1. Introduction
1. La procédure de suivi de l’Assemblée parlementaire
se fonde sur la
Résolution
1115 (1997) sur la création d'une commission de l'Assemblée pour
le respect des obligations et engagements des Etats membres du Conseil
de l'Europe (commission de suivi) (modifiée par la
Résolution 1431 (2005), la
Résolution1515 (2006), la
Résolution1698
(2009), la
Résolution1710
(2010) et la
Résolution
1936 (2013)). Cette résolution définit la mission de la commission
pour le respect des obligations et engagements des Etats membres
du Conseil de l’Europe de veiller «au respect des obligations contractées
par les Etats membres aux termes du Statut du Conseil de l'Europe
(STE n° 1), de la Convention européenne des droits de l'homme (STE
n° 5, «la Convention») et de toutes les autres conventions de l'organisation
auxquelles ils sont parties», ainsi qu'au «respect des engagements
pris par les autorités des Etats membres lors de leur adhésion au
Conseil de l'Europe».
2. Conformément à la
Résolution
1115 (1997) telle que modifiée, la commission de suivi est tenue
de rendre compte à l’Assemblée, une fois par an, du déroulement
général des procédures de suivi. En accord avec la pratique établie,
la commission m’a chargé de faire rapport sur ses activités, en
ma qualité de président de celle-ci.
3. L’évolution de la procédure pour les 10 pays soumis à une
procédure de suivi de l’Assemblée et pour les quatre pays engagés
dans un dialogue postsuivi sera traitée dans la deuxième partie
du présent rapport. Comme le veut l’usage, je me suis limité aux
constatations de textes pertinents adoptés par l’Assemblée et aux rapports,
déclarations et autres documents publics établis par les corapporteurs
pour les pays respectifs. De plus, j’ai fait référence, le cas échéant,
aux rapports des commissions ad hoc pour l’observation des élections dans
les pays en question.
4. Dans la
Résolution
1953 (2013) sur l’évolution de sa procédure de suivi, l’Assemblée
a décidé de poursuivre une réflexion plus générale sur les moyens
de renforcer l’efficacité et l’impact de sa procédure de suivi à
l’égard de tous les Etats membres du Conseil de l’Europe. Les discussions
sur le fonctionnement de la procédure de suivi et sur les façons
d’améliorer son efficacité et son impact ont formé une composante
majeure des travaux de la commission au cours de la période visée.
Une sous-commission ad hoc spéciale sur le fonctionnement de la
procédure de suivi parlementaire, présidée par M. Pedro Agramunt,
a été créée pour faciliter ces discussions et pour faire des propositions
concrètes visant l’amélioration de la procédure de suivi.
5. Le rapport de la sous-commission ad hoc a été adopté par la
commission de suivi le 26 juin 2014. Les conclusions et la contribution
au projet de résolution sur l’évolution de la procédure de suivi
de l’Assemblée font partie intégrante de ce rapport. J’étudierai
et, le cas échéant, développerai les conclusions de la commission
concernant les façons d’améliorer l’efficacité et l’impact de la
procédure de suivi dans la troisième partie du présent rapport;
puis, je formulerai un certain nombre de propositions pour assurer
concrètement leur mise en œuvre.
6. Lors des discussions concernant les propositions destinées
à améliorer l’efficacité et l’impact de la procédure de suivi, la
commission de suivi a décidé qu’elle soumettrait les 33 pays ne
faisant pas l’objet d’une procédure de suivi stricto sensu et non
engagés dans un dialogue postsuivi à un examen périodique du respect des
obligations contractées lors de leur adhésion au Conseil de l’Europe.
Dans ce rapport, je présenterai brièvement un dispositif permettant
de structurer l’établissement de rapports périodiques sur ces pays.
En attendant la mise en place du nouveau système de rapports, la
commission a décidé de ne pas inclure dans ce rapport l’examen de
la situation dans les 33 pays ni soumis à une procédure de suivi
stricto sensu ni engagés dans un dialogue postsuivi. Une grille
des ratifications et signatures des principales conventions du Conseil
de l’Europe assorties d’un mécanisme de suivi est jointe en annexe
à ce rapport.
2. Aperçu
des activités de la commission
2.1. Observations générales
7. Dix pays

continuent
de faire l’objet d’une procédure de suivi et quatre autres pays

sont
engagés dans un dialogue postsuivi. Durant la période considérée,
un rapport complet sur la République de Moldova a été préparé et
débattu à l’Assemblée; un rapport sur le fonctionnement des institutions
démocratiques en Bosnie-Herzégovine a été débattu à l’Assemblée;
et deux rapports et projets de résolutions, sur l’Albanie (
Doc. 13586) et sur la Géorgie (
Doc. 13588), ont été adoptés par la commission et seront débattus
lors de la partie de session d’automne de l’Assemblée. Un avant-projet
de rapport sur le respect des obligations et engagements du Monténégro
a été adopté en septembre 2014 et transmis aux autorités monténégrines
pour commentaires.
8. La commission suit de près l’évolution de la situation en
Ukraine depuis novembre 2013 et y consacre une part importante de
ses travaux. Deux rapports sur le fonctionnement des institutions
démocratiques ont été adoptés lors de débats selon la procédure
d’urgence pendant les parties de session de janvier et d’avril 2014.
Les deux corapporteures, en plus de leurs fréquentes visites d’information,
ont pris part à une visite du Comité des Présidents en Ukraine (Kiev,
Donetsk et Lviv) effectuée du 22 au 24 mars 2014.
9. Le 7 avril 2014, la commission de suivi a été saisie pour
rapport, conformément au Règlement de l’Assemblée, sur les deux
propositions contestant les pouvoirs ratifiés de la délégation russe
pour des raisons substantielles. Le rapport a fait l’objet d’un
débat à l’Assemblée le 10 avril 2014 à l’issue duquel la
Résolution 1990 (2014) a été adoptée.
10. Pendant la période couverte par le rapport, les corapporteurs
respectifs ont effectué des visites d’information dans les pays
suivants: Albanie, Arménie, Azerbaïdjan (deux visites), Bosnie-Herzégovine, Bulgarie,
Géorgie, «l’ex-République yougoslave de Macédoine», Monaco, Monténégro,
Serbie, Turquie et Ukraine (quatre visites). De plus, les corapporteurs
ont pris part aux missions préélectorales et d’observation des élections
en Azerbaïdjan, en Géorgie, dans «l’ex-République yougoslave de
Macédoine», en Turquie et en Ukraine,
11. Les corapporteurs ont produit des notes d’information sur
le Monténégro et la Serbie, qui ont été déclassifiées par la commission,
ainsi que des déclarations sur l’évolution de la situation en Azerbaïdjan
(deux déclarations), en Géorgie (trois déclarations), à Monaco,
au Monténégro, en Fédération de Russie, en Turquie et en Ukraine
(trois déclarations). La commission a adopté des déclarations sur
«l’ex-République yougoslave de Macédoine», la Turquie et l’Ukraine.
12. Pour ce qui concerne la demande d’ouverture d’une procédure
de suivi au titre de la France, la commission a nommé deux corapporteurs
en décembre 2013. Une première visite d’information à Paris est prévue
les 10 et 11 septembre 2014.
13. Le 13 décembre 2013, la commission a organisé un échange de
vues avec la participation M. Štefan Füle, Commissaire européen
à l’élargissement et à la politique européenne de voisinage, sur
l’élargissement de l’Union européenne et sur la politique de voisinage.
Ce même jour, elle s’est entretenue avec M. Thomas Hammarberg, Conseiller
spécial de l’Union européenne pour la réforme juridique et constitutionnelle
en faveur des droits de l’homme en Géorgie, sur son rapport intitulé
«Géorgie en transition». Le 27 février 2014, à Malte, la commission
a organisé un échange de vues avec M. Thorbjørn Jagland, Secrétaire
Général du Conseil de l’Europe, au sujet de son rapport sur la démocratie,
les droits de l’homme et l’Etat de droit en Europe.
