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A. Projet de
résolution
(open)
Rapport | Doc. 16183 | 02 juin 2025
Promouvoir la participation inclusive dans la vie parlementaire: égalité de genre, accessibilité et politiques inclusives
Commission sur l'égalité et la non-discrimination
A. Projet de
résolution 
(open)1. Les parlements en Europe restent
à dominance masculine, notamment aux postes de direction et de décision,
et cette sous-représentation des femmes dans la vie parlementaire
fragilise les institutions et les processus démocratiques. La participation
à égalité des femmes et des hommes, dans toute leur diversité, à tous
les domaines de la vie sociale et professionnelle, constitue un
enjeu de droits humains. La représentation paritaire des femmes
et des hommes dans la vie parlementaire est indispensable au bon
fonctionnement des démocraties et à la bonne gouvernance.
2. Un parlement est également un lieu de travail où beaucoup
d’élu·es et de membres du personnel sont aussi parents. Pourtant,
des exigences comme l’obligation de présence physique, ainsi que
l’absence d’infrastructures adaptées (dont des structures de garde
d’enfants et des lieux permettant d’allaiter) et de locaux accessibles,
créent des obstacles supplémentaires à la participation à la vie
parlementaire, en particulier pour les femmes, aggravant encore
ainsi leur sous-représentation.
3. Les parlementaires, à l’instar de toutes les personnes actives,
ont besoin de trouver un équilibre sain et durable entre vie professionnelle
et vie privée, or les diverses responsabilités familiales et en
matière de soins continuent d’affecter principalement la participation
des femmes à la vie parlementaire. Les parlementaires hommes doivent
être des acteurs clés du changement pour transformer la vie parlementaire
et œuvrer avec les femmes à l’égalité de genre au sein des parlements.
4. Cela étant, l’inclusion ne se limite pas à renforcer la participation
des femmes à la vie parlementaire et à répondre aux attentes des
jeunes parents. Il convient également de prendre en compte les besoins spécifiques
d’autres groupes, comme les personnes en situation de handicap ou
à mobilité réduite, qu’elles soient parlementaires ou membres du
personnel parlementaire.
5. L’Assemblée parlementaire souligne la nécessité d’atteindre
les cibles pertinentes associées aux objectifs de développement
durable (ODD) des Nations Unies d’ici à 2030, notamment la cible 5.5
(de l’ODD 5): «Garantir la participation entière et effective des
femmes et leur accès en toute égalité aux fonctions de direction
à tous les niveaux de décision, dans la vie politique, économique
et publique»; la cible 10.2 (de l’ODD 10): «Autonomiser toutes les
personnes et favoriser leur intégration sociale, économique et politique, indépendamment
de leur âge, de leur sexe, de leur handicap, de leur race, de leur
appartenance ethnique, de leurs origines, de leur religion ou de
leur statut économique ou autre»; et la cible 16.7 (de l’ODD 16):
«Faire en sorte que le dynamisme, l’ouverture, la participation
et la représentation à tous les niveaux caractérisent la prise de
décisions».
6. L’Assemblée salue le Pacte pour l’avenir, adopté par l’Assemblée
générale des Nations Unies en septembre 2024, et sa mesure 8, par
laquelle les États se sont engagés «à veiller à ce que les femmes participent
pleinement et réellement aux fonctions de direction à tous les niveaux
de décision, dans la vie politique, économique et publique, et y
accèdent sur un pied d’égalité».
7. L’Assemblée se félicite en outre de la Recommandation générale n°40
sur la représentation égale et inclusive des femmes dans les systèmes
de décision, adoptée en octobre 2024 par le Comité des Nations Unies
pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes.
8. L’Assemblée rappelle la Déclaration de Kigali, adoptée lors
de la 145e Assemblée de l’Union interparlementaire
(UIP) en octobre 2022, intitulée «Égalité des sexes et parlements
sensibles au genre: moteurs du changement pour un monde plus résilient
et pacifique».
9. L’Assemblée rappelle également ses Résolution 2386 (2021)
«Promouvoir la participation des femmes issues de groupes sous-représentés
dans la prise de décision politique et publique», Résolution 2274 (2019) «Pour
des parlements sans sexisme ni harcèlement sexuel», Résolution 2222 (2018)
«Promouvoir la diversité et l’égalité dans la vie politique», Résolution 2155 (2017),
«Les droits politiques des personnes handicapées: un enjeu démocratique»
ainsi que Résolution 2111 (2016) «Évaluation de l’impact des mesures
destinées à améliorer la représentation politique des femmes».
10. L’Assemblée appelle les États membres et observateurs du Conseil
de l’Europe, ainsi que les États dont le parlement bénéficie du
statut d’observateur ou de partenaire pour la démocratie auprès
de l’Assemblée:
10.1. en ce qui concerne
l’égalité entre les femmes et les hommes:
10.1.1. à assurer une participation équilibrée des femmes et des
hommes dans tous les domaines de la vie parlementaire, en particulier
aux postes décisionnels;
10.1.2. à fixer un objectif de parité de genre dans la représentation
politique dans les parlements nationaux, à procéder à une évaluation
de la situation au niveau national et à élaborer un plan stratégique
visant à atteindre cet objectif par des mesures spécifiques;
10.1.3. à analyser la composition des parlements nationaux en
adoptant une approche intersectionnelle, à collecter des données
ventilées et à soutenir la recherche sur la participation des femmes
à la prise de décision politique, notamment lorsqu’elles sont issues
de groupes sous-représentés;
10.1.4. à envisager de recourir aux outils disponibles élaborés
par l’UIP, l’Institut européen pour l’égalité entre les hommes et
les femmes (EIGE) et le Bureau des institutions démocratiques et des
droits de l’homme (BIDDH) de l’Organisation pour la sécurité et
la coopération en Europe (OSCE) pour évaluer la représentation des
femmes et des hommes dans les parlements nationaux, afin de pouvoir
mettre en place des mesures appropriées;
10.1.5. à sensibiliser à l’impact du sexisme et de la violence
fondée sur le genre dans la vie politique, notamment sur le niveau
de participation des femmes parlementaires;
10.1.6. à promouvoir et soutenir des réseaux de femmes parlementaires,
dont des forums féminins au sein des parlements nationaux;
10.1.7. à élaborer des programmes spécifiques pour que les hommes
politiques s’engagent en tant qu’acteurs du changement et œuvrent,
avec les femmes dirigeantes, à la réalisation de l’égalité de genre
en politique;
10.1.8. à revoir la législation nationale et à abolir, le cas
échéant, les dispositions législatives qui restreignent le droit
des femmes parlementaires avec enfants à participer à des déplacements
professionnels et à effectuer des heures supplémentaires rémunérées
si tel est leur souhait;
10.2. en ce qui concerne l’accessibilité des parlements:
10.2.1. à permettre aux personnes en
situation de handicap et à mobilité réduite, qu’elles soient parlementaires,
membres du personnel ou visiteuses, d’accéder pleinement aussi bien
aux locaux du parlement qu’à ses travaux;
10.2.2. à mettre en place des règles et des procédures claires
pour que les membres et le personnel du parlement puissent entrer
dans les locaux accompagnés d’enfants et de nourrissons;
10.2.3. à autoriser officiellement les femmes à allaiter dans
les locaux du parlement et à envisager la mise en place de crèches
et d’espaces où changer et nourrir les bébés;
10.2.4. à encourager la coopération entre les parlements et les
organisations non gouvernementales concernées en vue de réaliser
des audits sur l’accessibilité des locaux et des travaux parlementaires;
10.3. en ce qui concerne les politiques inclusives au sein des
parlements:
10.3.1. à élaborer des
politiques internes destinées à améliorer, pour les membres et le personnel
du parlement, l’équilibre entre vie professionnelle et privée, notamment
en encadrant les horaires de travail afin d’éviter les séances et
les réunions en fin de journée et en ajustant les dates des sessions
en fonction du calendrier scolaire;
10.3.2. à adopter les mesures nécessaires pour que les membres
et le personnel du parlement bénéficient de congés parentaux;
10.3.3. à envisager la mise en place de procédures de vote par
substitution/ par procuration ou de vote à distance dans certains
cas;
10.3.4. à examiner la mise en œuvre de la Résolution 2155 (2017)
de l’Assemblée concernant l’accessibilité des informations, procédures
et processus électoraux, et à prendre les mesures nécessaires pour
combler les éventuelles lacunes;
10.3.5. à promouvoir les réseaux de soutien des groupes minoritaires
au sein des parlements nationaux;
10.3.6. à adopter, revoir et/ou mettre à jour, selon le cas, des
codes de conduite des parlementaires et membres du personnel pour
s’attaquer à la violence, le harcèlement sexuel et moral, le sexisme
et les comportements discriminatoires, et à instaurer des procédures
de signalement et des sanctions en cas de manquement, conformément
à la Résolution 2274 (2019);
10.3.7. à organiser à l’attention de l’ensemble des membres et
du personnel des parlements des formations sur l’inclusion, l’intersectionnalité
et l’égalité de genre, abordant les politiques et les mécanismes
de signalement pertinents.
11. L’Assemblée encourage également les partis politiques des
États membres du Conseil de l’Europe:
11.1. à adopter des mesures destinées à promouvoir la participation
à leurs structures internes, y compris au niveau de la direction,
des femmes et des personnes issues de groupes sous-représentés;
11.2. à évaluer et élaborer une stratégie à long terme visant
à répondre aux besoins des personnes issues de groupes sous-représentés
– tels que les personnes en situation d’handicap et celles exposées à
des discriminations multiples et intersectionnelles, en vue de faciliter
leur participation à la vie politique; et à organiser des sessions
de renforcement des capacités, sous une forme accessible, pour permettre cette
