1. Introduction
1. Au cours des derniers mois, nous avons assisté à
une intense couverture médiatique de la montée du discours sécuritaire
à l’égard des Roms, à la suite de la décision du Gouvernement français
d’expulser certains citoyens bulgares et roumains et de démanteler
des campements roms illégaux. Des mesures similaires ont également
été adoptées dans d’autres Etats membres du Conseil de l’Europe.
La commission des questions politiques a été particulièrement frappée
par les termes très vigoureux et la rhétorique anti-Roms employés
par certains hommes politiques, qui associent les Roms à la criminalité
et au trafic. C’est pourquoi la commission a proposé un débat d’urgence
pour faire valoir ses préoccupations devant la montée récente, dans
certains Etats membres, d’un discours sécuritaire dirigé contre
les Roms.
2. L’objectif de ce rapport n’est pas de remanier l’excellent
travail effectué par M. Berényi dans son rapport sur la situation
des Roms en Europe et les activités pertinentes du Conseil de l’Europe,
discuté en juin 2010
. Mon
intention est de mettre l’accent sur la montée d’une rhétorique
sécuritaire dans des Etats membres, et j’ai cru comprendre que mes
collègues de la commission des questions juridiques et des droits
de l’homme et de la commission des migrations, des réfugiés et de
la population traiteront, quant à eux, de questions liées aux normes
des droits de l’homme applicables et à l’expulsion de citoyens bulgares
et roumains.
3. Pour que les choses soient claires dès le départ, j’insiste
sur le fait que la France n’est pas le seul pays où cette rhétorique
a été employée. Des responsables politiques de la République tchèque,
du Danemark, de Hongrie, d’Italie et de Suède, entre autres, ont
été mis en exergue pour leurs discours sécuritaires anti-Roms.
4. Les Roms ne sont pas non plus la seule minorité victime de
cette situation. Il y a quelque temps, l’Assemblée a fait état de
ses préoccupations devant la montée de l’extrémisme et de la rhétorique
nationaliste qui visaient diverses minorités, y compris les migrants,
dans toute l’Europe. Dans son rapport sur la lutte contre l’extrémisme:
réalisations, faiblesses et échecs, le rapporteur, M. Agramunt,
a noté une recrudescence de mouvements racistes sous des formes
telles que l’antisémitisme, l’antitsiganisme, la xénophobie et l’islamophobie
.
De même, dans son rapport sur la démocratie en Europe: crises et
perspectives, M. Gross remarque que «les mouvements populistes et
extrémistes, les politiques identitaires et celles relatives aux symboles
ainsi que les discours nationalistes se manifestent également depuis
quelque temps dans les pays d’Europe occidentale et se sont trouvés
renforcés depuis deux ans du fait de la crise»
.
M. Zingeris note pour sa part, dans son rapport sur les conséquences
politiques de la crise économique, que la crise a poussé les principaux
partis politiques à adopter quelque peu le langage radical et parfois
raciste des partis extrémistes
.
2. Développements récents dans les pays
membres du Conseil de l’Europe
2.1. France
2.1.1. Changement de politique ou de rhétorique?
5. Il peut être utile de résumer la situation de la
France, qui a soulevé les inquiétudes de la commission et suscité
des réactions aux niveaux de l’Union européenne et international.
Sur un effectif d’environ 400 000 personnes originaires des communautés
des Gens du voyage, tsigane ou rom, qui vivent en France, on estime que
10 à 12 000 sont des migrants. 70 à 80 % d’entre eux sont venus
de Roumanie, les autres étant arrivés de Bulgarie ou de pays de
l’ex-Yougoslavie
.
En tant que citoyens de l’Union européenne, les Roms de Bulgarie
et de Roumanie sont habilités à vivre et travailler en France. Cependant,
aux termes d’un accord spécial, la France peut les expulser s’ils
n’ont pas trouvé de travail après trois mois.
6. Les 17 et 18 juillet 2010, des manifestations violentes ont
opposé les forces de police aux Gens du voyage à Saint-Aignan, dans
la vallée du Cher, après le décès d’un jeune garçon de cette communauté, passager
d’une voiture, sous les balles de la police. En réponse à ces manifestations,
le Président français, Nicolas Sarkozy, a publié un communiqué le
29 juillet 2010, dans lequel il jugeait totalement inadmissible
la situation de non-droit qui caractérise les populations roms,
venues d’Europe de l’Est, sur le territoire français. Il a annoncé
que le gouvernement allait démanteler 200 campements roms illégaux,
qu’il a qualifiés de «sources de trafics illicites, de conditions
de vie profondément indignes, d’exploitation des enfants à des fins de
mendicité, de prostitution ou de délinquance». De plus, les migrants
en situation irrégulière seront rapatriés dans leurs pays d’origine.
Le lendemain, le Président français a prononcé un discours à Grenoble
au cours duquel il a condamné la criminalité, les gangs et le trafic,
et réaffirmé la décision du Gouvernement français de rapatrier tous
les migrants clandestins et d’étudier la possibilité de retirer
la nationalité française aux migrants coupables de certains crimes.
