1. Introduction
1. L’afrophobie est une forme
de racisme dirigé contre les personnes noires, qui se manifeste
par des actes de discrimination directe, indirecte et structurelle,
ainsi que par des actes de violence, y compris des discours de haine.
Fondée sur l’idée socialement construite de «race», et découlant
de la croyance infondée selon laquelle certains groupes «raciaux»
seraient biologiquement ou culturellement inférieurs à d’autres, l’afrophobie
cherche à déshumaniser ses victimes et à les priver de dignité.
2. Le terme d’afrophobie, pour désigner la discrimination à l’égard
des personnes d’ascendance africaine, est largement accepté depuis
des années et est utilisé par les militant·e·s et les organisations
qui défendent les droits humains aux niveaux intergouvernemental
et non gouvernemental. Si, littéralement, le suffixe «phobie» fait
référence à la peur, il est, en l’espèce, utilisé pour indiquer
la présence de préjugés et de discrimination, à l’instar d’autres
termes tels que xénophobie, islamophobie et homo-bi-transphobie.
Je considère le terme de «racisme anti-Noir·e·s» comme ayant un
sens équivalent et comme étant également acceptable.
3. Selon les estimations, la population de notre continent compte
15 millions de personnes d’ascendance africaine et d’Européen·ne·s
noir·e·s qui sont quotidiennement confronté·e·s au racisme et à
la discrimination. L’absence de chiffres précis concernant la taille
numérique de ce groupe est liée à la réglementation sur la collecte
de données actuellement en vigueur dans plusieurs États membres
du Conseil de l’Europe, qui interdit la collecte de données ventilées
par origine ethnique et entrave, de ce fait, la conception, la mise
en œuvre et l’évaluation des politiques antidiscriminatoires dans
ce domaine.
4. En 2020, la mort tragique de George Floyd sous les coups de
la police, suivie d’importantes manifestations des deux côtés de
l’Atlantique, et l’impact disproportionné de la pandémie de covid-19
sur, entre autres groupes, les personnes d’ascendance africaine,
ont déclenché en Europe une nouvelle prise de conscience de l’ampleur
et de la gravité de l’afrophobie. La sensibilisation de l’opinion
publique à ce problème, ainsi que le ferme soutien apporté par des
personnalités publiques et des dirigeant·e·s politiques aux manifestations
antiracistes, forment une conjoncture propice dont les décideurs
de l’ensemble des États membres devraient se saisir sans hésitation.
5. Différentes activités ont contribué à l’élaboration du présent
rapport, dont plusieurs auditions et webinaires et des visites d’information
en Allemagne et au Royaume-Uni. Toutefois, en raison de la situation sanitaire,
les visites ont été effectuées en ligne. Je tiens à remercier les
délégations de ces deux États membres pour leur soutien dans l’organisation
des visites.
6. La première audition a eu lieu à Strasbourg le 30 janvier
2020, avec la participation de Mme Mireille Fanon-Mendes-France,
juriste, ancienne membre du Groupe de travail d'experts des Nations
Unies sur les personnes d'ascendance africaine et actuelle présidente
de la Fondation Frantz Fanon, et de M. Wouter Van Bellingen, membre
du conseil d’administration du Réseau européen contre le racisme
(ENAR). Mme Mischa Thompson, de la Commission
d’Helsinki (basée à Washington D.C., États-Unis), avait également
été invitée à l’audition. Elle n’a pas pu participer en personne,
mais m’a aimablement transmis une contribution écrite.
7. Le 1er juillet 2020, un webinaire
sur le thème «Prendre position contre la discrimination systémique
et le racisme institutionnel en Europe: une réponse parlementaire»,
organisé par la commission sur l'égalité et la non-discrimination,
s'est concentré sur la situation actuelle en Europe, ainsi que sur
les événements survenus aux États-Unis après la mort violente de
George Floyd sous les coups de la police et les manifestations qui
ont suivi des deux côtés de l'Atlantique.
2. Le colonialisme et l’esclavage parmi
les causes profondes de l’afrophobie
8. Parmi les causes profondes
du racisme en Europe, le colonialisme occupe une place particulièrement importante.
Cette question a été amplement débattue lors de l’audition du 30
janvier 2020. Mme Mireille Fanon-Mendes-France,
notamment, a partagé sa ferme conviction que le racisme trouvait
son origine dans le colonialisme, qui était lui-même étroitement
lié au capitalisme. La recherche perpétuelle de nouvelles ressources
à moindre coût, caractéristique du capitalisme, a poussé les puissances
européennes à se tourner vers l’Afrique et à prendre de force le
contrôle de pans entiers de ce continent, à saisir les terres et
à exploiter les populations locales. Pour l’experte, cela résultait
de l’idée inacceptable que l’humanité se divisait en deux camps:
celles et ceux qui possédaient toutes les richesses et celles et
ceux qui ne possédaient rien. Les Noir·e·s africain·e·s, aux yeux
des colonisateurs, étaient destinés à être dépouillés de tout. Selon
Mme Fanon-Mendes-France, cette façon
de voir les choses n’a jamais vraiment disparu: le racisme reste
omniprésent en Europe, et lié à une attitude qui accepte cette inégalité
économique entre les personnes noires et les personnes blanches.
Pour Mme Fanon-Mendes-France, la situation
économique désastreuse des territoires principalement peuplés par
des personnes d’ascendance africaine dans les pays européens, comme
les départements et territoires d’outre-mer français ou les Pays-Bas
caribéens, et le fait que cette situation soit totalement ignorée
par les gouvernements de ces pays, confirment clairement l’existence
d’une attitude discriminatoire à l’égard des personnes d’ascendance
africaine. L’afrophobie est une forme de discrimination particulièrement
dure, qui se manifeste par des attaques ignobles auxquelles n’échappent
pas les personnalités publiques: alors qu’elles étaient membres
du gouvernement, Mme Kyenge (Italie)
et Mme Taubira (France) ont été insultées
par d’autres responsables politiques dans l’exercice de leurs fonctions
officielles. Les personnes d’ascendance africaine représentent «les
autres» par excellence et sont présentées par certain·e·s comme
une menace contre le mode de vie européen.
9. Cela dit, les théories racistes précèdent le colonialisme.
Si leur persistance peut être une conséquence de la colonisation,
l’idée perverse selon laquelle il existerait une hiérarchie des
«races» humaines a certainement été utilisée pour justifier ce processus
dès le départ. Le fait de considérer les Africains comme des êtres
radicalement différents et inférieurs a fait accepter l’idée que
les Européen·ne·s puissent occuper et exploiter des pays entiers
sous prétexte de «civiliser» les populations indigènes. Le racisme,
dans sa forme la plus brutale, a conduit à commettre des crimes
contre l’humanité, comme la réduction en esclavage et la traite transatlantique
des esclaves. Seule une déshumanisation complète des Africain·e·s
lors de la colonisation peut expliquer le processus de marchandisation
qui a fait de ces enfants, femmes et hommes les objets d’un commerce
méprisable.
10. Les idées utilisées pour justifier la réduction en esclavage,
la traite transatlantique et la pratique esclavagiste semblent subsister
dans la conscience collective d’aujourd’hui, en Europe et ailleurs.