14. Dans le cadre des travaux en cours de la commission sur les
conséquences de la guerre entre la Géorgie et la Russie, le président
de la commission et les corapporteurs pour la Russie et la Géorgie
se sont réunis le 6 novembre 2014 avec des représentants du Bureau
du Procureur de la Cour pénale internationale de La Haye.
15. Le 29 janvier 2014, la commission a organisé une audition
publique sur l’utilisation abusive des ressources administratives
dans le processus électoral, avec la participation de la Commission
européenne pour la démocratie par le droit (Commission de Venise)
et du service d’observation des élections du Bureau des institutions
démocratiques et des droits de l'homme de l’Organisation pour la
sécurité et la coopération en Europe (OSCE/BIDDH).
16. En plus des réunions de la commission, la sous-commission
ad hoc sur le fonctionnement de la procédure de suivi parlementaire
s’est réunie à quatre reprises et a présenté son rapport à la commission
le 26 juin 2014. La sous-commission ad hoc a été dissoute après
l’adoption de son rapport.
2.2. Aperçu du suivi
au cours de la période visée concernant les pays soumis à une procédure de
suivi stricto sensu
2.2.1. Albanie
17. Les rapporteurs se sont rendus en Albanie les 2 et
3 juin 2014, en vue d’échanger sur leur avant-projet de rapport
sur le respect des obligations et engagements du pays, qui avait
été adopté par la commission le 27 février 2014 puis transmis aux
autorités albanaises pour commentaires. Le rapport et le projet
de résolution ont été adoptés à l’unanimité par la commission le
24 juin 2014 et doivent être débattus en plénière pendant la partie
de session d’automne 2014 de l’Assemblée.
18. Récemment, après un long retard dû à la crise politique qui
s’est déclenchée dans le pays à la suite des élections législatives
de 2009, l’Albanie a réalisé des progrès notables pour satisfaire
à ses obligations et engagements envers le Conseil de l’Europe,
sachant que des préoccupations persistent dans un certain nombre
de domaines. Il est regrettable que le climat politique soit encore
tendu et polarisé, comme ce fut le cas pendant les élections législatives
de 2013. Un consensus sur des réformes importantes fait souvent
défaut; en outre, l’opposition a boycotté occasionnellement les
travaux du parlement sur des réformes importantes, comme celle de
l’administration territoriale.
19. Malgré de nombreuses réformes, l’indépendance et l’impartialité
de la justice ne sont pas suffisamment garanties en Albanie et celle-ci
continue de subir des pressions et des ingérences politiques. Qui
plus est, la corruption est endémique dans le système judiciaire.
D’autres réformes d’envergure s’imposent, notamment de la Cour suprême
et du Conseil supérieur de la magistrature. A cet égard, la commission
a salué la coopération étroite avec la Commission de Venise établie
par les autorités au regard de la réforme de la justice et du système
judiciaire.
20. La corruption endémique qui persiste à tous les niveaux de
la société albanaise compromet le développement démocratique et
socioéconomique du pays et suscite d’importantes inquiétudes. En
dépit d’une augmentation récente du nombre de poursuites judiciaires,
la plupart des indicateurs montrent que la corruption ne cesse de
croître depuis quelques années, au lieu de diminuer, ce qui souligne
l’urgence de réformes d’envergure. Il sera crucial de mener une
lutte à la fois efficace et efficiente contre la corruption endémique
dans la justice pour contribuer à une réussite globale dans ce domaine.
21. Les autorités ont amorcé une réforme de l’administration territoriale
en vue de renforcer l’autonomie locale, qui est au cœur de la dynamique
de consolidation démocratique du pays. Bien que la réforme soit opportune,
certains se disent préoccupés par le fait qu’elle semble davantage
axée sur la division administrative du pays que sur les aspects
fonctionnels de l'autonomie locale, en particulier sur la manière
dont les collectivités locales obtiendront les ressources nécessaires
à la mise en œuvre des services que la loi et les citoyens attendent
d'elle. Cette réforme ne fait donc pas l’unanimité. Il est regrettable
que les travaux de la commission parlementaire ad hoc établie spécialement
pour guider la réforme aient été boycottés par l’opposition.
2.2.2. Arménie
22. Les corapporteurs ont effectué une visite en Arménie
du 16 au 18 juin 2014. Il s’agit de la première visite d’information
depuis le cycle d’élections présidentielle et législatives de 2012
et 2013. Après sa réélection, le Président Sargsyan a réinvesti
Tigran Sargsyan aux fonctions de Premier ministre et reformé un
gouvernement avec très peu de changements dans sa composition. Le
3 avril 2014, le Premier ministre Sargsyan a démissionné, apparemment
pour des raisons personnelles. Le 13 avril 2014, le Président Sargsyan
a nommé Hovik Abrahamyan – qui était alors Président du parlement
– Premier ministre et Davit Harutyunyan – qui présidait alors la
délégation arménienne de notre Assemblée – chef de cabinet du Premier
ministre et ministre en charge de la coordination du cabinet des
ministres. Plusieurs changements importants ont eu lieu au gouvernement
donnant à penser que le président Sargsyan souhaite installer une
nouvelle équipe au gouvernement afin de relancer un programme de
réforme vacillant et de relever le faible niveau de confiance du
public dans le gouvernement.
23. L’Arménie et l’Union européenne ont annoncé leur intention
de parapher un accord d’association, y compris un accord de libre-échange
approfondi et complet, lors du Sommet de Vilnius. Or, le 3 septembre 2012,
la situation a pris un tournant inattendu lorsque le Président Sargsyan
a annoncé, à l’occasion d’une visite à Moscou, que l’Arménie rejoindrait
l’Union douanière de la Communauté des Etats indépendants (CEI), en
prélude à une Union économique eurasienne. Le Président Sargsyan
a admis clairement que cette décision se fondait sur les intérêts
nationaux en matière de sécurité et sur la nécessité de maintenir
de bonnes relations avec Moscou dans cette optique. Un vaste segment
de la société arménienne conteste cette décision de rejoindre l’Union
douanière, redoutant en conséquence une éventuelle dégradation des
libertés politiques et des droits de l’homme.
24. En juin 2013, le Président Sargsyan a établi une commission
spécialisée sur la réforme constitutionnelle à des fins d’«amélioration
des mécanismes constitutionnels dédiés au respect des droits de
l’homme et des libertés fondamentales, qui garantissent le plein
équilibre des pouvoirs et renforcent l’efficacité de l’administration
publique». Cette commission a présenté son document de réflexion
pour la réforme constitutionnelle en juin 2014. Pour éviter que
les discussions sur le futur système politique en Arménie ne se perdent
dans des spéculations sur son propre avenir politique, le Président
Sargsyan a annoncé en mai 2014 qu’il ne briguerait pas le poste
de Premier ministre ni ne se présenterait à la présidence pour un
troisième mandat, même s’il en avait la possibilité

.
25. Des amendements finaux à la loi sur le service civil de remplacement
ont été adoptés en octobre 2013. De fait, l’Arménie a honoré de
façon satisfaisante son engagement à mettre en œuvre un système
alternatif au service militaire digne de ce nom et en accord avec
les principes du Conseil de l’Europe. A la suite de l’adoption de
la loi sur le sujet, toutes les personnes qui étaient soit condamnées
soit poursuivies pour avoir refusé d’effectuer leur service militaire
ont eu la possibilité d’opter pour un service de remplacement, toute période
de détention étant déduite de la durée du service civil.
2.2.3. Azerbaïdjan
26. Les corapporteurs se sont rendus dans le pays du
20 au 24 janvier 2014 et du 19 au 21 mai 2014. De plus, ils ont
participé ex officio aux activités
de la commission ad hoc de l’Assemblée pour observer l’élection
présidentielle qui a eu lieu le 9 octobre 2013.
