1. Introduction
1. Le lundi 24 avril 2017, l’Assemblée,
en réponse à une demande du groupe socialiste approuvée par le Bureau,
a décidé de tenir, durant sa partie de session d’avril 2017, un
débat selon la procédure d'urgence intitulé «Évolutions inquiétantes
en Hongrie: une nouvelle loi pour les ONG restreignant la société
civile et la fermeture d’une université internationale» et a renvoyé
cette question à la commission des questions politiques et de la
démocratie pour rapport.
2. La commission m’a nommé rapporteur le jour même. Compte tenu
du délai extrêmement court, ce rapport est succinct et n’a pour
seule ambition que de servir de base de discussion.
3. Pour commencer, je suggère de modifier légèrement le titre
du projet de rapport: compte tenu du fait que la loi sur les ONG
n’a pas encore été adoptée, l’expression «projet de loi sur les
ONG» est plus appropriée; aucune université n’a été fermée mais
il y a un risque d’une possible fermeture de l’Université d’Europe centrale.
C’est pourquoi, je recommande d’insérer le mot «possible» avant
le mot «fermeture» et d’indiquer en toutes lettres le nom de l’université
concernée plutôt que de ne se référer qu’à «une université internationale». Ainsi
modifié, le nouveau titre serait: «Évolutions inquiétantes en Hongrie:
projet de loi sur les ONG restreignant la société civile et la possible
fermeture de l’Université d’Europe centrale».
2. Contexte
4. Le 4 avril 2017, le Parlement
hongrois a adopté, sans consultation des organes habilités à exprimer
leur opinion, notamment l’Académie hongroise des sciences et la
conférence des recteurs de Hongrie, une loi portant modification
de la loi sur l’enseignement supérieur national, dont la principale
conséquence pourrait être la fermeture de l’Université d’Europe
centrale, fondée en 1991 par George Soros et opérant à Budapest.
5. Le 7 avril 2017, le parti au pouvoir Fidesz a soumis au Parlement
hongrois le projet de loi T/14967 sur la transparence des organisations
recevant des fonds étrangers, imposant aux organisations percevant,
de l’étranger, des fonds dépassant un certain seuil annuel de s’enregistrer
et de s’identifier elles-mêmes comme «organisations recevant des
fonds étrangers». Cette dénomination est à mentionner sur toutes
les publications diffusées par les ONG concernées, notamment les
communiqués de presse, les brochures, les sites web et les rapports
qu’elles produisent, sous peine de fermeture de l’ONG.
6. Les deux textes juridiques sont vivement critiqués par les
personnes concernées, mais aussi par de nombreux observateurs internationaux.
La Fondation Soros y voit une attaque directe contre elle, ce que semblent
confirmer certaines déclarations du Vice-président de Fidesz et
du Premier ministre hongrois
.
3. La
loi portant modification de la loi sur l’enseignement supérieur
national
7. La loi introduit de nouvelles
règles pour les universités opérant en Hongrie depuis l’étranger,
qui ne peuvent exercer leurs activités que si le Gouvernement hongrois
a conclu un accord avec l’autre pays où elles sont établies. De
plus, les universités opérant en dehors de l’Union européenne devraient
disposer d’un campus dans leur autre pays d’établissement, avec
des programmes d’études comparables. D’autre part, le personnel
universitaire en place ou nouveau, non originaire de l’Union européenne
serait tenu de déposer une demande de permis de travail.
8. Les critiques estiment que cette exigence place de fait l’Université
d’Europe centrale (UEC) dans une position désavantageuse, puisqu’elle
est établie hors de l’Union européenne, ne dispose pas d’un campus dans
son autre pays d’établissement (États-Unis d’Amérique) et qu’elle
emploie du personnel d’enseignement ne provenant pas de l’Union
européenne. Enfin, la loi interdirait également aux deux entités,
américaine et hongroise, de partager le même nom.
9. L’UEC prétend que la loi viole les règles du processus législatif
car: elle a été adoptée sans consultation des organes habilités
à exprimer leur opinion, dont l’Académie hongroise des sciences
et la conférence des recteurs de Hongrie; aucune évaluation de l’impact
social n’a été entreprise; aucune consultation sociale n’a été menée;
et le projet de loi a été présenté au parlement en vertu d’une procédure
exceptionnelle, sachant qu’il ne s’est pas écoulé plus de 24 heures
entre l’ouverture du débat parlementaire consacré au projet de loi et
l’adoption de ce dernier.
