Rapport | Doc. 15958 | 28 mars 2024
Demande d’adhésion du Kosovo* au Conseil de l’Europe
Commission des questions politiques et de la démocratie
Résumé
Les aspirations du Kosovo à adhérer au Conseil de l’Europe devraient recevoir une réponse positive. L’adhésion conduirait au renforcement des normes en matière de droits humains en garantissant l’accès à la Cour européenne des droits de l’homme à toutes les personnes qui relèvent de la juridiction du Kosovo. Elle permettrait également au Conseil de l’Europe d’assurer un suivi plus complet de l’évolution des situations nationales et de déployer tous les instruments dont il dispose pour contribuer à la consolidation de la démocratie et de l’État de droit. Par ailleurs, l’adhésion au Conseil de l’Europe représenterait une étape importante dans le processus d’intégration européenne du Kosovo.
L’adhésion au Conseil de l’Europe devrait donner une nouvelle impulsion qui permettra au Kosovo de continuer à progresser dans le renforcement des droits humains, de la démocratie et de l’État de droit et de s’attaquer aux défis en suspens. Parmi ceux-ci figurent l’écart entre le cadre normatif et sa mise en œuvre effective; la nécessité d’améliorer la protection des droits des communautés non majoritaires et de favoriser un climat et un discours public propices à la confiance, à la réconciliation et à l’inclusion; l’accent mis sur les politiques en matière de langue, d’éducation et de jeunesse afin de garantir la cohésion de la société multi-ethnique du Kosovo plutôt que sa fragmentation résultant des clivages ethniques ou linguistiques; la garantie d’un respect total de l’État de droit, indépendamment des considérations politiques; la promotion du respect interinstitutionnel; et le renforcement de la qualité et de l’efficacité de l’appareil judiciaire.
Dans ce contexte, l’exécution de l’arrêt de 2016 de la Cour constitutionnelle dans l’affaire du monastère de Visoki Dečani constitue une avancée. En outre, l'Assemblée parlementaire devrait s'attendre à ce que des mesures substantielles et tangibles soient prises en vue d'établir l'Association des municipalités à majorité serbe et à ce que les expropriations soient menées dans le plus strict respect de la loi et qu’elles soient pleinement conforme au Plan Ahtisaari.
A. Projet d’Avis
(open)
- l’Accord Général sur les privilèges et immunités du Conseil de l’Europe (STE no 2) et ses protocoles nos 1 et 6 (STE nos 10 et 162)
- la Convention-cadre pour la protection des minorités nationales (STE no 157)
- la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires (STE no 148)
- la Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique (STCE no 210)
- la Convention du Conseil de l’Europe sur la lutte contre la traite des êtres humains (STCE no 197)
- la Convention européenne pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants (STE no 126)
- la Convention européenne pour la répression du terrorisme (STE no 90)
- la Convention du Conseil de l’Europe pour la prévention du terrorisme (STCE no 196)
- le Protocole portant amendement à la Convention européenne pour la répression du terrorisme (STE no 190)
- la Convention du Conseil de l’Europe relative au blanchiment, au dépistage, à la saisie et à la confiscation des produits du crime et au financement du terrorisme (STCE no 198)
- la Charte européenne de l’autonomie locale (STE no 122);
- la Convention européenne sur l’exercice des droits des enfants (STE no 160)
- la Convention européenne sur la nationalité (STE no 166)
- la Charte sociale européenne (révisée) (STE no 163)
- la Convention civile sur la corruption (STE no 174)
- le Protocole additionnel à la Convention pénale sur la corruption (STE no 191)
- la Convention-cadre européenne sur la coopération transfrontalière des collectivités ou autorités territoriales (STE no 106) et ses protocoles
- la Convention européenne sur la valeur internationale des jugements répressifs (STE no 70)
- la Convention européenne relative au dédommagement des victimes d’infractions violentes (STE no 116)
- la Convention européenne sur l’imprescribilité des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre (STE no 82)
- le Deuxième Protocole additionnel à la Convention européenne d’entraide judiciaire en matière pénale (STE no 182);
- la Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention des cas d’apatridie en relation avec la succession d’États (STCE no 200)
- la Convention sur la cybercriminalité (STE no 185) et son Protocole additionnel (STE no 189)
- la Convention européenne relative au statut juridique du travailleur migrant (STE no 93)
- la Convention culturelle européenne (STE no 18)
- la Convention européenne sur la reconnaissance académique des qualifications universitaires (STE n° 32)
- la Convention sur la reconnaissance des qualifications relatives à l’enseignement supérieur dans la région européenne (STE no 165)
- la Convention européenne relative à l’équivalence des diplômes donnant accès aux établissements universitaires (STE no 15)
- la Convention relative à l’élaboration d’une Pharmacopée européenne (STE no 50).
