1. Introduction
1. L’Assemblée suit depuis le
début la crise des migrations et des réfugiés en cours et les divers
problèmes qu’elle pose. Les rapports établis par la commission des
migrations, des réfugiés et des personnes déplacées et les résolutions
qui en découlent ont mis en lumière des préoccupations d’ordre humanitaire
et souligné la nécessité de respecter pleinement les droits fondamentaux
des migrants et des réfugiés tout en cherchant à recenser les mesures
qui contribueraient à une meilleure gestion de la crise et à une
coopération accrue entre les États membres du Conseil de l’Europe.
2. Plusieurs rapports déjà soumis à l’Assemblée ou encore en
préparation portent sur des questions en lien direct avec le présent
rapport. En ma qualité de rapporteur, j’ai dû m’atteler à la tâche
difficile d’élaborer un rapport approfondi sur le sujet tout en
essayant d’éviter, dans toute la mesure du possible, la répétition,
le double emploi et l’interférence avec les mandats d’autres rapporteurs.
3. Pour atteindre cet objectif, j’ai décidé d’inviter le lecteur
à consulter les textes les plus pertinents établis par la commission
au cours de l’année écoulée afin qu’il se fasse une idée précise
de la position de l’Assemblée sur différents aspects de la crise
actuelle des migrations et des réfugiés: « La nécessité de réformer
les politiques migratoires européennes », Doc.
14248, Résolution
2147
(2017); « Les réfugiés en Grèce: défis et risques – Une responsabilité
européenne »,
Doc. 14082, Résolution
2118
(2016); « Une réponse renforcée de l’Europe à la crise des
réfugiés syriens »,
Doc. 14014, Résolution
2107
(2016); « Les droits de l’homme des réfugiés et des migrants
– la situation dans les Balkans occidentaux »,
Doc. 14013, Résolution
2108
(2016); « La Méditerranée: une porte d’entrée pour les migrations
irrégulières »,
Doc. 13942, Résolution
2088
(2016); « Après Dublin, le besoin urgent d’un véritable système
européen d’asile »,
Doc 13866, Résolution
2072
(2015), « Le crime organisé et les migrants »,
Doc. 13941, Résolution
2089 (2016); et « Harmoniser la protection des mineurs non accompagnés
en Europe »,
Doc. 14142, Résolution
2136
(2016).
4. À l’heure actuelle, la commission travaille sur plusieurs
rapports qui abordent le sujet de celui-ci et concernent des questions
sur lesquelles il n’est guère possible de faire l’impasse dans ce
texte. J’attire tout particulièrement l’attention du lecteur sur
le rapport intitulé « Une réponse humanitaire et politique globale
à la crise des migrations et des réfugiés en Europe »
qui sera examiné avec le présent
rapport lors du débat de juin 2017 sur les migrations.
5. Toutefois, il ne fait aucun doute que c’est le rapport sur
« La situation des réfugiés et des migrants dans le cadre de l’Accord
UE-Turquie du 18 mars 2016 » (
Doc. 14028, Résolution
2109
(2016)), qui est le texte le plus pertinent dans l’optique
du présent rapport. Cet accord qu’il serait, compte tenu de son
statut juridique, plus approprié de qualifier de « déclaration »
ou de « marché », ainsi que plusieurs autres instruments, dont les programmes
en matière de relocalisation et de réinstallation, la création de
centres de crise (« hotspots »), l’aide financière et la coopération
accrue avec les pays d’origine et de transit ont eu une incidence
considérable sur la situation des réfugiés en Grèce et, en conséquence,
dans de nombreux autres pays d’Europe.
6. La position de l’Assemblée contenue dans la Résolution
2109
(2016), qui a été adoptée suite au débat sur le rapport précité,
est sceptique, pour ne pas dire critique, vis-à-vis de la Déclaration
et plusieurs inquiétudes liées aux droits de l’homme ont été exprimées.
Je recommande vivement au lecteur de consulter ce texte avant de
prendre connaissance du présent rapport.
7. Maintenant, plus d’un an après le Sommet du 18 mars 2016 entre
l’Union européenne et la Turquie, j’entends faire le bilan des résultats
de l’application des mesures prises d’un commun accord ce jour-là. J’examinerai
et évaluerai donc dans quelle mesure les préoccupations exprimées
par l’Assemblée en juin 2016 ont été prises en considération ainsi
que les progrès accomplis dans la mise en œuvre d’autres recommandations
pertinentes figurant dans les textes mentionnés ci-dessus et adoptés
par l’Assemblée.
8. Je me pencherai de plus près sur la situation en Grèce et
en Italie et plus précisément sur les conditions d’accueil et de
vie dans les centres de crise, l’efficacité du traitement des demandes
d’asile et les mécanismes de relocalisation et de réinstallation.
J’étudierai également la question des mouvements migratoires en
Europe et la situation des migrants qui sont confinés dans les Balkans.
9. Afin de recueillir des informations de première main, j’ai
effectué une visite d’information en Grèce (à Athènes et Lesbos)
les 29 et 30 mars et en Italie (Trapani) les 10 et 11 mai 2017;
j’entends, en outre, me rendre en Turquie en juin 2017 (les dates
exactes restent à déterminer et les conclusions tirées de ma visite
seront reprises dans un addendum au présent rapport) pour rencontrer
différentes parties prenantes et me rendre compte de la réalité
sur le terrain, du degré d’efficacité des procédures, de la situation
matérielle et des conditions de vie dans les centres de crise et
d’accueil.
10. Afin de compléter ces données, mais aussi de permettre aux
membres de la commission de prendre connaissance d’informations
de première main et de tenir un échange de vues, j’ai organisé une
audition au cours de la partie de session d’avril 2017 avec la participation
d’un représentant de la Commission européenne.
11. En conclusion, j’essaierai de recenser les mesures qui pourraient
être recommandées aux États membres et à l’Union européenne pour
s’attaquer aux problèmes non encore résolus.
2. Informations générales
12. La forte augmentation, ces
dernières années, du nombre de personnes traversant la Méditerranée
a provoqué une crise des migrations et des réfugiés sans précédent
en Europe. À son paroxysme, en 2015, plus d’un million de personnes
ont débarqué sur les côtes européennes contre 204 500 en 2014, 60 000
en 2013 et, selon les estimations, 40 000 en moyenne chaque année
entre 1998 et 2012.
13. Deux des principaux premiers pays d’arrivée, à savoir la Grèce
et l’Italie, ont été touchés différemment selon les années. En 2014,
pas moins de 34 500 réfugiés et migrants sont entrés sur le sol
européen en passant par la Grèce et 170 000 par l’Italie. En 2015,
853 600 sont arrivés en passant par la Grèce et 183 600 par l’Italie
.
En 2016, les chiffres étaient respectivement de 176 000 et de 181 000.
14. La traversée périlleuse de la Méditerranée a eu inévitablement
un coût énorme en vies humaines: plus de 5 000 migrants ont péri
en 2016 contre 3 800 en 2015. 1 309 personnes se sont noyées au
cours des seuls cinq premiers mois de cette année
. Comme de précédents rapports
de l’Assemblée l’ont souligné
, aucune opération de recherche et
de sauvetage ne peut garantir une protection absolue des vies humaines
et prévenir toutes les noyades en mer. Tant que des personnes prendront
le risque de traverser la mer, il y aura des pertes de vies humaines.
