de formation relevant de ce domaine sont très précieux
pour les efforts de consolidation de l’Etat de droit dans les pays
membres du Conseil de l’Europe, en particulier dans le cadre du
Fonds fiduciaire pour les droits de l’homme administré par la CEB.
14. Au vu des profondes transformations sociales et démographiques
à l’œuvre dans toute l’Europe, la synergie des interventions de
la CEB et de partenaires internationaux, régionaux et locaux est
de la plus haute importance. La Banque est particulièrement fière
de développer ses interventions dans le cadre du processus dit de
Sarajevo, qui met en œuvre le Programme régional de logement dans
les Balkans occidentaux (qui englobe la Bosnie-Herzégovine, la Croatie,
le Monténégro et la Serbie). Cette initiative jouit d’un fort soutien politique
et financier de la communauté internationale (Commission européenne,
Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), Organisation
pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et Etats-Unis).
D’après les plans, ce cadre, doté de 600 millions d’euros, devrait
bénéficier à près de 74 000 personnes (ou environ 27 000 ménages),
en particulier à des réfugiés et des déplacés internes. Toutefois, plusieurs
pays donateurs européens tardent à honorer leurs promesses.
15. De même, la Banque coopère avec des partenaires institutionnels
pour soutenir l’intégration des communautés Roms (qui comptent environ
12 millions de personnes en Europe). Ces communautés connaissent
des taux de chômage vertigineux, un niveau d’éducation et de soins
de santé insuffisant et de mauvaises conditions de logement. C’est
pourquoi la Banque suit les conseils des experts du Conseil de l’Europe
et participe à l’Alliance des villes et régions pour l’inclusion
des Roms. En 2013, le Gouverneur a également rencontré, au Conseil
de l’Europe, le Représentant spécial du Secrétaire Général pour
les questions relatives aux Roms et les équipes de la Banque participent
régulièrement à des réunions et conférences sur le sujet. Des projets
prioritaires sont financés par une combinaison de prêts et de dons,
avec un cofinancement substantiel de la Commission européenne, de
la Banque mondiale et des agences de l’ONU
et
la contribution de diverses organisations non gouvernementales spécialisées.
16. Alors que la récession faisait des ravages sur les marchés
du travail européens, la CEB a démultiplié ses interventions en
faveur de la création et du maintien d’emplois dans les très petites,
petites et moyennes entreprises. Cette orientation concernait pratiquement
la moitié des projets en 2012-2013 et environ un tiers sur les cinq
dernières années, principalement dans les pays cibles
. Ces projets sont financés essentiellement
au moyen de lignes de crédit accordées à des banques et des sociétés
de crédit-bail locales. De fait, une personne sur dix, soit environ
28 millions de personnes, sont sans emploi dans les pays couverts par
la CEB, et le chômage des jeunes atteint des niveaux records comparé
au reste de la population, notamment en Europe du Sud. Il est donc
particulièrement nécessaire de mettre l’accent sur le développement des
compétences, l’orientation professionnelle et la mobilité chez les
jeunes, mais aussi, selon les cas, pour les personnes handicapées,
les minorités et les personnes déplacées.
17. L’offre de logements décents aux personnes à bas revenus et
aux habitants de régions défavorisées est un aspect essentiel de
la mission de renforcement de la cohésion sociale et de l’amélioration
des conditions de vie qui incombe à la CEB. D’importants programmes
d’investissement pluriannuels de la CEB ont été mis en place en
Belgique et en France pour favoriser la primo-accession à la propriété
de leur logement pour les personnes modestes, la rénovation de logements
et les travaux d’amélioration de l’efficacité énergétique, ainsi que
l’aménagement de logements pour les personnes âgées et les personnes
handicapées. Ces programmes pourraient être répliqués dans tous
les Etats membres car les besoins dans ces domaines sont particulièrement
importants. Il faut néanmoins que les partenaires gouvernementaux
de la Banque trouvent d’abord les moyens de rompre avec l’austérité
pour financer des investissements d’une plus grande urgence sociale.
3. Evolution de la
stratégie
18. Dans le but d’améliorer les performances et la gouvernance
de la Banque afin de satisfaire les attentes accrues exprimées à
son endroit, les Etats membres ont conduit la Revue stratégique
de la CEB. Ses recommandations ont été présentées en octobre 2008.