Il a réitéré son engagement d’évacuer la moitié des 539 campements
roms illégaux dans les trois mois.
7. Le 30 août, le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, a
annoncé, à l’occasion d’une conférence de presse, que les actes
de délinquance perpétrés par des Roumains à Paris ont augmenté de
259 % en dix-huit mois. Il a par ailleurs déclaré: «Aujourd’hui,
à Paris, la réalité est que près d’un auteur de vol sur cinq est
un Roumain. Il ne s’agit en aucun cas de stigmatiser telle ou telle
population... mais il ne s’agit pas non plus de fermer les yeux
sur une réalité.»
8. Depuis le discours du Président français, plus de 355 campements
de Gens du voyage ont été évacués, dont 199 étaient occupés par
des Roms de Bulgarie et de Roumanie
.
Entre le 28 juillet et le 27 août 2010, 98 Bulgares et 881 Roumains
ont été renvoyés dans leur pays d’origine
.
Le Gouvernement français a cherché à faciliter leur réinsertion
en allouant 300 euros à chaque rapatrié adulte et 100 euros à chaque
enfant. Il n’empêche que leur réinsertion dans la société bulgare
et roumaine sera difficile. Beaucoup de Roms ont quitté leur pays
d’origine à la recherche d’une vie meilleure et dans l’espoir d’échapper
à la discrimination et à la pauvreté. Une fois rapatriés, rien n’empêchera
les Roms de revenir en France et de séjourner à nouveau trois mois
dans le pays.
9. Le 31 août 2010, une circulaire du ministère de l’Intérieur
destinée aux préfets de région a filtré dans la presse. Cette circulaire
ordonnait aux préfets de région de prendre des mesures: «300 campements
ou implantations illicites devront avoir été évacués d’ici à trois
mois, en priorité ceux des Roms». Cette circulaire datée du 5 août
2010 porte la signature de Michel Bart, directeur du cabinet du
ministre de l’Intérieur. Le gouvernement a déclaré qu’elle n’était
pas connue des autorités ministérielles. Elle a été immédiatement annulée
et remplacée par une nouvelle circulaire publiée le 13 septembre
2010.
10. Le Gouvernement français affirme qu’une grande majorité de
ceux qui sont retournés en Bulgarie et en Roumanie l’a fait volontairement,
en sollicitant une aide financière au retour délivrée par l’Office
français de l’immigration et de l’intégration. Il déclare que son
souhait est de travailler avec les gouvernements d’Etats tels que
la Bulgarie et la Roumanie et avec la Commission européenne afin
de garantir l’intégration sociale des Roms dans les pays dont ils
sont citoyens à part entière, seul moyen d’améliorer effectivement
leurs conditions de vie
.
11. Le gouvernement insiste par ailleurs sur la conformité de
son action avec les règles de l’Union européenne établies dans la
Directive relative à la libre circulation des ressortissants de
l’Union. Les Etats sont autorisés à restreindre la liberté de circulation
pour des motifs d’ordre public, de sécurité publique ou de santé publique.
Ils sont également habilités à restreindre la liberté de circulation
si les individus ne possèdent pas de ressources suffisantes, pour
éviter de faire peser un fardeau excessif sur le système de protection
sociale du pays d’accueil. Si quelqu’un est expulsé pour avoir commis
une infraction, la mesure prise doit être proportionnée à l’infraction
commise. Il n’est pas dans mes intentions de vérifier la compatibilité
des actions engagées par le Gouvernement français avec le droit
européen, c’est aux institutions de l’Union européenne qu’il appartient
de le faire. Cela étant, il semblerait que toutes les personnes
que le Gouvernement français souhaite rapatrier n’ont pas été jugées
coupables d’avoir commis une infraction. En fait, le 30 août 2010,
un tribunal administratif de Lille a annulé les ordonnances d’expulsion
prononcées à l’encontre de sept Roms, au motif que les autorités
n’ont pas été en mesure de prouver que ces personnes représentaient
une menace pour l’ordre public du seul fait qu’elles vivaient dans
des campements roms illégaux.
12. En fait, la décision d’évacuer les campements et de renvoyer
les Roms dans leurs pays d’origine ne change pas fondamentalement
des pratiques mises en œuvre ces dernières années. Depuis 2003,
année où 2 000 Roms ont été expulsés, la France a évacué des campements
de Roms et procédé à des expulsions de plus en plus nombreuses.
Après l’adhésion de la Bulgarie et de la Roumanie à l’Union européenne
en 2007, le nombre des expulsions a augmenté significativement.
Au cours de la seule année dernière, 10 777 Roumains et 863 Bulgares,
dont la plupart étaient des Roms, ont été expulsés. Pour l’année
en cours, ils étaient plus de 7 349 à avoir déjà été renvoyés avant
même l’annonce présidentielle de juillet
.