27. L’élection présidentielle tenue en Azerbaïdjan le 9 octobre
2013 a été observée par une commission ad hoc de l’Assemblée. Il
n’a pas été possible malheureusement de s’accorder sur une déclaration
conjointe au sein de la mission internationale d’observation des
élections, comme le veut l’usage. Au lieu de cela, la commission
ad hoc de l’Assemblée a publié une déclaration avec la délégation
du Parlement européen, et la mission d’observation des élections
de l’OSCE/BIDDH et l’Assemblée parlementaire de l’OSCE ont publié
une autre déclaration.
28. Cette élection présidentielle était la première depuis les
amendements constitutionnels qui ont supprimé la limite de deux
mandats présidentiels, permettant au président sortant Aliev de
se présenter pour un troisième mandat consécutif. D’après la commission
ad hoc de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, le scrutin
s’est déroulé de manière libre et transparente, sachant que des
améliorations demeurent souhaitables, notamment durant la période
préélectorale car le processus électoral est encore loin d’être parfait.
Le président sortant Aliev a remporté l’élection avec 84 % des suffrages.
29. Plusieurs institutions et personnalités, notamment le Commissaire
aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe et les corapporteurs,
ont exprimé leur inquiétude quant à la détérioration du respect
de droits de l’homme fondamentaux, tels que la liberté d’expression,
la liberté d’association et la liberté de réunion, ainsi qu’à l’augmentation
du nombre d’éventuelles poursuites à motivations politiques contre
des journalistes et militants de l’opposition et de la société civile
depuis la dernière élection présidentielle.
30. Le nombre de personnes poursuivies pour des motifs présumés
politiques est un sujet de discorde, qui fait l’objet d’une enquête
des corapporteurs, entre autres. Les militants de la société civile
et les journalistes sont de plus en plus les cibles de poursuites,
prétendument pour haute trahison et espionnage pour l’Arménie, susceptibles
d’entraîner de très longues peines de prison. Cette situation a
eu un effet paralysant sur les organisations non gouvernementales
(ONG) et la communauté des médias. Le 22 mai 2014, dans son arrêt rendu
dans l’affaire Ilgar Mammadov c. Azerbaïdjan,
la Cour européenne des droits de l’homme a considéré que les charges
retenues contre le requérant n’étaient pas étayées par la partie
poursuivante et qu’il n’y avait donc pas de soupçon raisonnable
justifiant l’arrestation et la détention provisoire de celui-ci.
De plus, la Cour a considéré que les tribunaux avaient manqué de
vérifier le bien-fondé des déclarations de l’accusation. Il importe
de noter également que la Cour a établi une violation de l’article
18, en indiquant clairement que d’autres raisons que celles autorisées
par la Convention européenne des droits de l’homme avaient joué
un rôle dans les poursuites à l’encontre de M. Mammadov et dans
sa condamnation.
2.2.4. Bosnie-Herzégovine
31. Les corapporteurs ont effectué une visite dans le
pays du 7 au 9 juillet 2014. Le 2 octobre 2013, l’Assemblée a adopté
la
Recommandation 2025
(2013) sur le fonctionnement des institutions démocratiques en
Bosnie-Herzégovine.
32. Dans cette recommandation, l’Assemblée regrette que les autorités
bosniaques n’aient déployé aucun effort digne de ce nom pour préparer
un ensemble complet d’amendements constitutionnels nécessaires à l’exécution
de l’arrêt
Sejdić et Finci rendu
par la Cour européenne des droits de l’homme, selon lequel le cadre constitutionnel
des élections en Bosnie-Herzégovine est discriminatoire et enfreint
la Convention européenne des droits de l’homme. Du point de vue
de l’Assemblée, «l’exécution de l’arrêt
Sejdić
et Finci constitue une première étape dans la réforme
constitutionnelle globale qui s’avère nécessaire pour se défaire
du carcan institutionnel instauré par la Constitution de Dayton
et se diriger vers une démocratie moderne, eurocompatible et fonctionnelle
dans laquelle tous les citoyens, quelle que soit leur origine ethnique,
jouissent des mêmes droits et libertés»

.
33. L’Assemblée a exprimé de vives inquiétudes au sujet de l’irrespect
de plus en plus marqué pour l’Etat de droit en Bosnie-Herzégovine,
au vu des attaques lancées par de hauts responsables et des partis
politiques à l’encontre d’institutions publiques, et du fait que
les dirigeants de partis ignorent et, bien souvent enfreignent, les
obligations juridiques et constitutionnelles. L’Assemblée estime
que la situation actuelle est un frein à des réformes plus que nécessaires
dans des domaines clés tels que les institutions démocratiques,
l’Etat de droit et les droits de l’homme. Dans ce contexte, l’Assemblée
déplore que, depuis 2006, la mise en œuvre des engagements restants
pris par le pays lors de son adhésion au Conseil de l’Europe n’ait
que très peu progressé. Cette situation, si elle perdure, risque
de nuire aux relations entre l’Assemblée et la Bosnie-Herzégovine.
2.2.5. Géorgie
34. Les rapporteurs se sont rendus en Géorgie du 13 au
16 janvier 2014 et ont participé ex officio à
la mission préélectorale (24-25 septembre 2013) et à la mission
d’observation des élections de la commission ad hoc de l’Assemblée
pour l’élection présidentielle tenue en Géorgie le 27 octobre 2013.
Le 24 juin 2014, la commission a adopté un rapport et un projet
de résolution sur le fonctionnement des institutions démocratiques dans
le pays, qui sera débattu en plénière lors de la 4e partie
de session de 2014 de l’Assemblée.
35. Une commission ad hoc de l’Assemblée a observé l’élection
présidentielle du 27 octobre 2013 dans le cadre de la mission internationale
d’observation des élections. La MIOE a constaté que l’élection a
été gérée de manière transparente et efficace et s’est déroulée
dans un climat conciliant et constructif.
Elle
a conclu que les libertés fondamentales d’expression, de circulation
et de réunion ont été respectées et que les candidats ont pu faire
campagne sans restriction

. L’élection a été
remportée par Giorgi Margvelashvili, de la coalition du «Rêve géorgien»,
avec 61 % des voix, devant l’ancien président du parlement Davit
Bagradze, du Mouvement national uni. L’investiture de M. Margvelashvili
a eu lieu le 17 novembre 2014. Les élections locales de juillet 2014
ont marqué la phase finale du transfert de pouvoir démocratique
dans le pays. Pendant ces élections, pour la première fois, tous
les maires et chefs de l’exécutif de villes (
gamgebeli)
ont été élus au suffrage direct. La coalition du Rêve géorgien a
consolidé son contrôle sur le pays en remportant toutes les élections
de maires et de
gamgebeli et
en obtenant une majorité dans la quasi-totalité des conseils municipaux.
36. L’indépendance du pouvoir judiciaire et l’administration de
la justice en Géorgie font partie des préoccupations de l’Assemblée
depuis quelques années. A ce titre, l’adoption d’un train complet
de réformes visant à garantir l’indépendance du pouvoir judiciaire
et le caractère véritablement accusatoire du système de justice
commence déjà à avoir des résultats positifs et mérite d’être saluée.
Cela étant, le système judiciaire continue de montrer des signes
de faiblesses et de carences qu’il convient de corriger; des réformes supplémentaires
du système judiciaire, en particulier du ministère public, demeurent
nécessaires.
37. A la suite des élections législatives de 2012, plus de 20
000 plaintes ont été déposées auprès du ministère public à l’encontre
d’anciens membres du gouvernement pour un comportement criminel
qu’ils auraient eu dans le cadre de leurs fonctions. Les autorités
ont ouvert un certain nombre d’enquêtes au pénal et engagé plusieurs
actions en justice contre d’anciens membres du gouvernement. Le
Mouvement national uni, ancien parti au pouvoir, a qualifié ces
poursuites de politiques et relevant d’une justice revancharde.
