1. Introduction
1. La procédure de suivi de l’Assemblée
parlementaire se fonde sur la
Résolution
1115 (1997) portant création de la commission pour le respect des
obligations et engagements des États membres du Conseil de l’Europe
(commission de suivi), telle que modifiée par les
Résolutions 1431 (2005),
1710 (2010),
1936 (2013) et
2018 (2014). Cette résolution définit le mandat de la commission
de suivi et la charge de veiller «au respect des obligations contractées
par les États membres aux termes du Statut du Conseil de l’Europe
(STE no 1), de la Convention européenne
des droits de l’homme (STE no 5, «la
Convention») et de toutes les autres conventions de l’Organisation
auxquelles ils sont parties», ainsi qu’au «respect des engagements
pris par les autorités des États membres à l’occasion de leur adhésion
au Conseil de l’Europe».
2. Conformément à la
Résolution
1115 (1997), telle que modifiée, la commission de suivi est tenue
de rendre compte à l’Assemblée, une fois par an, du déroulement
général des procédures de suivi. Depuis 2016, les rapports relatifs
à l’évolution de la procédure de suivi de l’Assemblée sont examinés
lors des parties de session de janvier de cette dernière et couvrent
l’année civile précédente. En accord avec la pratique établie, la
commission m’a chargé, en ma qualité de président, de faire rapport
sur ses activités.
3. Conformément à son mandat, la commission de suivi veille au
respect par tous les États membres des obligations découlant de
leur adhésion au Conseil de l’Europe et, s’il en est, des engagements
spécifiques qu’ils ont contractés. À ce jour, 10 pays font l’objet
d’une procédure de suivi
stricto sensu et
trois sont engagés dans un dialogue postsuivi avec l’Assemblée.
Depuis 2014, tous les pays (actuellement 34) ne faisant pas l’objet
d’une procédure de suivi
stricto sensu et
n’étant pas engagés dans un dialogue postsuivi sont soumis à un
examen périodique concernant le respect des obligations découlant
de leur adhésion au Conseil de l’Europe. Conformément aux méthodes
de travail adoptées par la commission de suivi
, six pays ont
fait l’objet cette année d’un examen périodique. Pour quatre d’entre
eux (l’Estonie, la Grèce, la Hongrie et l’Irlande), la procédure
d’examen périodique a été menée à son terme et les rapports y afférents
sont inclus dans le rapport relatif à l’évolution de la procédure
de suivi de l’Assemblée.
4. L’évolution de la procédure de suivi de l’Assemblée pour les
pays qui font l’objet d’une procédure de suivi stricto sensu ou sont engagés dans
un dialogue postsuivi sera traitée dans la prochaine partie du présent rapport.
Comme le veut l’usage, je me suis limité aux constatations des textes
pertinents adoptés par l’Assemblée et aux rapports, déclarations
et autres documents publics établis par les corapporteurs pour les pays
respectifs. De plus, j’ai fait référence, le cas échéant, aux rapports
des commissions ad hoc pour l’observation des élections dans les
pays en question.
5. Les rapports d’examen périodique pour l’Estonie, la Grèce,
la Hongrie et l’Irlande figurent dans la deuxième partie du présent
rapport d’activité. La pratique des examens périodiques des pays
qui ne font pas l’objet d’une procédure de suivi stricto sensu ou ne sont pas engagés
dans un dialogue postsuivi a été bien établie au sein de la commission
de suivi. Le processus et les rapports d’examen périodique sont
appréciés par les pays concernés ainsi que par les membres de l’Assemblée
et contribuent à contrer toute allégation de double standard susceptible
d’être formulée si certaines catégories de pays membres ne faisaient
pas l’objet d’un suivi au regard des obligations découlant de leur
adhésion au Conseil de l’Europe. Le cadre combiné de la procédure
de suivi stricto sensu, du
dialogue postsuivi et des rapports d’examen périodique ainsi que
la possibilité pour la commission de suivi d’établir un rapport
sur le fonctionnement des institutions démocratiques de tout État
membre du Conseil de l’Europe garantissent le suivi global par l’Assemblée
des obligations et des engagements souscrits lors de l’adhésion
de tous les États membres du Conseil de l’Europe. En même temps, ces
examens périodiques font peser une pression considérable sur les
ressources de la commission et sur le temps dont elle dispose, y
compris sur son secrétariat, ainsi que sur le travail du président
de la commission, qui est rapporteur de droit de ces rapports.
2. Aperçu des activités de
la commission
2.1. Observations générales
6. Au début de la période couverte
par le présent rapport, neuf pays
faisaient l’objet
d’une procédure de suivi
stricto sensu et
quatre autres
étaient
engagés dans un dialogue postsuivi avec l’Assemblée. Le 25 avril 2017,
compte tenu de l’évolution de la situation dans le pays, l’Assemblée
a décidé, sur la base d’un rapport préparé par la commission de
suivi, de rouvrir la procédure de suivi
stricto
sensu avec la Turquie, qui était alors engagée dans un
dialogue postsuivi avec l’Assemblée. Dix pays sont donc actuellement
soumis à une procédure de suivi
stricto
sensu et trois autres sont engagés dans un dialogue postsuivi.
7. Au cours de la période considérée, la commission a préparé
des rapports sur le fonctionnement des institutions démocratiques
en Ukraine, en Turquie et en Azerbaïdjan, qui ont été débattus par
l’Assemblée.
8. Au cours de la période considérée, la commission s’est réunie
neuf fois, quatre fois à Strasbourg durant la session plénière de
l’Assemblée, quatre fois à Paris et une fois à Helsinki à l’invitation
du Parlement finlandais. Je tiens à remercier le Parlement finlandais
de l’accueil chaleureux qu’il a réservé à la commission à cette
occasion.
9. Au cours de cette période, les corapporteurs respectifs ont
effectué des visites d’information en Albanie, en Arménie, en Azerbaïdjan
(trois visites), en Bosnie-Herzégovine, en Géorgie (deux visites),
en Serbie, en Turquie, au Monténégro et dans «l’ex-République yougoslave
de Macédoine». En outre, les corapporteurs pour l’Albanie ont participé
aux missions préélectorales et d’observation des élections dans
ce pays.
10. À l’issue de leurs visites, les corapporteurs respectifs ont
produit des notes d’information sur l’Albanie, l’Azerbaïdjan, la
Géorgie, le Monténégro et «l’ex-République yougoslave de Macédoine»,
qui ont été déclassifiées par la commission. En outre, les rapporteurs
et la commission ont adopté un certain nombre de déclarations concernant
les développements en Albanie, en Arménie, en Azerbaïdjan, en Géorgie,
au Monténégro, en Fédération de Russie, en Ukraine, en Turquie,
dans «l’ex-République yougoslave de Macédoine» et en Pologne.
11. En ce qui concerne le rapport sur «Le fonctionnement des institutions
démocratiques en Pologne», les corapporteurs, Yves Cruchten et Thierry
Mariani, ont effectué du 3 au 6 avril 2017 une mission d’enquête
en Pologne et rédigé une note d’information déclassifiée par la
commission le 16 mai 2017. M. Mariani a cessé d’être membre de la
commission de suivi le 29 juin 2017 et a été remplacé par Mme Elisabeth
Schneider-Schneiter le 15 novembre 2017.
12. Dans le cadre de la réunion qu’elle a tenue à Helsinki, la
commission a organisé une audition publique sur «L’ordre juridique
international dans un monde qui change: défis pour la procédure
de suivi de l’Assemblée parlementaire», à laquelle ont participé
Mme Tarja Halonen, ancienne Présidente
de la République de Finlande, M. Sergio Bartole, membre de la Commission
européenne pour la démocratie par le droit (Commission de Venise)
et ancien professeur à l’Université de Trieste (Italie), et M. Daniel
Tarschys, ancien Secrétaire Général du Conseil de l’Europe.
13. Le 23 janvier 2017, conformément à la décision qu’elle avait
prise le 9 novembre 2016, la commission a créé une sous-commission
sur les conflits entre les États membres du Conseil de l’Europe
qui s’est réunie le 8 mars à Paris et le 15 mai 2017 à Helsinki.
Lors de la réunion du 8 mars, M. Stefan Schennach (Autriche, SOC)
en a été élu président et M. Giuseppe Galati (Italie, PPE/DC) vice‑président.
Par ailleurs, le 25 septembre 2017, la sous-commission a organisé,
à l’invitation du Parlement grec, une réunion à Athènes qui a été
l’occasion d’un échange de vues avec les représentants du président
en exercice de l’Organisation pour la sécurité et la coopération
en Europe (OSCE) à propos des principaux mécanismes officiels de médiation
des conflits relevant du mandat de la sous-commission. Je tiens
à remercier le Parlement grec de l’accueil chaleureux qu’il a réservé
à la sous-commission à cette occasion.
14. L’excellente coopération avec la Commission de Venise s’est
poursuivie cette année. La commission a sollicité, le 4 mai 2017,
un avis de la Commission de Venise sur la loi modifiée relative
au ministère public de Pologne. Le 7 septembre 2017, elle a demandé
des avis sur la loi ukrainienne sur «la modification de certaines lois
de l’Ukraine relatives aux particularités du contrôle financier
à l’égard de certaines catégories de fonctionnaires» et sur «le
cadre juridique régissant le financement des partis politiques et
des campagnes électorales, ainsi que sur les amendements récents
à la législation électorale de la République de Moldova». Je tiens à exprimer une nouvelle
fois ma profonde gratitude pour la cordialité des relations de travail
et la rapidité des réponses de la Commission de Venise aux demandes
de la commission.
