1. Introduction
1. Le Programme d’action de la
Conférence internationale sur la population et le développement
a été signé au Caire en 1994 par les dirigeants de 179 nations.
Un consensus a été atteint pour améliorer la qualité de vie et le
bien-être des individus et pour promouvoir le développement humain
par la reconnaissance des corrélations entre les politiques de population
et de développement qui visent à éradiquer la pauvreté, la croissance
économique durable, l’éducation, en particulier des filles, l’équité
et l’égalité entre les sexes, la réduction de la mortalité infantile,
enfantine et maternelle, l’accès universel aux services de santé
génésique, y compris de planification familiale et de santé sexuelle,
les modèles durables de consommation, de production et de sécurité
alimentaire, le développement des ressources humaines et la garantie
de l’intégralité des droits de l’homme, y compris du droit au développement
comme droit universel, inaliénable et faisant partie intégrante
des droits fondamentaux.
2. Dans le Programme d’action de la CIPD, les pays sont tombés
d’accord sur un ensemble d’objectifs démographiques et sociaux,
et sur des buts qualitatifs et quantitatifs à atteindre au cours
d’une période de vingt ans. Ce programme montre à quel point la
stabilisation rapide de la population mondiale peut contribuer au développement
durable.
2. Participation de l’Assemblée
parlementaire du Conseil de l’Europe à la Conférence internationale sur
la population et le développement (CIPD)
3. L’Assemblée parlementaire du
Conseil de l’Europe n’a cessé de suivre la mise en œuvre du Programme d’action
de la CIPD.
4. La rapporteuse renvoie aux Recommandations de l’Assemblée
1683 (2004) sur la santé et les droits sexuels et reproductifs en
Europe,
1784 (2007) sur le VIH/sida en Europe,
1515 (2001) sur les changements démographiques et le développement
durable,
1564 (2002) sur l’état de la population mondiale, à la
Résolution 1399 (2004), au
document
10923 sur les tendances démographiques en Europe et leur sensibilité
aux mesures politiques et au rapport sur les changements démographiques
pour la cohésion sociale (3 mai 2006).
5. En octobre 2004, l’Assemblée a accueilli la Seconde Conférence
parlementaire internationale sur la mise en œuvre du Programme d’action
de la CIPD (IPCI/CIPD), qui s’est tenue à Strasbourg.
6. Lors de cette conférence, 130 parlementaires et ministres
de plus de 90 pays ont approuvé un engagement, qui prévoit notamment:
- de s’efforcer de consacrer au
moins 10 % des budgets nationaux d’aide et de développement à des programmes
en faveur de la population et de la santé génésique;
- de mobiliser 150 millions USD supplémentaires par an pour
des soins de santé reproductive;
- de renforcer les services de maternité sans risques et
organiser des campagnes publiques de soutien aux femmes;
- de promouvoir la santé génésique des adolescents et appliquer
les lois sur l’âge du mariage;
- d’œuvrer pour éliminer la discrimination contre les filles;
- de remédier au manque de personnel médical qualifié dans
de nombreux pays.
3. Contexte de la Conférence
internationale sur la population et le développement (CIPD)
7. À la Conférence internationale
de 1994 sur la population et le développement qui s’est tenue au
Caire, 179 gouvernements ont adopté un plan d’action sur vingt ans.
Au Sommet mondial de 2005, les dirigeants ont décidé d’intégrer
l’accès universel à la médecine reproductive dans les stratégies
de réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement
(OMD) de mettre fin à la pauvreté, de réduire la mortalité maternelle,
de promouvoir l’égalité des sexes et de combattre le VIH/sida. En
octobre 2006, l’Assemblée générale des Nations Unies a approuvé
cet ajout, qui constitue un point cible de suivi pour mesurer les
progrès en vue de l’OMD 5: 5B – améliorer la santé maternelle.