15. Les capacités d’accueil des premiers pays d’arrivée se sont
révélées totalement insuffisantes et les procédures d’asile n’ont
pas fonctionné correctement face au nombre considérable de demandes.
Les personnes arrivées sur les îles grecques en 2015 n’ont même
pas été enregistrées correctement; elles se sont dirigées immédiatement
vers les pays du nord en passant par la Route des Balkans occidentaux,
ce qui a mis une pression énorme sur les pays de transit et de destination
finale et engendré de graves problèmes de droits de l’homme. Les
mesures prises ultérieurement par certains de ces pays, dont la
clôture des frontières, ont conduit à la concentration, dans des
conditions dramatiques, de personnes installées dans des camps de fortune.
16. Ces arrivées massives et sans précédent de réfugiés et de
migrants en Europe occidentale ont engendré des tensions politiques
dans de nombreux États et une crise institutionnelle au sein de
l’Union européenne. La réaction chaotique de l’Europe a mis en lumière
les lacunes des instruments juridiques existants, dont le Règlement
de Dublin et les politiques migratoires. L’échec de l’approche européenne commune
est devenu encore plus manifeste au vu des politiques nationales
individuelles allant des plus restrictives aux plus généreuses et
se contredisant souvent. Les débats suscités au niveau de l’Union européenne
sur le partage des responsabilités et la répartition des migrants
sur la base de quotas volontaires ou obligatoires ont démontré l’incapacité
des dirigeants européens à traiter le problème.
17. Dans ce contexte, le Sommet du 18 mars 2016 entre l’Union
européenne et la Turquie a donné lieu à une Déclaration conçue comme
une réponse partielle à l’afflux de réfugiés et de migrants vers
les îles grecques en provenance du territoire turc. Cette Déclaration
avait pour but de « démanteler le modèle économique des passeurs
et d’offrir aux migrants une perspective autre que celle de risquer
leur vie » en prévoyant le renvoi en Turquie de tous les nouveaux
migrants en situation irrégulière qui partiraient de la Turquie
pour gagner les îles grecques à compter du 20 mars 2016. Pour chaque
Syrien renvoyé en Turquie au départ des îles grecques, un autre
Syrien serait réinstallé directement de la Turquie vers l’Union européenne.
D’autres réfugiés syriens devaient aussi être réinstallés dans le
cadre d’un programme d’admission humanitaire volontaire. La Turquie
s’est engagée à prendre toutes les mesures nécessaires pour éviter
que de nouvelles routes de migration irrégulière, maritimes ou terrestres,
ne s’ouvrent au départ de son territoire en direction de l’Union
européenne. D’autres dispositions de la Déclaration concernaient
l’aide financière allouée à la Turquie (6 milliards d’euros d’ici
la fin de 2018), les perspectives de libéralisation du régime des
visas pour la Turquie, la relance du processus d’adhésion et la
modernisation de l’union douanière.
18. Les premières réactions à la Déclaration n’ont guère été enthousiastes.
Les organisations de défense des droits de l’homme ont fait état
de plusieurs sujets de préoccupation
. L’Assemblée aussi s’est
montrée critique et son rapport sur « La situation des réfugiés
et des migrants dans le cadre de l’Accord UE-Turquie du 18 mars
2016 », examiné en juin 2016, mentionne plusieurs violations potentielles
des droits de l’homme; il remet en question le principe de la rétention
systématique des nouveaux arrivants dans des conditions inadéquates
et sur une base juridique incertaine; il exprime également la crainte
que les renvois vers la Turquie ne répondent pas aux exigences du
droit communautaire et international, car la Turquie ne peut pas
être considérée, dans les circonstances actuelles, comme un pays
tiers sûr; il souligne également que le système d’asile grec n’a
pas la capacité de traiter autant de demandes et que l’accès à un
recours effectif contre le retour vers la Turquie est insuffisant;
enfin, il précise que la réinstallation de réfugiés syriens ne devrait
pas être subordonnée au nombre de renvois.
19. Plus d’un an après la mise en œuvre de la Déclaration et d’autres
mesures complémentaires, j’essaierai d’évaluer, dans les prochains
chapitres, dans quelle mesure les préoccupations exprimées par l’Assemblée ont
été prises en compte et quelle a été l’incidence de la réaction
européenne sur la situation des réfugiés et des migrants en matière
de droits de l’homme en Grèce et en Italie.
3. Incidence
de la réaction européenne sur la situation des droits de l’homme
dans les premiers pays d’arrivée
3.1. Grèce
20. La mise en œuvre de la Déclaration
UE-Turquie du 18 mars 2016 a provoqué une baisse sensible du nombre
d’arrivées en Grèce au second semestre de l’année. Sur un total
de 176 000 réfugiés et migrants arrivés dans ce pays en 2016, 125 000
– soit la vaste majorité – ont débarqué au cours du premier trimestre, c’est-à-dire
avant l’adoption de cet instrument. Dans le même temps, les arrivées
en Italie se sont poursuivies à un rythme annuel soutenu d’environ
180 000. Au total, 387 000 réfugiés et migrants sont arrivés en
Italie et en Grèce en 2016 contre un million l’année précédente.
21. Cette tendance s’est poursuivie au cours des quatre premiers
mois de 2017. Entre le 1er janvier et
le 10 mai, 5 601 personnes au total sont arrivées en Grèce. En Italie,
le nombre d’arrivées durant la même période s’est élevé à 45 086.
Au cours de ce laps de temps, on a enregistré 37 décès par noyade
en Grèce contre 1 222 en Italie.
22. En conséquence, la Route de la Méditerranée centrale (Libye-Italie)
est redevenue le principal itinéraire emprunté par les réfugiés
et les migrants pour gagner l’Europe, comme c’était le cas avant
la vague d’arrivées par la Route de la Méditerranée orientale fin 2015
et début 2016. Toutefois, au cours de ma visite en Italie, j’ai été
informé par différents interlocuteurs que la Déclaration UE-Turquie
n’a eu aucun impact sur le nombre de personnes empruntant ladite
Route, une question que je reprendrai plus en détail ci-dessous.
23. La situation générale des réfugiés et des migrants en Grèce
a considérablement évolué. À l’heure actuelle, plus de 63 000 demandeurs
d’asile attendent dans ce pays la fin de la procédure de détermination
de leur statut. Parmi eux, plus de 14 000 sont toujours confinés
sur les îles, 14 000 autres personnes sont logées dans des appartements
financés par l’Union européenne, et plus de 33 000 subsistent dans
des conditions d’accueil déplorables en Grèce continentale.
24. Cinq centres de crise ont été ouverts en Grèce (Lesbos, Chios,
Samos, Leros et Kos); ils ont une capacité totale de 5 450 places
pour l’accueil des personnes restant sur ces îles le temps que leur
demande soit examinée ainsi que des nouveaux arrivants. Parmi cette
population, quelque 7 000 personnes bénéficient d’autres types d’hébergement.
25. Cinquante personnes en moyenne traversent chaque semaine la
mer Égée à partir de la Turquie.