En dépit de ces politiques, le nombre de Roms d’Europe de l’Est
en France est resté stable, aux alentours de 10 à 12 000, et on
estime que les deux tiers de ceux qui ont quitté le pays l’année
dernière y sont revenus.
13. S’il apparaît que la politique gouvernementale n’a pas fondamentalement
changé, la véritable évolution semble résider dans la rhétorique
employée non seulement par le Président de la République, mais aussi
par divers membres du gouvernement. Autre modification notable également:
la rapidité avec laquelle les camps ont été fermés après l’annonce
du Gouvernement français, fin juillet 2010.
2.1.2. Réactions nationales et internationales
14. Divers responsables et organes politiques ont exprimé
leurs vives inquiétudes face aux politiques et discours publics
faisant un amalgame entre Roms et criminalité. En France, des hommes
politiques tant du parti au pouvoir, l’UMP, que des partis d’opposition
ont critiqué la réaction du Gouvernement français. Deux anciens
Premiers ministres, Dominique de Villepin et Jean-Pierre Raffarin,
ont condamné la politique et la rhétorique utilisées
et Bernard Kouchner, ministre français
des Affaires étrangères, a déclaré sur une chaîne française de télévision
avoir même envisagé de démissionner
. Pour sa part, la société civile,
y compris les ONG et les institutions religieuses, a dénoncé la
fermeture des campements et l’expulsion des Roms.
15. Le Conseil de l’Europe a également réagi sur ce point. Le
Président de l’Assemblée, Mevlüt Çavuşoğlu, fut l’un des premiers
à s’exprimer le 20 août 2010, critiquant les pratiques employées
par les autorités françaises et indiquant qu’elles «ne sont assurément
pas de nature à améliorer la situation de cette minorité vulnérable.
Bien au contraire, elles risquent fort d’attiser les sentiments
racistes et xénophobes en Europe». Il a par ailleurs fait référence
à la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme qui
a condamné régulièrement des Etats où les Roms souffrent de maltraitance
ou de discrimination, rappelant également que le Protocole no 4
à la Convention européenne des droits de l’homme interdit les expulsions
collectives d’étrangers
.
16. Dans le même esprit, la Commission européenne contre le racisme
et l’intolérance (ECRI) s’est dite profondément préoccupée par le
traitement dont font actuellement l’objet les Roms et a déclaré:
«A supposer même que les normes pertinentes en matière de droits
de l’homme soient respectées, une politique fondée sur des expulsions
forcées et des mesures “incitant” à quitter la France ne peut fournir
une réponse durable.»
17. Le Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe,
Thomas Hammarberg, a publié un certain nombre de déclarations et
accordé plusieurs interviews aux médias depuis le mois d’août. Le 9 septembre
2010, il a fait la déclaration suivante:
«Les personnalités politiques devraient faire très attention
à ne pas employer de termes qui risquent d’alimenter les préjugés
à l’encontre des communautés roms.
Dans le cadre de la campagne actuellement menée par le
Gouvernement français contre la délinquance, des Roms originaires
d’autres pays de l’Union européenne ont été accusés de représenter une
“menace pour l’ordre public”. Les représentants du Gouvernement
français n’ont pas fait clairement la distinction entre les immigrés
roms dans leur ensemble et les quelques membres de ce groupe qui ont
effectivement commis des infractions.
Cela est d’autant plus grave que l’antitsiganisme gagne
du terrain dans de nombreux pays européens et que des partis extrémistes
tentent d’exploiter cette tendance. Leur propagande ressemble d’ailleurs beaucoup
à celle qui était faite dans les années 30 et 40 par les fascistes
et les nazis. Il faut se garder de toute déclaration et de tout
acte à caractère politique qui pourraient promouvoir ces idées.
Les déclarations négatives de personnalités politiques
influentes peuvent avoir des conséquences qui ne doivent pas être
sous-estimées.»
18. Les hasards du calendrier font que le Comité des Nations Unies
pour l’élimination de la discrimination raciale (CERD) s’est réuni
le 27 août 2010 pour examiner l’application par la France de la
Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes
de discrimination raciale. Le comité s’est inquiété de ce que des
Roms ont été renvoyés de manière collective dans leurs pays d’origine,
sans que n’ait été obtenu le consentement libre, entier et éclairé
de tous les individus concernés. Il s’est dit alarmé par la tenue
de discours politiques de nature discriminatoire et par l’augmentation
récente des actes et manifestations à caractère raciste et xénophobe
dirigés contre les Roms en France après l’annonce présidentielle.
19. Le CERD a décidé de lancer une procédure d’alerte rapide à
l’égard de la France, avec pour objectif de mettre en garde l’ensemble
des institutions de l’Etat quant à ce problème et de leur rappeler
l’obligation qui leur incombe de veiller au caractère non discriminatoire
des mesures prises
.
