1. Introduction
1. Le 6 décembre 2017, le président
américain Trump, agissant sur la base de dispositions figurant dans la
législation fédérale depuis 1995, a annoncé: «il est temps de reconnaître
officiellement Jérusalem comme la capitale d’Israël» et donné des
instructions en vue du transfert de l’ambassade des États-Unis de
Tel Aviv à Jérusalem. Dans sa déclaration, il a souligné: «nous
ne sommes pas plus proches d’un accord de paix durable entre Israël
et les Palestiniens. Il ne serait pas réaliste de penser que répéter
exactement la même formule pourrait aboutir à un résultat différent
ou meilleur». Il a ajouté que les États-Unis «ne prenaient position sur
aucune des questions relatives au statut final, y compris les limites
spécifiques de la souveraineté israélienne à Jérusalem ou le règlement
de la question des frontières contestées» et qu’ils restaient «profondément
résolus à faciliter la conclusion d’un accord de paix acceptable
pour les deux parties»
.
2. Trois mois auparavant, le 6 septembre 2017, la commission
des questions politiques et de la démocratie m’avait nommé rapporteur
sur le thème «Une solution à deux États en Israël et Palestine»,
et elle a tenu un premier échange de vues à ce sujet lors de sa
réunion du 14 décembre 2017 à Paris, pendant la semaine suivant
l’annonce du président Trump. Les événements internationaux récents
ont remis cette question au premier plan et, à la suite d’une discussion
en présence des délégations palestinienne et israélienne, la commission
a également décidé de requérir au titre de la procédure d’urgence
un débat sur «Le processus de paix israélo-palestinien: le rôle
du Conseil de l'Europe» lors de la partie de session de janvier
2018 et m’a nommé rapporteur, sous réserve de la décision finale
de l’Assemblée parlementaire.
3. L’Assemblée a abordé, pour la dernière fois, la situation
au Moyen-Orient en juin 2013 et, dans la
Résolution 1940 (2013), a réitéré son soutien à la solution à deux États pour
deux peuples du conflit israélo-palestinien, sur la base des frontières
de 1967, avec un échange limité de territoires convenu d’un accord mutuel.
L’Assemblée regrettait l’absence de progrès dans le processus de
paix depuis 2010 et notait que, parallèlement aux questions de statut,
les aspects relatifs aux normes devraient également être examinés
pour que tous – Arabes et Juifs, citoyens israéliens et palestiniens
– aussi bien dans les territoires sous contrôle israélien que palestinien,
puissent bénéficier du respect des droits de l’homme, de la démocratie
et de l’État de droit. C’est pourquoi elle estimait qu’il convenait
de compléter la condition de «deux États pour deux peuples» par
la formule «deux États démocratiques et pluralistes».
4. L’Assemblée a continué à promouvoir le dialogue et le développement
de la confiance entre les représentants de la Knesset et du Conseil
national palestinien, en particulier dans le cadre de la Sous-commission
sur le Proche-Orient et le monde arabe, que j’ai présidée jusqu’à
lundi dernier. L’Assemblée a également poursuivi ses efforts en
vue de l’établissement de relations avec d’autres parlements de
la région, notamment ceux de Jordanie, d’Égypte et du Liban, au
vu des perspectives de coopération offertes par le statut de «partenaire
pour la démocratie» accordé au Conseil national palestinien en octobre
2011 et au Parlement jordanien en janvier 2016
.
5. Au cours des dernières années
, le Conseil de sécurité des Nations
Unies a rappelé à plusieurs reprises les buts et les principes de
la Charte des Nations Unies et a appelé toutes les parties à continuer,
dans l'intérêt de la promotion de la paix et de la sécurité, de
déployer des efforts collectifs pour lancer des négociations crédibles
sur les questions du statut final dans le processus de paix au Proche-Orient.
6. Il a également appelé à l'intensification et à l'accélération
des efforts diplomatiques entrepris et de l’appui apporté aux niveaux
international et régional en vue de parvenir sans tarder à une paix
globale, juste et durable au Proche-Orient, sur la base des résolutions
pertinentes des Nations Unies, du mandat de la conférence de Madrid,
y compris le principe de l’échange de territoires contre la paix,
de l’Initiative de paix arabe et de la Feuille de route du Quartet,
et de mettre fin à l’occupation israélienne qui a commencé en 1967
.