26. L’approche des « hotspots » a été adoptée pour faire face
aux arrivées de manière plus structurée. Ces centres de crise sont
devenus indispensables suite à la Déclaration UE-Turquie, quand
près de 100 % des nouveaux arrivants demandaient l’asile. En effet,
avant la clôture de la frontière entre la Grèce et l’« ex-République
yougoslave de Macédoine », un très faible pourcentage de migrants
(2,7 %) déposait une demande en Grèce et la majorité se dirigeait
vers les pays du nord. Nombre d’entre eux quittaient les îles sans être
enregistrés, posant ainsi de graves problèmes de sécurité.
27. Tant en Grèce qu’en Italie, les «hotspots» ont une fonction
d’identification, d’enregistrement, de prise d’empreintes digitales,
de recueil de témoignages des demandeurs d’asile et de traitement
de leurs demandes, ainsi que de mise en œuvre des opérations de
retour. Les autorités nationales chargées de l’asile sont aidées par
le Bureau européen d’appui en matière d’asile (BEEA), l’Agence européenne
pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières
extérieures des Etats membres de l’Union européenne (Frontex) et Europol.
Le travail de chacune de ces organisations est complémentaire de
celui des autres. Les personnes réclamant l’asile sont canalisées
vers une procédure nationale adéquate avec l’appui d’équipes du
BEAA afin d’accélérer le processus autant que faire se peut. Frontex
aide les services nationaux en coordonnant le retour des personnes
considérées comme ne méritant pas une protection internationale.
Europol et Eurojust aident les autorités nationales à mener des
enquêtes visant à démanteler les réseaux de contrebandiers et de passeurs.
Les équipes de soutien travaillent en étroite collaboration et sous
le contrôle intégral des autorités du pays hôte, lesquelles sont
les seules compétentes pour définir les modalités de la coordination
et fixer des procédures opérationnelles standards. Plusieurs organisations
nationales et internationales (HCR, Organisation internationale
pour les migrations (OIM)) et organisations non gouvernementales
(ONG) contribuent à apporter une aide juridique et psychologique
aux nouveaux venus ainsi qu’à contrôler le respect des normes en
matière de droits de l’homme.
28. Mes interlocuteurs en Grèce m’ont fait part notamment de leurs
préoccupations concernant le retard pris par le gouvernement pour
adopter des procédures opérationnelles standards concernant la gestion
des «hotspots» et la nomination de coordinateurs, toutes initiatives
de nature à accroître l’efficacité de ces structures.
29. Au cours de ma visite d’information, j’ai visité l’un des
«hotspots» les plus surchargés appelé « Moria » et situé dans la
partie est de l’île de Lesbos. Depuis le 1er janvier
2007, il a reçu 708 demandeurs d’asile. À titre de comparaison,
en 2016, 91 506 personnes (soit 56 % du total des personnes arrivées
dans le pays) sont arrivées à Lesbos par la mer. Les principaux
pays d’origine des personnes échouant sur cette île sont: la République
démocratique du Congo, l’Érythrée, le Congo et l’Irak. La majorité
des demandeurs d’asile qui arrivent (65 %) est composée de jeunes
hommes seuls. La proportion des enfants (accompagnés ou pas) s’élève
à 10 %.
30. Selon les autorités grecques, pendant ma visite, 3 020 demandeurs
d’emploi et migrants étaient hébergés à Moria dans 51 unités d’habitation
et 198 préfabriqués composés de containers modifiés. Mes interlocuteurs
m’ont assuré que toutes les personnes vulnérables, y compris les
mineurs non accompagnés (342 individus au total) sont hébergées
hors des centres de crise dans des hôtels, des familles d’accueil
ou des hôtels gérés par Iliaktida (le partenaire local du HCR).
Le HCR apporte son soutien aux autorités grecques et coordonne avec
les ONG la gestion des sites situés sur l’île de Lesbos.
31. J’ai visité Moria en vertu de mon statut national à plusieurs
reprises au cours des deux dernières années et je dois reconnaître
que les conditions d’accueil se sont nettement améliorées au cours
des douze derniers mois. Le site reste surpeuplé et les conditions
de vie difficiles, mais les progrès sont visibles. Au cours de ma dernière
visite, j’ai pu constater que des travaux d’infrastructure sont
en cours: qu’il s’agisse de construire des fondations et des murs
de soutènement ou des excavations ou bien de niveler le sol, de
poser du gravier, de couler du béton ou d’ériger des clôtures.
32. Parallèlement, le HCR, en étroite collaboration avec les autorités
locales, cherche des solutions de relogement hors du «hotspot».
33. Le problème des mauvaises conditions résulte directement de
la durée de la procédure de traitement des demandes d’asile, comme
les demandeurs d’asile ne sont pas transférés sur le continent avant
leur acceptation. Permettez-moi de rappeler que l’une des principales
inquiétudes exprimées par les organisations de défense des droits
de l’homme au lendemain du Sommet UE-Turquie concernait l’insuffisante
capacité des îles à évaluer les demandes d’asile. Ces inquiétudes
semblent s’être révélées exactes puisque malgré une amélioration,
les conditions de vie sur la plupart des îles sont encore loin de
satisfaire aux normes internationales.
34. L’Union européenne, par l’intermédiaire de ses agences (BEAA,
Frontex, Europol) appuie les efforts déployés par les organismes
grecs chargés de gérer les demandes d’asile en leur procurant l’aide
d’experts, ainsi que des moyens logistiques et du matériel. Au 1er avril
2017, le BEAA avait déployé 59 experts et 87 interprètes. Pourtant
certaines lacunes subsistent et 41 experts supplémentaires devraient
être prochainement envoyés sur place. Cependant, la durée de la
mission des intéressés étant généralement limitée à six semaines,
les agences doivent continuellement renouveler leur demande auprès
des États membres afin que les spécialistes arrivés au bout de leur
mandat soient remplacés. Inutile de préciser qu’une rotation aussi
rapide influe nécessairement sur l’efficacité du travail. Bon nombre
de mes interlocuteurs ont souligné la nécessité d’accroître à la
fois le nombre d’experts et la durée de leur déploiement.
35. Dans le centre de Moria, j’ai eu la possibilité d’observer
toutes les phases de la procédure d’accueil. Le jour même de ma
visite, 46 migrants ont débarqué sur l’île. Ils ont été transférés
dans le «hotspot». Tous ont exprimé le souhait de soumettre une
demande d’asile. L’enregistrement est effectué dans un délai de 24 heures
excepté pour les personnes vulnérables (mineurs non accompagnés,
femmes enceintes, familles avec enfants en bas âge) qui sont identifiées
avec le concours de défenseurs des droits de l’homme et auxquelles
la priorité est accordée. L’enregistrement comprend l’identification
ainsi qu’un contrôle en matière de sécurité et de santé. Des experts
spécialement formés vérifient l’exactitude de certaines déclarations,
dont la langue maternelle ou le dialecte parlé par le demandeur,
sa connaissance de la situation concrète du lieu où il est censé
avoir vécu, etc. À ce stade, les victimes de différents types de
mauvais traitements (abus sexuels, torture) sont également identifiées.
Une fois l’enregistrement terminé, les demandeurs peuvent se déplacer
librement sur l’île, mais ils ne peuvent pas se rendre sur le continent.