L’afrophobie est alimentée par les abus du passé et les stéréotypes
négatifs persistants, qui ont entraîné une déshumanisation des personnes
d’ascendance africaine et, en conséquence, leur exclusion. Les recommandations
de Mme Fanon-Mendes-France étaient essentiellement
de nature culturelle, fondées sur l’idée que seules une meilleure
connaissance de l’histoire et une meilleure compréhension de l’impact
du colonialisme et du capitalisme pourraient faire évoluer les attitudes
à l’égard des personnes d’ascendance africaine et la perception
de ces dernières, et apporter ainsi un réel changement.
11. J’ai abordé ce sujet avec mes interlocutrices et interlocuteurs
en Allemagne, et en particulier avec M. Christian Kopp, membre du
conseil d’administration de la section berlinoise de Postkolonial.
Ce réseau de groupes antiracistes, dont les activités visent à faire
mieux connaître l’histoire coloniale, cherche à transmettre au grand
public son approche du passé colonial. Selon M. Kopp, certains faits
coloniaux, tels que le génocide de Namibie, sont rarement évoqués
(le premier groupe du réseau Postkolonial a été créé en 2007, à
l’occasion du 100ème anniversaire de
ce crime). Les programmes scolaires minimisent le rôle joué par
l’Allemagne dans le colonialisme et, par conséquent, nombreux sont
celles et ceux qui ignorent cette partie de l’histoire de leur pays.
Et pourtant, l’Allemagne a joué un rôle dans ce processus, en tant
que puissance coloniale et à l’occasion de la Conférence de Berlin
de 1884-85, qui a jeté les bases de l’occupation de l’ensemble du
continent africain par les Européen·ne·s. Aissatou Binger, du Zentralrat
der afrikanischen Gemeinde in Deutschland (Conseil central de la
communauté africaine d’Allemagne) a confirmé que l’impact de l’histoire
coloniale était toujours présent: l’image des personnes d’ascendance
africaine reflète à son avis les idées et les préjugés du passé, y
compris de l’époque du régime nazi.
12. M. Andreas Nick, président de la délégation allemande auprès
de l’Assemblée, qui a ouvert la série de réunions de la visite du
pays en ligne, a confirmé que le passé colonial de l’Allemagne était
méconnu, cette période s’étant achevée au début du XXème siècle.
Cependant, la question est récemment revenue sur le devant de la
scène, par exemple à l’occasion de l’exposition d’objets d’origine
africaine dans les musées allemands, qui a conduit à s’interroger
sur l’impact que cela avait sur la perception des personnes d’ascendance
africaine.
13. Les groupes du réseau Postkolonial ont mené plus de 30 actions
nommées «Decolonise» («Décolonisez!») dans des villes allemandes,
telles que Cologne, Hambourg et Munich, demandant aux autorités
locales de modifier les noms de rues qui glorifiaient des personnes
historiquement impliquées dans le colonialisme. Beaucoup de ces
actions ont porté leurs fruits et, selon M. Kopp, les institutions
allemandes sont ouvertes à la discussion sur la question de l’histoire
coloniale, même si beaucoup reste à faire. Une résolution du Parlement
allemand a, par exemple, reconnu que le passé colonial faisait partie
de l’histoire de l’Allemagne. Cependant, si, dans ce texte, le communisme
et le national-socialisme sont considérés comme des régimes criminels,
le colonialisme y est défini comme faisant partie du passé du pays,
et non comme un tort historique.
14. M. Kopp a confirmé que l’enseignement de l’histoire coloniale
dans les écoles devait être renforcé, même s’il s’avère beaucoup
plus difficile de modifier les programmes scolaires que de changer
des noms de rues. Il a aussi proposé de créer un mémorial de l’histoire
coloniale à Berlin, qui ne soit pas simplement un monument, mais
aussi un centre d’information et de documentation doté d’outils
pédagogiques. Une telle structure ne se cantonnerait pas au colonialisme
allemand, mais travaillerait sur le colonialisme au niveau mondial.
15. Mes interlocutrices et interlocuteurs du Royaume-Uni étaient
pleinement conscient·e·s du lien existant entre l’histoire coloniale
et le racisme, en particulier concernant les personnes d’ascendance
africaine, compte tenu du rôle majeur joué par ce pays dans la colonisation.
Le récent scandale suscité par la discrimination à l’égard de la
«génération Windrush» (des travailleurs et travailleuses originaires
des Caraïbes arrivé·e·s au Royaume-Uni entre 1948 et 1973) confirme
combien les personnes venant des anciennes colonies demeurent vulnérables
à l’inégalité de traitement. Cette discrimination est souvent enracinée
dans les institutions mêmes du pays.
16. Je ne peux que partager et soutenir la recommandation des
historien·ne·s et militant·e·s visant à inclure l’histoire coloniale
dans les programmes d’enseignement de l’histoire. Je tiens à ajouter
que l’étude de cette partie de l’histoire devrait prendre en compte
le point de vue des pays africains et les travaux de spécialistes africain·e·s
ou d’ascendance africaine. La production de savoirs sur cette histoire
a toujours été contrôlée par celles et ceux qui actionnent les rouages
du pouvoir. En conséquence, les personnes d’ascendance africaine ont
toujours été de simples consommateurs de ce savoir. Cette forme
particulière d’exclusion contribue à perpétuer les représentations
et les idées fausses concernant les personnes appartenant à ce groupe,
ouvrant la voie à d’autres formes de discrimination à leur égard.
3. Le
rôle de la société civile: les organisations non gouvernementales
nationales et le Réseau européen contre le racisme (ENAR)
17. Ces dernières années, les organisations
de la société civile ont vu leur espace se rétrécir et leur indépendance
menacée par les pouvoirs publics, en particulier dans certains États
membres. Elles devraient pourtant être suffisamment soutenues et
leur rôle devrait être reconnu, au vu, également, du vide qu’elles comblent.
Si les personnes d’ascendance africaine et les Européen·ne·s noir·e·s
ne sont pas suffisamment visibles en politique, elles-ils sont bien
représenté·e·s par une variété de groupes et d’organisations non gouvernementales.
Ces entités reflètent la nature multiforme des communautés noires
européennes, rassemblant des personnes aux origines et aux parcours
de vie différents, et mènent des activités allant de l’assistance
juridique aux particuliers à des actions militantes auprès des pouvoirs
locaux et des gouvernements centraux.
18. De nombreuses organisations de la société civile ont été invitées
à contribuer au présent rapport, soit en participant à des auditions
et à des webinaires, soit dans le cadre de réunions bilatérales
lors des visites d’information de pays. J’estime qu’il est essentiel
d’utiliser leur expertise et leur connaissance concrète des défis
auxquels les personnes d’ascendance africaine sont confrontées dans
nos sociétés, et de noter leurs recommandations.
19. J’ai mentionné les informations que j’ai reçues des représentant·e·s
de la société civile pendant la visite en Allemagne, notamment concernant
la «décolonisation». Au Royaume-Uni, j’ai rencontré des représentant·e·s
de la Coalition de la Décennie internationale des personnes d’ascendance
africaine, de BlackOut UK (une entreprise sociale à but non lucratif
gérée par un collectif bénévole d’hommes gay), ainsi que de Runnymede
Trust et d’Operation Black Vote, qui comptent parmi les principaux
cercles indépendants de réflexion sur l’égalité raciale du pays.