10. L’UEC est par ailleurs d’avis que la loi porte atteinte aux
libertés de recherche scientifique, d’apprentissage et d’enseignement,
telles qu’établies par la Loi fondamentale de la Hongrie; qu’elle
va à l’encontre du droit en requérant un accord international contraignant;
qu’elle vise de manière disproportionnée les institutions étrangères
d’enseignement supérieur en leur imposant de proposer des programmes d’enseignement
supérieur dans leur propre pays d’origine; qu’elle est discriminatoire
en ciblant l’actuelle structure de coopération entre l’entité américaine
de l’UEC (l’Université d’Europe centrale) et son université hongroise
(Közép-európai Egyetem); qu’elle viole les garanties de non-discrimination
en demandant à l’UEC de changer de dénomination; et qu’elle n’accorde
pas suffisamment de temps pour permettre de se mettre en conformité
avec les nouvelles dispositions.
11. Il conviendrait d’entendre les arguments des représentants
de la majorité et de l’opposition de la délégation parlementaire
de la Hongrie sur cette question, et de demander l’avis de la Commission européenne
pour la démocratie par le droit (Commission de Venise) sur la compatibilité
de cette loi avec les normes du Conseil de l’Europe. Notre Assemblée
devrait en particulier encourager le dialogue entre les autorités
hongroises et l’UEC et contribuer à la recherche de solutions susceptibles
d’éviter la fermeture de l’université.
4. Le
projet de loi sur la transparence des organisations recevant des
fonds étrangers
12. Le projet de loi entend régler
le problème des «groupes d’intérêts étrangers» qui tentent d’exploiter
les organisations de la société civile
. On considère que l’outil
habituel pour ce faire est le soutien financier apporté pour des
motifs légaux divers, qui peut permettre, directement ou indirectement,
d’influencer le fonctionnement d’une organisation de la société
civile, au point éventuellement d’en modifier significativement
les objectifs de base.
13. Pour résoudre ce problème, le projet de loi impose à toute
association ou fondation enregistrée comme organisation de la société
civile au sens de la loi CLXXV de 2011 relative au droit d’association,
à la gestion à but non lucratif, au fonctionnement et au financement
des organisations de la société civile, qui reçoit un soutien financier
de l’étranger au-delà d’un seuil fixé à l’heure actuelle à € 24 000 par
an, de déclarer au tribunal régional compétent le fait qu’elle soit
devenue une organisation recevant des fonds étrangers.
14. D’après les informations fournies par le tribunal d’enregistrement,
le ministre en charge de la gestion du portail d’information civique
dévoilera prochainement les noms, adresses et numéros d’identification
fiscale de ces associations ou fondations sur une plateforme électronique
développée à cet effet, qui sera accessible publiquement et gratuitement.
15. Par la suite, l’organisation recevant des fonds étrangers
devra mentionner sur ses publications (par exemple ses dépliants,
ses produits de presse imprimés ou électroniques) sa qualité d’organisation
recevant des fonds étrangers, telle que défini dans la loi.
16. Cette loi prévoit des sanctions graduelles et proportionnées
en cas de violation des obligations établies par elle. Le ministère
public assume une responsabilité particulière à cet effet. Après
une demande en deux temps du procureur, le tribunal d’enregistrement
peut imposer une amende, conformément aux règles générales de la
loi relative à l'enregistrement des organisations de la société
civile, et au final, si les mesures précédentes ne suffisent pas
à faire respecter la loi, il a la possibilité d’annuler l’enregistrement
de l’association ou de la fondation, au terme d’une procédure simplifiée,
entraînant ainsi sa dissolution.
