1. Introduction
1. En 2017, le monde du cinéma
a été traversé par une onde de choc lorsque, l’une après l’autre,
plusieurs actrices d’Hollywood ont dénoncé publiquement les abus
sexuels leur ayant été infligés par Harvey Weinstein, un producteur
célèbre et puissant. Dans les semaines qui suivirent, elles ont
été rejointes par des millions de femmes de divers pays qui ont
tenu à dénoncer leurs propres expériences d’actes – relevant du
sexisme, du harcèlement sexuel et de la violence fondée sur le genre –
affectant leur vie dans différents domaines. Les réseaux sociaux
sont devenus la principale caisse de résonance de ce mouvement par
le biais du hashtag #MeToo.
2. Portées par la vague créée par #MeToo, de nombreuses femmes
politiques ont commencé à parler ouvertement. Leurs témoignages
et expériences individuelles ne sont pas des cas isolés, mais reflètent
une réalité: la violence fondée sur le genre est un phénomène répandu
et systématique en politique, y compris au sein des parlements.
3. Cette réalité a été confirmée par deux documents importants
publiés en 2018: le rapport
Violence
contre les femmes en politique rédigé par Dubravka Šimonović,
rapporteure spéciale des Nations Unies sur la violence contre les
femmes, ses causes et ses conséquences et soumis à l’Assemblée générale
des Nations Unies au mois d’août 2018
et l’étude régionale
Sexisme, harcèlement et violence à l’égard
des femmes dans les parlements d’Europe réalisée conjointement
par l’Union interparlementaire et l’Assemblée parlementaire du Conseil
de l’Europe
.
2. Origine et objet du présent rapport
4. Le présent rapport trouve son
origine dans une proposition de résolution intitulée «Pour des parlements sans
sexisme ni harcèlement sexuel» déposée par 74 membres de l’Assemblée,
dont moi-même en tant que première signataire
. Le 25 janvier 2019, la question
a été renvoyée à la commission sur l’égalité et la non-discrimination
pour rapport et inscrite à l’avant-projet d’ordre du jour de la
partie de session d’avril 2019.
5. Il me semble tout à fait approprié que l’Assemblée tienne
un débat sur cette question dès que possible, non seulement parce
que bon nombre de ses membres ont soutenu la proposition, mais aussi
parce que beaucoup d’entre eux ont contribué à l’étude régionale
intitulée Sexisme, harcèlement et violence
à l’égard des femmes dans les parlements d’Europe en
apportant leurs témoignages personnels.
6. À la suite de l’étude régionale et avant la Journée internationale
pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes de 2019 (25 novembre),
la Présidente de l’Assemblée a lancé l’initiative «#PasDansMonParlement»
lors de la réunion de la Commission permanente tenue à Helsinki
en novembre 2018, afin d’attirer l’attention sur l’ampleur alarmante
des comportements sexistes, du harcèlement et des violences sexistes
dans les parlements nationaux
.
7. L’Assemblée devrait soutenir ces efforts de sensibilisation
et promouvoir des initiatives du même type au niveau national. Parallèlement,
elle devrait adopter des recommandations adressées aux parlements nationaux
et aux autres acteurs de la vie politique, afin que l’étude débouche
sur l’adoption de mesures concrètes.
8. Le sexisme et les violences faites aux femmes sont plus que
jamais au centre des débats publics. Il incombe maintenant aux responsables
politiques – femmes et hommes – de transformer cette dynamique en changements
tangibles, par le biais de politiques, de lois et autres mesures
visant à éradiquer le sexisme et la violence dont les femmes sont
victimes et la culture qui la tolère, et à promouvoir l’égalité
de genre. Ces efforts devraient également s’étendre à la sphère
politique. Il appartient à chaque parlement de déterminer s’il dispose de
mécanismes adéquats pour prévenir le sexisme et le harcèlement sexuel
contre ses membres et son personnel et pour éviter l’impunité des
auteurs de ces agissements. Il conviendrait de déployer des efforts considérables
pour lutter contre les attitudes méprisantes à l’égard du phénomène
de violence fondée sur le genre et du silence qui l’entoure, y compris
en politique.
3. Violence
envers les femmes en politique
3.1. Définition
et normes internationales applicables
9. En août 2018, Dubravka Šimonović,
rapporteure spéciale des Nations Unies sur la violence contre les femmes,
ses causes et ses conséquences, a soumis un rapport sur la «Violence
contre les femmes en politique» à l’Assemblée générale de cette
organisation
. Ce document constitue à ce jour
l’analyse la plus complète du phénomène et contient des informations
extrêmement pertinentes pour le présent rapport.
10. Le rapport des Nations Unies définit la violence contre les
femmes en politique comme «tous actes de violence sexiste causant
ou pouvant causer aux femmes un préjudice ou des souffrances physiques,
sexuelles ou psychologiques, y compris la menace de tels actes,
qui visent en raison de leur sexe des femmes engagées en politique
ou qui les touchent de manière disproportionnée»
.
