1. Introduction
1.1. Procédure
1. Le 22 avril 2016, le Bureau
de l’Assemblée parlementaire a décidé de renvoyer à la commission
des questions juridiques et des droits de l’homme, pour rapport,
la proposition de résolution «Assurer la protection des défenseurs
des droits de l’homme dans les États membres du Conseil de l’Europe».
Le 21 juin 2016, la commission a nommé M. Yves Pozzo di Borgo (France,
PPE/DC) rapporteur. À la suite de son départ de l’Assemblée, j’ai
été nommé rapporteur pour lui succéder le 12 décembre 2017. Le 23
janvier 2018, la commission a organisé une audition à laquelle ont
participé M. Nils Muižnieks, Commissaire aux droits de l’homme du
Conseil de l’Europe, Mme Anna Rurka,
présidente de la Conférence des organisations internationales non
gouvernementales du Conseil de l’Europe, et M. Konstantin Baranov,
membre du conseil d’administration du Mouvement international de
jeunes pour les droits de l’homme (Fédération de Russie). Le 14
mars 2018, la commission a procédé à une autre audition, à laquelle
ont participé M. Hugo Gabbero, directeur adjoint de l’Observatoire
pour la protection des défenseurs des droits de l’homme de la Fédération internationale
des droits de l’homme (FIDH) (Paris, France), et Mme Natalia
Priloutskaïa, chercheuse auprès de l’équipe chargée de la Fédération
de Russie du Bureau régional pour l’Europe orientale et l’Asie centrale d’Amnesty
International (Londres, Royaume-Uni). Le 25 avril 2018, la commission
a procédé à un échange de vues avec M. Michel Forst, Rapporteur
spécial des Nations Unies sur la situation des défenseurs des droits
de l’homme.
1.2. Questions
en jeu
2. La commission et l’Assemblée
assurent le suivi de la situation des défenseurs des droits de l’homme depuis
2006
.
Dans l’intervalle, trois rapports sur ce sujet ont été élaborés:
en 2009, par M. Holger Haibach (Allemagne, PPE/DC) et, en 2012 et
2015, par Mme Mailis Reps (Estonie, ADLE)
. L’Assemblée
a adopté trois résolutions –
1660
(2009),
1891 (2012) et
2095 (2016) – ainsi que deux recommandations –
1866 (2009) et
2085 (2016). Comme l’ont déjà noté les rapporteurs précédents, les
défenseurs des droits de l’homme peuvent être définis comme «ceux
qui œuvrent en faveur des droits d’autrui», c’est-à-dire les particuliers
ou les groupes qui mènent une action pacifique et conforme à la
loi de promotion et de protection des droits de l’homme, qu’il s’agisse
d’avocats, de journalistes, d’organisations non gouvernementales
(ONG) ou autres
. Leur droit à agir pour promouvoir
la protection et la réalisation des droits de l’homme a été réaffirmé
dans la
Déclaration
des Nations Unies sur le droit et la responsabilité des individus,
groupes et organes de la société de promouvoir et protéger les droits
de l’homme et les libertés fondamentales universellement reconnus du 9 décembre 1998 («Déclaration des Nations Unies sur
les défenseurs des droits de l’homme»), qui réaffirme que «[c]hacun
a le droit, individuellement ou en association avec d’autres, de
promouvoir la protection et la réalisation des droits de l’homme
et des libertés fondamentales aux niveaux national et international»
(article 1) et dispose que les États doivent adopter des mesures
pour assurer la garantie effective de ce droit (article 2.2). Comme
l’a souligné le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la situation
des défenseurs de droits de l’homme au cours de l’échange de vues
qu’il a eu avec la commission le 25 avril 2018, la définition figurant
dans le présent document doit être entendue au sens large et prendre
en compte, notamment, les avocats, les journalistes, les militants
de la société civile, les blogueurs et les lanceurs d’alerte. Au
Conseil de l’Europe, la
Déclaration
sur l’action du Conseil de l’Europe pour améliorer la protection
des défenseurs des droits de l’homme et promouvoir leurs activités a été adoptée par le Comité des Ministres le 6 février
2008. Le droit de défendre les droits d’autrui repose lui-même sur
des droits fondamentaux, tels que la liberté de pensée, de conscience
et de religion, la liberté d’expression et la liberté de réunion
et d’association, qui sont protégés par les instruments essentiels
de droit international des droits de l’homme, y compris la Convention
européenne des droits de l’homme (STE no 5,
«la Convention»).
3. Les rapports de mes prédécesseurs ont pointé du doigt les
représailles auxquelles étaient confrontés les défenseurs des droits
de l’homme dans certains États membres du Conseil de l’Europe: atteintes
à leur intégrité physique et psychologique, arrestation arbitraire,
harcèlement judiciaire et administratif, campagnes de diffamation,
voire assassinats ou enlèvements. De plus, ils se sont dits préoccupés
de ce que les militants dont l’action portait sur des questions
sensibles, comme les droits des minorités, la lutte contre la corruption ou
l’impunité des agents de l’État, étaient harcelés par les autorités
ou les médias. Qui plus est, les meurtres de certains défenseurs
des droits de l’homme n’ont fait l’objet d’aucune enquête en bonne
et due forme.
4. Dans ses résolutions, l’Assemblée a rendu hommage à l’action
des défenseurs des droits de l’homme et a rappelé que la responsabilité
de leur protection incombait avant tout aux gouvernements nationaux.
Dans certaines situations, ces derniers peuvent également être tenus
responsables des actes commis par des individus ou organes non étatiques
dans le but d’intimider les défenseurs et de l’absence d’enquête
rigoureuse au sujet de tels actes. L’Assemblée a appelé les États
membres à créer un environnement propice à l’action des défenseurs
des droits de l’homme et à mettre un terme à toute forme d’intimidation
ou de représailles les visant.
5. Dans sa
Résolution
2095 (2016) «Renforcer la protection et le rôle des défenseurs des
droits de l’homme dans les États membres du Conseil de l’Europe»,
l’Assemblée s’est dite extrêmement préoccupée par l’augmentation
du nombre d’actes de représailles dont les défenseurs sont victimes
dans les États membres du Conseil de l’Europe, notamment en Azerbaïdjan,
en Fédération de Russie et en Turquie. Le même jour, elle a adopté
sa
Résolution 2096 (2016) «Comment prévenir la restriction inappropriée des activités
des ONG en Europe?», dans laquelle elle s’est inquiétée de la détérioration
de la situation de la société civile dans certains États membres,
en particulier depuis l’adoption d’une législation restrictive régissant
l’enregistrement, le fonctionnement et le financement des ONG
.
