1. Introduction
1. Les personnes âgées

apportent
une contribution inestimable à la société: elles ont des connaissances et
une expérience à mettre en partage, et ont la capacité de contribuer
à l’économie locale en tant que consommateurs et consommatrices;
elles veillent gratuitement sur les enfants et sur d’autres membres
de la famille, et travaillent bénévolement dans nos communautés.
Elles sont aussi souvent confrontées à de multiples difficultés:
pauvreté, solitude, discrimination, manque de protection sociale,
exclusion numérique, violence et abus, et manque de participation
aux décisions qui les concernent.
2. L’accès effectif aux droits devrait être assuré sans tenir
compte du nombre de personnes concernées ou des coûts potentiels.
Les personnes âgées devraient être reconnues comme des titulaires
de droits indépendants et non comme de simples bénéficiaires de
soins. Un tel prisme repose sur des récits erronés mais souvent
répandus selon lesquels les personnes âgées seraient malades, dépendantes
et passives, ce qui alimente les stéréotypes négatifs et l’âgisme
– eux-mêmes aggravés par l’opinion selon laquelle leurs droits représentent
«un coût trop élevé» pour la société, qui n’aurait «pas les moyens»
de les leur garantir.
3. L’espérance de vie s’allonge, en Europe et ailleurs, et les
personnes âgées tendent à devenir la catégorie de la population
qui croît le plus rapidement dans la région de la Commission Economique
des Nations Unies pour l’Europe (CEE-ONU)

. Le caractère genré du vieillissement
fait que les femmes ont tendance à vivre plus longtemps que les
hommes. Toutefois, plutôt que de se focaliser sur des chiffres, il convient
de s’intéresser aux décisions juridiques et politiques qui détermineront
les conséquences de cette évolution démographique, et notamment
son impact sur le vécu des personnes âgées et sur leur accès aux droits.
Il convient d’adopter une approche globale du parcours de vie, qui
tienne dûment compte des droits et du bien-être des personnes âgées.
4. La discrimination des personnes âgées fondée sur l’âge est
un vaste sujet dont l’Assemblée parlementaire a abordé certains
aspects importants. Mon rapport se concentre sur un certain nombre
de domaines, notamment les lois et les politiques discriminatoires,
l’accès à la justice, le passage au numérique, l’accès aux biens,
aux services et aux soins de santé, et la participation publique.
Un rapport intitulé «L’immigration, l’une des réponses au vieillissement
démographique de l’Europe» (
Doc. 16072) a été adopté par la commission des migrations, des
réfugiés et des personnes déplacées de l’Assemblée et un débat en plénière
sur ledit rapport et le mien est prévu en janvier 2025.
2. Méthodes de travail
5. En février 2024, je me suis
entretenue avec Paschal McKeown, directrice de l’ONG Age Northern Ireland.
Le 19 février 2024, j’ai échangé en ligne avec Claudia Mahler, experte
indépendante de l’ONU chargée de promouvoir l’exercice par les personnes
âgées de tous les droits de l’homme.
6. Le 18 mars 2024, la commission des migrations, des réfugiés
et des personnes déplacées a tenu une audition avec la participation
de Daris Lewis Recio, chargé des affaires politiques et juridiques
au sein du Réseau européen des organismes de promotion de l’égalité
(Equinet), et de Nena Georgantzi, responsable des droits humains
au sein d’AGE Platform Europe. Je remercie Equinet et AGE Platform
Europe de m’avoir aidée à identifier les problématiques et les bonnes
pratiques qui figurent dans ce rapport.
7. Le 2 mai 2024, je me suis entretenue en ligne avec Rossalina
Latcheva et Sabine Springer, de l’Agence des droits fondamentaux
de l’Union européenne.
8. Le 16 mai 2024, j’ai tenu un échange en ligne avec Gerard
Quinn, ancien premier vice-président du Comité européen des droits
sociaux et professeur émérite à l’Université nationale d’Irlande.
9. Le 21 mai 2024, je me suis entretenue en ligne avec Alana
Officer, qui a dirigé les travaux sur le Rapport mondial sur l’âgisme
élaboré par l’Organisation mondiale de la santé en 2021.
10. Le présent rapport contient un certain nombre d’exemples de
bonnes pratiques dans les différents domaines abordés qui, je l’espère,
pourront inspirer et guider les États membres dans l’amélioration
des droits des personnes âgées dans leur pays.
3. L’âgisme
à l’égard des personnes âgées
11. L’âgisme désigne les stéréotypes,
les préjugés et/ou la discrimination de personnes ou de groupes fondés
sur l’âge. L’âgisme à l’égard des personnes âgées est profondément
ancré et structurel, et porte atteinte à leurs droits et à leur
capacité à apporter leur contribution à la société. L’âge et le
vieillissement sont généralement abordés sous quatre angles interdépendants:
l’âge chronologique (fondé sur la date de naissance), l’âge biologique
(lié aux changements physiques), l’âge psychologique (qui fait référence
à l’évolution mentale et de la personnalité au cours de la vie),
et l’âge social (l’évolution des rôles et des relations d’une personne
au fur et à mesure qu’elle avance en âge). Ces quatre aspects du
vieillissement peuvent évoluer à des rythmes différents et sont
également influencés par l’environnement social, historique et culturel

.
12. Le présent rapport traite à la fois de la nécessité de lutter
contre les stéréotypes et les préjugés négatifs qui caractérisent
l’âgisme, et contre ses manifestations dans la discrimination des
personnes âgées fondée sur l’âge. Ces phénomènes sont répandus en
Europe et ailleurs. Ils prennent de nombreuses formes et ont des répercussions
dans tous les domaines de la vie, de l’accès au crédit, aux primes
d’assurance, en passant par les soins de santé, le logement, la
protection sociale, l’éducation, et l’accès aux biens et aux services (y compris,
par exemple, l’accès, exclusivement en ligne, aux services publics
et les limites d’âge imposées à certaines professions et activités).
13. L’âgisme et la discrimination fondée sur l’âge touchent également
les jeunes, et il s’agit d’une forme d’âgisme plus répandue en Europe
(l’Europe est également la seule région au monde à disposer de données sur
les deux types d’âgisme)

.
14. Les stéréotypes concernant les personnes âgées sont très répandus,
et il a été prouvé que même les enfants de quatre ans ont déjà des
opinions très stéréotypées sur les personnes âgées. La prévention
de l’âgisme doit donc commencer dès les premières années d’éducation.
Les stéréotypes âgistes sont également véhiculés par les médias
et par la publicité et ces domaines doivent également être abordés.
15. L’âgisme à l’encontre des personnes âgées est évident dans
de nombreux secteurs, notamment la santé et les services sociaux,
le lieu de travail, les médias et le système juridique. L’âgisme
influence également la recherche et la collecte des données, avec
des lacunes évidentes dans la recherche et les données sur les personnes
âgées de 75 ans et plus.
16. Le risque de discrimination et de préjugés à l’encontre des
personnes âgées est donc réel et doit être reconnu et combattu par
les pouvoirs publics. Toutefois, à ce jour, les travaux du Conseil
de l’Europe n’ont pas abordé directement le concept d’âgisme, hormis
l’approche de l’âge fondée sur les droits établie par le Comité européen
des droits sociaux et sa déclaration sur l’âgisme (voir le paragraphe
31 ci-dessous).
17. L’ancienne Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de
l’Europe a appelé les États membres à promouvoir le vieillissement
actif et à faire en sorte que les personnes âgées en Europe puissent
exercer pleinement leurs droits humains, en notant que le «vieillissement
actif» va au-delà de la participation au marché du travail et couvre
la possibilité de vivre en autonomie, d’accéder aux soins de santé
de manière adéquate et de participer à la société en fonction de
ses besoins, de ses désirs et de ses capacités