11. Cette définition rappelle celles énoncées dans la Déclaration
de 1993 sur l’élimination de la violence à l’égard des femmes (article 1)
, ainsi que dans les Recommandations
générales no 19 (1992) sur la violence à
l’égard des femmes
et no 35
(2017)
sur la violence à l’égard des femmes
fondée sur le genre, portant actualisation de la Recommandation
générale no 19, telles qu’elles ont été
adoptées par le Comité des Nations Unies pour l’élimination de la
discrimination à l’égard des femmes (comité de la CEDEF). Elle est
également compatible avec celle de la violence sexiste énoncée dans
Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte
contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique
(STCE no 210, «Convention d’Istanbul»)
(article 3)
.
12. Dans son analyse, la rapporteure spéciale définit le terme
«femmes en politique» comme désignant «toutes celles qui sont impliquées
dans des activités politiques, les élues nationales et locales,
les membres ou candidates de partis politiques, les titulaires de
charges publiques (gouvernement et État) aux niveaux local, national
et international, les fonctionnaires, les ministres, les ambassadrices
et autres membres du corps diplomatique»
.
13. Même si la violence envers les femmes en politique n’est pas
spécifiquement mentionnée dans la Convention pour l’élimination
de la discrimination à l’égard des femmes, dans les recommandations
générales du Comité de la CEDEF précitées et dans la Convention
d’Istanbul, toutes les normes en matière de lutte contre les violences
sexistes dirigées contre les femmes sont applicables.
14. De plus, la violence qui vise les femmes en politique est
explicitement mentionnée dans plusieurs instruments juridiques non
contraignants tels que:
- la
Résolution 66/130 adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies
de 2011 sur la participation des femmes en politique, dans laquelle
cette assemblée appelle à une tolérance zéro en matière de violence
à l’égard de femmes élues ou candidates à des fonctions politiques ;
- la Résolution de l’Union interparlementaire (UIP) sur
la liberté des femmes de participer pleinement aux processus politiques,
en toute sécurité et en toute indépendance adoptée par cette organisation
lors de sa 135e assemblée .
15. Au niveau régional, l’Amérique latine a fait œuvre de pionnière
dans la lutte contre le phénomène de la violence à l’égard des femmes
en politique, notamment par le biais de la Convention interaméricaine
de 1994 sur la prévention, la sanction et l’élimination de la violence
contre les femmes («la Convention de Belém do Pará»).
16. En 2015, la Sixième Conférence des États Parties à la Convention
de Belém do Pará a adopté une Déclaration sur le harcèlement politique
et la violence à l’égard des femmes
ayant débouché ultérieurement sur
l’adoption de l’Inter-American Model Law on the Prevention, Punishment
and Eradication of Violence against Women in Political Life [Loi
modèle interaméricaine pour la prévention, la punition et l’éradication
de la violence envers les femmes dans la vie politique] que les
États Parties sont invités à utiliser dans le contexte de l’harmonisation
de leurs législations respectives
.
17. Cette loi modèle:
- énonce
une définition de la violence dont les femmes sont l’objet en politique;
- établit un lien explicite entre la violence envers les
femmes en politique et l’égalité, en expliquant que l’établissement
de la seconde passe par l’élimination de la première;
- identifie les organismes publics responsables de la prévention
et de la répression de la violence envers les femmes en politique;
- contient des dispositions détaillées concernant la protection
et l’indemnisation des victimes, ainsi que les sanctions dont sont
passibles les auteurs de ces actes.
3.2. Caractéristiques
(motifs, formes, victimes, auteurs, rôle des médias)
18. Femmes et hommes peuvent être
victimes de violences en politique, ces actes – lorsqu’ils visent
des femmes en raison de leur genre – peuvent revêtir la forme de
menaces, de harcèlement ou de violences sexistes
.
19. Certaines femmes sont davantage exposées au risque, qu’il
s’agisse: de défenseuses des droits humains; de militantes des droits
des femmes; de journalistes; de membres de groupes minoritaires
ou de personnes placées à l’intersection de plusieurs motifs de
discrimination; de femmes jeunes; de militantes lesbiennes, bisexuelles,
transgenres ou intersexuelles; de membres de l’opposition; ou de
personnes exprimant des opinions minoritaires ou controversées.
20. La violence que subissent les femmes en politique peut s’exprimer
aussi bien dans la sphère privée que publique et être l’œuvre d’acteurs
occupant ou non des fonctions publiques, qu’il s’agisse de membres
de partis politiques, de parlementaires du même parti ou d’un parti
adverse, d’électeurs, de représentants des médias, de chefs religieux,
de membres de la famille ou d’amis.
21. Dans son rapport, la rapporteure spéciale des Nations Unies
signale que les partis politiques figurent parmi les auteurs les
plus fréquents de violence à l’encontre des femmes et que le sexisme
ou la discrimination représentent l’un des principaux défis en matière
de participation des femmes aux élections
.