6. La proposition de résolution à l’origine du présent rapport
s’inscrit dans la lignée des travaux de l’Assemblée. Les signataires
de cette proposition s’avouent extrêmement préoccupés par les cas
d’intimidation et de représailles dont sont victimes les défenseurs
des droits de l’homme dans certains États membres du Conseil de
l’Europe et appellent l’Assemblée notamment à réfléchir à d’autres
moyens de renforcer leur protection. Ils font également remarquer
que les militants qui travaillent sur des questions sensibles, comme les
droits des minorités, la lutte contre la corruption ou l’impunité
de responsables de l’État, sont harcelés par les autorités ou les
médias. Les signataires de cette proposition de résolution, à l’instar
de Mme Reps
, soulignent que le Conseil de
l’Europe ne possède pas de mécanisme unique et efficace de protection
des défenseurs des droits de l’homme; bon nombre d’entre eux sont
pourtant des partenaires de longue date et fournissent de précieuses
informations sur la situation des droits de l’homme dans leur pays.
Selon les signataires de la proposition de résolution, il importe
que l’Assemblée réagisse aux cas de persécution et d’intimidation
des défenseurs des droits de l’homme et réfléchisse aux moyens de
renforcer leur protection au sein des États membres et du Conseil
de l’Europe. C’est d’autant plus regrettable que les Nations Unies disposent
d’un mécanisme de suivi et que l’Union européenne dispense une aide
financière substantielle à de nombreux militants des droits de l’homme
via le consortium
protectdefenders.eu. Ce consortium de 12 ONG, dont Reporters sans frontières
et la Fédération internationale des droits de l’homme, a mis en
place un système de classement selon la gravité de l’alerte donnée
et un répertoire des menaces subies par les défenseurs. En conséquence,
le présent rapport se concentrera sur les nouveaux cas de représailles
contre les défenseurs des droits de l’homme dans les États membres
du Conseil de l’Europe et sur les mesures prises par les organes
de l’Organisation pour améliorer leur protection. Comme notre collègue
de la commission, M. Yves Cruchten (Luxembourg, SOC), travaille
sur un sujet connexe dans le cadre de son rapport «Nouvelles restrictions
des activités des ONG dans les États membres du Conseil de l'Europe»,
j’ai fait de mon mieux pour coordonner nos travaux et éviter les
doubles emplois.
2. Suite
donnée par le Conseil de l’Europe à la Recommandation 2085 (2016) de l’Assemblée
7. Dans sa
Recommandation 2085 (2016) et établie sur la base du deuxième rapport de Mme Reps, l’Assemblée
recommandait au Comité des Ministres de prendre un certain nombre
de mesures afin d’améliorer la protection des défenseurs des droits
de l’homme: 1) intensifier son dialogue avec les défenseurs des
droits de l’homme; 2) coordonner son action en la matière avec le
Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, la Conférence
des organisations internationales non-gouvernementales (OING) et
l’Assemblée et procéder régulièrement à des échanges d’informations
avec le Greffe de la Cour européenne des droits de l’homme; 3) instaurer
une plateforme,
similaire à
celle qui a été créée pour les journalistes, pour la protection des défenseurs des droits de l’homme;
4) faire publiquement et régulièrement rapport à l’Assemblée des
cas d’intimidation des défenseurs des droits de l’homme qui coopèrent
avec les organes du Conseil de l’Europe; 5) réfléchir aux autres
moyens de renforcer la protection des défenseurs contre les actes
d’intimidation et de représailles commis par les acteurs étatiques
et non étatiques; 6) intensifier sa coopération avec les autres organisations
internationales œuvrant dans ce domaine; 7) envisager une révision
de la mission du Commissaire aux droits de l’homme, afin de l’habiliter
à traiter les cas individuels de persécution de défenseurs; et 8)
réaliser un bilan approfondi de la mise en œuvre de sa «Déclaration
sur l’action du Conseil de l’Europe pour améliorer la protection
des défenseurs des droits de l’homme et promouvoir leurs activités» de
2008. Dans sa
réponse
à cette recommandation, datée du 10 avril 2017, le Comité des Ministres a réagi
de manière positive à la plupart des propositions de l’Assemblée,
en rappelant, néanmoins, que le droit interne est le cadre juridique
dans lequel doivent se dérouler les activités des défenseurs des
droits de l’homme, et que c’est aux États qu’incombe la responsabilité
de les protéger.
8. Concernant les propositions de l’Assemblée, le Comité des
Ministres reconnaît qu’il est nécessaire d’intensifier le dialogue
avec les défenseurs des droits de l’homme (point 1) et de coopérer
avec d’autres institutions et organisations intergouvernementales
(point 6). S’agissant de la coordination renforcée entre les divers
acteurs du Conseil de l’Europe (point 2), le Comité des Ministres
est prêt à procéder à un examen plus approfondi de cette question
et rappelle que la protection des défenseurs des droits de l’homme
est l’une des priorités du Plan d’action de la Conférence des OING
pour 2015-2018 et que celle–ci a mis en place un groupe de travail
sur les défenseurs des droits de l’homme au sein de sa commission
sur les droits de l’homme. Concernant la mise en place d’une plateforme
spécifique (point 3), le Secrétaire Général formulera prochainement
des propositions en relation avec la faisabilité d’un mécanisme
de protection des défenseurs des droits de l’homme, en tenant compte
de ses incidences financières dans le cadre du Programme et Budget et
de la nécessité d’éviter les doubles emplois avec des initiatives
existantes. Dans ce contexte, le Comité des Ministres étudiera également
la demande d’établissement d’un rapport des cas d’intimidation des
défenseurs des droits de l’homme, annuel et public, à destination
de l’Assemblée (point 4). En mai 2017, le Secrétaire Général a décidé
d’instaurer une procédure visant à protéger les défenseurs coopérant
avec le Conseil de l’Europe et a créé un «point de contact» à cette
fin; il avait déjà promu l’idée d’introduire un tel mécanisme dans son
rapport «
Situation
de la démocratie, des droits de l’homme et de l’État de droit » de 2016.