.
18. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), à l’échelle
mondiale, une personne sur deux fait preuve d’âgisme à l’égard des
personnes âgées, qui sont souvent présentées à tort comme dépendantes, fragiles
et moins compétentes

. L’OMS
préconise trois stratégies pour prévenir et combattre l’âgisme:
la modification des lois et des politiques, les interventions éducatives
et les contacts intergénérationnels

. L’OMS
mène également une Campagne mondiale contre l’âgisme

et prépare un «baromètre de l’âgisme» afin
de mesurer et de comprendre la prévalence et la nature de l’âgisme
dans chaque pays. Il devrait être disponible d’ici la fin de l’année
2024 et consistera en une série de questions que les pays peuvent
intégrer dans leurs enquêtes nationales régulières sur la santé.
19. En comparaison avec d’autres formes de discrimination, l’une
des différences essentielles de l’âgisme réside dans son acceptation
culturelle. La discrimination liée à l’âge est répandue dans l’Union
européenne

, notamment
dans l’accès à l’emploi

, en dehors, bien sûr, des situations
où des restrictions fondées sur l’âge ont été légalement établies,
sous certaines conditions
![(13)
«Des
différences de traitement fondées sur l’âge ne constituent pas une
discrimination lorsqu’elles sont objectivement et raisonnablement
justifiées, dans le cadre du droit national, par un objectif légitime
[...] et que les moyens de réaliser cet objectif sont appropriés
et nécessaires» (article 6, paragraphe 1, de la directive sur l’égalité
de traitement en matière d’emploi).](/nw/images/icon_footnoteCall.png)
. L’avis de
l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne (FRA) de
2021, adopté après 20 ans de mise en œuvre de la directive sur l’égalité
raciale et de la directive sur l’égalité de traitement en matière
d’emploi, indique que «peu de progrès» ont été accomplis depuis
2014 en ce qui concerne la prévalence de la discrimination en matière
d’emploi fondée sur l’âge, la religion, le handicap et l’orientation
sexuelle, qui «est restée élevée» dans la plupart des pays de l’Union
européenne

.
20. La FRA signale également que «la prévalence des expériences
de discrimination fondée sur l’âge dans le domaine de l’emploi parmi
les personnes plus âgées est élevée […] et est particulièrement
élevée parmi les personnes âgées de 50 ans et plus». En outre, la
FRA souligne les défis particuliers auxquels les personnes âgées
sont confrontées en matière d’égalité de traitement, depuis les
difficultés d’accès aux soins de santé jusqu’au fossé numérique
entre les générations, qui est important et augmente avec l’âge

(voir
les sections 7 et 8 ci-dessous).
21. Le rapport d’étape sur la Décennie des Nations Unies pour
le vieillissement en bonne santé, pour la période 2021-2023, indique
qu’il convient d’accorder davantage d’attention à l’inclusion des
personnes âgées dans les données, la recherche et le suivi

. Dans le cadre de l’Union européenne,
Eurostat a créé un groupe de travail sur les statistiques concernant
l’égalité et la non-discrimination et prévoit de consacrer une section aux
données relatives à l’égalité abordant des questions telles que
la démographie, la participation à la société et les expériences
de discrimination.
Bonnes pratiques
22. La Commissaire serbe à la protection
de l’égalité a publié un
Rapport
spécial sur la discrimination à l’égard des personnes âgées qui fait le point sur la discrimination liée à l’âge
dans ce pays où plus de 20 % de la population est âgée de plus de
65 ans

. Le rapport recommande
notamment de créer une commission ou une sous-commission spéciale
à l’Assemblée nationale chargée d’améliorer la situation des personnes
âgées, ou de déléguer cette mission à l’une des commissions existantes.
23. En 2010, le ministère fédéral allemand des Affaires familiales
a lancé un programme intitulé «Un nouveau regard sur le vieillissement»
comprenant différentes mesures de sensibilisation dont une plateforme
visant à promouvoir un vaste débat public sur les conséquences de
certaines représentations associées au vieillissement dans divers
contextes, et notamment sur les conséquences négatives. En 2022, l’Agence
fédérale allemande de lutte contre la discrimination a commandé
une étude sur les
représentations du
vieillissement et de la discrimination liée à l’âge afin d’étudier les attitudes âgistes et les comportements discriminatoires.
L’étude invite le secteur public, la société civile et le secteur
privé à utiliser des images plus différenciées et plus complexes
du vieillissement, à mener des campagnes de sensibilisation à l’âgisme
et à la tendance à adopter des comportements âgistes, et à créer
des espaces d’échanges sur les inégalités perçues entre les groupes
d’âge et/ou entre les générations

.
24. Le Pays de Galles et l’Irlande du Nord ont tous deux créé
la fonction de commissaire indépendant pour les personnes âgées
et le vieillissement, ce qui peut être une solution efficace et
pérenne pour représenter les droits des personnes âgées auprès du
gouvernement et dans le cadre de l’élaboration des politiques

.
4. Inclusivité
et intersectionnalité
25. L’âgisme envers les personnes
âgées se conjugue et interagit souvent avec d’autres formes de stéréotypes,
de préjugés et de discrimination, comme le validisme (c’est-à-dire
la discrimination et les préjugés à l’égard des personnes en situation
de handicap), le sexisme, le racisme, l’homophobie et la transphobie.
Les femmes âgées sont par exemple souvent victimes de discrimination
résultant des inégalités de genre et elles sont davantage exposées
à l’exclusion sociale et économique, ainsi qu’aux abus et aux violences
physiques et psychologiques, ce qui compromet l’exercice de leurs
droits humains. Elles risquent davantage de souffrir de maladies
et d’affections chroniques pouvant être facteurs d’invalidité, et
ce sont plus souvent elles qui assurent des fonctions de soins et
qui sont confrontées au stress des aidant·es. L’âgisme aggrave d’autres types
d’inégalités, ainsi que l’exclusion sociale et l’isolement et une
approche intersectionnelle est donc nécessaire.
26. À titre d’illustration, une enquête réalisée en 2019 par la
FRA sur la perception qu’ont les personnes LGBTI en Europe du respect
de leurs droits humains s’est intéressée à la situation des personnes
LGBTI âgées de plus de 55 ans. En 2023, ILGA Europe et AGE Platform
Europe ont publié une synthèse

qui analysait
les données de l’enquête de la FRA, et recommandait que la recherche
et la collecte de données sur les personnes LGBTI âgées incluent
celles vivant dans des établissements de soins et celles exclues numériquement.
27. J’estime qu’une approche inclusive est essentielle pour protéger
efficacement les droits. J’ai adopté une approche intersectionnelle
pour tenir compte des différentes expériences et difficultés que
les femmes âgées et les hommes âgés peuvent vivre, dans toute leur
diversité.
5. Cadres
juridiques et politiques relatifs à la lutte contre la discrimination
des personnes âgées fondée sur l’âge
28. Il est choquant de constater
que l’âge est la seule caractéristique protégée pour laquelle une
différence de traitement peut faire l’objet d’une justification
objective (par exemple, dans les domaines de l’emploi et de l’accès
aux services financiers). L’âge occupe ainsi une place à part au
sein des autres caractéristiques protégées, ce qui conduit à réduire
son importance en tant que caractéristique protégée et à faire accepter
et normaliser la discrimination fondée sur ce motif. Le fait de
prévoir des justifications objectives à la discrimination directe
fondée sur l’âge revient à maintenir et à légitimer cette dernière.
29. Il n’existe pas, en droit international, d’instrument visant
spécifiquement à lutter contre les préjugés et la discrimination
à l’égard des personnes âgées. En outre, la plupart des instruments
internationaux relatifs aux droits humains, y compris la Convention
européenne des droits de l’homme (STE n° 5, la «Convention»), ne mentionnent
pas expressément l’âge comme motif de discrimination prohibé.
5.1. Conseil
de l’Europe
30. En effet, l’article 14 de la
Convention relatif à l’interdiction de la discrimination ne cite
pas l’âge parmi les motifs de discrimination. Néanmoins, dans sa
jurisprudence

