1. Introduction
1. L’Assemblée parlementaire a adopté, en octobre 2008,
la
Résolution 1633 (2008) sur les conséquences de la guerre entre la Géorgie et
la Russie. Cette résolution reconnaît la nécessité d’accorder la
priorité aux conséquences humanitaires de la guerre et recommande
de poursuivre les travaux sur ce sujet.
2. A la lumière de cet appel, la commission des migrations, des
réfugiés et de la population a été invitée à élaborer un rapport
et Mme Jonker a été chargée de mener
ces travaux. Afin de recueillir des informations pour le présent
rapport, celle-ci s’est rendue dans la région entre le 16 et le
22 novembre 2008, en commençant par l’Abkhazie – d’abord Soukhoumi
puis le district de Gali – pour revenir à Tbilissi. Elle a ensuite
eu des contacts à Tbilissi avec toutes les parties concernées, gouvernementale,
internationale et non gouvernementale, avant de se rendre dans l’ancienne
zone «tampon» et de rencontrer les différentes organisations actives
à Gori et dans la région avoisinante.
3. La rapporteuse, alors qu’elle espérait se rendre en Ossétie
du Sud et à Tskhinvali, a été informée seulement la veille de son
départ par la délégation russe à l’Assemblée parlementaire que les
autorités sud-ossètes de facto ne
l’autorisaient pas à pénétrer en Ossétie du Sud depuis la Géorgie;
il lui faudrait passer par la Russie. Il n’a donc malheureusement
pas été possible d’organiser ce voyage.
4. Le présent rapport est rédigé à partir des résultats obtenus
par la rapporteuse au cours de sa visite, ainsi que de l’avis qu’elle
a élaboré et présenté à l’Assemblée, en octobre, sur les conséquences
de la guerre entre la Géorgie et la Russie (voir Doc. 11730).
5. La rapporteuse aimerait rendre hommage aux diverses personnes
rencontrées lors de sa visite qui s’efforçaient de répondre aux
nombreux besoins humanitaires de ceux touchés par le conflit. Elle
leur est reconnaissante d’avoir pris le temps de l’informer, mais
aussi d’avoir témoigné de leur professionnalisme et de leur engagement.
En particulier, elle tient à remercier la Mission d’observation
des Nations Unies en Géorgie (MONUG) pour avoir mis en place son
programme en Abkhazie, ainsi que la délégation géorgienne à l’Assemblée
parlementaire et le représentant spécial du Secrétaire Général du
Conseil de l’Europe en Géorgie, pour avoir organisé le reste du
programme.
6. Ce rapport porte exclusivement sur des questions humanitaires.
La rapporteuse n’a pas voulu examiner les questions politiques suscitées
par le conflit, pas plus qu’elle n’a cherché à se prononcer sur
les violations des droits de l’homme ou du droit humanitaire commises
dans chacun des camps du conflit, telles que meurtres ou blessures
volontaires ou évitables de civils et destruction des biens. Ce
sont là des questions faisant l’objet d’un grand nombre de requêtes
individuelles devant la Cour européenne des droits de l’homme à
l’encontre des deux parties. Il s’agit aussi de questions traitées
dans le cadre d’affaires interétatiques soulevées par la Géorgie
à l’encontre de la Russie devant la Cour européenne des droits de
l’homme et la Cour internationale de justice
. La rapporteuse souscrit à tous
les appels, y compris celui du Commissaire aux droits de l’homme
du Conseil de l’Europe, qui ont été lancés pour que soit menée une
enquête indépendante et impartiale sur les violations du droit humanitaire
et des droits de l’homme qui ont pu être commises pendant le conflit.
2. Les statistiques
relatives aux personnes déplacées
7. Depuis août 2008, environ 100 000 personnes déplacées
à l’intérieur de la Géorgie sont retournées chez elles, principalement
dans la zone «tampon» avec l’Ossétie du Sud. Il reste environ 23 000
personnes nourrissant peu d’espoir de retour proche; selon le Haut-Commissariat
des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), le nombre de personnes
déplacées sera encore d’environ 37 500 cet hiver. Parmi les personnes
qui avaient fui en Russie, seules 2 000 environ ne sont pas revenues
en Ossétie du Sud.
8. A la situation critique de ces réfugiés et de ces personnes
déplacées s’ajoutent les craintes pour les quelque 222 000 personnes
qui restent déplacées à l’intérieur du pays depuis les précédents
conflits, ainsi que pour les réfugiés dont le sort depuis longtemps
dramatique nécessite une solution urgente.
3. Les personnes tuées
ou blessées
9. Le nombre total de morts et de personnes blessées
continue d’être controversé. Du côté géorgien, l’on déplore 326
personnes tuées. Du côté russe et sud-ossète, l’on parle de 133
personnes tuées.