participation;
11.3. à établir des règles de sélection des candidat·es aux
élections afin d’assurer la promotion active de l’égalité de genre
et de la diversité;
11.4. à revoir leur composition, leurs politiques et leurs pratiques
de travail internes, par exemple en s’appuyant sur les outils d’évaluation
proposés par le BIDDH, en vue de déterminer des mesures visant à
accroître la participation de femmes et d’hommes d’horizons divers
et leur représentation;
11.5. à mettre en place en interne des codes de conduite prévoyant
des sanctions, des procédures de plainte et la désignation de personnes
référentes dûment formées, interdisant la violence, le harcèlement,
le sexisme et toute autre forme de discrimination, et à collecter
des données sur les incidents et sur les suites données aux cas
signalés;
11.6. à mettre en place des actions ciblées pour que les dirigeants
des partis politiques s’engagent, en tant qu’alliés, et œuvrent,
avec leurs homologues féminines, à l’abolition des pratiques néfastes
et des stéréotypes qui perdurent dans la culture organisationnelle
des partis politiques.
12. En ce qui concerne son propre fonctionnement, l'Assemblée
invite ses groupes politiques à envisager de mettre en œuvre les
mesures énumérées au paragraphe 11 ci-dessus, le cas échéant.
13. L'Assemblée demande à sa Secrétaire générale:
13.1. d'envisager la réalisation d'une
nouvelle étude conjointe avec l'UIP pour évaluer les progrès réalisés
dans la lutte contre le sexisme, le harcèlement et la violence à
l'égard des femmes dans les parlements en Europe, selon une approche
intersectionnelle;
13.2. d’envisager de réaliser un audit sensible au genre (en
utilisant les outils mentionnés au paragraphe 10.1.4 ci-dessus)
et un audit de l'inclusivité de l'Assemblée;
13.3. de dispenser une formation au personnel pour le sensibiliser
aux besoins des membres, des expert∙es et des visiteuses et visiteurs
en situation d’handicap et à mobilité réduite qui participent aux réunions
et aux événements de l'Assemblée;
13.4. d’examiner les mesures possibles pour rendre les travaux
de l’Assemblée accessibles aux personnes ayant une déficience visuelle.
14. L'Assemblée invite la commission du Règlement, de l'éthique
et des immunités et le Bureau de l’Assemblée à envisager de prendre
les mesures nécessaires pour permettre la participation en ligne
aux réunions des commissions des membres qui ne sont pas en mesure
d'y assister en personne en raison de responsabilités en matière
de soins, y compris la garde d'enfants de moins de trois ans.
B. Exposé des motifs par Mme Maryna Bardina, rapporteure
(open)1. Introduction
1. Pour les femmes et les hommes
qui travaillent dans les parlements, comme partout ailleurs, concilier
vie professionnelle et vie privée est un défi. La capacité des parlements
à créer les conditions nécessaires à cette conciliation est cruciale
pour garantir une participation inclusive, l’égalité de genre et
les autres formes d’égalité et d’inclusivité.
2. Ma propre expérience de jeune députée et les difficultés que
j’ai rencontrées, comme d’autres dans la même situation, pour m’acquitter
de mes fonctions politiques et législatives sont l’une des raisons
d’être du présent rapport. Mon pays a adopté des mesures positives
visant à assurer une participation plus égale des femmes et des
hommes à la vie parlementaire; elles ont donné des résultats rapides
et permis de trouver un meilleur équilibre. La guerre, bien sûr,
a créé de nouvelles difficultés (énormes déplacements de personnes sur
le territoire ukrainien et à l’étranger, crise humanitaire, bombardements
massifs d’infrastructures civiles par la Russie, violences sexuelles
liées à la guerre). Parallèlement et à tous les niveaux, les rôles
respectifs des hommes et des femmes dans les prises de décision
sont en train de changer. Ce point est confirmé par les enquêtes
d’opinion: en Ukraine, en novembre 2023, plus de 79 % des personnes
interrogées disaient souhaiter un meilleur équilibre entre hommes
et femmes dans la vie politique. Ce chiffre n’était que de 66 % en
décembre 2021. À travers l’Europe les problèmes subsistent cependant,
et divers obstacles viennent encore décourager les femmes qui aspirent
à s’engager en politique.
3. Des défis communs ont montré non seulement que les changements
étaient urgents, mais aussi qu’il était possible de les mettre en
œuvre. Pendant les périodes de confinement dues à la pandémie de
covid-19, les restrictions destinées à protéger la santé publique
ont suscité l’utilisation des technologies: essor des communications
à distance et de la vidéoconférence et développement de nouveaux
systèmes de vote à distance sécurisé, par exemple, afin de favoriser
et de renforcer la participation. Je tiens à souligner que dans mon
pays, l’Ukraine, depuis le début de l’agression russe, ces systèmes
innovants assurent la continuité et la stabilité des travaux du
parlement.
4. J’ai abordé la question de l’inclusivité en me focalisant
sur l’égalité de genre, l’accessibilité et les politiques et attitudes
inclusives. Les lieux de pouvoir et d’autorité gardent les traces
de convictions patriarcales profondément ancrées, qui perpétuent
les inégalités de genre et peuvent entraîner harcèlement et violences. Il
existe aussi une tendance à la défiance envers les responsables
politiques très jeunes; dans le même temps, l’âgisme vis-à-vis des
aînés n’est pas rare dans les institutions décisionnaires, et les
aîné·es en pâtissent. Le même type de préjugé s’exerce à l’encontre
des femmes, parlementaires ou membres du personnel parlementaire,
qui cherchent à concilier maternité et carrière dans la fonction
publique. De plus en plus, des hommes politiques plaident pour pouvoir
mieux remplir leur rôle de père et participer davantage à la vie familiale,
suscitant parfois des critiques, car ces revendications ne sont
pas conformes à la conception «traditionnelle» des hommes et de
leur rôle dans la société. Ces attitudes négatives peuvent s’additionner, créant
des préjugés et discriminations multiples qui justifient l’adoption
d’une approche intersectionnelle de la lutte contre le sexisme et
les inégalités de genre dans la vie parlementaire et politique.
5. L’Assemblée parlementaire est très bien placée pour examiner
ces problèmes, trouver les moyens d’y répondre et rendre nos institutions
politiques plus inclusives, et donc plus démocratiques. Parmi les
travaux antérieurs pertinents de l’Assemblée figurent la Résolution 2589 (2025) «Les femmes et l’économie: emploi, entrepreneuriat et
budgétisation sensible au genre»; la Résolution 2386 (2021) «Promouvoir la participation des femmes issus de groupes
sous-représentés dans la prise de décision politique et publique»;
la Résolution 2274 (2019) «Pour des parlements sans sexisme ni harcèlement sexuel»;
la Résolution 2222 (2018) «Promouvoir la diversité et l’égalité dans la vie politique»;
la Résolution 2155
(2017) «Les droits politiques des personnes handicapées: un
enjeu démocratique»; la Résolution 2111
(2016) «Évaluation de l’impact des mesures destinées à améliorer
la représentation politique des femmes»; et la Résolution 1921 (2013) «Egalité des sexes, conciliation vie privée-vie professionnelle
et coresponsabilité».
2. Méthodes de travail
6. Beaucoup de facteurs favorables
à une participation inclusive à la vie parlementaire sont d’ordre logistique
et procédural. Afin d’obtenir un aperçu des situations nationales
dans ce domaine, un questionnaire a été envoyé aux parlements membres
et observateurs par l’intermédiaire du Centre européen de recherche et
de documentation parlementaires (CERDP). Les questions étaient réparties
en trois thèmes: l’adaptation des infrastructures pour assurer une
accessibilité inclusive, l’adaptation des procédures parlementaires
pour favoriser des pratiques de travail inclusives, et la promotion
d’attitudes inclusives. 35 questionnaires remplis, de 30 États membres,
ont été reçus en 2022, ce qui m’a donné des informations utiles
sur la situation dans les parlements nationaux. Un rapport intitulé
«Violences et discours de haine contre les responsables politiques: une
menace pour la démocratie» est en cours d’élaboration et devrait
couvrir les agressions visant les femmes politiques et leur famille.
Cette violence, très souvent perpétrée en ligne et sous couvert
d’anonymat porte atteinte à la démocratie et vise à réduire les
femmes au silence dans la sphère publique voire à les amener à se
retirer de la vie politique.
7. Pour finir, je souhaite remercier les expert·es qui ont pris
part aux deux auditions organisées en 2024 pour recueillir des informations,
respectivement, auprès de l’Institut européen pour l’égalité entre
les hommes et les femmes (EIGE) et du Bureau des institutions démocratiques
et des droits de l’homme (BIDDH) de l’Organisation pour la sécurité
et la coopération en Europe (OSCE) concernant leurs travaux sur
l’amélioration de l’égalité de genre dans les parlements nationaux
et les partis politiques.
3. Vers l’égalité de genre dans les parlements nationaux
8. L’un des six objectifs stratégiques
de la Stratégie
du Conseil de l’Europe pour l’égalité de genre 2024‑2029 est axé sur la nécessité d’«assurer une participation
équilibrée des femmes et des hommes à la vie politique, publique,
sociale et économique». La participation est définie comme «équilibrée»
lorsqu’il n’y a pas moins de 40 % de personnes de chacun des deux
sexes au sein d’une instance de décision politique ou publique.
9. Cependant, la Stratégie actuelle du Conseil de l’Europe fixe
comme objectif opérationnel que les États membres «assurent la participation
égale des femmes et des filles, des hommes et des garçons, à la
prise de décision politique et publique». Comme évoqué dans la Stratégie,
ce sont les hommes qui établissent les priorités politiques, et
«la culture politique continue de reposer essentiellement sur des
modèles patriarcaux, qui créent et renforcent les inégalités structurelles
entre les femmes et les hommes»
.