De nombreuses femmes politiques ont dénoncé le phénomène de sextorsion,
ayant reçu des demandes de faveurs sexuelles en échange de postes
de pouvoir au sein de partis politiques ou d'un bon placement sur
une liste électorale. Parmi les autres formes de violence, nous
pouvons aussi mentionner le harcèlement sexuel, les contacts sexuels
non désirés, la calomnie, le discours de haine sexiste et le refus
d’attribution de ressources qui sont mises à la disposition des
hommes
.
22. Les réseaux sociaux véhiculent de plus en plus de discours
haineux à caractère sexiste et servent de vecteur pour commettre
des violences à l’égard des femmes
.
Les femmes politiques sont particulièrement visées et confrontées
à du sexisme et un discours de haine sexiste émanant aussi bien
du public que d’autres membres du personnel politique appartenant
parfois à leur propre parti. Les cas les plus graves comprennent le
harcèlement et les menaces de viol ou d’assassinat. Les exemples
d’envoi d’images sexualisées ou d’insultes sexuelles à des femmes
politiques sont légion. Il peut même arriver que des images privées
des intéressées soient diffusées
.
De nombreuses études et rapports attestent que la haine propagée
sur les réseaux sociaux a souvent pour effet de dissuader les victimes
de jouer un rôle actif dans le cyberespace ou d’exprimer leurs opinions
sur certains sujets
.
De toute évidence, un tel comportement nuit à la visibilité publique
des femmes, à leur participation et à leur liberté d’expression.
23. Quel que soit le type du média ou du support en cause, les
commentaires relatifs à l’aspect physique et à l’habillement de
femmes politiques sont non seulement fréquents, mais servent souvent
à évaluer leurs capacités et leur travail dans la sphère publique.
3.3. Violences
faites aux femmes dans le cadre du processus électoral
24. Les violences faites aux femmes
dans le cadre du processus électoral sont un obstacle majeur à la réalisation
de leur droit de participer pleinement à la vie politique et publique
et constitue une forme particulière des violences à l’égard des
femmes en politique, comme le souligne la rapporteure spéciale des
Nations Unies
.
Ce comportement inclut notamment les actes de violence sexiste liés
à l’inscription et au vote, à la candidature à des élections et
aux campagnes électorales, à l’annonce des résultats et à la formation
du gouvernement.
25. Outre les conséquences psychologiques et physiques pour les
victimes et leurs familles, l’effet le plus immédiat de la violence
dont sont victimes les femmes dans le contexte d’élections est son
effet dissuasif: moins de femmes aspirent à faire de la politique
et à se présenter à des élections. La violence dans les bureaux de
vote et contre le personnel électoral peut également décourager
les femmes de voter et/ou de participer à l’administration des élections.
Son impact sur l’intégrité et l’issue du processus électoral est
donc important.
26. Malheureusement, la collecte de données sur la violence que
subissent les femmes en période électorale pèche par son insuffisance,
notamment parce que les normes en matière de surveillance des élections
ne tiennent pas compte des sexospécificités et parce que beaucoup
de personnes ne sont pas encore sensibilisées à cette problématique.
Cependant, en 2017, ONU Femmes et le Programme des Nations Unies
pour le développement (PNUD) ont publié un guide intitulé
Preventing Violence against Women in Elections:
a programming guide préconisant plusieurs mesures:
- recenser, surveiller et signaler
les violences faites aux femmes pendant les élections;
- analyser les procédures d’inscription des électeurs et
des candidats afin de prévenir les obstacles à la participation
des femmes;
- identifier les mesures de prévention et de répression
de la violence au sein des partis politiques, en particulier pendant
les campagnes électorales;
- recueillir des informations sur les violences faites aux
femmes pendant les élections et sur les mesures adoptées en vue
de lutter contre ce phénomène.
27. Récemment, certaines organisations non gouvernementales internationales
ont commencé à travailler dans ce domaine. International IDEA, par
exemple, propose un outil de gestion des risques électoraux qui permet
également la collecte de données sur la violence dont les femmes
sont l’objet en politique
,
tandis que la Fondation internationale pour les systèmes électoraux
(IFES) a mis au point un outil conçu pour faciliter la documentation
de cette violence, notamment en période électorale, grâce à une
analyse quantitative et qualitative et à l’exploitation des technologies
de l’information et des communications
.
3.4. Violence
à l’égard des femmes au sein des parlements
28. En 2016, l’UIP a mené une étude
basée sur 55 entretiens avec des femmes parlementaires de 39 pays répartis
sur cinq régions du monde
. Ses résultats ont confirmé
un niveau élevé de sexisme et de harcèlement sexuel, 81,8 % des
participantes avaient subi une forme ou une autre de violence morale.