15. Le travail des corapporteurs dans le cadre d’une procédure
de suivi ou d’un dialogue postsuivi est complexe, chronophage et
exige une disponibilité et une souplesse considérables. Des visites
de travail régulières, au moins deux fois par an, sont indispensables
pour préparer les rapports. De toute évidence, ces visites nécessitent
d’énormes investissements en termes de temps et de préparation de
la part des rapporteurs et du personnel de la commission qui accompagne
les rapporteurs. Je voudrais donc rendre hommage à tous les rapporteurs
passés et présents en charge du suivi pour leur travail acharné
et leur engagement dans la procédure de suivi. Toutefois, la commission
a récemment constaté qu’en raison d’élections et d’agendas nationaux
chargés, les rapporteurs étaient moins disponibles pour mener des
missions d’information, voire pour participer aux réunions de la
commission lorsque le pays placé sous leur responsabilité figure
à l’ordre du jour. Cela a parfois entraîné des retards considérables
dans la préparation des rapports présentés à la commission et à
l’Assemblée. Il s’agit d’un réel sujet de préoccupation qui doit
être abordé par les groupes politiques chargés de proposer les membres
de la commission et des candidats aux postes vacants de rapporteur.
J’invite donc tous ces groupes à nommer à la commission des membres
qui sont disponibles pour occuper les postes de rapporteurs, lorsque
ceux-ci sont à pourvoir. Dans ce contexte, je tiens à rappeler qu’en guise
de méthode de travail interne, la commission s’est efforcée de nommer
des rapporteurs siégeant à la commission depuis une année environ
pour avoir l’assurance qu’ils comprennent la procédure de suivi
en cours, même si certaines exceptions ont pu être notées. Il n’est
cependant pas certain que dans les conditions actuelles cette méthode
de travail interne puisse être maintenue beaucoup plus longtemps.
16. Autre sujet de préoccupation dans ce contexte: les retards
intervenus à de nombreuses reprises dans la nomination de rapporteurs,
le groupe politique censé désigner un candidat n’arrivant pas à
se mettre d’accord sur un nom. Certaines procédures de suivi ont
subi de ce fait des retards inacceptables. Lors de la réunion qu’elle
a tenue le 13 novembre 2017 à Paris, la commission est donc convenue
d’une méthode de travail interne révisée pour la nomination des
rapporteurs, qui autorise en principe un seul report possible pour la
nomination d’un rapporteur par la commission.
2.2. Aperçu du suivi au cours
de la période visée concernant les pays soumis à une procédure de
suivi stricto sensu
2.2.1. Albanie
17. Les corapporteurs se sont rendus
dans le pays du 27 février au 1er mars
2017 et ont participé ex officio à la commission ad hoc pour l’observation
des élections générales du 25 juin 2017.
18. La polarisation entre les principaux partis politiques en
Albanie a perduré au cours de l’année écoulée, en particulier à
la veille des élections législatives du 25 juin 2017. Le climat
politique tendu a fait obstacle ou nui à la mise en œuvre des réformes
plus que nécessaires, notamment la réforme électorale et, plus important, la
réforme du système judiciaire, qui a connu des retards significatifs.
19. En janvier 2017, le Parti démocrate (PD) et d’autres petits
partis d’opposition ont déclaré que les élections, prévues à ce
moment-là le 18 juin 2017, ne seraient démocratiques que si plusieurs
conditions étaient réunies, notamment la mise en place d’un gouvernement
technique et l’introduction du vote et du dépouillement électroniques
lors des prochaines élections. La majorité au pouvoir a répliqué
que le gouvernement avait été élu démocratiquement et n’avait donc
pas besoin de démissionner, et que la plupart des propositions de
modification du cadre électoral, y compris l’introduction du vote
électronique, étaient trop complexes pour pouvoir être appliquées
d’ici les élections de juin 2017.
20. En réponse, le 18 février 2017, le Parti démocrate a annoncé
qu’il boycotterait le parlement ainsi que les prochaines élections
et lancé une manifestation permanente devant le bureau du Premier
ministre, réclamant sa démission ainsi que la satisfaction de ses
demandes antérieures. La majorité au pouvoir a rétorqué que les modifications
du cadre électoral pouvaient être discutées au sein du groupe de
travail parlementaire sur les élections, qui avait été mis en place
au parlement, et allégué que la principale raison de ce boycott
était le souhait de l’opposition de faire échouer le processus de
réévaluation des qualifications des juges. Les corapporteurs de
la commission de suivi, exprimant leur opposition de principe aux
boycotts parlementaires, ont appelé toutes les parties à revenir
à la table des négociations.
21. L’impasse entre l’opposition et la majorité au pouvoir a perduré
jusqu’au 18 mai 2017, date à laquelle, à la suite d’une intense
médiation des États-Unis et de l’Union européenne, un accord politique
a été conclu entre le Parti socialiste (SP) et le PD. Cet accord
a établi entre autres
un gouvernement
technique dans lequel un certain nombre de postes clés ont été réservés
à l’opposition, laquelle a également pu nommer les chefs de plusieurs
organes de l’État, dont la Commission électorale centrale et le
bureau du médiateur national. Un certain nombre de ces nominations
étaient contraires à la législation albanaise, qui prévoyait qu’elles
relevaient du parlement. En outre, il a été convenu de reporter
les élections au 25 juin et de prolonger le délai de soumission
des listes de candidats.
22. Les élections législatives qui ont eu lieu le 25 juin 2017
ont été observées par une délégation de l’Assemblée qui a conclu
que «les candidats ont pu mener leur campagne librement, et les
droits fondamentaux comme la liberté de réunion et la liberté d’expression
ont été respectés», mais que «la politisation persistante des organes
et institutions électoraux ainsi que les nombreuses allégations
d’achats de voix et de pressions sur les électeurs ont affecté la
confiance du public dans le processus électoral»
. Les élections ont
été remportées par la coalition dirigée par le PS qui a obtenu 48,3 %
des voix, soit 74 des 140 sièges au parlement, suivie du PD avec
28,9 % (43 sièges) et du Mouvement socialiste pour l’intégration, qui
n’avait pas rejoint les coalitions PD ou SP, avec 14,3 % des voix
(19 sièges). Le Parti de la justice, de l’intégration et de l’unité
a remporté trois sièges et le Parti de la démocratie sociale un
siège. Tous les autres partis n’ont pas réussi à franchir le seuil
électoral. Le taux de participation a été relativement faible (46,8 %).
23. Outre les élections législatives, la réforme du système judiciaire,
en particulier le processus d’évaluation des qualifications des
juges et la mise en œuvre de la loi dite de dépénalisation, a dominé
l’agenda politique en Albanie.
24. À la suite de l’adoption des amendements constitutionnels
du 21 juin 2016 qui a ouvert la voie à une réforme globale du système
judiciaire, un ensemble de sept lois organiques a été adopté pour
mettre en œuvre cette réforme; ces lois portent sur l’organisation
du système judiciaire, le ministère public, le statut des juges et
des procureurs, la Cour constitutionnelle ainsi que la création
d’institutions spécialisées dans la lutte contre la criminalité
organisée et la corruption
.
Malheureusement, le PD a boycotté le vote du volet judiciaire, à l’exception
de la loi sur l’organisation et le fonctionnement des institutions
de lutte contre la corruption et la criminalité organisée.
25. La loi sur la réévaluation est une loi essentielle pour la
réforme du système judiciaire, en dépit des controverses qu’elle
suscite au plan national. Elle prévoit une réévaluation des qualifications
des juges, des procureurs et des conseillers juridiques sur la base
de l’intégrité, des antécédents (éventuels liens inappropriés avec
le crime organisé) et de la compétence professionnelle. Ce processus
est déterminant pour la mise en place des nouvelles institutions
prévues dans le cadre de la réforme judiciaire, telles que le Conseil
supérieur des juges et le Conseil supérieur des procureurs. La communauté
internationale supervise le processus de réévaluation par l’intermédiaire
de l’Opération de surveillance internationale, qui formule des recommandations
quant à la nomination des candidats aux commissions d’évaluation
et contrôlera, par la suite, le processus lui-même.
26. À la suite des demandes de l’opposition, une loi de dépénalisation
a été adoptée par le parlement en 2016. Elle vise à contrôler et
à garantir l’intégrité de toutes les personnes nommées ou élues
à des fonctions publiques, processus dit de dépénalisation. Les
personnes dont on constate qu’elles ne présentent pas l’intégrité
juridique requise perdront leur mandat. La mise en œuvre de cette
loi incombe au Procureur général et à la Commission électorale centrale.
27. Après les élections, l’opposition est revenue au parlement
et participe aux travaux de tous les organes parlementaires ainsi
que d’autres institutions et organismes dans lesquels elle dispose
d’une représentation institutionnelle.
2.2.2. Arménie
28. Les corapporteurs se sont rendus
les 6 et 7 novembre 2017 à Erevan dans le cadre d’une visite d’information.
La vie politique du pays a été dominée par la mise en œuvre des
amendements constitutionnels adoptés par référendum le 6 décembre
2015 et par l’organisation des élections législatives du 2 avril 2017.
29. La coopération et la cohésion entre toutes les principales
forces politiques ont été renforcées pour assurer la stabilité et
la sécurité du pays après les hostilités d’avril le long de la ligne
de contact et elles se sont poursuivies tout au long de 2017, ce
qui a permis d’améliorer et de faire avancer la vie politique dans
le pays. Cette amélioration du climat politique est à saluer.
30. Les élections législatives se sont déroulées le 2 avril 2017.
Il s’agissait des premières élections organisées après l’adoption
de la nouvelle constitution qui a transformé le système politique
d’une république présidentielle, avec un système électoral mixte
mi-proportionnel, mi-majoritaire, en une république parlementaire,
avec un système électoral entièrement proportionnel et des listes
régionales. Ces élections ont constitué la première étape de la
mise en œuvre du nouveau système politique.
31. Ces élections ont été organisées dans le cadre d’un nouveau
Code électoral qui a été adopté sur la base d’un consensus entre
l’opposition et la majorité au pouvoir. L’adoption consensuelle
du Code électoral et d’un certain nombre de mécanismes visant à
garantir l’intégrité du vote et à renforcer la confiance dans les
élections est un signe du nouveau climat politique, plus mature,
qui se dessine en Arménie.