10. Dans sa Résolution 2111 (2016), l’Assemblée soutenait déjà
le principe de la parité des genres, «but ultime en matière de représentation
politique».
11. Lors du Sommet de Reykjavík, en mai 2023, les États membres
du Conseil de l’Europe ont adopté une série de Principes pour la
démocratie qui mentionnent également la nécessité d’une participation
«égale» des femmes à la vie politique et publique. Le principe 10
appelle les États membres à garantir «une participation pleine,
égale et significative à la vie politique et publique pour tous,
en particulier pour les femmes et les filles, sans violence, peur,
harcèlement, discours et crimes de haine, ainsi que sans discrimination
fondée sur quelque motif que ce soit»
.

12. Au niveau de l’Organisation des Nations Unies (ONU), la Convention
sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard
des femmes affirme le droit des femmes de participer à la vie politique
et publique dans des conditions d’égalité avec les hommes. La Convention
sur les droits politiques de la femme garantit aux femmes, dans
des conditions d’égalité avec les hommes, le droit de voter, de
se faire élire et d’occuper un poste public sans discrimination.
Dans ce domaine, il faut signaler la Recommandation
générale n° 40 (2024) sur la représentation égale et inclusive des femmes
dans les systèmes de décision, adoptée en octobre 2024 par le Comité
pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes et
qui comprend une «feuille de route pour la parité 50/50» entre les
femmes et les hommes et appelle à adopter «une stratégie de parité
aux niveaux local, national, régional et international et des plans
d’action nationaux correspondants pour la parité dans tous les domaines
et à tous les niveaux de décision, dans l’objectif concret d’atteindre
la parité d’ici à 2030».
13. En octobre 2012, l’Assemblée de l’Union interparlementaire
(UIP) a adopté un Plan d’action pour des parlements sensibles au
genre
. Selon la définition
de l’UIP, un parlement sensible au genre est un parlement qui répond
aux attentes et aux intérêts tant des femmes que des hommes dans
ses structures, ses méthodes et ses travaux. Un parlement sensible
au genre ne pose pas d’obstacles, qu’ils soient matériels, structurels
ou culturels, à la pleine participation des femmes et à l’égalité
de genre. C’est un parlement qui donne l’exemple, et qui est également
plus efficace et plus légitime.

14. En 2016, l’UIP a publié un outil d’autoévaluation de la sensibilité
au genre
destiné à aider les parlements
à identifier leurs forces et leurs faiblesses. En effet, il faut
commencer par un état des lieux avant de pouvoir établir et mettre
en œuvre une réforme, au moyen d’une feuille de route comprenant
des objectifs concrets, des mesures et un calendrier adapté.

15. En 2018, l’EIGE a également mis en ligne un outil d’autoévaluation
de la sensibilité au genre à destination des parlements
afin de les aider à identifier
leur degré de sensibilité au genre, les moyens d'améliorer la situation
et à suivre leur progression vers l’objectif de l’égalité de genre.
L’outil s’articule en cinq volets correspondant à différents aspects
de la sensibilité au genre dans les parlements: égalité des chances au
moment de se faire élire, degré d’influence sur les procédures de
travail du parlement, sensibilité au genre dans la législation,
etc. L’outil d’autoévaluation en ligne de l’EIGE peut être utilisé
par des parlements nationaux, des parlements régionaux avec ou sans
pouvoir législatif, et par le Parlement européen
.


16. Avant chaque élection au Parlement européen, l’EIGE recueille
régulièrement des données sur la sensibilité au genre des parlements
des États membres de l’Union européenne. En juin 2024, l’EIGE a
publié un rapport comparatif, fondé sur des données de 2023, sur
l’égalité de genre dans les parlements nationaux des États membres
de l’Union européenne et au Parlement européen
. Ce rapport met en
évidence la lenteur des progrès vers une représentation équilibrée
des genres dans les parlements nationaux, dont un tiers des membres
seulement sont des femmes. En outre, seuls 4 % des parlementaires
ont moins de 30 ans, et 37 % de ces 4 % sont des femmes. En s’appuyant
sur ces données, l’EIGE a conçu un nouvel outil visant à aider les
parlements à élaborer, mettre en œuvre, suivre et évaluer des plans
d’action pour l’égalité de genre, destinés à mieux intégrer l’égalité
entre les hommes et les femmes dans les structures institutionnelles
.


17. Dans le cadre de sa Base
de données statistiques sur le genre, l’EIGE observe régulièrement la représentation des
femmes et des hommes dans la prise de décision dans les 27 pays
membres de l’Union européenne, au Royaume-Uni, dans six pays candidats
à l’adhésion à l’Union européenne (à savoir la Bosnie-Herzégovine,
le Monténégro, la Macédoine du Nord, l’Albanie, la Serbie et la
Türkiye), dans un pays candidat potentiel (le Kosovo*
) ainsi que dans
les trois autres pays membres de l’Espace économique européen (l’Islande,
le Liechtenstein et la Norvège). Les données relatives aux décisions
politiques concernant les parlements, les gouvernements et les partis
politiques, aux niveaux européen et national, sont mises à jour trimestriellement.

18. Le BIDDH a lui aussi engagé des travaux et mis au point des
outils sur l’inclusivité des parlements et des partis politiques.
Il a notamment publié un guide intitulé «Concrétiser l’égalité de
genre dans la vie parlementaire: guide pour les parlements de la
région de l’OSCE»
, qui couvre la
sensibilité au genre dans la représentation, l’élaboration des lois
et la supervision et présente des études de cas et des bonnes pratiques. Le
guide met en avant plusieurs manières de rendre les parlements plus
sensibles au genre, dont les autoévaluations, les audits et les
réformes parlementaires. En outre, le BIDDH soutient la création
et le développement de commissions et de groupes parlementaires.
Il s’attache aussi à renforcer les capacités des femmes actives
en politique appartenant à des populations sous-représentées, comme
les jeunes ou les Roms.

19. Bien que des progrès non négligeables aient été accomplis
en matière de participation des femmes à la vie parlementaire et
politique en Europe, ils restent inégaux et lents. Certains défis
empêchent la poursuite et l'accélération des progrès, notamment
le recul de la démocratie et un phénomène de backlash (retour
de bâton) contre les droits des femmes. La tendance actuelle à la
droitisation et au populisme en Europe et la montée des mouvements
anti-genre, prônant le modèle familial traditionnel, risquent de
fragiliser les progrès, voire d’entraîner des retours en arrière.
20. Il existe d’autres sources de préoccupation. Ainsi, tous les
parlements nationaux ne sont pas dotés d’un organisme de promotion
de l’égalité entre les femmes et les hommes, et les outils disponibles
pour appliquer une approche intégrée de l’égalité de genre (budgétisation
sensible au genre, évaluation de l’impact selon le genre) restent
peu utilisés. Quant à la ségrégation genrée, elle reste une réalité
dans les parlements: rares à la tête des commissions parlementaires,
les femmes demeurent surtout présentes dans les commissions chargées
des affaires sociales et culturelles.
21. Par ailleurs, certains États membres du Conseil de l’Europe
soumettent les femmes salariées enceintes ou ayant des enfants en
bas âge à des restrictions légales qui restreignent le droit des
femmes parlementaires avec enfants à participer à des déplacements
professionnels et à effectuer des heures supplémentaires rémunérées
si tel est leur souhait. Prétendument destinées à protéger les droits
des femmes, ces dispositions paternalistes restreignent en réalité
leurs droits en tant que travailleuses.
22. L’un des principaux obstacles à une inclusion plus rapide
des femmes dans les parlements nationaux est le niveau croissant
de violence contre les élues
, qui se produit
surtout en ligne et cible aussi leurs familles. L’Indice
d’égalité de genre 2024, publié par l’EIGE, confirme que la violence à laquelle
se heurtent les femmes exerçant un mandat politique ou d’autres
fonctions publiques nuit à la participation active des femmes à
la vie politique.

23. En octobre 2018, l’UIP et l’Assemblée ont réalisé une étude
conjointe intitulée «Sexisme,
harcèlement et violence à l’égard des femmes dans les parlements
d’Europe», qui révèle un taux de signalement très faible des
actes de harcèlement et de violence et pointe le manque de mécanismes
de plainte à la disposition des femmes dans les parlements nationaux.
En conclusion, l’UIP et l’Assemblée invitent ensemble les parlements nationaux
à mener leur(s) propre(s) étude(s) sur ce sujet et à accroître leurs
efforts afin de prévenir et combattre les violences fondées sur
le genre, en politique et dans l’ensemble de la société.
24. L’Assemblée devrait effectuer une nouvelle étude conjointe
avec l’UIP, suivant également une approche intersectionnelle, afin
d’évaluer les progrès réalisés dans la lutte contre le sexisme,
le harcèlement et la violence à l’égard des femmes dans les parlements
d’Europe.
25. En 2021 déjà, l’Assemblée signalait le manque de participation
et de représentation dans la prise de décision publique et politique
des femmes appartenant à certains groupes: en situation de handicap;
jeunes; lesbiennes, bisexuelles, transgenres ou intersexes (LBTI);
roms; de couleur; issues de l’immigration; autochtones ou membres
de minorités; habitantes de zones rurales, et issues de milieux
socio-économiques défavorisés
.

26. En avril 2024 s’est tenu à Palma de Majorque (Espagne) le
Sommet des Présidentes d’Assemblée, qui a réuni des présidentes
et vice-présidentes de parlements des États membres de l’Union européenne,
ainsi que du Parlement européen, pour une série de discussions sur
le leadership des femmes dans la vie publique. La déclaration
commune adoptée à l’issue de ce sommet plaide pour «la promotion
de la parité dans les chambres parlementaires», en visant à la fois
le nombre de parlementaires femmes, la composition des organes directeurs
et opérationnels des chambres et la composition des délégations
auprès des assemblées internationales.
27. J’en suis fermement convaincue: pour que l’égalité de genre
devienne pleine et entière dans la vie parlementaire, il faudra
que les responsables politiques masculins s’engagent activement,
en plus grand nombre et de manière plus visible en faveur de l’égalité
de genre en politique. Il s’agit d’un objectif collectif, qui sert
l’intérêt de la société dans son ensemble; par conséquent, toutes
les personnes engagées en politique devraient œuvrer aux changements
nécessaires pour rendre les parlements et les partis politiques
plus inclusifs.
Rôle des partis politiques
28. Les partis politiques sont
souvent présentés comme les «gardiens» de la démocratie. Sans partis politiques
inclusifs, il ne pourra donc y avoir de parlements inclusifs sur
le plan de la représentation des femmes, dans toute leur diversité,
ainsi que eu égard aux minorités et aux autres composantes de la
société. Les choix des partis, étant donné qu’ils décident des listes
électorales, déterminent dans une large mesure le résultat final
des élections en matière de représentation équilibrée des hommes
et des femmes. Il est nécessaire que les partis politiques eux-mêmes
agissent pour se transformer et devenir réellement démocratiques
et inclusifs, afin de refléter fidèlement la société qu’ils aspirent
à représenter au sein des gouvernements et des parlements élus.
29. À mes yeux, il est crucial non seulement d’encourager les
partis politiques à créer des sections féminines, mais aussi de
promouvoir la représentation égale des hommes et des femmes dans
toutes les structures organisationnelles et de modifier, si nécessaire,
les documents statutaires des partis. Les partis politiques devraient
offrir aux femmes et aux hommes le même accès aux ressources financières,
médiatiques, techniques et autres. Des mesures positives pourraient
être prises, de surcroît, pour soutenir les membres du parti appartenant
à des groupes sous-représentés.
30. Le rapport de l’EIGE sur les parlements nationaux, publié
en 2024
, montre que les femmes ont
moins de chances que les hommes d’être choisies pour concourir à
un scrutin législatif: lors des élections les plus récentes dans
20 États membres de l’Union européenne, elles ne représentaient
en moyenne que 34 % des candidatures. La représentation des femmes
et des hommes à la tête des partis politiques reste inégale. Selon la note
statistique sur l’équilibre hommes-femmes en politique établie par
l’EIGE en novembre 2024, la proportion de femmes dirigeantes de grands partis
politiques dans l’Union européenne est passée de 16 % en 2011 à
25,8 % en 2024, mais les hommes occupent toujours trois postes de
direction sur quatre.