4. Les personnes portées
disparues depuis le conflit
10. Le nombre de personnes disparues depuis le récent
conflit reste incertain.
11. La rapporteuse estime qu’il est nécessaire d’obtenir des informations
précises sur les noms des civils et des militaires portés disparus
de part et d’autre. D’autre part, il est essentiel que la question
des personnes disparues par suite des précédents conflits soit également
prise en compte et que, pour tous les côtés, les commissions chargées
de cette question fonctionnent. A cet égard, la rapporteuse estime
qu’il est important de rétablir la commission pour la recherche
des personnes disparues en Ossétie du Sud. En Abkhazie, il reste à
adopter le projet de loi sur les personnes disparues et à relancer
la commission précédemment mise en place. En Géorgie, le travail
de la commission sur les personnes disparues doit être soutenu et,
à la tête de cette entité, il faut nommer de nouveaux chef et chef
adjoint. La tâche précise à mener par ces commissions est soulignée
dans la
Résolution 1553
(2007) de l’Assemblée parlementaire sur les personnes disparues
en Arménie, en Azerbaïdjan et en Géorgie à la suite des conflits
touchant les régions du Haut-Karabakh, d’Abkhazie et d’Ossétie du
Sud. La rapporteuse recommande à toutes les parties aux récent et
ancien conflits de coopérer avec le Comité international de la Croix-Rouge
(CICR) sur cette question.
5. Les prisonniers
de guerre et les otages
12. La rapporteuse constate l’importance de l’action
conduite par le CICR et aussi par le Commissaire aux droits de l’homme
du Conseil de l’Europe afin d’organiser la libération et l’échange
des prisonniers de guerre et des autres personnes emprisonnées par
suite du conflit. Elle soutient entièrement tous les appels à la libération
et à l’échange de ces personnes, et recommande que les autorités
compétentes entreprennent d’éliminer la pratique de la prise d’otages.
13. Il est important que la pratique de la prise d’otages ne reste
pas impunie et que ces affaires soient poursuivies en justice par
les autorités compétentes.
6. La situation en
Abkhazie
14. L’Abkhazie elle-même n’a pas été directement touchée
par la guerre entre la Géorgie et la Russie, hormis l’occupation
de la vallée de Kodori par les forces abkhazes en août 2008. Environ
1 500 personnes ont fui cette région. Une centaine de personnes
sont restées chez elles et, largement coupées du monde extérieur, elles
doivent affronter un hiver rude. Le CICR et le HCR ont pu se rendre
auprès de ces personnes afin de s’assurer qu’elles reçoivent une
aide suffisante pour arriver à traverser l’hiver. Reste que, dans
l’immédiat, la question du retour des personnes qui ont fui demeure
incertaine.
15. Dans la région de Gali, zone la plus septentrionale de l’Abkhazie,
peuplée presque exclusivement de Géorgiens, la situation reste précaire.
Avant l’éruption du conflit, les Géorgiens de Gali souffraient déjà
de la fermeture de la «frontière» de
facto avec la Géorgie, même si elle restait poreuse.
Depuis le conflit, ces Géorgiens se sentent encore moins en sécurité
et encore plus isolés. Il est devenu de plus en plus difficile et dangereux
de franchir la «frontière» de facto pour
entretenir des relations familiales, pour suivre un traitement médical
ou pour des raisons commerciales, ou bien encore pour percevoir
des allocations, pensions ou autres sommes versées par les autorités
géorgiennes. Sans compter qu’en termes de sécurité, la situation
demeure tendue, les gens hésitant à sortir de chez eux après la
tombée de la nuit et les routes étant sillonnées de véhicules blindés
russes et abkhazes circulant à vive allure. Les gens ont peur d’être
enrôlés dans l’armée et d’être victimes de discriminations, même
si beaucoup paient des pots-de-vin pour l’éviter. Des cas de harcèlement
continuent d’être signalés: des personnes sont forcées de travailler
sans rémunération ou de payer des «taxes» non officielles sur ce
qu’elles produisent. La rapporteuse s’étant informée sur la question de
la «passeportisation», elle croit comprendre que, malgré les craintes
de nombreux Géorgiens de souche qui ont peur d’être exclus des services
publics, et notamment des soins de santé, s’ils ne prennent pas
un «passeport» abkhaze, les habitants de la région de Gali ne subissent
pas de forte pression dans ce sens. De fait, parmi ceux qui en ont
fait la demande, très peu l’ont reçu.
16. La rapporteuse, lors d’une visite dans la région de Gali au
cours d’une patrouille de la MONUG, a été frappée par la quantité
de maisons désertées, détruites ou endommagées à la suite du conflit.