En 2011, le Président du Conseil de direction a lancé un processus
de consultation pour voir quelles possibilités s’offraient pour
concrétiser les recommandations relatives à la structure de gouvernance
de la CEB (par exemple pour ce qui est des procédures de vote).
19. De plus, le nouveau Gouverneur de la Banque, M. Rolf Wenzel,
a soumis des idées concernant la vision à plus long terme. Dès sa
prise de fonction, il a lancé une vaste discussion sur les défis
internes et externes qui se posent à la CEB, en consultation avec
le Conseil de direction et le Conseil d’administration, qui se sont félicités
de cette initiative et lui ont apporté leur soutien. Ce débat a
débouché sur des améliorations importantes, qui ont renforcé l’orientation
sociale de la Banque (comme l’approche en deux volets ou la réforme
du Compte des dividendes sociaux) et accru l’efficacité et la transparence
de son fonctionnement (par exemple avec l’exercice de classification
des emplois et le nouveau cadre prudentiel). Par ailleurs, en réaction à
la transformation du paysage économique et financier en Europe et
plus particulièrement dans nombre de ses pays membres, le Gouverneur
a lancé, début 2013, une revue du Plan de développement afin de
clarifier les orientations de la Banque et de la doter de nouveaux
outils. Le nouveau Plan de développement 2014-2016 a fait l’objet
de débats approfondis au sein des organes collégiaux et a été approuvé
par le Conseil de direction en novembre 2013. Nous examinerons ces
aspects stratégiques l’un après l’autre.
3.1. Mise en œuvre des
recommandations de la Revue stratégique
20. La Revue stratégique de 2008 de la CEB a proposé
une série de mesures relatives au mandat de la Banque, à ses relations
avec le Conseil de l’Europe, à son cadre financier et opérationnel,
aux relations avec les partenaires extérieurs (institutions financières
et organisations internationales) et, ce qui est peut-être plus important,
à la gouvernance. Dans sa
Recommandation 1937
(2010), l’Assemblée a fermement soutenu ce processus, notamment
pour ce qui était de l’augmentation de capital proposée et des améliorations
à apporter à la gouvernance. Ces dernières concernaient en particulier
la durée du mandat des responsables hors cadre, les fonctions et
responsabilités des vice-gouverneurs, la simplification du système
de vote au sein des organes collégiaux de la Banque et la remontée
de l'information relative aux mécanismes d’évaluation internes.
21. Après de longues et fastidieuses discussions au Conseil de
direction et au Conseil d’administration de la CEB, un certain progrès
a finalement été enregistré. Comme indiqué dans le chapitre précédent,
le capital de la Banque a été augmenté. La procédure de sélection
et de nomination aux postes de vice-gouverneurs a été modifiée pour
s’assurer du professionnalisme nécessaire et établir un équilibre
entre l’efficacité managériale et la nature intergouvernementale
de la Banque. S’agissant des fonctions d’évaluation, un service correspondant
de la Banque a été renommé en conséquence et assure la participation
d’évaluateurs dès les premiers stades de l’évaluation des nouvelles
demandes de prêt. La présentation de l'information par des évaluateurs
à l’attention du Gouverneur et des organes de la Banque a été harmonisé
avec les meilleures pratiques internationales (ainsi, les documents
de prêt comportent-ils désormais une section consacrée aux «leçons
tirées» de l’évaluation). De plus, le nombre de mandats des responsables
hors cadre nouvellement nommés (gouverneur et vice-gouverneurs)
est désormais limité à deux.
22. Par contre, les consultations sur l’ajustement du système
de vote n’ont pas encore abouti. La question tourne essentiellement
autour de propositions soutenues par plusieurs petits et moyens
pays, dont le but est de revoir les règles statutaires relatives
aux majorités requises lors des votes, par exemple pour l’élection
des présidents des organes collégiaux de la Banque ou la prise de
décisions importantes relatives au capital. De même, la situation
au Conseil de direction est toujours dans l’impasse en ce qui concerne
la rationalisation du modèle de gouvernance de la Banque. En dépit
de ces difficultés, les Etats membres se sont montrés unis lors de
l’adoption du nouveau plan de développement de la CEB.
