1. Introduction
1. Les défenseuses des droits
humains et les personnes qui défendent les droits des femmes

sont en première ligne dans le combat
pour les droits humains et l’égalité des genres. En outre, elles
sont souvent à l’origine de changements sociétaux. Elles jouent
un rôle essentiel qui devrait être largement reconnu.
2. Selon la définition du Haut-Commissariat des Nations Unies
aux droits de l’homme (HCDH), les défenseuses des droits humains
et les défenseurs des droits des femmes sont «toutes les femmes
et les filles qui travaillent sur une question relevant des droits
de l’homme, et [l]es personnes de tous les genres qui œuvrent à
la promotion des droits des femmes et des droits liés à l’égalité
des genres»

. Il peut s’agir de militant·es, de
membres d’organisations non gouvernementales, de professionnel·les
de la santé, d’actrices et d’acteurs du secteur privé, de chercheurs
et de chercheuses, d’avocat·es ou de journalistes

.
3. L’Assemblée parlementaire travaille depuis de nombreuses années
sur la protection des défenseurs et des défenseuses des droits humains
en Europe, mais elle n’a jamais consacré de rapport aux problèmes spécifiques
auxquels sont confrontées les défenseuses des droits humains et
les personnes défendant les droits des femmes. Egidijus Vareikis
(Lituanie, PPE/DC), rapporteur de la commission des questions juridiques et
des droits de l’homme, a souligné, dans son rapport de 2018 intitulé
«Assurer la protection des défenseurs des droits de l’homme dans
les États membres du Conseil de l’Europe», qu’«[u]ne attention spéciale
devrait être accordée aux militantes de la défense des droits de
l’homme, qui sont souvent agressées en raison de leur travail sur
des thèmes culturellement sensibles remettant en question les coutumes
traditionnelles»

. Dans sa
Résolution 2439 (2022) «Accès à l’avortement en Europe: faire cesser le harcèlement
anti-choix», l’Assemblée a renouvelé «son soutien constant aux défenseurs
et défenseuses des droits humains des femmes, dans les États membres
du Conseil de l’Europe et au-delà, et [s’est engagée] à les protéger
contre les pressions injustifiées, les intimidations et les violences».
4. Dunja Mijatović, ancienne Commissaire aux droits de l’homme
du Conseil de l’Europe, soulignait en mars 2023 que «[d]es défis
sans précédent rendent le travail des défenseurs des droits humains
encore plus crucial pour la préservation du tissu démocratique de
nos sociétés. La solidarité avec et entre les défenseurs des droits
humains est plus que jamais essentielle»

.
5. Dans sa Recommandation CM/Rec(2018)11 aux États membres sur
la nécessité de renforcer la protection et la promotion de l'espace
dévolu à la société civile en Europe, le Comité des Ministres du
Conseil de l'Europe s’est dit vivement préoccupé «face au nombre
considérable et croissant d’allégations et de signalements de menaces
de nature sérieuse, de risques et de dangers auxquels sont confrontés
les défenseurs des droits de l’homme, y compris les femmes défenseures
des droits de l'homme, en ligne et hors ligne, et à la prévalence
de l'impunité concernant des violations et des abus à leur encontre»
et il a invité les États membres à «garantir aux femmes défenseures
des droits de l'homme l’accès à un soutien, à des ressources et
à une protection spécifiques, y compris contre les violences fondées
sur le genre, et garantir un environnement dans lequel elles peuvent
travailler sans violence et sans discrimination»

.
6. Dans un contexte général d’atteintes aux droits humains et
de recul des droits des femmes, les défenseuses des droits humains,
dans toute leur diversité, sont confrontées à de multiples défis
et à des menaces spécifiques, physiquement et en ligne. Dans une
déclaration commune à l’occasion de la Journée internationale des
défenseuses des droits humains en 2018, plusieurs rapporteurs spéciaux
des Nations Unies ont souligné que les défenseuses des droits humains
font face à des obstacles supplémentaires liés à la discrimination
économique et structurelle et à des défis particuliers résultant
d’une discrimination profondément enracinée à l’égard des femmes
et de stéréotypes liés au genre et à la sexualité, ancrés dans les
sociétés patriarcales

. La garantie de la sécurité de ces défenseuses
devrait être une priorité.
7. Les défenseuses des droits humains sont «régulièrement réduites
au silence et exclues des espaces d’élaboration des politiques»

.
Les atteintes portées aux droits des femmes sont en général les
premières atteintes aux droits humains et aux structures démocratiques.
Leur but est de saper le travail des défenseuses des droits humains
et, en fin de compte, de les réduire au silence et d’envoyer à d’autres
militantes potentielles le message suivant: «Ne vous avisez pas
de faire ça! Regardez ce qui va vous arriver!». Leurs familles sont également
fréquemment menacées.
8. Des manifestations menées par les femmes en Iran aux protestations
contre la suspension de l’accès des filles à l’éducation en Afghanistan,
en passant par la lutte contre la destruction de l’environnement
en Amérique du Sud, l’action des défenseuses des droits humains
est mondiale. En Europe également, ces défenseuses ont été menacées
ces dernières années, alors qu’elles travaillaient sur l’accès à
la santé et aux droits sexuels et reproductifs, sur la lutte contre
la violence fondée sur le genre, sur la lutte contre la discrimination
au motif de l’identité de genre et de l’orientation sexuelle et
sur la protection des droits des migrant·es et des demandeurs et
demandeuses d’asile