9. Quant à la demande de l’Assemblée visant à réfléchir à d’autres
moyens de renforcer la protection des défenseurs des droits de l’homme
(point 5) et à réaliser un bilan de la mise en œuvre de la Déclaration
du Comité des Ministres de 2008 (point 8), le Comité des Ministres
a chargé le Comité directeur pour les droits de l’homme du Conseil
de l’Europe (CDDH) d’établir un rapport sur l’impact des législations
des États membres sur la situation des défendeurs des droits de
l’homme. Le CDDH a adopté ce rapport lors de sa 87e réunion (6-9
juin 2017) et l’a publié en juillet 2017
.
Ce document fait état de la nécessité de protéger les défenseurs des
droits de l’homme, qui font l’objet de persécutions du fait de leurs
activités, souvent critiques à l’égard du pouvoir en place. Il appelle
à porter une attention particulière au harcèlement judiciaire et
à l’abus des dispositions de droit pénal, à la privation arbitraire
de liberté, à l’atteinte à la vie privée des défenseurs des droits
des groupes particulièrement vulnérables comme les femmes et les
personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexes
(LGBTI)
. Le CDDH travaille
actuellement sur un
avant-projet
de déclaration du Comité des Ministres sur la nécessité de renforcer
la protection et la promotion de l’espace dévolu à la société civile
en Europe, qui sera adopté par le Comité des Ministres courant
2018.
10. S’agissant de la proposition de l’Assemblée tendant à réviser
le mandat du Commissaire aux droits de l’homme (point 7), le Comité
des Ministres s’est aligné sur l’avis de ce dernier qui considère
«qu’il n’est pas nécessaire de modifier le mandat de cette institution
à ce stade parce qu’il lui permet déjà de mener les importantes
initiatives pour la protection des défenseurs des droits de l’homme
qui lui paraissent utiles, et même d’intervenir dans des affaires
individuelles». L’(ancien) Commissaire estimait disposer de différents outils
lui permettant d’assister les défenseurs face aux menaces, dont
la possibilité d’intervenir en qualité de tierce partie dans des
affaires pendantes devant la Cour européenne des droits de l’homme,
ses échanges avec les autorités des États membres, ses rapports
thématiques et sur les pays, ses déclarations publiques (notamment
sur les réseaux sociaux) ou ses consultations régulières avec des
défenseurs
.
11. Dans sa
Recommandation
2121 (2018) «Pour une convention européenne sur la profession d’avocat», l’Assemblée
faisait part de ses préoccupations au sujet du harcèlement, des
menaces et des agressions dont les avocats continuaient à être victimes
dans de nombreux États membres du Conseil de l’Europe et qui étaient même
en augmentation dans certains d’entre eux. Comme le rapport de notre
collègue Mme Sabien Lahaye-Battheu (Belgique,
ADLE), sur lequel repose cette recommandation, étudie en détail
la situation des avocats en Azerbaïdjan, en Fédération de Russie,
en Turquie et en Ukraine
, je me contenterai
de mentionner certains cas précis de représailles à l’égard des
avocats défenseurs des droits de l’homme dans ces pays.
3. Évolution
récente de la situation des défenseurs des droits de l’homme dans
les États membres du Conseil de l’Europe
3.1. Situation
générale
12. Depuis le dernier rapport de
Mme Reps, qui remonte à décembre 2015,
on observe un accroissement des menaces subies par les défenseurs
des droits de l’homme dans toute l’Europe. Dans son rapport sur
la «
Situation
de la démocratie, des droits de l’homme et de l’État de droit » de 2016, le Secrétaire Général du Conseil de l’Europe,
M. Thorbjørn Jagland, fait état d’évolutions tout aussi inquiétantes,
notamment les actes de représailles subis par les défenseurs des
droits de l’homme
. Le 4 avril 2017, le Commissaire
aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, M. Nils Muižnieks,
a observé «dans plusieurs pays européens une nette tendance à la
régression en matière de liberté d’association, qui affecte notamment
les organisations et les défenseurs des droits de l’homme»
. Selon
Protect
Defenders, en 2017, 738 violations commises à l’encontre des défenseurs
ont été signalées à travers le monde (dont 92 meurtres et 54 autres
faits de violences physiques). En Europe et en Asie centrale, 117
violations ont été signalées, dont deux meurtres et six autres faits
de violences physiques; ces chiffres ne concernent que les faits
qui ont été effectivement signalés à cette organisation. En 2018,
41 incidents ont été signalés (au 26 avril 2018). Lors de son échange
de vues avec la commission, le Rapporteur spécial des Nations Unies
sur la situation des défenseurs des droits de l’homme a souligné
qu’il recevait près de 4 000 plaintes de défenseurs par an. Afin
d’examiner ces tendances négatives, je me concentrerai ici – de
manière non exhaustive – sur des cas récents concernant les trois
États analysés en détail dans le dernier rapport de Mme Reps,
à savoir l’Azerbaïdjan, la Fédération de Russie et la Turquie, ainsi
que sur quelques autres États membres du Conseil de l’Europe (Espagne,
France, Géorgie, Grèce, Hongrie, Malte, République de Moldova, Serbie,
République slovaque et Ukraine).
3.2. Exemples
choisis
3.2.1. Azerbaïdjan
13. Depuis le dernier rapport de
Mme Reps et la
Résolution 2095 (2015), certains défenseurs des droits de l’homme azerbaïdjanais
qui ont coopéré avec le Conseil de l’Europe et les rapporteurs de
l’Assemblée, par exemple Intigam Aliyev, Khadiya Ismayilova et Rasul
Jafarov, ont été condamnés pour des faits liés à leurs activités
de défenseurs des droits de l’homme
. Le Rapporteur
spécial des Nations Unies sur la situation des défenseurs des droits
de l’homme, M. Michel Forst, a, à la suite d’une visite qu’il a
effectuée en Azerbaïdjan le 22 septembre 2016, établi un rapport
où il s’alarmait du contexte criminalisé et contraignant dans lequel
les défenseurs des droits de l’homme, souvent stigmatisés, sont
forcés d’exercer leurs activités. Il a également appelé à mettre
en place une protection plus efficace pour certains groupes particulièrement
vulnérables, notamment les journalistes et les avocats.