, la Cour européenne des droits
de l’homme reconnaît que l’âge constitue une «autre situation» aux
fins de cette disposition d’interdiction de la discrimination. Toutefois,
la Cour n’a pas encore déclaré que la discrimination fondée sur
l’âge devait être mise sur le même plan que les autres motifs de
discrimination

. Cela se voit aussi dans
l’évolution de la législation relative à la discrimination fondée
sur l’âge, qui la traite comme un motif de discrimination «moins
important», ce qui contribue à renforcer le stéréotype de la «moindre
valeur» des personnes âgées dans nos sociétés.
31. Parmi les autres normes pertinentes du Conseil de l’Europe
figure la Charte sociale européenne (STE n° 35), révisée en 1996
(STE n° 163), et en particulier son article 23 «Droit des personnes
âgées à une protection sociale»

.
Au fil des ans, le Comité européen des droits sociaux (CEDS) a interprété
l’article 23 et mis en évidence les lacunes existant dans la protection
des droits des personnes âgées dans les États membres du Conseil
de l’Europe. Le CEDS a appelé à ce que la législation en matière
d’égalité et de lutte contre la discrimination visant les personnes
âgées couvre des domaines tels que l’accès aux biens, aux structures
et aux services, y compris aux assurances et aux produits bancaires.
Le CEDS estime que, outre l’adoption d’une législation interdisant
la discrimination fondée sur l’âge, les États parties «doivent prendre
un large éventail de mesures pour combattre l’âgisme dans la société»

.
32. La Charte invite également les États parties à prévoir une
procédure d’«assistance à la prise de décision». Cela signifie que
les personnes âgées ne peuvent pas être présumées incapables de
prendre une décision au seul motif qu’elles présentent un problème
de santé ou un handicap particulier, ou ne sont pas dotées de la
capacité juridique. L’article 23 exige également des États parties
qu’ils luttent contre la maltraitance

des personnes
âgées (à leur domicile et dans les établissements de soins), notamment
en menant des actions de sensibilisation et en adoptant des mesures
législatives ou autres.
33. En 2021, le CEDS a examiné la mise en œuvre de l’article 23
de la Charte dans 15 pays et a conclu que 12 d’entre eux ne respectaient
pas les exigences de cette disposition, principalement du fait de
l’absence de législation interdisant la discrimination fondée sur
l’âge en dehors de l’emploi, et de l’insuffisance de ressources
adéquates pour les personnes âgées (pensions et assistance sociale).
Le CEDS a également examiné les mesures visant à prévenir la maltraitance
des personnes âgées, à mettre à leur disposition un logement adapté
à leurs besoins et à leur état de santé, à leur fournir des soins
de santé adéquats et les services qui y sont associés, à garantir
une assistance appropriée aux personnes vivant en institution, dans
le respect de la vie privée, et à assurer la participation des personnes
âgées à la détermination de leurs conditions de vie en institution.
35. En ce qui concerne les instruments juridiques non contraignants
du Conseil de l’Europe, outre les résolutions de l’Assemblée citées
dans le projet de résolution, le Comité des Ministres a adopté la Recommandation
CM/Rec(2014)2 sur la promotion des droits de l’homme des personnes
âgées. Cette recommandation donne des orientations et énonce de
bonnes pratiques sur les questions de non-discrimination, d’autonomie
et de participation, de protection contre la violence et les abus,
de protection sociale et d’emploi, de soins médicaux, en résidence
et en institution, et de soins palliatifs, ainsi que d’accès à la
justice. En mars 2019, le Comité des Ministres a pris note d’un
rapport de mise en œuvre de cette recommandation

et a décidé d’examiner
à nouveau sa mise en œuvre cinq ans plus tard, c’est-à-dire avant mars
2024, ce qui n’a pas encore été fait.
5.2. Nations
Unies
36. Les instruments politiques
pertinents adoptés au sein des Nations Unies comprennent les Principes pour
les personnes âgées et le Plan d’action international de Madrid
sur le vieillissement, ainsi que la Stratégie régionale de mise
en œuvre pour l’Europe. En 2013, le Conseil des droits de l’homme
a décidé de nommer un expert indépendant chargé de promouvoir l’exercice
par les personnes âgées de tous les droits de l’homme. Cependant,
comme le souligne le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits
de l’homme, ne pas inclure l’âge dans les motifs de discrimination
interdits dans la plupart des traités des Nations Unies relatifs
aux droits humains perpétue l’idée que la protection contre la discrimination
liée à l’âge avancé n’est pas une priorité dans l’architecture des
droits humains

.
37. Pour prévenir et lutter contre l’âgisme, l’une des trois stratégies
préconisées dans le Rapport mondial de l’OMS sur l’âgisme est de
faire évoluer les lois et les politiques. Dans ce contexte, un projet
d’orientations concernant les lois nationales visant à prévenir
et à combattre la discrimination fondée sur l’âge est en cours d’élaboration,
en coopération avec le Haut-Commissariat aux droits de l’homme.
Un rapport de l’ONU montre une progression de 23 %, sur les trois
dernières années, dans la mise en place d’une législation et dans
la mise en œuvre de stratégies nationales pour lutter contre la
discrimination fondée sur l’âge (60 % des 109 pays ayant fait rapport
à l’ONU ont signalé de telles lois et stratégies en 2020, et plus
de 82 % en 2022-2023)

.
38. Un Groupe de travail à composition non limitée sur le vieillissement
a été créé en 2011 pour améliorer la protection des droits fondamentaux
des personnes âgées. Il est chargé d’examiner le cadre international
afin d’identifier d’éventuelles lacunes et leurs remèdes. En mai
2024, le Groupe de travail a achevé son mandat en adoptant un certain
nombre de recommandations, parmi lesquelles figure la possibilité
de négocier une nouvelle convention des Nations Unies sur les droits
humains des personnes âgées.
39. Dans une
déclaration
ministérielle de la CEE-ONU de 2022, les représentant·es des États européens ont reconnu
l’importance du vieillissement de la population comme une tendance
mondiale qui doit être prise en compte dans les mécanismes et projets
internationaux et régionaux. Ils se sont engagés à prendre des mesures
concrètes pour promouvoir un vieillissement actif et en bonne santé
tout au long de la vie, garantir l’accès aux soins de longue durée
et le soutien aux aidant·es et aux familles, et intégrer le vieillissement
dans toutes les politiques afin de créer une société inclusive pour
tous les âges.
40. D’autres régions ont adopté des traités sur les droits des
personnes âgées tout en participant à des discussions internationales
sur un nouveau traité «thématique» de l’ONU: la Convention interaméricaine
sur la protection des droits de l’homme des personnes âgées a ainsi
été adoptée en 2015 par l’Organisation des États américains, tandis
que l’Union africaine a adopté en 2016 un protocole à la Charte
africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux droits
des personnes âgées.
41. Je pense que le Conseil de l’Europe devrait envisager de s’engager
dans la même voie, en réfléchissant à la valeur ajoutée d’un instrument
régional visant à protéger les droits humains des personnes âgées
et en étudiant la manière de tirer parti de la quasi-jurisprudence
relative à la Charte sociale européenne