.
2. Objectifs et portée du rapport
9. Le présent rapport vise à faire
la lumière sur la situation des défenseuses des droits humains en
Europe, à sensibiliser aux menaces spécifiques auxquelles elles
font face et à reconnaître leur contribution à la protection des
droits humains. J’ai analysé leurs domaines d’action ainsi que les
moyens d’assurer leur protection et leur liberté d’action et d’expression,
y compris dans les situations de conflit.
10. J’ai examiné la situation des défenseuses des droits humains
qui ont fui des pays où elles étaient menacées en raison de leurs
activités et qui vivent maintenant dans un État membre du Conseil
de l’Europe, et j’ai cherché à savoir si elles bénéficient d’une
protection adéquate. J’ai aussi étudié la situation des épouses, des
proches ou des compagnes de militants politiques et de défenseurs
des droits humains qui sont devenues défenseuses des droits humains
en raison des pressions exercées sur leur famille ou leurs proches.
Je suis également préoccupée par la situation des femmes qui défendent
les droits humains liés à l’environnement.
11. J'ai essayé de prendre en considération les réalités intersectionnelles
dans mon travail. Les défenseuses des droits humains qui ont un
handicap, les défenseuses transgenres des droits humains ou qui sont
issues d'une minorité, pour n'en citer que quelques-unes, sont particulièrement
visées dans leur travail.
3. Méthodes
de travail
12. À la suite de recherches documentaires,
j’ai eu plusieurs réunions bilatérales avec des défenseuses des droits
humains et des personnes défendant les droits des femmes. J’ai discuté
avec elles de leur travail et des défis auxquels elles sont confrontées,
ainsi que du rôle que les parlementaires pourraient jouer pour les soutenir,
à travers des débats parlementaires débouchant sur une législation
suffisante, des campagnes de sensibilisation ou un soutien politique
à leurs actions.
13. Le 26 avril 2023, j'ai rencontré Evguenia Kara-Mourza. Le
même jour, j'ai eu un échange avec Dunja Mijatović, Commissaire
aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe.
14. Le 5 juin 2023, j’ai eu une réunion bilatérale virtuelle avec
Mme Melike Balkan, chercheuse sur la
Türkiye à Amnesty International. Le 15 juin 2023, j’ai rencontré
Hilary Margolis, représentante de Human Rights Watch, et le 15 juin
2023, Özlem Dalkiran, coordinatrice de la protection pour l’Europe
à Front Line Defenders.
15. Le 21 juin 2023, j’ai également rencontré en personne Michel
Forst, rapporteur spécial des Nations unies sur les défenseurs de
l’environnement dans le cadre de la Convention d’Aarhus (précédemment
rapporteur spécial des Nations Unies sur la situation des défenseurs
des droits de l’homme).
16. Le 15 septembre 2023, la commission sur l'égalité et la non-discrimination
a tenu une audition à Paris avec la participation de Hugo Gabbero,
directeur de l’Observatoire pour la protection des défenseurs des
droits de l’homme à la Fédération internationale pour les droits
humains (FIDH), de Sarah Durocher, présidente du Planning familial,
France, et de Noémie Gardais, chargée de plaidoyer au Planning familial,
France.
17. Le 9 octobre 2023, j’ai rencontré Justyna Wydrzyńska, défenseuse
polonaise des droits humains, qui a créé le site
Women on the Net, «premier forum
en ligne de Pologne qui soutient les femmes cherchant à avorter
en toute sécurité, à obtenir un moyen de contraception ou des informations
sur l’éducation sexuelle»