36. Il se passe généralement deux mois avant que le premier entretien
n’ait lieu et, pendant ce temps, le dossier de demande d’asile est
établi. Chaque entretien, m’a-t-on dit, peut durer jusqu’à neuf
heures et chaque préposé à cette tâche reçoit une personne par jour.
Chaque demande est examinée au fond, mais la durée de la procédure
de détermination du statut est différente en fonction de la nationalité.
Si l’asile est accordé, alors l’intéressé(e) est transféré(e) sur
le continent. Si la demande est rejetée, alors presque tous les
demandeurs font appel. Si l’appel est rejeté, la personne, si elle
est trouvée, est maintenue en rétention (pas plus d’une semaine
généralement) puis renvoyée en Turquie.
37. L’OIM gère un programme d’aide au retour volontaire et à l’intégration
prévoyant un soutien administratif, financier et logistique aux
migrants en situation irrégulière qui choisissent de rentrer dignement dans
leur pays d’origine en ayant des perspectives concrètes de réinsertion.
Ces deux dernières années, en Grèce, plus de 6 000 personnes ont
bénéficié d’une aide au retour.
38. Mes interlocuteurs intervenant dans la procédure d’asile sont
convenus qu’une fois l’arriéré de demandes en souffrance résorbé,
les nouvelles demandes seront traitées sans accroc. Lorsque les
centres de crise ont été créés à la fin de 2015, ils ont dû faire
face à un nombre considérable de demandes déposées par les demandeurs
d’asile qui étaient bloqués sur les îles suite à la clôture de la
frontière entre la Grèce et l’« ex-République yougoslave de Macédoine ».
J’ai reçu l’assurance que tous les dossiers en souffrance seront traités
d’ici quelques mois. Par la suite, la durée des procédures de détermination
du statut sur les îles devrait être considérablement réduite. Cette
assurance reste encore à vérifier.
39. Il convient de noter qu’un autre sujet d’inquiétude exprimé
notamment par l’Assemblée dans sa résolution sur la situation des
réfugiés et des migrants dans le cadre de la Déclaration UE-Turquie
portait sur le fait que le renvoi des réfugiés syriens en Turquie
en tant que « premier pays d’asile » ou « pays tiers sûr » pouvait
être contraire au droit communautaire et/ou international, car la
protection assurée par la Turquie risquait de ne pas être « suffisante »;
toutefois, les cas de refoulement indirect de Syriens ont été traités puisqu’aucun
réfugié syrien (ou même d’une autre nationalité) n’est renvoyé sans
que sa demande d’asile ait été examinée en Grèce.
40. On a craint, en outre, que les recours formés contre les décisions
de renvoi des demandeurs d’asile déboutés vers la Turquie n’aient
pas toujours l’effet suspensif prévu par la Convention européenne
des droits de l’homme (STE no 5). Cependant,
comme je l’ai indiqué plus haut, les intéressés ne sont pas renvoyés
avant que la décision en appel n’ait été rendue.
41. En avril 2016, la Grèce a adopté une nouvelle loi sur l’asile
(Loi no 4375/2016) qui prévoit une évaluation de
la recevabilité de la demande avant de se prononcer au fond. Jusqu’à
une période récente, seuls les Syriens faisaient l’objet d’une telle
procédure (dans la mesure où, en vertu de la Déclaration, ils sont
censés être renvoyés en Turquie), tandis que les ressortissants
de tous les autres pays voyaient leur demande examinée au fond.
42. Selon les derniers chiffres communiqués par la Commission
européenne, les arrivées dépassent toujours largement les renvois
des îles grecques vers la Turquie. Au 1er avril
2017, le nombre total de migrants renvoyés depuis l’adoption de
la Déclaration UE-Turquie s’élevait à 1 487. Ces retours sont volontaires
ou involontaires selon que la personne intéressée n’a pas demandé
l’asile, a retiré sa demande d’asile après la première audition
ou a vu sa demande rejetée à l’issue d’un examen au fond. Ces chiffres
sont insuffisants pour réduire le nombre de demandeurs d’asiles
séjournant dans les «hotspots» surpeuplés de l’Est de l’Egée.
43. Une autre inquiétude a été levée liée au risque que la rétention
des demandeurs d’asile dans les centres de crise puisse être incompatible
avec les exigences de la Convention européenne des droits de l’homme
en raison, notamment, de vices de procédure entachant le fondement
juridique de la rétention et de conditions de rétention inadéquates:
la durée de rétention ne dépasse pas 25 jours comme le prévoit la
Loi grecque no 4375/2016 adoptée le 2 avril
2016. En effet, les centres de crise ne sont pas, comme les qualifient
certaines organisations de défense des droits de l’homme, des centres
de détention au sens propre du terme. Une fois enregistrés, les
intéressés peuvent aller et venir facilement grâce à des badges
qui sont établis pour des raisons de sécurité. Ils sont toutefois
maintenus en rétention dans l’attente de leur renvoi si l’appel
a été rejeté, mais la durée de rétention n’excède pas une semaine.
44. En outre, contrairement aux craintes exprimées dans le rapport
de l’Assemblée, les enfants et les personnes vulnérables sont identifiés
à un stade très précoce de la procédure de détermination du statut
et ne sont pas maintenus en rétention. Ils ne restent pas non plus
dans les centres de crise, car d’autres types d’hébergement leur
sont systématiquement proposés. L’année dernière, le HCR a créé,
grâce à des fonds versés par l’Union européenne, plus de 20 000 places
d’hébergement pour les candidats à la relocalisation et les demandeurs
d’asile ayant des besoins spéciaux, sous la forme principalement
d’appartements, de bâtiments rénovés, d’hôtels et de familles d’accueil.
D’autres projets sont en cours. Cependant, la situation des mineurs
non accompagnés reste préoccupante, notamment en Italie où leur
nombre est largement plus élevé qu’en Grèce (un point sur lequel
je reviendrai dans le chapitre 5).
45. D’autres sujets d’inquiétude concernent les conditions de
vie dans les «hotspots». Ceux-ci sont extrêmement surpeuplés et
des problèmes persistent notamment à Chios et Samos. Il faudrait
remédier d’urgence à la situation. Les capacités pour un accueil
satisfaisant sur les îles sont limitées à 7 450 personnes, alors
que dans la pratique le nombre de réfugiés et de migrants est deux
fois plus élevé. De nombreux demandeurs d’asile ont été transférés
des îles vers le continent.
46. Les conditions de vie se sont aussi considérablement améliorées
sur le continent mais des préoccupations demeurent. À Idomeni, plus
personne ne campe sur un site improvisé près de la frontière, mais il
existe d’autres camps ne répondant pas aux normes et qui devraient
être d’urgence mis à niveau et améliorés. Les efforts des autorités
grecques, conjointement avec le HCR, pour trouver d’autres types d’hébergement
doivent être salués. Il conviendra de privilégier des solutions
à long terme, dans la perspective d’intégrer les réfugiés qui resteront
en Grèce.
47. Il existe des ressources financières substantielles sous la
forme de financement d’urgence et à long terme de l’Union européenne
alloué à la Grèce. Cependant, les autorités grecques n’ont pas utilisé
le financement d’urgence à un niveau satisfaisant, en particulier
pour le suivi de la mer Egée.