32. Les élections ont été observées par l’Assemblée dans le cadre
de la Mission internationale d’observation électorale (MIOE)
. De l’avis de cette
Mission
, les élections ont été bien organisées
et les droits et libertés fondamentaux respectés. Le nouveau cadre
juridique pour les élections a été considéré comme une amélioration,
même si la complexité du système électoral et des procédures électorales
semble parfois avoir créé une certaine confusion parmi les électeurs
et les commissions électorales, entamant la confiance générale de
la population dans le processus électoral. L’amélioration des listes
électorales et le mécanisme mis en place pour lutter contre la possibilité
d’usurpation d’identité et de votes multiples, comme la publication
de la liste électorale signée et l’introduction de dispositifs d’authentification
des électeurs, ont contribué à l’intégrité du scrutin. Cependant,
le processus électoral a été entaché par des allégations d’achat généralisé
de voix, dont beaucoup sont crédibles, et d’utilisation abusive
de ressources administratives.
33. Le Parti républicain du Président Sargsyan a remporté ces
élections avec 49,17 % des voix, soit 58 des 105 sièges du nouveau
parlement. L’Alliance Tsarukyan du dirigeant du parti Arménie prospère,
Gagik Tsarukyan, s’est classée en deuxième position avec 27,35 %
des voix, soit 31 sièges, suivie de l’Alliance Yelk («Way out»/«Pour
le départ») avec 7,78 % des voix (9 sièges) et la Fédération révolutionnaire
arménienne avec 6,58 % des voix (7 sièges). Tous les autres partis
n’ont pas réussi à franchir le seuil requis pour siéger au parlement.
À l’issue des élections, le Parti républicain et la Fédération révolutionnaire
arménienne ont formé un gouvernement de coalition et le Premier
ministre sortant, Karen Karapetyan, a été reconduit dans ses fonctions
de Premier ministre.
34. En Arménie, la police nationale ne rend pas de comptes au
gouvernement, elle est rattachée directement au Président de la
République. Cet arrangement institutionnel a eu une incidence négative
sur le contrôle public des forces de police et leur responsabilité,
notamment devant le parlement. L’Assemblée avait donc précédemment
recommandé
que la police nationale soit rattachée
à un ministère spécialisé au sein du gouvernement. Toutefois, cette
recommandation n’a pas encore été suivie. Dans la nouvelle Constitution,
la présidence devient une fonction honorifique et un nouvel arrangement
institutionnel devra être élaboré pour la police nationale.
35. L’usage disproportionné et excessif de la force par la police,
en particulier dans le contexte des mouvements de protestation et
des manifestations, qui va de pair avec un sentiment d’impunité,
est un sujet de préoccupation récurrent en Arménie. Cet état de
fait est reconnu par les autorités qui ont fait de la lutte contre
le recours excessif à la force et la violence policière une priorité
déclarée du gouvernement. L’unité spéciale créée au sein de la police
pour enquêter sur les plaintes déposées contre des policiers, notamment pour
abus de pouvoir ou recours excessif à la force, a ouvert plusieurs
enquêtes. La création de cette unité au sein de la police représente
une évolution positive, mais n’est cependant pas à la hauteur du
mécanisme indépendant d’examen des plaintes recommandé par le Commissaire
aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe et par l’Assemblée.
Les autorités devraient prendre toutes les mesures nécessaires pour
garantir l’indépendance et la transparence des mécanismes d’examen
des plaintes et d’enquête interne, conformément aux bonnes pratiques
en vigueur dans d’autres États membres du Conseil de l’Europe.
36. La population n’a guère confiance dans l’indépendance et l’impartialité
du pouvoir judiciaire en Arménie, ce qui est d’autant plus préoccupant
qu’elle a la nette impression que le pouvoir judiciaire est corrompu, comme
l’indique Transparency International
. Accroître l’indépendance du système
judiciaire, restaurer la confiance de la population dans ce système
et lutter contre la corruption répandue parmi les magistrats sont des
priorités déclarées des autorités, qu’il convient d’encourager à
poursuivre et, au besoin, à intensifier leurs actions pour atteindre
cet objectif.
2.2.3. Azerbaïdjan
37. Les corapporteurs se sont rendus
dans le pays à trois reprises, du 12 au 14 janvier 2017, du 12 au 14 juin
2017 et du 13 au 17 septembre 2017. La commission de suivi a préparé
un rapport sur le fonctionnement des institutions démocratiques
en Azerbaïdjan, qui a été débattu par l’Assemblée le 11 octobre 2017
et a abouti à l’adoption de la
Résolution 2184 (2017).
38. Tout en se félicitant du dialogue permanent avec les autorités
azerbaïdjanaises dans le cadre de la procédure de suivi de l’Assemblée,
la résolution soulève un certain nombre de problèmes, notamment
en ce qui concerne la séparation des pouvoirs, le fonctionnement
du système de justice et la liberté d’expression et d’association
en Azerbaïdjan.
39. Depuis les récentes modifications constitutionnelles, l’exécutif
a de moins en moins de comptes à rendre au parlement. La fonction
de contrôle du parlement sur l’exécutif doit être renforcée.
40. En dépit des progrès accomplis, notamment en ce qui concerne
les pouvoirs conférés au Conseil juridique et judiciaire, le système
judiciaire azerbaïdjanais n’est toujours pas indépendant ni impartial
et pâtit de l’ingérence du pouvoir exécutif. Les insuffisances du
système de justice pénale mises en évidence par la Cour européenne
des droits de l’homme doivent encore être corrigées. Le Président
de la République a engagé une réforme avec le décret exécutif relatif
à l’amélioration du fonctionnement du système pénitentiaire et l’humanisation
des politiques pénales, une première étape positive qui devrait
être suivie d’une mise en œuvre rapide.
41. L’Assemblée est préoccupée par les mesures répressives prises
à l’égard des médias indépendants ainsi que par l’application arbitraire
de la législation pénale en vue de limiter la liberté d’expression.
Elle s’inquiète également d’allégations relatives à un climat de
restrictions pesant sur les activités de l’opposition extraparlementaire
ainsi que de limitations à la liberté de réunion.
42. Le pays ne dispose pas d’un système indépendant, impartial
et efficace de réponse aux allégations de mauvais traitements par
des agents de la force publique.
43. Des rapports ont fait état d’un lien entre le gouvernement
azerbaïdjanais et un système de blanchiment de capitaux à grande
échelle, qui a fonctionné dans les années 2012 à 2014 et a notamment
servi à influencer les travaux de membres de l’Assemblée au regard
de la situation des droits de l’homme en Azerbaïdjan. L’Assemblée
a exhorté les autorités azerbaïdjanaises à ouvrir sans délai une
enquête indépendante et impartiale sur ces allégations.
44. Le cadre législatif applicable au fonctionnement et au financement
des organisations non gouvernementales (ONG) reste restrictif et
n’est pas conforme aux normes européennes. Une partie des arrestations
et des condamnations de défenseurs des droits de l’homme azerbaïdjanais
serait due à des dysfonctionnements de la loi sur les ONG et à la
manière dont celle-ci est appliquée. Le Président a promulgué une
ordonnance relative à la mise en place d’un système de guichet unique
pour la procédure d’octroi de dons par des donateurs étrangers.
La législation en vigueur sur les ONG doit être révisée conformément
aux recommandations de la Commission de Venise.
45. Tout en se félicitant de la libération, en 2016 et 2017, de
certains «prisonniers politiques/prisonniers d’opinion», l’Assemblée
est préoccupée par les informations faisant état de poursuites et
du maintien en détention de défenseurs des droits de l’homme, de
militants politiques, de journalistes et de blogueurs. Elle appelle
les autorités à mettre tout en œuvre pour libérer les prisonniers
dont l’incarcération soulève des doutes justifiés.
46. L’Assemblée invite les autorités azerbaïdjanaises à mettre
en œuvre rapidement et intégralement des décisions de la Cour européenne
des droits de l’homme, à renforcer le contrôle parlementaire sur
l’exécutif, à poursuivre les réformes du système judiciaire et du
ministère public afin de garantir la pleine indépendance du pouvoir
judiciaire, à mettre un terme à la répression systémique des défenseurs
des droits de l’homme, des médias et de ceux qui critiquent le gouvernement,
y compris les poursuites à motivation politique, et à créer un environnement
propice aux activités des ONG et des médias.
2.2.4. Bosnie-Herzégovine
47. Le 15 mai 2017, M. Egidijus
Vareikis (Lituanie, PPE/DC), dont le mandat a pris fin, a été remplacé
par M. Tiny Kox (Pays-Bas, GUE) en qualité de corapporteur pour
la Bosnie-Herzégovine. Les rapporteurs se sont rendus dans le pays
les 5 et 6 septembre 2017 et ont rédigé un avant-projet de rapport
sur le respect des obligations et engagements de la Bosnie-Herzégovine,
qui a été approuvé par la commission le 26 avril 2017. Aucune observation
des autorités sur l’avant-projet de rapport n’a été reçue dans le
délai fixé par la commission de suivi, malgré une prolongation accordée
jusqu’au 30 octobre 2017. Cette absence d’observations n’a donné
lieu à aucune explication. C’est la première fois dans l’histoire
de la procédure de suivi qu’un pays ne formule pas d’observations
sur un avant-projet de rapport et il faut y voir une violation grave de
l’obligation faite au pays de coopérer pleinement avec la commission
de suivi. Celle-ci a donc décidé le 15 novembre d’aller de l’avant
et un projet de résolution a été adopté le 13 décembre 2017 en vue
de sa présentation à la partie de session de l’Assemblée de janvier
2018.