. En 2023, elle avait fait partie
des finalistes du prix Vacláv Havel.
18. Le 7 décembre 2023, la commission sur l'égalité et la non-discrimination
a eu un échange de vues avec Naveen Hashim, chercheuse sur le rôle
des femmes dans le développement économique de l’Afghanistan et militante
des droits des femmes.
19. Les 4-5 mars 2024, j'ai effectué une visite d'information
en Pologne au cours de laquelle j'ai rencontré des membres du gouvernement,
des parlementaires et des représentant·es de la société civile.
Je tiens à exprimer mes remerciements à la délégation polonaise
auprès de l'Assemblée et à son secrétariat pour le soutien qu'elle
a apporté à l’organisation de cette visite.
20. Le 21 mars 2024, j’ai tenu une réunion bilatérale virtuelle
avec Waltraud Heller, cheffe de projet à l'unité Coopération institutionnelle
et réseaux de l'Agence des droits fondamentaux de l'Union européenne.
Le 22 mars 2024, j'ai eu un échange avec Mary Lawlord, Rapporteuse
spéciale des Nations Unies sur la situation des défenseurs et défenseuses
des droits humains, avec Orsolya Toth, responsable des droits de
l’homme au Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme,
et avec des représentant·es de l’association européenne ASSEDEL.
4. Défis
multiples pour les défenseuses des droits humains
4.1. Perception
des défenseuses des droits humains
21. La montée du populisme et de
la misogynie en Europe a des effets négatifs sur le travail des défenseuses
des droits humains. Des campagnes de haine ciblées en ligne ont
été signalées par plusieurs activistes féministes qui dénoncent
les cultures et les systèmes patriarcaux. Les défenseuses des droits humains
sont attaquées pour ce qu'elles sont ou pour la façon dont elles
sont perçues, et pour ce qu'elles défendent et promeuvent.
22. Les défenseuses des droits humains sont confrontées à de multiples
défis. L'un d'entre eux est que leur travail peut être perçu comme
une menace pour l'ordre établi ou une dite «culture». La Rapporteuse
spéciale des Nations Unies sur la situation des défenseurs et défenseuses
des droits humains a souligné que «l'orientation sexuelle et l'identité
de genre sont des multiplicateurs de risque»

. L'ancien
Rapporteur spécial des Nations Unies sur les défenseurs des droits
de l'homme avait souligné que «les défenseuses sont souvent confrontées
à des risques supplémentaires et différents qui sont de nature sexiste,
intersectionnelle et façonnés par des stéréotypes de genre bien
ancrés»

.
23. Selon Hugo Gabbero, le travail des défenseuses des droits
humains et des défenseurs des droits des femmes est perçu comme
«une atteinte aux valeurs prétendument traditionnelles». Les personnes
qui défendent les droits des femmes et l'égalité des genres sont
touchées de manière disproportionnée par les restrictions et les
attaques contre l'espace civique»

.
4.2. Harcèlement
en ligne et hors ligne
24. Les défenseuses des droits
humains, dans toute leur diversité, sont exposées à une violence
spécifique au genre, en ligne et hors ligne, y compris l’humiliation
publique, la divulgation de données personnelles (doxing, en anglais) et les insultes
sexuelles. L'objectif du harcèlement à l’encontre des défenseuses
des droits humains est de saper leur crédibilité et de les décourager
de poursuivre leurs actions. La légitimité des défenseuses des droits
humains est trop souvent remise en question.
25. Dans plusieurs pays européens, de plus en plus de «poursuites-bâillons»
sont intentées contre des défenseuses des droits humains. Selon
Mary Lawlor, Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur la situation des
défenseurs et défenseuses des droits humains, les poursuites-bâillons
sont utilisées comme tactique pour museler les défenseurs et défenseuses
des droits humains, afin de neutraliser leur travail pendant qu'ils
sont occupés à tenter de lutter contre ces procédures.
26. En Andorre, Vanessa Mendoza Cortés, psychologue et thérapeute,
et présidente de Stop Violències (SV), organisation de défense des
droits des femmes qui travaille sur les droits en matière de santé
sexuelle et reproductive, a exprimé ouvertement sa position en faveur
de la dépénalisation de l’avortement, qui est illégal en toutes
circonstances dans le pays. Elle a été victime pendant plusieurs
années de harcèlement et de menaces

. Le 17 janvier 2024, elle a
été acquittée

.
27. En Azerbaïdjan, Amnesty International a rapporté que «les
défenseuses des droits humains ont été confrontées à des menaces,
à la coercition, à des violations de leur droit au respect de la
vie privée et à des campagnes de diffamation spécifiques au genre,
qui les visaient en tant que femmes»

.
Leyla Yunus est une défenseuse des droits humains azerbaïdjanaise,
connue pour sa défense acharnée des prisonniers politiques et de
la liberté d’expression. Son travail s’est étendu aux questions
plus générales des droits humains dans le pays. Elle a elle-même
fait l’objet de persécutions et a été emprisonnée en raison de son
activisme. Elle vit aujourd'hui aux Pays-Bas.
4.3. Violence
physique à l'encontre des défenseuses des droits humains
28. La répression des manifestations
des défenseuses des droits humains, l'intimidation, y compris des membres
de la famille, les arrestations et détentions arbitraires, les menaces
et les attaques contre les sièges d’organisations de défenseuses
des droits humains sont une réalité en Europe. Les défenseuses des
droits humains qui œuvrent pour la protection des droits sexuels
et reproductifs des femmes sont confrontées à la stigmatisation,
à l'intimidation, aux attaques et aux poursuites