8. Le Programme d’action de la CIPD plaide en faveur d’un accès
universel à la médecine reproductive et d’une nette réduction de
la mortalité maternelle d’ici à 2015. Selon ses termes, la population
se stabilisera naturellement, non par la coercition ou le contrôle,
si l’on répond aux besoins en matière de planification familiale
et de santé génésique, en plus de proposer d’autres services de
santé et d’éducation élémentaires. Le programme met l’accent sur
la place centrale de la santé génésique – qu’il définit comme «bien-être général,
tant physique que mental et social» – dans
tous les domaines liés aux systèmes et processus de reproduction.
9. Le programme énonce des engagements pour répondre à ces besoins
pour que tout individu puisse décider librement du nombre de ses
enfants et de l’espacement de leur naissance. Il reconnaît également
le rôle central des femmes et des jeunes dans le processus de développement.
10. La rapporteuse souligne que le Programme d’action de la CIPD
est solidement ancré sur l’affirmation des droits fondamentaux universels
et sur la nécessité de rendre autonomes les femmes, dont les droits
ont si souvent été niés, et d’y associer les hommes.
11. La rapporteuse constate non sans inquiétude que, dans beaucoup
de pays, les progrès réalisés dans le cadre des objectifs du Caire
sont mitigés, en perte de vitesse ou que la situation régresse.
- Chaque année, dans le monde
entier, 210 millions de femmes sont victimes de complications de
la grossesse qui représentent une menace pour leur vie; plus d’un
demi million meurent pour des raisons liées à la grossesse; trois
millions de nourrissons meurent au cours de la première semaine
de vie; au moins 120 millions de couples n’ont pas un accès suffisant
à la contraception; 80 millions de femmes ont des grossesses non
désirées ou imprévues et 340 millions de nouveaux cas de maladies sexuellement
transmissibles apparaissent (à l’exclusion du VIH et d’autres infections
virales incurables) .
- La rapporteuse note avec satisfaction les faibles taux
de mortalité maternelle dans les États membres du Conseil de l’Europe
globalement, mais constate cependant avec inquiétude les taux souvent
élevés de grossesses non désirées, et d’avortements qui y font suite,
ainsi que de grossesses précoces dans plusieurs pays.
- La rapporteuse note les faibles taux de fécondité dans
un grand nombre d’États membres, que chaque pays devra relever grâce
à des politiques améliorées de congé maternité, de garde d’enfants
et de flexibilité des horaires de travail.
- La rapporteuse se préoccupe toujours de l’absence d’une
éducation sexuelle et relationnelle qui couvre tous les aspects,
en milieu scolaire, et d’accès à la planification familiale. De
plus, l’Assemblée s’inquiète de la prévalence croissante de MST,
y compris du HIV/sida .
4. Priorités de la CIPD et
progrès des États membres du Conseil de l’Europe
12. Selon le programme d’action
de la CIPD: «La mise en œuvre des recommandations figurant dans
le programme d’action est un droit souverain que chaque pays exerce
de manière compatible avec ses lois nationales et ses priorités
en matière de développement, en respectant pleinement les diverses
religions, les valeurs éthiques et les origines culturelles de son
peuple, et en se conformant aux principes des droits de l’homme
universellement reconnus».
13. La rapporteuse note que les pays européens s’améliorent constamment
dans certains domaines des services de santé génésique. L’Europe
a l’un des taux de mortalité les plus faibles au monde. L’Europe
de l’ouest et du nord ayant un accès et une utilisation quasi universels
aux contraceptifs modernes
,
les pays en faisant partie sont les plus gros consommateurs de contraceptifs
modernes. Dans les pays de l’ex-Union soviétique, les efforts des
donateurs internationaux et des agences gouvernementales ont consolidé
l’accès aux informations et aux services de planning familial
.
L’Assemblée note toutefois avec inquiétude que malgré les efforts,
beaucoup d’individus et de couples européens, en particulier en
Europe centrale et orientale, n’ont accès ni à des services, ni
à des produits contraceptifs de qualité, et que nombre de femmes
ont toujours recours à l’avortement pour contrôler leur fécondité.