Parmi elles, 44 % environ avaient reçu des menaces de mort, de viol,
de passage à tabac ou d’enlèvement au cours de leur mandat parlementaire,
y compris des menaces d’enlèvement ou d’assassinat de leurs enfants.
29. L’étude a également révélé la fréquence des insultes sexistes:
65,5 % des parlementaires interrogées ont déclaré avoir fait l’objet
de remarques désobligeantes à maintes reprises pendant leur mandat.
Le harcèlement sexuel est décrit comme une pratique courante puisque
20 % des femmes interrogées ont dû subir de telles attaques pendant
leur mandat et que 7,3 % ont déclaré avoir été poussées à des relations sexuelles.
30. Le niveau de violence physique s’avère également important:
20 % des femmes interrogées ont déclaré avoir été giflées, poussées,
frappées ou avoir essuyé le jet d’un objet qui aurait pu les blesser,
tandis que 12,7 % ont signalé qu’un tiers avait menacé d’utiliser
ou utilisé une arme à feu, un couteau ou une autre arme pour les
agresser.
31. Outre les actes de violence pure et simple, les femmes parlementaires
ont décrit la condescendance et le sexisme quotidiens exprimés par
des gestes ou des sons inappropriés.
4. Le
contexte européen
4.1. Étude
régionale de l’UIP et de l’Assemblée parlementaire
32. En 2018, l’Assemblée et l’Union
interparlementaire ont mené une étude intitulée
Sexisme, harcèlement et violence à l’égard
des femmes dans les parlements d’Europe basée sur des
entretiens individuels confidentiels avec 81 femmes parlementaires
de 40 États membres du Conseil de l’Europe et 42 femmes travaillant
pour l’administration parlementaire dans 32 États membres
.
33. Ses conclusions confirment bon nombre des tendances identifiées
dans l’étude de 2016 en ce qui concerne les femmes parlementaires,
la seule exception étant que la violence physique est moins répandue en
Europe (14,8 % des personnes interrogées contre 25,5 % au niveau
mondial).
34. La violence psychologique est celle qui frappe le plus souvent
les femmes parlementaires en Europe (85,2 % des personnes interrogées).
Elle vise à ou a pour effet de renvoyer les femmes à leur physique,
de déprécier leurs compétences et leur légitimité comme responsables
politiques, de violer leur liberté d’expression ou de les réduire
au silence.
35. Le sexisme quotidien est très répandu, puisque 67,9 % des
femmes interrogées ont été la cible de commentaires visant leur
aspect physique ou basés sur des stéréotypes de genre. Dans 35,6 %
des cas, ces remarques ont été formulées dans l’enceinte du parlement.
36. 24,7 % des femmes interrogées signalent avoir été victimes
de harcèlement sexuel, dont les auteurs étaient dans 75,9 % des
cas des collègues de sexe masculin appartenant aussi bien à leur
propre parti politique qu’à des formations adverses.
37. En Europe, les femmes parlementaires font souvent l’objet
d’attaques en ligne: 58,2 % de celles interrogées ont fait l’expérience
de contenus et de comportements abusifs, sexuels ou violents sur
les réseaux sociaux. Dans 75,5 % des cas, les auteurs de ces menaces
sont des citoyens anonymes.
38. L’étude révèle que les femmes jeunes (c’est-à-dire âgées de
moins de 40 ans) membres d’un parlement sont davantage visées par
certaines formes d’actes sexistes et violents: 77,3 % (soit 9 %
de plus que l’ensemble des femmes parlementaires interrogées) d’entre
elles ont déclaré avoir essuyé des remarques sexistes et de nature
sexuelle; 76,2 % (soit 18 % de plus) d’avoir subi des traitements
dégradants et des abus dans les médias et les réseaux sociaux; et
36,4 % (soit 12 % de plus) d’avoir été victimes de harcèlement sexuel.
39. L’étude révèle également un nombre alarmant de cas de harcèlement
sexuel et de harcèlement moral visant le personnel des parlements
d’Europe: 40,5 % des femmes fonctionnaires interrogées relevant
de cette catégorie ont déclaré avoir subi des actes de harcèlement
sexuel dans le cadre de leur travail. Dans 69,2 % des cas, les auteurs
de ces agissements étaient des parlementaires de sexe masculin.
50 % ont essuyé des remarques de nature sexuelle, lesquelles dans
61,5 % des cas émanaient d’un parlementaire de sexe masculin.
40. Le niveau de signalement de ces agissements reste très faible:
seuls 23,5 % des femmes parlementaires et 6 % du personnel féminin
des parlements ayant été victimes de harcèlement sexuel ont dénoncé
l’incident. 50 % des femmes parlementaires ayant subi des menaces
de mort, de viol ou de passage à tabac ont signalé l’incident à
la police, au service de sécurité du parlement ou à un autre organe.
41. Une fois l’étude régionale conjointe publiée, la Présidente
de l’Assemblée et celle de l’UIP l’ont transmise aux présidents
des parlements des États membres du Conseil de l’Europe en les invitant
à prendre les mesures nécessaires.