Après enquête dans l’un des villages, elle a constaté qu’une fois
encore les personnes quittaient peu à peu la région, comme en témoignait
la baisse impressionnante de la fréquentation scolaire. Toutefois,
le tableau n’est pas entièrement noir et la rapporteuse a eu le
plaisir de voir à l’action un certain nombre de projets d’aide,
comme le projet d’abris mené par le Conseil norvégien pour les réfugiés
(NRC) pour contribuer à la réparation des toits des maisons endommagées,
ainsi qu’un autre projet pour fournir de l’eau courante dans les
habitations de plusieurs villages.
17. Cependant, c’est avec inquiétude que la rapporteuse a appris
que, dans la partie inférieure de la région de Gali, écoles et enseignants
subissent une pression grandissante pour arrêter d’enseigner le
géorgien et d’utiliser des manuels scolaires géorgiens. Dans la
partie supérieure de cette région, il semble que cet enseignement
ait déjà cessé.
18. La rapporteuse a pu rencontrer des enseignants, des représentants
de la société civile, des militants des droits de l’homme et des
travailleurs de santé; tous ont confirmé les différents problèmes
exposés ci-dessus. Ils redoutent le départ de la communauté internationale
d’Abkhazie et plaident pour qu’il ne se produise pas.
19. La rapporteuse sait que les Géorgiens ethniques (Mingréliens)
de la région de Gali se trouvent effectivement en situation minoritaire
en Abkhazie. Ils ont besoin de bénéficier d’une protection des minorités et
de droits des minorités. La rapporteuse estime que les autorités de facto doivent prendre pleinement
en compte les droits internationaux des minorités, notamment ceux
stipulés par la Convention-cadre pour la protection des minorités
nationales.
20. Il est difficile de savoir exactement combien il reste de
Géorgiens dans la région de Gali; l’ONU estime qu’environ 45 000 personnes
ont fui mais sont rentrées chez elles et que la population totale
se situe entre 60 000 et 70 000. Cependant, les chiffres abkhazes
sont très supérieurs et les chiffres géorgiens très inférieurs.
Ce qui est clair, c’est que ce nombre est en baisse et que, si l’on
veut mettre un terme à cette situation, la communauté internationale
doit réellement se pencher sur le sort des personnes vivant dans
cette région. Comme mentionné plus haut, les personnes résidant
dans la région craignent de plus en plus le retrait progressif des
organisations internationales, gouvernementales et non gouvernementales,
en particulier de la MONUG, dont la présence en Abkhazie pourrait
être remise en cause. En effet, la mission opère actuellement sans
mandat, l’Accord de Moscou ayant été considéré nul et non avenu.
21. De l’avis de la rapporteuse, il est essentiel de lancer un
nouveau mandat en faveur de la présence des Nations Unies en Abkhazie
et, tout particulièrement, dans la région de Gali, où la simple
présence d’observateurs et de patrouilles de l’ONU apporte une certaine
sécurité fort appréciée des habitants.
22. La rapporteuse estime que le Conseil de l’Europe doit absolument
renforcer son engagement en Abkhazie et apporter aux Nations Unies
son soutien dans toute mission qu’elles pourraient entreprendre
à la suite de la MONUG. En outre, la rapporteuse considère qu’il
est urgent que le Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de
l’Europe renouvelle sa visite dans la région pour faire connaître
les problèmes auxquels les habitants sont encore confrontés et pour
mettre en place des moyens de répondre à leurs besoins en matière
de droits de l’homme.
7. La vallée de Kodori
23. Les troupes abkhazes ont attaqué la vallée de Kodori
le 9 août 2008 et se sont emparées de la zone après la fuite de
la population locale et des militaires géorgiens. Environ 5 100 Géorgiens
ethniques (Svanes) ont fui la zone occupée, tandis qu’une centaine
de personnes seraient restées.
24. Il n’est pas sûr que ceux qui ont fui la région aient la possibilité
et le droit de revenir après l’hiver. Pour les personnes restées
dans la région, l’hiver sera long et rude. La rapporteuse comprend
que le CICR et le HCR ont pu contacter ces personnes et leur apporter
de l’aide.
25. La rapporteuse estime que le retour des personnes qui ont
fui doit être une priorité pour le printemps et qu’il faut faire
pression sur les autorités abkhazes de
facto et sur les autorités russes pour que ce retour
se déroule dans la sécurité et la dignité.
8. La situation en
Ossétie du Sud
26. La rapporteuse n’a pas pu se rendre en Ossétie du
Sud malgré sa requête transmise par la délégation russe de l’Assemblée
parlementaire aux autorités sud-ossètes de
facto. Elle a été informée qu’il n’existait pas de points
de passage à la «frontière» de facto avec
la Géorgie et que, pour entrer en Ossétie du Sud, les délégations
étrangères devaient passer par la Russie. Ainsi la rapporteuse a-t-elle
été invitée à trouver une possibilité d’entrer en Ossétie du Sud
depuis le territoire de la Russie.
27. La rapporteuse ayant reçu cette information la veille de son
départ pour la Géorgie, il ne lui a pas été possible de modifier
son programme ainsi que le suggéraient les autorités sud-ossètes de facto.