17. Avant d’énumérer les préoccupations que soulève ce projet
de loi, j’aimerais rappeler la
Résolution 2096 (2016) «Comment prévenir la restriction inappropriée des activités
des ONG en Europe?» adoptée l’année dernière seulement par notre
Assemblée, dans laquelle nous réaffirmions l’importance du rôle
d’une société civile dynamique pour le bon fonctionnement de la
démocratie. La liberté d’association, la liberté d’expression et
le droit au respect de la vie privée constituent des libertés et
droits fondamentaux garantis par la Convention européenne des droits
de l’homme (STE no 5) et sont essentiels
au bon fonctionnement de la société civile. Le respect de ces droits
et libertés devrait être effectivement garanti par tous les États
Parties à la Convention, conformément à la jurisprudence de la Cour
européenne des droits de l’homme, à la Recommandation du Comité
des Ministres
CM/Rec(2007)14 sur le statut juridique des organisations non gouvernementales
en Europe et aux Lignes directrices conjointes sur la liberté d’association
adoptées en décembre 2014 par la Commission de Venise et par le
Bureau des institutions démocratiques et des droits de l’homme de l’Organisation
pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE/BIDDH).
18. Pour ma part, bien que je convienne pleinement que les ONG
doivent faire preuve de transparence en ce qui concerne leurs sources
de financement, je ne saurais accepter les allégations selon lesquelles,
parce qu’elles reçoivent des fonds étrangers dépassant un certain
seuil annuel, les organisations de la société civile serviraient
des intérêts étrangers et non l’intérêt général et représenteraient
un risque pour la sécurité nationale et la souveraineté d’un pays.
19. Le projet de loi hongrois semble s’inspirer de la loi relative
aux «agents étrangers», qui modifie la législation russe applicable
aux organisations à but non lucratif en obligeant les ONG bénéficiaires
d’un financement étranger à s’enregistrer en qualité d’«agents étrangers».
Cette loi a suscité les critiques de la Commission de Venise, dans
ses avis nos 716/2013 et 717/2013, adoptés
en juin 2014, ainsi que par l’Assemblée dans sa
Résolution 2096 (2016). Le projet de loi hongrois ne reprend pas certains des
éléments de la loi russe qui ont suscité les critiques de la Commission
de Venise, tels que le recours au terme controversé d’«agents étrangers»
ou la référence expresse et donc discriminatoire aux ONG qui œuvrent
en faveur des droits de l’homme. Elle observe en outre que le projet
de loi prévoit un contrôle judiciaire plutôt qu’administratif.
20. Cela étant, le projet de loi soulève de graves préoccupations
en matière de liberté d’association, de liberté d’expression ainsi
que le droit au respect de la vie privée, notamment en ce qui concerne:
l’absence de consultation publique avant la soumission du projet
de loi au parlement; l’obligation, pour les ONG recevant des fonds
étrangers, de mentionner ce fait sur tous les supports qu’elles
publient ou diffusent; l’obligation, pour les ONG, de communiquer
des informations personnelles détaillées sur les donateurs étrangers,
y compris les particuliers; la gravité des sanctions prévues par
le projet de loi, notamment, en dernier ressort, la dissolution de
l’association pour non-respect des obligations administratives;
le champ d’application du projet de loi, qui s’étend à certaines
associations mais pas à d’autres, par exemple les organisations
sportives et religieuses.
21. En outre, l’élaboration et l’examen du projet de loi, s’inscrivant
sur fond de discours globalement accusateurs et dénigrants des responsables
publics hongrois, suscitent des doutes quant aux objectifs réels de
la législation proposée. Afin de citer quelques exemples, au début
du mois de janvier 2017, le député Szilard Nemeth, Vice-Président
du Fidesz, a déclaré que «les organisations non gouvernementales
qui servent de couverture à l’empire Soros (…) doivent être réduites
par tous les moyens et expulsées d’ici à coup de balai»
. Dans son discours annuel à la Nation
prononcé en février 2017, le Premier Ministre Orbán a dit: «En 2017,
il nous faudra engager la lutte contre les activistes toujours plus
forts des organisations internationales. (…) Le fait que des fonds
étrangers soient utilisés de manière secrète pour influencer le
débat politique hongrois est un problème (…) Nous parlons des membres
d’organisations internationales qui sont payés ainsi que de leurs filiales
en Hongrie». Le Premier ministre a également déclaré que «les organisations
de George Soros travaillent inlassablement à la venue de centaines
de milliers de migrants en Europe»
.