3.2. Plans de développement
pour 2010-2014 / 2014-2016 et propositions de réformes faites par le
Gouverneur
23. Lors de la mise en place de son Plan de développement
pour 2010-2014, la Banque ne doutait pas que l’Europe se remettait
lentement de la crise, même si la persistance d’un chômage élevé
et de besoins sociaux importants était anticipée. Trois tendances
de fond se sont poursuivies dans tous les Etats membres: le vieillissement
de la population, la hausse des prix de l’énergie et l’accroissement
des besoins financiers des collectivités locales. Dans ce contexte,
il a été demandé à la Banque de renforcer encore son soutien aux
pays «prioritaires» (c’est-à-dire les pays du groupe cible). La
part des prêts à ces pays atteignait 61 % de l’encours total des
prêts fin 2012, mais les volumes annuels de prêt ont fléchi, en
grande partie du fait de la baisse de la demande des Etats membres.
Les banques similaires, comme la Banque européenne d’investissement
(BEI), connaissent le même problème.
24. La situation économique continuant de se dégrader, la CEB
a été contrainte de revoir ses objectifs quantitatifs et de veiller
avec une plus grande attention à équilibrer les risques dans son
portefeuille. Une revue du cadre prudentiel et du système de contrôle
interne de la CEB, effectuée par la Banque de France, a aussi préconisé
des ajustements dans ce sens.
25. Lors des discussions sur le nouveau plan de développement
de la Banque pour les trois prochaines années, il était clair que
des changements stratégiques majeurs s’imposaient car une partie
des hypothèses antérieures n’étant plus valides, les grandes orientations
politiques précédentes n’étaient pas toutes pertinentes et les anciens
objectifs opérationnels n’étaient plus réalistes. Les gouvernements
nationaux se concentrent aujourd’hui sur la restructuration macroéconomique,
le refinancement de la dette et les «gains» d’efficacité, au détriment
de nouveaux investissements. Même la capacité d’absorption des fonds
structurels et de cohésion dans les pays de l’Union européenne a
diminué (elle est de 54 % en moyenne, mais est même tombée à 26 %
en Roumanie et à environ 40 % en Bulgarie, en Italie et à Malte).
Les projets en faveur de l’emploi resteront de la plus grande importance
pour la pertinence de la Banque.
26. Le Plan de développement de la CEB pour les trois prochaines
années insiste sur les orientations stratégiques suivantes:
- la valeur ajoutée accrue des
prêts et projets en faveur de l’investissement social;
- le soutien aux pays membres concernés pour l’absorption
des fonds de l’Union européenne, en particulier dans le secteur
social;
- une plus grande flexibilité des prêts et un financement
davantage orienté sur les besoins des clients;
- un soutien renforcé à la création et au maintien d’emplois,
en particulier dans les petites et moyennes entreprises et les start-up;
- le développement de nouveaux modes de financement pour
renforcer la cohésion sociale.
27. Pour faire en sorte que ses interventions génèrent une valeur
ajoutée plus importante, la Banque fournira une assistance technique
supplémentaire et un suivi de projet renforcé pour les pays présentant
un «indice pays» élevé (selon «l’approche en deux volets») au moyen
de dons. Elle pourrait aussi participer au financement d’un projet
au-delà du plafond actuel de 50 % et soutenir jusqu’à hauteur de
90 % les projets dont les effets sociaux les plus importants sont
attendus. Lorsqu’un cofinancement par l’Union européenne est envisagé,
la CEB pourrait porter une attention particulière aux besoins des
pays candidats à l’adhésion et de ceux qui sont couverts par la
politique de voisinage (sept Etats membres de la CEB sont concernés).