J’ai aussi échangé avec des représentant·e·s du monde universitaire, notamment
Eddie Bruce-Jones, de la faculté de droit de Birkbeck et du professeur
Gary Younge, de la faculté des sciences sociales de l’Université
de Manchester, qui ont étudié de manière approfondie la situation
des personnes d’ascendance africaine et les formes de discrimination
qu’elles rencontrent, notamment le racisme structurel et institutionnel,
ainsi que la discrimination multiple et croisée.
20. Mes interlocutrices et interlocuteurs du Royaume-Uni ont maintenu
catégoriquement que leur pays n’était pas épargné par le racisme
et que les Noir·e·s et les minorités ethniques pouvaient y être
victimes de discrimination fondée sur l’origine ethnique, la langue,
la religion, la tradition et les pratiques culturelles. Cependant,
il m’apparaît clairement que le débat culturel et politique sur
le racisme, y compris l’afrophobie, est très ouvert. Dès 1999, le
rapport McPherson concernant le meurtre à motivation raciale de
Stephen Lawrence, fournit une définition du racisme institutionnel
comme étant «l'échec collectif d'une organisation à fournir un service
approprié et professionnel aux personnes en raison de leur couleur,
de leur culture ou de leur origine ethnique. Il peut être vu ou
détecté dans des processus, des attitudes et des comportements qui
équivalent à une discrimination par le biais de préjugés involontaires,
de l'ignorance, de l'irréflexion et de stéréotypes racistes qui
désavantagent les personnes issues de minorités ethniques.
» De plus, les
organisations de la société civile qui défendent les droits des
groupes minoritaires sont nombreuses et visibles, et leur participation aux
sphères publiques et politiques y est plus élevée que dans les autres
États membres du Conseil de l’Europe. Enfin, je tiens à souligner
que l’expérience britannique de la collecte de données est un exemple positif
qu’il convient de faire connaître. Je reviendrai sur ce sujet plus
en détail aux paragraphes 29 et 31 du présent exposé.
21. La société civile est souvent la mieux placée pour mettre
en évidence le caractère raciste des traditions culturelles. Les
militant·e·s antiracistes ont été les premier·e·s à critiquer le
personnage de Pierre le noir, l’assistant de Saint-Nicolas, représenté
par un jeune homme blanc grimé en noir, qui fait partie des traditions des
fête de fin d’année. Une campagne pour faire disparaître Pierre
le Noir («Kick Out Zwarte Piet») a été lancée et le débat sur la
nécessité d’abandonner cette tradition a été source d’importantes
divisions.
22. Aux Pays-Bas également, des initiatives culturelles ont contribué
à sensibiliser l’opinion publique à la diversité ethnique et au
racisme et à enrichir le débat sur ces questions. «Musea Bekennen
Kleur», par exemple, est une collaboration entre 12 musées qui disent
vouloir montrer «les vraies couleurs», en d’autres termes, intégrer
la diversité et l’inclusion dans leur offre culturelle et apporter
des changements durables dans les pratiques muséales. D’autres musées
ont été autorisés à se joindre à cette expérience, qui a vocation
à être partagée avec des institutions culturelles par-delà les frontières
néerlandaises. Il convient aussi de mentionner l’initiative «The
Black Archives», une collection de livres et d’objets légués par
des écrivain·e·s et des scientifiques noir·e·s néerlandai·s·es et
touchant aux questions raciales, au racisme, à l’esclavage, à la colonisation,
à la problématique hommes-femmes et au féminisme. Ouvertes au public,
ces collections contribuent à inspirer le débat sur la diversité
et à générer d’autres productions culturelles et artistiques.
23. Les activités de l’ENAR à l’échelle européenne sont particulièrement
importantes. Le réseau regroupe des organisations non gouvernementales
luttant contre le racisme et la discrimination dans toute l’Europe. L’ENAR
effectue un travail de recherche, de mobilisation et de défense
des intérêts. Le réseau mène notamment des activités de sensibilisation,
telles que la Semaine des personnes d’ascendance africaine de l’Union
européenne, qui a lieu chaque année à Bruxelles. En 2015, l’ENAR
a publié un rapport parallèle sur l’afrophobie. Témoignant des discriminations
graves dont font l’objet les personnes d’ascendance africaine et les
Européen·ne·s noir·e·s, le rapport a été et est toujours considéré
comme une référence dans ce domaine.
24. Le rapport parallèle de l’ENAR montre que la discrimination
sévit non seulement dans le secteur de l’emploi, avec des taux de
chômage supérieurs et davantage d’obstacles à la progression de
carrière, mais aussi dans la vie publique et en particulier en politique,
où les Européen·ne·s noir·e·s sont largement sous-représentés. Le
profilage racial, la discrimination exercée par les forces de l’ordre
et les difficultés d’accès à la justice (notamment en tant que victimes
d’infractions motivées par la haine) constituent des défis supplémentaires
pour ce groupe. Les problèmes structurels incluent également les
écarts en matière de réussite scolaire et les difficultés d’accès
aux soins de santé et au logement.
25. Le rapport de l’ENAR souligne également qu’en l’absence de
données fiables et comparables, il est plus difficile d’avoir une
bonne compréhension de la situation et, en ce qui concerne les législateurs
et les décideurs politiques, d’adopter des mesures efficaces. Dans
certains pays européens, cela est dû à la réglementation qui interdit
la collecte de données ventilées par origine ethnique, ce qui montre
qu’en cherchant à prévenir la discrimination, on ne fait parfois
que la perpétuer.
26. L’ENAR recommande aux gouvernements européens de s’attaquer
aux formes institutionnelles de racisme, comme le profilage racial
et les inégalités dans l’emploi, l’éducation et le logement. Les gouvernements
nationaux devraient allouer des ressources aux politiques en faveur
de l’égalité, notamment en ce qui concerne la collecte de données
et les inégalités structurelles, et attribuer des financements aux organisations
locales qui tiennent des statistiques et dénoncent le racisme.
27. À ces fins, conformément au Programme d’action de Durban,
adopté lors de la Conférence mondiale contre le racisme de 2001
à Durban en Afrique du Sud, les États membres devraient adopter
des plans d’action pour lutter contre le racisme et plus précisément
contre l’afrophobie. Ces plans devraient reconnaître les injustices
historiques et structurelles subies par les personnes d’ascendance
africaine et comporter des mesures concrètes pour y remédier. Les
plans d’action nationaux devraient prévoir la collecte de données relatives
à l’égalité, basées sur l’auto-identification, afin d’obtenir des
preuves solides de l’existence d’une discrimination structurelle.
Ils devraient définir des politiques efficaces de lutte contre la
violence raciste à l’égard des personnes d’ascendance africaine
et s’attaquer aux désavantages structurels dont elles sont victimes
dans tous les domaines de la vie publique.
28. En matière pénale, ces plans devraient garantir une véritable
justice aux victimes de violences racistes et à leur famille, mettre
fin au profilage racial et obliger les acteurs étatiques, y compris
les systèmes de justice pénale, à rendre des comptes en cas de comportement
abusif.