31. En 2014, le BIDDH a publié un manuel destiné à promouvoir
la participation des femmes dans les partis politiques
, qui soulignait
l’importance de réformes internes dans les partis politiques. Ce
manuel dressait un panorama des mesures que les partis pouvaient
choisir d’adopter pour améliorer l’égalité de genre dans leurs structures,
processus, politiques et activités, afin qu’hommes et femmes jouissent
de l’égalité des chances en matière de participation à la vie politique
nationale. Concernant les barrières à la progression des femmes comme
dirigeantes de partis et candidates aux élections, le manuel aborde:
le manque de démocratie et de transparence internes dans les partis,
le manque de sensibilité au genre dans la recherche et la sélection
de candidat·es et faible décentralisation des processus décisionnels
des partis.

32. Le manuel du BIDDH préconise plusieurs actions: mesures pour
renforcer la transparence, la justice et l’équité dans les règles,
procédures, politiques et pratiques internes des partis; mesures
volontaires pour soutenir la participation politique des femmes;
institutionnalisation de l’égalité de genre dans les procédures
et les politiques du parti; et mise en place au sein du parti des
mécanismes favorisant l’égalité de genre, comme des sections féminines.
En outre, le manuel soulignait que les stratégies les plus efficaces
pour accroître la participation des femmes au sein des partis politiques
impliquent la coopération: entre hommes et femmes membres d’un même
parti, entre tous les partis politiques sur des sujets d’intérêt
commun, et entre les partis et d’autres parties prenantes, comme
les organisations de la société civile.
33. Fin 2024, le BIDDH a publié une méthodologie d’audit de genre
à l’attention des partis politiques
, qui comprend un questionnaire
en ligne destiné à les aider à mener leurs propres audits et à élaborer
des plans d’action en tenant compte des domaines appelant des actions
de leur part. Cet outil, qui propose des bonnes pratiques issues
de la région de l’OSCE, peut servir de feuille de route pour améliorer
l’égalité de genre dans les partis politiques.

4. Accessibilité des infrastructures pour une participation inclusive dans les parlements nationaux
34. Au cours de mes réflexions
sur les changements nécessaires à une égale participation des hommes
et des femmes à la vie parlementaire, il m’est clairement apparu
que d’autres facteurs de discrimination empêchent certaines personnes
de s’engager en politique. Locaux et équipements peu accessibles
posent souvent problème aux personnes en situation de handicap et
aux personnes à mobilité réduite, ainsi qu’aux jeunes parents. Le
fait que de nombreux parlements nationaux siègent dans des bâtiments
historiques, souvent classés, amplifie les difficultés; cela peut
compliquer les travaux de restructuration et de mise en accessibilité.
35. En 2017, l’Assemblée a adopté une résolution inédite sur les
droits politiques des personnes handicapées
. Toutes les recommandations formulées
devraient être pleinement appliquées et faire l’objet d’un suivi,
car des mesures concrètes restent nécessaires pour renforcer la
participation des personnes en situation de handicap à la prise
de décision politique et publique. Comme le montrent les réponses
au questionnaire, le principe de l’accessibilité des locaux et des
procédures parlementaires ne se traduit pas encore dans les faits
dans de nombreux États membres, et il est urgent que cette situation
change.

36. Les partis politiques peuvent jouer un rôle très important
et devraient s’engager pour une vie politique plus diverse et représentative
de la population du pays, y compris les personnes en situation de
handicap. Pour favoriser l’inclusion, les partis politiques pourraient
mettre en place des comités représentant les personnes en situation
de handicap. Ils devraient aussi promouvoir leur participation,
les encourager à se présenter aux élections et leur proposer de
figurer sur les listes de candidats. Les personnes en situation
de handicap constituent une part importante de l’électorat, et les
partis politiques devraient s’attacher à créer une culture de participation
politique égalitaire.
37. À mon sens, nous devrions aussi préconiser une approche globale
de l’accessibilité, couvrant l’accès physique aux bâtiments publics
et l’accès à l’information sur les processus électoraux, les procédures
de vote et les programmes politiques en versions faciles à lire
et à comprendre, avec une interprétation en langue des signes sur
demande et des sous-titres pour les vidéos. Les procédures doivent
être adaptées aux personnes atteintes de déficience intellectuelle
ou d’un handicap psychosocial, et les conditions d’inscription sur
les listes électorales ne devraient empêcher personne de participer.
Des crédits suffisants devraient être débloqués pour garantir l’accessibilité
en général, même en période d’austérité.
38. Sur une note positive, les réponses au questionnaire montrent
que les États membres prennent en compte l’accessibilité des bâtiments
parlementaires aux personnes à mobilité réduite. Beaucoup ont rénové leurs
locaux ou veillent à l’accessibilité de leurs nouvelles constructions.
Certains pays, dont le parlement siège dans des bâtiments remarquables
sur le plan historique et culturel, ont engagé d’importants efforts
pour adapter ces bâtiments. L’Autriche en est un bon exemple, y
compris pour les bâtiments qui accueillent des sessions parlementaires
de manière temporaire. La plupart des États membres ont désormais
des locaux parlementaires accessibles aux personnes à mobilité réduite,
même si cela ne s’applique pas toujours à toutes les entrées.
39. Concernant l’accessibilité des locaux parlementaires aux enfants
et aux jeunes, dans la plupart des pays, elle ne fait l’objet d’aucune
procédure ou exigence spécifique pour les enfants de moins de 18 ans.
Ces derniers doivent généralement être accompagnées d’un adulte,
qu’ils soient seuls ou fassent partie d’un groupe scolaire. En revanche,
lorsque la procédure est complexe ou prend beaucoup de temps, elle
peut devenir un obstacle à l’accès aux locaux du parlement ou des
commissions pour les parlementaires ou membres du personnel accompagnés
d’enfants.
40. L’aménagement, dans les locaux parlementaires, de structures
de garde d’enfants et d’espaces destinés à l’accueil des familles
peut aider les parlementaires et le personnel à rééquilibrer vie
professionnelle et vie privée en conciliant leur travail législatif
avec leurs responsabilités familiales. De telles initiatives font
des parlements des lieux de travail plus inclusifs. Point important,
il convient aussi de supprimer de la législation nationale toutes
les restrictions pouvant empêcher les mères de prendre part à des
déplacements professionnels ou d’effectuer des heures supplémentaires
rémunérées.
41. Seuls quelques pays (tels que l’Espagne, le Portugal, le Royaume-Uni
et la Türkiye) ont des parlements équipés de crèches, et elles sont
payantes. Certains parlements disposent de salles de jeu non surveillées.
La plupart des parlements nationaux ont des espaces permettant de
changer ou de nourrir les tout-petits (au minimum, des toilettes
équipées de tables à langer). Cependant, ce type d’espace est totalement
absent des parlements dans un grand nombre d’États.
42. La plupart des structures ayant répondu au questionnaire confirment
fournir sur leur site internet, ou sur demande, des informations
concernant l’accessibilité des bâtiments parlementaires aux membres
du parlement, au personnel et aux visiteuses et visiteurs, y compris
sur les équipements ou espaces pour les personnes accompagnées d’enfants.
Il convient de noter, cependant, que beaucoup de pays ont répondu
par la négative à cette question.
Rôle des partis politiques
43. L’Autriche a adapté le bâtiment
de son parlement, ainsi que ses espaces temporaires, pour les rendre accessibles
aux personnes en situation de handicap. Parlementaires, personnel,
visiteuses et visiteurs reçoivent des informations sur l’accès au
bâtiment. Bien qu’aucune procédure spéciale ne soit en place pour l’accès
au bâtiment parlementaire des moins de 18 ans, le personnel de sécurité
est invité à traiter ce public avec une attention particulière.
44. Comme l’Autriche, le Danemark n’a pas de procédure spéciale
concernant l’accès des moins de 18 ans à son parlement, mais les
agent·es de sécurité adaptent leur comportement et les informations
données aux enfants et aux jeunes.
45. La République slovaque dispose d’une procédure spéciale pour
l’accès au parlement des jeunes enfants, qui sont dispensés de passage
au détecteur à métaux.
46. La Suisse a une procédure spéciale pour les enfants de moins
de 16 ans, qui peuvent entrer dans les locaux du parlement sans
présenter de pièce d’identité.
47. La Belgique fait partie des pays qui assurent l’accessibilité
des bâtiments parlementaires aux personnes à mobilité réduite, mais
pas à toutes les entrées.
48. Le Parlement de Chypre est accessible aux personnes à mobilité
réduite. La configuration des locaux va encore changer, puisqu’un
nouveau bâtiment parlementaire est en construction.
49. En Estonie, les personnes à mobilité réduite sont reçues par
un·e employé·e qui les accompagne dans le bâtiment. Il en va de
même en Slovénie.
50. En Estonie, le parlement comporte aussi une salle de jeu non
surveillée, destinée aux enfants de 5 à 10 ans. On y trouve des
jouets, des livres, un téléviseur et un lecteur de DVD, ainsi qu’une
kitchenette. Les enfants utilisant cet espace sont sous la responsabilité
de leur parent.
51. En France, il n’y a pas de crèche au sein du bâtiment parlementaire
(une proposition a été formulée en ce sens, mais abandonnée pour
diverses raisons, dont le coût élevé). Le Parlement français verse
une somme aux parlementaires et le personnel concerné pour leur
permettre de confier leurs enfants à l’une des trois crèches privées
du quartier.
52. En Serbie, les parlementaires à mobilité réduite ne peuvent
entrer dans le bâtiment du Parlement que par une porte à l’arrière
du bâtiment. Dans l’hémicycle, seule la dernière rangée de sièges
est adaptée à leurs besoins. Il n’y a pas de crèche dans l’enceinte
du parlement, entre autres parce qu’il s’agit d’un bâtiment historique,
ce qui complique les travaux d’adaptation nécessaires.
53. Le Parlement allemand propose un service de prêt de fauteuils
roulants. Le personnel en charge des relations publiques doit, entre
autres critères de recrutement, être en mesure de répondre aux besoins
des visiteuses et visiteurs gravement handicapés y compris de savoir
se servir des dispositifs d’assistance disponibles. Le Bundestag
allemand abrite également une crèche: une structure de garde de
jour, qui accueille les enfants de six mois à six ans, est ouverte
à la fois aux parlementaires et au personnel administratif et politique
du Bundestag. Le bâtiment abrite aussi plusieurs espaces de jeu
et de puériculture, à la disposition des parlementaires et du personnel.
54. En Grèce, il y a à la fois une crèche et une école maternelle
dans les locaux du bâtiment principal du parlement. Elles sont accessibles,
sous réserve de places libres, aux enfants des parlementaires et
du personnel. Une commission composée de trois membres, mise en
place par la personne exerçant la présidence du parlement, s’occupe
de l’inscription des enfants et assure le bon fonctionnement de
la crèche et de l’école maternelle.
55. Une crèche payante est disponible au sein des parlements d’Espagne,
du Portugal, du Royaume-Uni et de Türkiye.
56. Le Parlement suédois dispose d’une crèche gratuite.
57. En Ukraine, une salle de jeux gratuite destinée aux enfants
est aménagée dans les locaux des commissions parlementaires; elle
n’est pas utilisée actuellement, du fait de la situation en matière
de sécurité. Il n’existe pas de procédure spécifique pour octroyer
aux personnes de moins de 18 ans l’accès aux bâtiments administratifs
ou officiels de la Verkhovna Rada d’Ukraine. Des travaux sont en
cours pour faire évoluer l’accueil des enfants de moins de 14 ans
et des personnes qui les accompagnent.
5. Adaptation des procédures parlementaires pour favoriser les politiques et pratiques inclusives
58. Le Plan d’action de l’UIP pour
des parlements sensibles au genre de 2012
préconisait
déjà plusieurs mesures destinées à faciliter, parmi les membres
et le personnel des parlements, l’équilibre entre vie professionnelle
et vie familiale. Il s’agissait notamment de permettre aux femmes
allaitantes de voter par procuration ou de transférer leur vote
pour ne pas être obligées d’assister aux réunions, de fixer des
séances de façon que les parlementaires puissent regagner leur circonscription
et passer davantage de temps avec leur famille, d’éviter les votes
en fin de journée et d’ajuster les sessions en fonction du calendrier
scolaire. L’UIP soulignait aussi l’importance d’accorder un congé
parental aux parlementaires, hommes et femmes, et de leur permettre
d’en bénéficier réellement. Cependant, dans beaucoup de nos États
membres, ces recommandations ne se sont pas encore traduites dans
la réalité.