42. L’étude fera l’objet d’un suivi: l’UIP travaille déjà à l’élaboration
de Lignes directrices à l’intention des parlements nationaux sur
la manière de lutter contre le sexisme et le harcèlement sexuel;
quant à l’Assemblée, elle prévoit de publier – sous l’égide de son
Réseau parlementaire pour le droit des femmes de vivre sans violence –
un recueil des meilleures pratiques parlementaires dans ce domaine.
4.2. Niveau
national
43. Au cours des dernières années,
un certain nombre de scandales et d’enquêtes ont sensibilisé de nombreux
hommes et femmes politiques à la nécessité de prendre des mesures
pour lutter contre le sexisme et le harcèlement sexuel en politique.
44. Dans mon propre pays, l’Islande, pourtant considérée comme
l’un des États les plus avancés au monde en matière d’égalité de
genre, un groupe de parlementaires, dont un ancien Premier ministre,
a été enregistré en 2018 utilisant un langage sexiste, grossier
et offensant contre des collègues politiques femmes et une activiste
et ancienne parlementaire ayant un handicap
. Ce comportement inacceptable a soulevé
une vague d’indignation dans le public et fait actuellement l’objet
d’une enquête par la commission d’éthique en raison de violations
du code de conduite des parlementaires. Malheureusement, en Islande,
les violations de ce code de conduite n’entraînent pas de sanctions.
De plus, les parlementaires impliqués ont choisi d’attaquer la crédibilité de
la femme qui les a enregistrés et de la poursuivre en justice pour
violation du droit à la vie privée, plutôt que d’assumer la responsabilité
de leur comportement. Cela est particulièrement répréhensible car
les responsables politiques ont la responsabilité particulière de
s’abstenir de discours de haine, y compris de discours de haine
sexiste.
45. Ce niveau de conscience ne se retrouve cependant pas dans
tous les États membres du Conseil de l’Europe. En Italie, l’ancienne
présidente de la Chambre des députés, Laura Boldrini, a fait l’objet
de discours haineux à caractère sexiste pendant toute la durée de
son mandat, à la fois sur les réseaux sociaux et en public, aussi
bien de la part de citoyens ordinaires que d’adversaires politiques.
46. En 2017, le climat sexiste exacerbé régnant sur la vie politique
italienne a conduit le Comité pour l’élimination de la discrimination
envers les femmes (Comité de la CEDAW) à exprimer ses préoccupations concernant
le fait que «[l]es femmes en politique sont souvent la cible d’attaques
sexistes et de harcèlement en raison de leur sexe, et font face
à des attitudes culturelles négatives et des stéréotypes sexistes
au sein des partis politiques, dans les médias et chez les électeurs».
Le Comité de la CEDAW a également recommandé à l’Italie d’«envisager
l’adoption d’une législation spécifique en vue de lutter contre
le harcèlement politique et les attaques sexistes»
.
47. Sous l’impulsion de Mme Boldrini,
un organe multipartite – le plus souvent désigné sous l’appellation
de Commission Jo Cox – a été créé au sein de la Chambre des députés
italienne afin d’étudier le phénomène de la haine en Italie et de
formuler des recommandations adressées au parlement. Il a publié
une étude soulignant le lien entre les discours de haine et la prévalence
des stéréotypes et préjudices sexistes traditionnels au sein de
la population. D’après une enquête mentionnée dans le rapport final
de cette Commission
,
39,2 % d’Italiens ne pensent pas que plus de femmes devraient exercer
des fonctions publiques et 49 % partagent l’idée que c’est avant
tout à l’homme de subvenir aux besoins de la famille.
48. Pour citer un autre exemple national traitant d’un domaine
couvert par le présent rapport, au Royaume-Uni un groupe de travail
multipartite a été mis sur pied pour faire la lumière sur les allégations
d’intimidation et de harcèlement sexuel contre le personnel parlementaire
et sur la disponibilité de recours effectifs. Il a produit un rapport,
rédigé par Laura Cox et publié en octobre 2018
,
lequel constate une culture généralisée d’abus, d’intimidation et
de menaces visant principalement les femmes mais aussi du personnel
masculin. Le même rapport souligne aussi que les personnes qui portaient
plainte contre de tels actes étaient accueillies avec indifférence
et mépris et que certaines enquêtes n’ont pas été poursuivies.
49. Un autre problème tient à ce que bon nombre de parlements
sont dépourvus de mécanismes de lutte contre le harcèlement sexuel
ou bien disposent d’un mécanisme inefficace ou peu connu. Depuis
2017, par exemple, le Parlement suisse a mis en place une structure
indépendante qui prodigue des conseils personnalisés et confidentiels
aux victimes de harcèlements et d’abus. Toutefois, cet organe ne
publie pas de statistiques sur ses activités et les parlementaires
ne sont pas systématiquement informés de son existence.