7. Dans le présent exposé, j’examine certaines des conséquences
de l'annonce du président Trump et des réactions majeures qu’elle
a suscitées au niveau international, ainsi que les développements
récents dans le processus de paix israélo-palestinien. Mon but ici
n’est pas de formuler des critiques mais d’identifier de façon constructive
les moyens de faire progresser le processus de paix et de réfléchir
à la manière dont le Conseil de l’Europe pourrait jouer un rôle
plus pertinent dans ce domaine en veillant à ce que toutes les parties directement
concernées continuent de participer au processus de dialogue.
2. Réactions internationales
2.1. Israël
et la Palestine
8. L’annonce du président Trump
a provoqué des manifestations et des affrontements dans l’ensemble
de la région, en particulier dans la bande de Gaza. Seize Palestiniens
et un Israélien seraient morts pendant les violences qui se sont
produites depuis l'annonce de M. Trump. La plupart des Palestiniens
ont été tués lors d’affrontements avec les forces israéliennes
.
9. Le président Mahmoud Abbas a déclaré que la décision équivalait
à «l’abandon par les États-Unis de leur rôle de médiateur de paix»
et «sapait délibérément tous les efforts de paix». Le leader du
mouvement islamiste Hamas, Ismail Haniya, a lancé un appel à une
nouvelle «Intifada» ou à un soulèvement contre ce qu’il a appelé
une «déclaration de guerre contre le peuple palestinien»
.
10. Dans son intervention devant la Commission le 14 décembre,
M. Bernard Sabella, président de la délégation palestinienne, a
jugé que la déclaration de M. Trump passait outre le processus de
paix et le faisait dérailler. Il n’est plus possible pour les Palestiniens
de croire en sa bonne foi, ce qui n’est pas bon pour les États-Unis.
Jérusalem est une ville où coexistent trois religions et deux groupes
nationaux et il aurait été plus judicieux d’appeler ces deux peuples
à trouver un accord à ce sujet. Le moment est mal choisi car une
telle décision aurait dû intervenir à la fin des négociations. Il
a indiqué qu’il fallait éviter les réactions émotionnelles, car
les États-Unis auront encore un rôle à jouer dans l’avènement de
la paix au Proche-Orient, bien que M. Abbas ait déclaré qu’ils ne
peuvent plus être considérés comme un médiateur impartial. L’Europe
a également un rôle à jouer et elle devrait convaincre les États-Unis
de revenir à une position de neutralité dans le processus de paix.
Il a également mentionné le mémorandum adopté en 1994 par les patriarches
et chefs des églises locales chrétiennes à Jérusalem, qui reste
d’actualité et qualifie Jérusalem de «symbole de paix».
11. M. Yoel Hasson, membre de la délégation israélienne, a indiqué
que la déclaration du président Trump était l’occasion de remettre
sur la table le processus de paix. Tous les pays modérés devraient
coopérer à cette fin. Ce qu’a déclaré M. Trump est une évidence,
puisque tout le monde sait que Jérusalem est la capitale d’Israël,
mais le président américain n’a pas parlé des frontières de Jérusalem.
L’initiative annoncée par les États-Unis devrait être examinée et
il est nécessaire de revenir aux négociations directes. Les Israéliens
et les Palestiniens se connaissent et peuvent se parler. Son parti,
le camp sioniste, croit au processus de paix et il sait que certains
pays arabes sont aussi intéressés à la reprise des négociations.
12. Le 2 janvier 2018, le parlement d’Israël a adopté un amendement
à la «loi fondamentale» («loi de Jérusalem», 1980) qui rendra plus
difficile de céder le contrôle de certaines parties de Jérusalem
dans l’éventualité d’un accord de paix avec les Palestiniens, qui
ont condamné cette décision comme remettant en cause toute possibilité
de réactiver les pourparlers en vue de la création d’un État
. Le lendemain, il a approuvé en
première lecture un projet de loi qui permettrait aux tribunaux
militaires de condamner à mort les terroristes.
2.2. Nations
Unies
13. Le 6 décembre 2017, le Secrétaire
Général de l’Organisation des Nations Unies, António Guterres, a affirmé
que la déclaration du président Trump «compromet les perspectives
de paix pour les Israéliens et les Palestiniens» et que la question
de Jérusalem «est une question qui relève du statut final et doit
être résolue par la négociation directe entre les deux parties»
.