14. Le 3 mars 2017, Mehman Huseynov, blogueur et journaliste très
critique à l’égard du gouvernement et connu du grand public, a été
condamné à deux ans de prison pour avoir diffamé la police, parce
qu’il avait porté plainte contre le recours excessif à la force
des policiers qui l’avaient arrêté en janvier 2017. Cette condamnation,
qui est maintenant définitive, a été largement condamnée par la
société civile et l’Union européenne. Le 28 avril 2017, le blogueur
Mehman Galandarov a été trouvé pendu dans sa cellule au centre de
détention no 1 de Bakou. Il avait été
arrêté en février de la même année, après avoir essayé de peindre avec
un pulvérisateur un slogan politique sur une statue de l’ancien
Président de la République Heydar Aliyev à Bakou. Selon certaines
sources, cette arrestation était aussi liée aux propos de soutien
à un prisonnier de conscience exprimés par M. Galandarov sur son
compte privé Facebook. Leyla Yunus, directrice de l’Institut pour
la paix et la démocratie, et son mari subissent un harcèlement judiciaire
sans précédent depuis 2014. Connue pour son travail sur les droits
de l’homme et son soutien aux prisonniers politiques, elle a reçu
la Légion d’honneur de la République française en 2013. Condamnés
à une peine de prison, elle et son mari ont été libérés pour cause
d’urgence médicale et se sont réfugiés au Pays-Bas. Néanmoins, le
17 mai 2017, la Cour d’appel de Bakou a ordonné leur retour forcé
dans leur pays
. De même, le 29 mai 2017, Afghan Mukhtarli,
journaliste azerbaïdjanais qui s’était exilé en Géorgie pour échapper
à la répression, a été enlevé devant son domicile et ramené de force
dans son pays d’origine, où il a été placé en détention provisoire.
Ce fait suscite des inquiétudes quant à la protection de nombreux
défenseurs des droits de l’homme ayant fui l’Azerbaïdjan pour trouver
refuge en Géorgie
. Le 12 janvier 2018, M. Mukhtarli
a été condamné à une peine de six ans d’emprisonnement par le tribunal
de première instance de Balakan, qui l’a reconnu coupable de franchissement
illégal de la frontière, de contrebande et de refus, accompagné
de violences, d’obtempérer à un agent de la force publique, chefs
d’accusation qu’il nie farouchement
. Récemment, avant l’élection présidentielle
du 11 avril 2018, certains militants de l’opposition qui avaient
appelé au boycott de cette élection présidentielle anticipée ont
été condamnés à une peine de détention administrative. Une militante,
Fatima Movlanli, a été portée disparue à la suite du rassemblement
du 26 mars 2018 à Bakou, mais a été libérée après avoir été placée
en garde à vue pendant plusieurs heures.
16. Le 19 avril 2018, la Cour européenne des droits de l’homme
a rendu son arrêt dans l’affaire
Mammadli c.
Azerbaïdjan, concernant l’arrestation et la détention
entre décembre 2013 et mai 2014 de ce militant de la société civile
et défenseur des droits de l’homme, lauréat du Prix des droits de
l’homme Václav Havel de 2014. Le Cour a jugé que sa détention était
illégale, ne faisait pas l’objet d’un contrôle judiciaire et qu’elle
avait été imposée pour des raisons politiques (en violation des
dispositions des articles 5.1, 5.4 et 18 de la Convention)
.
3.2.2. Fédération
de Russie
17. Dans sa
Résolution 2096 (2016), l’Assemblée s’est dite vivement préoccupée par la «loi
relative aux agents étrangers», qui modifie la législation russe
applicable aux organisations sans but lucratif en obligeant les
ONG bénéficiaires d’un financement étranger à s’enregistrer en qualité
«d’agents étrangers». Elle était aussi préoccupée par l’adoption
de la loi relative aux organisations indésirables, dont la mise
en œuvre pourrait entraîner l’interdiction de nombreuses ONG internationales
opérant en Fédération de Russie. De plus, en octobre 2016, la commission
de suivi a conclu que «la situation s’est gravement détériorée en
ce qui concerne en particulier l’environnement démocratique et l’espace
laissé à la société civile pour exercer son activité et ses droits
à la liberté d’expression et d’association»
.
Au 26 avril 2018, les noms de 76 organisations figuraient au registre
des «agents étrangers» et 14 ONG sont actuellement jugées «indésirables»
.
18. Le 2 juin 2017, pour la première fois sur le fondement de
la loi sur les agents étrangers, des chefs d’accusation ont été
officiellement retenus à l’encontre de la militante de la défense
des droits de l’homme Valentina Cherevatenko, présidente de l’ONG
«Les femmes du Don», connue notamment pour son travail en faveur
de la paix entre la Russie et l’Ukraine et sur la situation dans
le Caucase du Nord. Mme Cherevatenko risquait
une peine de deux ans d’emprisonnement pour ne pas avoir déposé
les documents nécessaires à l’inscription de son association au
registre des «agents étrangers», mais ces accusations ont été finalement abandonnées
le 19 juin 2017.
19. En avril 2017, le défenseur des droits de l’homme Semyon Simonov
est resté en garde à vue pendant plusieurs heures au poste de police
de Volgograd, où son téléphone et son appareil photo ont été fouillés. M. Simonov
avait recueilli des informations sur de nombreux cas d’abus commis
sur des travailleurs migrants qui participaient au chantier des
jeux olympiques d’hiver de 2014 en Russie, à Sotchi; peu de temps
avant sa garde à vue, il s’était entretenu avec des ouvriers qui
édifiaient un stade pour la Coupe du monde de la FIFA de 2018. Il
est aujourd’hui accusé de «tentative d’entrave à la Coupe du monde».
Le 3 novembre 2017, à Kaliningrad, Igor Roudnikov, un journaliste
connu pour sa dénonciation de la corruption, y compris à propos des
chantiers de la Coupe du monde, a été passé à tabac par des fonctionnaires
de police et arrêté; il est à présent accusé d’«extorsion». Le 12
septembre 2017, Tatiana Kotlyar, militante de la défense des droits
des groupes minoritaires et des migrants, a été reconnu coupable
de 167 chefs d’accusation «d’enregistrement fictif» de ressortissants
étrangers en 2015. De plus, la Plateforme de solidarité civique,
une coalition d’ONG à l’échelle de l’OSCE, a signalé l’arrestation
de huit militants du mouvement antifasciste par le Service fédéral de
sécurité (FSB) de la Fédération de Russie; ces personnes sont soupçonnées
d’appartenance à un groupe terroriste opérant dans différentes régions
du pays. Selon la Plateforme, des aveux leur ont été arrachés par la
torture et ils font à présent l’objet de poursuites pénales
.