4.3. Le
Conseil de l’Europe
50. Le Conseil de l’Europe dispose
d’un mécanisme de garantie de la protection de la dignité humaine, lequel
a été créé par un Arrêté de son Secrétaire Général
. Selon
l’Arrêté 1292, «[t]oute forme de harcèlement sexuel et de harcèlement
moral sur le lieu de travail ou en relation avec le travail au Conseil
de l’Europe porte atteinte à la dignité des hommes et des femmes
et, à ce titre, est prohibée».
51. En ce qui concerne le champ d’application de l’Arrêté, «[t]oute
personne travaillant au Conseil de l’Europe, quels que soient son
statut ou ses conditions d’emploi, a droit à une protection effective,
en application des dispositions du présent arrêté, contre le harcèlement
sexuel et le harcèlement moral, quel qu’en soit l’auteur». De plus,
«[l]es dispositions du présent arrêté s’appliquent à toutes personnes
relevant de l’effectif du Secrétariat Général du Conseil de l’Europe.
(…) Elles s’appliquent également à toute personne qui, sans avoir
la qualité de personne relevant de l’effectif du Secrétariat Général
du Conseil de l’Europe, intervient dans les activités de l’Organisation,
quel que soit le lieu où elles sont organisées. Elles visent notamment,
mais non exclusivement, les juges de la Cour européenne des droits
de l’homme, le Commissaire aux droits de l’homme, les membres de
l’Assemblée parlementaire et du Congrès des pouvoirs locaux et régionaux
du Conseil de l’Europe, les membres des représentations permanentes,
les experts, les consultants et les employés de sociétés extérieures».
52. L’Arrêté établit une Commission contre le harcèlement chargée
d’examiner les plaintes pour harcèlement sexuel ou moral et de communiquer
ses conclusions et recommandations au Secrétaire Général. Il s’agit
d’un organe conjoint doté d’un mandat de deux ans composé de deux
membres et de leurs suppléant-e-s nommés par le Secrétaire Général
et de deux autres membres et de leurs suppléants nommés par le Comité
du personnel. Les membres de la Commission exercent leurs fonctions
en toute indépendance.
53. Aucun cas de harcèlement impliquant un membre de l’Assemblée
n’a été enregistré comme ayant été soumis au mécanisme susmentionné.
Ce mécanisme s’applique également aux cas de harcèlement impliquant
uniquement des membres de l’Assemblée. L'administration du Conseil
de l'Europe travaille sur une éventuelle révision de l’Arrêté no 1292,
en vue d'améliorer son efficacité.
54. En outre, le Code de conduite de l’Assemblée pour ses membres
ne mentionne pas explicitement le harcèlement sexuel ou les comportements
sexuels abusifs, mais il impose l’obligation de «respecte[r] les valeurs
du Conseil de l’Europe et les principes généraux de conduite de
l’Assemblée, et n’entreprennent aucune action susceptible de porter
atteinte à la réputation et à l’intégrité de l’Assemblée ou de ses membres».
Il
est donc susceptible d'être appliqué dans de tels cas, même s'il
n'y a pas de précédent. Néanmoins, il serait préférable que le Code
de conduite pour les membres ait, à des fins de clarté et d’efficacité,
une interdiction explicite du harcèlement sexuel et des comportements
sexuels abusifs.
55. Il convient également de rappeler que, ces dernières années,
le Conseil de l’Europe a joué un rôle de premier plan dans l’élaboration
de normes visant à prévenir et combattre les violences faites aux
femmes sous toutes leurs formes: il a adopté la Convention d’Istanbul,
à laquelle 33 États membres du Conseil de l’Europe sont à ce jour
Parties et qui a également été signée par l’Union européenne
; de plus, un projet de recommandation,
qui définit la notion de sexisme et prévoit une série de mesures,
notamment dans le secteur public, visant à prévenir et lutter contre
le sexisme, sera bientôt soumis pour adoption au Comité des Ministres
.
4.4. Le
Parlement européen
56. Dans le cadre d’une initiative
récente, un comité consultatif a été créé au sein du Parlement européen pour
traiter les plaintes de harcèlement opposant des assistantes parlementaires
à des députés. Composé de représentants de ces deux catégories,
cet organe comprend également deux autres personnes représentant respectivement
le service médical et le service juridique du Parlement européen.
Les personnes intéressées peuvent également solliciter l’aide de
conseillers à titre confidentiel.
57. Le Règlement intérieur du Parlement européen permet à son
Président d’imposer une sanction dans les cas avérés de harcèlement,
après enquête interne confidentielle et sur recommandation du comité
consultatif. La sanction peut aller d’une réprimande à la suspension
ou à la suppression d’un certain nombre de fonctions parlementaires.