28. Le Plan de développement pour 2014-2016 est basé sur les propositions
de réformes faites par le Gouverneur lorsqu’il a pris ses fonctions,
en décembre 2011, afin de «Relever les défis». A ce titre, il a introduit les
nouveautés suivantes:
- une approche
en deux volets a été développée et est entrée en vigueur en 2013,
pour améliorer la sélection des projets en fonction de leur valeur
ajoutée sociale potentielle. Cette nouvelle méthode permet à la
Banque de pondérer l’intérêt de chaque nouveau projet sur la base
du classement des pays et d’une
note de projet attribuée à l’issue d’une analyse plus approfondie
relative à sa dimension sociale. Pour tous les projets financés
par la Banque, cette méthode prend systématiquement en compte, parmi
d’autres éléments, le contexte sectoriel, l’impact social ainsi
que les modalités institutionnelles et la viabilité, l’accent étant
mis sur la production des résultats économiques et sociaux attendus;
- une fonction d’évaluation renforcée au sein de la Banque;
- une présentation plus transparente et explicite des documents
de prêt;
- la réforme du Compte des dividendes sociaux (précédemment
«Compte fiduciaire sélectif»), qui permet à la Banque, depuis mars
2013, de diversifier l’utilisation qu’elle fait des dons et de prendre
des initiatives précieuses en marge des projets.
29. Une étape importante sera la tentative de lancer un mode de
financement novateur (prêts programmes) d’organismes publics sous-financés
qui sont essentiels au maintien de services publics viables, ce
qui implique de mettre des ressources à disposition non seulement
pour le financement d’investissements, mais aussi, à titre exceptionnel,
pour couvrir les dépenses de fonctionnement en cas de déficit effectif
ou anticipé. Ce type d’interventions permettra de soutenir la viabilité
des réformes structurelles et la continuité de grands projets dans
une situation économique difficile. De plus, il est prévu de développer
la coopération avec le secteur privé (par exemple avec des partenariats
public–privé) et des mécanismes de partage des risques (principalement en
faveur du microcrédit et d’une amélioration de l’accès des groupes
vulnérables aux financements).
30. Sur le plan financier, la priorité donnée aux pays cibles
sera maintenue. En fait, en termes de répartition géographique,
la CEB s’efforce de maintenir un rapport de 60/40 pour les décaissements
entre les pays du groupe cible et les autres, à la condition que
sa solidité financière soit préservée. Les approbations de prêt devraient
revenir au niveau de 2010-2011 (c’est-à-dire entre 1,9 milliard
et 2,3 milliards euros) et les décaissements devraient se stabiliser
autour de 1,8 milliard d’euros, comme en 2013. La «Politique de
prêt et de financement de projets» de la Banque a été révisée en
conséquence en novembre 2013, avec une gestion des risques qui reste
prudente et un cadre réglementaire ajusté en fonction de l’évolution
des critères réglementaires (Bâle III et IFRS
). Divers tests de résistance ont
été effectués; ils justifient le bien-fondé de ce nouveau cadre,
à la condition que la situation économique ne se détériore pas de
manière significative.
3.3. Vision à long terme
et propositions du Gouverneur
31. Dans un environnement très instable, les plans de
développement de la Banque portent, à juste titre, sur des périodes
plus courtes qu’auparavant. Toutefois, la mission du Gouverneur
est aussi de développer une vision à long terme pour l’avenir. Cette
vision était exposée dans le projet électoral de l’actuel Gouverneur
(en 2011) et reste une référence clé pour l’orientation du développement
de la Banque.
32. Sa déclaration programmatique, intitulée «Pour une banque
plus forte», réaffirme la mission consistant à «contribuer à une
Europe de la cohésion sociale et du développement durable au XXIe siècle».
Elle insiste sur les ajustements continus de la gouvernance, nécessaire
pour exploiter au mieux les avantages comparatifs de la Banque.
L’atout le plus important de la CEB est, de loin, son lien étroit
avec le Conseil de l’Europe, qui apparaît d’ailleurs dans le nom
de la Banque. C’est ce qui distingue la CEB d’autres banques de développement
et c’est aussi ce qui devrait continuer à alimenter la complémentarité
de l’action des deux institutions. Il convient de poursuivre les
efforts pour convaincre les pays qui n’en sont pas membres d’adhérer à
cet accord partiel.
33. La principale difficulté est et restera de rendre faisable
un ciblage social plus précis des projets, en insistant sur la qualité
des projets, la combinaison de dons et de prêts, ainsi que sur la
bonne gestion des risques et des incertitudes, ce qui suppose une
coopération renforcée pour la constitution de capacités, à la fois
avec les emprunteurs et les partenaires de financement (comme la
Commission européenne, la BEI et la BERD).