20. Rappelons aussi que, d’une façon générale, la situation des
défenseurs des droits de l’homme est extrêmement inquiétante dans
la région du Caucase du Nord, et notamment en République tchétchène,
ce que l’Assemblée a relevé dans sa récente
Résolution 2157 (2017) sur «Les droits de l’homme dans le Caucase du Nord:
quelles suites donner à la
Résolution
1738 (2010)?»
; ces questions sont
à présent examinées par notre collègue M. Frank Schwabe (Allemagne,
SOC), qui établit un rapport sur «Le rétablissement du respect des
droits de l’homme et de l’État de droit reste indispensable dans
la région du Caucase du Nord». De même, il convient de noter, dans
le contexte d’une persécution ciblant des personnes LGBTI, qu’en
mai 2017, des militants pour les droits LGBTI qui tentaient de déposer
au bureau du procureur général une pétition contre la persécution
de personnes LGBTI en Tchétchénie ont été arrêtés et détenus par
les autorités russes
. En outre, le 9 janvier 2018, le
directeur du Centre des droits de l’homme «Memorial» en République
tchétchène, M. Oyub Titiev, qui avait fait un compte rendu détaillé
des violations des droits de l’homme commises par des autorités
locales, a été arrêté. Il a été détenu au secret pendant plusieurs
heures et accusé de détention d’une importante quantité de drogue.
Responsable de l’antenne tchétchène de Memorial, M. Titiev avait
succédé à Mme Natalia Estemirova, assassinée
en 2009; les circonstances de sa mort n’ont toujours pas fait l’objet
d’une enquête en bonne et due forme. M. Titiev a été placé en détention
provisoire. Les membres de sa famille, menacés par les services
de police, ont quitté la Tchétchénie. L’un de ses avocats, M. Aslan
Telkhigov, aurait été forcé de renoncer à le défendre et a également
quitté le pays. Le 22 janvier 2018, la voiture du Centre des droits
de l’homme «Memorial», qu’utilisait son autre avocat, M. Petr Zaïkine,
a été incendiée au Daghestan. De plus, le 17 janvier 2018, le feu
a été mis au bureau de Memorial à Nazran (Ingouchie). Le 28 mars
2018, le chef de l’antenne de l’organisation au Daghestan, M. Sirazhutdin
Datsiev, a été agressé par des inconnus alors qu’il se rendait à
son bureau. Ces événements pourraient être considérés comme une
tentative de réduire au silence Memorial, la seule organisation
de défense des droits de l’homme opérant actuellement dans la région
du Caucase du Nord
.
21. La situation en Crimée mérite une attention particulière à
ce sujet. Depuis l’annexion illégale de ce territoire par la Russie
en 2014, plusieurs cas d’arrestations arbitraires, de disparitions
forcées, d’exils forcés ou de diverses autres formes d’intimidation
de personnes ayant critiqué l’action et la politique des autorités
ont été signalés
. Les autorités ont particulièrement
pris pour cible les Tatars de Crimée, qui s’opposent à l’annexion
de la Crimée par la Russie. Les militants tatars sont souvent qualifiés
«d’extrémistes et de terroristes». Le 11 septembre 2017, un tribunal
russe a reconnu M. Akhtem Chiygoz, responsable tatar de Crimée de
premier plan, coupable d’avoir organisé «des émeutes de grande envergure»
et l’a condamné à une peine de huit ans d’emprisonnement. Le 27
septembre 2017, un autre responsable tatar, M. Ilmi Umerov, a été
condamné à une peine de deux ans d’emprisonnement pour «séparatisme».
Fort heureusement, à la suite des négociations engagées entre la
Russie et les autorités turques, les deux militants ont été autorisés à
quitter la Crimée et à se rendre en Turquie. En outre, l’avocat
de M. Chiygoz, M. Nikolai Polozov, et un autre avocat qui représente
les dirigeants tatars de Crimée devant les tribunaux ont été victimes
de harcèlement et placés en détention
.
3.2.3. Turquie
22. À la suite de la tentative
de coup d’État de juillet 2016, l’état d’urgence a été déclaré en
Turquie; il a été récemment prorogé pour la septième fois. Les autorités
ont procédé à des renvois en masse dans l’appareil judiciaire, l’administration
publique, les milieux universitaires, d’autres institutions publiques
et les médias. De nombreux défenseurs des droits de l’homme ont
été harcelés, menacés physiquement, arrêtés, voire emprisonnés.
Dans sa
Résolution 2156
(2017), l’Assemblée a approuvé la mise en place d’une procédure
de suivi du fonctionnement des institutions démocratiques turques.
Elle a aussi appelé les autorités turques à libérer tous les journalistes
(plus de 150 à l’époque) et les défenseurs des droits de l’homme
en détention
. Depuis l’adoption de cette
résolution, de nouvelles représailles ont été lancées contre les
défenseurs des droits de l’homme. Le rapport du Haut-Commissariat
des Nations Unies aux droits de l’homme qui a été publié en mars
2018 et porte sur la période allant du 1er janvier
au 31 décembre 2017 indique que quelque 300 journalistes et 570
avocats ont été arrêtés pour des infractions liées au terrorisme.
Trois cent quatre-vingts universitaires «pour la paix» qui avaient
signé une pétition contre la violence dans le sud-est de la Turquie
ont été licenciés. Quant aux avocats, ils sont 1 480 à être poursuivis
à des titres divers; 79 ont été condamnés à de lourdes peines d’emprisonnement
et 34 barreaux ont été dissous. De plus, le gouvernement a fermé
1 719 ONG, dont des organisations de défense des droits de l’homme,
des organisations humanitaires et des associations professionnelles
d’avocats. Le rapport conclut que l’état d’urgence a contribué à
la dégradation de la situation des droits de l’homme dans le pays.
Dans sa
Résolution 2209
(2018) «État d’urgence: questions de proportionnalité relatives
à la dérogation prévue à l’article 15 de la Convention européenne
des droits de l’homme»
,
l’Assemblée a conclu que la réaction de la Turquie face à la situation
ayant débouché sur l’état d’urgence était disproportionnée pour
de nombreux motifs.
23. Le 6 juin 2017, le président de l’antenne turque d’Amnesty
International, Taner Kiliç, et 22 autres avocats ont été arrêtés
par la police turque
. M Kiliç a été déféré
devant un juge le 9 juin 2017 et a été inculpé d’appartenance au
groupe Fethullah Gülen (appelé «FETÖ/PDY», un acronyme signifiant
«Organisation terroriste fethullahiste/Structure d’État parallèle»,
dans les documents officiels turcs), au motif qu’il aurait téléchargé
une application de messagerie, Bylock, utilisée par les «gülénistes».