élaborée par le CEDS. Notre
Organisation devrait également soutenir, suivre et participer activement
aux négociations sur un traité mondial relatif aux droits des personnes
âgées menées au sein du Conseil des droits de l’homme des Nations
Unies.
5.3. Union
européenne
42. La Charte des droits fondamentaux
de l’Union européenne contient des dispositions sur la non-discrimination
(article 21) et sur les «droits des personnes âgées» (article 25).
En outre, l’Union européenne et ses États membres sont tenus de
respecter les droits fondamentaux lorsqu’ils mettent en œuvre le
droit de l’Union européenne (article 51 de la Charte). L’article
10 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (TFUE)
dispose que, «[d]ans la définition et la mise en œuvre de ses politiques
et actions, l’Union cherche à combattre toute discrimination fondée
sur le sexe, la race ou l’origine ethnique, la religion ou les convictions, un
handicap, l’âge ou l’orientation sexuelle».
43. La
directive
de 2000 sur l’égalité de traitement en matière d’emploi a introduit le critère de l’âge comme motif de discrimination
interdit en matière d’emploi et de travail. D’autres domaines intéressant
les personnes âgées, notamment la protection sociale, les soins
de santé et l’accès aux biens et aux services, ne sont pas encore
couverts par la législation de l’Union européenne sur la non-discrimination
liée à l’âge. Une proposition de directive sur l’égalité de traitement

(également
appelée «directive horizontale») datant de 2008 reste en discussion
16 ans plus tard, car elle nécessite l’accord unanime des 27 États
membres de l’Union européenne. La directive proposée vise à étendre
la protection contre la discrimination fondée sur la religion ou
les convictions, le handicap, l’âge et l’orientation sexuelle à
d’autres domaines que l’emploi, notamment la protection sociale,
l’éducation et l’accès aux biens et aux services.
44. En 2021, la Commission européenne a publié un
Livre
vert sur le vieillissement – Promouvoir la solidarité et la responsabilité
entre générations, afin de lancer un débat concernant l’impact du vieillissement sur
chaque citoyenne et citoyen et sur la société dans son ensemble.
Ce document d’orientation préconise de promouvoir un vieillissement
actif et en bonne santé, d’améliorer la résilience des systèmes
de santé et de soins, de moderniser la protection sociale et de
favoriser l’immigration légale et l’intégration dans le cadre d’une
panoplie de mesures visant à «prévenir ou limiter les conséquences
négatives du vieillissement». La Commission européenne et les États
membres de l’Union européenne encouragent les échanges de pratiques sur
l’égalité entre les groupes d’âge et sur la manière de lutter contre
l’âgisme au sein du Groupe de haut niveau de l’Union européenne
sur la non-discrimination, l’égalité et la diversité, qui prépare
notamment une note sur le thème de l’âge

.
5.4. Législations
nationales
45. En Europe, les législations
nationales accordent différents degrés de protection contre la discrimination liée
à l’âge. Par exemple, au Royaume-Uni, la loi sur l’égalité (Equality
Act 2010, (Age Exceptions) Order 2012) met en place davantage de
mesures de protection au profit des personnes âgées, interdisant
toute discrimination injustifiable fondée sur l’âge dans l’accès
aux biens, aux structures et aux services, et dans l’exercice de
fonctions publiques. Toutefois, l’ordonnance prévoit plusieurs exceptions
dans le cadre desquelles une différence de traitement au motif de
l’âge est considérée comme justifiable, non préjudiciable ou, dans
l’ensemble, bénéfique. Bien qu’elle puisse être améliorée, la loi
sur l’égalité garantit un certain niveau de protection des droits
des personnes âgées en Angleterre, en Écosse et au Pays de Galles,
ce qui n’est pas le cas en Irlande du Nord, où des personnes âgées
signalent des cas d’âgisme et de discrimination

.
5.5. Bonnes
pratiques
46. En Tchéquie, en Slovénie et
en Suède, il existe une législation interdisant la discrimination
fondée sur l’âge non seulement dans l’emploi, mais aussi dans d’autres
domaines de la vie

.
En Bulgarie, la loi relative à la protection contre la discrimination
interdit la discrimination directe et indirecte fondée sur l’âge.
La loi espagnole sur l’égalité de traitement et la non-discrimination,
adoptée en juillet 2022, mentionne expressément l’âge comme motif
de protection.
47. En mars 2022, l’Association géorgienne des jeunes avocats
(GYLA) a déposé un recours devant la Cour constitutionnelle pour
contester la loi fixant à 65 ans l’âge de départ à la retraite du
personnel universitaire dans les établissements publics d’enseignement
supérieur. Elle a fait valoir que les dispositions légales contestées étaient
discriminatoires et donc inconstitutionnelles. La GYLA a renvoyé
à une décision antérieure de la Cour constitutionnelle de février
2022, qui avait déclaré inconstitutionnelles des dispositions prévoyant
qu’une personne âgée de plus de 70 ans ne pouvait être élue présidente
ou vice-présidente de l’Académie géorgienne des sciences. La Cour
a jugé que «le fait que le vieillissement entraîne généralement
une diminution de l’endurance physique d’une personne et le déclin
de certaines compétences ne saurait constituer en soi un motif suffisant
pour imposer d’office des restrictions liées à l’âge»

.
48. En mai 2023, l’Autriche a adopté une loi supprimant les limites
d’âge pour accéder aux crédits bancaires.
6. Accès
à la justice
49. L’accès des victimes à la justice
est essentiel pour la bonne mise en œuvre de la législation de lutte contre
la discrimination au niveau national. À cet égard, la plupart des
pays proposent un ensemble de procédures judiciaires (civiles, administratives,
de droit du travail, etc.) et non judiciaires (instituions du médiateur/médiatrice,
institutions des droits humains, inspections, etc.), y compris des
procédures de médiation et de conciliation. Les sanctions doivent
être proportionnées et dissuasives afin d’avoir un effet préventif,
l’indemnisation du préjudice pécuniaire et non pécuniaire résultant
d’une discrimination varie considérablement d’un pays à l’autre.
50. Le volume de jurisprudence en matière de discrimination reste
relativement faible dans la plupart des pays, même si le nombre
de plaintes déposées devant les tribunaux et les organismes chargés
de la promotion de l’égalité augmente progressivement. En outre,
les litiges en matière de discrimination des personnes âgées fondée
sur l’âge sont rares, car il existe plusieurs obstacles à l’accès
effectif de ces personnes à la justice, notamment la méconnaissance
des droits et des voies de recours, le manque de moyens financiers,
l’absence de représentation juridique adéquate, l’indisponibilité
et l’inaccessibilité d’une aide juridictionnelle gratuite, etc. Le
droit d’accès à la justice est donc étroitement lié à l’exercice
effectif des droits à l’information, à l’éducation et à la mobilité.
51. Le faible nombre de litiges peut constituer en tant que tel
un facteur dissuasif pour les victimes de discrimination, et les
médias consacrent peu de reportages aux affaires de discrimination
fondée sur l’âge ou le handicap, par rapport à certaines affaires
très médiatisées de discrimination raciale, ethnique ou religieuse