Tout en soulignant qu’il ne saurait y avoir d’impunité pour des
crimes de droit commun, l’Assemblée a insisté sur le fait que le
gouvernement doit veiller à ce que les enquêtes et les procédures
judiciaires soient menées avec impartialité, dans la transparence
et le plein respect des principes relatifs à un procès équitable
énoncés dans la Convention européenne des droits de l’homme. Cela
importe tout particulièrement dans le contexte d’affaires politiquement
sensibles telles que celles impliquant d’anciens membres du gouvernement.
38. Les nombreux signalements – dont plusieurs ont été vérifiés
– de pressions exercées sur des élus locaux de l’opposition pour
les pousser à démissionner ou à changer de camp et de pressions
exercées sur des candidats de l’opposition lors des récentes élections
locales pour les pousser à retirer leur candidature soulèvent de
sérieuses inquiétudes, en ce qu’ils entravent la consolidation de
la démocratie dans le pays. Tous ces signalements doivent faire
l’objet d’enquêtes approfondies et les auteurs des actes en question
doivent être traduits en justice. Il est essentiel que les dirigeants
de la coalition au pouvoir adressent à leurs partisans un message
clair et non équivoque indiquant que les pressions sur des militants
et partisans de l’opposition ne sauraient être tolérées.
39. Le 27 juin 2014, la Géorgie a signé un accord d’association,
y compris un accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA)
avec l’Union européenne.
2.2.6. République de Moldova
40. Les rapporteurs n’ont pas effectué de visite en République
de Moldova au cours de la période visée par le rapport. Le 2 octobre
2013, l’Assemblée a adopté la
Résolution
1955 (2013) sur le respect des obligations et engagements de la
République de Moldova.
41. Des amendements constitutionnels demeurent nécessaires pour
éviter l’impasse politique concernant l’élection du Président de
la République, qui amènerait à organiser de nouvelles élections
législatives, ainsi que des réformes supplémentaires de la législation
et du processus électoraux. Les risques actuels de conflit et d’instabilité
politique dus aux lacunes de la Constitution et de la législation
électorale restent préoccupants.
42. Des réformes plus poussées doivent être mises en œuvre pour
assurer la pleine séparation des pouvoirs et dépolitiser les institutions
judiciaires. Des réformes de grande envergure sont nécessaires en
outre pour combattre une corruption endémique qui continue de susciter
de vives inquiétudes et sévit en particulier dans le système judiciaire
et les services de police, de santé et d’éducation.
43. Le 27 juin 2014, la République de Moldova a signé un accord
d’association, y compris un accord de libre-échange complet et approfondi
avec l’Union européenne.
2.2.7. Monténégro
44. Les corapporteurs ont effectué une visite au Monténégro
du 14 au 16 avril 2014. Un avant-projet de rapport sur le respect
des obligations et engagements du Monténégro a été établi par les
rapporteurs puis adressé aux autorités monténégrines après adoption
en commission le 3 septembre 2014.
45. La corruption demeure source de préoccupation au Monténégro.
Tout en saluant les progrès accomplis pour respecter les normes
du Conseil de l’Europe dans ce domaine, les corapporteurs pour le
Monténégro ont appelé les autorités monténégrines à s’assurer que
leur détermination affichée à combattre la corruption produirait
des résultats concrets. Dans ce contexte, il est essentiel que le
Parlement monténégrin procède à la désignation consensuelle d’un
procureur suprême de l’Etat, à la fois indépendant et dépolitisé.
46. L’environnement des médias au Monténégro est encore fortement
polarisé et les attaques répétées à l’encontre de journalistes et
d’organismes de médias suscitent des inquiétudes. Les corapporteurs
ont salué la création d’une commission spéciale pour enquêter sur
les menaces que reçoivent les journalistes et sur les assassinats
dont ils sont victimes.
2.2.8. Fédération de Russie
47. Aucune visite de suivi n’a été effectuée en Fédération
de Russie pendant la période couverte par le rapport. Une demande
des corapporteurs d’effectuer une visite d’information en juillet
2014 a été refusée par les autorités russes.
48. Le respect des droits fondamentaux de liberté d’expression
et de liberté de réunion demeure source de préoccupation. Le 25
février 2014, les corapporteurs pour la Russie ont publié une déclaration
exprimant leur profonde inquiétude quant aux peines d’emprisonnement
disproportionnées prononcées contre des manifestants de la place
Bolotnaya. Ils ont noté que les lacunes au niveau de la procédure
constatées durant le procès, tout comme la longue période de détention
provisoire, soulevaient des soupçons de justice à motivations politiques.
49. Les interventions de la Russie à l’égard de ses voisins immédiats
préoccupent grandement l’Assemblée. Dans sa
Résolution 1974 (2014) sur le fonctionnement des institutions démocratiques
en Ukraine, l’Assemblée a rappelé à la Fédération de Russie qu’elle
s'était engagée lors de son adhésion au Conseil de l’Europe à dénoncer
comme erronée la notion de deux catégories distinctes de pays étrangers,
qui revient à en traiter certains comme une zone d'influence spéciale
appelée «l'étranger proche», et à s'abstenir de véhiculer la doctrine
géographique des zones d'intérêts dits «spéciaux».
50. Dans sa
Résolution
1988 (2014) intitulée «Développements récents en Ukraine: menaces
pour le fonctionnement des institutions démocratiques», l’Assemblée
a condamné vigoureusement l’agression militaire russe contre l’Ukraine
et l’annexion ultérieure de la Crimée par la Fédération de Russie,
qui constituent une violation manifeste du droit international,
notamment de la Charte des Nations Unies, de l’Acte final d’Helsinki
de l’OSCE ainsi que du Statut et des principes fondamentaux du Conseil
de l’Europe.
51. A la suite de l’annexion de la Crimée par la Fédération de
Russie, les pouvoirs déjà ratifiés de la délégation russe auprès
de l’Assemblée ont été contestés pour des raisons substantielles
par un grand nombre de membres de l’Assemblée. Dans sa
Résolution 1990 (2014) sur le réexamen des pouvoirs déjà ratifiés de la délégation
russe, l’Assemblée a considéré une fois encore que les actions de
la Russie en Ukraine enfreignaient le droit international, y compris
les obligations et engagements contractés par le pays lors de son adhésion
au Conseil de l’Europe, et a déploré, à ce titre, que la Russie
ait refusé d’utiliser les mécanismes internationaux à sa disposition
pour résoudre le conflit avec l’Ukraine par des moyens pacifiques.
L’Assemblée est d’avis qu’avec cette violation de la souveraineté
et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine, la Russie a fait naître
une menace pour la stabilité et la paix en Europe. L’Assemblée a
décidé par conséquent de suspendre jusqu’en janvier 2015 les droits
de vote de la délégation russe à l’Assemblée ainsi que son droit
d’être représentée au Bureau de l’Assemblée, au Comité des Présidents
et à la commission permanente, et son droit de participer à des
missions d’observation des élections. Forte de sa conviction qu’il
faut privilégier le dialogue politique, l’Assemblée a décidé cependant
de ne pas annuler les pouvoirs de la délégation russe.
52. Le 26 juin 2014, la commission de suivi a créé une sous-commission
ad hoc sur la politique de voisinage de la Russie, dans l’optique
notamment de favoriser un dialogue franc et ouvert avec la délégation
russe sur cette question qui préoccupe grandement l’Assemblée.
53. Dans la
Résolution
1996 (2014) intitulée «Refuser l’impunité pour les meurtriers de
Sergueï Magnitsky», qui se fonde sur un rapport de la commission
des questions juridiques et des droits de l’homme préparé par l’un
des deux corapporteurs, l’Assemblée a demandé instamment à la Fédération
de Russie d’effectuer une enquête complète sur les circonstances
et le contexte de la mort du fiscaliste russe Sergueï Magnitsky
et sur l’éventuelle responsabilité pénale de tous les fonctionnaires
concernés. Elle a recommandé que les Etats membres du Conseil de
l’Europe envisagent, en dernier ressort, l’adoption de «sanctions
ciblées» – telles que l’interdiction de visas et le gel de comptes
bancaires – à l’encontre des personnes impliquées dans la mort de M.
