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Résolution 1607 (2008)
Accès à un avortement sans risque et légal en Europe
1. L’Assemblée parlementaire réaffirme
que l’avortement ne peut en aucun cas être considéré comme un moyen
de planification familiale. L’avortement doit être évité, autant
que possible. Tous les moyens compatibles avec les droits des femmes
doivent être mis en oeuvre pour réduire le nombre de grossesses
non désirées et d’avortements.
2. Dans la plupart des Etats membres du Conseil de l’Europe,
la loi autorise l’avortement pour sauver la vie de la mère enceinte.
Dans la majorité des pays d’Europe, l’avortement est autorisé pour
des raisons diverses, notamment la préservation de la santé physique
et mentale de la mère, mais aussi dans les situations de viol ou
d’inceste, en cas d’anomalie foetale ou pour des motifs économiques
et sociaux, et, dans certains pays, sur simple demande. L’Assemblée
est néanmoins préoccupée par le fait que, dans beaucoup de ces pays,
de nombreuses conditions sont imposées et restreignent l’accès effectif
à des services d’avortement sans risque, abordables, acceptables
et adaptés. Ces restrictions produisent des effets discriminatoires, puisque
les femmes qui sont bien informées et qui ont les moyens financiers
appropriés peuvent souvent avoir plus facilement recours à l’avortement
légal et sans risque.
3. L’Assemblée note également que, dans les Etats membres où
l’avortement est autorisé pour diverses raisons, les conditions
garantissant aux femmes l’accès effectif à ce droit ne sont pas
toujours réunies: le manque de structures de soins de proximité,
le manque de médecins qui acceptent de pratiquer l’avortement, les
consultations médicales obligatoires répétées, les délais de réflexion
et les délais d’attente pour obtenir un avortement sont autant d’obstacles
qui peuvent rendre l’accès à des services d’avortement sans risque, abordables,
acceptables et adaptés plus difficile, voire impossible dans les
faits.
4. L’Assemblée considère que l’avortement ne doit pas être interdit
dans les délais de gestation raisonnables. Interdire l’avortement
n’aboutit pas à réduire le nombre d’avortements: cela mène surtout
à des avortements clandestins, plus traumatisants, et contribue
à l’augmentation de la mortalité maternelle et/ou au développement
du «tourisme de l’avortement», qui est coûteux, reporte le moment
de l’avortement et engendre des inégalités sociales. La légalité
de l’avortement n’a pas d’effet sur le besoin de la femme de recourir
à l’avortement, mais seulement sur l’accès pour celle-ci à un avortement
sans risque.
5. Dans le même temps, tout prouve que des politiques et des
stratégies appropriées concernant les droits et la santé en matière
de sexualité et de procréation, y compris une éducation sexuelle
et relationnelle obligatoire pour les jeunes, adaptée à leur âge
et à leur sexe, auraient pour conséquence un moindre recours à l’avortement.
Cette éducation devrait inclure l’estime de soi, la pratique de
relations saines, la liberté de différer l’activité sexuelle, la
résistance à la pression des camarades, des conseils sur la contraception
et la prise en compte des conséquences et des responsabilités.
6. L’Assemblée affirme le droit de tout être humain, en particulier
des femmes, au respect de son intégrité physique et à la libre disposition
de son corps. Dans ce contexte, le choix ultime d’avoir recours
ou non à un avortement devrait revenir à la femme, qui devrait disposer
des moyens d’exercer ce droit de manière effective.
7. L’Assemblée invite les Etats membres du Conseil de l’Europe:
7.1. à dépénaliser l’avortement dans
les délais de gestation raisonnables si ce n’est déjà fait;
7.2. garantir l’exercice effectif du droit des femmes à l’accès
à un avortement sans risque et légal;
7.3. à respecter la liberté du choix de la femme et à offrir
les conditions d’un choix libre et éclairé, sans promouvoir particulièrement
l’avortement;
7.4. à lever les restrictions qui entravent, en fait ou en
droit, l’accès à un avortement sans risque, et notamment à prendre
les mesures nécessaires pour créer les conditions sanitaires, médicales
et psychologiques appropriées, et pour assurer une prise en charge
financière adéquate;
7.5. à adopter, concernant les droits et la santé en matière
de sexualité et de procréation, des politiques et des stratégies
appropriées fondées sur des faits, pour garantir la poursuite des améliorations
et de l’expansion d’un type d’éducation et d’information sur la
sexualité et les relations interpersonnelles dans lequel les jugements
n’entrent pas en ligne de compte, ainsi que des services de contraception,
grâce à une augmentation des investissements à partir des budgets
nationaux visant à améliorer les régimes de santé, les fournitures
pour la santé reproductive et l’information;
7.6. à assurer l’accès des femmes et des hommes à une contraception
– et à des conseils en matière de contraception – de coût raisonnable,
adaptée et choisie;
7.7. à instituer une éducation sexuelle et relationnelle obligatoire
des jeunes, adaptée à leur âge et à leur sexe (entre autres, à l’école),
afin d’éviter les grossesses non désirées (et donc les avortements);
7.8. à promouvoir une attitude plus favorable à la famille
dans les campagnes d’information publiques et à fournir des conseils
et un soutien concret pour aider les femmes qui demandent un avortement
en raison de pressions familiales ou financières.