- les protocoles nos 1, 4, 7, 12, 13 et 16 à la Convention européenne des droits de l’homme
- la Convention du Conseil de l’Europe sur la protection des enfants contre l’exploitation et les abus sexuels (STCE no 201)
- la Convention pénale sur la corruption (STE no 173)
- l’Accord partiel élargi instituant le groupe de coopération internationale du Conseil de l'Europe sur les drogues et les addictions (Groupe Pompidou)
- l’Accord partiel élargi sur le Registre des dommages causés par l’Agression de la Fédération de Russie contre l’Ukraine.
B. Exposé des motifs par Mme Dora Bakoyannis, rapporteure
(open)1. Introduction
1.1. Demande d’adhésion du Kosovo
« Rappelant la décision, exprimée lors de la 8e Session du Comité des Ministres, en mai 1951, de consulter l’Assemblée parlementaire avant de se prononcer sur les demandes d’adhésion au Conseil de l’Europe conformément aux dispositions du Statut ;
Rappelant l’accord de Bruxelles du 27 février 2023 et l’accord d’Ohrid du 18 mars 2023 et son annexe de mise en œuvre, conclus dans le cadre du dialogue facilité par l’Union européenne et mené par le Haut Représentant, et l’importance pour toutes les parties de les mettre en œuvre rapidement et de bonne foi ;
Décident de transmettre à l’Assemblée parlementaire pour consultation la lettre du 12 mai 2022 adressée à la Secrétaire Générale du Conseil de l’Europe (DD(2022)200), sans porter préjudice au futur examen de cette demande d’adhésion au Conseil de l’Europe par le Comité des Ministres».
1.2. Procédure d’admission
«Article 3
Tout membre du Conseil de l’Europe reconnaît le principe de la prééminence du droit et le principe en vertu duquel toute personne placée sous sa juridiction doit jouir des droits de l’homme et des libertés fondamentales. Il s’engage à collaborer sincèrement et activement à la poursuite du but défini au chapitre Ier.
Article 4
Tout État européen considéré capable de se conformer aux dispositions de l’article 3 et comme en ayant la volonté peut être invité par le Comité des Ministres à devenir membre du Conseil de l’Europe. Tout État ainsi invité aura la qualité de membre dès qu’un instrument d’adhésion au présent Statut aura été remis en son nom au Secrétaire Général».
«Le Comité des Ministres a décidé qu’avant d’inviter un État à devenir Membre ou Membre associé du Conseil de l’Europe, conformément aux dispositions des articles 4 et 5 du Statut, ou d’inviter un Membre à se retirer, conformément aux dispositions de l’article 8, il consultera d’abord l’Assemblée Consultative, conformément à la pratique actuellement suivie».