5. Réactions
22. Depuis l’adoption et la signature
par le Président hongrois de la nouvelle loi sur l’enseignement supérieur,
des milliers de Hongrois sont descendus dans la rue pour soutenir
l’université et le principe de la liberté académique et faire part
de leurs préoccupations face à la dérive antilibérale du pays. Plus
de 10 000 personnes se seraient rassemblées sur la Place des héros
de Budapest mercredi pour défendre l’université et également protester
contre le projet de loi relative aux organisations non gouvernementales
recevant des fonds étrangers.
5.1. Conseil
de l'Europe
23. Le 4 avril 2017, le Commissaire
aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe a dit qu’en Hongrie,
dans un contexte où des membres de la coalition au pouvoir ont publiquement
mis en question la légitimité des ONG recevant des fonds étrangers
pour mener ce qu’ils considèrent comme des «activités politiques»,
le gouvernement a récemment annoncé un plan visant à modifier la
loi sur les organisations gouvernementales et à préciser qui doit
faire les déclarations de patrimoine.
24. La Présidente de la Conférence des organisations internationales
non gouvernementales (OING) du Conseil de l'Europe a demandé à son
Conseil d’experts sur le droit en matière d’ONG de «publier un avis juridique
qui examine la compatibilité du projet de loi sur la transparence
des organisations recevant des fonds de l’étranger avec les normes
internationales et les meilleures pratiques, en particulier la Convention européenne
des droits de l'homme et la Recommandation CM/Rec(2007)14 du Comité
des Ministres sur le statut juridique des organisations non gouvernementales
en Europe». À l’issue de son examen, le Conseil d’experts a conclu,
dans son avis publié le 24 avril 2017, que ce projet de loi soulevait
des interrogations quant à sa compatibilité avec la Convention et
d’autres normes internationales reconnues et ne montrait pas pourquoi et
comment ces ONG représentaient un danger concret pour la société.
Dans sa déclaration du 24 avril, la Conférence des OING considère
que le projet est largement incompatible avec les normes internationales
et européennes et ouvre la voie à d’autres actes de discrimination
et/ou de calomnies contre la société civile. Elle a donc demandé
aux autorités hongroises de ne pas adopter cette loi au nom du respect
de la liberté d’association, droit extrêmement précieux pour les
États membres du Conseil de l'Europe
.
25. Le même jour, le 24 avril 2017, le ministre hongrois de la
Justice, László Trócsányi, a rencontré le Secrétaire Général du
Conseil de l’Europe, Thorbjørn Jagland, et discuté de thèmes d’actualité,
dont le projet de loi hongroise relative aux ONG et la situation
de l’Université d’Europe centrale à Budapest. Ils «sont convenus
de continuer à collaborer dans un esprit d’ouverture et de dialogue
constructif»
.
5.2. Union
européenne
26. À l’initiative du Président
de la Commission européenne, Jean Claude Juncker, le premier vice-président,
Frans Timmermans, a animé un débat le 12 avril 2017 au Collège des
commissaires sur l’évolution récente en Hongrie qui a suscité de
vastes inquiétudes au sujet de la compatibilité avec la législation
de l’Union européenne et les valeurs communes sur lesquelles l’Union
repose. Le Collège a notamment examiné la loi hongroise sur l’enseignement
supérieur et le projet de loi concernant le financement étranger
des ONG. Il a reconnu que là où la nouvelle loi risquait de toucher
aux compétences de l’Union européenne et de s’appliquer également
aux universités de l’Espace économique européen, il devait effectuer
rapidement une analyse juridique approfondie de sa compatibilité
avec la libre circulation des services et la liberté d’établissement
ainsi qu’avec les règles de l’Union européenne sur l’admission de
chercheurs de pays tiers. Il est convenu d’instruire les cas individuels
d’infraction pertinents et bien établis juridiquement lors du prochain
cycle d’examen des infractions prévu à la fin du mois
.
27. La Commission procédera aussi sans tarder à une analyse juridique
approfondie de la loi sur l’enseignement supérieur et décidera des
étapes suivantes lors du prochain cycle d’examen. Pour ce qui est du
projet de loi relatif au financement des ONG, elle suivra de près
l’évolution et reviendra sur la question sur la base d’une analyse
des questions juridiques en jeu. Les questions examinées par le
Collège ont trait à la fois au respect de la législation européenne
et à celui des valeurs communes de l’Union européenne consacrés par
l’article 2 du Traité sur l’Union européenne.