Il reste en détention provisoire dans l’attente de son procès et
risque une lourde peine d’emprisonnement. Le 31 janvier 2018, un
tribunal d’Istanbul a ordonné sa libération conditionnelle, mais
le procureur ayant fait appel de cette décision, un autre tribunal
l’a annulée. La date de la prochaine audience est fixée au 21 juin
2018. Amnesty International a demandé la libération immédiate et
sans condition de Taner Kiliç, dénonçant des accusations non fondées.
Le 5 juillet 2017, la directrice d’Amnesty International, Idil Eser,
a été arrêtée avec sept autres défenseurs turcs des droits de l’homme
et deux formateurs étrangers (un Suédois et un Allemand) au cours
d’un séminaire qui se tenait sur l’île de Büyükada, au motif qu’ils
auraient commis une infraction pour le compte d’une «organisation
terroriste» dont ils ne sont pas membres. Ces 10 personnes ont toutes
été libérées sous caution le 25 octobre. La procédure pénale engagée
à leur encontre est toujours pendante et leur affaire a été jointe à
celle de M. Kiliç
.
24. Il ne s’agit pas d’un cas isolé. Le 19 mai 2017, M. Levent
Piskin, avocat et membre d’une association promouvant les droits
des personnes LGBTI et de la commission sur la justice du Parti
démocratique des peuples (HDP), a été arrêté aux motifs qu’il «discréditait
l’image de la Turquie» et qu’il «soutenait un groupe terroriste».
Selon l’Observatoire pour la protection des défenseurs des droits
de l’homme («l’Observatoire»), l’arrestation a eu lieu le jour même
où celui-ci devait défendre 46 avocats victimes de harcèlement judiciaire. De
même, en avril 2017, un autre avocat, M. Muharrim Erbey, a été condamné
à six ans et trois mois de prison au motif qu’il aurait été membre
du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Enfin, en mars 2017,
M. Raci Bilici, enseignant et vice-président de l’Association des
droits de l’homme (IHD), a été arrêté pour avoir «participé à des
activités ayant pour but d’empêcher des opérations intérieures de
lutte contre le terrorisme». Le 18 mai 2017, M. Ali Tanriverdi,
président de l’antenne de l’IHD de Mersin a été accusé d’être «membre d’une
organisation terroriste» et de «propagande en faveur d’une organisation
terroriste»; il bénéficie d’une mise en liberté provisoire. En août
2017, Mme Gïlseren Yoleri, présidente
de l’antenne d’Istanbul de l’IHD et membre du Comité exécutif d’IHD,
et M. Doğan Özkan, membre du Conseil exécutif d’IHD Istanbul, ont
été placés en garde à vue pendant trois jours à la suite de leur
participation à une manifestation de soutien en faveur de deux enseignants
révoqués. Selon l'Observatoire, ils ont été maltraités par les fonctionnaires
de police lors de leur arrestation et sont à présent accusés de
«propagande pour le compte d’une organisation illégale» et de participation
à une manifestation non autorisée. De même, d’autres militants d’IHD
– M. Ozturk Turkdogan, Mme Sevim Salihoglu,
Mme Derya Uysal et Mme Besra
Varli, qui avaient pris part à une manifestation à Ankara – ont
été brièvement placés en garde à vue le 9 novembre 2017 et ont été
accusés d’infraction à la législation relative aux manifestations. À
la fin de janvier 2018, plusieurs membres de l’IHD ont été placés
en détention pour des infractions liées au terrorisme au motif qu’ils
avaient publié sur les médias sociaux des messages dans lesquels
ils critiquaient l’«opération Rameau d’olivier» menée par l’armée
turque à Afrin, dans le nord de la Syrie. Selon Human Rights Watch,
la même chose est arrivée en février 2018 à plus de 800 personnes
qui avaient critiqué cette opération sur les médias sociaux, dans
le cadre de manifestations de rue ou d’une autre manière; elles
font à présent toutes l’objet de poursuites pénales. Le 30 janvier
2018, la police a, après avoir perquisitionné leur domicile et leur
lieu de travail, arrêté 11 membres du Conseil central de l’Union
des médecins de Turquie (TTB) sur la base des dispositions de la
loi antiterroriste turque, quelques jours après que la TTB eut publiquement
critiqué l’opération menée à Afrin, dans le nord de la Syrie. Les membres
de la TTB ont été libérés sept jours plus tard, mais sont toujours
sous le coup d’une inculpation pénale
.
25. De plus, des poursuites pénales ont également été engagées
à l’encontre de Mme Şebnem Korur Financı,
présidente de la Fondation des droits de l’homme de Turquie (HRTF),
M. Erol Önderğlu, représentant en Turquie de Reporters Sans Frontières,
et de M. Ahmet Nesin, journaliste. En 2016, tous trois avaient pris part
à une campagne de solidarité en faveur du droit à la liberté de
la presse, et en particulier d’un quotidien kurde,
Özgür Gündem, dont la fermeture
avait été ordonnée. Ils sont accusés «d’incitation à la commission d’une
infraction», «de faire l’apologie de l’infraction et des auteurs
d’infractions» et de «propagande en faveur d’une organisation terroriste
par voie de presse». M. Murat Çelikkan, journaliste et codirecteur
de Hafiza Merkezi (Centre Vérité Justice Mémoire), qui avait pris
part à la même campagne de solidarité, a été condamné à une peine
de 18 mois d’emprisonnement le 18 mai 2017, que le Commissaire aux
droits de l’homme du Conseil de l’Europe a critiquée dans une
déclaration datée du même jour. Son travail de rédactrice en chef
du même journal a valu à Mme Eren Keskin,
coprésidente de l’IHD, 143 procédures judiciaires entre 2014 et
2015. Elle a été condamnée à de lourdes amendes et à 7,5 années
d’emprisonnement. Par ailleurs, le ministère de l’Intérieur a soumis
l’IHD à une opération de vérification de grande ampleur. Certains
membres de cette association, ainsi que des membres de la HRTF,
ont été mis en examen pour avoir établi des rapports d’enquête et
de suivi sur le couvre-feu décrété dans l’est et le sud-est de l’Anatolie
en août 2015
.