20. Dans une résolution adoptée le 9 septembre 2010, le Parlement
européen s’est déclaré inquiet «de la rhétorique provocatrice et
ouvertement discriminatoire qui a marqué le discours politique au
cours des opérations de renvoi des Roms dans leur pays, ce qui donne
de la crédibilité à des propos racistes et aux agissements de groupes
d’extrême droite». Il poursuit en rappelant aux décideurs politiques
leurs responsabilités et «rejette toute position visant à établir
un lien entre les minorités et l’immigration, d’une part, et la
criminalité, d’autre part, et à créer des stéréotypes discriminatoires»
.
21. La commissaire européenne chargée de la justice, des droits
fondamentaux et de la citoyenneté, Viviane Reding, s’est elle aussi
clairement fait entendre à ce sujet. Elle a déploré «que la rhétorique
employée dans certains Etats membres […] ait été ouvertement discriminatoire
et en partie provocante»
.
Le 14 septembre 2010, dans une déclaration publique, elle explique
que «la discrimination basée sur l’origine ethnique ou la race,
n’a pas de place en Europe. Elle est incompatible avec les valeurs
sur lesquelles l’Union européenne est fondée. Les autorités nationales
qui discriminent des groupes ethniques lors de l’application du
droit de l’Union européenne violent aussi la Charte des droits fondamentaux
de l’Union européenne, que tous les Etats membres ont signée, y
compris la France»
.
22. Après la publication, à la suite d’une fuite, de la circulaire
du ministère de l’Intérieur qui demandait aux autorités françaises
d’évacuer en priorité les campements roms, Viviane Reding a annoncé
que la Commission européenne allait étudier l’ouverture d’une procédure
d’infraction contre la France pour d’éventuelles violations de la
Directive de 2004 sur le droit à la liberté de circulation et de
séjour dans l’Union, et de la Charte des droits fondamentaux de
l’Union européenne. Le 29 septembre 2010, la Commission a annoncé
l’ouverture d’une procédure d’infraction contre la France, considérant
que ce pays n’avait pas transposé la directive sur la libre circulation
en droit national de manière à rendre ces droits complètement efficaces
et transparents. Elle a décidé d’adresser une lettre de mise en
demeure à la France, demandant la transposition complète de la directive
dans la loi française ou une note expliquant comment elle entend
le faire avant le 15 octobre 2010
. Le
Gouvernement français a réagi en affirmant qu’il soumettrait toutes
les informations demandées.
23. Parallèlement, la Commission a renoncé à lancer une procédure
d’infraction pour violation de la Charte des droits fondamentaux
de l’Union européenne fondée sur la discrimination. La Commission
s’est déclarée satisfaite des assurances données par le Gouvernement
français sur le fait que les dispositions de la Charte n’avaient
pas été violées. Cependant, la Commission a demandé la fourniture
de documents complémentaires
.
24. De son côté, le Secrétaire Général du Conseil de l’Europe,
Thorbjørn Jagland, a convoqué une réunion ministérielle de haut
niveau le 20 octobre 2010 à Strasbourg, en vue de développer une
approche paneuropéenne des questions liées aux Roms. Elle réunira
les responsables politiques des 47 Etats membres ainsi que des représentants
des organisations internationales pertinentes. Le Secrétaire Général
a souligné que «cette réunion devrait être le point de départ des
efforts conjugués des institutions européennes et des Etats membres
pour s’occuper de la situation des Roms de manière constructive
et durable»
.
25. Le secrétaire d’Etat français aux Affaires européennes, Pierre
Lellouche, a été l’un des premiers à exprimer son soutien à l’initiative
du Secrétaire Général
, qui a reçu
un accueil favorable de l’ensemble des Etats membres. L’Union européenne
a également salué l’initiative et proposé son aide, et Viviane Reding
a été invitée à participer à la réunion de haut niveau. Il s’agit
là d’un exemple marquant de la manière dont le Conseil de l’Europe
peut travailler avec l’Union européenne sur des questions d’intérêt
commun et partager sa grande expérience et son expertise en matière
de droits de l’homme, de démocratie et de primauté du droit. Je
suis d’avis que nous devons tous, en tant que parlementaires, soutenir
l’initiative du Secrétaire Général, appeler nos gouvernements respectifs
à participer à cette réunion de haut niveau et garantir que les
suites appropriées seront données aux décisions prises.
2.2. Développements dans les autres Etats membres du
Conseil de l’Europe
26. La question de la montée du discours sécuritaire
à l’encontre des Roms a, à n’en pas douter, une dimension paneuropéenne.
