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Réponse à Recommandation | Doc. 15088 | 25 février 2020
Politiques et pratiques en matière de renvoi dans les États membres du Conseil de l’Europe
1. Le Comité des Ministres
a examiné avec attention la Recommandation
2161 (2019) de l’Assemblée parlementaire intitulée «Politiques et
pratiques en matière de renvoi dans les États membres du Conseil
de l’Europe». Il l’a communiquée au Comité directeur pour les droits
de l'homme (CDDH) et au Comité européen de coopération juridique
(CDCJ) pour information et commentaires éventuels.
2. Le Comité des Ministres salue l’attention continue que l’Assemblée
parlementaire porte aux migrants et aux demandeurs d’asile et se
réfère à ses précédentes réponses à un certain nombre de recommandations connexes . Le Comité convient avec l’Assemblée
que les pratiques de renvoi soulèvent des questions sérieuses au
regard du respect des droits de l’homme des demandeurs d’asile et
des réfugiés et invite les États membres à prendre dûment en considération
les différentes recommandations qui sont formulées dans la Recommandation 2161 (2019). Il rappelle que la protection offerte par la Convention
européenne des droits de l’homme s’étend à toute personne placée
sous la juridiction d’un État Partie et que l’article 4 du Protocole n°
4 interdit les expulsions collectives d’étrangers. Le Comité appelle
les États membres à se conformer pleinement aux arrêts de la Cour
européenne des droits de l’homme et à mettre en œuvre les mesures provisoires
qu’elle indique.
3. Le Comité des Ministres souligne que le droit de chercher
asile doit être respecté. Il rappelle à cet égard les Lignes directrices
sur la protection des droits de l’homme dans le contexte des procédures
d’asile accélérées, qu’il a adoptées en juillet 2009. Ces lignes
directrices établissent un cadre de garanties procédurales minimales
dont doivent pouvoir bénéficier les demandeurs d’asile. Elles soulignent
en particulier que «les demandeurs d’asile ont droit à un examen
individuel et équitable de leurs demandes par les autorités compétentes»
(ligne directrice II, §2). Elles rappellent également l’obligation
de l’État qui fait l’objet d’une demande d’asile «de s’assurer que
le retour du requérant dans son pays d’origine ou dans un autre
pays ne l’exposera pas à un risque réel de peine de mort, de torture
ou à des peines ou traitements inhumains ou dégradants, à des persécutions
ou violations graves d’autres droits fondamentaux qui justifieraient
l’octroi de protection en vertu du droit international ou national»
(ligne directrice VII). Le Comité des Ministres réitère son invitation
aux États membres à assurer une large diffusion de ces lignes directrices
auprès de toutes les autorités nationales impliquées dans la mise
en œuvre des diverses étapes des procédures accélérées, y compris
les autorités chargées du retour des étrangers.
4. En ce qui concerne le paragraphe 4.4 de la recommandation,
le Comité des Ministres reconnaît le rôle important des organisations
non gouvernementales nationales et internationales dans l'assistance
aux migrants et aux demandeurs d'asile. Il souligne également le
rôle important que jouent les institutions nationales des droits
de l'homme et les mécanismes nationaux de prévention en vertu du
Protocole facultatif se rapportant à la Convention des Nations Unies
contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains
ou dégradants pour prévenir les renvois.
5. Les questions de migration ont été discutées par les Délégués
des Ministres. Le Comité des Ministres rappelle que la Commissaire
aux droits de l'homme a abordé la question des renvois, demandant
que des lois et règlements interdisent expressément les pratiques
qui entraîneraient des expulsions ou refoulements collectifs et
qu'il soit procédé à des enquêtes sur toute allégation selon laquelle
de tels renvois auraient lieu. En juin 2019, les Délégués ont eu
un échange de vues avec la Commissaire aux droits de l’homme, au
cours duquel elle a présenté sa Recommandation «Sauver des vies.
Protéger les droits. Combler le manque de protection des réfugiés
et des migrants en Méditerranée», qui traite en détail de la question
des expulsions collectives et du refoulement des migrants en mer.
La Commissaire a également abordé de manière répétée la question
de la solidarité au sein de l'Union européenne en ce qui concerne
le partage des responsabilités en matière d'accueil et de traitement
des migrants et des demandeurs d'asile, et les possibilités de les réinstaller
le cas échéant. En outre, le nouveau Représentant spécial de la
Secrétaire Générale sur les migrations et les réfugiés a commencé
son mandat en janvier 2020 et sa tâche est de promouvoir les normes de
l’Organisation en matière de droits de l’homme dans ses interactions
avec les États membres ainsi qu'avec les organisations et organes
internationaux compétents en ce qui concerne les activités ou processus législatifs
menés par ceux‑ci.
6. Enfin, le Comité des Ministres rappelle le besoin de poursuivre
les efforts communs pour relever les défis posés par les migrations
mondiales, sur la base d’un équilibre des responsabilités et de
la solidarité. Il tient également enfin à préciser que, tout en
encourageant en permanence le respect des normes de l'Organisation en
matière de droits de l'homme en ce qui concerne les activités liées
aux migrations dans ses États membres, il s’efforce de concentrer
ses activités sur les domaines prioritaires relevant de sa compétence,
où il peut apporter une véritable valeur ajoutée. Ainsi, des travaux
seront menés au cours du prochain biennium sur différentes thématiques
relatives aux migrations et notamment la situation des femmes et
des enfants migrants.