34. La mission de la Banque aurait beaucoup à gagner d’une visibilité
accrue. La CEB doit donc poursuivre dans la lignée des mesures prises
par le passé et continuer à améliorer sa communication (externe
et interne) et ses relations publiques, y compris avec les parlementaires.
Le dialogue avec les pays membres (acteurs gouvernementaux et autres)
est particulièrement important pour ce qui est des échanges d’informations,
des attentes et des ambitions pour l’avenir de la Banque. En bref,
le but est de rendre la Banque «plus utile, plus transparente et
plus efficace pour le bien de toutes les parties prenantes».
35. En tant que rapporteur, j’ai apprécié toute une série de mesures
concrètes prises en ce sens. Elles concernent principalement:
- la restructuration interne (avec
la création de la Direction du Développement du personnel et des Services
internes, composée de la Direction des Ressources humaines, du Service
des Technologies de l’information et des Services généraux et de
sécurité, et celle du nouveau Service de Responsabilité sociale
d’entreprise, le renforcement de l’Unité d’audit interne et le Bureau
du Directeur de la conformité) dont le but est de rationaliser la
Banque, de la rendre plus efficace et de mieux traiter les risques
et les questions de conformité;
- l’attention accrue portée à la coopération européenne
et avec d’autres banques de développement multilatérales et la concentration
des capacités sur cette coopération, avec la création d’un Comité
de coopération européenne inter-directions, présidé par un vice-gouverneur,
et la création de la Direction de la Coopération européenne et de
la Stratégie;
- l’adoption d’un cadre prudentiel révisé (basé sur les
recommandations de la Banque de France, sur les nouvelles règles
de Bâle III relatives aux fonds propres, à l’endettement et à la
liquidité, et sur les nouvelles méthodologies des agences de notation)
et les ajustements effectués dans les plans de développement;
- l’attention croissante prêtée par la Banque et son adaptation
à l’évolution des réglementations susceptibles d’avoir une incidence
sur son modèle économique;
- l’introduction d’une nouvelle approche en deux volets
pour un meilleur ciblage social des nouveaux projets, tout en continuant
à donner la priorité aux pays du groupe cible;
- l’offre de nouveaux services ne relevant pas du crédit;
- la transformation du Compte fiduciaire sélectif en Compte
des dividendes sociaux;
- la signature d’un protocole d’accord avec la BERD;
- la résolution de la question du maintien des fonctions
essentielles du secrétariat de l’accord partiel à Strasbourg;
- l’amélioration du climat social à la Banque;
- le dialogue renforcé avec les actionnaires de la Banque
(par l’intermédiaire du Conseil de direction et du Conseil d’administration),
y compris la discussion sur les défis auxquels est confrontée la
stratégie de la Banque et les visites de projets sur site organisées
pour les membres des organes collégiaux;
- l’attention accrue portée à la communication interne et
externe (bulletin d’information CEB Info et renforcement
du Service de la communication), dans un esprit de transparence
et de responsabilité;
- l’amélioration de l’information sur les projets: la structure
des documents de prêt a été revue; ils comportent maintenant une
synthèse intitulée «Le prêt et sa valeur sociale» et apportent au
Conseil d’administration, qui approuve les projets, des informations
de meilleure qualité et plus transparentes sur la valeur sociale
des projets. Le Secrétaire Général du Conseil de l’Europe continue
d’émettre un avis de recevabilité portant sur la conformité des
projets aux buts politiques et sociaux du Conseil de l’Europe.
Ces
questions, et d’autres qui leur sont liées, font l’objet du chapitre
suivant du présent rapport.
4. Structure et gouvernance:
développements, enjeux et réponses
36. Les temps sont durs et nous ne sommes pas sortis
de la tourmente économique. De nombreux Européens continuent de
lutter pour leur survie et des pays entiers voient leur développement
menacé. Ils ont moins de capacités – lesquelles doivent donc être
stimulées – pour aborder un nouveau cycle de développement, plus
vertueux. La CEB est également mise au défi de changer pour s’adapter
à des circonstances extérieures qui évoluent rapidement. Toutefois,
la réforme des structures et de la gouvernance internes prend du
temps. D’autres progrès seraient possibles s’il y avait plus de
confiance et de consensus au sein des organes suprêmes de la Banque
et entre eux, ainsi qu’avec d’autres organes du Conseil de l’Europe.