59. Le rapport 2024 de l’EIGE sur l’égalité de genre dans les
parlements nationaux
, a confirmé cette situation.
Il a identifié des dispositions relatives aux congés familiaux dans
la moitié des parlements nationaux de l'Union européenne, indiquant
que lorsqu'elles existent, ces dispositions dépendent souvent du
fait que les parlementaires ont le statut d'employé public ou de
fonctionnaire. Seuls de rares parlements ont mis en place le vote
par procuration ou à distance, ou l’encadrement des horaires et
calendriers des séances pour faciliter la conciliation des responsabilités
familiales et professionnelles.

60. La présence au parlement de femmes ou d’hommes accompagnés
de nourrissons, la possibilité de venir au travail avec un nourrisson
et l’existence d’espaces dévolus à l’allaitement, au change ou à
la garde d’enfants sont autant de signes d’inclusivité, puisque
ces mesures permettent aux parlementaires qui sont aussi parents
de concilier vie professionnelle et vie privée. Continuer à travailler
tout en élevant un enfant en bas âge reste un défi pour la plus
grande part de la population active, et les parlementaires ne font
pas exception. J’ai souhaité connaître l’avis de mes pair·es sur
les points à améliorer dans le fonctionnement du parlement de leur
pays, et cherché à déterminer si les parlements étaient ouverts
à la défense des droits des personnes avec enfants, des personnes
en situation de handicap et d’autres groupes minoritaires ou s’il existait
des préjugés à leur encontre.
61. La plupart des réponses reçues affirment que l’accès aux chambres
parlementaires en compagnie d’un jeune enfant est interdit, bien
que de nombreux parlements ne prévoient aucune disposition spécifique
sur ce sujet. Signe encourageant toutefois, certains États membres
examinent cette question (le Parlement d’Ukraine débat actuellement
de l’opportunité d’autoriser la présence de nourrissons dans la
salle où se tiennent les votes).
62. Beaucoup de parlements peuvent fournir une assistance adaptée
aux parlementaires ou membres du personnel ayant des déficiences
visuelles et/ou auditives (langue des signes, sites internet accessibles,
braille, etc.), mais beaucoup d’autres n’ont rien prévu de particulier
pour les personnes malvoyantes. Certains parlements signalent que
cette assistance n’est fournie que pendant les séances parlementaires
plénières ou spéciales.
63. Outre ces aspects, le questionnaire envoyé par le CERDP comportait
des questions sur la possibilité de voter à distance, par procuration
ou par transfert de vote (pour compenser les absences) et sur les
autres solutions à la portée des membres devant impérativement s’absenter
(congé parental, allaitement, etc.). La plupart des parlements n’autorisent
pas le vote à distance, surtout en raison des problèmes de transparence. Dans
plusieurs pays cependant, des votes à distance ou des réunions en
mode hybride ont pu être autorisés à titre exceptionnel du fait
des restrictions liées à la covid-19.
64. Les parlements n’imposent généralement pas de sanction en
cas de non-participation aux débats et aux votes. Dans la plupart
des pays, les parlementaires ont le droit de s’absenter pour motifs
impérieux (maladie, déplacement professionnel, congé parental, décès
ou maladie d’un membre de la famille, etc.). Les parlementaires
doivent alors informer le ou la président·e du parlement des raisons
de leur absence. Cependant, des sanctions (y compris financières)
peuvent s’appliquer à celles et ceux qui négligent leurs fonctions
sans se justifier.
Rôle des partis politiques
65. Au sein du Parlement autrichien,
bien que des mesures aient été prises à l’attention des personnes ayant
des déficiences auditives ou visuelles, rien n’est prévu en matière
de congé parental ou de difficultés d’ordre familial. Les membres
du Conseil national et du Conseil fédéral ne peuvent pas prendre
de congé parental, et aucune politique n’est en place concernant
l’allaitement pendant les séances plénières. Il n’existe pas non
plus de possibilité de vote à distance.
66. En Serbie, la loi prévoit la possibilité de faire plusieurs
poses quotidiennes en cas d’allaitement, ce qui s’applique aussi
à l’Assemblée nationale. Cependant, les horaires de travail ne tiennent
pas compte des besoins des jeunes parents.
67. L’Estonie recourt à l’intelligence artificielle pour fournir
un sous-titrage en direct aux personnes malentendantes.
68. En Allemagne, le Bundestag a créé un poste de responsable
des questions d’inclusion, dont le ou la titulaire vient en aide
aux parlementaires gravement handicapés.
69. La Grèce explique que le vote à distance (par fax ou courrier
signé) est autorisé dans certains cas: lorsque les votes sont nominatifs
et lorsqu’une décision doit se prendre à la majorité qualifiée.
Ces dispositions s’appliquent également aux parlementaires enceintes
au cours du dernier mois de grossesse et du mois suivant la naissance.
70. En Islande, un soutien est assuré au cas par cas aux parlementaires
en situation de handicap (par le passé, il est arrivé par exemple
qu’une personne malvoyante membre du parlement bénéficie d’un chien
guide, ou que le parlement assure une interprétation en langue des
signes pour une personne sourde députée suppléante).
71. En Macédoine du Nord, l’Institut parlementaire organise une
table ronde annuelle avec plusieurs associations de personnes en
situation de handicap, afin d’aborder leurs préoccupations. Des
cours de langue des signes sont également dispensés aux membres
du parlement et du personnel directement engagés dans les relations
de l’Assemblée avec le public.
72. L’Espagne a mis en place un accord-cadre avec plusieurs organisations
de la société civile afin que les personnes ayant des déficiences
visuelles ou auditives puissent pleinement accéder aux informations
sur les activités parlementaires, dont l’ensemble des documents
produits par la chambre basse.
73. En Slovénie, le vote à distance est à l’étude pour les parlementaires
en congé parental. Les membres absents aux sessions, pour quelque
raison que ce soit, n’ont pas droit aux défraiements ou aux autres
types de rémunération. La Slovénie explique également ne pas prévoir
de sanctions en cas de non-participation aux séances du Conseil
national, de ses commissions et de ses groupes de travail.
74. En Espagne, le Bureau du parlement peut autoriser par écrit
un·e parlementaire à voter à distance, en cas de grossesse, maternité,
paternité ou maladie grave l’empêchant de s’acquitter de ses fonctions parlementaires,
et compte tenu de sa situation individuelle. Cette mesure n’est
possible que pour les votes qui ne peuvent être ni divisés, ni modifiés
et dont les modalités peuvent être anticipées et planifiées.
75. Concernant le vote à distance ou par procuration en dehors
de situations d’urgence (après la covid-19), les parlementaires
peuvent voter par procuration en France, en Géorgie (uniquement
en séance plénière), en Grèce (par courrier ou fax, comme déjà évoqué),
en Espagne (vote à distance en cas de congé parental ou de maladie,
comme déjà évoqué) et en Hongrie (uniquement pour les réunions des
commissions, pas en séance plénière). Au Royaume-Uni, la Chambre
des lords et la Chambre des communes autorisent les parlementaires en
situation de handicap à voter à distance. La Chambre des communes
autorise également le vote par procuration en cas de congé parental,
ainsi que les accords de transfert informels. La Belgique autorise
le vote et la participation à distance. En Roumanie, la Chambre
des députés et le Sénat ont conservé la possibilité de vote à distance
qui avait été instaurée pendant la pandémie de covid-19.
76. En Lituanie, les réunions des groupes et commissions parlementaires
peuvent se tenir en ligne ou au format hybride, mais il n’est pas
possible de voter à distance ou par procuration en séance plénière.
77. À l’issue des dernières élections législatives au Royaume-Uni,
la Chambre des communes a décidé en juillet 2024 de créer une «commission
de modernisation», chargée d’étudier des réformes des procédures, normes
et pratiques de travail de la Chambre des communes et de formuler
des recommandations à leur sujet. Les discussions portent sur les
horaires de travail (c’est-à-dire qu’ils soient compatibles avec
une vie familiale), la culture parlementaire, les questions d’accessibilité
et les modalités de vote.
78. En Ukraine, les bâtiments administratifs du parlement sont
adaptés aux personnes à mobilité réduite, moyennant plusieurs aménagements:
bouton d’appel à l’entrée; rampes d’accès au premier étage et ascenseur
desservant tous les autres étages, dont l’hémicycle et les salles
de conférences; une porte à tourniquet, une plateforme motorisée
et des monte-personnes hydrauliques peuvent être utilisés pour accéder au
premier étage et, de là, au reste du bâtiment au moyen des ascenseurs.
Les parlementaires à mobilité réduite votent depuis la loge latérale
de l’hémicycle. Le site internet du parlement a été conçu en tenant
compte des besoins des personnes malvoyantes, conformément aux normes
en vigueur.
6. Promotion des attitudes inclusives dans la vie parlementaire
79. L’un des objectifs de développement
durable (ODD) de l’ONU comprend la cible 10.2 par laquelle les États
s’engagent à «d’ici à 2030, autonomiser toutes les personnes et
favoriser leur intégration sociale, économique et politique, indépendamment
de leur âge, de leur sexe, de leur handicap, de leur race, de leur appartenance
ethnique, de leurs origines, de leur religion ou de leur statut
économique ou autre».
80. La plupart des réponses au questionnaire affirment que les
parlementaires ont conscience que les pratiques et les infrastructures
inclusives sont une nécessité démocratique, et que des mesures ont
été prises à cet égard. Cependant, certains parlements pointent,
et déplorent, le manque de données sur ce sujet.
81. La plupart des parlements nationaux ont un code de conduite
des parlementaires, comportant des dispositions générales sur la
manière dont ils et elles devraient d’acquitter de leurs fonctions,
mais ces textes ne mentionnent que rarement le sexisme ou le harcèlement
sexuel (ces thèmes sont couverts par exemple à Chypre, en Grèce,
en Macédoine du Nord ou en Suisse). Les parlements nationaux disposent
le plus souvent de dispositions générales sur les pratiques discriminatoires
et ont mis en place une série de principes éthiques relatifs au
respect d’autrui. En outre, certains parlements nationaux disposent
d’un organe ou d’un·e agent·e spécifiquement en charge de mettre
en œuvre et de suivre l’absence de discrimination dans les pratiques parlementaires.
82. Sur la question des principaux obstacles à la création de
locaux et de procédures plus inclusifs (quant au budget, aux politiques
ou aux us et coutumes, par exemple), les réponses au questionnaire
varient beaucoup selon les pays. Plusieurs signalent ne pas disposer
de données sur cette question ou ne l’avoir jamais abordée. Certains
États membres pointent des obstacles d’ordre financier, technique
ou esthétique, quand d’autres assurent qu’il n’existe aucun obstacle.
Certains pays reconnaissent qu’«il reste beaucoup à faire plus globalement,
au niveau sociétal» (Chypre) et que «les politiques, us et coutumes»
peuvent constituer des obstacles (Lituanie). Dans leurs observations,
quelques pays soulignent qu’il est très important pour eux de rendre
les parlements plus inclusifs et que des progrès sont en cours en
ce sens.
Rôle des partis politiques
83. En Belgique, une enquête interne
sur les questions liées au genre a été menée au sein du parlement fédéral.
Deux groupes de travail sur les caractéristiques d’un parlement
sensible au genre ont été créés, à la Chambre des représentants
et au Sénat, pour passer en revue tous les aspects de la vie parlementaire
et du fonctionnement interne des deux chambres: services législatifs,
documentation, communication interne et externe, gestion des infrastructures
et des ressources humaines, patrimoine, etc. En 2021, les présidentes
du Sénat et de la Chambre des représentants ont commandé ensemble
un rapport d’audit sur l’intégration de l’égalité de genre dans
le fonctionnement du Parlement fédéral qui a été examiné le 22 décembre 2023.
84. En France, une cellule de lutte contre le harcèlement, assurée
par un prestataire externe, a été créée à l’intention des parlementaires.
Elle est accessible 24h/24 et 7j/7, par téléphone et sur un site
internet spécifique. Composée notamment de juristes et de psychologues,
cette cellule a pour rôle d’écouter et de conseiller les personnes
qui la contactent et de leur offrir un accompagnement personnalisé
si elles choisissent de signaler les faits. Sa mission s’étend aux
allégations de comportements sexistes, d’agressions sexuelles et de
harcèlement sexuel ou moral. Les victimes peuvent signaler les faits
au/à la Déontologue de l’Assemblée nationale, qui peut également
intervenir et contacter l’agresseur ou agresseuse présumé·e.
85. Au Royaume-Uni, un code de conduite parlementaire est mis
en avant à travers des affiches, brochures, documents explicatifs
électroniques. En 2018, un programme de formation intitulé Valuing Everyone a été déployé dans
l’ensemble du parlement pour veiller à ce que chaque personne comprenne,
connaisse et prévienne les cas de brimades, de harcèlement et d’inconduite
sexuelle. Cette formation a été mise à jour, et en 2022, un séminaire
consacré au code de conduite et à son importance (The Behaviour Code, why it matters) a
été lancé à destination des nouveaux membres et personnels du parlement,
ainsi qu’un programme de sensibilisation. En réaction à des allégations
de comportements déplacés, le Parlement britannique a également
créé un mécanisme indépendant de plaintes et réclamations (Independent Complaints and Grievance Scheme,
ICGS). L’ICGS peut être saisi en cas de brimades, de harcèlement
ou d’inconduite sexuelle, par ou contre tout membre de la communauté
parlementaire
en lien avec ses activités parlementaires.
Une analyse indépendante de l’ICGS a été publiée en mai 2024
. L’ICGS et sa permanence n’ont
pratiquement pas d’équivalent dans nos États membres. En mai 2024,
la commission des normes du Parlement britannique a publié un rapport
d’enquête sur les procédures réglementant la conduite des parlementaires,
entrelacs complexe composé d’au moins 14 organismes, 3 codes et
de nombreuses règles. Le rapport a énoncé plusieurs recommandations
visant à simplifier le système et à le rendre plus accessible à la
fois aux parlementaires et au grand public.