3.2. Italie
48. En Italie, en revanche, la
situation semble plus complexe. 181 436 personnes, aussi bien des
réfugiés que des migrants, sont arrivées par la mer en 2016; 90 %
venaient de Libye par bateau. Les Nigérians (21 %) et les Érythréens
(11 %) étaient les deux nationalités les plus représentées. Un élément
saillant est le changement de profil de ces demandeurs d’asile qui
comprennent un nombre croissant d’enfants non accompagnés, plus
de 25 000 en 2016 (14 %), soit le double par rapport à 2015. Cette
évolution suscite des inquiétudes justifiées concernant l’exploitation
probable de ces jeunes par des réseaux criminels organisés.
49. Le nombre de personnes arrivées au cours des quatre premiers
mois de 2017 s’élève à 45 000 soit une augmentation de 36 % par
rapport à la même période de 2016 (31 000). Tous mes interlocuteurs
s’accordent cependant à dire que cette augmentation n’est pas la
conséquence de la mise en œuvre de la Déclaration UE-Turquie. Les
personnes empruntant la Route de la Méditerranée centrale (c’est-à-dire
les Nigérians, les Érythréens, les Guinéens et les ressortissants
d’autres pays d’Afrique) n’ont pas la même nationalité que celles qui
traversent la mer Égée.
50. Au cours des derniers mois, on a observé une augmentation
du nombre de Bangladais arrivant en Italie via la Libye. On m’a
rapporté que ces personnes se sont souvent rendues dans un premier
temps en Libye –un pays qui dans le passé offrait du travail aux
migrants – à la recherche d’un emploi sur les conseils de passeurs.
Une fois arrivés sur place, ils réalisent que la réalité sur le
terrain ne correspond pas à ce qu’on leur a raconté et ils se lancent
dans une traversée maritime périlleuse avec la complicité de passeurs.
Cette analyse vaut également pour d’autres migrants arrivant en
Libye depuis le sud.
51. Les bateaux et autres embarcations de fortune appareillent
depuis une bande de 20 km de large située sur la côte libyenne.
L’immense majorité d’entre eux sont totalement impropres à la navigation
et surchargés, de sorte que – malgré l’accroissement des efforts
visant à sauver des personnes en mer – force est de déplorer des
victimes. Pour les seuls quatre premiers mois de 2017, quelque 1 200 individus
auraient ainsi péri en mer.
52. Il existe cinq centres de crise en Italie (Lampedusa, Pozzallo,
Porto Empedocle, Tarente et Trapani) qui ont une capacité totale
de 1 600 places, ce qui semble totalement insuffisant compte tenu
du nombre d’arrivées journalières, lequel dépasse parfois 2 000.
Les autorités nationales et plus particulièrement une équipe spéciale
établie au sein du ministère de l’Intérieur soutiennent depuis le
tout début les centres de crise et la gestion de la migration qui
en découle. Cette dernière a sans délai adopté des procédures standards
qui sont devenues opérationnelles en mai 2016 après que l’ensemble
des principales parties prenantes ont été consultées: les autorités
italiennes, la Commission européenne, Frontex, Europol, le BEAA,
le HCR et l’OIM. L’adoption et la mise en œuvre rapide de ces procédures
ont grandement contribué à la révision de l’approche italienne concernant
les centres de crise. Par ailleurs, la coordination au niveau opérationnel
et local donne toute satisfaction.
53. Pourtant, seul un tiers environ des migrants et des réfugiés
qui arrivent sont débarqués dans un «hotspot», la majorité d’entre
eux étant acheminée dans un port. Les autorités italiennes mettent
actuellement en place une nouvelle stratégie basée sur le recours
aux centres de crise et la modernisation des infrastructures portuaires
en vue de permettre l’application des procédures opérationnelles
standards.
54. Selon les autorités italiennes, cette approche permet l’enregistrement,
l’identification et le prélèvement des empreintes digitales d’environ
97 % des migrants et des réfugiés qui arrivent dans de bonnes conditions. Cet
enregistrement peut durer jusqu’à 72 heures et, ensuite, les demandeurs
d’asile sont répartis selon des quotas définis à l’avance entre
les différentes régions d’Italie où ils sont pris en charge par
les autorités locales et logés dans des camps ou d’autres structures.
Le nombre de places disponibles a fortement augmenté au cours des
derniers mois et on compte actuellement 176 000 demandeurs d’asile
dans les installations d’accueil.
55. Les conditions de vie varient considérablement d’un endroit
à l’autre. Alors qu’elles peuvent être considérées comme satisfaisantes
dans certaines d’entre elles, dans d’autres elles accusent des lacunes persistantes.
Ces disparités s’expliquent en partie par l’absence de normes nationales
et par le fait que les centres d’accueil ne sont pas gérés par des
organismes spécialisés.
56. Dans l’un des camps situés en Sicile, du nom de Mineo, abritant
quelque 4 000 demandeurs d’asile, une enquête pénale portant sur
de graves errements dans la gestion administrative de cette infrastructure
est en cours.
57. La capacité d’accueil totale est estimée à 200 000 personnes.
Si ce chiffre était dépassé, la crise humanitaire deviendrait une
menace très réelle. Le nombre de personnes arrivant en Italie étant
en augmentation et celui des personnes quittant ce pays en diminution
(notamment en raison de la mise en place de contrôles plus systématiques
aux frontières nord), il devient impératif d’examiner d’urgence
cette question.
58. Comme en Grèce, presque 100 % des personnes arrivant dans
le pays demandent l’asile, ce qui n’était pas le cas les années
précédentes lorsque les migrants prenaient la route menant vers
des pays situés plus au nord et, partant, ne voulaient pas obérer
leur chance d’y obtenir l’asile en faisant une demande dans le premier
pays d’arrivée. Par conséquent, l’Italie qui était un pays de transit
est devenue un pays de destination.
59. La procédure d’examen des demandes d’asile dure entre 60 et
80 jours, délai au bout duquel une décision est rendue en première
instance. Cette procédure n’est pas adaptée à l’afflux massif de
demandeurs et devrait par conséquent être révisée. Pendant tout
ce temps, chaque requérant reste soumis au régime d’accueil. Le
taux moyen d’octroi de l’asile est de 43 % (auxquels il convient
d’ajouter 10 % de personnes se voyant reconnaître le droit à une
protection complémentaire). Tous les demandeurs dont la demande
a été rejetée en première instance ont le droit d’introduire un
recours lequel aboutit dans environ 60 % des cas. L’intéressé, une
fois son statut définitivement fixé et à supposer qu’il se soit
vu reconnaître le statut de réfugié ou de personne ayant droit à
une aide humanitaire, perd son droit au logement et à une aide,
mais se voit reconnaître celui de travailler.
60. Le système de renvoi des personnes dont la demande d’asile
a été rejetée est totalement défaillant. En pratique, les personnes
se trouvant en Italie ne sont jamais expulsées ni avec leur accord
ni contre leur gré. La raison sous-jacente essentielle tient à l’absence
de coopération avec les pays d’origine. Les intéressés deviennent
donc des migrants illégaux et la majorité d’entre eux reste en Italie.