4. La
nécessité de recueillir des données sur l’égalité ethnique
29. Comme je l’ai précédemment
indiqué, au Royaume-Uni, des données ventilées par origine ethnique sont
régulièrement recueillies, notamment à l’occasion du recensement
(organisé tous les 10 ans, le dernier ayant eu lieu en 2011). En
Angleterre et au Pays de Galles, 18 groupes ethniques sont utilisés
par les organismes gouvernementaux pour interroger les personnes
sur leur origine ethnique. Ces groupes font partie de cinq grandes
catégories, à savoir les Blanc·he·s, les personnes d’origine ethnique
mixte ou multiple, les Asiatiques ou Britanniques asiatiques, les
Noir·e·s, les Africain·e·s, les Caribéen·ne·s ou Britanniques noir·e·s et
les autres groupes ethniques. Grâce à ce système, nous savons qu’en
2011, 87 % des habitant·e·s du Royaume-Uni étaient des Blanc·he·s
et que 13 % appartenaient aux catégories Noir·e·s, Asiatiques, personnes
d’origine ethnique mixte ou autres groupes ethniques.
30. Dans de nombreux États membres, le fait de recueillir des
informations sur l’origine ethnique des individus est considéré
à tort comme un acte potentiellement discriminatoire. L’idée est
que si la «race» n’a pas d’importance, elle ne devrait pas même
être mentionnée dans les documents officiels. En fait, l’origine ethnique
a une importance, car elle expose toujours les personnes à la discrimination.
Le racisme est une réalité et l’ignorer n’aide pas à le combattre.
Les données sont indispensables dans tout domaine d’élaboration des
politiques et les politiques antidiscriminatoires ne font pas exception.
Les données sont nécessaires tout d’abord pour détecter les disparités
(il est difficile, par exemple, de confirmer l’existence d’une discrimination fondée
sur l’origine ethnique dans le système judiciaire si l’origine ethnique
des personnes concernées est inconnue). Deuxièmement, elles sont
utilisées pour concevoir des contre-mesures efficaces, accompagner leur
mise en œuvre et évaluer leur impact. La Commission européenne contre
le racisme et l’intolérance (ECRI) plaide en faveur de la collecte
de données ethniques depuis 1998, dans le cadre de sa Recommandation
de politique générale no 4 relative aux
enquêtes nationales sur l’expérience et la perception de la discrimination
et du racisme par les victimes potentielles. Ce texte souligne que
«les données statistiques sur les actes racistes et discriminatoires
et sur la situation des groupes minoritaires dans tous les domaines
de la vie sont essentielles pour l'identification des problèmes
et la formulation des politiques». Les données ethniques doivent
être collectées de manière anonyme, sur la base de l'auto-identification
et du consentement éclairé (la personne interrogée fournit les informations
volontairement et est pleinement consciente de l'usage qui en sera
fait).
31. L’«Audit sur les disparités raciales» au Royaume-Uni est un
excellent exemple de collecte de données ethniques. La tenue d’un
audit a été annoncée en 2016 par le Premier ministre «en vue de
mettre en lumière la manière dont les personnes de différentes origines
ethniques sont traitées par les services publics en publiant les
données détenues par l’État». Le rapport d’audit a été publié en
2017 et révisé en 2018. Offrant un aperçu des disparités qui ont
le plus d’impact sur tous les aspects de la vie des personnes, il
entend aider à comprendre et à évaluer les différences entre groupes
ethniques et à identifier les services publics où les disparités
diminuent et ceux qui doivent œuvrer à leur réduction. L’Audit sur
les disparités raciales représente une étape importante dans la
lutte contre les inégalités et des opérations similaires devraient
être menées dans les autres États membres.
32. Selon l’étude réalisée en 2017 par la Commission européenne
sur la collecte de données relatives à l’origine ethnique («Data
collection in the field of ethnicity»), «des signes d’une amélioration
progressive de la collecte de données sur l’origine ethnique peuvent
être observés, notamment en relation avec des expériences de discrimination
et des tests anonymes dans les domaines de l’emploi et du logement».
De nouvelles approches apparaissent, avec des initiatives visant
à remédier à l’absence de données ethniques même lorsque la réglementation
relative à la collecte de données officielles n’a pas été modifiée.
33. En Allemagne, j’ai pris connaissance d’une initiative intéressante
dénommée «Afrozensus», lancée par l’organisation de la société civile
Each One Teach One pour développer la base de données sur la discrimination
raciale. Il s’agit de la première enquête portant spécifiquement
sur la discrimination à l’égard des Noir·e·s en Allemagne. Toutes
les personnes qui se reconnaissent comme Noires ont été invitées
à y participer sur une base volontaire. Le but d’Afrocenzus est
d’obtenir une représentation la plus complète possible de ce que
vivent les personnes d’ascendance africaine: comment elles évaluent
leur vie en Allemagne, quelles sont les difficultés qu’elles rencontrent
et qu’attendent-elles de la politique et de la société. Les résultats
de la première étape de ce «recensement» devraient être publiés
au printemps 2021.
34. Si les initiatives innovantes comme «Afrozensus» sont un pas
dans la bonne direction et méritent d’être soutenues, il importe
que de nouvelles politiques relatives à la collecte de données soient
officiellement adoptées à brève échéance. J’estime que l’Assemblée
devrait renouveler son appel aux autorités nationales à mettre en
place des procédures de collecte de données à caractère ethnique
et à utiliser systématiquement ces données pour orienter l’élaboration
des politiques.
5. Le
rôle des organisations intergouvernementales
35. Les organisations intergouvernementales
internationales jouent un rôle crucial dans la lutte contre la discrimination
à l’égard des personnes d’ascendance africaine. Au niveau mondial,
le système des Nations Unies (ONU) a montré le chemin dans la lutte
contre le racisme. La Convention internationale sur l’élimination de
toutes les formes de discrimination raciale est entrée en vigueur
en 1969 et la création en 1993 par la Commission des droits de l’homme
des Nations Unies du mandat de Rapporteur·ou Rapporteuse spécial·e
sur les formes contemporaines de racisme contribue au renforcement
des actions de l’ONU. Le Rapporteur spécial ou la Rapporteuse spéciale
a pour mission d’évaluer l’efficacité des mesures prises par les
gouvernements pour remédier à la situation des victimes de racisme,
de discrimination raciale, de xénophobie et d’intolérance qui y
est associée, et mettre fin à l’impunité des auteurs de tels actes,
en adressant des appels et des communications aux États concernant
des cas présumés de violations et en effectuant des visites d’enquête dans
les pays.
36. En décembre 2020, j’ai eu un entretien en ligne avec Mme Tendayi Achiume,
l’actuelle Rapporteuse spéciale. La rencontre a été cordiale et
fructueuse, soutenue par ce qui m’a semblé être une vision partagée des
menaces découlant du racisme et des priorités pour lutter contre
elles. Je partage avec Mme Achiume, entre
autres choses, le sentiment que les événements survenus des deux
côtés de l’Atlantique, avec la mort tragique de George Floyd et
la vague de manifestations qui ont suivi, ont sensibilisé l’opinion
publique à l’afrophobie et créé de nouvelles possibilités de la
combattre. J’ai aussi comme elle l’impression qu’il est souvent
difficile d’avoir une conversation honnête sur le racisme en Europe,
où de nombreuses personnes, y compris des responsables politiques,
ne reconnaissent pas ou ne voient pas même l’étendue ni l’urgence
du problème.