86. En 2020, le Parlement islandais a réalisé une étude sur l’environnement
de travail des membres et du personnel du parlement, laquelle a
mis en lumière le besoin de traiter le problème du harcèlement et
des brimades sexuels et fondé sur le genre dans les locaux parlementaires.
Une nouvelle stratégie, assortie d’un plan d’action, a été préparée
en consultation avec tous les partis politiques et adoptée en mai 2023.
Elle prévoit des actions de prévention et des lignes directrices
sur le traitement des cas de sexisme et de harcèlement, ainsi que
des mesures de conseil et de soutien à la personne plaignante tout
au long de la procédure. Les membres et le personnel du Parlement
islandais reçoivent en outre des formations sur les questions de diversité,
d’égalité et d’inclusion.
87. En mai 2024, en Irlande, le groupe de travail sur une participation
sûre à la vie politique (composé de parlementaires, d’élu·es au
niveau local et de représentant·es de la société civile, des médias
et autres spécialistes) a publié un rapport comportant 16 recommandations
visant à rendre plus sûre la participation à la vie politique dans
le pays
. Ce groupe de travail avait été
créé devant l’augmentation des agressions, notamment des cas de
harcèlement et d’intimidation en ligne contre les personnes actives
en politique. Le groupe de travail a conclu que les agressions dans
la vie politique posent un réel problème; elles sont fréquentes,
et ciblent de manière disproportionnée les femmes et les populations
minoritaires
.


88. Le Danemark signale l’existence d’un mécanisme de lancement
d’alerte au sein de son parlement.
89. En Serbie, les parlementaires membres de minorités nationales
peuvent s’exprimer devant le parlement dans leur langue maternelle,
à condition de l’annoncer au préalable.
90. En Ukraine, le personnel du parlement bénéficie de formations
sur l’intégration et la connaissance des questions de genre. De
plus, la stratégie de ressources humaines de la Verkhovna Rada adoptée
en 2019 prévoit un audit annuel sur le genre, la formation des effectifs,
l’élaboration de recommandations méthodologiques et de manuels et
la désignation de spécialistes qui veillent au respect des normes
d’égalité des genres dans les différentes composantes du parlement.
7. Participation inclusive à l’Assemblée parlementaire et au Parlement européen
7.1. L’Assemblée parlementaire
7.1.1. Représentation des femmes et des hommes
91. Pour que les parlements soient
inclusifs du point de vue du genre, l’équilibre de la représentation
est indispensable. En 2021, l’Assemblée a adopté la Résolution 2394
(2021) «Représentation des femmes et des hommes à l’Assemblée parlementaire»
selon laquelle, à compter de janvier 2023, chaque délégation nationale à
l’Assemblée doit «comprendre un pourcentage de femmes au moins égal
à celui que compte son parlement» ou, «si cela est plus favorable
à la représentation des femmes», respecter le principe de «un sur
trois» pour la représentation des femmes dans chaque délégation
nationale. Le pourcentage de femmes à l’Assemblée a atteint 46 %
en 2024
et s’est établi à
47,7 % en avril 2025. Dans sa Résolution 2394 (2021), l’Assemblée s’est
engagée formellement à exiger un minimum de 40 % de femmes dans
toutes les délégations à compter de janvier 2026.