Inutile de préciser que cette situation est insatisfaisante à la
fois pour les migrants et pour les collectivités les ayant accueillis,
ainsi que pour l’image des migrants en général.
61. Comme nous l’avons déjà indiqué, l’une des principales préoccupations
visant l’Italie tient à l’augmentation du nombre de mineurs non
accompagnés. Force est de constater la pénurie de structures d’accueil
destinées à ces personnes dans les régions où elles affluent. Par
conséquent, les mineurs séjournent dans des centres de crise qui
ne sont pas adaptés à leurs besoins spécifiques.
62. On constate également une augmentation du nombre de femmes,
venues principalement du Nigéria, arrivant en Italie. Cette situation
est extrêmement préoccupante. Selon les travailleurs sociaux que
j’ai pu rencontrer, la quasi-totalité des intéressées a fait l’objet
de violences sexuelles pendant son voyage et continue à faire l’objet
de violences et d’exploitation sexuelles après son arrivée dans
les camps. La plupart d’entre elles ont été abusées par les passeurs
et constituent des cibles faciles pour les réseaux criminels en
Europe. Dans ce domaine également, les conditions d’accueil ne sont
pas systématiquement adaptées aux besoins spécifiques de cette catégorie
vulnérable de demandeurs d’asile.
3.3. Turquie
63. Selon les statistiques du HCR,
on compterait actuellement 2 900 000 réfugiés en Turquie.
64. Selon les statistiques des garde-côtes turcs pour 2016, quelque
37 060 migrants illégaux auraient été arrêtés alors qu’ils tentaient
de traverser la mer Égée.
65. Parallèlement, 2 672 ressortissants syriens ont été réinstallés
dans des pays de l’Union européenne au départ de la Turquie.
66. J’ai l’intention de me rendre en Turquie en juin 2017 afin
de me familiariser avec la situation des réfugiés résidant dans
ce pays, ainsi que des migrants qui y ont été renvoyés. Je compte
inclure les conclusions de cette visite dans un addendum au présent
rapport.
4. Mécanismes
de relocalisation et de réinstallation
4.1. Relocalisation
67. Dans le cadre de la réaction
européenne à la crise des migrants et des réfugiés, le Conseil européen
a adopté, en septembre 2015, un programme de relocalisation d’urgence
selon lequel les demandeurs d’asile ayant de grandes chances de
voir leur demande acceptée seraient relocalisés au départ de la
Grèce et de l’Italie vers d’autres États membres de l’Union européenne
où leur demande d’asile serait traitée.
68. L’engagement concernait à l’origine la relocalisation de près
de 160 000 personnes, mais il a été revu à la baisse, soit 98 255
en septembre 2016, lorsque le Conseil européen a adopté un amendement
pour rendre disponibles 54 000 places non encore attribuées de manière
à admettre légalement dans l’Union européenne des Syriens venant
de Turquie.
69. Dans un climat de controverses sur la nature volontaire ou
obligatoire des quotas de répartition, au 12 avril 2017, seules
16 340 personnes au total avaient été relocalisées (5 001 au départ
de l’Italie et 11 339 de la Grèce
).
70. Au vu de l’avancée peu satisfaisante des relocalisations,
en décembre 2016, la Commission européenne a appelé individuellement
les États membres à accroître leurs efforts pour atteindre les objectifs de
1 000 relocalisations par mois à partir de l’Italie et de 2 000
à partir de la Grèce. Les États membres et les pays associés (Suisse,
Norvège et Liechtenstein) qui participaient déjà activement au programme
de relocalisation ont répondu positivement et communiqué leur plan
d’engagement mensuel.
71. Depuis le début 2017, le rythme des réinstallations s’accélère.
En mars, il a atteint le chiffre record de 2 465. Pourtant, malgré
les progrès réalisés, ce chiffre reste largement inférieur à l’objectif
qu’il conviendrait d’atteindre pour que toutes les personnes remplissant
les conditions d’une réinstallation puissent en bénéficier avant
l’expiration du délai imparti (c’est-à-dire avant septembre 2017).
72. Certains pays comme le Luxembourg et le Portugal enregistrent
des progrès concernant le respect de leurs obligations. D’autres
– comme la Bulgarie, la Croatie et la République slovaque – se montrent extrêmement
réticents. L’Autriche a récemment annoncé qu’elle comptait commencer
bientôt à appliquer cette procédure, tandis que d’autres (comme
la Hongrie et la Pologne) n’ont encore entrepris aucune action en
ce sens. Jusqu’à présent, seuls deux États membres (Malte et la
Finlande) sont bien partis pour honorer leur obligation de relocaliser
à partir de la Grèce et de l’Italie. Pour conclure, les autres États,
en particulier ceux qui n’ont encore entrepris aucune relocalisation,
doivent s’engager de manière beaucoup plus significative et passer
à l’action.
73. Dans mes discussions avec les autorités grecques et d’autres
acteurs du programme de relocalisation, j’ai essayé de comprendre
les véritables raisons de ces retards injustifiés. La répartition
et le contingent ont été décidés entre États; mais il y a un manque
de volonté politique d’honorer les engagements. D’autres obstacles
empêchent une relocalisation effective et les critères d’éligibilité
sont trop difficiles à satisfaire.
74. Ma conclusion est que dans le cas de certains pays (Pologne,
Hongrie, République tchèque, République slovaque et Autriche), il
n’y a pas suffisamment de volonté politique; toutefois, dans le
cas des pays plus actifs, l’engagement pris officiellement doit
correspondre à une action résolue des services nationaux compétents. Bien
que le nombre de promesses s’accroisse, m’a-t-on dit, les procédures
bureaucratiques et sécuritaires sont très longues. Les États de
relocalisation ont généralement des exigences concernant le profil
des demandeurs d’asile qu’ils sont disposés à recevoir. Ces exigences
associées aux stricts critères d’éligibilité (nationalité, pas de
soumission de demande d’asile dans un autre pays, aucun refus) compliquent
la tâche de recensement des « bonnes » personnes. Ensuite, le contrôle
de sûreté effectué par chaque service national sans tenir compte
de celui que les autorités grecques ont déjà réalisé prend beaucoup
de temps.
75. La situation est plus compliquée en Italie, pays dans lequel
peu de gens sont fondés à demander une relocalisation. Tant que
les critères ne seront pas assouplis, il est probable que le nombre
de candidats demeurera faible. Dans ce contexte, on a du mal à comprendre
pourquoi le programme de relocalisation des mineurs non accompagnés
demeure un échec total. Jusqu’à présent, pas un seul d’entre eux
n’a été relocalisé à partir de l’Italie.
4.2. Réinstallation
76. En juillet 2015, le Conseil
européen a adopté un programme de réinstallation conçu pour offrir
des voies de migration légales et sûres vers l’Europe aux personnes
ayant besoin d’une protection internationale. Il a été décidé de
réinstaller 22 504 réfugiés en provenance de Turquie, de Jordanie
et du Liban. Au 7 février 2017, 13 968 personnes avaient été réinstallées.
Des réinstallations ont eu lieu dans 21 États participant au programme
.
Parmi ces pays, la Suède, le Royaume-Uni, la Finlande et les Pays-Bas
ainsi que les pays associés, à savoir la Suisse, le Liechtenstein
et l’Islande, ont déjà honoré leurs engagements.