28. En conséquence, la rapporteuse n’est pas en mesure de livrer
une description détaillée de la situation actuelle en Ossétie du
Sud, qu’il s’agisse de la situation humanitaire des quelques Géorgiens
demeurés en Ossétie du Sud ou de la situation de la population en
général et des réfugiés rentrés de la Russie à la fin du conflit.
29. Néanmoins, la rapporteuse a tout de même effectué un bref
séjour dans la région avec la commission ad hoc du Bureau de l’Assemblée
parlementaire, le 26 septembre 2008. Il lui est apparu clairement
que la situation en Ossétie du Sud demeure extrêmement compliquée
pour la population géorgienne restée là. Les habitants, coupés du
reste de la Géorgie, se sentent plus ou moins privés de l’aide humanitaire
et du contrôle international de la situation des droits de l’homme.
Beaucoup seraient poussés à prendre des passeports sud-ossètes.
Le Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe compte
parmi les rares acteurs dans ce domaine à avoir pu se rendre dans
la région; la rapporteuse tient à le féliciter pour son travail
et pour ses déclarations publiques sur la situation dans la région.
30. Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de
l’ONU (OCHA) a mené une mission interinstitutionnelle (OHCHR, PNUD,
HCR, UNICEF, PAM et OMS) en Ossétie du Sud, du 16 au 20 septembre 2008,
pour se faire une idée générale des besoins humanitaires. Le CICR,
seule organisation internationale présente sur le terrain, à Tskhinvali,
apporte une aide humanitaire depuis les premiers jours du conflit.
31. En Ossétie du Sud, l’ensemble de la population traverse une
période extrêmement éprouvante durant les mois d’hiver, avec pénurie
de produits alimentaires et non alimentaires, d’électricité et de
gaz. La situation est particulièrement difficile pour ceux dont
la maison est endommagée ou détruite. La rapporteuse, vivement préoccupée
par cette situation, encourage les autorités sud-ossètes de facto à autoriser l’aide humanitaire provenant
aussi de Géorgie, et les autorités géorgiennes à veiller à ce que
l’application de la récente loi sur les territoires occupés n’empêche
pas l’aide humanitaire d’atteindre les personnes dans le besoin
en Ossétie du Sud.
9. La situation dans
l’ancienne zone «tampon» avec l’Ossétie du Sud
32. La rapporteuse s’est rendue dans l’ancienne zone
«tampon» où elle s’est entretenue avec les organisations internationales
et non gouvernementales présentes dans la région, et avec un certain
nombre d’habitants. Elle a pu voir un grand nombre d’immeubles détruits,
notamment à l’approche de la «frontière» de facto à
proximité de Tskhinvali.
33. Le retrait des troupes russes, le déploiement de la Mission
de surveillance de l’Union européenne (MSUE), le suivi assuré par
l’OSCE et le déploiement de la police géorgienne dans l’ancienne
zone «tampon» ont contribué à améliorer la sécurité dans la région.
A proximité de la «frontière» de facto, la
situation reste cependant problématique, au point que beaucoup de
gens ne peuvent rentrer chez eux et que ceux qui sont rentrés ne
se sentent pas du tout en sécurité. Les tirs de snipers et les enlèvements persistent,
et les milices d’Ossétie du Sud qui écument la région intimident
les habitants et leur extorquent nourriture et boisson. Les habitants
se plaignent que la police géorgienne ne soit pas suffisamment nombreuse,
qu’elle ne patrouille pas la nuit et qu’elle limite sa présence
aux points de passage de la «frontière» de
facto.
34. La population locale continue d’avoir peur des munitions et
des mines non explosées, et se plaint des difficultés rencontrées
pour aller chercher du bois et se rendre dans les champs proches
de la «frontière» de facto.
Le bruit effrayant des hélicoptères russes qui survolent la région
engendre un sentiment d’insécurité. Pendant sa visite, la rapporteuse
a été informée de plusieurs incidents lors desquels des policiers
ou des fonctionnaires géorgiens ont été pris pour cibles par des snipers. On lui a également signalé
la présence de pièges – par exemple, deux personnes ont été tuées
et trois autres blessées alors que la police géorgienne décrochait
un drapeau sud-ossète qui avait été ainsi piégé.
35. La rapporteuse est extrêmement préoccupée par la persistance
de l’insécurité dans les zones les plus proches de la «frontière» de facto. A l’évidence, il importe
que la MSUE et les observateurs de l’OSCE assurent une surveillance
de part et d’autre de cette «frontière» (voir point XI). Il faut
que les autorités d’Ossétie du Sud prennent des mesures contre les
milices qui opèrent depuis l’Ossétie du Sud et que la police géorgienne assure
une présence plus intensive, en particulier la nuit, et ce non seulement
aux points de passage de la «frontière» de
facto mais aussi dans tous les villages des zones les
plus sensibles.