Magnitsky, si les autorités compétentes russes ne satisfont pas
comme il convient à ses demandes dans un délai raisonnable.
2.2.9. Serbie
54. Les corapporteurs se sont rendus en Serbie du 25
au 27 novembre 2013 et ont présenté une note d’information

qui
a été déclassifiée par la commission le 30 janvier 2014.
55. Pendant la période considérée, la Serbie a continué de bien
progresser sur la voie du respect de ses obligations et engagements
envers le Conseil de l’Europe. La Commission européenne a convenu
d’ouvrir les négociations d’adhésion en 2014, étant entendu qu’une
progression visible et durable de la normalisation des relations
avec le Kosovo devait se poursuivre.
56. Des réformes essentielles visant à consolider l’indépendance
du pouvoir judiciaire et à réintégrer les 600 magistrats révoqués
illégalement en 2009 se poursuivent. Tout en accueillant favorablement
ces réformes, les corapporteurs pour la Serbie ont noté que des
amendements à la Constitution serbe s’imposaient pour faire face
au manque d’indépendance réelle du pouvoir judiciaire. Rien n’indique
qu’il est prévu d’adopter de tels amendements dans un avenir proche.
57. La lutte contre la corruption est restée une priorité majeure
pour les autorités serbes. L’Agence anticorruption, organisme indépendant
relevant directement de l’Assemblée nationale, joue un rôle clé
dans la stratégie en la matière. Cependant, les modalités de fonctionnement
de cet organisme ne sont pas claires et son manque de pouvoir pour
imposer des sanctions nuit à l’efficacité de son action. Il est
encourageant de noter que les autorités préparent actuellement une
loi relative aux donneurs d’alerte. Malgré des développements positifs,
de sérieux obstacles subsistent dans la lutte contre la corruption;
en outre, il y a lieu de consolider les institutions publiques et
de les rendre plus transparentes. Il en va de même pour l’environnement
des médias, où le manque de transparence quant à la propriété des
médias demeure problématique.
2.2.10. Ukraine
58. Le suivi du respect des obligations et engagements
de l’Ukraine envers le Conseil de l’Europe au cours de la période
considérée a été dominé par les manifestations d’Euromaïdan suivies
de l’annexion illégale de la Crimée et de l’insurrection séparatiste
à l’est de l’Ukraine. Les corapporteures se sont rendues en Ukraine du
18 au 20 décembre 2013, du 17 au 21 février 2014, du 22 au 24 mars
2014 (conjointement avec le Comité des Présidents) et du 8 au 11
juillet 2014. De plus, elles ont participé
ex
officio aux activités de la délégation préélectorale
de la commission ad hoc de l’Assemblée pour l’élection présidentielle
extraordinaire du 25 mai 2014. Le 30 janvier 2014, lors d'un débat
selon la procédure d'urgence demandé par la commission de suivi, l'Assemblée
a adopté la
Résolution
1974 (2014) sur le fonctionnement des institutions démocratiques
en Ukraine. Le 9 avril 2014, l’Assemblée a adopté, également lors
d’un débat selon la procédure d’urgence demandé par la commission
de suivi, la
Résolution
1988 (2014) intitulée «Développements récents en Ukraine: menaces
pour le fonctionnement des institutions démocratiques».
59. Une crise politique s’est déclenchée en Ukraine lorsque, le
21 novembre 2013, les autorités ukrainiennes sous l’ancien Président
Ianoukovitch ont décidé de suspendre la procédure de signature d’un accord
d’association, y compris d’un accord de libre-échange complet et
approfondi avec l’Union européenne. Les autorités ont affirmé que
les pressions politiques exercées par la Fédération de Russie, notamment
la menace de sanctions, avaient été la principale raison de cette
décision.
60. Cette décision inattendue a entraîné des manifestations massives
sur la place de l’Indépendance de Kiev, que la population locale
désigne très souvent sous le nom de place «Maidan». Les tentatives
des autorités de disperser les manifestations par le recours à une
force disproportionnée n’ont fait qu’intensifier les manifestations,
qui ont tourné à la protestation générale contre le style de gouvernance
de la majorité au pouvoir, notamment le processus décisionnel jugé
non démocratique et la corruption endémique parmi les dirigeants
du pays. Il est regrettable que les autorités ukrainiennes n’aient
pas tenu compte des appels lancés par les acteurs nationaux et internationaux,
dont l’Assemblée, à s’abstenir de toute action susceptible d’envenimer
la situation et à ne pas disperser de force les manifestations.
Leur approche de plus en plus dure a provoqué une escalade de violence
sans précédent, qui a culminé en les événements dramatiques survenus sur
la place Maidan à Kiev du 18 au 20 février 2014, causant la mort
de plus d’une centaine de manifestants et de 17 policiers. En conséquence
de la violence et de la brutalité croissantes qui ont marqué les
événements du 18 au 20 février, en particulier le recours à des
snipers pour tirer sur les manifestants, un grand nombre de personnalités
de premier plan et d’appuis financiers ont retiré leur soutien à
Victor Ianoukovitch, qui était alors Président. Le 21 février 2014,
les ministres des Affaires étrangères de la Pologne, de l’Allemagne
et de la France sont parvenus à négocier un accord, au nom de l’Union
européenne, entre le Président et les partis de l’opposition. Cet
accord prévoit la remise en vigueur des amendements constitutionnels
de 2004, suivie d’une réforme constitutionnelle, de la formation
d’un gouvernement d’unité nationale et d’une élection présidentielle anticipée.
Conscient que la plupart de ses partisans l’avaient abandonné et
désavoué, le Président Ianoukovitch s’est enfui en Russie immédiatement
après la signature de l’accord. Le Conseil de l’Europe a créé un
groupe consultatif indépendant pour contribuer à une enquête impartiale
sur les violences perpétrées par chacune des parties pendant les
manifestations d’Euromaïdan.
61. La Verkhovna Rada a continué de mettre en œuvre une grande
partie de l’accord du 21 février et nommé, conformément aux dispositions
constitutionnelles, M. Tourtchinov Président par intérim de l’Ukraine, alors
qu’il exerçait les fonctions de Président du parlement. Une élection
présidentielle anticipée a été convoquée le 25 mai 2014.
62. L’élection présidentielle anticipée du 25 mai 2014 a été observée
par une commission ad hoc de l’Assemblée dans le cadre d’une mission
internationale d’observation des élections, composée également de l’OSCE/BIDDH,
de l’Assemblée parlementaire de l’OSCE et de l’Assemblée parlementaire
de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN). Les deux
corapporteures étaient membres ex officio de
cette commission ad hoc. L’élection a été remportée, au premier
tour, par Petro Porochenko, avec 54,7 % des votes. La mission internationale
d’observation des élections a estimé que le processus électoral
avait été véritablement démocratique et s’était déroulé largement
en accord avec les principes internationaux, dans le respect des
droits de l’homme et des libertés fondamentales, et ce, en dépit
d’une situation problématique au regard de la sécurité dans l’est
du pays.
63. Il est regrettable que l’évolution de la situation politique
en Ukraine ait été assombrie par l’intervention armée et par l’annexion
qui a suivi de la Crimée par la Fédération de Russie et par l’insurrection
armée dans les régions de Donetsk et de Lougansk situées à l’est
de l’Ukraine. L’Assemblée a condamné l’annexion de la Crimée par
la Fédération de Russie, tout comme l’immixtion de cette dernière
à l’est de l’Ukraine, et a exprimé à plusieurs reprises son soutien
déterminé pour l’intégrité et l’unité territoriales de l’Ukraine.