. Les attaques peuvent être
physiques, porter sur l'honneur ou sur la réputation.
29. En France, le Planning familial s’appuie sur un réseau de
80 associations au niveau local. Il conseille 400 000 personnes
par an et fait des interventions dans les écoles sur l'éducation
à la sexualité afin de faire progresser les droits sexuels et reproductifs
de toute personne en France. Il a porté plainte contre l’État français
pour ne pas avoir assuré les trois séances obligatoires d'éducation
à la sexualité à l’école. Il est régulièrement attaqué par les mouvements
anti-choix.
30. En 2023, des dizaines d'attaques ont eu lieu contre des bureaux
du Planning familial. Un raid de harcèlement a été organisé contre
plusieurs centres après la publication d'une photo d'un homme enceint.
Le Planning familial de Gap a été attaqué en même temps que la Marche
des Fiertés. De nombreux sites web anti-choix ont été créés et diffusent
de fausses informations qui ont un effet négatif sur les personnes
qui cherchent des conseils. En réponse, le Planning familial a mis
en place un nouveau site web, avec un chat en ligne, pour lutter
contre la désinformation.
31. En Türkiye, depuis mai 2020, un grand nombre de défenseuses
des droits humains ont fait l'objet de descentes de police, d'arrestations
et de détentions arbitraires, ainsi que d’enquêtes et de poursuites
pénales. Plusieurs activités légales et légitimes de leurs associations,
notamment des marches de femmes, des manifestations, des interviews
et des communiqués de presse, ont été qualifiées d’activités «terroristes»
ou «immorales»

. Le
procureur général d'Istanbul a ordonné la dissolution de la plateforme
«Nous arrêterons les féminicides» (KCDP) en décembre 2021 pour une
prétendue «atteinte à la loi et aux bonnes mœurs». La Commissaire
aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe a souligné que les
interdictions de manifestations visaient particulièrement les événements
organisés par ou en soutien aux personnes LGBTI, aux femmes et aux
défenseurs et défenseuses des droits humains en matière d'environnement.
En mars 2023, elle a appelé les autorités turques à «enquêter sur
tous les cas où il a été fait un usage excessif de la force contre
des participants à des rassemblements pacifiques organisés ces dernières
années en dépit des interdictions». Elle a souligné qu'il était
«particulièrement regrettable que la marche de la Journée internationale
de la femme soit interdite depuis huit ans à Istanbul»

.
32. Les décisions politiques ont un effet direct sur le travail
des défenseuses des droits humains. La Commissaire a souligné que
le retrait de la Türkiye de la Convention sur la prévention et la
lutte contre la violence à l'égard des femmes et la violence domestique
(STCE no 210, «Convention d'Istanbul»)
a eu de graves conséquences sur l’action des défenseuses des droits
humains et des organisations de la société civile qui défendent
les droits des femmes et des personnes LGBTI

.
33. Dans son rapport sur la protection de la société civile -
mise à jour 2023

, l’Agence des droits fondamentaux
de l’Union européenne note que «les menaces et les attaques touchent
particulièrement les organisations et les défenseurs et défenseuses
des droits humains travaillant avec des groupes minoritaires, avec
des migrant·es et des réfugié·es, ceux travaillant pour lutter contre
le racisme et pour la promotion des droits des femmes, de la santé
et des droits sexuels et reproductifs et des droits LGBTIQ+».
5. Défenseuses
des droits humains dans le domaine de l’environnement
34. La pleine jouissance de l’ensemble
des droits humains dépend du maintien d'un environnement sain. Les
défenseurs des droits humains dans le domaine de l'environnement
sont protégés par la Déclaration des Nations Unies sur les défenseurs
des droits de l'homme

. Au cours de
notre rencontre, Michel Forst a souligné l'existence de nouvelles
formes de harcèlement à l'encontre des défenseurs des droits humains
dans le domaine de l'environnement, qui restreignent l'espace civique,
ainsi que de nouvelles pratiques de la part de la police.
35. Une attention particulière doit être accordée à la situation
des défenseuses des droits humains dans le domaine de l'environnement.
La violence exercée à leur encontre est multidimensionnelle et peut
comprendre «la violence directe, la violence structurelle, la violence
culturelle (...) et la violence écologique, qui sont combinées pour
les réprimer»

.
Les menaces et les violences fondées sur le genre à l'encontre des défenseuses
des droits humains dans le domaine de l’environnement visent à saper
leur travail, à remettre en question leur pouvoir et leur autorité
et à décourager d'autres militant·es de passer à l'action

.
36. En Bosnie-Herzégovine, Tahira Tibold, présidente de la communauté
locale de Kruščica, a plaidé pour empêcher la construction de centrales
hydroélectriques le long de la rivière Kruščica par un investisseur
privé. En 2017, lors d'un blocage pacifique d’un pont sur cette
rivière, un raid des forces spéciales a attaqué les manifestant·es.
Il a été rapporté que la police avait insulté les défenseuses des
droits humains, «en utilisant un langage à connotation sexuelle,
en déchirant leurs vêtements ou leurs foulards traditionnels, et
même en blessant physiquement plus de la moitié des femmes qui ne
leur avaient pas opposé de résistance»

. Les pressions exercées
sur Tahira Tibold et sa famille se sont poursuivies. Elle a également
reçu des menaces de mort