2. Portée du rapport
3. Un cadre juridique solide présentant des problèmes de mise en œuvre
4. L’arrêt de la Cour constitutionnelle dans l’affaire du monastère de Visoki Dečani
5. L’Association des municipalités à majorité serbe
6. Expropriations foncières dans les municipalités à majorité serbe
7. La situation dans les municipalités du nord
8. Statut d’État et reconnaissances
9. Conclusions
- prendre toutes les mesures pour apaiser les tensions dans le nord du Kosovo et s’abstenir de prendre des décisions unilatérales susceptibles de conduire à une nouvelle détérioration de la situation sécuritaire ;
- prendre d’urgence des mesures pour favoriser la réintégration des Serbes du Kosovo dans les forces de police, l’appareil judiciaire et le ministère public dans le nord du Kosovo ;
- s’abstenir de recourir aux forces de police spéciales dans le nord du Kosovo pour les tâches de police ordinaires, veiller à ce que ces forces ne soient déployées qu’en cas de nécessité et intensifier leur coopération avec la KFOR et EULEX ;
- assurer la mise en œuvre effective du cadre juridique pour la protection des minorités nationales ;
- allouer des ressources suffisantes pour la mise en œuvre effective de la législation relative à l’utilisation des langues ;
- encourager l’enseignement des langues non majoritaires dans les établissements scolaires ;
- renforcer les mesures visant à soutenir l’intégration socio-économique et la participation politique des personnes appartenant aux communautés non majoritaires ;
- prendre des mesures visibles et constructives pour promouvoir la réconciliation entre les communautés du Kosovo ;
- continuer à s’engager dans le dialogue facilité par l’Union européenne et honorer les engagements et obligations acceptés sous son égide ;
- déployer de réels efforts dans le cadre du processus de normalisation des relations avec la Serbie ;
- s’engager à régler pacifiquement les différends internationaux et à promouvoir des relations de bon voisinage dans la région.
Annexe 1 – Lettre du 3 mars 2024 du Premier ministre Albin Kurti, adressée aux membres du Bureau de l’Assemblée parlementaire (traduction de l’original anglais)
(open)[Traduction non officielle]
Republika e Kosovës – Republika Kosova – République du Kosovo
Qeveria – Vlada – Gouvernement
Zyra e Kryeministrit / Kancelarija Premijera / Cabinet du Premier ministre
Date: 03/03/2024, Réf: 027/ 2024
Chers membres du Bureau de l’APCE, chère Mme Bakoyannis,
Permettez-moi tout d'abord de remercier les membres du Bureau de l'APCE, les deux éminents juristes, les rapporteures et le Secrétariat de l'APCE pour l'excellente et rapide évaluation de notre demande d'adhésion au Conseil de l'Europe.
Après la publication du rapport des éminents juristes, la visite des rapporteures de l'APCE au Kosovo en novembre 2023 et l'audition tenue par la commission des questions politiques lors de la partie de session de janvier de l'APCE, nous avons pris un certain nombre de mesures pour donner suite aux recommandations de l'APCE en vue de l'adhésion du Kosovo.
Premièrement, en ce qui concerne le rapport des éminents juristes, qui constatent que «les dispositions juridiques sont généralement conformes aux normes internationales ou, comme c'est le cas pour la Constitution, vont au-delà de celles-ci», le Groupe de coordination de haut niveau pour l'adhésion du Kosovo au Conseil de l'Europe a préparé une vue d'ensemble complète récapitulant les mesures prises par nos institutions pour se conformer aux recommandations des éminents juristes (annexe 1). Parmi ces mesures figure l’adoption de la Stratégie pour la protection et la promotion des droits des communautés et de leurs membres pour 2023-2027, accompagnée d’un Plan d’action.
Deuxièmement, le Gouvernement du Kosovo saisit cette occasion pour vous fournir une liste de conventions que nous nous engageons à signer et à ratifier peu après l'adhésion au Conseil de l'Europe (annexe 2). Nous sommes convaincus que l'adhésion à ces instruments contribuera à promouvoir la démocratie, à renforcer l'État de droit et à consolider la protection des droits humains au Kosovo.