58. Le Parlement européen organise également des cours de formation
spécifiques visant à prévenir les comportements inappropriés et
le harcèlement et à promouvoir des relations professionnelles respectueuses sur
le lieu de travail pour l’ensemble du personnel, ainsi que des formations
spécifiques pour les cadres supérieurs et intermédiaires. Une formation
est également proposée aux députés européens, mais rares sont ceux
qui en profitent
. Chaque député européen se voit
remettre un guide intitulé «Zéro harcèlement sur le lieu de travail»
.
59. Des modifications du Règlement intérieur sont actuellement
à l’étude en vue d’introduire un code de comportement approprié
sur le lieu de travail à l’intention des députés du Parlement européen.
Les membres qui ne signeraient pas une déclaration dans laquelle
ils s’engageraient à respecter ledit code ne pourraient pas assumer
de fonctions officielles
. Il est également proposé d’introduire
une formation obligatoire sur le harcèlement sexuel
. Je pense qu'il serait approprié
que l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe envisage d'introduire
des mesures similaires.
60. Malgré ces mesures, un débat animé bat son plein sur la manière
de lutter efficacement contre le harcèlement au Parlement européen
, ainsi que
de prévenir et de réprimer plus efficacement le harcèlement moral
et sexuel sur le lieu de travail, dans les espaces publics et dans
l’Union européenne. En septembre 2018, le Parlement européen a adopté
de sa propre initiative un rapport consacré à cette dernière question,
lequel a été transmis à la Commission européenne
.
61. Il convient également de rappeler que, en 2017, le Président
du Parlement européen a suspendu un eurodéputé polonais, Janusz
Korwin Mikke, pour des propos sexistes tenus lors d’un discours
en plénière, sur la base de l’article 11 du Règlement intérieur
du Parlement européen, lequel couvre les normes de conduite. À titre
d’information, l’intéressé avait déclaré: «Bien sûr, les femmes
doivent gagner moins que les hommes parce qu’elles sont plus faibles,
plus petites, moins intelligentes et doivent donc être moins bien rémunérées
.»
5. Recommandations:
comment s’assurer que cette dynamique mènera à des changements
62. Des recommandations détaillées
figurent dans le projet de résolution et le projet de recommandation
qui précèdent cet exposé des motifs. Dans les paragraphes qui suivent,
je voudrais énumérer les principaux domaines dans lesquels des mesures
devraient être prises pour transformer la dynamique créée par le mouvement
MeToo, les initiatives nationales et les rapports internationaux
en changements tangibles.
5.1. Sensibiliser
et changer la culture du sexisme et de la violence à l’égard des
femmes en politique
63. Le sexisme et le harcèlement
sexuel sont souvent considérés comme le prix que les femmes doivent acquitter
pour pouvoir faire de la politique. Ces comportements sont tellement
passés dans les mœurs et enracinés que de nombreuses femmes politiques
n’ont même pas conscience d’être victimes d’une forme de violence
fondée sur le genre. D’autres choisissent de ne pas signaler les
actes de sexisme et de harcèlement sexuel de peur de fragiliser
leur statut politique ou de nuire aux intérêts de leur parti. Dans
l’ensemble, une culture d’impunité pour les propos sexistes prévaut
parmi les parlementaires et les plaignantes se heurtent au mépris.
64. D’où l’importance d’initiatives de sensibilisation comme la
campagne #NotInMyParliament lancée par le président de l’Assemblée
en 2018 ou la campagne #NotTheCost menée par le National Democratic
Institute (NDI), une organisation non gouvernementale (ONG) basée
aux États-Unis. Le message de ce dernier peut être résumé comme
suit: alors que les femmes progressent vers l’égalité et revendiquent
leur droit de participer à la vie politique, elles sont confrontées
à un retour de bâton sous forme de discrimination, de harcèlement
ou d’agressions. De tels comportements ne sauraient être assimilés
au prix que les femmes doivent acquitter pour faire de la politique,
mais plutôt à une tentative d’exclure les femmes de la vie politique,
à un coût élevé pour les démocraties
.
65. Il convient également de préciser que la lutte contre le sexisme
et le harcèlement sexuel en politique n’est pas une cause féministe
ou propre aux femmes. Il s’agit d’un combat à mener pour le bien
de la société dans son ensemble et auquel aussi bien les hommes
que les femmes se doivent de participer.
5.2. Introduction
de mécanismes et de procédures efficaces et diffusion d’informations
les concernant
66. Les parlements devraient se
doter de mécanismes efficaces de lutte contre le sexisme et le harcèlement sexuel,
qui devraient être accessibles à la fois aux membres des parlements
et au personnel parlementaire. Ce mécanisme devrait permettre à
la fois de bénéficier de conseils à titre confidentiel et de porter
plainte. Les victimes devraient être en mesure de signaler tout
incident de manière totalement confidentielle et de voir leur affaire
examinée de façon équitable aussi rapidement que possible. En outre,
les mécanismes de traitement des plaintes devraient aboutir à des
sanctions efficaces et proportionnées à la gravité des faits.