.
52. Le 19 décembre 2023, l’Assemblée générale des Nations Unies
a adopté la Résolution A/RES/78/227 intitulée «Égalité d’accès à
la justice pour tous et toutes» qui traite des systèmes de justice
pénale et de la garantie de l’égalité d’accès à la justice pour
tous et toutes, y compris pour les personnes confrontées à une discrimination
fondée sur l’âge, comme les personnes âgées.
53. Les institutions nationales de défense des droits humains
et les organismes de promotion de l’égalité ont un rôle important
à jouer dans la sensibilisation à l’impact négatif de l’âgisme,
ainsi que dans la facilitation d’une utilisation stratégique du
droit au niveau national pour promouvoir les droits des personnes
âgées. Le mandat de nombreux organismes de promotion de l’égalité
couvre tous les motifs de discrimination ou la plupart d’entre eux,
mais des lacunes subsistent en ce qui concerne la discrimination
fondée sur l’âge. Il convient d’y remédier afin que tous les organismes
de promotion de l’égalité puissent agir et déposer des recours dans
les affaires de discrimination des personnes âgées fondée sur l’âge.
En mai 2024, le Conseil de l’Union européenne a adopté deux nouvelles
directives concernant le rôle et l’indépendance des organismes de
promotion de l’égalité en matière d’emploi et de travail et concernant
les normes applicables aux organismes de promotion de l’égalité
visant d’autres motifs (notamment l’âge) et d’autres domaines (tels
que la sécurité sociale, l’accès aux biens et aux services et la
fourniture des biens et des services).
54. Le rapport de la Commissaire serbe à la protection de l’égalité
(cité ci-dessus dans la partie 3) montre que l’âge est l’une des
cinq caractéristiques personnelles générant le plus de discrimination,
selon le nombre de plaintes déposées, et le deuxième motif le plus
fréquent en 2020, avec près de 15 % des plaintes. La discrimination
à l’égard des personnes âgées est présente dans de nombreux domaines
de la vie, notamment dans les procédures devant l’administration
publique, la prestation de services publics, la protection sociale
et les soins de santé, l’assurance retraite et invalidité, le travail
et l’emploi, les droits de propriété, le logement, l’éducation,
la culture et le sport, l’information publique et les médias.
55. De même, le baromètre des préjugés de la Commission pour l’égalité
et les droits humains du Royaume‑Uni montre que les cas de préjugés
liés à l’âge sont plus nombreux que ceux liés à toute autre caractéristique.
Il indique également que, dans certains cas, la discrimination fondée
sur l’âge est considérée comme moins grave que d’autres formes de
discrimination. En parallèle, il y a moins de plaintes de discrimination
fondée sur l’âge que sur la plupart des autres motifs protégés (les
affaires de discrimination fondée sur l’âge ne représentent qu’environ
2 à 4 % des affaires portées devant cette commission). Cela peut s’expliquer
en partie par le fait que la discrimination fondée sur l’âge est
tellement acceptée socialement qu’elle est intégrée par celles et
ceux qui la subissent.
56. Le rapport annuel de la Médiatrice croate fait aussi le point
sur ses travaux concernant l’égalité entre les âges, notamment concernant
le traitement des plaintes des victimes de discrimination fondée
sur l’âge, en particulier dans le domaine de la sécurité sociale,
des conditions de vie (soins à domicile et établissements de soins
de longue durée), des violences ou au sujet des contrats de prise
en charge à vie. La Médiatrice croate coopère avec le ministère
des Affaires sociales pour mettre en place une collecte systématique
de données sur le harcèlement et les mauvais traitements infligés
aux personnes âgées

.
57. Le bureau de la Médiatrice portugaise a indiqué recevoir fréquemment
des plaintes concernant les droits des personnes âgées, souvent
transmises par le biais de la ligne d’assistance aux personnes âgées
qui fournit des informations et un soutien à ces personnes.
58. Par ailleurs, en avril 2024, la Cour européenne des droits
de l’homme a rendu un arrêt qui a fait date, dans lequel elle a
statué en faveur d’une association suisse de femmes âgées qui avait
porté plainte contre les mesures prises par le pays pour limiter
les émissions de gaz à effet de serre, affirmant que ces mesures
étaient insuffisantes pour enrayer le changement climatique et ses
effets négatifs sur leur santé. La Cour a reconnu la nécessité de
favoriser la répartition intergénérationnelle de l’effort lié au
changement climatique, sujet de préoccupation commune de l’humanité.
Elle a également conclu que les tribunaux nationaux n’avaient pas tenu
compte des données scientifiques incontestables sur le changement
climatique et ses conséquences sur la santé des femmes âgées, et
n’avaient pas pris leurs griefs au sérieux.
59. Le Conseil de l’Europe s’emploie depuis longtemps à lutter
contre les stéréotypes, les préjugés et la discrimination à l’égard
des femmes dans leur quête de
l’égalité
d’accès à la justice, exacerbés dans le cas des femmes âgées, comme l’illustre
l’expérience vécue par les femmes suisses âgées devant les tribunaux nationaux
mentionnée ci-dessus. Cette situation concerne tous les types de
procédures judiciaires, de la violence fondée sur le genre

,
aux demandes d’indemnisation, en passant par le droit de la famille
ou d’autres questions.
7. Passage
au numérique et son impact sur l’accès aux biens et aux services
61. Un obstacle important à la jouissance des droits humains par
les personnes âgées est la dématérialisation croissante des services
publics, amplifiée par l’utilisation accrue de systèmes d’intelligence artificielle
et de prise de décision automatisée ou semi-automatisée par les
pouvoirs publics, par exemple en ce qui concerne l’aide sociale
et les services sociaux. Les insuffisances en matière d’accès aux
droits, dues à la dématérialisation des services publics, ont été
traitées dans la
Résolution
2510 (2023) de l’Assemblée «Réduire la fracture numérique: promouvoir
l’égalité d’accès aux technologies numériques».
62. Les personnes âgées doivent pouvoir accéder facilement aux
informations sur les services et les structures mis à leur disposition,
qui vont des services d’aide à domicile et des centres de jour aux
services de logement et aux soins de santé, en passant par les structures
de loisirs et d’éducation.
63. Les règles fondées sur l’âge, notamment celles appliquées
par des entreprises privées, sont également susceptibles de restreindre
arbitrairement l’accès des personnes âgées aux droits. Les compagnies d’assurance,
par exemple, peuvent refuser d’assurer les voyages de personnes
au-delà d’un certain âge, indépendamment de leur état de santé,
et appliquent souvent des primes d’assurance automobile plus élevées après
un certain âge, quels que soient les antécédents du conducteur assuré.
L’accès aux facilités de crédit est également souvent conditionné
par l’âge, ce qui rend l’obtention de prêts beaucoup plus difficile
ou onéreuse, voire impossible, pour les personnes âgées, uniquement
en raison de leur âge. Le refus de donner accès à certains services
financiers aux clients âgés ou bien le fait de leur imposer des
critères supplémentaires plus stricts tels que le montant des primes
reste problématique dans de nombreux pays, concernant tous les types
de prêts (prêts hypothécaires, crédits à la consommation), mais
également l’accès aux cartes de crédit et autres produits financiers.
64. Lorsqu’il examine l’application de l’article 23 de la Charte
sociale européenne qui traite du droit à certains services et structures
pour les personnes âgées, le CEDS se penche à la fois sur les services
et structures en tant que tels et sur les informations fournies
à leur sujet. Il examine l’existence, l’ampleur et le coût des services
d’aide-ménagère, des services de proximité, des services d’accueil
de jour spécialement adaptés aux personnes atteintes de démence
et autres maladies connexes, et notamment des soins de longue durée,
en particulier ceux qui leur permettent de demeurer des membres
actifs au sein de leur collectivité et de continuer à vivre chez
elles. Il examine aussi l’existence de services d’information, de
formation et de relève destinés aux familles qui s’occupent de personnes
âgées, en particulier de personnes très dépendantes, ou encore de
structures proposant des activités culturelles, récréatives et éducatives
aux personnes âgées