Troisièmement, en ce qui concerne le monastère de Dečani, permettez-moi de souligner d'emblée que le Kosovo ne s'oppose à la mise en œuvre d'aucune décision de justice. À la suite de la visite des rapporteures au Kosovo, j'ai demandé aux ministres concernés et à mon service juridique d'analyser attentivement cette affaire. Nous vous informons que le 17 décembre 2020, l'Agence cadastrale du Kosovo a officiellement demandé au bureau du cadastre de la municipalité de Dečani d'enregistrer les données cadastrales du bien (décision n°°03/3539/20) en application de la décision de la Cour constitutionnelle. Cette décision reste en vigueur et s'apparente à la position juridique d'une agence exécutive gouvernementale. Cependant, cette décision a été contestée devant un tribunal de première instance, qui a tardé à examiner l'affaire. Je tiens à vous assurer que le Gouvernement considère que toutes les décisions de justice, y compris celles de la Cour constitutionnelle, doivent être, et seront, mises en œuvre conformément au principe de l'État de droit. Nous restons attachés à ce principe, d'autant plus que notre feuille de route vers l'adhésion pleine et entière au Conseil de l'Europe est sur le point de déboucher sur un résultat tangible. Il s'agit d'une position juridiquement contraignante pour le Gouvernement de la République du Kosovo dans le cadre de sa communication avec vous en tant que rapporteure et avec l'APCE.
Compte tenu de ce qui précède, nous avons pris toutes les mesures nécessaires pour aider l'APCE à adopter une position favorable à l'égard de notre demande d'adhésion lors de la partie de session d'avril de l'APCE. Étant donné que vous jouez un rôle clé dans ce processus historique pour le Kosovo et le Conseil de l’Europe, nous vous demandons instamment de valoriser le travail considérable et l’engagement de notre Gouvernement et de notre population, et de proposer à la Commission des questions politiques et de la démocratie, puis à l’Assemblée parlementaire pour la prochaine partie de session, de recommander que le Comité des Ministres invite le Kosovo à rejoindre le Conseil de l’Europe.
L'adhésion au Conseil de l'Europe sert principalement les intérêts des citoyennes et des citoyens du Kosovo, y compris des communautés minoritaires et des groupes vulnérables, en leur donnant accès à la Cour européenne des droits de l'homme et à d'autres mécanismes de protection établis par le Conseil de l'Europe.
Le Kosovo travaille depuis 16 ans avec des instruments clés du Conseil de l'Europe et il est déjà membre à part entière de la Commission de Venise et de la Banque de développement du Conseil de l'Europe. Depuis 2008, la Convention européenne des droits de l'homme a le même rang que la Constitution au Kosovo, et elle s'applique directement, comme la jurisprudence de Strasbourg, la Convention-cadre sur les minorités et, depuis 2020, la Convention d'Istanbul. Le cadre juridique s'accompagne d'efforts de mise en œuvre dans la pratique. Selon le World Justice Project, le Kosovo se classe au premier rang en Europe et au deuxième rang mondial en ce qui concerne l'amélioration de l'État de droit. Selon l'indice de Transparency International, le Kosovo était le deuxième pays le mieux classé des Balkans occidentaux, et dans la 50e édition du rapport de Freedom House, le Kosovo se classait deuxième en Europe en termes d'amélioration annuelle dans le domaine des droits politiques et des libertés civiles. Ces dernières années, nous avons travaillé sans relâche, non seulement pour atteindre les normes du Conseil de l'Europe, mais aussi pour montrer que nous voulons y adhérer en tant que nation progressiste. Il convient de noter qu'en 2020, nous avons adopté unilatéralement la Convention d'Istanbul et que, cette année, le ministère de la Justice a proposé un projet de Code civil qui prévoit l'enregistrement des unions civiles entre personnes de même sexe. Nous avons pris ces mesures parce que nous y croyons, mais nous vous demandons d’examiner notre travail et nos efforts également à des fins d'adhésion.
Nous vous remercions une nouvelle fois pour l'évaluation équitable et rapide de notre candidature et nous sommes dans l'attente d'un renforcement de notre collaboration par le biais de l'adhésion à l'Organisation.