On estime que la population rom compte entre 10 et 12 millions de
personnes dans toute l’Europe, ce qui en fait de loin la minorité
la plus importante. Avant les événements de cet été, l’Assemblée
avait déjà exprimé ses préoccupations devant la montée de l’antitsiganisme
au sein de ses Etats membres. Dans sa Résolution 1740 sur la situation
des Roms en Europe et les activités pertinentes du Conseil de l’Europe,
adoptée en juin 2010, l’Assemblée s’est dite choquée «par les graves
actes de violence commis récemment contre les Roms dans plusieurs
Etats membres du Conseil de l’Europe, qui reflètent l’aggravation d’une
tendance en Europe à un antitsiganisme de la pire espèce. Des groupes
extrémistes profitent de la crise financière pour capitaliser sur
les peurs engendrées par l’assimilation des Roms à des criminels,
en choisissant un bouc émissaire qui représente une cible facile,
les Roms étant l’un des groupes les plus vulnérables»
.
27. Dans son exposé des motifs, rédigé avant l’adoption de la
résolution, M. Berényi détaille la recrudescence des manifestations
anti-Roms et des actes de violence dont font l’objet les Roms dans
les Etats membres du Conseil de l’Europe
.
Ces incidents ne se sont pas produits isolément, ils sont liés à
la montée de la rhétorique anti-Roms employée par des personnalités
politiques qui ont publiquement associé les Roms à la criminalité
et répondu en mettant en œuvre des politiques visant ostensiblement
à protéger la sécurité des citoyens. Ce qui suit est une liste non
exhaustive d’exemples récents de rhétoriques anti-Roms dans les
Etats membres du Conseil de l’Europe.
2.2.1. République tchèque
28. Dans un rapport adopté en 2009, l’ECRI indiquait:
«Ces dernières années, des responsables politiques aux niveaux national
et local ont tenu des propos contre les Roms qui ont fait l’objet
d’une large publicité. Des slogans anti-Roms ont été utilisés dans
le cadre de campagnes électorales locales et des déclarations incendiaires
d’hommes politiques semblent avoir été récompensées.»
Il
convient de souligner que ce phénomène s’est accompagné d’un regain
d’activités des groupes d’extrême droite.
2.2.2. Danemark
29. Le 6 juillet 2010, 23 Roms roumains ont été arrêtés
dans un entrepôt de Copenhague. Leur arrestation faisait suite aux
propos qu’aurait tenus le maire de la ville, Frank Jensen, accusant
les Roms de commettre des cambriolages dans la ville et appelant
le gouvernement à prendre des mesures afin de débarrasser Copenhague
des «Roms délinquants». Le ministre de la Justice, Lars Barfoed,
aurait, dit-on, accusé les intéressés roms, les qualifiant de résidents
illégaux, et assuré que la police allait intervenir. Les 23 Roumains ont
été expulsés le lendemain même, sans qu’aucune enquête n’ait été
engagée ni aucune condamnation prononcée. Le Centre européen pour
les droits des Roms a porté l’affaire au nom de 10 d’entre eux devant
les tribunaux danois, demandant que l’ordonnance d’expulsion soit
rétroactivement annulée. L’objectif à long terme est d’amener la
Cour de justice de l’Union européenne à statuer sur la légalité
de ces expulsions de ressortissants roumains et bulgares. Aucune
enquête n’a apparemment été menée avant le prononcé de l’ordonnance
d’expulsion et seule l’une des personnes concernées n’aurait pas
de casier judiciaire vierge.
2.2.3. Hongrie
30. Dans un courrier adressé au Premier ministre de Hongrie
en octobre 2009, le Commissaire aux droits de l’homme du Conseil
de l’Europe s’est dit inquiet au plus haut point devant la montée
de l’extrémisme et des manifestations d’intolérance et de racisme
visant particulièrement des membres de la minorité rom, estimée représenter
7 % de la population du pays.
31. Le commissaire s’est dit particulièrement préoccupé des propos
hostiles aux Roms tenus par certaines personnalités publiques, mais
aussi par le fait que ces propos n’ont pas été fermement condamnés
et qu’aucune mesure effective n’a été prise pour éviter que de tels
incidents ne se reproduisent
.
Les meurtres de sang-froid de Roms, notamment d’un jeune garçon
de 5 ans, en Hongrie en 2009, sont une autre illustration de la
persistance du risque de violence anti-Roms.
2.2.4. Italie
32. En 2007, un Rom de Roumanie a été accusé du meurtre
d’une Italienne. Par la suite, les médias et certains responsables
politiques ont commencé à s’élever contre les Roms
, renforçant
ainsi les stéréotypes existants. Le 11 mai 2008, le quotidien national,
La Repubblica, a cité M. Roberto
Maroni, ministre de l’Intérieur italien, disant que «tous les campements
roms doivent être démantelés sur-le-champ et les habitants expulsés ou
incarcérés».
33. On estime que le lien établi par les personnalités politiques
entre criminalité et minorité rom a contribué à la montée de ressentiments
à l’égard de la population rom
. A la même époque, plusieurs
attaques de campements roms ont été perpétrées, et l’on a constaté
une recrudescence de manifestations anti-Roms, dont certaines très
violentes. Ces incidents ont fait l’objet d’autres rapports
. Un camp a été dévasté
après qu’une femme rom a été accusée d’avoir kidnappé un bébé. Le
ministre de l’Intérieur a été cité dans la presse avertissant que
«[…] c’est ce qui arrive quand des Tsiganes volent des bébés»
.
