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Résolution 1723 (2010) Version finale
Commémoration des victimes de la Grande Famine (Holodomor) en ex-URSS
1. L’Assemblée parlementaire rappelle
sa Résolution 1481 (2006) sur
la nécessité d’une condamnation internationale des crimes des régimes
communistes totalitaires, dans laquelle elle condamne avec vigueur
les violations massives des droits de l’homme commises par les régimes
communistes totalitaires, et exprime aux victimes de ces crimes
sa compassion et sa compréhension, et reconnaît leurs souffrances.
En outre, elle affirme qu’une prise de conscience de l’Histoire
est l’une des conditions à remplir pour éviter que des crimes similaires
se reproduisent à l’avenir.
2. Dans l’ex-Union soviétique, le régime totalitaire stalinien
a donné lieu à d’épouvantables violations des droits de l’homme
qui ont privé des millions de personnes de leur droit à la vie.
3. La Grande Famine qui s’est déclarée à la fin des années 1920
dans les régions céréalières du pays et qui a atteint son paroxysme
en 1932-1933 est l’une des pages les plus tragiques de l’histoire
des peuples de l’ex-Union soviétique.
4. Des millions de personnes innocentes au Bélarus, au Kazakhstan,
en Moldova, en Russie et en Ukraine, qui faisaient partie de l’Union
soviétique, sont mortes de faim en raison des actions et des politiques
cruelles délibérément menées par le régime soviétique.
5. En Ukraine, qui a le plus souffert, la paysannerie a été particulièrement
frappée par la Grande Famine et des millions de fermiers et de membres
de leur famille sont morts de faim, à la suite de la «collectivisation» forcée,
de l’interdiction de quitter les zones affectées et de la confiscation
des céréales et autres denrées alimentaires. Ces événements tragiques
sont appelés Holodomor (famine
politiquement motivée) et sont reconnus par la loi ukrainienne comme
un acte de génocide contre les Ukrainiens.
6. Au Kazakhstan également, des millions de personnes ont été
victimes de la Grande Famine. C’est, de tous les peuples de l’ex-Union
soviétique, celui au sein duquel, estime-t-on, la proportion de
morts par rapport à l’ensemble de la population a été la plus forte.
De tradition nomade, les Kazakhs éleveurs de bétail ont été contraints
à la sédentarisation et privés de leur cheptel. Dans la mémoire
du peuple kazakh, il n’y a pas de pire tragédie que la Grande Famine.
7. Dans les régions céréalières de la Russie (les cours moyen
et inférieur de la Volga, le Caucase du Nord, la région centrale
des terres noires, l’Oural méridional, la Sibérie occidentale et
plusieurs autres régions), la famine engendrée par la «collectivisation»
et l’expropriation des fermiers a provoqué des millions de morts dans
les zones rurales et urbaines. On estime que, en chiffres absolus,
la population de la Russie a payé le plus lourd tribut à la mort,
comme résultat des politiques agricoles soviétiques.
8. Des centaines de milliers de fermiers sont également morts
au Bélarus et en République de Moldova.
9. Même si ces événements ont pu présenter des particularités
dans certaines régions, le résultat est le même partout: par millions,
des vies humaines ont été impitoyablement sacrifiées à la mise en
œuvre des politiques et des plans du régime stalinien.
10. L’Assemblée honore la mémoire de tous ceux qui ont péri dans
cette catastrophe humaine sans précédent et reconnaît qu’ils ont
été victimes d’un crime cruel, perpétré par le régime soviétique
contre son propre peuple.
11. Elle condamne fermement les politiques cruelles menées par
le régime stalinien, assimilables à un crime contre l’humanité,
puisqu’elles ont conduit à la mort de millions de personnes innocentes.
Elle rejette fermement toute tentative de justifier ces politiques
meurtrières, quels qu’en soient les motifs, et rappelle que le droit
à la vie est inaliénable.
12. Elle se félicite des efforts déployés pour révéler la vérité
historique sur ces événements tragiques du passé et pour sensibiliser
davantage le public. De tels efforts doivent rassembler les peuples
et non les diviser.
13. L’Assemblée se félicite des mesures importantes déjà prises
au Bélarus, au Kazakhstan, en République de Moldova, en Russie,
et plus particulièrement en Ukraine pour faciliter l’accès aux archives,
et invite les autorités compétentes de ces pays à ouvrir toutes
leurs archives et à permettre à tous les chercheurs, y compris ceux
des Etats étrangers, d’y avoir accès.
14. Elle demande, en outre, aux autres Etats membres du Conseil
de l’Europe d’ouvrir leurs archives nationales et de les rendre
accessibles.
15. L’Assemblée invite les historiens de tous les pays de l’ex-Union
soviétique qui ont souffert de la Grande Famine, ainsi que les historiens
des autres pays, à mettre en œuvre des programmes conjoints de recherche indépendante
afin d’établir pleinement la vérité sur cette tragédie humaine,
sans parti pris ni politisation, et à la rendre publique.
16. Elle engage les responsables politiques de tous les Etats
membres du Conseil de l’Europe à s’abstenir de toute tentative d’exercer
une influence politique sur les historiens et de préjuger des conclusions
de la recherche scientifique indépendante.
17. Elle salue la décision des autorités ukrainiennes d’instaurer
une journée nationale de commémoration des victimes de la Grande
Famine (Holodomor) en Ukraine
et encourage les autorités des autres pays qui en ont également
souffert à faire de même en souvenir de leurs propres victimes.
18. Elle encourage, en outre, les autorités de tous ces pays à
convenir de mener ensemble des activités destinées à honorer la
mémoire des victimes de la Grande Famine, quelle que soit leur nationalité.