14. Le 22 décembre 2017, l’Assemblée Générale des Nations Unies
a rendu publique une résolution proposée par la Turquie et le Yémen
et approuvée par 128 États
(35
États s’abstenant et 9 votant contre)
dans laquelle elle «regrette profondément
les décisions récentes concernant le statut de Jérusalem». Elle souligne
également que «tout acte ou décision prétendant modifier le caractère,
le statut ou la composition démographique de la Ville Sainte de
Jérusalem est sans aucune validité légale, et donc nul et non avenu,
et doit être annulé conformément aux résolutions pertinentes du
Conseil de Sécurité»
. Le jour précédent, les États-Unis
avaient opposé leur veto à une résolution similaire du Conseil de
Sécurité
.
15. Avant le vote, le président Trump avait annoncé qu’il interromprait
l’aide financière aux États qui voteraient en faveur de la résolution.
La représentante permanente des États-Unis aux Nations Unies, Nikki Haley,
a déclaré que la décision des États-Unis ne préjugeait aucunement
des questions relatives au statut final et n’excluait pas une solution
à deux États si les parties parvenaient à un accord à ce sujet.
2.3. Union
européenne
16. L’Union européenne a appelé
à la «reprise d’un processus de paix significatif en vue d’une solution
à deux États» et déclaré qu’il est nécessaire de «trouver par la
négociation un moyen de résoudre le statut de Jérusalem en tant
que future capitale des deux États, afin que les aspirations des
deux parties puissent être satisfaites». La Haute Représentante
Federica Mogherini a déclaré que l'annonce américaine «a un impact potentiel
très inquiétant»
. De même, le 12 décembre 2017, les
28 ministres des affaires étrangères de l'Union européenne ont eu
une rencontre informelle avec le Premier ministre israélien Netanyahu,
au cours de laquelle ils ont réaffirmé que la seule solution réaliste
au conflit israélo-palestinien était fondée sur deux États et que Jérusalem
était la capitale de l'État d'Israël et de l'État de Palestine
.
2.4. Autres
réactions
17. Le 6 décembre 2017, l’Assemblée
parlementaire asiatique a publié une déclaration dans laquelle elle condamne
la déclaration du président des États-Unis qu’elle considère nulle
et non avenue et souligne que «le maintien du caractère sacré et
du statut historique de Jérusalem est d’une grande importance pour
l’ensemble de l’humanité»
.
18. Le 13 décembre 2017, les dirigeants de 57 pays musulmans,
réunis sous l'égide de l'Organisation de la coopération islamique,
ont appelé le monde à reconnaître «l'État de Palestine et Jérusalem-Est
comme sa capitale occupée»
. Le président Abbas a demandé que
les États-Unis abandonnent leur rôle de médiateur dans le processus
de paix au Proche-Orient et soient remplacés par les Nations Unies.
19. Le 25 décembre 2017, le président du Guatemala, Jimmy Morales,
suivant l’exemple du président Trump, a annoncé qu’il prévoyait
de déplacer l’ambassade de son pays de Tel Aviv à Jérusalem.
20. Le 2 janvier 2018, le président Trump a déclaré dans un tweet
que les Etats-Unis pourraient suspendre leur aide financière aux
Palestiniens «puisqu’ils ne sont plus disposés à parler de paix»
avec Israël. Le 17 janvier, les États-Unis ont annoncé leur décision
de geler plus de la moitié de leurs versements annuels à l'Office
de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de
Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), qui fournit une aide aux
réfugiés palestiniens
.
3. Développements
récents des négociations de paix
21. Pendant la période de plus
de 45 ans qui s’est écoulée depuis la guerre du Proche-Orient de
juin 1967, de nombreux plans de paix ont été proposés et de nombreuses
négociations ont eu lieu mais un règlement n’a toujours pas été
atteint sur le cœur du conflit, à savoir le différend entre Israéliens
et Palestiniens.
22. Au cours des dernières décennies, les États-Unis ont joué
un rôle clé pour faciliter les tentatives de résolution du conflit
israélo-palestinien. Les États-Unis étaient membres avec l’Union
européenne, les Nations Unies et la Russie du «Quartet pour le Proche-Orient»,
qui a lancé en 2002 la «feuille de route pour la paix» visant à
résoudre le conflit.
23. La dernière proposition de paix remonte à 2010, à la suite
de l’élection du président Barack Obama. En novembre 2009, le président
Obama avait persuadé le Premier ministre Netanyahu d’accepter un
gel partiel de dix mois de la construction de colonies de peuplement
en Cisjordanie. Le président Abbas avait alors déclaré que ce plan
ne couvrait pas Jérusalem-Est et demandé des garanties en vue de
la création d’un État palestinien sur la base des frontières de
1967.