36. Pendant sa visite, la rapporteuse a constaté que la situation
à la «frontière» de facto présentait
un risque réel, à savoir qu’elle pourrait très facilement tourner
à l’affrontement. Aux points de passage, en effet, il est fréquent
de voir des policiers géorgiens armés et des forces sud-ossètes
se faire face à peu de distance. Il faut manifestement trouver une
autre solution, comme une zone démilitarisée ou une force internationale
de maintien de la paix sur la «frontière» de
facto.
10. La situation dans
la région d’Akhalgori et à Perevi
37. Ce sont là deux régions qui ont été occupées par
les forces russes et sud-ossètes en dehors de la «frontière» de facto sud-ossète d’avant le conflit.
Malgré la pression internationale, les forces russes et sud-ossètes
ont refusé de se retirer de leurs positions. Environ 5 100 personnes
ont déjà fui la région d’Akhalgori et l’on craint que d’autres les
imitent en raison du manque de sécurité, mais aussi des dures conditions hivernales
et de la pénurie de nourriture, de gaz, de chauffage et d’aide financière.
11. Le rôle de la Mission
de surveillance de l’Union européenne (MSUE)
38. Le rapide déploiement de la Mission de surveillance
de l’Union européenne (MSUE), le 1er octobre 2008,
a permis l’évacuation par les forces russes de la quasi-totalité
de l’ancienne zone «tampon». Ainsi de nombreuses personnes déplacées
ont-elles pu réintégrer leurs foyers avant le début de l’hiver.
39. La mission compte plus de 200 observateurs opérant sur le
terrain. Ces observateurs non armés ont un mandat de surveillance
plutôt que de protection. Pour l’heure, la mission couvre le côté
géorgien de la «frontière» de facto avec
l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie; elle n’est pas autorisée à accéder
aux autres côtés.
40. La rapporteuse se réjouit du prompt déploiement de la mission,
mais aussi d’apprendre que ses observateurs ont reçu et continuent
de recevoir de la part du Conseil de l’Europe une formation aux
droits de l’homme. Outre que sa seule présence dans l’ancienne zone
«tampon» rassure beaucoup les habitants de la région, la mission
contribue à la stabilité des points de la «frontière» de facto où des forces armées sud-ossètes
irrégulières et la police géorgienne se font face, parfois distants
d’à peine plus de 50 mètres.
41. La rapporteuse regrette vivement que les observateurs ne puissent
pas franchir la «frontière» de facto pour
se rendre en Ossétie du Sud. Elle déplore aussi que les observateurs
n’aient qu’un mandat de surveillance et non de protection. Elle
juge indispensable que les observateurs puissent entrer en Ossétie
du Sud et en Abkhazie, et que, d’autre part, ils reçoivent mandat
de protection ou qu’il soit envisagé de transformer leur présent
mandat en mandat de maintien de la paix des deux côtés de la «frontière» de facto. Si cela ne peut se faire,
il serait souhaitable de confier ce mandat à un autre organisme,
aux Nations Unies, par exemple.
42. Bien que comprenant la rapidité avec laquelle la MSUE a dû
se mettre en place, la rapporteuse a relevé au fil de ses rencontres
avec la MSUE et autres personnes en Géorgie un certain nombre de
points à régler dans le fonctionnement de la mission. Par exemple,
soit les observateurs sont russophones, soit ils disposent d’interprètes
russes, ce qui serait important s’ils opéraient du côté sud-ossète
de la «frontière» de facto.
Hors, à l’heure actuelle, ce sont de locuteurs et d’interprètes
géorgiens dont les observateurs ont besoin. La mission souffre aussi
d’un manque de mémoire institutionnelle quant aux missions de surveillance
antérieures de l’Union européenne. Ainsi les véhicules proviennent-ils
d’une multitude de pays, d’où des problèmes en cas de panne ou de
besoin de pièces détachées; les patrouilles sont souvent basées
trop loin les unes des autres, ce qui interdit pratiquement l’accès
à certaines zones durant leurs heures de ronde. D’aucuns se plaignent
que les observateurs ne sortent jamais de leur véhicule – la rapporteuse
a d’ailleurs cru comprendre qu’ils avaient pour instruction de rester
sur les routes. La rapporteuse a noté un certain mécontentement
chez plusieurs organisations, qui se plaignent de ne pas recevoir
de rapports de la MSUE. La rapporteuse partage ce mécontentement
car elle non plus ne reçoit pas ces rapports. Elle estime que la
MSUE doit fournir au moins quelques-uns de ses rapports à tous les
acteurs concernés dans la région ou, à supposer que certaines informations
soient considérées comme «sensible», transmettre des rapports alternatifs.