14. Les Etats membres doivent améliorer l’éducation et l’information
sur la santé reproductive ainsi que l’accès à toutes les méthodes
de planning familial pour réduire le nombre de grossesses non désirées, d’avortements
et de MST, y compris de contaminations par le VIH. Une approche
globale de la gamme complète des soins d’ordre reproductif, maternel
ou infantile assurerait aussi la prise en charge des accouchements
par des sages-femmes qualifiées, tout en prévoyant les soins obstétriques
d’urgence permettant de faire face aux complications, et les services
appropriés de suites de couches.
15. Beaucoup de pays européens ont élaboré et approuvé des stratégies
de santé sexuelle et génésique, des politiques et/ou des programmes
de santé sexuelle et génésique – mais beaucoup d’autres ne l’ont
pas fait – et certaines de ces initiatives auraient besoin d’une
mise à jour. Nombre d’États membres aujourd’hui donateurs pour le
développement des pays étrangers doivent concevoir des stratégies
et politiques internationales de santé et de droits reproductifs
et sexuels.
Défis
16. Des progrès ont certes été
réalisés dans plusieurs domaines de la santé et des droits sexuels
et reproductifs, mais ils demeurent mitigés et inacceptables. La
volonté politique est manifestement nécessaire pour engager une
action urgente et concertée afin d’éviter que des millions de personnes
ne puissent satisfaire leurs besoins élémentaires en la matière
en Europe et dans le monde.
17. La scolarisation a progressé dans le monde en développement.
L’inscription à l’école primaire est passée de 80 % en 1991 à 88 %
en 2005.
18. La mortalité infantile a baissé à l’échelle mondiale, cependant
plus d’un demi-million de femmes meurent chaque année de complications
de la grossesse et de l’accouchement qui auraient pu être évitées
et traitées. En Afrique subsaharienne, une femme sur seize est concernée,
contre une sur 3 800 dans le monde développé.
19. Dans le monde, le nombre de personnes qui meurent du sida
a augmenté de 2,9 millions en 2006, et les mesures de prévention
ne parviennent pas à suivre le rythme de l’épidémie. En 2005, plus
de 15 millions d’enfants ont perdu un de leurs parents, ou les deux,
à cause du sida.
20. Il importe d’intégrer l’accès universel aux services de santé
génésique, le nouvel objectif 5B des OMD dans les plans de développement
nationaux, avec l’aide d’un financement prévisible et approprié.
4.1. Mortalité et morbidité maternelles
et avortements à risque
21. La rapporteuse note avec inquiétude
que 99 % des décès en couches surviennent dans les pays en développement,
où vivent 85 % de la population. Plus de la moitié de ces décès
surviennent en Afrique subsaharienne et un tiers en Asie du Sud.
Le taux de mortalité maternelle dans les pays en développement est
de 450 pour 100 000 naissances contre 9 pour 100 000 dans les pays
développés. Dans 14 pays – Afghanistan, l’Angola, le Burundi, le
Cameroun, le Tchad, la République démocratique du Congo, la Guinée-Bissau,
le Liberia, le Malawi, le Niger, le Nigeria, le Rwanda, la Sierra
Leone et la Somalie – ce taux est supérieur à 1 000 pour 100 000
naissances de nourrissons vivants
.
22. La présence à la naissance d’un personnel qualifié et formé
pour surveiller et déceler les problèmes en amont et pour traiter
ou orienter vers des soins obstétriques d’urgence est essentielle
à la réduction de la mortalité et de la morbidité maternelles. Les
régions où ce type de personnel est le plus rare sont l’Asie du
Sud et l’Afrique subsaharienne, ce qui explique le nombre élevé
de décès maternels. Les principales causes de ces décès dans les
pays en développement sont l’hémorragie, l’accouchement avec obstruction
prolongée, les infections, la pré-éclampsie et les avortements à
risques. La malnutrition et l’anémie sont des facteurs indirects des
décès maternels. L’égalité entre les sexes et l’autonomisation des
femmes sont essentielles à l’amélioration de la santé maternelle.
23. On estime que la mortalité maternelle en Europe de l’Est est
deux fois plus élevée qu’en Europe de l’ouest. Les complications
d’avortements, en particulier pratiqués dans des conditions dangereuses,
font partie des principales causes de décès maternels. Ces chiffres
élevés s’expliquent par l’absence d’accès à l’information, à l’éducation
et aux services, et par des lois restrictives sur l’avortement.