.
37. Il existe une intention de discréditer systématiquement la
voix et le travail des défenseuses des droits humains, y compris
les défenseuses de l'environnement. Elles sont attaquées au niveau
personnel afin de saper leur message.
38. Permettez-moi de mentionner le cas de Greta Thunberg, jeune
militante suédoise pour le climat, qui a fondé le mouvement international
Fridays for Future. Elle a décidé de ne pas aller à l'école le vendredi
en guise de grève pour une action politique plus ferme contre le
réchauffement global. Son engagement en faveur de la justice climatique
a déclenché des manifestations de jeunes dans le monde entier et
créé un mouvement international de jeunes militant·es pour le climat

. Depuis qu’elle a commencé à militer en
2018, elle est devenue une personnalité publique de premier plan
dans la lutte contre la catastrophe climatique, s'adressant elle-même
aux dirigeants politiques mondiaux lors du Sommet de l'action pour
le climat de l'ONU en 2019

. Elle n'a cessé d'interpeller les responsables
politiques pour leur inaction face au réchauffement global, suscitant
des critiques de leur part, car ils affirmaient qu'elle simplifiait
à l'extrême des questions complexes. Elle a reçu un grand nombre
de récompenses pour son activisme politique exceptionnel et a été
nommée pour le prix Nobel de la paix. Elle a été attaquée sans relâche
sur son apparence. Ses adversaires l'ont critiquée et se sont moqués
d’elle en raison de son apparence et de ses manières. Comme les
défenseuses des droits humains liés à l’environnement ne peuvent
pas être contestées sur les faits, leurs adversaires les attaquent sur
leur apparence ou les infantilisent.
39. Outre la violence et les menaces, les défenseuses des droits
humains liés à l’environnement se heurtent également à des obstacles
lorsqu'elles cherchent à obtenir justice. Lorsqu’elles dénoncent
un usage abusif de la force, les forces de police nient ces allégations
ou justifient l’usage d’une violence extrême en le présentant comme
une mesure de riposte après une agression.
6. Les
défenseuses des droits humains en quête de protection en Europe
40. Le 7 décembre 2023, la commission
sur l'égalité et la non-discrimination a eu un échange de vues avec Naveen
Hashim qui a partagé son expérience en tant que défenseuse des droits
humains. Naveen Hashim a quitté l'Afghanistan pour l'Europe après
la prise de pouvoir des Talibans. Elle est arrivée en France en septembre
2023.
41. Ces deux dernières années, les talibans ont privé les femmes
de leurs droits sociaux, politiques et économiques. Celles qui ont
résisté ont été placées en détention, torturées et même tuées. Mme Hashim
a alerté les membres de la commission sur le nombre élevé de suicides
d’Afghanes. Des milliers de femmes et de jeunes filles afghanes
ont quitté le pays pour le Pakistan, mais nombre d'entre elles ont
été renvoyées en Afghanistan.
42. Naveen Hashim a appelé les dirigeant·es européen·nes à accélérer
le processus d'évacuation des femmes et des jeunes filles afghanes.
Selon elle, la lenteur des procédures d'asile est l'un des principaux problèmes
auxquels sont confrontées les défenseuses des droits humains qui
cherchent une protection en Europe. De plus, l’accès au visa humanitaire
est très restreint voire impossible dans certains pays. Elle a souligné
l'importance de donner aux femmes et aux filles afghanes la possibilité
de poursuivre des études supérieures.
43. Les représentant·es de plusieurs organisations de la société
civile afghane qui tentent de trouver des perspectives communes
pour un Afghanistan démocratique après la fin du régime taliban
se rencontrent dans le cadre du «processus de Vienne». Ils ont récemment
demandé que le Statut de Rome soit modifié pour y inscrire «l’apartheid
de genre» en tant que crime d’agression. Cela couvrirait également
les crimes commis par les talibans à l'encontre des femmes.
44. Selon le rapport présenté en 2023 au Conseil des droits de
l'homme par la Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur la situation
des défenseurs et défenseuses des droits humains, 18 États membres
de l'Union européenne accueillent des défenseurs des droits humains
en danger et 8 d'entre eux disposent de programmes complets pour
les accueillir

.
7. Les
membres de la famille qui deviennent des défenseuses des droits
humains
45. Les proches de défenseuses
des droits humains peuvent être ciblés et menacés et ont également besoin
d'une protection spéciale. Certaines défenseuses des droits humains
se sont engagées pour poursuivre la lutte pour les droits humains
entamée par des membres de leur famille. Les manifestations des
Mères du samedi en Türkiye