24. Par la suite, la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton
a annoncé que le Premier ministre Netanyahu et le président Abbas
acceptaient de «relancer des négociations directes pour régler toutes
les questions du statut final» et qu'ils pensaient que les négociations
pourraient être achevées dans l'année
. Les pourparlers, auxquels ont également
participé le président égyptien Hosni Moubarak et le roi Abdullah
de Jordanie, ont débuté à Washington le 2 septembre 2010 mais n'ont
donné aucun résultat. Les négociateurs américains ne sont pas parvenus
par la suite à persuader le gouvernement de coalition du Premier
ministre Netanyahou de renouveler le moratoire, ou à convaincre
le président Abbas de reprendre les négociations sans mettre fin
à toutes les activités de colonisation sur le territoire occupé
. En 2013 et 2014, le secrétaire
d'État américain John Kerry a déployé de nombreux efforts diplomatiques
pour favoriser des négociations israélo-palestiniennes directes.
25. L'Initiative de paix arabe est une proposition qui a été approuvée
par la Ligue arabe en 2002 lors du sommet de Beyrouth et approuvée
à nouveau lors des sommets de 2007 et 2017 de la Ligue. Cette initiative a
également été approuvée par l'Organisation de la coopération islamique.
26. Lors d'une réunion en avril 2013 organisée par le secrétaire
d'État John Kerry, une délégation représentant la Ligue arabe a
déclaré que les États arabes avaient l’intention de mettre fin au
conflit et que la Ligue accepterait d’introduire dans les pourparlers
de paix ultérieurs «la [possibilité] de procéder à un échange mineur
de territoire comparable et mutuellement accepté». La proposition
d'échange de territoire n'a cependant pas été introduite dans le
texte de l'Initiative de paix arabe qui a été approuvé à nouveau
lors du sommet de la Ligue en 2017 à Amman.
27. L’Union européenne a déclaré à plusieurs reprises que «le
seul moyen de résoudre le conflit est sur la base d’un accord mettant
un terme à l’occupation qui a commencé en 1967, mettant fin à toutes
les revendications et répondant aux aspirations des deux parties.
Le maintien d’un seul État ne serait pas compatible avec ces aspirations.
Une solution durable doit être atteinte sur la base des résolutions
pertinentes du Conseil de Sécurité des Nations Unies, des principes
de Madrid et, en particulier, de l’échange de territoires pour la
paix, de la Feuille de route, des accords précédemment obtenus par
les parties et de l’Initiative arabe pour la paix»
.
28. Le 7 décembre 2017, la Haute Représentante Federica Mogherini
a confirmé que l’Union européenne et ses 28 États membres continueront
à respecter le consensus international au sujet de Jérusalem, jusqu’à la
résolution du statut final de la Ville Sainte au moyen de négociations
directes entre les parties. Elle a annoncé que l’Union européenne
renouvellera ses efforts, en coopération avec ses partenaires régionaux
et internationaux, notamment le Quartet pour le Proche-Orient, la
Jordanie, l’Égypte et l’Arabie saoudite, pour relancer les négociations
directes entre Israéliens et Palestiniens sur la base de l’Initiative
arabe de paix. Le Parlement européen, dans sa Résolution du 18 mai
2017 sur la solution fondée sur la coexistence de deux États au
Proche-Orient, a réitéré vigoureusement son soutien en faveur de
la solution à deux États ayant Jérusalem pour capitale. Cette résolution
fait suite à la Résolution du Parlement européen du 17 décembre 2014
sur la reconnaissance de l’État palestinien
. L’Union européenne a également encouragé
l’Autorité palestinienne à assumer progressivement ses fonctions
gouvernementales dans la bande de Gaza, en particulier dans le domaine
de la sécurité et de l’administration civile et par la présence
aux postes frontières de Gaza.
29. Les perspectives de paix sont étroitement liées aux problèmes
graves qui affectent la région, notamment la confrontation croissante
entre l’Arabie saoudite et le Hezbollah soutenu par l’Iran au Liban.
Israël est aussi préoccupé par le Hezbollah et par la tentative
de l’Iran d’établir un couloir à travers le sud de la Syrie.