En République de Moldova, 50 % des décès maternels étaient causés
par des avortements dangereux en 2003, contre 30 % entre 1990 et
2002. En Ukraine, 35 % des décès maternels étaient dus à des avortements
à risque en 1998, puis 23 % en 2002; aucun décès pour cette raison
n’a été signalé en 2003. En Europe, le nombre d’avortements à risques
varierait entre 500 000 et 800 000 chaque année
. La rapporteuse insiste sur le fait que,
selon le Programme d’action de la CIPD (paragraphe 8.25), «dans
les cas où il n’est pas interdit par la loi, l’avortement devrait
être pratiqué dans de bonnes conditions de sécurité». C’est aux
États membres qu’il revient de décider de la légalité de l’avortement.
4.2. Médecine reproductive et
accès aux moyens de contraception modernes
24. La fréquence mondiale de la
contraception est passée lentement de 55% en 1990 à 64% en 2005,
mais demeure faible en Afrique subsaharienne avec 21%. La prévention
des grossesses non prévues pourrait éviter un quart des décès en
couches. Selon les estimations, 137 millions de femmes ne bénéficient
pas de services de planning familial. De plus, 64 millions de femmes
utilisent des méthodes traditionnelles de contraception avec des
taux élevés d’échec.
25. La rapporteuse se préoccupe du fait que dans beaucoup de pays,
notamment d’Europe centrale et orientale, le coût important et la
piètre qualité des services limitent l’accès aux soins. La gratuité
ou la prise en charge, notamment des contraceptifs, et une meilleure
qualité de soins amélioreraient l’utilisation des contraceptifs,
donc les résultats en matière de santé. 15% des besoins en planification
familiale ne sont pas satisfaits en Arménie
, 18% en
Ukraine et 24% en Géorgie.
26. Quatre méthodes de contraception (stérilisation féminine,
contraception orale, procédés injectables et intra-utérins) représentent
75% de l’utilisation totale mondiale de contraceptifs chez les femmes
mariées
. La rapporteuse
note que puisque les besoins des femmes en matière de santé génésique
varient considérablement, l’accès à des méthodes variées de planning
familial peut contribuer à une utilisation satisfaisante et prolongée
des contraceptifs.
4.3. Effets de l’urbanisation
27. La rapporteuse met l’accent
sur les conséquences de la récente transition économique et de la
tendance à l’urbanisation dans plusieurs Etats membres du Conseil
de l’Europe, qui résultent en une baisse rapide des familles jeunes
dans les villes et en une nette hausse des familles monoparentales.
Les Etats membres doivent s’assurer qu’ils répondent aux besoins
en services de santé sexuelle et reproductive de qualité, qui augmentent
rapidement, ainsi qu’en services familiaux dans les zones métropolitaines
modernes.
4.4. Nécessité de l’éducation
sexuelle et relationnelle
28. La rapporteuse constate qu’un
groupe très important de jeunes est maintenant en âge de procréer.
Des mesures spéciales doivent donc être prises pour garantir aux
jeunes des services de santé et de droits sexuels et reproductifs
confidentiels qui leur soient adaptés.
29. Inquiets de la confidentialité des services, les jeunes n’ont
pas les connaissances ni les compétences nécessaires pour avoir
des rapports sexuels sans risques et sont susceptibles de se livrer
à un comportement sexuel à risques.
30. Il a été prouvé au niveau international que l’éducation sexuelle
et relationnelle en milieu scolaire permet de réduire le risque
élevé de comportement sexuel dangereux et a des effets positifs
sur les connaissances et sur la sensibilisation aux risques, aux
valeurs et aux comportements
. La rapporteuse s’inquiète
que dans beaucoup d’États membres du Conseil de l’Europe, l’inclusion
de l’éducation sexuelle et relationnelle dans les programmes scolaires
n’ait pas été reconnue comme priorité nationale, alors qu’elle devrait
être une composante importante d’initiatives plus vastes visant
à améliorer la santé et le bien-être des jeunes.