43. La rapporteuse se réjouit du fait que les observateurs effectuent
à présent des patrouilles de nuit en plus de celles de jour et,
en s’entretenant avec un certain nombre d’observateurs, elle a été
impressionnée par le niveau de leur engagement individuel. La rapporteuse
encourage l’Union européenne à apporter son total soutien à l’opération
de surveillance et les autorités concernées à faciliter le travail
de la MSUE dans l’exercice de son mandat, voire, au besoin, à réviser
ce mandat.
12. Le rôle de surveillance
de l’OSCE
44. L’OSCE mène un travail de surveillance très utile
dans l’ancienne zone «tampon» avec l’Ossétie du Sud. Les informations
fournies par ses rapports permettent de se faire une idée précise
sur les problèmes de sécurité dans cette zone; ce qui est d’autant
plus précieux que les rapports de la Mission de surveillance de l’Union
européenne (MSUE) ne sont généralement pas disponibles.
45. La rapporteuse estime qu’il est important que, d’une part,
les observateurs de l’OSCE puissent se rendre en Ossétie du Sud
pour exercer leur surveillance et que, d’autre part, leur contingent
soit augmenté.
13. Les personnes déplacées
internes et l’aide humanitaire dans les zones sous contrôle de la
Géorgie
46. Le Gouvernement géorgien a montré sa ferme détermination
à s’attaquer aux questions humanitaires dont souffre sa population,
tirant des enseignements des erreurs commises à la suite des précédents
conflits touchant l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud.
47. Le gouvernement s’est empressé d’apporter des solutions durables
aux personnes déplacées qui ont peu ou pas d’espoir proche de retour.
La construction de plus de 6 000 petites maisons familiales est
une bonne nouvelle. Ces maisons d’une superficie de 65 mètres carrés
disposent d’un jardin d’environ 400 mètres carrés et, pour certaines,
d’une salle de bains intérieure. Elles sont équipées d’un minimum
de mobilier et de vaisselle, et chacun des nouveaux résidents a
reçu une allocation de 200 laris.
48. Au cours de son séjour en Géorgie, la rapporteuse a visité
certaines de ces maisons, apparemment de bonne construction même
si l’on peut émettre quelques critiques, par exemple le manque de
salles de bains dans certains logements et le choix de l‘emplacement
des maisons loin des équipements de base et dans des zones pauvres
en perspectives économiques. Le manque de clarté quant aux critères
d’attribution de ces logements pose aussi un problème. En outre,
le fait que toutes les maisons soient de la même dimension donne
l’impression qu’une seule et unique taille fait l’affaire de tous;
ce qui, manifestement, n’est pas le cas, non seulement en termes
de taille des maisons et des familles, mais aussi en termes d’adaptation
à certaines catégories de population présentant des besoins spécifiques
(personnes âgées, par exemple).
49. Etant donné que, parmi les personnes logées dans ces nouvelles
maisons, bien peu ont de chances de retourner chez elles dans un
proche avenir, il est important que le gouvernement s’emploie dès
aujourd’hui à installer dans les environs plus ou moins immédiats
des équipements et une infrastructure (écoles, magasins, centres
de santé, etc.), à fournir des terres arables convenables aux personnes
de milieu agricole et à favoriser les possibilités d’emploi.
50. Mis à part la construction de nouvelles maisons, le gouvernement
œuvre à la mise en état de 137 centres collectifs pour les personnes
déplacées en prévision de l’hiver, opération menée avec l’aide de nombreux
acteurs internationaux. La rapporteuse a visité l’un de ces centres
à Tbilissi, qui accueillait aussi bien d’anciennes que de nouvelles
personnes déplacées. Dans cet ancien hôtel reconverti («Hotel Abkhazeti»),
les familles occupent des chambres simples, dont certaines avec
salle de bains. La cuisine se prépare sur les balcons et dans les
couloirs. Le centre collectif était extrêmement délabré et dangereux.
La rapporteuse a d’ailleurs appris que, dans ce bâtiment, plusieurs
personnes avaient trouvé la mort dans un incendie quelques années
auparavant et qu’un homme s’était tué en tombant de la cage d’escalier
non protégée. La rapporteuse estime qu’il est urgent d’accélérer
les travaux de rénovation des centres collectifs et de fournir des
hébergements plus convenables aux nombreuses personnes vivant dans
ces centres, que leur déplacement date du récent conflit ou du précédent.
51. Quant aux personnes restées ou retournées dans une maison
endommagée à la suite du récent conflit, la rapporteuse s’inquiète
de leurs conditions de vie. Certes, beaucoup a été fait afin de
préparer ces maisons pour l’hiver (aménagement d’au moins une pièce
chaude, remplacement des fenêtres cassées, mise à disposition de
bâches en plastique, matériaux de construction, etc.), mais une
grande partie du travail s’est effectuée tard dans l’année. Ce travail
doit se poursuivre en priorité tout au long des mois d’hiver.