26. Le cas de M. Osman Kavala, homme d’affaires et personnalité
de premier plan de la société civile, connu pour être favorable
au dialogue culturel, à la tolérance, à la paix et à la réconciliation,
est lui aussi intéressant. Le 1er novembre
2017, un tribunal d’Istanbul a ordonné son arrestation pour tentative
de renversement du gouvernement et de l’ordre constitutionnel en
lien avec les événements du parc Gezi de 2013 et du coup d’État
avorté de 2016
.
27. À Ankara, les ONG plaidant pour le respect des droits des
personnes LGBTI se sont récemment vu interdire toute activité publique.
Toutefois, les représailles contre ces militants ne sont pas chose
nouvelle. En août 2016, Hande Kader, militante de la défense des
droits de l’homme des personnes transgenre bien connue, a été violée,
mutilée, brûlée et tuée
.
28. Les médias ont également accordé une grande attention au cas
de certains journalistes étrangers. M. Mathias Depardon, photographe
de presse français dont le travail l’amène à s’intéresser tout particulièrement
aux problèmes rencontrés par les migrants, a été arrêté le 8 mai
2017 par la police turque et placé en détention administrative à
Gaziantep. Les autorités turques l’accusaient d’avoir travaillé
sans carte de presse et le soupçonnaient de propagande terroriste
pour le compte du PKK. Après que le président de la République française
eut demandé au président Erdoğan le retour en France «le plus vite
possible» de M. Depardon, celui-ci a été libéré et est rentré le
9 juin 2017. De même, un autre journaliste français, M. Loup Bureau,
qui avait effectué un reportage sur les combattants kurdes qui luttaient
contre Daech en Syrie, a été arrêté sous le chef d’accusation «d’appartenance
à une organisation terroriste» le 26 juillet 2017. À la suite d’interventions
à haut niveau, il a été libéré le 15 septembre 2017 et est rentré
en France; il fait cependant toujours l’objet de poursuites pénales
en Turquie. Accusé de propagande terroriste, le journaliste germano-turc Deniz
Yücel a passé une année en prison, dont neuf mois à l’isolement,
avant d’être libéré en février 2018. Un tribunal turc a condamné
par contumace une journaliste finno-turque, Mme Ayla
Albayrak, a une peine de plus de deux ans d’emprisonnement pour
propagande terroriste. Selon Reporters sans frontières, plusieurs dizaines
de journalistes étrangers ont été expulsés de Turquie au cours des
deux dernières années. La Turquie se classe actuellement 155e sur
180 au Classement 2017 de la liberté de la presse
.
29. Le 12 juin 2017, la Cour européenne des droits de l’homme
a communiqué la requête
Sabuncu et autres c.
Turquie au Gouvernement turc. Dans cette affaire, en
octobre et en novembre 2016, 10 journalistes du journal d’opposition
Cumhurriyet («la République»), bien
connu pour sa ligne éditoriale critique à l’égard du gouvernement
actuel, ont été placés en détention provisoire parce qu’ils étaient
soupçonnés d’avoir commis des infractions au nom d’organisations
terroristes et d’en avoir fait la propagande. Ils font état d’une
violation des articles 5 (droit à la liberté et à la sûreté), 10
(liberté d’expression) et 18 (limitation de l’usage des restrictions
aux droits) de la Convention
.
Le 20 mars 2018, la Cour a rendu deux arrêts –
Şahin Alpay c.Turquie et
Mehmet Hasan Altan c. Turquie ,
dans lesquels elle a jugé que la détention des deux journalistes à
la suite du coup d’État manqué, qui était maintenue alors que la
Cour constitutionnelle avait ordonné leur libération, contrevenait
aux articles 5.1 (droit à la liberté et à la sûreté) et 10 (liberté
d’expression) de la Convention. Le premier journaliste a été libéré
le 16 mars 2018 (il est depuis assigné à résidence), mais M. Altan
demeure sous les verrous.
3.2.4. Autres
cas de représailles à l’égard des défenseurs des droits de l’homme
30. Des cas d’intimidation des
défenseurs des droits de l’homme ont également été signalés dans
d’autres pays.
31. À Athènes, en
Grèce,
le 6 janvier 2017, des parlementaires et des militants d’Aube Dorée,
parti d’extrême-droite grec, ont violemment interrompu un séminaire
sur les droits des minorités nationales, organisé par des militants
des droits de l’homme. La police n’avait pas pris les mesures nécessaires
pour éviter cette situation et le parquet ne s’est pas automatiquement
saisi malgré les carences évidentes des forces de l’ordre. Ce sont
les militants victimes qui ont dû porter plainte. Cependant, le
22 décembre 2017, le procureur a versé le dossier aux «archives
des auteurs d’infractions non identifiés». De plus, le 22 mars 2018,
le groupe d’extrême-droite «Krypteia» a incendié, pour des motifs
racistes, les locaux du Centre communautaire afghan d’Athènes, qui
prône le respect des droits de la communauté afghane. Les responsables
de ce Centre avaient déjà reçu des menaces de mort. Le même jour,
Krypteia a également menacé les membres de la Ligue hellénique des
droits de l’homme (HLHR), dont on connaît le travail en faveur des
droits des migrants et des réfugiés, dans leur bureau athénien.
La police continue d’enquêter sur cet incident
.
32. Le 13 juin 2017, la
Hongrie a
adopté une loi sur «la transparence des organisations financées
par des capitaux étrangers», en vertu de laquelle les ONG qui reçoivent
plus de 24 000 euros de financement en provenance de l’étranger
doivent se réenregistrer en qualité d’«organisation civile financée
par des capitaux étrangers» et afficher cette nouvelle appellation
sur toutes leurs publications. Cette nouvelle loi a été critiquée par
la Commission européenne pour la démocratie par le droit (Commission
de Venise) du Conseil de l’Europe. Une campagne d’affichage financé
par le gouvernement a été lancée contre le milliardaire philanthrope Georges
Soros. Le Premier Ministre Viktor Orbán et d’autres responsables
de haut rang ont fait un certain nombre de remarques désobligeantes
sur les ONG financées par des capitaux étrangers, en particulier
ceux qui sont versés par M. Soros et l’Open Society Foundation qu’il
a créée, considérant un grand nombre de défenseurs des droits de
l’homme comme de simples «militants à sa solde». En février 2018,
le gouvernement a présenté au parlement un ensemble de trois projets
de loi dit «Stop Soros», destiné à imposer des limitations strictes
au travail des ONG qui œuvrent en faveur du respect des droits des
réfugiés et des migrants. Cet ensemble de textes, dont la Commission
de Venise a entrepris l’examen, prévoit en particulier la possibilité d’ordonner
des mesures d’éloignement en vertu desquelles nul ne pourrait se
trouver dans une zone longue de huit kilomètres de part et d’autre
de la frontière ou l’ensemble du territoire serait interdit aux
ressortissants de pays tiers
.