37. Les rapports thématiques de la Rapporteuse spéciale couvrent
des questions telles que les réparations dues au titre de la discrimination
raciale trouvant son origine dans le colonialisme et l’esclavage,
la menace que fait peser le populisme nationaliste sur la jouissance
des droits humains et l’égalité raciale, et la discrimination raciale
dans le contexte des lois, des politiques et des pratiques en matière
de citoyenneté, de nationalité et d’immigration. Le dernier rapport
thématique porte sur la discrimination raciale et les nouvelles technologies
numériques. J’ai aussi apprécié que Mme Achiume,
ressortissante de Zambie et actuellement Professeur de droit et
Directrice de la faculté du Promise Institute for Human Rights de
l’Université de Californie, à Los Angeles, soit très au fait des
travaux menés par les organes du Conseil de l’Europe, comme l’ECRI,
et par des organisations européennes de la société civile telles
que l’ENAR.
38. J’estime que la coopération entre le Conseil de l’Europe et
les Nations Unies en matière de lutte contre l’afrophobie et les
autres formes de racisme en Europe devrait être encore renforcée
et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour promouvoir cette
idée au sein de l’Assemblée. Je tiens à ajouter que si les principaux interlocuteurs
et interlocutrices institutionnel·le·s de la Rapporteuse spéciale
sont les gouvernements nationaux, les parlements nationaux devraient
également intensifier leur coopération et les échanges d’informations
et de recommandations avec ce représentant.
39. En Europe, qui est l’objet du présent rapport, des progrès
ont été accomplis notamment grâce à la législation de l’Union européenne
et aux activités menées de longue date par le Conseil de l’Europe.
En tant que défenseur paneuropéen des droits humains, de la démocratie
et de l’État de droit, le Conseil de l’Europe devrait renforcer
son action contre le racisme, catalyser les efforts de tous les
autres acteurs et aider à étendre les progrès accomplis à l’ensemble
du continent.
40. En 2019, à l’issue d’un long processus, dans lequel l’ENAR
était très engagé, le Parlement européen a adopté une résolution
pionnière sur «Les droits fondamentaux des personnes d'ascendance
africaine»
,
qui demande aux États membres, entre autres mesures, d’élaborer
des stratégies nationales de lutte contre le racisme axées sur la
réduction de l’écart entre les personnes d’ascendance africaine
et le reste de la population dans les domaines de l’enseignement,
du logement, de la santé, de l’emploi, des relations avec la police
et des services sociaux, de considérer les motifs discriminatoires
à l’origine d’infractions fondées sur la race ou l’origine nationale
ou ethnique comme une circonstance aggravante, de mettre un terme
au profilage ethnique et de dispenser aux forces de l’ordre des
formations visant à lutter contre le racisme et les préjugés. La
résolution de 2019 recommande également de garantir aux migrant·e·s,
aux réfugié·e·s et aux demandeuses et demandeurs d’asile des voies
d’entrée sûres et légales dans l’Union européenne. Elle invite en
outre les institutions européennes à adopter une stratégie pour
la diversité et l’inclusion au sein de leur personnel, qui compléterait
les efforts déjà déployés à cette fin, et invite les parlements
et les partis politiques européens à soutenir des initiatives qui
encouragent la participation politique des personnes d’ascendance africaine.
41. En ma précédente qualité de vice-président de l’ENAR et de
président de son Comité directeur sur l’afrophobie, j'ai contribué
à ce processus par une série de réunions avec divers interlocutrices
et interlocuteurs des organes de l'Union européenne, notamment la
Commission européenne, le Parlement européen et l'Agence des droits
fondamentaux, et en participant à des auditions. L’ENAR a toujours
plaidé pour que les gouvernements européens adoptent des mesures
efficaces. Il convient de noter que cela devrait s'appliquer à tout
le continent, et pas seulement à l'Union européenne. Les États européens
ont une obligation légale, en plus d'un devoir moral, de garantir
l'égalité de toutes et tous leurs citoyen·ne·s et de lutter contre
la discrimination. Il est de la responsabilité du Conseil de l'Europe,
en tant que gardien de la démocratie et des droits humains en Europe,
de montrer la voie à ses États membres et de soutenir leurs efforts
pour supprimer toutes les formes de racisme et de discrimination.
42. Parmi les acteurs gouvernementaux qui contribuent depuis des
années à sensibiliser les gouvernements nationaux au racisme des
deux côtés de l’Atlantique figure la Commission sur la sécurité
et la coopération en Europe (CSCE) ou Commission américaine d’Helsinki.
Cette agence indépendante du Gouvernement des États-Unis a été créée
en 1975 afin de promouvoir l’application et de veiller au respect
de l’Acte final d’Helsinki et des autres engagements de l’Organisation
pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). La Commission
d’Helsinki, invitée à contribuer au présent rapport à l’occasion
d’une audition, a présenté une contribution écrite indiquant que
les gouvernements, les institutions multilatérales, la société civile,
les groupes de réflexion, les fondations et le secteur privé devraient
travailler en partenariat pour mieux appliquer les nombreuses recommandations
existantes.
43. Les mesures spécifiques recommandées par la Commission d’Helsinki
consistent par exemple à promouvoir la représentation des personnes
d'ascendance africaine et leur participation à tous les niveaux
de gouvernement. Il s’agit également de créer un «Fonds pour les
personnes d'ascendance africaine», chargé d’apporter un soutien
technique aux initiatives de la société civile et de favoriser les
échanges de connaissances en vue de lutter contre le racisme, la
discrimination et les inégalités, et d’améliorer les perspectives
et l'émancipation économiques. L’adoption conjointe par le Conseil
de l'Europe et l'OSCE d’un plan d'action sur l'égalité raciale et
ethnique et l'inclusion est aussi recommandée par la CSCE.
44. Des initiatives concrètes pourraient être envisagées telles
que la reconnaissance des injustices passées et de la contribution
des personnes d'ascendance africaine, par exemple sous la forme
d’un «mois de l'histoire des Noir·e·s européen·ne·s» et d’une «Journée
en hommage aux victimes du colonialisme et de l'esclavage», des
mesures nationales de lutte contre les stéréotypes négatifs, la
révision des manuels scolaires, la promotion de la recherche et
de la collecte de données sur la discrimination et l'inclusion sociale,
l’adoption de stratégies nationales dans ce domaine et la promotion
des échanges transatlantiques pour combattre les préjugés raciaux
et la discrimination.
45. Les recommandations de la Commission d’Helsinki sont aussi
ambitieuses que pertinentes. L'appel lancé à tous les acteurs concernés
à unir leurs forces pour accomplir de réels progrès montre combien
il est nécessaire de s’unir, de coopérer et de se coordonner, ce
dont il faudrait tenir compte lorsque des politiques antidiscriminatoires
sont élaborées. L’idée selon laquelle le Conseil de l’Europe et
l’OSCE devraient renforcer leur coopération dans ce domaine mérite
également notre attention.