4.5. Aspect démographique, y
compris les migrations
31. Le rythme de croissance de
la population mondiale s’est sensiblement accéléré au cours du siècle dernier.
Tandis que le rythme ralentit en ce début de siècle, une nouvelle
augmentation de 50 % de la population mondiale est prévue d’ici
à 2050.
32. Le dynamisme de la population, les grossesses non désirées
et la volonté forte de fécondité sont les moteurs de la croissance
démographique. Ils varient considérablement selon les régions du
monde.
33. Pour nombre d’experts, la croissance de la population mondiale
menace sérieusement la santé humaine, le développement socioéconomique
et l’environnement.
34. A situation égale, il est plus difficile pour les familles
et pour les sociétés de surmonter la pauvreté lorsque les taux de
fécondité et la croissance de la population sont élevés.
35. Le seul fait de répondre aux besoins non satisfaits en services
contraceptifs dans les seuls pays en développement éviterait 52
millions de grossesses non désirées chaque année qui, à leur tour,
permettraient de sauver la vie de plus de 1,5 million d’enfants,
et d’empêcher plus de 500 000 enfants de perdre leur mère.
36. Les services de santé sexuelle et reproductive contribuent
à la croissance et à l’équité économique car ils maintiennent les
jeunes en bonne santé et préservent leur aptitude au travail, permettent
aux parents d’avoir des familles moins nombreuses, donc de consacrer
plus de temps et de ressources financières à chaque enfant, et réduisent
les dépenses publiques pour l’éducation, les soins de santé et autres
services sociaux.
37. Les progrès réalisés grâce à la transition démographique aident
aussi à réduire le risque de conflits civils et contribuent ainsi
à un monde plus pacifique et plus sûr.
38. Le manque d’accès à l’information et aux services de santé
sexuelle et reproductive et la croissance de la population qui en
découle, en particulier dans les pays les plus pauvres, continuent
de faire obstacle au développement et à la réalisation des Objectifs
du Millénaire pour le développement (OMD).
39. La rapporteuse constate le niveau très faible du taux de natalité
dans toute l’Europe. La plupart des pays ont un taux de fécondité
total (TFT) inférieur à 1,5 enfant par femme, le taux étant inférieur
à 1,3 dans un certain nombre d’entre eux
. Des recherches
récentes tendent à montrer que l’époque de la fécondité très basse semble
avoir pris fin mais il est nécessaire d’assurer un suivi de la situation
pour déterminer leur validité et l’évolution future.
40. La rapporteuse exhorte les États membres à formuler des politiques
nationales qui prévoient des prestations familiales, comme le versement
d’indemnités pendant le congé maternité, le congé parental et des services
de puériculture universels et de très bonne qualité.
41. 10-12 % des Européens sont stériles, en partie à cause de
MST non dépistées et de l’augmentation du nombre de femmes qui repoussent
l’âge de la maternité. La baisse de la fertilité et le risque de
fausse couche s’accroissent également avec l’âge. La rapporteuse
se félicite du traitement contre la stérilité proposé dans beaucoup
de pays européens. Dans les pays nordiques, 6 à 7 %
des enfants naissent
grâce à ce type de traitement. Les États membres sont vivement invités
à investir dans la recherche contre la stérilité et à assurer l’égalité
d’accès au traitement.
42. Les flux migratoires nationaux et internationaux sont en augmentation
ce qui complique la tâche des planificateurs de soins de santé.
43. La rapporteuse s’inquiète que jusqu’ici les autorités sanitaires
nationales et locales des Etats membres du Conseil de l’Europe aient
accordé peu d’attention à la santé des migrants. Parmi les lacunes,
citons un manque d’information sur les services de planification
familiale et de santé reproductive disponibles dans les pays d’accueil,
en plus du blocage culturel à l’égard du planning familial. Chez
les femmes immigrantes, la grossesse et la maladie sont souvent
découvertes tardivement
. Aux Pays-Bas, les taux
élevés d’avortement concernent les personnes d’origine non néerlandaise.
En Allemagne, les jeunes issus de familles de migrants reçoivent
peu d’éducation sexuelle et relationnelle chez eux
.