37. Comme les discussions que j’ai eues avec des membres du Conseil
de direction pour collecter des informations l’ont montré, la lenteur
des progrès réalisés pour réformer la gouvernance est un sujet de préoccupation.
Après plusieurs années de délibérations, des désaccords subsistent
entre les membres: certains souhaitent un accord global tenant du
«tout ou rien» (comme à l’Organisation mondiale du commerce (OMC)
pour le cycle de Doha, qui n’a produit que des résultats limités
après des années de négociation), tandis que d’autres préféreraient
une approche par étapes. Les discussions sur les «questions de gouvernance
non résolues» devraient en fin de compte aboutir et produire des
résultats basés sur une plus grande confiance entre les membres
du Conseil de direction et leur sens du but commun.
38. A mon avis, pour sortir de l’impasse, il est nécessaire de
porter un regard neuf sur les principales forces de la CEB par rapport
à ses faiblesses, et d’examiner les idées d’avenir qui sont proposées.
Certaines de ces idées devraient être inspirées par le vaste champ
d’action du Conseil de l’Europe. L’Assemblée parlementaire, le Congrès
des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe, ainsi que
leurs membres, pourraient proposer des projets sociaux bancables
pour contribuer à promouvoir les valeurs de l’Organisation sur le terrain.
Pour cela, il faudrait cependant qu’ils aient plus d’informations
et des contacts plus réguliers avec la Banque. Il pourrait y avoir
un stand de la CEB pendant les sessions de l’Assemblée et du Congrès,
qui donnerait des informations sur la Banque, ses méthodes de travail,
les projets en cours et le potentiel d’intervention, notamment dans
les pays prioritaires. Dans ce contexte, il serait utile de préciser
les modalités de représentation extérieure de la CEB et de les aligner
sur celles d’autres institutions financières internationales.
39. Lors de l’analyse du fonctionnement de la Banque, nombre de
mes interlocuteurs ont souligné la lourdeur de sa structure de gouvernance
au regard de sa taille
. Des
organes de décision plus resserrés seraient la garantie d’une plus
grande efficacité dans la prise de décision et renforcerait la réactivité
de la Banque dans un environnement changeant. Ce pourrait aussi
être un moyen d’économiser des ressources, qui pourraient alors
être consacrées à la consolidation des capacités de gestion directe
des projets au sein de la Banque et parmi les emprunteurs. La mise
en place d’un Conseil d’administration réduit, mais néanmoins équilibré
– tel que recommandé par la Revue stratégique – reste une option
encore envisageable pour le futur.
40. Toute modification structurelle dans la gouvernance de la
Banque est intrinsèquement liée au système de vote, qui est complexe
et parfois source de frustration pour la plupart des actionnaires.
Il a trop souvent ralenti voire bloqué la prise de décisions, ce
qui n’est pas dans l’intérêt général de la banque. J’encourage les membres
du Conseil de direction à reconsidérer les propositions visant à
abaisser les majorités requises pour les décisions relatives à la
nomination des responsables hors cadre.
41. S’agissant de la responsabilité sociale d’entreprise, la CEB
procède toujours régulièrement à son auto-évaluation en publiant
des rapports annuels sur le sujet, auxquels elle fait une place
de choix sur son site web. De plus, depuis 2012, le Rapport annuel
du Gouverneur comporte un chapitre à part entière sur la gouvernance
et la responsabilité d’entreprise. Cette source de communication
très utile est destinée au grand public; son but est d’expliquer
la mission de la Banque, qui est d’offrir des financements de qualité
sur le plan social et environnemental, et la manière dont l’activité
commerciale est conciliée avec l’intérêt collectif du développement
durable. Cette approche se fondant sur les valeurs du Conseil de
l’Europe, consacrées par la Convention des droits de l’homme (STE
n° 5) et la Charte sociale européenne (STE nos 35
et 139), elle pourrait être exposée de façon plus visible dans les
rapports annuels.