6. Une
occasion à saisir
46. Le webinaire du 1er juillet
2020 sur la discrimination systémique et le racisme institutionnel,
comme mentionné précédemment, a mis en évidence la sensibilité croissante
du grand public au racisme et à la discrimination en Europe. La
participation du Président de l’Assemblée Rik Daems au webinaire
et ses paroles de soutien ont été un signe positif du renforcement
de l'engagement de l'Assemblée en faveur de la lutte contre la discrimination
et pour une société sans racisme. M. Daems a fait observer que l'Europe
commençait enfin à s'interroger sur sa propre histoire, comme le
montraient les récentes excuses formulées par le roi Philippe de
Belgique pour le passé colonial de son pays. C'est effectivement
le signe d'un changement culturel qui pourrait porter ses fruits.
La prise de conscience des responsabilités historiques envers les
peuples africains pourrait en effet aider à éradiquer le racisme
que subissent aujourd’hui leurs descendants en Europe et ailleurs.
47. Mme Domenica Ghidei Biidu, vice-présidente
de l’ECRI, a expliqué que si l'on envisageait le racisme dans une
perspective collective, plutôt qu’individuelle, il apparaîtrait
clairement que le racisme en Europe est une question institutionnelle:
«Les affaires judiciaires concernent des individus, mais le racisme
concerne bien plus que des expériences individuelles; or, ce contexte
institutionnel et systémique plus large est toujours difficile à
prouver. Il est nécessaire de reconnaître les aspects oppressifs
et racistes de notre histoire et de leurs impacts sur la vie institutionnelle,
systémique et quotidienne en Europe. Chaque pays devrait mettre
en place des institutions qui démantèlent progressivement le racisme,
ce qui inclut la collaboration avec les minorités vulnérables et
l'application du principe ‘rien sur nous sans nous’.»
48. Mme Ojeaku Nwabuzo, chargée de
recherche principale de l’ENAR, a rappelé que plusieurs institutions européennes
avaient attiré l’attention sur le problème majeur et persistant
des contrôles policiers, qui menaçait la vie des personnes d’origine
africaine et devait être traité. La pandémie de covid-19 a mis en
lumière certains problèmes inquiétants et préexistants, tels que
l'augmentation du profilage ethnique et le ciblage disproportionné
des minorités lors des opérations d'interpellation et de fouille.
La pandémie a souvent donné à la police l’occasion d'exercer ses
pouvoirs de manière restrictive, coercitive, discriminatoire, disproportionnée,
illégale et emprunte de préjugés raciaux. Certains États membres,
comme le Royaume-Uni, ont reconnu le concept de racisme institutionnel,
mais beaucoup ne l'ont pas encore fait. Ce concept est beaucoup
plus large que le profilage racial et inclut d’autres manifestations
graves de discrimination pouvant conduire à la violence, voire à
la mort. L'idée selon laquelle on trouverait «quelques pommes pourries»
dans la police a souvent été suggérée, mais cela ne reflète pas
la situation réelle. En fait, il est nécessaire de comprendre la
véritable nature du racisme structurel. L'ENAR recommande de veiller
à ce que les responsabilités soient établies (avec des sanctions
contre les agents de police qui font preuve d'attitudes racistes),
d’améliorer les techniques de la police et la collecte de données
et d’examiner à plus long terme les activités de la police, en dialogue
avec les communautés directement concernées. Sur un plan plus général, des
plans d'action nationaux contre le racisme sont vivement recommandés.
49. La situation est problématique des deux côtés de l’Atlantique.
Une augmentation de la gravité et du nombre d'incidents racistes
a été constatée ces dernières années, comme le montrent les données
de l'Union européenne, notamment la violence raciste, le profilage
ethnique et l'exclusion sociale, les personnes d'origine africaine
étant systématiquement traitées comme étant «au plus bas de la hiérarchie».
Un changement radical est nécessaire. Des lois devraient être adoptées
pour mettre fin à ces injustices, avec le suivi nécessaire pour s'assurer
qu'elles sont pleinement appliquées.
50. D’un autre côté, les populations européennes ont pris de plus
en plus conscience de l'ampleur et de la gravité du problème du
racisme en Europe, et de l'urgence de le combattre. La mort tragique
de George Floyd a eu un puissant impact au-delà des États-Unis et
en particulier en Europe. Prétendre que la situation se limite aux
États-Unis serait perpétuer un déni que nous constatons depuis de
nombreuses années sur ce continent. Celles et ceux qui nient l'existence
du racisme en Europe minimisent la douleur et les injustices historiques
que les personnes d'origine africaine ont endurées pendant des siècles.
La discrimination subie par les personnes d’ascendance africaine
et les autres minorités en Europe a été négligée pendant trop longtemps.
51. La prise de conscience du public s'accompagne d'un soutien
accru des dirigeant·e·s politiques aux niveaux national et européen,
comme le confirme le texte adopté récemment par le Parlement européen
sur les manifestations antiracistes à la suite du décès de George
Floyd (2020/2685(RSP))
.
Le Parlement européen «condamne fermement la mort effroyable de
George Floyd» et les assassinats similaires commis ailleurs dans
le monde, soutient les protestations massives contre le racisme
et la discrimination dans le monde et «condamne le suprémacisme
blanc sous toutes ses formes». Le langage puissant et direct utilisé dans
ce texte est un pas dans la bonne direction et une source d'encouragement
pour celles et ceux qui s'engagent à lutter contre le racisme en
Europe. En juillet 2020, l'ECRI a adopté une déclaration sur les
abus policiers racistes, y compris le profilage ethnique, et le
racisme systémique, à laquelle le Comité des Ministres du Conseil
de l'Europe a répondu le 16 septembre 2020 par une décision encourageant
les gouvernements des Etats membres à délivrer un message clair
de tolérance zéro à l’égard du racisme et de l'intolérance.
52. Le fort soutien apporté à l'antiracisme par plusieurs acteurs
politiques est une occasion qu'il convient de saisir sans hésitation.
En tant que gardien de la démocratie, de l'État de droit et des
droits humains, le Conseil de l'Europe a un rôle important à jouer
dans ce processus. Il a également l'obligation de veiller à ce que
les États membres reconnaissent l'existence du racisme institutionnel
et structurel. Garder le silence face au sectarisme crée la division
plutôt que l'unité et sape les valeurs qui sont au cœur de la mission
de cette organisation.
53. Le 20 août 2020, l’organe de presse en ligne
EU Observer a publié un article
d'opinion que j’ai rédigé sous le titre «George Floyds of Europe
also can't breathe» («Les George Flloyd européens ne peuvent pas respirer
non plus»
. J'ai, en effet, jugé nécessaire
d’attirer l’attention sur la situation actuelle et d'appeler tous les
décideurs politiques à agir rapidement, fermement et collectivement,
pour ne pas perdre de terrain dans la lutte contre le racisme et
l'intolérance.
7. Lutter
contre le racisme et promouvoir la représentation politique des
personnes d’ascendance africaine: vers une nouvelle Charte des partis
politiques européens pour une société non raciste
54. L’an dernier, la
Résolution
2275 (2019) de l’Assemblée, intitulée «Rôle et responsabilités des
dirigeants politiques dans la lutte contre le discours de haine
et l’intolérance», indiquait ce qui suit: «le 25ème anniversaire de
la Commission européenne contre le racisme et l'intolérance, en
2019, est une bonne occasion de mettre à jour la Charte des partis
politiques européens pour une société non raciste, d’y inclure des
mesures en cas de violation de celle-ci, et de la relancer». La
Charte originelle
a été élaborée sous les auspices
de la Commission consultative de l’Union européenne sur le racisme
et la xénophobie, prédécesseur de l'Agence des droits fondamentaux,
et ouverte à la signature le 28 février 1998 à Utrecht. Elle a été
approuvée par l’Assemblée et par l’ECRI, puis signée par des partis
politiques dans plusieurs États membres du Conseil de l'Europe.