92. Ces règles ont eu un effet clairement positif sur la représentation
des femmes à l’Assemblée, puisque la proportion de femmes au sein
des commissions en tant que membres titulaires est passée de 41 %
en 2022 à 47 % en 2023 et 50% en 2024. Le pourcentage de femmes
rapporteures avait augmenté de 36 % en 2022 à 43 % en 2023, mais
il est descendu à 40 % en 2024. Manifestement, les obligations positives
en matière de représentation des femmes dans les parlements sont
efficaces et peuvent contribuer à renforcer l’inclusivité des parlements
dans ce domaine.
93. La Résolution 2394 (2021) prévoit une autre mesure importante:
une délégation nationale n’est autorisée à présenter la candidature
d’un homme à la vice-présidence de l’Assemblée que si elle comprend
au moins 40 % de femmes. Les commissions et commissions ad hoc doivent également comprendre
au moins un tiers de femmes parmi leurs rapporteurs. La Résolution 2594
(2025) «Modification de certaines dispositions du Règlement de l’Assemblée»,
adoptée en avril 2025, modifie l’article 16.3 afin de promouvoir
l’égalité entre les femmes et les hommes dans les postes à responsabilité.
Elle dispose désormais que «Sur trois candidatures à la vice-présidence
présentées successivement par une délégation nationale, au moins
une doit être celle d’une femme et une doit être celle d’un homme».
94. En outre, la Résolution 2386 (2021) «Promouvoir la participation
des femmes issues de groupes sous-représentés dans la prise de décision
politique et publique» souligne la nécessité de promouvoir l’accès
et la participation des femmes à la vie politique dans une optique
intersectionnelle; en effet, les femmes appartenant à des minorités
et les femmes en situation de handicap restent fortement sous-représentées.
Cette résolution souligne aussi l’importance d’appliquer une politique
de tolérance zéro face aux violences, aux discriminations et aux
agressions. Dès 2019, l’Assemblée adoptait la Résolution 2274 (2019)
«Pour des parlements sans sexisme ni harcèlement sexuel».
95. L’Assemblée s’est aussi efforcée d’assurer l’équilibre entre
les genres dans les groupes d’expert·es et les autres organes comptant
au minimum deux membres
.

7.1.2. Accessibilité des infrastructures
96. À l’Assemblée, des travaux
de rénovation visant à mettre l’hémicycle en conformité avec la réglementation
française sur l’accès des personnes à mobilité réduite se sont achevés
en 2024. L’entrée principale du Conseil de l’Europe est accessible
en fauteuil roulant et tous les niveaux sont équipés d’ascenseurs.
Cependant, tous les espaces du Palais de l’Europe utilisés par les
membres de l’Assemblée, dont l’hémicycle, ne sont pas pleinement
accessibles aux personnes en fauteuil roulant.
97. Le Règlement de l’Assemblée régit «[l’]accès au Palais de
l’Europe et [l’]utilisation des locaux» (annexe XVII), couvrant
les aspects liés à la sûreté et à la sécurité de l’accès aux locaux
du Conseil de l’Europe et à la circulation à l’intérieur des dits
locaux, y compris le Bureau de Paris, et bien sûr l’hémicycle (salle
des séances) et les salles de réunion des commissions de l’Assemblée.
Les locaux du Conseil de l’Europe relevant de la responsabilité
du Secrétaire Général, j’aimerais inviter ce dernier à procéder
à un examen de l’accessibilité des locaux du Conseil de l’Europe
pour les personnes en situation de handicap et à mobilité réduite,
y compris les bureaux de Paris, et à voir s’il y a lieu d’apporter
des améliorations de manière à offrir un environnement accessible
et inclusif aux membres de l’Assemblée et aux personnes qui assistent
aux réunions et manifestations organisées dans l’enceinte de l’Organisation.
Je me félicite de la préparation en cours d'une publication destinée
à informer les personnes en situation d’handicap et à mobilité réduite
sur l'accès aux locaux du Conseil de l'Europe.
98. Concernant l’accès des parlementaires accompagnés de nourrissons
aux locaux de l’Assemblée, aucune règle spécifique n’est prévue,
mais il est possible d’en faire la demande. Il n’existe pas non
plus de procédure arrêtée concernant l’accès des personnes de moins
de 18 ans à l’Assemblée, hormis le fait qu’elles doivent être accompagnées
d’un adulte. Je souhaiterais là aussi inviter le Secrétaire Général
à entreprendre un examen de l’accessibilité des locaux du Conseil
de l’Europe pour les personnes accompagnées d’un nourrisson et de
jeunes enfants et à envisager d’édicter des règles à ce sujet, à
des fins de transparence et de prévisibilité, tout en garantissant
un environnement inclusif.
99. Il n’y a pas de crèche dans le Palais de l’Europe (pas plus
que dans l’ensemble du Conseil de l’Europe); on n’y trouve pas non
plus d’espaces adaptés pour changer ou nourrir les bébés. J'ai bien
pris note qu’une «salle des familles» est envisagée dans le bâtiment
du Palais, ce dont je me réjouis. Ces questions relevant également
de la responsabilité du Secrétaire Général et concernant l’ensemble
du Conseil de l’Europe, et non uniquement l’Assemblée, j’aimerais
inviter le Secrétaire Général à envisager la possibilité d’aménager
une crèche et de mettre à disposition, dans les locaux du Conseil
de l’Europe, une ou plusieurs salles permettant de changer ou nourrir
les bébés.
7.1.3. Politiques et attitudes inclusives
100. Dans la Résolution 1921 (2013)
«Égalité des sexes, conciliation vie privée-vie professionnelle
et coresponsabilité», l’Assemblée reconnaissait la persistance de
l’inégalité hommes-femmes au travail et encourageait les États membres
à adopter, dans l’intérêt des femmes comme des hommes, des mesures favorables
à la conciliation entre vie professionnelle et familiale. Ces mesures
pourraient consister à offrir des services d’assistance aux personnes
non autonomes, dont la prise en charge est assurée de façon prépondérante
par les femmes; à mettre en place un régime de congé parental permettant
aux parents de s’occuper des enfants sur un pied d’égalité; ou encore
à prévoir des formes d’organisation du travail plus souples et plus
adaptées aux différentes situations familiales, telles que les horaires
différenciés et flexibles ou le télétravail.
101. L’Assemblée n’autorise le vote à distance que dans des circonstances
exceptionnelles. Le vote par procuration est interdit; toutefois,
il est possible de désigner des membres suppléants, et de leur transférer
le droit de vote.
102. J’estime que les membres qui ont la charge d’enfants de moins
de trois ans devraient être autorisés, sur demande, à participer
en ligne aux réunions des commissions. J’invite ainsi la commission
du Règlement, de l’éthique et des immunités à examiner cette question,
qu’il s’agisse d’interpréter le règlement en vigueur ou d’envisager
d’éventuelles modifications.
103. L’Assemblée ne fournit pas d’informations en braille. L’assistance
aux parlementaires ou aux membres du personnel ayant des déficiences
auditives et/ou visuelles ne fait l’objet d’aucune disposition spécifique. J’aimerais
inviter le Secrétariat de l’Assemblée à examiner les mesures susceptibles
de remédier à cette situation, en tenant compte des contraintes
financières.
104. En novembre 2018, à l’initiative de sa présidente d’alors,
Liliane Maury Pasquier, l’Assemblée a lancé une initiative contre
le sexisme, le harcèlement et la violence à l’égard des femmes dans
les parlements: #PasDansMonParlement. Le but était d’alerter sur la fréquence du sexisme
et du harcèlement sexuel dans les parlements et sur leurs effets
pour les femmes concernées, ainsi que d’appeler à agir pour mettre
un terme au sexisme dans les parlements. Cette initiative faisait
suite à la publication d’une étude régionale conjointe de l’Assemblée
et de l’UIP qui révélait des niveaux alarmants de sexisme, de harcèlement
et de violence à l’égard des femmes dans les parlements nationaux
(voir le paragraphe 23, ci-dessus).
105. La Recommandation 2152 (2019) et la Résolution 2274 (2019)
«Pour des parlements sans sexisme ni harcèlement sexuel», attiraient
l’attention sur la situation, préconisaient des mesures concrètes
pour y remédier et rappelaient les obligations en vigueur en matière
de droits des femmes, dont le droit de vivre sans violence.
106. Elles ont suscité deux actions spécifiques: 1) la modification
du code de conduite de l’Assemblée pour y interdire explicitement
le sexisme, le harcèlement sexuel, la violence sexuelle et les comportements
sexuels abusifs, et prévoir l’obligation de tenir compte des règles
du Conseil de l’Europe en matière de protection de la dignité, et
2) la révision des lignes directrices pour l’observation des élections
par l’Assemblée parlementaire afin que la question des violences
faites aux femmes, notamment le sexisme et le harcèlement sexuel,
y soit systématiquement prise en compte.
107. En décembre 2022, le Conseil de l’Europe a adopté un Code de
conduite et une Politique sur le respect et
la dignité. Les membres du personnel de l’Assemblée et des délégations
nationales, ainsi que les visiteuses et visiteurs, sont tenus d’observer
les normes de conduite fixées par le Conseil de l’Europe, qui affirme
que l’Organisation «ne tolère aucun comportement irrespectueux».
En mai 2023, le Conseil de l’Europe a également adopté une politique
en matière de signalement des actes répréhensibles et de protection
contre les représailles («Speak up»).
En outre, une Politique sur la diversité, l'égalité et l'inclusion
est entrée en vigueur dans l’Organisation le 1er mai 2025.
108. Le Règlement de l’Assemblée établit que chaque membre signe
une déclaration écrite affirmant leur adhésion aux objectives et
principes fondamentaux du Conseil de l’Europe, et s’engageant à
respecter le Code de conduite des membres de l’Assemblée parlementaire
(article 6.2.c).
109. La Résolution 2594 (2025), évoquée au paragraphe 93 ci-dessus,
visait également à renforcer la perspective jeunesse dans les travaux
de l’Assemblée. Ainsi, toutes les commissions peuvent désigner un·e rapporteur·e
pour la jeunesse, dont le rôle est de présenter le point de vue
des jeunes dans les discussions sur des rapports.
110. La commission du Règlement, de l’éthique et des immunités
de l’Assemblée prépare actuellement un rapport intitulé «Accroître
la participation active et la contribution des parlementaires aux
travaux de l’Assemblée parlementaire et de ses commissions», avec
Mme Petra Bayr (Autriche, SOC) comme rapporteure.
Les actions envisageables dans ce contexte consisteraient à élaborer
des programmes de formation, des brochures informatives et un système
de mentorat pour aider les membres de l’Assemblée dans leur travail.
Ces activités de formation et de mentorat pourraient englober la
mise en œuvre des codes de conduite et mécanismes de signalement
existants pour les cas de sexisme et de harcèlement, violence ou inconduite
à caractère sexuel.
7.2. Parlement européen
7.2.1. Représentation des femmes et des hommes
111. En 2022, le Parlement européen
a adopté une résolution sur l’approche intégrée de l’égalité hommes-femmes,
qui mentionne l’outil d’auto-évaluation de l’EIGE (voir le paragraphe 15,
ci-dessus) et demande la réalisation d’un audit «afin de cartographier
la situation actuelle en matière d’égalité entre les hommes et les femmes,
d’intégrer les questions d’égalité et de formuler des recommandations
liées aux aspects politiques et administratifs des activités du
Parlement». La résolution précise que cet audit «s’intéresse à tous
les domaines et à tous les indicateurs élaborés dans le cadre de
la “boîte à outils pour des parlements sensibles à la dimension
de genre”» de l’EIGE
.