30. Les troubles régionaux actuels pourraient, selon certains
observateurs, jouer un rôle de catalyseur en vue de la résolution
d’un conflit qui dure longtemps, et les nouveaux efforts internationaux
pour une reprise des négociations de paix devraient prendre en compte
le désir de la majorité de la population des deux côtés de vivre
en paix.
31. Bien que quelques progrès aient été obtenus grâce à la médiation
des États-Unis, les négociations de paix des dernières années n’ont
pas abouti à un accord. Pendant nos discussion de décembre, j’ai
souligné le fait que, malgré la complexité du problème, le Conseil
de l’Europe pourrait jouer un rôle utile et que l’enjeu est de parvenir
à définir ce rôle. L’Assemblée parlementaire, en particulier, offre
une plateforme unique pour la discussion puisqu’une délégation israélienne
et une délégation palestinienne y sont présentes.
4. Activités
de la sous-commission sur le Proche-Orient et le monde arabe 2014-2017
32. Depuis 2014, la sous-commission
sur le Proche-Orient et le monde arabe – et auparavant la sous-commission
sur le Proche-Orient – s’est efforcée de développer les contacts
entre les délégations israélienne et palestinienne.
33. Le 4 septembre 2014, sur la proposition de Lord Anderson,
alors président de la sous-commission sur le Proche-Orient et le
monde arabe, la commission a tenu un échange de vues avec Mme Rosemary
Hollis, professeure d’études politiques sur le Proche-Orient à la
City University de Londres et directrice du programme Olive Tree,
et M. Daniel Levy, directeur du Programme sur le Proche-Orient et
l’Afrique du Nord du Conseil européen des relations étrangères.
Ces experts ont tous deux souligné la gravité de la situation humanitaire des
habitants de Gaza, qui ont difficilement accès à l’eau, à l’électricité
et aux services de santé et d’éducation. M. Levy a également souligné
que l’occupation des territoires par Israël et l’impunité de ce
dernier sont des facteurs de radicalisation et non de stabilité.
L’Europe devrait faire preuve d’une plus grande cohérence sur la question
des colonies de peuplement et devrait renforcer le dialogue avec
les Palestiniens. Israël devrait indiquer plus clairement quelles
sont ses priorités.
34. À l’invitation des délégations palestinienne et israélienne,
la sous-commission sur le Proche-Orient et le monde arabe s’est
réunie dans les territoires palestiniens et en Israël du 28 au 30
novembre 2014. La sous-commission a tenu des réunions à Ramallah
et à Jérusalem, nomment à la Knesset où elle a rencontré des parlementaires,
des membres du gouvernement, des diplomates et des représentants
de la société civile et des médias. Cependant, elle a profondément
regretté de ne pouvoir se rendre dans la bande de Gaza en raison
de la position des autorités israéliennes et exprimé sa déception
de n’avoir pu rencontrer certaines personnalités palestiniennes
et israéliennes de haut niveau.
35. Le 14 février 2017, M. Sabella, président de la délégation
palestinienne partenaire pour la démocratie, a adressé une lettre
au président de l’Assemblée parlementaire dans laquelle il exprimait
son inquiétude au sujet de la loi de régularisation des colonies
adoptées par Israël le 6 février 2017, qui légalise rétroactivement les
colonies israéliennes de Cisjordanie construites sur des terrains
privés appartenant à des Palestiniens. À son avis, cette loi rend
impossible la «solution à deux États». Après discussion, la commission
a décidé de demander l’organisation au titre de la procédure d’urgence,
pendant la partie de session de l’Assemblée d’avril 2017, d’un débat
sur les «conséquences politiques de la nouvelle loi israélienne
de régularisation des colonies», demande qui n’a pas été acceptée
par le Bureau et l’Assemblée en avril.
36. Le 24 avril 2017, notre commission a jugé important de tenir
un échange de vues sur les conséquences politiques de la nouvelle
loi israélienne de régularisation des colonies avec la participation,
suggérée par la délégation palestinienne, de M. Majed Bamya, premier
conseiller de la Mission permanente d’observation palestinienne
auprès des Nations Unies. La Knesset, malheureusement, a décidé
de ne pas proposer d’expert et il n’a donc pas été possible d’avoir
un panel équilibré. M. Bamya a déclaré que c’était la première fois
qu’un pays adoptait une loi applicable dans un autre pays. Il y
a aujourd’hui 600 000 colons en Cisjordanie, alors qu’ils n’étaient
que 100 000 au début du processus de paix. 43 % de la Cisjordanie
a été alloué à des colonies de peuplement. M. Elalouf, membre de
la délégation israélienne, a souligné que la nouvelle loi était
contraire à la constitution et serait annulée, et a confirmé son
soutien en faveur de la solution à deux États.