Avec mes meilleures salutations,
Albin Kurti, Premier ministre de la République du Kosovo
À l’intention:
- des membres du Bureau de l’APCE,
- de Mme Dora BAKOYANNIS, rapporteure pour la commission des questions politiques de l’APCE sur la demande d’adhésion du Kosovo au Conseil de l'Europe,
- de Mme Azadeh Rojhan, rapporteure pour le Kosovo, commission des questions juridiques et des droits de l'homme,
- de Mme Béatrice Fresko-Rolfo, rapporteure pour le Kosovo, commission sur l’égalité et la nondiscrimination,
- de Mme Despina Chatzivassiliou, Secrétaire générale de l’APCE.
Conventions du Conseil de l'Europe que le Kosovo signera et ratifiera à compter de l’adhésion/dans un délai d'un à deux ans après l'adhésion
Annexe 2 – Lettre du 22 mars 2024, adressée par les autorités du Kosovo à Mme Dora Bakoyannis, rapporteure
(open)[Traduction non officielle]
Republika Kosova – République du Kosovo
Date: 22/03/2024
Réf.: 063/2024
Madame Bakoyannis,
Permettez-nous tout d’abord de vous exprimer notre profonde gratitude pour votre travail et votre engagement en tant que rapporteure sur la demande d’adhésion du Kosovo au Conseil de l’Europe.
Nous nous félicitons que le projet d’avis du 21 mars 2024 qui sera soumis pour adoption à la commission des questions politiques et de la démocratie le 27 mars 2024, et à l’APCE lors de sa session d’avril 2024, soit favorable à la demande d’adhésion de la République du Kosovo au Conseil de l’Europe. Nous considérons qu’il ne pourrait y avoir meilleure manière, pour le Conseil de l’Europe, de célébrer son 75e anniversaire qu’en accueillant un État qui, à l’image de l’Organisation, est né des cendres de la guerre et s’emploie depuis lors à promouvoir les droits humains, l’État de droit et la démocratie.
Dans votre lettre en date du 21 mars 2024, vous nous avez communiqué les «propositions d’engagements que le Kosovo sera tenu d’honorer après avoir rejoint le Conseil de l’Europe». Votre courrier indique que cette liste, qui requiert une réponse des institutions nationales du Kosovo, fait partie intégrante de notre demande d’adhésion et représente une étape importante sur la voie de la pleine adhésion du Kosovo au Conseil de l’Europe.
Dans ce contexte, eu égard et conformément au droit constitutionnel du Kosovo, nous aimerions saisir cette occasion pour vous informer que nous honorerons fidèlement les engagements spécifiés dans l’Annexe I de votre lettre du 21 mars 2024 dès l’adhésion du Kosovo au Conseil de l’Europe.
Nous vous remercions pour votre collaboration et souhaitons renforcer prochainement notre coopération en devenant membre à part entière du Conseil de l’Europe.
Veuillez agréer, Madame Bakoyannis, l’expression de notre profonde considération,
Vjosa Osmani Sadriu, Président de la République du Kosovo
Albin Kurti, Premier ministre de la République du Kosovo
Glauk Konjufca, Président de l’Assemblée de la République du Kosovo
À: Dora Bakoyannis, rapporteure, Commission des questions politiques et de la démocratie, APCE
Liste de propositions d’engagements, s’ajoutant à la signature et la ratification de conventions du Conseil de l’Europe
En ce qui concerne le fonctionnement des institutions démocratiques et le respect de l’État de droit:
- respecter pleinement l’indépendance du pouvoir judiciaire, notamment en s’abstenant de toute critique injustifiée susceptible de saper la confiance dans ce système;
- continuer à améliorer la qualité et l’efficacité du système judiciaire;
- continuer à lutter contre la corruption et la criminalité organisée;
- veiller à ce que les expropriations soient menées dans le respect le plus strict de la loi et que toute législation future dans ce domaine soit pleinement conforme au plan Ahtisaari, notamment en ce qui concerne la protection des biens de l’Église orthodoxe serbe; modifier en conséquence le projet de loi sur l’expropriation des biens immobiliers qui a été soumis à l’Assemblée du Kosovo, à la date la plus rapprochée possible;
- prendre toutes les mesures nécessaires pour désamorcer les tensions dans le nord du Kosovo et s’abstenir de prendre des décisions susceptibles de porter atteinte aux droits et aux conditions de vie de la communauté serbe et de conduire à une nouvelle détérioration de la situation en matière de sécurité;
- prendre des mesures urgentes pour promouvoir la réintégration des Serbes du Kosovo dans les forces de police, le système judiciaire et le ministère public dans le nord du Kosovo;
- s’abstenir d’utiliser des forces de police spéciales dans le nord du Kosovo pour des tâches de police ordinaires, veiller à ce qu’elles ne soient déployées qu’en cas de nécessité et renforcer la coopération avec la KFOR et EULEX.