2.2.5. Géorgie
48. Les corapporteurs ont effectué
des visites d’information dans le pays du 28 au 30 mars et du 20
au 22 novembre 2017. Le 27 juin, M. Boriss Cilevičs (Lettonie, SOC),
dont le mandat de corapporteur a pris fin, a été remplacé par M. Titus
Corlăţean (Roumanie, SOC) en qualité de corapporteur pour la Géorgie.
49. En 2017, l’agenda politique du pays a été dominé par la réforme
constitutionnelle lancée par les autorités à la suite des élections
législatives d’octobre 2016. Ces élections ont été très largement
remportées par le parti au pouvoir «Rêve géorgien-Géorgie démocratique»
(RG-GD) du Premier ministre Kvirikashvilli, qui a obtenu une majorité
constitutionnelle de 115 sièges sur les 150 que compte le Parlement
géorgien.
50. Les résultats de ces élections ont eu de profonds effets sur
l’environnement politique de la Géorgie. Le fait que les partis
d’opposition ont été incapables de tirer profit de l’impopularité
dans laquelle le parti RG‑GD au pouvoir serait tombé et que la plupart
des petits partis du courant dominant n’ont pas pu entrer au parlement montre
que les électeurs continuent de s’interroger sur le bilan du Mouvement
national uni (MNU) lorsque celui-ci dirigeait le pays et sur l’efficacité
de l’opposition parlementaire. Cela est particulièrement important dans
le contexte de la majorité constitutionnelle du parti au pouvoir.
Immédiatement après les élections, des divergences d’opinion très
nettes sont devenues palpables au sein de la direction du parti
de l’ancien président Saakashvili et ont abouti à la scission du
parti en deux: le MNU et Géorgie européenne.
51. Après les élections, les autorités ont annoncé que la majorité
au pouvoir avait l’intention de réformer la Constitution géorgienne
pour renforcer la séparation des pouvoirs. Un autre objectif de
la révision de la Constitution était de fournir un cadre constitutionnel
aux réformes électorales, notamment de créer un système électoral
proportionnel. Le 15 décembre 2016, le parlement a créé une commission
constitutionnelle composée, entre autres, de membres de la majorité
au pouvoir et de l’opposition, ainsi que de représentants de la
société civile.
52. La commission constitutionnelle a adopté sa proposition le
22 avril 2017. Les membres nommés par l’opposition ont refusé de
participer à son adoption, n’étant pas parvenus à un accord sur
un certain nombre de questions qui figuraient dans la proposition
de la commission. La majorité des représentants de la société civile
et le Médiateur ont voté contre la proposition pour des raisons
similaires.
53. La proposition de la commission comportait une révision complète
de la Constitution et couvrait un large éventail de sujets. Comme
il est indiqué plus haut, certaines de ces propositions ont suscité
des controverses ou des polémiques parmi les membres de la commission.
54. La proposition adoptée par la commission constitutionnelle
réduit considérablement les pouvoirs du Président géorgien. En conséquence,
la commission constitutionnelle a proposé que l’élection directe
du Président soit supprimée et que le Président soit élu par un
conseil électoral composé de 300 députés et de représentants des
pouvoirs locaux et régionaux. Cette proposition a donné lieu à de
nombreuses controverses, d’autant que le président actuel avait
critiqué ouvertement le gouvernement et la majorité au pouvoir.
En réponse à ces controverses, la commission constitutionnelle a
proposé que l’élection indirecte n’entre en vigueur qu’après la
prochaine élection présidentielle, prévue en octobre 2018.
55. La réforme électorale était un objectif clé du processus de
révision constitutionnelle. À cet égard, la commission a proposé
d’introduire un système entièrement proportionnel sur la base de
listes bloquées dans une circonscription unique nationale, au lieu
de l’actuel système mixte mi-proportionnel, mi-majoritaire. Cette proposition
a été accueillie favorablement par la communauté internationale,
y compris l’Assemblée et la Commission de Venise. De plus, et de
façon plus controversée, la commission a proposé d’interdire les
blocs électoraux tout en conservant un seuil relativement élevé
de 5 % que les partis doivent franchir pour entrer au parlement.
Elle a aussi proposé que toutes les voix recueillies par les partis
qui n’ont pas franchi le seuil fixé soient attribuées au vainqueur
des élections. Cette formule de répartition des voix, combinée à
l’interdiction des blocs électoraux et à l’imposition d’un seuil
élevé, pourrait donner de nombreux sièges «supplémentaires» au plus
grand parti et réduire la proportionnalité des résultats des élections.
56. Dans une démarche qui n’est pas liée aux objectifs déclarés
de la révision constitutionnelle et qui semble relever pour l’essentiel
du populisme, la commission constitutionnelle a proposé d’inclure
dans la Constitution un amendement qui limiterait l’institution
du mariage aux personnes de sexe opposé. Bien que la législation actuelle
ne contienne aucune disposition qui autoriserait les mariages entre
personnes de même sexe et qu’il soit très peu probable que cela
change rapidement dans la société géorgienne, qui est conservatrice
sur le plan social, il n’existe pour l’heure aucune limitation constitutionnelle
qui empêcherait ces mariages si la législation devait être modifiée.
En conséquence, compte tenu de la jurisprudence actuelle, une interdiction constitutionnelle
des mariages entre personnes de même sexe ne violerait pas la Convention
européenne des droits de l’homme, mais serait une régression par
rapport à la législation en vigueur, même si elle est largement symbolique.
57. Les autorités ont coopéré étroitement avec la Commission de
Venise lors de la rédaction des amendements constitutionnels et
se sont engagées à ce que le parlement n’adopte aucune norme ou amendement
évalué négativement par la Commission de Venise. La proposition
de la commission constitutionnelle a été transmise à la Commission
de Venise pour avis, après son adoption. Le parlement a adopté les
amendements constitutionnels en première lecture le 22 juin 2017.
Toutefois, au cours des discussions, l’introduction d’un système
électoral entièrement proportionnel a été reportée de 2020 à 2024,
ce qui signifie que les prochaines élections seraient encore organisées
sur la base du système électoral mixte actuel. L’opposition et la
société civile ont dénoncé cette démarche après que la Commission
de Venise a rendu son avis. Les négociations entre la majorité au
pouvoir et l’opposition pour parvenir à un consensus sur les amendements
constitutionnels, y compris le changement de système électoral,
n’ont pas abouti. Le 26 septembre 2017, le Parlement géorgien a
adopté les amendements constitutionnels comprenant l’introduction
d’un système électoral proportionnel en 2024. L’opposition a boycotté
le vote. Sous couvert de compromis avec l’opposition, les blocs
électoraux seront autorisés lors des élections de 2020, qui se dérouleront
selon un système mixte et pour ce scrutin, le seuil électoral sera
maintenu à 3 % au lieu de 5 %. En outre, les autorités ont renoncé,
pour les élections proportionnelles, au système controversé de sièges «supplémentaires»
qui sera mis en place en 2024. Dans son avis sur la révision de
la Constitution, adoptée par le parlement, la Commission de Venise
réitère son évaluation positive des éléments qui constituent une amélioration
de l’ordre constitutionnel du pays, mais estime que le report du
système électoral proportionnel en 2024 est très regrettable et
constitue un obstacle majeur à tout consensus sur la nouvelle constitution
entre les différentes forces politiques en Géorgie.
2.2.6. République de Moldova
58. Le 26 avril 2017, M. Ögmundur
Jónasson (Islande, GUE), qui a quitté l’Assemblée, a été remplacé
par M. Egidijus Vareikis (Lituanie, PPE/DC) comme corapporteur pour
la République de Moldova. Le 15 novembre 2017, Mme Maryvonne
Blondin (France, SOC) a été nommée corapporteure en remplacement
de Mme Valentina Leskaj (Albanie, SOC)
qui a quitté l’Assemblée. Du fait de ces changements de corapporteurs, aucune
visite d’information n’a eu lieu en République de Moldova en 2017.
Dans les paragraphes 15 et 16 ci-dessus, j’ai déjà exposé les problèmes
auxquels la commission est confrontée en raison des fréquentes modifications
dans la composition des équipes de rapporteurs pour un pays donné.
59. Le Parlement moldave a adopté un amendement au Code électoral
qui établit un système électoral mixte qui, selon l’avis de la Commission
de Venise de juin 2017, «n’est pas recommandé». Des questions ont été
soulevées quant à cette modification du système électoral dans le
contexte politique de la République de Moldova et au financement
des partis politiques et des campagnes électorales. La commission
de suivi est donc convenue, le 7 septembre 2017, de demander l’avis
de la Commission de Venise sur le cadre juridique régissant le financement
des partis politiques et des campagnes, ainsi que sur les récents
amendements à la législation électorale.
2.2.7. Fédération de Russie
60. La délégation russe a maintenu
sa décision regrettable de boycotter les travaux de l’Assemblée parlementaire
en 2017, décidant de nouveau de ne pas présenter les pouvoirs de
sa délégation en janvier 2017. Les corapporteures de la commission
de suivi n’ont par conséquent pas pu se rendre en Fédération de
Russie, mais ont toutefois continué de suivre les développements
intervenus dans le pays.
61. Le 21 janvier 2017, les corapporteures pour la Fédération
de Russie, conjointement avec le rapporteur sur la mise en œuvre
des arrêts de la Cour européenne des droits de l’homme de la commission
des questions juridiques, se sont dits profondément préoccupés par
la décision de la Cour constitutionnelle de la Fédération de Russie,
selon laquelle l’indemnisation des actionnaires de Yukos, ordonnée
par la Cour européenne des droits de l’homme, constituerait une
violation de la Constitution russe et que le paiement ne devrait
donc pas avoir lieu. Ils ont rappelé à la Fédération de Russie que
le respect inconditionnel de la Convention européenne des droits
de l’homme est une obligation qui incombe à tous les États membres
du Conseil de l’Europe et que l’exécution sélective des arrêts de
la Cour européenne des droits de l’homme n’est pas acceptable.