77. La Déclaration UE-Turquie énonçait que pour chaque Syrien
renvoyé en Turquie au départ des îles grecques, un autre Syrien
serait réinstallé de la Turquie vers l’Union européenne. Elle prévoyait
un programme d’admission humanitaire volontaire qui a été activé
le 4 avril 2016 une fois le nombre de traversées irrégulières entre
la Turquie et l’Union européenne notablement et durablement réduit.
Le nombre de réinstallations dans le cadre de ce programme a été
inclus dans le chiffre global des installations. Dans son neuvième
rapport du 7 février 2015 sur l’avancement des programmes de l’Union
européenne en matière de relocalisation et de réinstallation, la
Commission européenne a constaté que le nombre de réinstallations
dans le cadre de la Déclaration UE-Turquie continuait d’augmenter
et que les États membres faisaient des progrès en matière de mise
au point de nouvelles opérations de réinstallation. Depuis le 4 avril
2016, 3 098 Syriens ont été réinstallés dans l’Union européenne
à partir de la Turquie en vertu du mécanisme « un pour un » (une
personne réinstallée pour une personne renvoyée). Les autorités
turques ont respecté leur engagement d’intensifier les efforts pour fournir
de plus longues listes de candidats à la réinstallation.
5. Principales
préoccupations en matière de droits de l’homme
78. Bien que, comme je l’ai démontré
ci-dessus, des progrès indéniables aient été accomplis s’agissant
des conditions d’accueil et du traitement des demandes d’asile dans
les deux pays en première ligne que sont la Grèce et l’Italie, depuis
2015 et début 2016, certains problèmes ayant des répercussions sur
l’état des droits fondamentaux des réfugiés et des migrants subsistent
et devraient être traités d’urgence. L’Union européenne, ainsi que
les autorités grecques et italiennes, devrait adopter des mesures
concrètes afin d’améliorer la situation dans certaines zones.
79. L’amélioration des conditions d’accueil, notamment sur les
îles grecques, est une priorité. Certes, ces conditions se sont
incontestablement améliorées depuis 2016, mais elles ne sont pas
satisfaisantes pour autant. Certains centres d’accueil sont toujours
surpeuplés, inadéquats et peu sûrs. La solution la plus durable à
ce problème serait de traiter rapidement les demandes d’asile et
d’accroître les transferts vers le continent, réduisant ainsi le
nombre de personnes qui ont besoin d’être hébergées sur les îles.
80. Sur le continent, il faudrait fermer immédiatement les sites
qui ne conviennent manifestement pas à l’hébergement, notamment
des entrepôts dans la région de la Macédoine centrale et à Ellinikó,
ainsi que dans le dernier site non officiel de la région de l’Attique,
et transférer les migrants vers des lieux où les conditions d’accueil
sont sûres et appropriées. Les projets de construction de nouveaux
camps pour accueillir des centaines de migrants devraient être abandonnés
car les grands camps contribuent à la marginalisation. Il faudrait
privilégier des structures d’accueil plus petites et une distribution
géographique plus grande sur la base de l’expérience italienne.
Des standards nationaux pour les structures d’accueil devraient
être adoptés. Il faudrait soutenir des projets qui proposent le
recours à des bâtiments rénovés, à des hôtels et à des familles d’accueil,
conformément au plan du HCR.
81. Il faudrait augmenter la capacité d’enregistrement et de traitement
des demandes d’asile notamment sur le continent où les décisions
de première instance concernant les personnes enregistrées à la
fin du premier semestre 2016 ne seront rendues qu’en 2018. Le HCR
a, en outre, signalé certaines pratiques discriminatoires qui retardent
les procédures pour certaines nationalités (les Afghans et les Irakiens
par exemple). Avec le concours du BEAA, les responsables du système
d’asile grec devraient remédier d’urgence à cette incapacité à traiter
pleinement les demandes d’asile dans un délai raisonnable pour toutes
les nationalités.
82. Les conditions d’accueil devraient également être améliorées
en Italie et des normes nationales fixées de manière à réduire les
disparités entre les divers centres d’hébergement. La question du
retour des demandeurs d’asile déboutés devrait être examinée d’urgence
afin d’éviter la saturation des centres d’accueil existants qui
atteindront bientôt leur limite.
83. La question des mineurs non accompagnés reste un grave sujet
de préoccupation en Italie et en Grèce. Aussi bien les garçons que
les filles sont exposés à un risque accru et sont fréquemment victimes
de violences, d’une exploitation, de la traite d’êtres humains ou
d’abus physiques, psychologiques et sexuels au cours de leur odyssée
et dans les camps. Ils courent un risque accru d’être marginalisés
et de verser dans la criminalité. Ce risque est encore plus fort
lorsque des enfants partagent un espace de vie avec des adultes
étrangers dans des installations surpeuplées qui ne sont pas adaptées
à leurs besoins spécifiques.
84. Le recours à des procédures appropriées d’évaluation de l’âge
revêt une importance cruciale pour la protection des droits des
enfants migrants. Malheureusement, certains pays ne se conforment
pas aux normes pertinentes, ce qui pourrait entraîner des inexactitudes
préjudiciables aux mineurs. La commission des migrations, des réfugiés
et des personnes déplacées travaille actuellement à l’élaboration
de lignes directrices en la matière et soumettra des recommandations
à l’Assemblée parlementaire dans le courant de l’année.
85. La résolution du problème de la réinstallation des mineurs
non accompagnés a totalement échoué à la fois en Italie et en Grèce.
Le programme devrait être adapté d’urgence afin de permettre aux
mineurs de bénéficier de cette option. Il est particulièrement aigu
en Italie, pays dans lequel il deviendra très bientôt impossible
à quiconque de profiter de cette solution.
86. On compte plus de 21 000 mineurs non accompagnés enregistrés
en Italie et le pourcentage des enfants et des jeunes parmi les
nouveaux arrivants est en constante augmentation. La plupart d’entre
eux sont rapidement identifiés et enregistrés comme mineurs non
accompagnés à l’arrivée, mais malheureusement une bonne partie est
ensuite transférée dans des centres d’accueil inadaptés en raison
de la pénurie de structures spécialisées.
87. La situation pourrait s’améliorer après la mise en œuvre intégrale
de la Loi n° 47 relative au mineurs migrants non accompagnés (dite
« Leggia Zampa ») entrée en vigueur en mai 2017. Cet instrument
prévoit l’établissement de centres dédiés à cette population et
la nomination de 26 000 gardiens. Le décret d’application est en
cours de rédaction et on espère qu’il sera promulgué sans retard
indu.
88. On compte 2 000 mineurs enregistrés en Grèce, dont seulement
1 352 vivent dans des abris. 891 figurent sur une liste d’attente
en vue d’être placés, dont 130 d’entre eux sont dans un centre d’accueil
et 18 en détention protégée. La capacité du pays à loger ces enfants,
malgré des progrès indéniables, accuse encore un sérieux retard
par rapport aux besoins. Des efforts accrus s’imposent encore afin
de créer d’autres systèmes comme la garde auprès de familles d’accueil
composées d’habitants locaux ou de réfugiés ou bien des structures
de vie indépendante (mais supervisée) en petits groupes pour les
enfants approchant de la majorité. De plus, même au sein des centres
d’accueil ordinaires, des zones spéciales devraient être réservées aux
mineurs et autres groupes vulnérables.