. Le CEDS a souligné
que de nombreux services (et informations à propos de ces services)
sont de plus en plus disponibles en ligne. Le passage au numérique
peut offrir des possibilités aux personnes âgées, mais peut aussi
constituer un obstacle à leur accès aux services. Des mesures sont
nécessaires pour améliorer les compétences numériques des personnes
âgées, garantir l’accès aux services numériques pour les personnes âgées,
et maintenir les services non numérisés.
65. Dans l’Union européenne, le Protocole n° 26 annexé au TFUE
reconnaît l’importance et la diversité des services d’intérêt général.
Les pays de l’Union européenne peuvent décider des modalités pour
les fournir, tout en garantissant un niveau élevé de qualité, de
sécurité et d’abordabilité, ainsi que l’égalité de traitement, un accès
universel et la protection des droits des utilisateurs et utilisatrices.
Cela signifie qu’il devrait être possible d’accéder hors ligne aux
services publics.
66. Dans ses conclusions d’octobre 2020 intitulées «
Droits
de l’homme, participation et bien-être des personnes âgées à l’ère
numérique», le Conseil de l’Union européenne souligne la nécessité
de maintenir un accès non numérisé aux services publics et appelle
à respecter les droits et les besoins des personnes âgées. Il demande
à la FRA d’étudier l’impact du passage au numérique sur les droits,
la participation et le bien-être des personnes âgées. La FRA a recueilli
des informations sur la législation et les politiques des États
membres de l’Union européenne, ainsi que des données statistiques
provenant d’Eurostat, et a publié un rapport en septembre 2023

.
67. Le rapport de la FRA montre que les lois et politiques nationales
relatives au passage au numérique et à l’accès des personnes âgées
aux services publics n’adoptent pas une approche fondée sur les
droits humains, et que seuls quatre États membres de l’Union européenne
disposent d’une législation relative à la protection du droit des
personnes âgées à l’égalité d’accès aux services publics numérisés.
Seuls neuf pays de l’Union européenne reconnaissent l’importance
de maintenir des possibilités d’accès hors ligne aux services publics.
De plus, le rapport de la FRA montre que peu d’éléments témoignent
de l’existence de projets nationaux visant à dispenser aux personnes
âgées une formation aux compétences numériques ou à leur fournir
un soutien financier permettant un accès fiable à internet ou pour
des équipements et logiciels à jour. Il a également constaté un
manque d’informations et de données ventilées concernant les personnes
âgées de plus de 75 ans, ce qui empêche l’évaluation et le suivi
de l’impact et de l’efficacité des lois et des politiques dans ce
domaine, ainsi que l’évaluation de l’impact de la transition numérique
en cours sur l’accès des personnes âgées.
68. En septembre 2022, l’Union européenne a adopté sa stratégie
en matière de soins, qui établit un programme pour améliorer la
situation des aidant·es et des bénéficiaires de soins, et qui vise
à garantir des soins de qualité, abordables et accessibles pour
tous et toutes, indépendamment de l’âge, du sexe ou du statut social.
Les services de soins devraient être axés sur la personne afin de
lui permettre de conserver son autonomie et de vivre dans la dignité,
d’exercer ses droits humains et de prévenir la pauvreté et l’exclusion sociale,
ce qui n’est pas encore une réalité pour nombre de personnes âgées.
69. Les polices d’assurance, en particulier, peuvent entrer en
conflit avec la législation anti-discrimination lorsque le risque
est déterminé sur la base d’un critère protégé comme l’âge. Pour
certains types de contrats d’assurance (automobile, voyage), les
compagnies d’assurance considèrent que le risque est directement
lié à l’âge de l’assuré. Les organismes de promotion de l’égalité

relèvent
des préoccupations similaires à celles soulevées concernant les
services financiers: les produits d’assurance sont refusés sur la
base de présomptions (stéréotypées) concernant les implications
de l’âge (avancé) du demandeur ou de la demandeuse, sans évaluation
au cas par cas. En outre, lorsque les contrats d’assurance ne sont
pas refusés au motif de l’âge, un âge avancé peut augmenter considérablement
le prix d’achat d’un produit d’assurance. Les organismes chargés
de l’égalité en Lettonie, en Allemagne et en Belgique, ont relevé
des cas de refus d’assurances voyage ou automobile sur la seule
base de l’âge, sans prise en compte de la situation personnelle
de l’intéressé·e.
Bonnes pratiques 
70. Le Commissaire polonais aux
droits de l’homme a identifié des abus commis à l’égard de personnes âgées
concernant des services financiers. Une étude a montré que les employé·es
de banque et les vendeurs et vendeuses d’autres biens et services
tentent souvent d’abuser des personnes âgées et de profiter de leur méconnaissance
des produits financiers. Cette situation conduit les intéressé·es
à conclure des contrats désavantageux dans le domaine des services
bancaires et des transactions liées à des investissements ou à des
emprunts. Le comportement irresponsable des banques et d’autres
institutions financières, notamment la dissimulation d’informations
importantes sur les coûts et les risques éventuels d’un investissement,
peut entraîner un surendettement et/ou des coûts de transaction
très élevés.
71. L’organisme tchèque chargé de l’égalité a mené une étude sur
l’accès aux biens et services bancaires et financiers au moyen d’un
questionnaire, d’exercices de mise en situation et d’analyses juridiques.
Un tiers des établissements interrogés fixent des limites d’âge
pour la fourniture d’assurances voyage et de prêts hypothécaires.
L’étude a permis de conclure que les services les moins accessibles
aux personnes âgées étaient l’assurance-vie, l’assurance-accident
et l’assurance-crédit.
72. L’Agence fédérale allemande de lutte contre la discrimination
a financé une étude sur la discrimination fondée sur l’âge dans
l’octroi de prêts, qui a révélé que la Loi générale sur l’égalité
de traitement n’accordait pas une protection suffisante contre les
conditions désavantageuses en raison de l’âge en matière d’octroi
de prêts: il existait des pratiques désavantageant certaines personnes
en raison de leur âge, notamment des refus de prêts motivés par
l’âge des client·es, et les personnes âgées avaient difficilement
accès aux prêts en raison de la transformation numérique croissante.
Le rapport d’étude a été publié en septembre 2023 et le gouvernement
a annoncé une réforme de la Loi générale sur l’égalité de traitement
pour améliorer la protection contre la discrimination.
73. Le Centre national des droits humains de la République slovaque
a commandé des études sur l’accès aux services sociaux dans les
zones rurales, qui représente un problème majeur pour les personnes
âgées vivant dans ces zones.
74. Le Bureau de la Médiatrice croate a publié un rapport sur
les droits des personnes âgées concernant les soins palliatifs,
la lutte contre la discrimination et les établissements de soins
de longue durée.
75. La Commission britannique pour l’égalité et les droits humains
a travaillé sur les thématiques suivantes: les personnes âgées et
l’exclusion numérique, l’accès au marché du travail, l’approche
intersectionnelle (personnes LGBTIQ), la ménopause et la reconnaissance
sur le lieu de travail.
8. Accès
aux soins de santé
76. La santé des personnes âgées
peut être affectée par des professionnel·les de la santé qui rejettent
ou minimisent les problèmes de santé comme étant simplement dus
à l’âge. Un rapport intitulé «
Inégalités
et discrimination multiple dans le domaine des soins de santé», publié par la FRA en 2013,
a montré que les expériences de discrimination et de discrimination
multiple dans le domaine des soins de santé étaient souvent perçues
comme étant motivées par l’appartenance ethnique, l’âge, le sexe
et le handicap, et que l’un des groupes risquant le plus clairement
de subir une discrimination intersectionnelle en matière d’accès
aux soins de santé était celui des personnes âgées.
77. S’agissant du droit des personnes âgées à des soins de santé
adaptés, l’article 23 de la Charte sociale exige la mise en place
de programmes et services spécialement destinés aux personnes âgées
(en particulier des services de soins de santé primaires, notamment
des soins infirmiers et des soins à domicile), ainsi que l’adoption
de lignes directrices en matière de soins de santé pour les personnes
âgées. En outre, des programmes de santé mentale pour les personnes
âgées souffrant de problèmes psychologiques devraient également
être disponibles. Le CEDS souligne l’importance d’abandonner les
pratiques de placement en institution au profit des soins de proximité
et de l’autonomie des personnes âgées, et d’adopter des procédures d’assistance
à la prise de décision.
78. L’égalité de traitement consacrée par la Charte sociale européenne
appelle à reconnaître la valeur égale de la vie des personnes âgées.
Cependant, comme nous avons pu le constater au plus fort de la pandémie
de covid‑19, on a souvent refusé aux personnes âgées des soins nécessaires
à leur survie sur le seul critère de l’âge, sans forcément prendre
en compte leur état de santé ni leur pronostic, et de nombreuses
décisions ont été prises concernant la «qualité» ou la «valeur»
de leur vie.
79. En 2021, le CEDS a constaté les effets dévastateurs de la
covid-19 sur les droits des personnes âgées, en particulier sur
le droit à la protection de leur santé, avec, dans de nombreux cas,
des conséquences sur leur droit à l’autonomie, leur droit de prendre
leurs propres décisions et d’opérer des choix de vie, leur droit
de continuer de vivre dans la collectivité grâce à un soutien adéquat
et résilient leur permettant de le faire, ainsi que leur droit à
l’égalité de traitement s’agissant de l’attribution de services
de soins de santé dont des traitements vitaux (par exemple le triage
et l’accès aux respirateurs).
80. L’ancienne Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de
l’Europe a également souligné la nécessité d’une approche globale
et fondée sur les droits humains en matière de conception et de
prestation de soins de longue durée, dans le respect de la dignité
et de l’autodétermination