55. Les partis politiques peuvent jouer un rôle important dans
la lutte contre le racisme en politique. La Charte étant un outil
d’autoréglementation, elle pourrait être un moyen particulièrement
efficace d’obliger les responsables politiques à rendre des comptes
et d’améliorer la représentation politique des personnes d’ascendance
africaine. Cependant, plus de 20 ans après l’élaboration de ce document,
il est temps de réfléchir à la façon de l’adapter au paysage social
et politique actuel. Des modifications peuvent également être nécessaires
pour faire en sorte que les partis politiques et leurs membres respectent
ses dispositions, grâce à un système de contrôle et à des sanctions
en cas de violation.
56. Dans la plupart des États membres, les personnes d’ascendance
africaine sont largement sous-représentées à tous les niveaux des
organes élus et des autres organes décisionnels. Dans certains pays, elles
ne sont quasiment pas représentées du tout, comme en témoigne la
composition actuelle de l’Assemblée. Cette situation est non seulement
inacceptable du point de vue de la représentation démocratique,
mais peut aussi faciliter les abus racistes visant les rares hommes
et femmes politiques d’ascendance africaine qui sont actifs au sein
des institutions. En effet, ces parlementaires ou membres des gouvernements
ont la charge de représenter l’ensemble de leur communauté et deviennent
fatalement la cible idéale des extrémistes de droite et autres racistes.
57. Au moment où j’achève ce rapport, je suis moi-même confronté
à une vague de violences verbales en ligne, provenant essentiellement
de membres et de sympathisant·e·s d’un parti politique national
d’extrême droite, pour avoir réagi à leur affirmation selon laquelle
les personnes d’origine immigrée étaient un «poids culturel», une
sorte de fardeau, pour la Suède, et pour avoir partagé sur les médias
sociaux une photo de moi portant le costume traditionnel de mon
pays natal, la Gambie, lors d’un événement officiel au Parlement suédois.
Le langage utilisé par celles et ceux qui m’attaquent est haineux,
xénophobe et explicitement raciste. Cet incident confirme que le
racisme vise les personnes d’ascendance africaine, quelle que soit
leur position dans la société. Même si je suis aujourd’hui député
(ou peut-être précisément pour cette raison), je reste exposé à
la violence à laquelle j’ai dû faire face lorsque j’étais étudiant
et jeune militant. Cela montre également à quel point les mouvements
politiques d’extrême droite sont insidieux, car en attaquant ma
personne, ils font preuve d’un manque de respect à l’égard de l’organe
élu dont je suis membre, et des institutions démocratiques en général.
58. À l’occasion de la visite en ligne au Royaume-Uni, j’ai eu
l’honneur et le plaisir de rencontrer d’éminentes personnalités
politiques, telles que la députée Diane Abbott, la femme noire qui
siège depuis le plus longtemps au Parlement du Royaume-Uni, et qui
a été secrétaire d’État à l’Intérieur du cabinet fantôme, le député
David Lammy, secrétaire d’État à la justice du cabinet fantôme,
M. Marvin Rees, Maire de Bristol et Lord Simon Woolley. La représentation
politique des minorités ethniques, notamment des personnes d’ascendance africaine,
est très élevée au Royaume-Uni. Lorsque l’Opération pour le vote
des Noir·e·s (Operation Black Vote – OBV) a été lancée par Lord
Woolley en 1996, cinq député·e·s noir·e·s ou appartenant à une minorité siégeaient
au parlement. Vingt ans plus tard, OBV a organisé une manifestation
pour célébrer le record atteint de 41 député·e·s, soit 6,3 % de
l’ensemble des députés. Ces chiffres garantissent un bon niveau
de diversité au sein des institutions britanniques et la possibilité
pour que la voix des personnes d’ascendance africaine et des autres
minorités soit entendue. Malheureusement, le problème des violences
racistes visant les responsables politiques est également présent
au Royaume-Uni. Diane Abbott, par exemple, a été victime d’un niveau
record d’agressions sexistes et racistes en ligne pendant la campagne
électorale de 2017. Selon une étude menée par Amnesty International,
presque la moitié des violences dirigées contre des députées sur Twitter
lui étaient destinées. En ce qui concerne Mme Abbott,
comme de nombreuses autres personnes, la combinaison du sexe et
de l’origine ethnique, ou d’autres motifs de discrimination, l’expose
à des formes particulièrement dures de préjugés. L’intersectionnalité
contribue à la discrimination dont font l’objet les personnes d’ascendance
africaine et devrait être systématiquement prise en compte lorsque
des contre-mesures sont élaborées.
59. J’ai examiné la situation en Allemagne avec ma collègue de
l’Assemblée, Mme Gabriela Heinrich, et
des représentant·e·s de la société civile. Seulement deux députés
allemands sur 700 sont d’ascendance africaine, dont seulement un
se reconnaît en tant que Noir. Le racisme ne fait pas partie des
priorités des partis politiques, m’ont dit des militant·e·s, et
la question de la représentation politique est particulièrement
négligée. Il faudrait pourtant s’y intéresser de près, dans la mesure
où la représentation d’un groupe, quel qu’il soit, tend à accroître
le caractère inclusif des décisions et réglementations adoptées
par les organes décisionnels. M. Karamba Diaby, qui a été en 2013
le premier député allemand né en Afrique, est souvent victime d’insultes en
ligne et son bureau de Halle a été attaqué en janvier 2020. Les
agressions verbales et autres formes de violence visant les responsables
politiques d’ascendance africaine dissuadent les autres membres
de ce groupe de s’engager en politique, créant un cercle vicieux
qui doit être brisé.
60. Outre des dispositions concernant le langage utilisé et les
opinions exprimées par les membres des partis, la Charte devrait
comprendre une partie sur la représentation politique. En tant que
principaux gardiens de l’accès aux postes d’élus, les partis politiques
ont un rôle majeur à jouer à cet égard. La Charte devrait stipuler
que les signataires s’engagent à renforcer la présence dans leurs
rangs des personnes d’ascendance africaine ou appartenant à d’autres
groupes ethniques, à tous les niveaux. Le 27 novembre 2020, pour
donner le coup d’envoi au processus de mise à jour et de relance,
la commission sur l’égalité et la non-discrimination a tenu une
audition conjointe avec la commission des questions politiques et
de la démocratie et l’Alliance parlementaire contre la haine, avec
la participation de Mme Maria Daniella
Marouda, présidente de l’ECRI, Mme Samira
Rafaela, députée européenne et co-présidente de l’Intergroupe antiracisme
et diversité (ARDI) du Parlement européen et M. Nicolae Esanu, membre
de la Commission pour la démocratie par le droit (Commission de
Venise). Les participant·e·s à l’audition ont conclu à l’unanimité
que cette initiative était pertinente et venait à point nommé. Une
Charte actualisée contribuerait à lutter contre le racisme et l’intolérance,
si répandus en Europe, y compris en politique.