34. Plus tard le même mois, le Premier ministre italien déclarait
«l’état d’urgence à propos de campements nomades dans les régions
de la Campanie, du Latium et de la Lombardie»
.
La rhétorique contre l’insécurité «a conduit à des abus évidents
en Italie. Les autorités ont, entre autres, relevé les empreintes
digitales de Roms, photographié des enfants roms, expulsé brutalement
des Roms de leurs camps et laissé impunis de nombreux incendies
criminels des cabanes où ils habitaient»
.
35. A la suite de sa visite en Italie en juin 2008, le Commissaire
aux droits de l’homme s’est dit très préoccupé «par l’adoption ou
la rédaction par le gouvernement d’une législation drastique visant
à assurer la “sécurité publique” et imposant un contrôle plus strict
de l’immigration, y compris pour les citoyens de l’Union européenne,
ainsi que du séjour et de la circulation des populations roms et
sintis. Bien qu’une action plus énergique puisse être nécessaire,
l’adoption dans l’urgence de mesures sécuritaires du type actuellement appliqué
ou envisagé en Italie risque clairement d’établir un lien entre
l’insécurité et certains groupes de populations et de créer un amalgame
entre étrangers et délinquants. Ce risque doit être soigneusement
évité si l’on ne veut pas attiser davantage les tendances xénophobes»
.
36. Pour sa part, une délégation de l’OSCE s’est plainte de ce
que les mesures prises par le gouvernement, à commencer par l’instauration
de l’état d’urgence, ont été disproportionnées par rapport à l’ampleur
réelle de la menace posée à la sécurité par l’immigration de Roms
ou leurs campements. Elle a également fait part de son inquiétude
devant les déclarations faites, entre autres, par d’éminentes personnalités
politiques, estimant qu’elles renforcent encore le parti pris contre
les Roms dans la société au sens large et contribuent à stigmatiser
la communauté rom et sinti
. Elle a recommandé à l’Italie
de lutter contre les discours de haine et autres expressions de
xénophobie proférés à l’encontre des Roms aussi bien par des citoyens
ordinaires que par des responsables publics.
2.2.5. Roumanie
37. Le ministre des Affaires étrangères, Teodor Baconschi,
aurait dit: «Nous rencontrons certains problèmes physiologiques,
physiques ou de délinquance, au sein de certaines communautés roumaines,
et notamment parmi les communautés roms.»
2.2.6. Suède
38. La Suède a récemment renvoyé 50 Roms pour mendicité,
bien que ce motif ne constitue pas une infraction pénale au titre
de la législation suédoise
.
Le ministre suédois des Migrations, Tobias Billström, a défendu
l’action de son gouvernement en arguant que les règles de l’Union
européenne sur la liberté de circulation n’ont pas pour fonction
d’encourager la mendicité. En réponse, le Commissaire aux droits
de l’homme du Conseil de l’Europe qui est, rappelons-le, d’origine
suédoise, a rédigé un article avec l’archevêque Ander Wejryd dans
lequel ils avancent que le Gouvernement suédois s’est rendu complice
de la discrimination permanente dont sont victimes les Roms, «qualifiés
de danger pour la société par des hommes politiques soucieux de
tirer la couverture à eux en demandant l’adoption d’une ligne dure
à l’égard de ce groupe déjà si vulnérable. Ils font l’objet d’arrestations
et d’expulsions collectives» (traduction non officielle)
.
39. En fait, les attitudes et les discours anti-Roms sont tellement
répandus en Europe que des mesures similaires sont prises dans d’autres
pays, alors qu’elles seraient habituellement considérées comme inacceptables.
Le rapport intitulé «Les demandeurs d’asile roms en Europe»
, qui devrait
être débattu le 12 novembre 2010 devant la Commission permanente,
signale les problèmes liés au retour des demandeurs d’asile roms
du Kosovo
,
et appelle les Etats membres à réexaminer leurs politiques de retour
à l’égard des demandeurs d’asile roms du Kosovo dont les demandes
ont été rejetées et à envisager de leur offrir des solutions de
remplacement, y compris la naturalisation.
3. Les responsables politiques ne devraient pas renforcer
les stéréotypes
40. La crise financière a exacerbé de nombreux problèmes
dans toute l’Europe. Les taux de chômage élevés peuvent souvent
induire une hausse du taux de criminalité et un renforcement du
sentiment d’insécurité au sein de la population. Dans de telles
circonstances, il peut sembler facile d’exploiter à des fins politiques
les Roms et autres minorités, y compris les migrants, et d’en faire
des boucs émissaires. Il est toutefois extrêmement dangereux que
des responsables politiques cherchent à jouer avec des stéréotypes
déjà ancrés pour en tirer des avantages politiques. Cette démarche
sape les travaux d’institutions telles que le Conseil de l’Europe
ou l’OSCE ainsi que ceux d’ONG qui ont durement œuvré afin de mettre
un terme à la discrimination et à la situation défavorisée que connaissent
les Roms en Europe. L’ironie du sort veut que ce discours survienne
à mi-course de la Décennie pour l’intégration des Roms
.