visent
à obtenir la vérité sur les disparitions de proches dans les années
1980 et 1990.
46. Evguenia Kara-Mourza est l'épouse de Vladimir Kara-Mourza,
militant de l'opposition russe qui a été arrêté en avril 2022 pour
«haute trahison» après avoir protesté contre la guerre d'agression
contre l’Ukraine. Elle est directrice des activités de plaidoyer
de la Free Russia Foundation, organisation internationale apolitique
et à but non lucratif qui soutient la société civile et le développement
démocratique en Fédération de Russie et qui demande que les auteurs
de violations des droits humains rendent des comptes pour leurs actes.
Depuis l'emprisonnement de son mari, Evguenia Kara-Mourza a été
contrainte de vivre en exil avec leurs enfants. Elle dénonce l’acharnement
contre les défenseurs des droits humains et les activistes en Fédération
de Russie et appelle publiquement les gouvernements occidentaux
à adopter des sanctions. Au cours de notre rencontre, elle a insisté
sur l'importance d’interpeller régulièrement les dirigeant·es politiques sur
la situation des défenseurs des droits humains en détention, hommes
et femmes, afin de montrer que le soutien ne diminue pas ou que
l'intérêt ne s'amenuise pas. Défendre à la fois l’intérêt public
et personnel est important.
47. Sviatlana Tsikhanovskaya est l'épouse de Sergueï Tsikhanovski,
blogueur et militant bélarussien qui avait l'intention de se présenter
à l'élection présidentielle de 2020 au Bélarus en tant que candidat
de l'opposition au président Loukachenka. Deux jours après avoir
annoncé son intention de se présenter aux élections, il a été arrêté
et emprisonné. Il a ensuite été condamné à 18 ans de prison dans
une colonie pénitentiaire en décembre 2021. Il a été accusé, entre
autres, «d’incitation à la haine sociale» et d'avoir organisé des
actions qui ont «gravement perturbé l’ordre public». Sviatlana Tsikhanovskaya
est devenue l’une des cheffes de l'opposition bélarussienne et a
repris le combat de son mari contre le régime. Elle plaide pour que
les États européens renforcent les sanctions contre l’État du Bélarus.
Elle vit actuellement en exil en Lituanie. Le 6 mars 2023, elle
a été condamnée à 15 ans de prison au Bélarus.
48. Yulia Navalnaya est une économiste russe qui était mariée
à Alexeï Navalny depuis 2000. Elle a été membre du parti démocratique
russe Iabloko dans les années 2000

. Elle a soutenu son mari, ainsi que leur famille,
pendant sa carrière de militant politique et leader de l’opposition

. En 2020, lorsqu’il a été empoisonné,
elle s'est adressée directement à Vladimir Poutine pour lui demander
de le libérer afin qu'il soit soigné en Allemagne. Depuis la mort
d’Alexeï Navalny en février 2024, elle joue un rôle plus important
dans l'opposition russe: elle s'est exprimée en février 2024 lors
de la conférence de Munich sur la sécurité et a appelé la communauté
internationale à «lutter contre ce régime horrible». Puis, le 19
février, elle a publié une vidéo sur les médias sociaux, dans laquelle
elle déclare qu'elle «poursuivra l’action d’Alexeï» et appelle les gens
à «se battre et ne pas renoncer».
49. Il faut protéger les familles des défenseurs et des défenseuses
des droits humains. Hannah Neumann, Rapporteure pour le Parlement
européen, a souligné qu’il est nécessaire d'étendre l’attention
«aux réseaux et à la famille des défenseurs car les régimes répressifs
ciblent souvent délibérément les familles pour réduire les défenseurs
au silence»

. L'aide aux familles doit être concrète,
comme l’octroi de visas.
8. Étude
de cas: la situation en Pologne
50. Les 4 et 5 mars 2024, je me
suis rendue à Varsovie où j'ai rencontré plusieurs ministres, secrétaires d'État,
parlementaires et représentant·es de la société civile. C'est une
période de profondes mutations et de transition en Pologne, où certain·es
militant·es des droits des femmes exercent désormais des responsabilités gouvernementales.
51. Les défenseuses des droits humains représentent une force
politique importante dans le pays. Il a été rapporté que le changement
politique lors des dernières élections législatives était dû en
particulier à la forte mobilisation des femmes et des jeunes.
52. La priorité du nouveau gouvernement est clairement le rétablissement
de l'État de droit pour toutes et tous. Les représentant·es du gouvernement
que j'ai rencontrés ont souligné que la situation des défenseurs
et des défenseuses des droits humains avait été très compliquée
sous le gouvernement précédent. Lors de sa prise de fonction, Adam
Bodnar, ministre de la Justice, a présenté ses excuses à tous les
militant·es des droits humains qui avaient été harcelés, attaqués
ou critiqués à tort au cours des dernières années. Lors de notre rencontre,
le vice-ministre de la Justice a indiqué que les ONG de défense
des droits des femmes seraient au centre de l'attention du ministère.
L'allocation de fonds aux organisations de la société civile au
cours des dernières années sera également réexaminée.
53. Les défenseuses des droits humains et les défenseurs des droits
des personnes LGBTI ont été victimes d'attaques et de menaces, en
personne et en ligne. Des bureaux ont été perquisitionnés et plusieurs
tentatives ont été faites pour les réduire au silence