62. À l’issue des manifestations contre la corruption organisées
en Fédération de Russie le 26 mars 2017, des centaines de manifestants
ont été arrêtés par les autorités russes. Les corapporteures se
sont déclarées très préoccupées par ces arrestations, en particulier
par celle d’Alexei Navalny. Ces arrestations massives mettent en
relief les préoccupations répétées de la commission de suivi concernant
les entraves au droit à la liberté de réunion, notamment les restrictions
apportées à la législation et la réaction disproportionnée de la police.
63. Le 21 avril 2017, la Cour suprême de la Fédération de Russie
a estimé que les Témoins de Jéhovah constituaient une organisation
extrémiste et en a ordonné la fermeture. Cette décision suscite
de profondes inquiétudes quant à la liberté de religion en Russie
et à l’utilisation abusive de la législation contre l’extrémisme pour
restreindre la liberté d’expression et de réunion en Fédération
de Russie. Cette décision conforte les préoccupations de l’Assemblée
et de la Commission de Venise notamment face à cette législation
réprimant l’extrémisme qui peut se prêter à une application abusive
et arbitraire par les autorités.
64. Les informations faisant état d’enlèvements, de détentions
illégales, de tortures et d’assassinats d’hommes en République tchétchène
sur la base de leur orientation sexuelle et de leur identité de
genre sont très préoccupantes et devraient faire l’objet d’une enquête
exhaustive et transparente des autorités. Tous les auteurs de tels
actes odieux doivent rendre des comptes et des mesures efficaces
sont à prendre d’urgence pour protéger la vie, la liberté et la
sécurité des personnes gays et bisexuelles dans toute la Fédération
de Russie.
2.2.8. Serbie
65. Les corapporteurs se sont rendus
dans le pays du 18 au 21 juillet 2017. En outre, ils ont participé
d’office à la commission ad hoc qui a observé l’élection présidentielle
du 2 avril 2017.
66. Le Premier ministre serbe nouvellement nommé a souligné l’engagement
de son gouvernement à mettre en œuvre les réformes économiques nécessaires
et à répondre aux préoccupations persistantes de l’Assemblée concernant
l’environnement médiatique en Serbie. Dans le même temps, des efforts supplémentaires
sont nécessaires, notamment une révision des dispositions constitutionnelles
relatives à la justice et des réformes visant à dépolitiser les
institutions judiciaires, à renforcer l’État de droit et à accroître
la confiance des citoyens dans les institutions publiques.
67. En ce qui concerne les droits des minorités, le cadre législatif
accorde une protection importante aux minorités, mais il est essentiel
que ces lois soient pleinement appliquées. À cet égard, à la suite
de leur visite dans le pays, les corapporteurs ont encouragé la
poursuite du dialogue entre Belgrade et Pristina, facilité par l’Union
européenne, et appelé à la mise en œuvre intégrale des accords existants
en vue d’améliorer la situation dans le sud de la Serbie.
68. L’élection présidentielle s’est déroulée le 2 avril 2017.
Elle a été observée par une commission ad hoc de l’Assemblée. Dans
son rapport, cette commission a conclu que la journée du scrutin
s’était déroulée dans le calme, qu’elle avait été bien organisée
et que les électeurs avaient pu faire leur choix librement. Elle
a cependant aussi noté un déséquilibre sans précédent de la couverture
médiatique en faveur du candidat de la majorité au pouvoir. Celui-ci
a aussi profité, à bien des égards pendant la campagne, de sa position
de Premier ministre, d’où, selon certaines informations, une utilisation
abusive des ressources administratives. Dans l’ensemble, ces carences
se sont traduites par une inégalité de traitement entre les candidats
à la présidence au profit du candidat de la majorité au pouvoir.
69. À l’issue des élections législatives du 24 avril 2016, l’Assemblée
a noté que «cette insécurité juridique engendre des difficultés
dans la mise en œuvre des dispositions de la loi sur le financement
des activités politiques»
. Malheureusement,
un certain nombre de recommandations formulées par la Commission
de Venise et l’OSCE/BIDDH dans leur avis conjoint, qui auraient
pu remédier à ces insuffisances et améliorer la transparence du
financement des campagnes et des partis, n’ont pas été mises en
œuvre, notamment, la limitation des dépenses de campagne et du financement
des partis ainsi que la réduction des limites imposées au financement
privé par des particuliers et des entreprises.
70. La commission ad hoc s’est félicitée de la transparence et
de l’efficacité de l’organisation de l’élection présidentielle de
2017 par la Commission électorale de la République. Elle s’est toutefois
dite préoccupée par la façon dont cette dernière est actuellement
composée, qui pourrait conduire à une politisation excessive de l’administration
électorale.
71. La couverture médiatique des élections serbes a été un sujet
récurrent de préoccupation pour l’Assemblée. Malheureusement, bon
nombre des problèmes que l’Assemblée a soulevés à cet égard restent sans
réponse. Si le cadre juridique actuel des médias peut protéger comme
il convient la liberté d’expression et des médias, sa non-application,
en particulier pendant les élections, demeure un grave sujet d’inquiétude auquel
les autorités doivent répondre.
72. La commission ad hoc de l’Assemblée chargée d’observer l’élection
présidentielle en Serbie le 2 avril 2017 a conclu que «la Serbie
a besoin d’améliorer son cadre juridique en matière électorale,
ainsi que certaines pratiques électorales, en tenant compte des
enseignements tirés des élections passées, afin de renforcer la
confiance des citoyens dans les élections démocratiques»
.
2.2.9. Turquie
73. Les corapporteures pour le
dialogue postsuivi avec la Turquie, Mme Ingebjørg
Godskesen (Norvège, CE) et Mme Marianne
Mikko (Estonie, SOC), se sont rendues en Turquie du 9 au 13 janvier
2017, dans l’idée de porter une attention particulière au traumatisme
et aux conséquences du coup d’État manqué du 15 juillet 2016 et
aux effets de l’état d’urgence sur les droits de l’homme, la démocratie,
et l’État de droit et sur les citoyens. Elles ont exprimé de vives
inquiétudes quant à la question de savoir si les amendements constitutionnels
en préparation (prévoyant le passage d’un système parlementaire
à un système présidentiel) offrent suffisamment de freins et contrepoids,
assurent la séparation des pouvoirs et garantissent l’indépendance
de la justice
.
74. Au cours de la partie de session de janvier 2017, la proposition
de la commission de suivi et de la commission des questions politiques
et de la démocratie de tenir un débat d’urgence sur «le fonctionnement des
institutions démocratiques en Turquie» n’est pas parvenue à réunir
une majorité des deux tiers dans l’hémicycle de l’Assemblée le 23 janvier
2017, malgré le soutien de près de 60% des membres de l’Assemblée qui
ont voté.
75. Dans le sillage de ce vote et à la suite de l’adoption de
18 amendements constitutionnels par le Parlement turc le 21 janvier
2017, la commission de suivi a adopté le 25 janvier 2017 une «déclaration
sur la proposition de réforme constitutionnelle en Turquie»
. Elle y a exprimé de sérieux doutes
quant à l’opportunité d’organiser un référendum dans le cadre de
l’état d’urgence et des opérations de sécurité en cours dans le sud-est
de la Turquie. Elle a également évoqué les conditions dans lesquelles
les amendements avaient été adoptés au parlement, le respect des
normes du Conseil de l’Europe durant la campagne référendaire, les conséquences
de ce référendum pour la séparation des pouvoirs, les contre‑pouvoirs
et l’indépendance du pouvoir judiciaire. En outre, la commission
s’est déclarée préoccupée par le contexte politique dans lequel
se déroulera le référendum, marqué par la levée de l’immunité de
154 parlementaires en mai 2016, la détention de 11 parlementaires
(appartenant tous au Parti démocratique des peuples (HDP), d’opposition),
les mesures disproportionnées prises depuis la proclamation de l’état
d’urgence en juillet 2016, l’interprétation problématique du Code
pénal et des dispositions de la loi antiterroriste, et l’effet paralysant
des pressions exercées sur les journalistes et les défenseurs des
droits de l’homme, qui entravent la liberté d’expression et des
médias. En conclusion, elle a décidé de demander la tenue d’un débat
sur «le fonctionnement des institutions démocratiques en Turquie»
au cours de la partie de session d’avril 2017, qui s’est tenu le
25 avril 2017
.
76. Dans sa
Résolution
2156 (2017), tout en condamnant la tentative avortée de coup d’État
du 15 juillet 2016, qui a traumatisé la société turque, ainsi que
les multiples menaces terroristes actuelles, l’Assemblée reste préoccupée
par la mise en œuvre de l’état d’urgence, l’ampleur et l’étendue
des purges pratiquées dans les institutions publiques et visant
des membres présumés du mouvement Gülen, l’effet disproportionné
des décrets-lois d’urgence – y compris la révocation massive de
fonctionnaires, de juges, de procureurs et d’universitaires et la
fermeture de médias et d’ONG – ainsi que l’accès limité aux recours judiciaires.
Elle s’est déclarée profondément préoccupée par l’arrestation de
parlementaires et de journalistes, par les violations répétées de
la liberté d’expression et de la liberté des médias et par la situation
des administrations locales dans le sud-est de la Turquie, qui ont
entraîné une grave détérioration du fonctionnement des institutions
démocratiques. Dans ce contexte, elle a rappelé que le rétablissement
de la peine de mort serait incompatible avec l’appartenance au Conseil
de l’Europe.
77. Sur la base de l’avis rendu en mars 2017 par la Commission
de Venise, qui a souligné que plusieurs amendements constitutionnels
n’étaient pas conformes aux normes du Conseil de l’Europe, et des
conclusions préliminaires de la commission ad hoc de l’Assemblée
pour l’observation du référendum du 16 avril 2017, l’Assemblée a
profondément regretté la tenue du référendum dans des conditions
inéquitables et s’attendait à la mise en œuvre des amendements constitutionnels
afin de respecter les normes du Conseil de l’Europe.