4.6. VIH/sida et MST
44. 4,3 millions de personnes ont
été contaminées par le VIH en 2006 dans le monde; l’Asie orientale
et la Communauté des États indépendants ont les taux de contamination
les plus rapides. En Asie du Sud et du Sud-Est, les personnes sont
le plus souvent contaminées lors de rapports sexuels non protégés
avec des prostituées. Dans les pays de la CEI (anciennes républiques
soviétiques), l’utilisation d’instruments non stériles pour l’injection
de drogue demeure le principal mode de transmission du VIH. Selon
une estimation, en décembre 2006, 2 millions de personnes recevaient
une thérapie antirétrovirale dans les pays en développement, ce
qui représente 28 % des 7,1 millions de personnes qui en auraient
besoin. Bien que la grande majorité des porteurs du VIH (63%) se
trouve en Afrique subsaharienne, seule une personne sur quatre reçoit
un traitement antirétroviral sur les 4,8 millions de personnes qui
pourraient en bénéficier.
45. La rapporteuse s’inquiète de la nette hausse de la prévalence
de MST, y compris du VIH, dans certains Etats membres. Cette prévalence
est particulièrement inquiétante dans plusieurs pays d’Europe de
l’Est et de la Communauté des Etats indépendants. La plupart (90 %)
des nouveaux cas de VIH ont été signalés dans deux pays: la Fédération
de Russie et l’Ukraine. Alors que la prévalence signalée de la syphilis
est inférieure à deux pour 100 000 et de la gonorrhée à vingt pour
100 000 en Europe de l’ouest, des niveaux épidémiques ont été atteints
en Europe de l’est
.
4.7. Cancer du système reproductif
46. Le cancer du système reproductif
est préoccupant et souvent négligé dans la planification des soins
de santé. La prévention de ce type de cancer, par le biais de programmes
de dépistage universel, doit être une priorité.
47. La rapporteuse s’inquiète particulièrement de l’augmentation
de la prévalence de ces cancers dans de nombreux pays européens.
- La prévalence du cancer du sein,
qui touche une femme sur seize, est en augmentation dans nombre de
pays européens.
- Environ 50 000 Européennes ont un cancer du col de l’utérus
et près de 25 000 en meurent chaque année.
48. Il est prouvé que lorsque les traitements et services sont
disponibles, un système de dépistage et de cytologie bien organisé
peut réduire la mortalité et la morbidité. Le nouveau vaccin HPV
est aussi très important pour faire diminuer le nombre de cancers
du col utérin.
Responsabilité internationale
de l’Europe – Politique et financement pour veiller à la mise en
œuvre pleine et entière du Programme d’action de la CIPD
4.8. Egalité et équité entre
les sexes et éducation
49. Le pourcentage net d’inscriptions
à l’école primaire dans les pays en développement a atteint 88 %
pour l’année scolaire 2004/2005, par rapport à 80 en 1990/1991.
Même si l’Afrique subsaharienne a réalisé d’importants progrès ces
dernières années, elle est toujours à la traîne: 30 % des enfants
en âge d’aller à l’école primaire ne sont pas scolarisés. Les filles
sont toujours exclues de l’éducation plus souvent que les garçons;
cette différence est particulièrement manifeste en Asie occidentale
et du sud.
4.9. Financement du Programme
d’action de la CIPD
50. Lors de la CIPD de 1994, 179
pays se sont engagés à réaliser l’objectif d’un accès universel
à la médecine reproductive d’ici 2015, sachant qu’il représente
un coût estimé à 20,5 milliards de dollars US. Lors du Sommet mondial
de 2005, les dirigeants de la planète ont pris l’engagement de chercher
à atteindre la cible 5B des Objectifs du millénaire pour le développement,
à savoir "Rendre universel l’accès à la médecine procréative d’ici
à 2015". Le financement de l’objectif précité a été révisé en 2009
par la Commission de la population et du développement de l’ONU.