En ce qui concerne les droits humains et la protection des communautés non majoritaires:
- assurer la mise en œuvre effective du cadre juridique pour la protection des minorités nationales;
- prendre des mesures importantes et concrètes afin de mettre en œuvre tous les articles de l’Accord de Bruxelles et de l’Accord d’Ohrid, ce qui inclut l’établissement de l’Association des municipalités à majorité serbe dès que possible;
- remédier d’urgence à l’absence d’une approche globale et coordonnée des questions et des droits relatifs aux minorités; cette approche devra être élaborée et mise en œuvre en coopération avec les personnes concernées et de manière à tenir compte des besoins spécifiques des différentes communautés;
- allouer des ressources suffisantes pour mettre effectivement en œuvre la législation sur l’utilisation des langues et garantir l’ancrage juridique et l’indépendance du Bureau de la ou du Commissaire aux langues, et mettre à sa disposition des ressources appropriées;
- renforcer les mesures de soutien à l’intégration socio-économique et à la participation politique des personnes appartenant à des communautés non majoritaires;
- prendre des mesures visibles et significatives visant à encourager la réconciliation entre les communautés du Kosovo, notamment dans le discours politique; adopter des stratégies concrètes pour faciliter le dialogue intercommunautaire et créer des espaces et des activités axés sur la réconciliation, en particulier dans le domaine de l’éducation, afin d’ouvrir la voie à un développement sociétal inclusif et d’instaurer un climat de confiance;
- promouvoir l’enseignement des langues non majoritaires dans les écoles;
- assurer l’accès effectif à un enseignement primaire et secondaire de qualité et à des manuels scolaires pour tous les enfants, y compris les enfants handicapés, les enfants appartenant à des communautés non majoritaires et les enfants issus de groupes défavorisés.
En ce qui concerne les relations internationales:
- continuer à participer au dialogue facilité par l’Union européenne et à honorer les engagements et obligations contractés sous son égide;
- déployer de réels efforts dans le processus de normalisation des relations avec la Serbie;
- régler les différends internationaux de manière pacifique et promouvoir les relations de bon voisinage dans la région.
Annexe 3 – Conclusions du rapport des éminents juristes sur la conformité du système juridique du Kosovo avec les normes du conseil de l’Europe
(open)(Report déclassifié par le Bureau le 27 novembre 2023)
SIXIÈME PARTIE: PRINCIPALES CONCLUSIONS
- mettre en œuvre sans plus attendre l'arrêt de la Cour constitutionnelle dans l'affaire Visoki Decani;
- respecter pleinement l'indépendance du pouvoir judiciaire, notamment en s'abstenant de toute critique injustifiée susceptible de saper la confiance dans ce pouvoir;
- poursuivre leurs efforts pour réformer le système judiciaire, en coopération avec le Conseil de l'Europe et en respectant pleinement les normes de celui-ci;
- prendre les mesures nécessaires pour faire en sorte que les revendications foncières des réfugiés et des personnes déplacées soient traitées dans un délai raisonnable;
- poursuivre leurs efforts pour lutter contre la corruption et la criminalité organisée et veiller à la bonne mise en œuvre de la nouvelle législation dans ce domaine;
- s'abstenir d'utiliser des forces de police spéciales dans le nord du Kosovo pour effectuer des tâches de police ordinaires et veiller à ce que ces forces ne soient déployées qu'en cas de nécessité et en étroite coordination avec la KFOR et EULEX.