52. Les autorités ont pris d’importantes mesures pour venir en
aide aux personnes les plus vulnérables, notamment celles souffrant
de problèmes psychologiques provoqués par le conflit. Les écoles
géorgiennes, y compris dans la zone «tampon», ont été rouvertes
et les élèves reçoivent des fournitures scolaires. Une aide médicale
de premier recours est fournie gratuitement mais doit encore être
prolongée durant l’hiver.
53. La rapporteuse se réjouit de la forte mobilisation internationale
en faveur des besoins humanitaires des personnes déplacées à l’intérieur
de la Géorgie. Une somme de 4,5 milliards de dollars a été promise
après l’appel d’urgence et l’évaluation conjointe des besoins lancés
simultanément à la suite de la guerre. Pour ce qui est de la mise
en œuvre, le gouvernement s’appuie sur un mécanisme de coordination
interinstitutionnel associant organisations internationales et organisations
non gouvernementales, structuré en regroupements (clusters). Dans ce cadre, une instance
chef de file travaille avec d’autres instances sur une question
donnée – services d’éducation, d’approvisionnement alimentaire,
de santé, juridiques, d’information et autres, moyens de subsistance,
déminage, articles non alimentaires, protection de l’enfance, hébergement,
aide pécuniaire aux familles d’accueil, rapatriés et autres, eau
et assainissement. Ainsi, le HCR est le chef de file pour les questions
de protection, tandis que l’OMS coordonne les questions sanitaires.
54. Malgré l’excellent travail réalisé à ce jour, la rapporteuse
estime que les autorités géorgiennes ont encore certaines actions
à mener en priorité.
55. Il est important d’améliorer les dispositions de l’aide humanitaire
de premier recours, y compris nourriture et bois de chauffage pour
les villages de l’ancienne zone «tampon» jouxtant l’Ossétie du Sud.
Il est également important de veiller à ce que les personnes qui
n’ont pas été déplacées à la suite du conflit mais qui, néanmoins,
ont été touchées par le conflit, reçoivent une aide adéquate. Par
ailleurs, l’ancienne zone «tampon» connaissant encore de graves
problèmes de sécurité, il est impératif que la police y multiplie
les patrouilles, en particulier pendant la nuit.
56. Parmi ses priorités, le Gouvernement de Géorgie doit adopter
une stratégie et un plan d’action révisés en faveur des nouvelles
et des anciennes personnes déplacées, ainsi que veiller à ce que
l’aide apportée à ces populations soit basée sur des critères simples,
rationnels, clairs et transparents de besoins et de vulnérabilité,
plutôt que de statut.
57. Parmi les plaintes entendues à maintes occasions, la rapporteuse
a relevé que les personnes déplacées n’étaient pas systématiquement
informées et consultées sur leur situation, leur avenir et leurs
droits. Elle estime qu’il est important d’améliorer les canaux d’information
et de communication, et que des initiatives telles que la création,
à Gori, d’un centre d’information pour les personnes déplacées se
multiplient ailleurs en Géorgie. Les personnes déplacées à l’intérieur
d’un pays doivent disposer de toutes informations utiles pour pouvoir
choisir librement et en toute connaissance de cause leur avenir
– intégration sur place, retour dans leur foyer ou réinstallation
temporaire ou définitive.
58. Durant son séjour, la rapporteuse a aussi entendu parler – bien
que peu de personnes soient disposées à les évoquer – de dangers
de traite des personnes nouvellement déplacées et de problèmes de
violence à l’égard des femmes, deux questions auxquelles les autorités
doivent absolument s’attaquer.
59. La rapporteuse a également entendu dire de plusieurs sources
– dont le défenseur public de Géorgie – que de nombreuses personnes
affectées par le conflit se trouvent dans l’incapacité de rembourser
leurs crédits bancaires. Le problème est particulièrement grave
pour celles qui ont perdu leur maison et n’ont plus de revenu. Des
solutions doivent être trouvées pour venir en aide aux personnes
dans cette situation.
60. La rapporteuse est également préoccupée par la nouvelle loi
sur les territoires occupés qui cherche à limiter les transactions
économiques et autres avec l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud. Elle
estime qu’il est important que l’application de cette loi n’aggrave
pas la situation humanitaire et la situation en matière de droits de
l’homme pour les personnes vivant de l’autre côté des «frontières» de facto, ni n’entrave l’accès de
l’aide humanitaire.
61. La rapporteuse encourage les autorités géorgiennes à solliciter
l’expertise de la Commission européenne pour la démocratie par le
droit (Commission de Venise) pour vérifier que la mise en œuvre
de cette législation n’enfreint pas les normes humanitaires ou les
normes relatives aux droits de l’homme.