112. Le Parlement européen a adopté en 2020 un Plan d’action sur
l’égalité entre les hommes et les femmes, accompagné d’une feuille
de route pour 2021-2022, avec la rédaction de rapports du suivi
tous les semestres. En outre, depuis 2003, chaque commission parlementaire
désigne en son sein un·e responsable de l’approche intégrée de l’égalité
de genre. En 2009, les membres ainsi désignés ont constitué un réseau:
le Gender Mainstreaming Network (GMN).
113. L’équilibre hommes-femmes est une réalité au Parlement européen
depuis les élections de 2019 (41 % de femmes, 59 % d’hommes). Cependant,
pour la première fois, le Parlement européen élu en juin 2024 a connu
une diminution du nombre d’eurodéputées (désormais 38,5 %). Les
écarts entre pays de l’Union européenne sont importants: tandis
que la Suède a élu 61,9 % d’eurodéputées (13 femmes sur 21), Chypre n’a
élu que des hommes (6 sur 6).
114. Étant donné que les élections européennes sont organisées
dans chaque État membre de l’Union européenne en suivant les règles
nationales, le défi de la parité au Parlement européen doit être
relevé dans chaque pays. Cette situation s'applique également à
la représentation des groupes minoritaires au Parlement européen,
qui doit également être abordée au niveau national.
115. Un débat resurgit régulièrement quant à l’éventualité d’adopter,
au niveau de l’Union européenne, des règles visant à uniformiser
le mode d’élection des eurodéputé·es dans les différents États membres.
Cela pourrait faciliter l’adoption de dispositions en faveur de
l’égalité de genre. En 2022, le Parlement européen a adopté une
proposition de règlement du Conseil sur l’élection des eurodéputé·es
prévoyant un cadre commun pour l’élection du Parlement européen
dans les États membres de l’Union européenne, avec notamment des listes
alternées ou des quotas. Ces modifications, qui requièrent l’appui
unanime des pays de l’Union européenne, n’ont pas encore été approuvées.
7.2.2. Accessibilité des infrastructures
116. Les événements et débats du
Parlement européen, sur place ou en ligne, sont ouverts au public. D’après
le site internet du Parlement, le service des visites garantit la
pleine accessibilité de ses locaux aux personnes en situation de
handicap. À Bruxelles, l’hémicycle est accessible aux personnes
en fauteuil roulant, et autres personnes en situation de handicap.
Une assistance spéciale et de l’interprétation en langue des signes
peuvent être fournies sur demande préalable. De même, à Strasbourg,
les locaux du Parlement européen sont ouverts aux personnes en situation
de handicap.
117. Comme dans certains parlements nationaux, bien que le règlement
du Parlement européen ne prévoie pas la présence dans l’hémicycle
de parlementaires avec un nourrisson, le ou la président·e peut
l’autoriser de fait.
118. Les enfants de moins de 14 ans ne peuvent entrer dans les
bâtiments du Parlement européen qu’accompagnés d’un adulte. La feuille
de route du Parlement européen sur la diversité appelle à rendre
les crèches du Parlement accessibles et inclusives pour tous les
enfants, dans toute leur diversité, donc y compris pour les enfants
en situation de handicap.
7.2.3. Politiques inclusives
119. En vertu du Règlement intérieur
du Parlement européen, «la répartition du temps de parole en plénière tient
compte du fait que les députés atteints d’un handicap pourraient
avoir besoin de plus de temps» (article 178). Le Parlement européen
rend ses méthodes de travail plus inclusives, par exemple en s’assurant que
les communications et situations d’urgence puissent être comprises
par les personnes en situation de handicap, et notamment de déficience
auditive ou visuelle.
120. Le Parlement européen a pris des mesures allant dans le sens
de la sensibilité au genre dans ses locaux, comme la mise à disposition
de structures de garde d’enfants pour les membres du Parlement et
son personnel. Ces structures sont payantes (le tarif est calculé
sur la base des revenus et de la situation familiale).
121. Le secrétariat du Parlement européen a élaboré une «feuille
de route sur la diversité», qui mentionne la possibilité d’un congé
parental pour les parents en situation de handicap, ayant des enfants
en situation de handicap ou n’ayant pas droit au congé de maternité
ou pour adoption. Le Parlement est également doté, en interne, d’une
«feuille de route pour l’égalité entre les femmes et les hommes»,
qui repose sur un plan d’action et évoque la nécessité d’améliorer
l’équilibre entre vie professionnelle et privée. L’unité Égalité,
inclusion et diversité (EIDU) du Parlement européen promeut des
politiques de ressources humaines favorables à l’égalité des genres
et assure le suivi de ces politiques.
122. Concernant les modalités de vote, les eurodéputé·es «votent
individuellement et personnellement», ce qui exclue par conséquent
le vote à distance, le vote par procuration, les accords de transfert
de votes pour compenser les absences ou toute autre solution en
cas de motif d’absence impérieux (congé parental, allaitement, etc.).
123. Le Parlement européen dispose aussi d’une feuille de route
destinée à accroître la diversité au sein de son secrétariat. Elle
est axée sur les questions de handicap, d’orientation sexuelle et
de lutte contre le racisme. Les mesures prévues par cette feuille
de route couvrent les procédures de recrutement, le programme de stages
et les communications internes et externes. La feuille de route
est un document interne qui donne des orientations pour rendre l’environnement
de travail du Parlement européen plus inclusif. Son objectif est d’intégrer
l’égalité, la diversité et le souci de l’inclusion aux travaux du
Parlement en adoptant une approche intersectionnelle, destinée à
accroître la diversité à tous les niveaux (stages, recrutement,
vie professionnelle et privée du personnel, etc.).
124. Au sein du secrétariat du Parlement européen, un point de
contact sur le handicap joue le rôle d’un guichet unique: tout le
personnel du Parlement peut lui adresser ses demandes et questions
en lien avec un handicap. Des points de contact du même type ont
également été mis en place sur les questions LGBTIQ+ et de lutte
contre le racisme, respectivement, et reflètent l’engagement de
l’administration sur ces sujets.
7.2.4. Attitudes inclusives
125. Les eurodéputé·es doivent signer
une déclaration confirmant leur engagement à respecter le Code
du comportement approprié, qui est l’annexe II du Règlement
intérieur du Parlement européen. L’article 10 du Règlement intérieur dispose que les
eurodéputé·es «s’abstiennent de toute forme de harcèlement moral
ou sexuel et respectent le code du comportement approprié» dans
l’exercice de leurs fonctions.
126. Le code précise expressément que les eurodéputé·es «se comportent
à l’égard de toutes les personnes travaillant au Parlement européen
avec dignité, courtoisie, respect et sans préjugé ni discrimination».
Il prévoit que les eurodéputé·es coopèrent pleinement en vue de
gérer les situations de conflit ou les cas de harcèlement moral
ou sexuel, y compris en réagissant promptement à toute allégation.
Les élu·es au Parlement européen doivent participer aux formations
spécialisées concernant la prévention des conflits et du harcèlement
sur le lieu de travail.
127. Le Parlement européen est doté d’une politique de lutte contre
le harcèlement sexuel et moral, appuyée par deux comités consultatifs
internes chargés d’examiner les allégations de harcèlement impliquant
des eurodéputé·es ou des membres du personnel. L’objectif est d’exclure
le harcèlement, que ce soit entre eurodéputé·es, entre ces derniers
et les membres du personnel, ou entre membres du personnel du Parlement.
128. Le Règlement intérieur du Parlement européen comporte également
un code de conduite en matière d’intégrité et de transparence. Parmi
ses principes directeurs, ce code énonce que les membres du Parlement européen
«agissent uniquement dans l’intérêt général» et en respectant les
principes suivants: «le désintéressement, l’intégrité, la transparence,
la diligence, l’honnêteté, la responsabilité et le respect de la dignité
et de la réputation du Parlement». Le ou la président·e du Parlement
peut consulter, en cas de besoin, un comité consultatif sur la conduite
des eurodéputé·es.
129. En avril 2024, les membres du Parlement européen ont approuvé
la création d’un organe interinstitutionnel chargé des normes éthiques
afin d’élaborer, mettre à jour et interpréter des normes éthiques minimales
communes et de publier des rapports sur l’application de ces normes
par chaque entité signataire, c’est-à-dire le Parlement européen
et les autres institutions de l’Union européenne.
8. Conclusions
130. Mon rapport vise à sensibiliser
à la nécessité de rendre les parlements de nos États membres pleinement
accessibles et inclusifs, eu égard à leurs locaux, à leur composition,
à leurs politiques internes et à leurs pratiques de travail, afin
qu’ils puissent remplir au mieux leur rôle en tant qu’institutions
démocratiques clés et dûment refléter les sociétés qu’ils représentent
– ce qui n’est malheureusement pas encore le cas. Cela suppose de
permettre aux femmes parlementaires d’entrer en politique, d’y rester
et d’accéder à des postes de décision et à des fonctions dirigeantes
au sein des parlements, à l’abri de toute violence, tout en continuant d’honorer
leurs obligations familiales, au même titre que leurs homologues
masculins.
131. Nos parlements nationaux, à l’instar de notre Assemblée et
du Parlement européen, devraient être des lieux de travail inclusifs,
exempts de sexisme, racisme, âgisme, validisme et toute autre forme
de discrimination. Cela devrait se refléter dans leurs règles et
règlements internes, lesquels devraient prévoir des mécanismes et
outils appropriés pour prévenir la discrimination et y répondre
au moyen de procédures adéquates de signalement et de sanction.
132. Ma volonté de rendre les parlements pleinement accessibles
aux personnes en situation de handicap, qu’elles soient parlementaires,
membres du personnel ou visiteuses, aux personnes à mobilité réduite,
ainsi qu’à celles accompagnées d’enfants, devrait aussi être une
priorité pour nos États membres, car l’accessibilité et l’inclusion
constituent des impératifs démocratiques au XXIe siècle.