64. Le 27 juin 2014, l’Ukraine a signé un accord d’association,
y compris un accord de libre-échange complet et approfondi avec
l’Union européenne.
2.3. Pays engagés dans
une procédure postsuivi
2.3.1. Bulgarie
65. Le rapporteur s’est rendu en Bulgarie les 12 et 13
février 2014. Aucun rapport ni document d’information n’a été adopté
au cours de la période considérée.
66. Le 23 juillet 2014, Plamen Orecharski, Premier ministre de
la Bulgarie, a remis sa démission à la suite d’une crise impliquant
deux des principales banques du pays et après les piètres résultats
de son parti aux élections européennes de mai 2014. Le 6 août 2014,
le Président Plamen Plevneliev a convoqué des élections législatives
anticipées, prévues pour le 5 octobre 2014, et nommé un gouvernement
intérimaire dirigé par Gueorgui Bliznachki.
2.3.2. Monaco
67. Le rapporteur s’est rendu à Monaco les 5 et 6 juin
2014. Aucun rapport ni document d’information n’a été publié sur
Monaco au cours de la période considérée.
68. En novembre 2013, Monaco a ratifié la Convention sur la cybercriminalité.
Dans une déclaration faisant suite à sa visite, le rapporteur a
salué en outre la réforme en cours du Code pénal et du Code de procédure pénale
ainsi que la préparation d’une nouvelle loi sur le fonctionnement
du Conseil national, dont l’adoption est prévue pour 2015.
69. La non-ratification des Protocoles 1 et 12 de la Convention
européenne des droits de l’homme, ainsi que de la Charte sociale
européenne (STE nos 35 et 163), demeure
source de préoccupation. Cela étant, le rapporteur a noté et salué
la volonté des autorités monégasques de poursuivre le dialogue avec
l’Assemblée au sujet de ces engagements en vue de trouver une solution
qui garantirait à la fois la prise en compte des spécificités de
la Principauté de Monaco et les valeurs du Conseil de l’Europe.
2.3.3. « L’ex-République
yougoslave de Macédoine »
70. Le rapporteur s’est rendu en Macédoine

les 2 et 3 décembre 2013 et a pris
part aux missions préélectorales et d’observation des élections
pour les scrutins présidentiel et législatif qui ont eu lieu respectivement
les 13 et 27 avril et le 27 avril 2014.
71. Le processus de lustration en cours en Macédoine est controversé,
litigieux et politisé. La loi de lustration a été contestée devant
la Cour constitutionnelle, sachant que l’ancien Président de cette
cour a déposé une requête auprès de la Cour européenne des droits
de l’homme contre le processus de lustration.
72. Dans son rapport d’activité de 2013, la Commission européenne
recommandait d’entamer les négociations d’adhésion entre la Macédoine
et l’Union européenne pour la cinquième fois. Toutefois, compte tenu
de l’absence de progrès sur la question du nom, le Conseil européen
n’a pas pris de décision en ce sens.
73. La politisation extrême de la vie publique, ajoutée aux clivages
ethniques et politiques, soulève de graves inquiétudes. Les relations
entre la majorité au pouvoir et l’opposition restent très difficiles
et compromettent le processus décisionnel.
74. Le climat politisé et polarisé nuit également à la confiance
du public dans le pouvoir judiciaire, la justice étant perçue comme
fortement sélective. A cela s’ajoute une corruption très marquée
dans le pays, y compris dans le corps judiciaire.
75. L’environnement des médias continue de susciter également
des inquiétudes. Des allégations répétées de pressions exercées
sur des journalistes ont été faites; par ailleurs, certains considèrent
la nouvelle loi sur les médias, actuellement en préparation, comme
une tentative de restreindre la liberté des médias.
76. Le 5 mars 2014, le parlement a été dissous à l’initiative
de l’Union démocratique pour l’intégration, parti mineur de la coalition
au pouvoir, à la suite de désaccords avec VMRO-DPMNE, parti principal
de la coalition au pouvoir, concernant le choix du candidat à l’élection
présidentielle. Après la dissolution du parlement, il a été convenu
d’organiser des élections législatives en même temps que le second
tour de l’élection présidentielle, le 27 avril 2014. Le premier
tour du scrutin présidentiel s’est tenu le 13 avril 2014.
77. Ces élections ont été observées par une délégation de l’Assemblée
dans le cadre d’une mission internationale d’observation des élections
avec l’OSCE/BIDDH et l’Assemblée parlementaire de l’OSCE. La mission
internationale a conclu que les élections avaient été organisées
de façon efficace et que la liberté de réunion et d’association
avait été respectée pendant la campagne électorale. Cependant, la
campagne et l’environnement médiatique étaient biaisés en faveur
du parti au pouvoir, outre que des allégations de pressions sur
des électeurs, dont certaines étaient crédibles, ont persisté durant
toute la campagne.
78. Le 16 mai 2014, la commission de suivi a publié une déclaration
dans laquelle elle se disait préoccupée par la décision des membres
de l’Union social-démocrate de Macédoine, principal parti d’opposition,
de ne pas accepter leur mandat au parlement récemment élu et de
ne pas reconnaître la légitimité de l’élection présidentielle. La
commission déplorait également la décision de l’Union démocratique
pour l’intégration de boycotter l’élection présidentielle. En parallèle,
la commission a appelé les autorités à corriger rapidement les insuffisances
du processus électoral, telles que relevées par la mission internationale
d’observation des élections, et à mener une enquête transparente
et impartiale sur les allégations crédibles d’intimidations et de pressions
exercées sur les électeurs, ainsi que sur les allégations d’achats
de voix.
2.3.4. Turquie
79. La rapporteure s’est rendue en Turquie du 26 au 28
mai 2014. La commission a publié une déclaration concernant l’évolution
de la situation dans le pays le 29 janvier 2014. La rapporteure
a publié des déclarations le 21 mars et le 30 mai 2014.
80. L’indépendance du pouvoir judiciaire suscite des inquiétudes
en Turquie, surtout après la vive réaction du parti au pouvoir face
à des allégations de corruption de membres haut placés du gouvernement
turc. Dans sa déclaration, la commission a appelé les autorités
turques à garantir l’indépendance et l’impartialité du pouvoir judiciaire
et formulé l’espoir que la réforme constitutionnelle, clarifiant
la séparation et l’équilibre des pouvoirs dans le pays, serait adoptée
prochainement. De même, dans sa déclaration, la rapporteure pour
la Turquie a appelé à une plus grande stabilité sociale et politique
dans le pays.
81. Le 10 août 2014, une élection présidentielle a eu lieu en
Turquie, observée par une délégation de l’Assemblée parlementaire
dans le cadre d’une mission internationale d’observation des élections
avec l’Assemblée parlementaire de l’OCSE et l’OSCE/BIDDH. Les observateurs
ont conclu que, bien que les candidats aient pu mener leur campagne
librement, la situation était biaisée en faveur du candidat du parti
au pouvoir.
2.4. Demande d’ouverture
d’une procédure de suivi
2.4.1. France
82. Le 26 juin 2013, 21 membres de l’Assemblée ont présenté
une proposition de résolution demandant l’ouverture d’une procédure
de suivi au titre de la France, au motif de graves revers dans le
domaine des droits de l’homme et de l’Etat de droit en lien avec
les interventions des forces de police dans le contexte des manifestations
contre l’approbation de la «loi Taubira» et avec l’enseignement
obligatoire de la théorie des genres dès l’âge de six ans.
83. Conformément au Règlement de l’Assemblée, la commission a
nommé deux corapporteurs en décembre 2013 pour la préparation d’un
avis écrit sur le sujet. Une première visite d’information des rapporteurs
à Paris est prévue les 10 et 11 septembre 2014.