.
La perte d’autonomie est un problème majeur pour de nombreuses personnes
âgées, dont beaucoup sont placées en institution, souvent contre
leur gré

. En
mai 2021, la Défenseure française des droits a publié un rapport
sur les droits fondamentaux des personnes âgées accueillies en EHPAD,
sur la base de 900 réclamations pour violations des droits de ces
personnes reçues en l’espace de six ans

. Un
rapport de suivi, publié 18 mois plus tard, constatait que, malgré
une plus grande prise de conscience collective des risques qui pèsent
sur la dignité et les droits humains dans ces établissements, le
nombre élevé de réclamations qui continuaient d’être reçues confirmait
le caractère systémique de la maltraitance au sein de ces structures

.
81. Les politiques nationales devraient également souligner le
rôle central de la capacité juridique et la nécessité de mettre
en place des mécanismes d’assistance à la prise de décision afin
d’accroître la capacité juridique des personnes âgées et de préserver
leur autonomie. Parmi les autres aspects essentiels figurent la nécessité
de s’attaquer à la maltraitance des personnes âgées et de fournir
un cadre adéquat pour soutenir les soins informels et familiaux
aux personnes âgées. Il faudrait encourager la solidarité et le
respect entre les générations au niveau des institutions privées
et publiques.
82. En novembre 2020, l’OMS et ses partenaires ont publié le premier
rapport sur la Décennie des Nations Unies pour le vieillissement
en bonne santé (2021-2030)

, qui décrit
les efforts déployés pour améliorer la vie des personnes âgées et
rend compte de l’impact de crises majeures telles que la pandémie
de covid-19, durant laquelle plus de 80 % des décès sont survenus
chez les personnes de plus de 60 ans. L’OMS a également identifié
comme une priorité la nécessité de poursuivre les recherches sur
les liens entre l’âgisme et la maltraitance des personnes âgées
dans le cadre des soins médicaux et des soins de longue durée.
83. La pandémie de covid-19 a eu des effets dévastateurs sur les
droits sociaux des personnes âgées vivant en institution, dont beaucoup
ont été coupées de leurs ami·es et de leurs proches ou ont eu très
peu de contacts avec eux. En outre, les confinements et autres restrictions
ont gravement affecté les personnes âgées qui vivaient chez elles
et qui ont été privées de toute possibilité d’interaction sociale.
La situation des maisons de retraite dans la région de Madrid et
des décès de résident·es liés à la covid‑19 au cours des premiers
mois de la pandémie, en 2020, est reflétée dans un rapport publié
en mars 2024 par une commission espagnole citoyenne pour faire la
vérité sur la situation dans les maisons de retraite de Madrid.
Selon ce rapport

, les vies de plus de 4 000 résident·es
de maisons de retraite de Madrid auraient pu être sauvées si ces
personnes avaient été soignées dans des hôpitaux.
85. La Médiatrice portugaise a indiqué que la plupart des plaintes
reçues en matière de droit à la santé concernent l’accessibilité
et la disponibilité du service national de santé, notamment les
difficultés d’accès à une assistance médicale à différents niveaux
de la prise en charge. La ligne d’assistance aux personnes âgées reçoit
de nombreux appels relatifs à l’accès aux services de santé mentale
et au suivi. En 2019, le Collège royal de psychiatrie du Royaume-Uni
a publié une étude sur la présence d’âgisme dans l’accès aux services de
santé mentale, constatant que les personnes âgées ne recevaient
pas le soutien en santé mentale dont elles avaient besoin en raison
de postures âgistes.
86. Un rapport du Conseil de l’Europe intitulé «
Personnes
LGBTI en Europe: droit au meilleur état de santé possible et à l’accès
aux soins», publié en septembre 2024

, révèle que les personnes
LGBTI âgées font état d’une moins bonne santé que la population
générale et ont une moins bonne expérience des services de santé, en
particulier des soins contre le cancer, des soins palliatifs/de
fin de vie, de la prise en charge de la démence et des soins de
santé mentale. Les personnes âgées LGBTI sont exposées à un risque
d’isolement élevé, car leur réseau familial est plus restreint et
leurs besoins de prise en charge accrus. Le rapport contient une
partie sur les «pratiques prometteuses»

évoquant les actions d’organisations
bénévoles et associatives pour prendre en charge et soutenir les
personnes âgées LGBTI (aux Pays-Bas, en Tchéquie, en Espagne et
en Grèce) ainsi que des services médicosociaux de qualité et culturellement
adaptés aux personnes âgées LGBTI (en Allemagne, aux Pays-Bas, en
Belgique et au Royaume-Uni).
87. En outre, l’utilisation croissante des systèmes d’intelligence
artificielle dans le cadre de la prise en charge des personnes âgées
sur le plan médicosocial peut être bénéfique dans la mesure où elle
peut aider à identifier les risques et permettre aux personnes âgées
de répondre à leurs propres besoins. Cependant, pour obtenir ces
bénéfices, l’OMS