41. Nous nous devons, en tant que responsables politiques, d’être
conscients de nos responsabilités envers les Roms. Comme l’a longuement
évoqué M. Berényi dans son rapport, les Roms sont devenus la cible
de violences organisées à motivation raciale. La liberté d’expression
n’est pas un droit absolu et tous les hommes politiques ont le devoir
de veiller à ce que les termes employés ne contribuent pas à renforcer
les stéréotypes et à encourager, si l’on n’y prend garde, les actions
d’extrémistes.
42. Il serait faux de prétendre que nous ne rencontrons pas certains
problèmes avec les communautés roms. Les Roms figurent au nombre
des groupes les plus marginalisés de notre société. Pauvreté, insécurité, marginalisation,
logement inadéquat, ségrégation, manque d’accès à l’éducation et
au marché de l’emploi sont des questions récurrentes qui touchent
les Roms de l’Europe entière. Comme l’indiquait le Commissaire aux droits
de l’homme, «il y a bien sûr des Roms qui commettent des vols, et
certains sont aussi exploités honteusement par des trafiquants.
L’on sait bien que les personnes marginalisées et défavorisées tendent
à être surreprésentées dans les statistiques pénales, et ce pour
des raisons évidentes». Il n’est cependant pas juste et justifié
de jeter l’opprobre sur l’ensemble de la communauté rom. Toute action
entreprise sans réfléchir en vue de démanteler des campements à
la suite de prétendues activités criminelles d’une minorité de Roms, telles
celles dont nous avons été témoins, ne permettra pas de résoudre
durablement le problème. Il convient néanmoins de traiter les questions
sous-jacentes, y compris les causes profondes de la marginalisation
et de la pauvreté des Roms.
43. Les pays européens qui offrent de meilleures perspectives
d’emploi et de conditions de vie et qui disposent de systèmes de
protection sociale plus généreux attirent fatalement les migrants
des pays voisins moins riches, faisant ainsi peser des pressions
sur les institutions sociales. L’échec de l’intégration des migrants
au sein de la société exacerbe les tensions sociales, mène à un
sentiment croissant d’insécurité et à un mécontentement des autres
habitants, créant ainsi un terreau fertile pour la rhétorique anti-immigration.
A diverses reprises au cours de la dernière décennie, certains responsables
politiques et certains médias ont mis en cause les demandeurs d’asile
, les musulmans, les Roms et autres
immigrants, s’agissant des problèmes auxquels est confrontée la
société. Parallèlement, face à la recrudescence de la criminalité,
conséquence quasi naturelle de la crise économique, les électeurs
remettent légitimement en question l’efficacité des politiques publiques
en matière de sûreté et de sécurité. Les sociétés sont de plus en
plus réceptives aux programmes politiques xénophobes. Quant aux
pays d’origine, ils ont également leur part de responsabilité dans
la façon de s’attaquer à la question.
44. Alors que pendant longtemps les partis traditionnels ne sont
pas parvenus à anticiper ou à relever ces défis, les partis populistes
extrémistes ont cherché à tourner à leur avantage les préoccupations
d’ordre sécuritaire de la société en assimilant purement et simplement
l’immigration à la criminalité et à l’insécurité. Comme en témoignent
plus récemment les élections en Suède, une tendance inquiétante
se dessine en Europe, à savoir l’élection aux parlements nationaux
de partis d’extrême droite. Les élections de 2009 du Parlement européen
et d’autres scrutins récents en sont le reflet.
45. Il est compréhensible que les responsables politiques des
principaux partis cherchent à empêcher leur électorat de se tourner
vers les partis d’extrême droite. De même, les Etats membres devraient
être en mesure d’engager des actions pour lutter contre la criminalité
et protéger les personnes résidant sur leur territoire. Les partis
traditionnels ne peuvent par conséquent pas se permettre de délaisser
le domaine de la sécurité au risque de voir les forces politiques
marginales en tirer avantage.
46. Néanmoins, le langage
ne
doit pas servir à rejeter la responsabilité de tous les maux de
nos sociétés ou de la criminalité sur telle ou telle minorité spécifique,
comme les Roms. Il est particulièrement inquiétant que les partis
traditionnels commencent à recourir à des discours racistes pour
retenir leur électorat
.
Comme l’indiquait M. Zingeris, «les partis traditionnels ont eu
tendance à emprunter certains traits des discours radicaux des partis
extrémistes pour, d’une part, s’assurer les voix d’une partie de
la population et, d’autre part, accuser quelqu’un d’autre (les immigrés,
les Juifs, les spéculateurs, etc.) de leur propre inefficacité»
.