Il serait nécessaire de consacrer 64,7 milliards de dollars en 2010 aux
programmes concernant la population, la santé et les droits en matière
de sexualité et de reproduction pour réduire la pauvreté, favoriser
le développement et faire reculer la mortalité maternelle. En 2013,
il serait nécessaire de débloquer 68,6 milliards de dollars et en
2015, 69,8 milliards. Un tiers de ces sommes devraient revêtir la
forme d’une aide internationale, tandis que les deux tiers restants
seraient des opérations internes financées par les pays en développement.
Le chiffre de 64,7 milliards de dollars pour 2010 a été ventilé
en catégories de travail, adoptées au Caire. Le coût total pour
2010 de la santé en matière de sexualité et de reproduction, qui
comprend le planning familial et la santé maternelle, est estimé
à 27,4 milliards de dollars; à 32,5 milliards de dollars en ce qui
concerne le VIH/Sida; et à 4,8 milliards de dollars pour ce qui
est de la recherche fondamentale, de la collecte de données et de
l’analyse des politiques
.
51. La rapporteuse souligne que l’Europe est le plus grand donateur
d’APD au monde. Les programmes d’aide des États européens représentent
près de 70 % de l’APD.
52. La rapporteuse se félicite que le soutien européen aux organisations
qui se consacrent à la santé et aux droits sexuels et reproductifs
ait connu une hausse de 1,75 milliard USD en 2006, c’est‑à‑dire
27 % de plus qu’en 2005. Parmi ces organisations, les premières
bénéficiaires sont le FNUAP, l’ONUSIDA, le GFATM, UNIFEM; l’IPM
a aussi profité de l’augmentation des dépenses multilatérales. Le
financement de l’IPPF, plus grande ONG de santé et de droits sexuels
et reproductifs, reste stable.
53. Le Royaume-Uni, les Pays-Bas, la Commission européenne, la
Suède, la Norvège et la France demeurent les plus grands donateurs
bilatéraux d’aide à la population, avec plus de 150 millions USD
en 2005.
54. Malgré ces efforts, la rapporteuse fait part de son inquiétude
au sujet des points suivants
:
- selon le rapport 2008 de l’OCDE,
l’aide publique au développement a baissé, pour la deuxième année consécutive,
à 15% pour les membres du Comité d’aide au développement (CAD) et
à 9% pour les membres du CAD de l’Union européenne en 2007 par rapport
à 2006;
- si l’aide à la population des Etats membres de l’OCDE
a considérablement augmenté de 1995 à 2005 et a été consacrée en
grande partie à la lutte contre le VIH/sida (72 % du total de 2005),
les fonds destinés à la planification familiale représentent le
deuxième plus petit pourcentage (7 % du total de 2004) et ont baissé
ces dernières années. Les fonds destinés à la santé génésique élémentaire
sont restés relativement stables (17 % du total de 2004), alors
que ceux affectés à la recherche sur la population sont descendus
à leur niveau le plus bas (4 % du total de 2004);
- nombre de donateurs européens affectent leurs fonds via
«l’appui budgétaire». Il y a lieu de s’inquiéter lorsque la santé
et les droits sexuels et reproductifs sont exclus des plans nationaux.
L’appui budgétaire garantit l’adéquation des fonds avec les plans
et priorités des pays en développement; pourtant la Cour des comptes
européenne a récemment révélé que ce mode de financement
compliquait le suivi des fonds. Il est souvent impossible d’évaluer
si des domaines précis dans un secteur donné – comme la santé génésique
et sexuelle dans le secteur de la santé – reçoivent une aide;
- le changement climatique, la crise de l’énergie, la crise
alimentaire et la crise financière / économique font courir un risque
élevé aux pays en développement, dans la mesure où leur croissance
économique dépend de l’augmentation des recettes d’exportation,
des investissements étrangers directs et du rapatriement de fonds
de l’étranger . Un recul de l’aide des donateurs
aurait en ce moment de graves répercussions sur l’offre à un prix
abordable de produits nécessaires à la santé reproductive. Les donateurs
devraient continuer d’assister les pays en renforçant leurs programmes
de soins de santé et préserver les flux d’aide conformément aux
objectifs convenus à l’échelle internationale (comme les OMD). Réduire
le financement en ce moment accroîtrait la pauvreté et aggraverait
le défi du changement climatique;
- la collecte de données nationales et internationales sur
la situation, l’évolution et l’impact de la santé et des droits
sexuels et reproductifs est importante pour le suivi et pour l’évaluation
de l’action menée dans le prolongement du programme.