14. Conclusions
62. La rapporteuse regrette que, à l’heure de la rédaction
du présent rapport, elle n’ait pas eu la possibilité de mener une
visite complète en Ossétie du Sud. Elle reste disposée à se rendre
en Ossétie du Sud pour compléter les informations de ce rapport
– ou pour élaborer un rapport distinct sur l’Ossétie du Sud – selon
le souhait de l’Assemblée.
63. Les conséquences humanitaires de la guerre entre la Géorgie
et la Russie sont loin d’être résolues et, sur le terrain, la position
change rapidement d’une saison à l’autre, voire d’une semaine à
l’autre. La rapporteuse demeure vivement préoccupée par la situation
concernant la sécurité des Géorgiens ethniques restés en Ossétie
du Sud, en Abkhazie et dans les zones occupées. D’autre part, elle
est pleinement consciente des épreuves que rencontrent toutes les
personnes affectées par le conflit, que ce soit à cause de la perte
d’êtres chers, de biens ou de sources de revenus, ou à cause des
conditions de vie extrêmement difficiles dans des centres collectifs,
des maisons détruites ou endommagées, où le manque de chauffage
et de nourriture risque de sévir durant les longs mois d’hiver.
64. La rapporteuse a néanmoins repris courage en constatant les
multiples efforts déployés pour relever les défis humanitaires découlant
du conflit, et elle estime que l’Assemblée parlementaire du Conseil
de l’Europe doit conserver cette grave question au rang des priorités
de son ordre du jour.
__________
Commission chargée du rapport: commission des migrations,
des réfugiés et de la population.
Renvoi en commission: décision du Bureau, Renvoi no 3495
du 24 novembre 2008.
Projets de recommandation et de résolution adoptés par la
commission, le 11 décembre 2008.
Membres de la commission: Mme Corien
W. A. Jonker (présidente),
M. Doug Henderson (1er vice-président), M.
Pedro Agramunt (2e vice-président),
M. Alessandro Rossi (3e vice-président),
Mme Tina Acketoft, M. Francis Agius, M. Ioannis Banias, Mme Donka
Banović, M. Márton Braun, M. André Bugnon, M. Mevlüt Çavuşoğlu, M. Sergej Chelemendik,
M. Vannino Chiti, M. Christopher Chope (remplaçant: M. Bill Etherington), M. Boriss Cilevičs,
Mme Minodora Cliveti, M. Telmo Correia,
Mme Claire Curtis-Thomas, M. Ivica
Dačić, M. Taulant Dedja, M. Nikolaos Dendias, M. Arcadio DíazTejera,
M. Mitko Dimitrov, M. Karl Donabauer,
M. Tuur Elzinga, M. Valeriy Fedorov, M. Oleksandr Feldman, Mme Doris
Fiala, M. Bernard Fournier, M. Paul Giacobbi, Mme Gunn
Karin Gjul, Mme Angelika Graf, M. John
Greenway (remplaçant: M. Humfrey Malins),
M. Tony Gregory, M. Andrzej Grzyb, M. Michael Hagberg, Mme Gultakin
Hajiyeva, M. Davit Harutyunyan (remplaçante: Mme Hermine Naghdalyan), M. Jürgen Herrmann,
M. Bernd Heynemann, M. Jean Huss, M. Ilie Ilaşcu, M. Tadeusz Iwiński, M. Mustafa Jemiliev, M. Tomáš Jirsa, M. Reijo
Kallio, M. Hakki Keskin, M. Guiorgui Kandelaki (remplaçant: M. David Darchiashvili), M. Egidijus Klumbys,
M. Ruslan Kondratov, M. Dimitrij Kovačič, M. Andros Kyprianou, M.
Geert Lambert, M. Younal
Loutfi (remplaçante: Mme Aneliya Atanasova), M. Andrija Mandić,
M. Jean-Pierre Masseret (remplaçant: M. Denis Jacquat), M. Slavko Matić, Mme Ana
Catarina Mendonça, M. Gebhard Negele, M. Hryhoriy Omelchenko, M. Morten Østergaard,
M. Alexey Ostrovsky, M. Grigore Petrenco, M. Cezar Florin Preda,
M. Milorad Pupovac, M. Frédéric Reiss, Mme Mailis Reps, M. Gonzalo Robles Orozco
(remplaçant: M. Gabino Puche),
M. Giacomo Santini, Mme Michaela Sburny,
M. Samad Seyidov, M. Steingrímur J. Sigfússon, Mme Miet
Smet, M. Giacomo Stucchi, M. Vilmos Szabó,
M. Tuğrul Türkeş, Mme Özlem
Türköne, M. Michał Wojtczak, M. Marco Zacchera, M. Yury Zelenskiy,
M. Andrej Zernovski, M. Jiří Zlatuška.
N.B. Les noms des membres ayant pris part à la réunion sont
indiqués en gras.
Secrétariat de la commission: M.
Lervik, M. Neville, Mme Odrats, M. Ekström