- veiller à ce que tous les enfants aient un accès effectif à un enseignement primaire et secondaire de qualité et disposent de manuels scolaires, y compris les enfants handicapés et les enfants appartenant à d'autres groupes défavorisés tels que les Roms, les Ashkalis et les Égyptiens;
- remédier d'urgence à l'absence d'une approche globale et coordonnée des questions relatives aux minorités et à leurs droits. Une telle approche doit être élaborée et mise en œuvre en coopération avec les personnes concernées et de manière à tenir compte des besoins spécifiques des différentes communautés;
- s'attaquer aux problèmes qui sont systématiquement rencontrés dans la mise en œuvre et le suivi de la législation linguistique, notamment au niveau municipal, et veiller en priorité à l'ancrage juridique, à l'indépendance et à la continuité du fonctionnement du Bureau du Commissaire aux langues ainsi qu’à l’allocation de ressources suffisantes à cette fonction;
- adopter des stratégies concrètes visant à favoriser le dialogue intercommunautaire et la création d’espaces et d’activités axés sur la réconciliation, en particulier dans le domaine de l'éducation, afin d'ouvrir la voie à un développement inclusif de la société et au renforcement de la confiance entre ses membres.
Annexe 4 – Programme de la visite d’information au Kosovo de la rapporteure
(open)Mercredi 1er novembre 2023
20h00 Dîner de travail avec la communauté internationale:
- l’ambassadeur Jeff Hovenier, États-Unis
- l’ambassadeur Jörn Rohde, Allemagne
- M. Cyprien Francois, chef adjoint de la mission, France
- M. Paul O’Connor, chef adjoint de la mission, Royaume-Uni
- l’ambassadeur Tomáš Szunyog, chef du bureau de l’Union européenne, représentant spécial de l’Union
- l’ambassadeur Michael Davenport, chef de l’OSCE
- l’ambassadrice Heleni Vakali, cheffe du Bureau de liaison de la Grèce
Jeudi 2 novembre 2023
10h00 Rencontre avec Mme Vjosa Osmani Sadriu, Présidente du Kosovo
12h45 Déjeuner de travail avec des représentants des médias
14h00 Rencontre avec M. Albin Kurti, Premier ministre du Kosovo
17h30 Rencontre avec le Père Sava, Abbé du Monastère de Visoki Dečani
Vendredi 3 novembre 2023
9h00 Petit déjeuner de travail avec la délégation de l’Assemblée du Kosovo auprès de l’Assemblée:
- Mme Saranda Bogujevci, présidente de la délégation
- M. Arben Gashi, vice-président
- M. Enis Kervan, membre
- Mme Ariana Musliu, suppléante
- M. Besnik Tahiri, suppléant
11h30 Rencontre avec M. Glauk Konjufca, président de l’Assemblée du Kosovo
14h30 Rencontre avec les représentants de la Srpska Lista (à Mitrovica nord):
- M. Zlatan Elek, président
- M. Dragisa Milović, ancien maire de Zvečan
- M. Milan Radojević, ancien maire de Mitrovica nord
- M. Zoran Todić, ancien maire de Leposavić
- M. Srđan Vulović, ancien maire de Zubin Potok
- M. Igor Simić, ancien membre de l’Assemblée du Kosovo
16h00 Rencontre avec des organisations de la société civile (à Mitrovica nord):
- Advocacy Center for Democratic Culture (Centre de promotion de la culture démocratique)
- New Social Initiative (Nouvelle initiative sociale)
- ONG CASA
- ONG AKTIV