.
Des campagnes de désinformation sur les défenseuses des droits humains
ont été organisées. En outre, il y a eu des preuves d'un discours
hostile envers les femmes journalistes d'investigation. Six groupes
de défense des droits humains, dont Feminoteka, le Centre des droits des
femmes et «Grève des femmes», ont reçu des menaces d’attentat à
la bombe par courrier électronique lors de la Journée internationale
de la femme (le 8 mars) 2021. Federa, un groupe de défense des droits reproductifs,
a reçu des menaces d’attentat à la bombe par courrier électronique
les 12 et 23 mars 2021. Human Rights Watch a réclamé une enquête.
54. En octobre 2022, les procureurs de Varsovie ont déposé un
acte d’accusation contre trois militantes des droits des femmes:
Marta Lempart, Klementyna Suchanow et Agnieszka Ceredereka-Fabin
du collectif «Grève des femmes» (Strajk
Kobiet) parce qu’elles auraient prétendument «causé une
menace épidémiologique», en organisant des manifestations contre
l'interdiction presque totale de l'avortement en octobre 2020. Lors
de mon séjour à Varsovie, j'ai rencontré des représentantes du collectif
«Grève des femmes» qui ont fait état d’agressions physiques commises
par la police à leur encontre lors d’une manifestation. Il y avait
en fait une attitude systématique des forces de l’ordre contre les
droits des femmes et les droits des personnes LGBTI, combinée à
une répression. Une sous-commission sur la mise en œuvre des arrêts
de la Cour européenne des droits de l'homme a été créée au sein
du Sejm, ce qui témoigne de la volonté du parlement d'en assurer une
mise en œuvre complète.
55. En mars 2023, Justyna Wydrzynska a été condamnée à huit mois
de travaux d'intérêt général à l’issue d'un procès pénal qui lui
avait été intenté pour avoir envoyé des pilules abortives à une
femme Polonaise en détresse en 2020. Elle était accusée d'avoir
aidé et encouragé une interruption de grossesse, ce qui est considéré
comme une infraction pénale en Pologne. Le droit et l'accès à l'avortement
sont au centre de l’attention. J'ai également rencontré Joanna Gzyra-Iskandar,
qui est l'une des activistes dans l'affaire de «l’Auréole arc-en-ciel».
Le 28 mars 2024, la Cour suprême a rejeté son affaire (accusation
de blasphème)

.
56. Les défenseuses des droits humains ont parlé des niveaux élevés
de stress qu'elles ont subis et de l’épuisement professionnel des
activistes. L’effet de la répression sur la santé mentale et émotionnelle
doit être pris en considération lors de l'élaboration des politiques
et des programmes destinés à soutenir leur action. Les pressions
en matière de financement peuvent également susciter un niveau de
stress élevé.
57. Le rétablissement de la confiance dans les forces de l'ordre
nécessitera des efforts à long terme. J'ai été informée de la suppression
des parties relatives aux droits humains et à la lutte contre la
discrimination du programme de formation des fonctionnaires de police.
Il faut investir dans la formation de la police à l'égalité et à
la non-discrimination, ce qui aura des effets bénéfiques à long
terme.
58. Je suis impressionnée par la détermination des défenseuses
des droits humains et des défenseurs des droits des personnes LGBTI
que j'ai rencontrés au cours de ma visite. Un dialogue régulier
doit avoir lieu entre le parlement, le gouvernement et les représentant·es
de la société civile. Les changements durables et à long terme ne
peuvent pas se faire en un jour et peuvent être limités, jusqu'à
la prochaine élection présidentielle. La Pologne s’est à présent
engagée sur la voie du passage d’une démocratie illibérale à une
démocratie plus libérale.
9. Mesures
concrètes pour renforcer l’aide aux défenseuses des droits humains
59. Plusieurs mécanismes d’aide
existent déjà pour les défenseuses des droits humains. La FIDH a
mis en place un observatoire pour leur protection, qui offre une
assistance matérielle d'urgence et réalise des missions de solidarité
et d'enquête. Il organise également des séminaires de formation
et de renforcement des capacités. En outre, il sert de mécanisme
d'alerte précoce en lançant des appels urgents, des communiqués de
presse et des lettres ouvertes pour attirer l’attention de la communauté
internationale. Un système mondial d’aide financière et juridique
aux défenseuses des droits humains pourrait être créé.
60. Lors de notre audition, Hugo Gabbero a recommandé de mettre
en place un canal de communication spécifique pour les défenseurs
des droits humains avec le Conseil de l'Europe. Il a appelé l’Organisation
à envisager la mise en place d'un mécanisme d'alerte précoce pour
les défenseurs en danger, y compris les défenseuses des droits humains
et les défenseurs des droits des femmes, qui pourrait être similaire
à celui qui a été mis en place pour la sécurité des journalistes.
61. Il convient de veiller à ce que les personnes qui intimident,
qui font pression, qui menacent et qui attaquent les défenseurs
et les défenseuses des droits humains fassent l'objet d'enquêtes
et de poursuites. A mon avis, l'Assemblée devrait appeler les États
membres à abroger les lois, et à mettre fin aux politiques et pratiques
qui affectent les défenseuses des droits humains. Il ne peut y avoir
d'impunité pour aucune forme de violence à l'encontre des défenseuses
des droits humains, dans toute leur diversité. Les lois antiterroristes,
par exemple, ne peuvent être utilisées pour saper le travail en
faveur des droits humains et le travail de plaidoyer.
62. Il est également important de lutter contre tout discours
de haine violent à l'encontre des défenseuses des droits humains.
Les défenseurs et les défenseuses des droits humains devraient pouvoir
mener leurs activités dans un environnement favorable, ce qui peut
nécessiter la mise en place d’un dispositif de sécurité lors des
manifestations, si nécessaire, ou de mesures de sécurité personnelle
à la suite de menaces et d’agressions.
63. La diplomatie féministe et les politiques étrangères, de développement,
et de paix sont d’autres outils qui pourraient être utilisés pour
protéger les défenseuses des droits humains. En mettant en lumière l'importance
de leur travail, en assurant leur protection et en leur allouant
des subventions pour leurs activités, la diplomatie féministe est
un signal clair de soutien aux défenseuses des droits humains.
64. Le soutien à des initiatives telles que l’Initiative Marianne
et le Prix Simone Veil devrait être davantage encouragé. L'Initiative
Marianne a été lancée en décembre 2021 afin de soutenir les défenseurs
et défenseuses des droits humains en France et dans d'autres pays