5. Relations
du Conseil de l'Europe avec Israël et la Palestine
37. Sur le plan institutionnel,
la Knesset bénéficie du statut d'observateur auprès de l'Assemblée parlementaire
depuis 1957 et l'Union des collectivités locales en Israël (ULAI)
a obtenu le statut d'observateur auprès du Congrès des pouvoirs
locaux et régionaux du Conseil de l’Europe en 1994. Israël a signé
et ratifié 11 conventions du Conseil de l'Europe et en a signé deux
autres, qu’il n’a pas encore ratifiées. Israël participe à quatre
accords partiels et à 18 comités intergouvernementaux. Un accord
de coopération entre le Conseil de l'Europe et Yad Vashem a été
signé en 2012 et Haïfa est devenue la première ville du Proche-Orient
à participer au réseau des Cités interculturelles en 2014.
38. En ce qui concerne les réunions à haut niveau, le Secrétaire
général s'est rendu en visite officielle en Israël en 2012 et a
rencontré, entre autres, le Président, le Président de la Knesset
et le ministre des Affaires étrangères. La Secrétaire générale adjointe
a effectué une visite officielle en Israël en 2014 et a rencontré
le Secrétaire d’État et des hauts fonctionnaires du ministère des
Affaires étrangères. Des réunions ont également été organisées à
Yad Vashem et à la municipalité de Haïfa. En outre, le Président
de la Knesset a rencontré le Secrétaire général à Strasbourg en
2016. La Direction des relations extérieures mène un dialogue politique régulier,
notamment avec le ministère des Affaires étrangères et l'ambassade
d'Israël à Paris.
39. Le Conseil national palestinien a obtenu le statut de partenaire
de la démocratie auprès de l'Assemblée parlementaire en octobre
2011. L'Association des collectivités locales palestiniennes a obtenu
le statut d'observateur auprès du Congrès des pouvoirs locaux et
régionaux en 2005. Les priorités de coopération de voisinage pour
2016-2017 ont été approuvées en 2016 et visent les sujets suivants:
prévention de la violence domestique, réforme de la justice, prévention
et élimination de la corruption, et coopération interparlementaire. Ces
activités de coopération ont été prolongées jusqu'à la fin de 2018.
40. En ce qui concerne les réunions à haut niveau, le Secrétaire
général a effectué une visite officielle en 2012 et a rencontré
le Président et le Premier ministre. Il a également rencontré séparément
le Président du Conseil national palestinien. La Direction des relations
extérieures mène un dialogue politique régulier, notamment avec
le ministère des Affaires étrangères. La dernière réunion a eu lieu
à Bruxelles en novembre 2017 avec la participation du ministre adjoint
aux Affaires européennes. La partie palestinienne a indiqué qu'elle
soumettrait des propositions pour de nouveaux domaines de coopération.
6. Conclusions
41. La ville de Jérusalem a une
signification religieuse et historique pour les membres des trois
religions monothéistes: le judaïsme, le christianisme et l’islam.
Elle n’est pas et ne devrait jamais être la propriété d’un seul
groupe de personnes. Son statut devrait être décidé d’un commun
accord entre les Israéliens et les Palestiniens.
42. Notre Assemblée doit regretter que le processus de paix ait
été interrompu, car il ne semble plus constituer une priorité pour
les États-Unis, l’Europe et plusieurs États arabes. Néanmoins, le
moment pourrait être venu de remettre le processus de paix à l’ordre
du jour et de relancer des négociations directes entre Israéliens
et Palestiniens.
43. Le processus de paix est un dossier complexe, dans lequel
le Conseil de l'Europe n’est pas un acteur majeur. Je suis cependant
convaincu qu’il pourrait jouer un rôle utile. Notre Assemblée est
unique en son genre, puisqu’elle compte à la fois une délégation
israélienne d’observateurs et une délégation palestinienne partenaire
pour la démocratie. Elle a également des contacts avec d’autres
parlements de la région, notamment ceux de la Jordanie, qui bénéficie
aussi du statut de partenaire pour la démocratie, et de l’Égypte et
du Liban.