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Résolution 1706 (2010) Version finale
Augmenter la représentation des femmes en politique par les systèmes électoraux
1. La participation égale des femmes
et des hommes à la vie politique est l’un des fondements de la démocratie
et l’un des objectifs du Conseil de l’Europe, que le Comité des
Ministres de l’Organisation a encore réaffirmé en mai 2009.
2. Malheureusement, près de trente-cinq ans après la première
Conférence mondiale des Nations Unies sur les femmes tenue à Mexico,
et quelque quinze ans après la quatrième, à Pékin, les femmes restent gravement
sous-représentées en politique. A ce jour encore, les femmes détiennent
moins de 20 % des sièges de parlementaires et des portefeuilles
ministériels dans le monde, et moins de 5 % des chefs d’Etat sont
des femmes. Cette sous-représentation constitue un gaspillage de
talents et fragilise aussi la démocratie et les droits de l’homme.
3. Les facteurs entraînant une sous-représentation des femmes
en politique sont nombreux. Le principal facteur étant sans doute
les attaques portées depuis une dizaine d’années à l’encontre des
droits des femmes. En Europe, les sociétés restent caractérisées
par des attitudes, des usages et des comportements qui déresponsabilisent
les femmes dans la vie publique, les discriminent et les emprisonnent
dans des rôles modèles prescrits et dans des clichés selon lesquels
elles «ne sont pas faites» pour la prise de décision et la politique.
Des heures indues de réunion et un manque de structures pour la
garde des enfants pour les politiciens peuvent en outre dissuader
les femmes de poser leur candidature – la politique est faite sur
mesure pour les hommes qui n’assument pas une part minimale de leur
responsabilité familiale et qui comptent sur leur femme pour assurer
l’intendance du ménage.
4. Les attitudes, usages et comportements décrits plus haut influencent
un paysage national institutionnel, politique et électoral; mais,
inversement, un changement dans ce paysage peut aussi influer sur
les attitudes sociétales. Changer le système électoral pour le rendre
plus favorable à la représentation des femmes en politique, notamment
en adoptant des quotas par sexe, peut conduire à un processus de
décision politique et publique plus équilibré entre les sexes et,
par là même, plus légitime. Ce fait était déjà reconnu par le Comité des
Ministres dans sa Recommandation Rec(2003)3 sur la participation
équilibrée des femmes et des hommes à la prise de décision politique
et publique, et a été réaffirmé par l’Assemblée parlementaire à
diverses reprises, comme, tout récemment, lors de l’attribution
de son premier «Prix de l’égalité entre les femmes et les hommes»,
en septembre 2009.
5. Toutefois, une réforme du système électoral ne saurait suffire:
pour être réellement efficace, ce changement doit s’accompagner
de mesures telles qu’une éducation civique égalitaire et de l’élimination
des clichés sexistes et des préjugés à l’égard des femmes candidates,
qui sont ancrés dans les mentalités, notamment au sein des partis
politiques, mais aussi dans les médias. Dans certains Etats membres
du Conseil de l’Europe il faudrait également modifier la Constitution
afin que les mesures en faveur de l’égalité ou antidiscriminatoires
soient rendues possibles par des dérogations autorisant une discrimination
positive en faveur du sexe sous-représenté sans être pour autant
considérées comme une violation du principe de l’égalité.
6. L’Assemblée considère que l’absence de représentation égale
des femmes et des hommes dans le processus de prise de décision
politique et publique est une menace pour la légitimité des démocraties
et une violation du droit fondamental à l’égalité hommes-femmes,
et demande en conséquence aux Etats membres de remédier à cette
situation en priorité:
6.1. en veillant
à assortir les dispositions de leurs Constitutions et de leurs lois
électorales relatives à l’égalité des sexes et à la lutte contre
la discrimination des dérogations nécessaires pour autoriser des mesures
de discrimination positive en faveur du sexe sous-représenté, si
ce n’est pas encore le cas, car cette mesure constitue une précondition
selon la Commission européenne pour la démocratie par le droit (Commission
de Venise) du Conseil de l’Europe;
6.2. en appliquant pleinement les recommandations formulées
dans la Recommandation Rec(2003)3 du Comité des Ministres sur la
participation équilibrée des femmes et des hommes à la prise de
décision politique et publique, dans la Recommandation 1676 (2004) de l’Assemblée
parlementaire sur la participation des femmes aux élections, et
dans sa Résolution 1489
(2006) sur les mécanismes visant à garantir la participation
des femmes à la prise de décision, ainsi que dans la Recommandation 273 (2009)
du Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe,
sur l’égalité d’accès aux élections locales et régionales, en particulier
les points concernant la réforme des systèmes électoraux et l’instauration
de quotas fondés sur le sexe;
6.3. en réformant leur système électoral pour le rendre plus
favorable à la représentation des femmes au parlement:
6.3.1. pour
les pays possédant un système électoral de listes proportionnelles,
prévoir l’introduction d’un quota légal prévoyant non seulement
une forte proportion de candidates (idéalement au moins 40 %), mais
également des règles strictes de placement de ces candidates sur
les listes (dans le cadre, par exemple, d’un système d’alternance
hommes/femmes) et des sanctions effectives en cas de non-respect
(de préférence non financières, visant plutôt la non-acceptation
de candidats/listes de candidats), idéalement dans une grande circonscription
et/ou une circonscription recouvrant l’ensemble du territoire national,
en le combinant avec des listes bloquées;
6.3.2. pour les pays possédant un système à scrutin majoritaire,
prévoir l’introduction du principe selon lequel chaque parti choisit
pour la candidature dans une circonscription uninominale entre au
moins une candidature féminine et une candidature masculine; ou
bien trouver d’autres manières de garantir une meilleure représentation
des femmes en politique, comme l’instauration de quotas obligatoires
novateurs pour les femmes dans les partis politiques, ou des listes
composées uniquement de femmes, ou le jumelage de circonscriptions,
en assortissant une fois de plus ces dispositifs de sanctions effectives,
en cas de non-respect;
6.4. en limitant par voie législative le cumul de mandats politiques
(aux niveaux local, régional, national ou européen);
6.5. en encourageant les partis politiques à adopter volontairement
des quotas par sexe et autres mesures positives, y compris dans
leurs propres structures décisionnelles, tout particulièrement dans leur
structure responsable de la désignation des candidats aux élections;
6.6. en accompagnant ces réformes de mesures telles qu’une
éducation civique égalitaire et l’élimination des clichés sexistes
et des préjugés à l’égard des femmes candidates, qui sont ancrés
dans les mentalités, non seulement dans les partis politiques, mais
aussi dans les médias et les syndicats.