3. Amélioration
de l’efficacité et de l’impact de la procédure de suivi de l’Assemblée
84. Dans la
Résolution
1953 (2013) sur l’évolution de sa procédure de suivi, l’Assemblée
a décidé de poursuivre une réflexion sur les moyens de renforcer
l’efficacité et l’impact de cette procédure. Il importe de souligner
que l’initiative d’une telle réflexion émane de la commission elle-même,
en particulier de mes prédécesseurs, MM. Dick Marty et Andres Herkel.
85. La réflexion sur l’amélioration de l’efficacité et de l’impact
de la procédure de suivi pour tous les Etats membres du Conseil
de l’Europe a fait l’objet de la majeure partie des travaux de la
commission sur la période considérée. Une sous-commission ad hoc
spéciale a été établie par la commission pour ce faire et chargée
de formuler des propositions concrètes à cet égard. La sous-commission
a été constituée selon une formule précise donnant lieu à une composition
équilibrée et représentative, notamment entre les pays soumis à
une procédure de suivi stricto sensu, les pays engagés dans un dialogue
postsuivi, les pays ayant déjà été soumis à une procédure de suivi
stricto sensu et les pays qui n’ont jamais été soumis à une telle
procédure.
86. Le 26 juin 2014, la sous-commission a présenté ses constatations
et conclusions à la commission, qui a adopté ses conclusions et
approuvé le rapport. Les constatations et conclusions font partie
intégrante du présent rapport. Le rapport de la sous-commission
ad hoc, tel qu’approuvé par la commission, figure à l’annexe 1.
87. La commission s’est accordée à l’unanimité sur le fait que
la procédure de suivi de l’Assemblée a joué et continue de jouer
un rôle positif majeur dans les processus de transformation de bon
nombre de pays qui ont rejoint l’Organisation après les années 90.
Le processus de suivi et les travaux de la commission de suivi s’inscrivent
parmi les activités essentielles de l’Assemblée qu’il convient de
maintenir et de consolider.
88. Les 10 pays qui font actuellement l’objet d’une procédure
de suivi stricto sensu de leurs obligations et engagements doivent
par conséquent rester assujettis à ce suivi spécifique tant que
les engagements qu’ils ont contractés lors de l’adhésion au Conseil
de l’Europe ne sont pas remplis. Il a été convenu également qu’il ne
saurait y avoir de clivages et que les 33 pays ne faisant pas l’objet
d’une procédure de suivi au sens strict devaient être soumis à un
examen périodique de la commission de suivi quant au respect de
leurs obligations envers le Conseil de l’Europe. La commission m’a
chargé de proposer un système de rapports pour un examen périodique
de ce type, dont traite la partie suivante du présent rapport.
89. Pour ce qui est du dialogue postsuivi, il a été convenu que
ce dialogue devait répondre à un calendrier clairement défini. Si,
au vu de l’Assemblée, les questions dévolues au dialogue postsuivi
ne trouvent pas de réponse dans les délais, le pays en question
retourne automatiquement à une procédure de suivi stricto sensu. Le
rapport de la sous-commission ad hoc, tel qu’adopté par la commission,
a proposé un certain nombre de mesures concrètes à cet égard. J’ai
été chargé en outre de clarifier certains aspects de la procédure,
en particulier concernant les dispositions transitionnelles et l’éventuel
retour de pays à la procédure de suivi stricto sensu.
90. Il a été demandé si les pays engagés dans le partenariat pour
la démocratie pouvaient être associés aux travaux de la commission
de suivi. Les modalités d’une telle participation n’étant pas claires,
elles mériteraient que la commission y réfléchisse davantage. Je
propose de revenir sur ce point dans le cadre du rapport d’activité
2015 de la procédure de suivi. Dans ce contexte, il importe également
de mettre en avant la forte corrélation et la complémentarité des
travaux de la commission et des missions d’observation des élections
de l’Assemblée. La coopération étroite entre la commission et les
missions d’observation a été consolidée par la participation ex officio systématique de nos rapporteurs
aux activités des commissions ad hoc chargées d’observer les élections
ainsi qu’aux missions préélectorales. La contribution de nos rapporteurs
à ces missions d’observation et la référence contextuelle qu’ils
apportent sont un atout précieux pour l’exercice d’observation des
élections. De fait, il y a lieu d’envisager la possibilité de développer
des relations plus structurelles et intégrées entre la commission
de suivi et les missions d’observation des élections de l’Assemblée.
Cela fournirait en outre aux délégations d’observation des élections
une base institutionnelle plus solide et moins ponctuelle pour leurs
activités, notamment pour l’établissement de rapports. Je formulerai
une proposition concrète en ce sens dans le prochain rapport sur
l’évolution de la procédure de suivi.
3.1. Etablissement de
rapports sur les 33 pays ni soumis à une procédure de suivi stricto
sensu ni engagés dans un dialogue postsuivi
91. Comme indiqué précédemment, le 26 juin 2014, la commission
de suivi a approuvé le rapport de la sous-commission ad hoc sur
le fonctionnement de la procédure de suivi parlementaire. Dans ce
rapport, il était convenu, entre autres, de soumettre les 33 pays
ne faisant pas l’objet d’une procédure de suivi stricto sensu ni
engagés dans un dialogue postsuivi à un examen périodique du respect
de leurs obligations de membres du Conseil de l’Europe. Il a été
décidé en outre que ces examens se feraient pays par pays et seraient complétés,
si nécessaire, par un suivi thématique. En se fondant sur ces principes,
il a été convenu qu’une proposition pour l’établissement de rapports
sur ces 33 pays, tenant compte des ressources financières et humaines
limitées de l’Assemblée, serait incluse dans le rapport de 2014
sur l’évolution de la procédure de suivi.
92. L’établissement de rapports sur les pays soumis à la procédure
de suivi ou engagés dans un dialogue postsuivi est défini par la
nature de la procédure et par les engagements contractés lors de
l’adhésion

et, pour
cette raison, ne changera pas fondamentalement. Toutefois, il a
été décidé que la commission, pour son usage interne, établirait
une série de lignes directrices à utiliser au moment d’examiner
l’ouverture ou la clôture d’une procédure de suivi. Ces lignes directrices
devraient être présentées pour discussion à la commission d’ici décembre
2014.
93. Concernant l’examen périodique des 33 pays, il est proposé
qu’un rapport préliminaire concis en plusieurs parties soit compilé
pour chaque pays sélectionné (voir ci-après pour le processus de
sélection). La première partie présenterait brièvement tout fait
politique majeur survenu depuis le dernier examen de la commission
de suivi

au
regard du fonctionnement des institutions démocratiques, de l’Etat
de droit et du respect des droits de l’homme. La seconde partie
évaluerait les constatations des différents organes de suivi institutionnels
reposant sur des conventions du Conseil de l’Europe qui ont été
publiées au cours de la période de référence.
94. Les rapports préliminaires seront rédigés par le président
ou par l’un des vice-présidents, le cas échéant, étant donné qu’ils
seront intégrés au rapport d’activité.
95. Le rapport préliminaire sera étudié par la commission et transmis
à la délégation nationale du pays concerné avec demande de commentaires
des autorités sur les constatations. Un projet de rapport sera établi sur
la base de ces commentaires et fera l’objet d’un échange de vues
à la commission en présence d’un représentant de la majorité et
de l’opposition du pays en question. Le rapport final, adopté après
cet échange de vues, sera inclus dans le rapport d’activité de la
commission de suivi pour l’année durant laquelle il a été adopté.
96. Lorsqu’il est observé dans les rapports qu’un pays respecte
globalement ses obligations de membre du Conseil de l’Europe, aucune
action supplémentaire n’est nécessaire jusqu’au prochain cycle de
rapports. Si, au contraire, la commission considère que certains
éléments suscitent de graves inquiétudes, elle peut décider de prendre
l’une des deux mesures suivantes.
97. Si la commission vient à conclure que certains développements
dans un pays donné présentent de sérieux risques pour le bon fonctionnement
des institutions démocratiques, elle peut présenter une proposition de
résolution, conformément au paragraphe 7 de son mandat, sur le fonctionnement
des institutions démocratiques dans le pays concerné.