78. L’Assemblée a donc demandé instamment à la Turquie de prendre
des mesures urgentes, telles que la levée de l’état d’urgence, la
libération des parlementaires et des journalistes, la création d’une
commission d’enquête sur l’état d’urgence (afin d’assurer un recours
juridictionnel national effectif aux personnes révoquées en vertu
de décrets-lois d’urgence) et le démarrage de ses travaux, ainsi
que l’autorisation de la publication des derniers rapports du Comité
pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains
ou dégradants (CPT). Compte tenu des développements en Turquie,
l’Assemblée a décidé de rouvrir la procédure de suivi stricto sensu afin d’intensifier
sa coopération avec les autorités turques et toutes les forces vives
du pays.
79. Dans le droit fil de cette décision, la commission de suivi
a désigné, en juin 2017, Mme Marianne Mikko (Estonie,
SOC) et M. Nigel Evans (Royaume-Uni, CE) corapporteurs pour le suivi
de la Turquie. Depuis lors, ceux-ci ont exprimé à plusieurs reprises
leurs inquiétudes face au maintien en détention de journalistes
et de militants des droits de l’homme, en particulier le président
et la directrice d’Amnesty International, et aux poursuites engagées
contre eux
. La remise en liberté de cette dernière
et de sept autres militants des droits de l’homme (dans l’attente
de leur jugement) a été saluée le 27 octobre par les corapporteurs,
qui ont demandé l’abandon définitif des charges qui pèsent sur eux
.
80. Depuis l’adoption de la
Résolution
2156 (2017), l’état d’urgence est toujours en vigueur. La commission d’enquête
sur les mesures de l’état d’urgence, chargée d’examiner les révocations
de fonctionnaires au titre des mesures d’urgence, a été créée et
a reçu, depuis juillet 2017, environ 100 000 plaintes. Un rapport
du CPT sur la situation des ressortissants étrangers détenus en
vertu de la législation sur les étrangers a été publié en octobre
2017. Un groupe informel constitué par le Conseil de l’Europe et
le ministère turc de la Justice s’est réuni à plusieurs reprises
et a centré ses travaux récents sur «la liberté d’expression et
la lutte contre le terrorisme». Neuf députés du parti HDP, dont
son chef, M. Demirtas, un député du Parti républicain des peuples
(CHP), Enis Berberoglu, et 76 maires sont toujours en détention,
tandis que 93 commissaires d’État (administrateurs) ont été nommés
dans 101 municipalités dirigées par le HDP ou ses partis frères
.
En ce qui concerne la démocratie locale, la Commission de Venise
a conclu dans son avis d’octobre 2017 que le décret-loi d’urgence
no 674 avait fait obstacle à la démocratie
locale en Turquie et que les autorités turques avaient interprété
ces pouvoirs extraordinaires de manière trop large.
2.2.10. Ukraine
81. Le 25 janvier 2017, l’Assemblée
a adopté la
Résolution
2145 (2017) sur le fonctionnement des institutions démocratiques
en Ukraine. Dans cette résolution, elle salue l’ambitieux programme
de réformes mis en place après la «Révolution de la dignité», tout
en étant consciente du contexte difficile dans lequel ces réformes
sont mises en œuvre en raison de l’agression russe dans l’est de
l’Ukraine et de l’annexion illégale de la Crimée. Elle se félicite
des importants progrès accomplis dans la modification du cadre juridique nécessaire
aux réformes en Ukraine et souligne que ces modifications législatives
doivent maintenant être pleinement mises en œuvre et se traduire
par des changements de comportement et de pratique. À cet égard, elle
souligne que l’absence de progrès dans l’application des Accords
de Minsk ne devrait pas servir d’excuse pour ne pas mettre en œuvre
d’autres réformes essentielles à la consolidation de la démocratie
dans le pays.
82. Le durcissement du discours politique consécutif aux événements
de l’Euromaïdan et à l’agression russe dans l’est de l’Ukraine est
préoccupant. Cette polarisation est également perceptible dans l’environnement
médiatique et conduit à des attaques inacceptables contre des journalistes
et des organes de presse. Il est important que toutes les forces
politiques parviennent à surmonter les divisions et les inimitiés
et à œuvrer de concert pour instaurer la stabilité et consolider
la démocratie dans le pays. En outre, toutes les attaques contre
des journalistes et des médias devraient faire l’objet d’enquêtes
transparentes et les auteurs, s’ils sont découverts, faire l’objet
de poursuites. L’Assemblée reconnaît les préoccupations compréhensibles et
légitimes des autorités ukrainiennes concernant la propagande de
la Russie et la guerre de l’information que livre ce pays, mais
exhorte les autorités à veiller à ce que les journalistes ne soient
empêchés d’entrer dans le pays qu’en dernier recours et conformément
aux articles 16 et 17 de la Convention européenne des droits de l’homme.
83. L’Assemblée a souligné à maintes reprises l’importance de
la réforme constitutionnelle pour le succès de la mise en œuvre
des réformes démocratiques et judiciaires en Ukraine. La priorité
accordée par les autorités ukrainiennes et la Verkhovna Rada aux
réformes constitutionnelles, qui ont débouché sur l’adoption de
nouvelles dispositions constitutionnelles pour le système judiciaire
et la justice, est de ce fait vivement appréciée. L’adoption de
ces modifications constitutionnelles devrait donner un nouvel élan
aux réformes du système judiciaire, l’objectif étant de garantir
l’indépendance et l’impartialité de celui-ci. L’Assemblée a noté avec
satisfaction que la fonction générale de contrôle du Procureur général
a été supprimée conformément aux engagements pris par l’Ukraine
lors de son adhésion au Conseil de l’Europe.
84. La corruption généralisée en Ukraine est un sujet de préoccupation.
L’absence prolongée de progrès concrets dans ce domaine pourrait
réduire les effets positifs du programme de réformes et miner la
confiance de la population dans l’ensemble du système politique
et judiciaire. Dans ce contexte, les liens trop étroits entre les
intérêts politiques et les intérêts économiques dans la sphère politique
sont une source d’inquiétude. Tout en se félicitant du cadre institutionnel
général mis en place pour lutter contre la corruption, l’Assemblée
exhorte les autorités à accélérer le rythme des réformes et à veiller
à ce qu’elles aboutissent désormais à des résultats tangibles et
concrets.
85. À la suite d’une contestation au titre du Code de conduite
des rapporteurs de l’Assemblée parlementaire, la commission de suivi
a retiré à M. Jordi Xuclà (Espagne, ADLE) son mandat de corapporteur
pour l’Ukraine. M. Xuclà a été remplacé, le 12 octobre 2017, par
M. Eerik-Niiles Kross (Estonie, ADLE).
86. Le 3 mars 2017, la Verkhovna Rada a adopté la loi ukrainienne
relative à «la modification de certaines lois de l’Ukraine relatives
aux particularités du contrôle financier à l’égard de certaines
catégories de fonctionnaires». Cette loi oblige les militants et
les responsables d’organisations de la société civile engagés dans
la lutte contre la corruption à faire une déclaration électronique
annuelle. Cette obligation pourrait avoir un effet dissuasif et
se traduire par des pressions sur les militants de la société civile
actifs dans la lutte contre la corruption. La commission de suivi
est donc convenue, le 7 septembre 2017, de demander l’avis de la Commission
de Venise sur ces amendements.
87. Le 12 octobre 2017, l’Assemblée a adopté la
Résolution 2189 (2017) «La nouvelle loi ukrainienne sur l’éducation: une entrave
majeure à l’enseignement des langues maternelles des minorités nationales».
Tout en reconnaissant la légitimité des États dans la promotion
de l’apprentissage de la langue officielle en tant que «facteur
de cohésion sociale et d’intégration», l’Assemblée souligne que
les mesures visant à promouvoir la langue officielle devaient aller
de pair avec des mesures visant à protéger et à promouvoir les langues
des minorités nationales, ainsi qu’avec le principe de non-discrimination.
À cet égard, l’Assemblée estime que la nouvelle loi sur l’éducation
ne semble pas trouver d’équilibre approprié entre la langue officielle
et les langues des minorités nationales en Ukraine et qu’elle entraîne
une réduction trop forte des droits jusque-là reconnus aux minorités
nationales. Elle demande aux autorités ukrainiennes de mettre pleinement
en œuvre les recommandations de la Commission de Venise figurant
dans son avis sur cette loi, qui a été demandé par les autorités
ukrainiennes.
88. En septembre 2017, Ilmi Umerov, vice-président du Mejlis des
Tatars de Crimée, a été condamné à deux ans de prison pour «séparatisme»
par des juges russes nommés à Simferopol. Le rapporteur pour l’Ukraine
a souligné qu’il était inacceptable que les autorités russes engagent
des poursuites contre des citoyens ukrainiens et les placent en
détention parce qu’ils s’opposaient à l’annexion illégale de la
Crimée par la Fédération de Russie. Il a demandé la libération immédiate
et inconditionnelle de M. Umerov par les autorités russes. Les dirigeants
des Tatars de Crimée, Akhtem Chiygoz et Ilmi Umerov, ont été libérés
par les autorités russes le 25 octobre 2017 et exilés à Ankara.
2.3. Pays engagés dans un dialogue
postsuivi
2.3.1. Bulgarie
89. Des élections législatives
anticipées ont eu lieu en Bulgarie le 26 mars 2017. Du fait de ces
élections, aucune visite d’information n’a été organisée dans le
pays en 2017.
90. Après l’élection du président Radev le 14 novembre 2016, le
Premier ministre d’alors, M. Borisov, a démissionné, le candidat
de son parti ayant été battu par M. Radev. Par la suite, après sa
prise de fonctions le 22 janvier 2017, le Président Radev a dissous
l’Assemblée nationale de Bulgarie et convoqué des élections législatives
anticipées pour le 26 mars 2017. Ces élections ont été observées
par une commission ad hoc de l’Assemblée parlementaire.