61. Les participant·e·s sont convenus que le champ d’application
de la Charte devait être étendu afin de couvrir toutes les formes
de racisme et d’intolérance, à savoir l’afrophobie, l’antisémitisme,
l’islamophobie, l’homo-bi-transphobie, le sexisme et la xénophobie.
La Charte devrait aussi traiter de la cyberdiscrimination et du
discours de haine en ligne. En ce qui concerne les sanctions en
cas de non-respect, les participant·e·s ont considéré qu’elles étaient
nécessaires pour que la Charte ait un impact réel.
62. Mme Rafaela et M. Nick, premier
vice-président de la commission des questions politiques et de la démocratie,
ont insisté sur le fait qu’une forte volonté politique pour soutenir
l’initiative et la future Charte actualisée était nécessaire. La
commission sur l’égalité et la non-discrimination devrait prendre
la direction du processus, tout en coopérant étroitement avec ses
homologues au Parlement européen et en s’appuyant sur l’ECRI et
la Commission de Venise. L’Alliance parlementaire contre la haine
devrait aussi rester associée à l’initiative et assurer une visibilité
et un soutien politique supplémentaires à celle-ci.
8. La
législation et les plans d’action nationaux visant à lutter contre
la discrimination
63. Comme je l’ai précédemment
indiqué, le Programme d’action de Durban de 2001 demandait aux États membres
des Nations Unies d’adopter des plans nationaux d’action pour lutter
contre la discrimination raciale. Je souhaite mentionner ici l’exemple
du plan d’action de l’Allemagne, sur lequel j’ai pu en apprendre
davantage grâce à la visite d’information virtuelle menée dans ce
pays. Le plan a été révisé pour la dernière fois en 2017 et intitulé
«Plan national d’action: prises de position et mesures pour combattre
les idéologies inégalitaires et la discrimination qui en découle».
Lutter contre le racisme sous toutes ses formes est considéré comme relevant
de la responsabilité de l’ensemble de l’État et de la société. Le
plan d’action vise par conséquent à renforcer la cohésion sociale
et est mis en œuvre en relation étroite avec la «Stratégie du Gouvernement fédéral
pour la prévention de l’extrémisme et la promotion de la démocratie».
Il a été conçu en coopération étroite avec la société civile, et
cette coopération demeure centrale pendant sa mise en œuvre.
64. Le racisme contre les personnes noires est abordé comme une
forme particulière de discrimination dans le Plan national d’action
qui, compte tenu de l’histoire coloniale de l’Allemagne et de l’Europe,
attache une importance particulière à l’éducation historico-politique.
Ces dernières années, les initiatives de la société civile – par
exemple, création d’expositions et de matériels éducatifs – se sont
multipliées pour sensibiliser l’opinion publique à cette question.
De plus, des études ont été menées sur des formes spécifiques de
discrimination et leurs causes.
65. Je tiens également à mentionner qu’au lendemain des manifestations
du mouvement Black Lives Matter, le Land de Berlin a adopté en juin
dernier sa propre loi antidiscriminatoire, qui interdit la discrimination fondée
sur la couleur de peau, le sexe, la religion, le handicap physique
ou mental, la vision du monde, l’âge et l’identité sexuelle, ainsi
que le manque de connaissance de la langue allemande, la maladie
chronique, le revenu, le niveau d’instruction ou la profession.
La différence majeure entre la loi du Land de Berlin et la loi fédérale
générale relative à l’égalité de traitement de 2006 réside dans
le fait que cette dernière couvre la discrimination dans l’emploi
et dans les autres domaines régis par le droit privé, mais ne s’applique
pas au droit public. Le nouveau texte de loi semble ainsi renforcer
la protection contre la discrimination et être un pas dans la bonne
direction. J’espère que les autres Länder allemands suivront l’exemple
de Berlin.
9. Conclusions
et recommandations
66. L’afrophobie, ou la discrimination
et l’intolérance à l’égard des personnes d’ascendance africaine
et des personnes noires, est liée aux structures historiquement
répressives du colonialisme et à la traite transatlantique des esclaves,
et reste omniprésente dans l’Europe d’aujourd’hui. Elle vise non
seulement des gens ordinaires, mais aussi des représentant·e·s au
plus haut niveau institutionnel et politique. Cette forme de racisme
a une influence, consciente et inconsciente, sur de nombreuses politiques
menées aux niveaux national et international. Le racisme continue
de tuer, qu’il s’agisse de la violence des extrémistes en Europe ou
des politiques migratoires qui autorisent les pays européens à établir
le profil de personnes noires, à les placer en rétention et à les
renvoyer vers des endroits dangereux, comme en Libye où des personnes
noires sont actuellement réduites en esclavage et torturées.
67. Diverses mesures sont nécessaires pour lutter contre l’afrophobie.
Elles devraient viser à améliorer la situation économique des personnes
d’ascendance africaine (par des emplois et plus généralement par
une émancipation économique), leur niveau de représentation politique
et leur accès à la justice, mais aussi à lutter contre la discrimination
dans l’accès à l’éducation, aux services sociaux, au logement, etc.
Il faut également s’attaquer aux mentalités de la population générale
et des personnes d’ascendance africaine elles-mêmes, en luttant
contre les stéréotypes négatifs, en promouvant une représentation
juste des personnes dans les médias, en donnant une image positive
et en proposant des modèles auxquels s’identifier.
68. Toutes ces mesures exigent une forte volonté politique et
le soutien de toutes les parties prenantes. Si la société civile,
comme je l’ai déjà souligné, a ouvert la voie dans la lutte contre
l’afrophobie en Europe, les législateurs ont un rôle particulièrement
important à jouer, tout comme les décideurs politiques.
69. Des progrès ont été accomplis au niveau national grâce à des
plans d’action, à une législation antidiscriminatoire et à l’action
des institutions des droits de l’homme. L’Union européenne a renforcé
son action dans ce domaine en adoptant le Plan d’action contre le
racisme 2020-2025, qui devrait susciter des efforts supplémentaires
dans les États membres. Les États membres du Conseil de l’Europe
qui ne font pas partie de l’Union européenne gagneraient à adopter
des dispositions similaires.
70. Beaucoup reste à faire, et de toute urgence. Dans le présent
rapport, j’ai tenté de dresser un état des lieux de la situation
en Europe et de recueillir des informations auprès de différents
acteurs sur les mesures efficaces envisageables pour lutter contre
l’afrophobie. Je compte maintenant sur l’Assemblée et le Conseil
de l’Europe pour encourager l’adoption de ces mesures et apporter
un réel changement dans les prochaines années.
71. Il est de la responsabilité des citoyen·ne·s et de tous les
autres acteurs, que ce soient les organisations de la société civile,
les partis politiques, le monde de l’éducation, les organisations
religieuses, les syndicats, les organisations patronales, les milieux
artistiques et les médias, de combattre l’afrophobie. Cela demande de
prendre des initiatives. Ne pas être raciste ne suffit pas. Pour
que de véritables progrès soient accomplis, nous devons toutes et
tous prendre position contre le racisme, quels que soient sa forme
et le moment où il se manifeste.