4. Conclusions
47. S’il est compréhensible que, dans bon nombre d’Etats
membres du Conseil de l’Europe, les autorités, confrontées à une
recrudescence de la criminalité, se voient contraintes de durcir
les politiques visant à protéger l’ordre public et la sécurité de
toutes les personnes qui vivent sur leur territoire, j’estime de
la plus haute importance d’établir dans le discours politique une
distinction claire entre les individus qui ont commis des infractions
et des groupes entiers de personnes, tels que les Roms ou toute
autre minorité, y compris les migrants.
48. Nous, en tant que responsables politiques, devons condamner
le caractère raciste et xénophobe des discours stigmatisant les
Roms ou toute autre minorité, y compris les migrants. La responsabilité
particulière d’éliminer du discours politique les stéréotypes négatifs
et les stigmatisations de minorités ou de groupes de migrants et
de promouvoir un message de non-discrimination, de tolérance et
de respect à l’égard des personnes d’origines différentes nous incombe.
49. C’est pourquoi, dans le projet de résolution, je propose que
nous rappelions et réaffirmions les normes et les lignes directrices
du Conseil de l’Europe applicables au discours politique, contenues,
entre autres, dans la jurisprudence de la Cour européenne des droits
de l’homme, dans la Recommandation no R (97) 20 du Comité des Ministres
sur le «discours de haine», dans les recommandations de politique
générale de l’ECRI et dans sa Déclaration de 2005 sur l’utilisation
d’éléments racistes, antisémites et xénophobes dans le discours politique,
dans les recommandations du Commissaire aux droits de l’homme, dans
les documents connexes de la Commission de Venise, ainsi que dans
les résolutions de l’Assemblée sur le discours raciste, xénophobe et
intolérant en politique
(Résolution
1345 (2003)) et sur la lutte contre l’extrémisme: réalisations,
faiblesses et échecs (
Résolution
1754 (2010)). Un certain nombre de recommandations sont
ensuite adressées aux Etats membres du Conseil de l’Europe, aux
autorités et aux institutions publiques aux niveaux national, régional
et local, ainsi qu’aux responsables.
50. Par ailleurs, il nous faut rappeler l’importance de la Charte
des partis politiques européens pour une société non raciste, signée
par le Président de notre Assemblée et le Président du Parlement
européen en 2003. Nous devons nous engager, et inviter instamment
les partis politiques, les forces politiques et les personnalités
politiques et publiques dans les Etats membres ainsi que les groupements
internationaux de partis politiques à s’engager:
- à adhérer aux principes inscrits
dans la charte, à les mettre en œuvre et à les promouvoir activement;
- à contribuer activement à la lutte contre toute tentative
de stigmatisation ou d’incitation à l’hostilité envers une personne
ou un groupe de personnes sur la base de la race, de l’origine ethnique,
de la nationalité, des croyances religieuses ou de l’origine sociale;
- à combattre toute action ou forme d’expression susceptible
d’exacerber les craintes et les tensions entre des groupes d’origine
raciale, ethnique, nationale, religieuse ou sociale différente;
- à traiter de manière responsable et équitable tous les
thèmes sensibles ayant trait à ces groupes;
- à s’abstenir de tout discours à caractère raciste, xénophobe,
nationaliste agressif, ethnocentrique ou autrement discriminatoire,
ou de poursuivre de tels objectifs politiques, et à réprimer fermement
tout sentiment ou comportement raciste dans leurs propres rangs.
51. A la lumière de la responsabilité particulière incombant aux
médias, un certain nombre de recommandations leur sont également
adressées.
52. Enfin, en ce qui concerne la situation spécifique des Roms
en Europe, nous devrions:
- réaffirmer
la Résolution 1740 (2010) et
la Recommandation 1924
(2010) sur la situation des Roms en Europe et les activités
pertinentes du Conseil de l’Europe, adoptées par notre Assemblée
en juin 2010;
- saluer et soutenir l’initiative du Secrétaire Général
du Conseil de l’Europe d’organiser une réunion de haut niveau pour
convenir de mesures destinées à améliorer la situation des Roms
dans toute l’Europe, point de départ des efforts conjugués des institutions
européennes et des Etats membres pour s’occuper de la situation
des Roms de manière constructive et durable;
- nous déclarer prêts à contribuer au succès de cette réunion
de haut niveau en apportant l’expérience qu’a notre Assemblée du
traitement des questions liées aux Roms et en favorisant la mise
en œuvre de l’ensemble des décisions qui seront adoptées;
- inviter le Secrétaire Général du Conseil de l’Europe à
informer l’Assemblée, dès que possible, c’est-à-dire lors de la
réunion de la Commission permanente de l’Assemblée à Antalya, le
12 novembre 2010, des résultats de la réunion de haut niveau;
- continuer à suivre avec attention la situation des Roms
en Europe, dans toutes ses dimensions (en particulier sociale, éducative,
culturelle et migratoire) et tenir également compte des résultats
de la réunion de haut niveau qui se tiendra le 20 octobre 2010.