.
65. Il importe de soutenir les familles des défenseurs et des
défenseuses des droits humains. Compte tenu du niveau de la menace,
il serait important d'assurer le soutien et la protection des familles.
66. La lutte contre la désinformation sur les droits des femmes
est un autre moyen de soutenir les défenseuses des droits humains.
Il convient d’inscrire l'éducation complète à la sexualité dans
les programmes scolaires.
67. L'octroi de visas et l’aide aux demandes d'asile sont des
moyens concrets de soutenir les défenseuses des droits humains.
Nous pouvons nous féliciter du fait que plusieurs Afghanes défenseuses
des droits humains aient été accueillies dans des États membres
du Conseil de l'Europe et qu’elles aient été soutenues dans leurs
demandes d'asile.
68. Les parlementaires ont également la responsabilité de soutenir
les défenseurs et défenseuses des droits humains en organisant des
débats publics, en fournissant des plateformes pour leur défense
par le biais d’auditions et en demandant un soutien concret de la
part des gouvernements. Ils peuvent contribuer à la communication
sur le travail des défenseuses des droits humains et coopérer avec
les médias. Les messages de solidarité sont importants mais ils
ne sont pas suffisants.
69. Les assemblées internationales, comme celle du Conseil de
l’Europe, constituent un cadre international qui peut amplifier
le message des défenseuses des droits humains et prendre clairement
position contre ceux et celles qui les attaquent.
70. Le prix Vigdís nouvellement créé pourrait également être utilisé
pour mieux faire connaître l’action des défenseuses des droits humains
pour l'empouvoirement des femmes dans leur pays ou leur domaine
d'activité. Le 17 janvier 2024, Neva Tölle, ressortissante croate
qui a passé des décennies à œuvrer pour protéger les femmes de la
violence domestique, a reçu le Prix Raoul Wallenberg 2024 du Conseil
de l'Europe en «reconnaissance de son rôle de pionnière, de son
courage et de sa détermination à aider les victimes et à faire évoluer
les mentalités, mais aussi les lois et les politiques visant à prévenir
et à combattre la violence domestique»

.
71. L'Assemblée pourrait également envisager d’appeler les États
membres du Conseil de l'Europe qui sont Parties au Statut de Rome
de la Cour pénale internationale à modifier le Statut afin d'y inscrire
le crime d'apartheid de genre.
10. Conclusions
72. «Par leur travail admirable
et leur courage, les défenseur·e·s des droits des femmes contribuent activement
à la construction de sociétés exemptes de préjugés et de discriminations
à l'encontre des femmes et des filles et de leur droit à la santé
et aux droits sexuels et reproductifs. Les menaces et le harcèlement
à l'encontre des défenseurs des droits des femmes doivent être évités,
faire l'objet d'une enquête et être sanctionnés, tandis que leurs
efforts pour promouvoir et protéger les droits sexuels et reproductifs
doivent être encouragés et soutenus», a souligné Dunja Mijatović,
ancienne Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe,
le 8 mars 2024

.
73. Il est temps que l'Assemblée exprime son soutien résolu aux
défenseuses des droits humains et qu’elle reconnaisse leur contribution
vitale à la lutte mondiale pour les droits humains. Il faut que
nous rendions hommage à leur travail, à leur dévouement et à leur
capacité d’inspirer le changement. En tant que parlementaires, nous
pouvons demander à nos gouvernements d’en faire davantage pour soutenir
les défenseuses des droits humains, assurer leur protection et créer
un environnement favorable. Les défenseuses des droits humains peuvent
être les moteurs d'un changement positif au sein de la société.