67. L’information sur ces mécanismes devrait être diffusée aussi
largement et régulièrement que possible. Des statistiques sur leurs
activités devraient être publiées – de manière préservant l’anonymat
– y compris sur le nombre d’affaires soumises, le nombre d’affaires
pendantes, le nombre d’affaires tranchées et l’issue de ces dernières.
Une formation sur la question du sexisme et du harcèlement sexuel
devrait être dispensée et, si possible, rendue obligatoire. Cela
devrait s'appliquer tant aux membres du parlement qu’au personnel.
– Suivi et collecte de données
68. Il est essentiel que les mécanismes
de suivi conventionnels pertinents, dont le Groupe d’experts sur
la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence
domestique (GREVIO), l’un des mécanismes de suivi de la Convention
d’Istanbul, accordent une plus grande attention à la question spécifique
de la violence que subissent les femmes en politique. Il est encourageant
de constater que, depuis 2012, ce phénomène a été mentionné dans
quelques observations finales du Comité CEDAW concernant le Togo,
le Honduras et, plus récemment, l’Italie. Cependant, la prise en
considération de cette question devrait être systématique.
– Élections
69. Le sexisme et la violence que
subissent les femmes dans le cadre du processus électoral constitue
un problème majeur qui a été négligé jusqu’à présent. L’Assemblée
devrait tenir compte de cet aspect dans son travail d’observation
des élections, car celles-ci fondent la légitimité du système démocratique.
Aucun parlement ne saurait être exempt de sexisme et de harcèlement
sexuel tant que les élections législatives elles-mêmes ne seront
pas débarrassées de ces comportements. Les activités du Conseil
de l’Europe en matière d’assistance et de coopération dans le cadre
de l’administration des élections devraient également couvrir la violence
à l’égard des femmes en politique, car, jusqu’à présent, l’accent
était mis uniquement sur des aspects relevant de la lutte contre
la discrimination tel que l’accès équilibré des femmes et des hommes
aux ressources financières ou la répartition équitable du temps
de parole et du temps d’antenne lors des campagnes électorales.
Les ONG nationales jouant un rôle considérable dans le suivi des
campagnes électorales et la conduite du scrutin, elles devraient
également être encouragées à rechercher et collecter des informations
sur les violences faites aux femmes.
– Conseil de l’Europe
70. L’Arrêté no 1292
relatif à la protection de la dignité de la personne au Conseil
de l’Europe s’applique également aux membres de l’Assemblée mais
cela demeure peu connu. Il est nécessaire d'informer les membres
de cette possibilité et d'organiser une formation pour leur expliquer
la procédure à suivre. Dans le cadre de la révision en cours de
l’Arrêté, la cohérence avec le Code de conduite des membres de l'Assemblée devrait
être assurée.
71. Il est également fondamental d'inscrire l’interdiction du
sexisme, du harcèlement sexuel, des violences sexuelles et des comportements
sexuels abusifs dans le Code de conduite de l’Assemblée pour ses
membres et de veiller à ce que l'Assemblée puisse donner suite à
une décision prise en vertu du Règlement no 1292.
6. Observations
finales
72. Le sexisme et la violence à
l’égard des femmes en politique affectent les fondements de la démocratie: ils
portent atteinte au droit des intéressées de participer pleinement
à la vie politique; ils limitent leur droit de voter et de briguer
un mandat; et, en définitive, affaiblissent la représentativité
et la légitimité des institutions élues. Le sexisme et la violence
qui vise les femmes au parlement empêche les intéressées d’accéder
à des postes de direction et compromet leur capacité à s’acquitter
de leur mandat électif.
73. La perception de l’ampleur du problème de la violence dirigée
contre les femmes en politique est très récente. Les États membres
du Conseil de l’Europe – et au premier rang leurs parlements respectifs – devraient
s’efforcer d’apporter une réponse globale à ce phénomène dans toute
sa complexité. Comme n’a pas manqué de le souligner à maintes reprises
le Conseil de l’Europe, il existe un continuum entre le sexisme et
les violences faites aux femmes et un lien entre la sous-représentation
des femmes en politique et la discrimination dans la vie publique,
les stéréotypes nuisibles et la violence sexiste.
74. Les parlements devraient montrer l’exemple aux citoyen-ne-s.
Ils devraient être un lieu où chacun peut s’acquitter de ses devoirs
sur un pied d’égalité, travailler en totale sécurité et se voir
accorder le même respect et la même dignité que ses collègues. A
titre personnel, je voudrais inviter en particulier mes collègues masculins
à réfléchir sérieusement au rôle qu’ils peuvent jouer pour contribuer
à éliminer le sexisme et la violence à l’égard des femmes en politique.
J'espère que ce rapport leur ouvrira les yeux et les encouragera
à apprendre à reconnaître le sexisme, les stéréotypes néfastes et
les formes plus cachées de violence à l'égard des femmes. Les hommes
et les femmes politiques devraient s'unir pour faire des parlements
un lieu de travail agréable pour toutes et tous.