42. Pour en venir aux défis que posera la mise en œuvre du nouveau
plan de développement de la Banque pour 2014-2016, il sera intéressant
de voir comment il est possible de concilier l’innovation de l’investissement avec
la prudence de la pratique bancaire. Les Etats membres se sont pris
eux-mêmes au piège de l’austérité et la CEB a été contrainte de
se couler dans un cadre prudentiel plus strict, qui est un véritable
corset pour les ambitions sociales. Si les partenariats public–privé
semblent offrir une option séduisante, la prudence est néanmoins
de mise, car l’expérience montre que, dans différents pays européens,
les pouvoirs publics et les contribuables se font souvent escroquer
sur les coûts à long terme, tandis que les bénéfices et les rentes
pour les partenaires privés peuvent être exorbitants, avec des contrats
couverts par un secret commercial excessif et une absence de comptes
à rendre.
43. Au niveau de la politique du personnel, le Gouverneur actuel
a hérité d’un système caractérisé par un certain nombre de rigidités
réglementaires et un climat social plutôt médiocre. Avant son arrivée,
à la suite de signaux répétés de malaise au sein du personnel, une
enquête sur la motivation, l’engagement et le bien-être au travail
des agents a été conduite par un consultant externe (à peu près
au même moment où une enquête similaire a été faite au Conseil de
l’Europe). Je ne doute pas que les changements effectués l’ont été
avec prudence et sens des responsabilités, les buts premiers de
l’exercice étant de garantir la transparence et l’équité des procédures
de recrutement, de promotion et de départ. Il pourrait être utile
de refaire une enquête auprès du personnel pour évaluer les progrès.
Depuis 2012, une fonction de médiateur a été créée et les règles régissant
diverses indemnités ont été clarifiées.
5. Conclusions
et recommandations d’action future
44. Le modèle économique de la CEB est mis en cause par
une conjoncture économique et financière difficile. En conséquence,
la Banque doit persévérer dans ses efforts visant à affiner ses
activités, ses structures, ses méthodes de travail et ses orientations
stratégiques afin de pouvoir réagir plus efficacement et rapidement
aux transformations radicales de son environnement et aux demandes
de ses Etats membres. Elle devrait encore maximiser la valeur ajoutée
sociale de ses projets, son avantage comparatif et ses priorités.
Les activités de niche, qu’elles soient sectorielles (comme les
projets relatifs aux équipements et services pénitentiaires et les
projets de petite ampleur dans le secteur de la santé) ou géographiques
(comme les interventions dans les pays d’Europe du Sud-Est qui ne
sont pas membres de l’Union européenne), devraient être développées.
45. Il y a de nombreuses possibilités pour renforcer encore les
liens de la CEB avec le Conseil de l’Europe, par exemple par des
contributions visant à soutenir les diverses campagnes en cours,
et la coopération avec l’Union européenne pour développer les mécanismes
de solidarité sur le terrain, notamment en accroissant les cofinancements
en faveur de l’emploi des jeunes, de l’intégration des Roms et du
logement pour les populations vulnérables, par l’intermédiaire de
projets développés dans le cadre du mandat de la Banque. Les changements
introduits récemment, qui portent sur le ciblage social et la qualité
des projets, ont créé une dynamique importante. Le potentiel de
renforcement de la dimension sociale, y compris par l’intensification
de la coopération avec le Conseil de l’Europe, doit être exploité
sans porter atteinte à la stabilité financière de la Banque et à
sa position sur le marché. Les complémentarités entre la CEB, la
BEI et la BERD devraient être pleinement mises à profit et encouragées
par les Etats membres pour accroître les ressources disponibles pour
les projets, améliorer la gestion de ces derniers et renforcer l’application
des meilleures pratiques.
46. Pour que les réformes puissent aboutir et que le potentiel
de la Banque soit pleinement exploité, tous les membres du Conseil
de direction doivent contribuer au changement et faire passer une
partie de leurs intérêts au second plan. La structure de gouvernance
pourrait être allégée, avec des équipes plus réduites, et le système
de vote pourrait être simplifié dans un souci de meilleur équilibre,
de maîtrise des coûts et de souplesse accrue du processus décisionnel.
Les fonctions d’évaluation et de support pour les projets pourraient
être renforcées, en particulier en investissant davantage dans les
visites sur site, le conseil technique et les contrôles. La Banque
recèle un gisement de créativité et de ressources; il convient d’optimiser cette
puissance constructive pour conforter les ambitions de la CEB pour
l’avenir.