appelle
à lutter contre les préjugés implicites et explicites et contre l’âgisme
dans la conception, le développement, l’utilisation et l’évaluation
des technologies de l’intelligence artificielle, et à associer pleinement
les personnes âgées aux processus, aux systèmes et aux services
qui les concernent, comme cela est indiqué ci-dessous.
Bonnes pratiques 
88. En ce qui concerne les examens
médicaux, des critères d’âge sont souvent appliqués, ce qui soulève des
questions quant à la conformité à la législation d’interdiction
de la discrimination. L’organisme slovaque de promotion de l’égalité
a recommandé de modifier un règlement qui limitait le droit à un
dépistage annuel gratuit du cancer du sein, grâce à un examen mammographique
préventif, aux femmes âgées de 40 à 69 ans. L’organisme de promotion
de l’égalité a recommandé d’élargir les cohortes d’âge éligibles
au dépistage en se fondant sur le fait que l’incidence du cancer
du sein augmente dans tous les groupes d’âge et atteint son point culminant
entre 75 et 79 ans.
89. En ce qui concerne les droits reproductifs, l’Organisme bulgare
de promotion de l’égalité a demandé au ministère de la Santé d’abroger
une disposition discriminatoire fixant à 45 ans l’âge maximum auquel
les femmes peuvent subir une insémination artificielle avec sperme
du conjoint. L’organisme de promotion de l’égalité a également chargé
le Conseil national pour les droits des patients d’analyser la loi
et son application afin de préserver le droit des femmes à l’égalité
de traitement et l’exercice des droits reproductifs sans discrimination.
90. La passage au numérique des systèmes de soins de santé peut
également avoir un impact sur l’accessibilité pour les personnes
âgées. L’Organisme slovène de promotion de l’égalité a mené une
enquête qui a identifié de nombreux problèmes et lacunes en matière
d’accès aux soins de santé.
91. En 2022, la Médiatrice croate s’est intéressée à la protection
des personnes âgées dans le cadre des contrats de soins de longue
durée qui impliquent, après la conclusion du contrat, un transfert
de propriété qui accroît le risque ultérieur d’abus et de vulnérabilité.
L’Organisme de promotion de l’égalité a souligné la nécessité d’améliorer
le cadre juridique afin de prévenir les abus liés à ces contrats
et de protéger les personnes âgées.
92. En Autriche, l’allocation de dépendance est octroyée sur la
base d’une évaluation individuelle des besoins de la personne et
n’est pas liée à ses revenus. Il existe sept catégories selon le
degré d’assistance et de soins nécessaire, lequel est réévalué chaque
année, et la décision de l’autorité compétente peut être contestée
devant un tribunal administratif, sans frais.
9. Participation
des personnes âgées aux décisions qui les concernent
93. L’un des aspects importants
de l’âgisme à l’égard des personnes âgées est qu’il ne se traduit
pas seulement par des actions, mais également dans l’inaction, en
omettant de tenir compte des besoins et des avis des personnes âgées.
En outre, l’âgisme peut être intériorisé au fur et à mesure que
nous vieillissons, ce qui peut conduire les personnes âgées à s’auto-limiter.
94. L’évolution démographique vers une population plus âgée n’est
pas seulement un sujet de débat sur le maintien de la croissance
et l’État-providence: elle soulève également des questions sur le
modèle de société dans lequel nous voulons vivre et les interactions
entre les différentes générations. Elle appelle à des efforts pour
garantir que chacun·e puisse participer activement et s’impliquer
dans ces discussions, tant les jeunes que les personnes âgées. Elle
appelle à des solutions à la fois à court et à long terme.
95. L’article 23 de la Charte sociale européenne constitue un
instrument essentiel pour promouvoir les droits sociaux des personnes
âgées, ce qui implique la nécessité d’assurer leur pleine participation
à la société. Le CEDS a appliqué cette disposition de manière dynamique,
en abordant par exemple le rôle central de la capacité juridique
et la nécessité de prévoir des mécanismes d’assistance à la prise
de décision pour accroître la capacité juridique et l’autonomie
des personnes âgées. Le CEDS a en outre souligné que la participation active
des personnes âgées devrait être une considération primordiale dans
le cadre de l’élaboration de nouvelles politiques de lutte contre
l’âgisme.
96. En ce qui concerne les soins de longue durée, l’un des enjeux
majeurs est de faire en sorte que les personnes âgées puissent choisir
le lieu où elles souhaitent recevoir un soutien (à domicile ou dans
un établissement résidentiel). Il est nécessaire d’informer davantage
les personnes âgées de leur droit de prendre des décisions concernant
leur vie et du droit à l’autonomie durant la vieillesse. Une nouvelle
approche est nécessaire pour rétablir l’autonomie et la capacité
juridique des personnes âgées, alors que les politiques sont entrain
d’évoluer, passant de mécanismes qui visent à «protéger» les personnes
atteintes de troubles cognitifs en les plaçant sous tutelle et en
les faisant taire, à la recherche de nouveaux outils permettant
de favoriser l’autonomie et le rétablissement de la capacité juridique

.
97. Dans le cadre du programme «citoyens, égalité, droits et valeurs»,
l’Union européenne accorde des financements à des organisations
représentatives pour soutenir la participation et l’autonomie des
personnes âgées sur la base de l’égalité avec les autres. En outre,
plusieurs projets financés par le programme concernent spécifiquement
les personnes âgées, notamment un projet visant à promouvoir la
participation des personnes âgées à la vie civique et démocratique
de l’Union européenne grâce à l’organisation d’événements locaux
dans plusieurs États membres. Dans le cadre des Réseaux de villes
2024, d’autres projets visent à mieux sensibiliser et informer les
citoyen·nes et les responsables politiques de l’Union européenne
à l’âgisme et à la situation des personnes âgées afin de susciter
un intérêt pour ces questions, ainsi qu’à associer les personnes
âgées à la prise de décision au niveau local, notamment par le biais
d’un dialogue intergénérationnel.
98. À l’automne 2023 et au printemps 2024, la commission des femmes
et de l’égalité du Parlement britannique a recueilli des témoignages
écrits et oraux dans le cadre d’une enquête sur les droits des personnes
âgées visant à examiner si les stéréotypes et la discrimination
liés à l’âge empêchent les personnes âgées de participer pleinement
à la société. La commission doit examiner les points de vue des
personnes âgées et de témoins experts, dans le cadre de ses travaux.
10. Conclusions
99. Il est nécessaire de revoir
l’approche actuelle à l’égard des personnes âgées et de s’orienter
vers l’élaboration de stratégies et/ou de plans d’action fondés
sur les droits humains des femmes et des hommes âgés dans toute
leur diversité, en tenant compte de leurs besoins et de leurs situations
personnelles, et toujours avec leur participation et leur concours.
100. Il faut faire évoluer l’image des personnes âgées, dans toute
leur diversité, car des représentations stéréotypées sont encore
trop souvent véhiculées, perpétuant les préjugés et la discrimination
à leur égard. Nous avons clairement besoin d’un changement de paradigme
pour lutter contre l’âgisme dont souffrent les personnes âgées dans
nos États membres. Et nous devons inscrire ce travail dans le bon
cadre si nous voulons, de la même manière, faire respecter leurs
droits humains, en suivant une approche globale du parcours de vie,
en visant des politiques de vieillissement actif et en bonne santé,
et en gardant à l’esprit la diversité des situations et des besoins
des personnes âgées.
101. En tant que responsables politiques, il nous incombe de garantir
à chacun et à chacune la jouissance de ses droits humains, quel
que soit son âge et sans discrimination aucune, en tenant compte
des considérations intersectionnelles. Nous avons la responsabilité
de promouvoir une société qui respecte et prend soin de tous ses
membres.
102. Mon rapport vise à sensibiliser l’opinion publique à la discrimination
à l’encontre des personnes âgées, qui reste omniprésente et touche
de nombreuses personnes dans nos États membres, ainsi qu’à ses causes profondes.
Nous devons prendre des mesures et susciter un engagement politique
aux niveaux national, régional et international pour garantir le
plein exercice des droits humains, le respect de la dignité ainsi
que le bien-être des personnes âgées.