89. Certains rapports font état de la détention, dans certaines
circonstances, de mineurs non accompagnés dans des locaux de police
où ils sont parfois enfermés avec des adultes. Cette situation est
inacceptable. L’Assemblée parlementaire participe depuis 2015 à
la Campagne parlementaire pour mettre fin à la rétention d’enfants
migrants qui promeut et encourage les solutions législatives et
organisationnelles permettant de trouver des solutions de remplacement
à la rétention de ces mineurs.
90. Enfin, une remarque générale s’impose sur la nécessité d’améliorer
les structures de coordination avec l’ensemble des organismes humanitaires
déployant des activités en Grèce afin d’apporter une réponse cohérente
et efficace et de départager clairement les responsabilités. Une
telle initiative permettrait de mettre fin à la pratique actuelle
du coup par coup – illustrée récemment par les activités visant
à préparer l’hiver – et de renforcer la confiance des donneurs dans
la capacité de réaction desdits organismes. Bien que la création du
ministère de la Migration en 2016 constitue un pas dans la bonne
direction, le manque d’une structure et d’un statut ministériel
adéquate compromet les bases de progrès. Il conviendrait en outre
d’élaborer un programme d’action en cas d’arrivée massive.
6. Conclusions
91. Plus d’un an après l’adoption
de la Déclaration UE-Turquie, force est de reconnaître que cet instrument a
contribué à alléger ou résoudre bon nombre de problèmes. Son principal
objectif était de casser le modèle opérationnel des passeurs qui
exploitent la détresse des réfugiés et des migrants et font courir
un risque mortel aux intéressés. La diminution sensible du nombre
des traversées et des pertes en vies humaines depuis l’entrée en
vigueur de la Déclaration prouve que le système mis en place répond
en partie à cette préoccupation. Pendant la période record en 2015,
5 000 à 6 000 personnes prenaient la mer tous les jours à destination
des îles grecques. Pendant les semaines précédant la mise en œuvre
de la Déclaration, la moyenne journalière atteignait presque 2 000.
En revanche, cette moyenne est tombée au-dessous de 100 par jour
depuis le 1er janvier 2017. Le nombre
de morts a lui aussi considérablement diminué puisque l’on compte seulement
37 pertes en vies humaines pour la période allant du 1er janvier
au 10 mai 2017.
92. Par conséquent, la situation en Grèce s’est largement améliorée
et devient gérable même si presque 100 % des personnes arrivant
dans ce pays réclament l’asile. L’accueil, l’enregistrement et le
traitement des demandes sont désormais efficaces grâce aux efforts
continus des autorités et des autres parties prenantes, de sorte
que les préoccupations dans ce domaine sont moins vives. Pourtant,
on ne saurait être pleinement satisfait de la situation qu’il conviendrait
d’améliorer encore au prix d’efforts supplémentaires.
93. La mise en œuvre de la Déclaration UE-Turquie (et de la fermeture
des frontières) a eu pour conséquence directe une diminution (de
l’ordre de 83 %) du nombre de nouvelles arrivées dans les pays des Balkans
occidentaux et en Hongrie. En ce qui concerne les migrants bloqués
dans ces pays fin 2016, leur nombre total s’élevait à 13 533 contre
5 688 fin 2015. La majorité des migrants bloqués se trouve actuellement en
Serbie (5 633) et en Bulgarie (5 560)
.
94. La mise en œuvre de la Déclaration UE-Turquie et de la fermeture
des frontières sur la Route des Balkans occidentaux n’a pas eu d’incidence
sur le nombre de personnes empruntant la Route de la Méditerranée
centrale. Même si le nombre d’arrivées en Italie a augmenté d’environ
30 % à 40 % au cours des cinq premiers mois de 2017, ce phénomène
est lié à la situation instable prévalant en Libye et au renforcement de
l’afflux de migrants en provenance de différents pays d’Afrique.
95. Les conditions d’accueil et les procédures d’examen des demandes
d’asile en Italie, bien qu’ayant été également améliorées, exigent
une action d’urgence. Comme la Grèce, l’Italie est en effet devenue
un pays de destination et l’arrivée continue de masses de migrants
risque de provoquer la saturation de ses capacités d’accueil. La
question du traitement des migrants dont la demande d’asile a été
rejetée devrait être examinée sans délai. Le grand nombre de migrants
en situation irrégulière constitue une menace pour tout le système d’asile
et pour la stabilité sociale.
96. L’arrivée de migrants en Italie est largement tributaire de
la situation en Libye. Même si le niveau des missions de recherche
et de sauvetage doit être maintenu, l’Union européenne devrait également
accroître ses efforts afin de lutter efficacement contre les réseaux
de passeurs en Méditerranée, en ciblant leurs approvisionnements
et en mettant en commun les renseignements glanés par les divers
États membres et les organismes compétents.
97. Une coopération a déjà été instaurée avec les garde-côtes
libyens, mais devrait être renforcée notamment en ce qui concerne
le financement des programmes de formation, l’aide à la création
d’un centre de coordination du sauvetage maritime et la mise à disposition
et l’entretien de navires de patrouille supplémentaires.
98. Des discussions sont en cours avec les autorités libyennes
afin de garantir l’amélioration des conditions dans les centres
abritant des migrants et plus particulièrement de protéger les personnes
vulnérables et les mineurs. Il conviendrait d’ailleurs de renforcer
la coopération dans ce domaine avec le HCR et l’OIM.
99. Par ailleurs, cependant, force est d’admettre que des personnes
continueront à chercher de nouveaux moyens de traverser la Méditerranée
en courant un grave danger et en recourant à des passeurs peu scrupuleux,
dans la mesure où il ne leur est pas possible d’entrer légalement
en Europe. L’absence de routes maritimes accessibles et sûres contraint
les réfugiés et migrants à prendre d’énormes risques en mer.
100. L’Assemblée a déjà exprimé son opinion sur la proposition
d’externaliser la gestion des «hotspots»
. Elle a appelé les États membres
et les institutions compétentes à explorer les possibilités de mieux
repérer les personnes ayant besoin d’une protection internationale
et à organiser le traitement externe des demandes d’asile dans le
cadre de procédures sûres établies hors d’Europe dans des pays tiers
sûrs, pour autant que les droits fondamentaux des intéressés soient
garantis.
101. L’introduction et l’élargissement d’autres routes d’accès
légales et sûres au profit des migrants – comme des politiques plus
élaborées de réinstallation, le regroupement familial ou l’octroi
d’un statut humanitaire – permettraient de sauver la vie de nombreuses
personnes prêtent à tenter de forcer le passage de manière illégale.
102. On a beaucoup glosé sur la nécessité de renforcer la coopération
et l’aide aux pays d’origine, non seulement sous la forme d’une
assistance financière, mais également sous la forme de la promotion
de projets économiques de nature à contribuer au développement durable
et à inciter les gens à rester dans leur pays. S’attaquer aux causes
profondes de la migration illégale en Méditerranée constitue la
mesure à long terme la plus importante. Cette politique s’impose
de manière incontournable et devrait être adoptée aussi rapidement que
possible.