98. Si la commission estime qu’un pays manque structurellement
de respecter ses obligations d’Etat membre du Conseil de l’Europe,
elle peut proposer d’ouvrir une procédure de suivi en se fondant
sur les paragraphes 3 et 5 de son mandat.
99. Il est proposé, concrètement, d’étudier les rapports préliminaires
et d’organiser les échanges de vues avec des représentants des délégations
parlementaires concernées à chaque réunion de la commission à Paris

. Les réunions
devraient être étendues d’une demi-journée pour ce faire. Les discussions
seront organisées par groupes de trois pays. Chaque réunion consistera
à étudier trois rapports préliminaires et à tenir trois échanges
de vues.
100. L’échange de vues sur les projets de rapport avec les représentants
concernés aura lieu deux réunions après la réunion durant laquelle
le rapport préliminaire a été adopté. Les autorités auront alors
trois mois pour soumettre leurs commentaires sur l’avant-projet
de rapport, comme pour les pays faisant l’objet d’une procédure
de suivi stricto sensu. Avec ce calendrier, la commission pourrait,
à l’issue d’une phase initiale, examiner comme il se doit 12 pays
par an et ainsi soumettre à son examen au bout de trois années les
33 pays non assujettis à une procédure de suivi stricto sensu et
non engagés dans un dialogue postsuivi. Après la première année,
la procédure sera évaluée, en tenant compte des contraintes de ressources
budgétaires et humaines, pour voir si le calendrier doit être ajusté.
101. Du fait de l’opposition exprimée à la commission quant au
regroupement géographique de pays, il est proposé que, pour l’examen
périodique, les pays soient regroupés par trois selon l’ordre alphabétique (anglais).
Andorre, l’Autriche et la Belgique seront donc les premiers pays
à faire l’objet d’un tel examen, suivis de la Croatie, de Chypre
et de la République tchèque.
102. Le rapport de la sous-commission ad hoc note que le suivi
thématique peut compléter le suivi pays par pays pour les 33 pays
non soumis à une procédure de suivi stricto sensu et non engagés
dans un dialogue postsuivi. Comme indiqué dans ce rapport, nombre
d’autres commissions de l’Assemblée parlementaire produisent des
rapports réguliers qui offrent un suivi thématique sur beaucoup
de sujets présentant un intérêt pour la commission de suivi. Notre
commission doit éviter la répétition inutile d’activités, avec le
risque de contradictions qu’elle comporte, surtout dans le contexte
des contraintes actuelles qui pèsent sur nos ressources. Cela étant,
la commission de suivi pourrait fournir une perspective plus large
propre aux pays, mettant en lumière les rapports avec d’autres éléments.
Il s’agit de l’un des points forts de la commission de suivi dans
l’établissement de rapports sur les pays soumis à une procédure
de suivi stricto sensu. Pour favoriser les synergies entre la commission
de suivi et les commissions spécialisées de l’Assemblée, il est proposé
d’organiser, à titre annuel, un échange de vues entre la commission
de suivi et les présidents des commissions spécialisées pertinentes
de l’Assemblée. Une éventuelle action conjointe pourrait être définie d’un
commun accord, si jugée opportune, lors de ces échanges de vues.
103. La procédure d’établissement de rapports que l’on vient de
décrire nous permettrait de mettre en œuvre les conclusions de la
sous-commission sur le fonctionnement de la procédure de suivi parlementaire,
comme convenu par la commission à sa réunion du 26 juin 2014, en
tenant compte des contraintes de ressources budgétaires et humaines
de la commission.
3.2. Dialogue postsuivi
104. Comme nous l’avons vu précédemment, la commission
propose d’établir un calendrier clairement défini pour le dialogue
postsuivi. Toutefois, il est ressorti clairement des discussions
de la commission que la procédure devait être clarifiée pour le
dialogue postsuivi, comme l’a proposé la commission.
105. Lorsqu’une procédure de suivi est close au titre d’un pays,
l’Assemblée peut décider d’ouvrir un dialogue postsuivi avec le
pays en question sur un nombre bien défini de questions nécessitant
encore des mesures spécifiques de la part des autorités. Lorsqu’un
dialogue postsuivi est ouvert, il est proposé que deux rapporteurs

soient
nommés par la commission de suivi de la même manière que les rapporteurs
pour une procédure de suivi stricto sensu. Les rapporteurs pour
la procédure postsuivi ont jusqu’à trois ans pour produire leur
premier rapport sur le dialogue postsuivi. Si, à ce stade, les points
abordés n’ont pas tous été traités de façon satisfaisante par les
autorités du pays, les rapporteurs décrivent brièvement les points
restants et font une proposition concrète, élaborée en concertation
avec les autorités, sur la façon dont ces questions doivent être
traitées. Si, d’ici le rapport suivant, qui doit être publié là
encore dans les trois années suivant l’adoption du premier rapport,
les questions restantes n’ont pas été réglées de façon satisfaisante
et si l’Assemblée décide, en conséquence, de ne pas clore le dialogue
postsuivi, le pays retourne alors à la procédure de suivi stricto
sensu. Il doit être clair que le retour à la procédure stricto sensu
se fonde systématiquement sur une décision de l’Assemblée dans le
cadre du projet de résolution proposé par la commission de suivi
contenant une décision de ne pas clore le dialogue postsuivi. L’Assemblée
peut décider également de clore la procédure postsuivi même s’il
lui semble que certains points secondaires n’ont pas été totalement
réglés.
106. Pour les quatre pays actuellement engagés dans un dialogue
postsuivi, des dispositions transitionnelles sont nécessaires concernant
le calendrier limité et la désignation de rapporteurs supplémentaires,
que la commission m’a chargé de rédiger.
107. Pour ce qui est du calendrier limité de deux rapports, le
rapport suivant l’adoption de ces changements comptera comme le
premier rapport du cycle de deux rapports pour les pays déjà engagés
dans un dialogue postsuivi.
108. Pour ce qui concerne la désignation de deux rapporteurs pour
les quatre pays engagés actuellement dans un dialogue postsuivi,
le second rapporteur sera désigné au moment de la deuxième partie
de session de l’Assemblée de 2016 ou à l’expiration du mandat de
l’actuel rapporteur ou encore lorsqu’un rapport sur le dialogue
postsuivi pour le pays concerné aura été débattu à l’Assemblée,
selon ce qui se produit en premier.
3.3. Dispositions diverses
109. Avec l’ajout du nouvel examen périodique complet
des pays non assujettis à une procédure de suivi stricto sensu et
non engagés dans un dialogue postsuivi – actuellement au nombre
de 33 –, l’Assemblée aura un aperçu global de la situation quant
au respect des obligations d’adhésion dans tous les Etats membres
du Conseil de l’Europe. Elle sera de fait en position de prévoir
une action rapide en cas d’inquiétudes soulevées dans ce contexte.
Cela nous permettra en outre de corriger une insuffisance de la
procédure d’application en vigueur pour l’ouverture d’une procédure
de suivi. En théorie, 20 membres – pour des raisons purement politiques
sans lien avec le respect des obligations des Etats membres – peuvent
solliciter l’ouverture d’une procédure de suivi au titre d’un pays
donné. A l’heure actuelle, l’Assemblée n’a pas la possibilité de
rejeter toute demande fantaisiste ou politisée, et la commission
de suivi est tenue de procéder à des investigations approfondies
réalisées par deux rapporteurs. Il est donc proposé que la commission,
sur proposition du président, à la majorité absolue de tous ses
membres et sous réserve de la confirmation du Bureau, puisse décider
de ne pas donner suite à des demandes d’ouverture de procédure de
suivi découlant du paragraphe 3.iii de son mandat. Il doit être
clair que cela ne s’applique pas aux demandes découlant des paragraphes
3.i, 3.ii et 3.iv du mandat de la commission.