55. Enfin, la rapporteuse recommande à l’Assemblée parlementaire
de contribuer, par le biais de la commission des questions sociales,
de la santé et de la famille, à la Conférence parlementaire internationale sur
la mise en œuvre du Programme d’action de la CIPD qui aura lieu
en octobre 2009, et d’aider à créer des groupes parlementaires pluripartites
sur la population et le développement au sein des parlements nationaux.
***
Commission chargée du rapport:
commission des questions sociales, de la santé et de la famille
Renvoi en commission: Doc.
11750, Renvoi n° 3509 du 26 janvier 2009
Projet de recommandation adopté
par la commission le 11 juin 2009
Membres de la commission: Mme Christine McCafferty (Présidente), M. Denis Jacquat (1er Vice-président), Mme Darinka
Stantcheva (2ème Vice-présidente), Mme Liliane Maury Pasquier (3ème
Vice-présidente), M. Frank Aaen, Mme María del Rosario Fátima Aburto Baselga, M. Francis Agius, M. Konstantinos Aivaliotis,
M. Farkhad Akhmedov, M. Vicenç Alay Ferrer, M. Milos Aligrudić,
Mme Magdalina Anikashvili, M. Sirpa Asko-Seljavaara, M. Jorodd Asphjell, M. Lokman Ayva, M. Mario Barbi, M. Andris
Berzinš, M. Roland Blum,
M. Olena Bondarenko, M. Monika Brüning (remplaçant: M. Hubert Deittert), M. Boženna Bukiewicz,
Mme Karmela Caparin, M. Igor Chernyshenko, M. Agustín Conde Bajén, M. Imre Czinege, M. Karl Donabauer, Mme Emilia Fernández Soriano, Mme Daniela
Filipiová, M. Ilja Filipović, M. André Flahaut, M. Paul Flynn (remplaçante:
Baronne Anita Gale), Mme Doris
Frommelt, M. Marco Gatti, M. Ljubo Germič, Mme Sophia Giannaka,
M. Marcel Glesener, M. Luc Goutry,
Mme Claude Greff, M. Michael Hancock, Mme Olha Herasym’yuk, M. Ali Huseynov, M. Fazail
Ibrahimli, Mme Evguenia Jivkova, Mme Marietta Karamanli, M. Włodzimierz Karpiński,
M. András Kelemen, M. Peter Kelly, Baronne Knight of Collingtree (remplaçant:
Mr Tim Boswell), M. Haluk Koç, M. Oleg Lebedev, M. Paul Lempens,
M. Andrija Mandić, M. Bernard Marquet,
M. Félix Müri, Mme Christine Muttonen, Mme Carina
Ohlsson, M. Peter Omtzigt, Mme Lajla Pernaska, M. Zoran Petreski,
Mme Marietta de Pourbaix-Lundin,
M. Cezar Florin Preda (remplaçant: Mr Josif Veniamin Blaga), Mme Vjerica Radeta, M. Walter
Riester, M. Nicolae Robu,
M. Ricardo Rodrigues, Mme Maria
de Belém Roseira, Mme Marlene Rupprecht,
M. Indrek Saar, M. Maurizio Saia, M. Fidias Sarikas, M. Ellert Schram,
Mme Anna Sobecka, Mme Michaela Šojdrová, Mme Arũné Stirblyté, M. Oreste
Tofani, M. Mihai Tudose,
M. Oleg Tulea, M. Alexander Ulrich, M. Mustafa Ünal, M. Milan Urbáni, M. Luca Volontè, M. Victor Yanukovych (M. Ivan Popescu), M. Valdimir Zkidkikh,
Mme Naira Zohrabyan
N.B.: Les noms des membres qui ont participé à la réunion
sont indiqués en gras.
Secrétariat de la commission: M. Mezei, Mme Lambrecht, Mme Arzilli