28. Globalement, la situation en Hongrie est un sujet de préoccupation
pour la Commission. Le Collège est donc convenu d’engager un dialogue
politique avec les autorités hongroises, les autres États membres
et le Parlement européen.
5.3. Organisation
des Nations Unies
29. Le Rapporteur spécial des Nations
Unies sur la liberté d’opinion et d’expression, M. David Kaye, a déclaré
que le Parlement hongrois devait revoir la législation récemment
adoptée qui semble viser à saper l’Université d’Europe centrale
de Budapest. Il a mis en garde contre le fait que la loi adoptée
le 4 avril et signée par le Président, M. János Áder, le 10 avril,
risquait de porter atteinte aux principes essentiels de la liberté académique
dans une société libre. Il est d’avis que la nouvelle loi vise la
liberté d’opinion et d’expression en Hongrie, la liberté d’activité
académique, le rôle que les bourses et la recherche jouent dans
l’élargissement des connaissances et le développement de sociétés
démocratiques
.
30. En ce qui le concerne, le Rapporteur spécial des Nations Unies
sur la situation des défenseurs des droits de l’homme, M. Michel
Forst, a exprimé sa préoccupation à l’égard de la stigmatisation
incessante des défenseurs des droits de l’homme ainsi que des effets
désastreux qu’ont les discours incendiaires tenus par les hauts
fonctionnaires sur la perception que la population peut avoir de
ce que vaut la société civile.
5.4. Autres
réactions
31. D’après une déclaration de
l’ambassade des États-Unis en Hongrie, les États-Unis regrettent
l’adoption accélérée de la législation visant l’Université d’Europe
centrale malgré les graves préoccupations qu’ils ont formulées aux
côtés de centaines d’organisations et d’institutions locales et
internationales et de milliers de Hongrois qui attachent de la valeur
à la liberté académique et aux très importantes contributions que l’Université
d’Europe centrale apporte à la Hongrie
.
32. Pour Human Rights Watch, «la loi fait peser un risque sur
la liberté d’enseigner et sur l’avenir de l’UEC, qui a formé toute
une génération de dirigeants en Europe centrale et orientale». Cette
ONG internationale bien connue a appelé le Président hongrois à
ne pas signer «une loi qui semble motivée par la volonté de faire
taire les voix critiques en Hongrie»
.
6. Conclusions
33. Compte tenu du peu de temps
pour préparer ce rapport, je n’ai pas pu analyser dans le détail
les textes de lois en question ni les arguments de toutes les parties
mais ai tenté de résumer les principales préoccupations.
34. En conclusion, je pense que les récents développements en
Hongrie méritent l’attention pleine et entière de l’Assemblée, ainsi
que la mobilisation de la compétence du Conseil de l’Europe afin
d’aider les autorités hongroises à se conformer aux normes pertinentes
du Conseil de l’Europe et des instances internationales dans le
domaine de la liberté d’association et de la liberté d’expression.
Par conséquent, je propose que l’Assemblée:
- demande à la Commission de Venise de rendre un avis sur
la compatibilité du projet de loi hongrois sur la transparence des
organisations recevant des fonds étrangers avec les normes du Conseil
de l’Europe, ainsi que sur la compatibilité de la loi du 4 avril
2017 portant modification de la loi sur l’enseignement supérieur
national;
- invite les autorités hongroises à coopérer avec la Commission
de Venise et à suspendre, dans l’attente de l’adoption de l’avis
de cette dernière, la mise en œuvre de la loi portant modification
de la loi sur l’enseignement supérieur national ainsi que l’examen
parlementaire du projet de loi sur la transparence des organisations
recevant des fonds étrangers;
- invite le gouvernement hongrois à engager un dialogue
ouvert sur ces deux textes de loi avec la société civile et les
ONG internationales de défense des droits de l’homme ainsi qu’avec
le Conseil de l’Europe et d’autres organisations intergouvernementale,
et à s’abstenir de prendre toute mesure qui pourrait porter préjudice
au développement de la société civile en Europe.
35. Notre commission doit se tenir prête à continuer à suivre
de près cette question, une fois que l’avis de la Commission de
Venise sera disponible.