91. Ces élections se sont déroulées dans un climat politique marqué
par la désillusion de l’opinion publique face à la classe politique
et par la lassitude due à la répétition des élections dans le pays
(six scrutins depuis 2013). Sur un plan général, le cadre juridique
des élections est adapté à la tenue d’élections démocratiques, mais
un certain nombre de recommandations formulées par la Commission
de Venise et l’OSCE/BIDDH à l’occasion des élections précédentes
n’ont pas été prises en compte dans les récents amendements au Code électoral.
92. À la suite de la demande formulée par la commission de suivi
en 2016, la Commission de Venise a adopté en juin 2017 un avis conjoint
avec l’OSCE/BIDDH sur les amendements au Code électoral adoptés
par l’Assemblée nationale de Bulgarie entre 2014 et 2016. Cette
série d’amendements a permis d’améliorer un certain nombre de points
et certaines recommandations antérieures de la Commission de Venise
et de l’OSCE/BIDDH ont été prises en compte. Ces amendements ont
notamment amélioré les dispositions relatives au financement des
campagnes électorales et à leur contrôle, l’inscription des électeurs
ainsi que les dispositions relatives à la couverture médiatique
de la campagne. Ces dispositions améliorées doivent être évaluées
dans la pratique en vue des prochains cycles électoraux. Il reste
toutefois des recommandations non suivies d’effet et visant à: assurer
une large consultation publique; procéder aux réformes électorales
bien avant les élections; assurer la création de bureaux de vote
à l’étranger conformément au principe d’égalité du suffrage pour
tous les citoyens bulgares; mettre en place un système de recours
effectif contre toutes les décisions liées aux élections devant
un organe compétent et garantir un mécanisme efficace de contestation
des résultats électoraux à tous les candidats aux élections et aux
citoyens, en cas d’irrégularité dans les procédures de vote.
93. Selon la commission ad hoc de l’Assemblée, les électeurs ont
été en mesure de choisir librement parmi un large éventail de candidats
à l’occasion d’un scrutin bien organisé. Les candidats ont pu faire
campagne librement, mais un certain nombre de dispositions juridiques
concernant notamment le financement public des partis parlementaires
ont créé des conditions de campagne inégales. En vertu de la loi,
il est interdit de créer des partis politiques à caractère ethnique,
racial ou religieux et de faire campagne dans toute autre langue
que le bulgare. Si cela est à considérer dans le contexte d’informations
faisant état de l’ingérence d’un État voisin dans les élections,
ces dispositions peuvent néanmoins entraver la participation des
minorités aux élections et contrevenir aux normes et aux engagements
internationaux, y compris à la Convention-cadre pour la protection
des minorités nationales (STE no 157).
La commission ad hoc s’est également dite préoccupée par le recours
fréquent à une rhétorique raciste et xénophobe durant la campagne
ainsi que par les allégations d’achats de voix et de votes organisés,
en particulier au sein de groupes vulnérables de la société bulgare. L’ingérence
qu’exerceraient les autorités turques dans le processus électoral
bulgare, en organisant notamment le transfert d’électeurs par bus
et l’appui de certains partis, est très préoccupante.
94. À la suite de la demande formulée par la commission de suivi
en 2016, la Commission de Venise a adopté en octobre 2017 un avis
sur la loi bulgare relative au système judiciaire, telle que modifiée
à deux reprises en mars et en juillet 2016. Selon la Commission
de Venise, les modifications apportées en 2015 à la Constitution
bulgare ont été à l’origine de nombreux changements positifs. En
particulier, la scission du Conseil supérieur de la magistrature
en deux chambres, l’une pour les juges et l’autre pour les procureurs,
et l’élection des membres non magistrats à la majorité qualifiée,
sont des avancées majeures. Cela étant, le système actuel présente
encore quelques lacunes et les avancées réalisées grâce aux amendements
constitutionnels et aux révisions de 2016 de la loi sur le système
judiciaire méritent d’être consolidées par de nouvelles réformes structurelles,
tant au niveau constitutionnel que législatif. La Commission de
Venise soulève en particulier la question de la faiblesse de la
structure de responsabilité du Procureur général, qui est pratiquement
à l’abri des poursuites pénales et quasiment inamovible en cas de
mise en accusation pour d’autres fautes, ce qui est problématique
en soi et du point de vue du système de gouvernance judiciaire où
l’équilibre des pouvoirs s’en trouve faussé.
2.3.2. Monténégro
95. Le 26 avril 2017, M. Terry
Leyden (Irlande, ADLE), qui a quitté l’Assemblée, a été remplacé
par M. Andrea Rigoni (Italie, ADLE) en qualité de corapporteur pour
le dialogue postsuivi avec le Monténégro. Les corapporteurs ont
effectué une visite d’information du 2 au 4 octobre 2017 à Podgorica.
96. Le boycott actuel du Parlement du Monténégro et de ses travaux
par l’opposition fait obstacle à la poursuite des réformes dans
le pays et est préoccupant. Le dialogue politique sur la transformation
du pays devrait avoir lieu au sein du parlement. C’est pourquoi
les corapporteurs ont encouragé l’opposition à revenir au parlement
et à s’engager dans le processus de réforme, y compris en ce qui
concerne le cadre électoral en vue de l’élection présidentielle
de 2018.
97. Il convient de saluer les efforts déployés pour réformer le
système judiciaire et la justice. Les progrès réalisés en matière
de réforme législative et de renforcement des institutions doivent
désormais se traduire par des résultats concrets. En particulier,
la législation adoptée en vue de garantir l’indépendance et le professionnalisme
du pouvoir judiciaire devrait être pleinement mise en œuvre.
98. La lutte contre la corruption et le crime organisé est une
priorité déclarée des autorités. Dans ce contexte, l’impartialité
et l’indépendance de l’Agence de prévention de la corruption devraient
être garanties non seulement en droit mais aussi dans la pratique
et cet organisme devrait être doté des moyens nécessaires pour s’acquitter
efficacement de sa mission. En outre, le Bureau du Procureur spécial
et son unité de police spéciale devraient être renforcés afin de
leur permettre de traiter le grand nombre d’affaires dont ils sont
saisis.
99. Les corapporteurs restent également préoccupés par la situation
en matière de liberté d’expression et des médias dans le pays, qui
n’a guère progressé.
2.3.3. «L’ex-République yougoslave
de Macédoine»
100. Les corapporteurs ont effectué
une visite d’information dans le pays du 30 mai au 1er juin
2017. Au cours de l’année 2017, l’agenda politique de «l’ex-République
yougoslave de Macédoine» a été dominé par la crise politique qui
a éclaté en avril 2014 et par sa résolution au courant de l’été.
101. Après plusieurs reports liés à l’impasse politique, des élections
législatives anticipées ont finalement été organisées le 26 décembre
2016. Elles ont été observées par l’Assemblée dans le cadre d’une
mission internationale d’observation des élections. La commission
ad hoc de l’Assemblée a relevé le caractère politisé de l’administration
électorale ainsi que l’utilisation abusive des ressources administratives
par le parti au pouvoir à l’époque.
102. La tenue d’élections législatives anticipées était censée
annoncer la fin de la crise politique qui a débuté en 2014. Malheureusement,
aucun parti n’a obtenu de majorité convaincante lors de ces élections
et l’impasse a perduré. Conformément aux dispositions constitutionnelles,
le Président Ivanov a demandé au chef du VRMO-DPMNE (Organisation
révolutionnaire macédonienne intérieure – Parti démocratique pour
l'Unité nationale macédonienne), M. Gruevski, en sa qualité de chef
du parti ayant obtenu le plus grand nombre de voix lors des élections,
de former un gouvernement, mais M. Gruevski n’a pas été en mesure
de réunir la majorité requise pour ce faire avant l’expiration du
délai légal, en janvier 2017. Dans l’intervalle, l’Union sociale-démocrate
de Macédoine (SDSM), principal parti d’opposition, a conclu un accord
avec plusieurs partis ethniques albanais et obtenu le soutien de
la majorité des voix au parlement. L’accord viserait entre autres
à ce que l’albanais devienne une langue officielle de l’État et
que les symboles de l’État reflètent l’égalité ethnique.
103. Cependant, malgré le soutien suffisant dont bénéficiaient
le SDSM et le parti albanais Union démocratique pour l'intégration
(UDI), le Président Ivanov a refusé de donner à M. Zaev, le dirigeant
du SDSM, mandat de former un gouvernement, invoquant la nécessité
de protéger la souveraineté et l’intégrité du pays. Dans le même
temps, les membres du VRMO-DPMNE au parlement ont déployé une stratégie
d’obstruction pour empêcher l’élection à la présidence du parlement.
Le 27 avril 2017, le SDSM et l’UDI ont élu le président du parlement
lors d’une séance parallèle. M. Talat Xhaferi est le premier Albanais
de souche à occuper cette fonction. Après son élection, des centaines
de manifestants nationalistes ont pris d’assaut le parlement, apparemment
avec l’aide de certains députés du VRMO-DPMNE, et ont agressé des
députés de l’opposition. La police qui avait été déployée pour protéger
le parlement n’aurait pas réagi. Ces manifestations ont été dénoncées
par l’ensemble des forces politiques du pays. Il doit être clairement
établi que l’assaut violent du parlement et les agressions contre
les députés sont inacceptables et n’ont pas leur place dans une
société démocratique. Cet incident doit faire l’objet d’une enquête
en bonne et due forme et les auteurs de ces actes doivent être traduits
en justice.
104. Enfin, le 17 mai 2017, sous l’intense pression des États-Unis
et de l’Union européenne, le Président Ivanov a chargé M. Zaev de
former un gouvernement. Le 1er juin 2017,
le parlement a approuvé le nouveau gouvernement par 62 voix contre
44 avec cinq abstentions.
105. Les nouvelles autorités se trouvent devant un environnement
politique difficile et doivent à présent s’attaquer d’urgence à
la polarisation et aux tensions ethniques qui persistent dans le
pays, dépolitiser les institutions de l’État et garantir un système
judiciaire efficace, impartial et indépendant. Il faut dépolitiser
les agences de régulation, garantir la liberté des médias et poursuivre
la réforme électorale. En outre, les autorités devraient veiller
à la poursuite d’une enquête indépendante et impartiale sur le scandale
des «écoutes électroniques».
106. À cet égard, le gouvernement a adopté une feuille de route
donnant la priorité aux mesures visant à améliorer l’administration
des élections, à renforcer l’indépendance du pouvoir judiciaire,
à réformer les institutions publiques et à promouvoir la liberté
des médias. En outre, la feuille de route met l’accent sur la mise en
œuvre de l’accord d’Ohrid. Dans ce contexte, un projet de loi élargissant
l’usage de la langue albanaise, mais sans en faire une langue officielle,
a été adopté le 4 août 2017.
107. Un certain nombre de mesures concrètes ont été adoptées dans
le cadre de la mise en œuvre de la feuille de route, notamment la
suppression de la commission de lustration et du conseil pour la
responsabilité disciplinaire et l’évaluation des juges, des institutions
critiquées entre autres par la Commission de Venise et par l’Assemblée.
Les autorités devraient être encouragées à poursuivre, voire à intensifier
les réformes nécessaires pour normaliser l’environnement politique
et stabiliser les institutions démocratiques dans le pays.
3. Rapport sur le fonctionnement
des institutions démocratiques en Pologne
108. Le 27 mai 2016, sur la base
d’une proposition de résolution de M. Schennach et de plusieurs
de ses collègues (
Doc.
13978), le Bureau de l’Assemblée a saisi la commission
de suivi pour rapport sur le fonctionnement des institutions démocratiques
en Pologne. Le 23 juin 2016, la commission de suivi a nommé M. Yves
Cruchten (Luxembourg, SOC) et M. Thierry Mariani (France, PPE/DC)
corapporteurs. Les corapporteurs ont effectué une visite d’information
à Varsovie du 3 au 6 avril 2017. M. Mariani a cessé d’être membre
de la commission de suivi le 29 juin 2017. Il a été remplacé, le
15 novembre 2017, par Mme Elisabeth Schneider-Schneiter
(Suisse, PPE/DC) en qualité de corapporteure.
109. Une crise politique a éclaté en Pologne après les élections
législatives de 2015. Ces élections se sont déroulées dans un climat
politique de plus en plus polarisé et dans un contexte d’insatisfaction
croissante de la population polonaise à l’égard de l’élite au pouvoir
dans le pays. Les élections ont été remportées par le parti «Droit
et justice» (PiS), qui a obtenu la majorité absolue au Sejm et au
Sénat. Selon le PiS, sa victoire écrasante aux élections lui a donné
un mandat populaire clair pour réformer en profondeur le système
politique et la société polonaise.
110. La première institution inscrite à son ordre du jour était
le Tribunal constitutionnel, qui dispose de pouvoirs considérables
lui permettant de bloquer ou d’entraver toute réforme qui ne serait
pas conforme à la Constitution. Juste avant les élections, la majorité
alors au pouvoir avait modifié la loi relative à la nomination des
juges du Tribunal constitutionnel, ce qui avait été considéré par
les autorités actuelles et par d’autres comme une tentative de placer
ses sympathisants au Tribunal.
111. Immédiatement après les élections, la nouvelle majorité au
pouvoir a décidé d’installer ses propres partisans au Tribunal constitutionnel
et l’a fait de telle sorte que l’opération a rapidement dégénéré
en une véritable crise constitutionnelle, empêchant le fonctionnement
indépendant du Tribunal et faisant peser de sérieux doutes sur la
légalité de ses décisions. Cette situation porte atteinte aux principes
de séparation des pouvoirs et de sécurité juridique dans le pays.
112. Cette crise a été renforcée par diverses réformes d’autres
institutions, en particulier les médias publics, la police et la
magistrature qui, de l’avis du PiS, étaient dominés et contrôlés
par les précédentes autorités. Ces tentatives controversées des
nouveaux dirigeants de prendre le contrôle d’institutions étatiques constitutionnellement
indépendantes ont provoqué un tollé tant au plan national qu’international.
113. Outre les développements concernant le Tribunal constitutionnel,
la réforme du Conseil supérieur de la magistrature est préoccupante.
Selon un avis de l’OSCE/BIDDH sur les projets d’amendements, ces
derniers soulèvent de sérieuses préoccupations en ce qui concerne
les principes démocratiques fondamentaux, en particulier la séparation
des pouvoirs et l’indépendance du pouvoir judiciaire. L’OSCE/BIDDH
a conclu que s’ils étaient adoptés, les amendements porteraient
atteinte aux fondements mêmes d’une société démocratique régie par
la primauté du droit.
114. Les amendements à la loi sur le ministère public sont un autre
sujet de préoccupation potentiel. Ces amendements visent notamment
à supprimer le poste de procureur général indépendant créé en 2009
et à le fusionner à nouveau avec celui de ministre de la justice,
ce qui pourrait nuire à l’indépendance du ministère public. À cela
s’ajoute le rôle accru du ministre de la Justice dans les procédures
disciplinaires à l’encontre des juges et des procureurs. C’est pourquoi,
le 4 mai 2017, la commission de suivi a demandé l’avis de la Commission
de Venise à propos de la loi amendée sur le ministère public.
115. En décembre 2016, le Sejm a adopté une série d’amendements
à la loi sur les réunions en vertu desquels ces dernières peuvent
être interdites si elles coïncident avec des rassemblements «cycliques», définis
comme des manifestations organisées par la même entité au moins
quatre fois par an ou sur une base annuelle pendant plus de trois
ans. Cette loi a principalement pour effet de contrecarrer toute
manifestation non autorisée dans un périmètre de 100 mètres autour
de la manifestation contre laquelle elle se déroule. Bien que cela
puisse limiter les contre-manifestations à certaines occasions,
plusieurs, si ce n’est la plupart des États membres disposent de
règles d’ordre public, qui séparent d’un point de vue spatial les
manifestations et leurs contre-manifestations. Certaines questions
concernant le caractère cyclique des rassemblements demeurent. En
dépit de son caractère unique, un tel principe ne va pas nécessairement
à l’encontre des normes communes, à moins que ce statut cyclique
ne soit accessible qu’à un groupe/type limité d’organisation ou
de rassemblement. Il est donc demandé aux autorités de veiller à
l’absence de pratique discriminatoire lors de la détermination du
statut cyclique des manifestations.
4. Examen périodique sur le
respect des obligations découlant de l’adhésion au Conseil de l’Europe des
pays ne faisant pas l’objet d’une procédure de suivi stricto sensu
ni engagés dans un dialogue postsuivi avec l’Assemblée
116. Comme le prévoit la
Résolution 2018 (2014) sur l’évolution de la procédure de suivi de l’Assemblée,
la commission a poursuivi les examens périodiques sur le respect
des obligations découlant de l’adhésion au Conseil de l’Europe de
tous les pays ne faisant pas l’objet d’une procédure de suivi
stricto sensu ni engagés dans un
dialogue postsuivi. Conformément aux méthodes de travail convenues
par la commission, des rapports d’examen périodique concernant quatre
pays (l’Estonie, la Grèce, la Hongrie et l’Irlande) ont été élaborés
en 2017. Ces examens périodiques sont présentés dans les parties
2 à 5 de ce rapport d’activité et leurs principales recommandations
sont reprises dans le projet de résolution figurant dans le présent
rapport.
117. D’après les réactions des autorités des pays soumis à un examen
périodique, il apparaît clairement que cet exercice de la commission
de suivi est apprécié par tous les intéressés. Dans le même temps,
il garantit le suivi par l’Assemblée du respect des obligations
d’adhésion de tous les États membres du Conseil de l’Europe, sans
exception. Je tiens à exprimer ma gratitude pour l’excellente coopération
dont ont fait preuve les autorités des pays concernés et pour leurs
commentaires détaillés, circonstanciés et approfondis sur les avant-projets de
rapport sur leur pays. Ces commentaires ont été pris en compte dans
l’élaboration des rapports finaux inclus dans le présent rapport
d’activité et ont grandement contribué à leur excellente qualité.
118. Comme mentionné, les examens périodiques sont un outil important
et apprécié de l’Assemblée, permettant d’assurer à intervalle régulier
un suivi et une évaluation du respect des obligations découlant
de l’adhésion et du fonctionnement des institutions démocratiques
de tous les États membres du Conseil de l’Europe. Cette initiative
a fait la preuve de sa valeur et de sa pertinence. En ce moment,
le président de la commission de suivi est d’office rapporteur pour
les examens périodiques débattus par l’Assemblée dans le cadre du
rapport sur l’évolution de la procédure de suivi de l’Assemblée.
Par ailleurs, compte tenu de l’importance des examens périodiques,
il conviendrait d’envisager d’élargir la fonction de rapporteur
au sein de la commission et d’y inclure, par exemple, les vice-présidents
de la commission. Pour la même raison, il faudrait envisager de
dissocier la discussion des rapports d’examen périodique de celle
du rapport sur l’évolution de la procédure de suivi et d’en faire
un point distinct de l’ordre du jour de la plénière de l’Assemblée. Les
discussions seraient ainsi plus satisfaisantes et les résolutions
plus substantielles. L’élaboration de ces rapports exige beaucoup
de temps et de ressources, tant pour les rapporteurs ex officio
que pour le secrétariat de la commission; l’Assemblée devrait donc
veiller à ce que des ressources suffisantes continuent d’être mises à
la disposition de la commission pour lui permettre d’accomplir cette
tâche importante. La commission formulera des propositions concrètes
à cet égard au cours de l’année 2018, qui figureront dans le rapport
de 2018 sur l’évolution de la procédure de suivi de l’Assemblée.