33. L’avocate
moldave,
Mme Ana Ursachi, s’est fait connaître
en défendant dans le cadre d’affaires très médiatisées les intérêts
d’opposants à l’oligarque et homme politique moldave Vladimir Plahotniuc.
Dans son pays, elle a été victime de campagnes de diffamation orchestrées
par les médias progouvernementaux et s’est exilée en Pologne
.
En raison d’allégations selon lesquelles elle aurait été impliquée
20 ans plus tôt dans une affaire de meurtre, le tribunal central
de Chisinau a, le 29 mars 2018, en l’absence de ses avocats, fait
droit à la demande du parquet qui avait requis son arrestation,
et Interpol a publié une notice rouge à la demande du Bureau central
national moldave.
34. En
Serbie, en janvier
2017, neuf membres de l’Initiative de la jeunesse pour les droits
de l’homme (YIHR) ont été agressés par la police dans le nord du
pays, à la suite d’une manifestation non violente organisée pendant
le discours d’un homme politique serbe condamné pour actes de torture
par le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie, M. Veselin
Sljivancanin. Trois militantes de la même organisation ont également
été agressées par des membres du Parti démocratique de Serbie (DSS)
.
35. En
Ukraine, les militants
de la lutte contre la corruption sont préoccupés par l’adoption,
le 23 mars 2017, de la loi no 6172 anticorruption,
qui leur impose de présenter une déclaration électronique de leur
patrimoine au même titre que les responsables du gouvernement ou
les fonctionnaires. De plus, une série d’enquêtes pénales ont été
ouvertes contre certaines ONG et leurs responsables, à savoir l’organisation
caritative «Patients d’Ukraine», le Réseau panukrainien des personnes
vivant avec le VIH/sida, l’Alliance pour la santé publique ou le
Centre de lutte contre la corruption. L’agression physique de deux
militants de la lutte contre la corruption de Kharkiv, M. Evhen
Lisichkin et M. Dmytro Bulakh, a été signalée respectivement en
septembre et en août 2017. En outre, Mme Iryna
Nozdrovska, avocate spécialiste des droits de l’homme, a été assassinée. Le
1er janvier 2018, son corps a été retrouvé
dans une rivière près de Kiev. L’avocate avait empêché la libération
du neveu d’un juge de première instance qui avait tué sa sœur dans
un accident de voiture en 2015; elle avait apparemment reçu de nombreuses
menaces de la part du condamné et de sa famille
.
36. La question des défenseurs des droits de l’homme qui assurent
la protection des droits des migrants et des réfugiés mérite une
attention particulière, car les représailles dont ils sont la cible
se sont intensifiées dans certains pays occidentaux au cours de
ces derniers mois. Ainsi, en août 2017, Mme Helena
Malena Garzón, une journaliste
espagnole qui
enquêtait sur des affaires de traite des êtres humains et défendait
les droits des migrants et des réfugiés, a reçu plusieurs menaces,
dont des menaces de mort, sur son adresse électronique privée et
sur les comptes qu’elle possède sur des médias sociaux. Ces menaces
ont été proférées après son intervention à la télévision, au cours
de laquelle elle avait critiqué l’action de la police envers les
migrants dans les enclaves de Ceuta et Melilla
. Selon
l’Observatoire, certains défenseurs des droits de l’homme
français qui assurent la protection
des droits des migrants et des réfugiés font l’objet d’un harcèlement
judiciaire constant sur le fondement de l’article L. 622-1 du Code
pénal français, qui incrimine l’aide facilitant «l'entrée, la circulation
ou le séjour irrégulier d'un étranger en France» (délit de solidarité
). C’est tout particulièrement le cas
des militants qui agissent dans la vallée de la Roya, à la frontière
italienne. L’Observatoire a été particulièrement préoccupé par les
cas de M. Cédric Herrou (membre de l’ONG «Roya citoyenne», qui est régulièrement
convoqué par la police et a été placé en garde à vue à plusieurs
reprises), de M. Pierre-Alain Mannoni (un ingénieur qui œuvre en
faveur de la défense des droits des migrants, condamné à une peine
de deux mois d’emprisonnement avec sursis) et de M. Raphael Faye
Pico (un étudiant qui vient en aide aux migrants, condamné à une
peine de trois mois d’emprisonnement avec sursis). Récemment, une
militante d’Amnesty International, Mme Martine
Landry, a été accusée d’infraction à l’article L. 622-1 pour avoir
aidé deux Guinéens mineurs à entrer sur le territoire français
.
37. Rappelons encore deux assassinats survenus récemment, à savoir
ceux des journalistes d’investigation Mme Daphne
Caruana Galizia à
Malte,
le 16 octobre 2017, et de M. Ján Kuciak en
République
slovaque, le 21 février 2018. J’espère que Ie prochain
travail de notre collègue de la commission, M. Pieter Omtzigt (Pays-Bas,
PPE/DC), en sa qualité de rapporteur sur l’assassinat de Mme Caruana
Galizia, aidera à faire la lumière sur les circonstances de cet
événement tragique
.
4. Conclusion
38. Les exemples précités démontrent
que les défenseurs des droits de l’homme sont toujours victimes
de représailles et d’actes d’intimidation et que leur situation
ne s’est pas améliorée et s’est même détériorée dans certains États
membres du Conseil de l’Europe. Comme l’a indiqué le Rapporteur
spécial des Nations Unies sur la situation des défenseurs des droits
de l’homme, on observe une tendance inquiétante à l’augmentation du
nombre des agressions commises contre les défenseurs des droits
de l’homme partout dans le monde, y compris dans plusieurs pays
européens. Les représailles peuvent prendre des formes diverses:
assassinat, autres actes commis avec recours à la violence physique,
menaces, campagnes de diffamation, incrimination de certaines activités,
limites imposées au financement par des capitaux étrangers (telles
que celles prévues par des lois du type de la législation sur les
«agents étrangers»), surveillance des communications, notamment celles
qui sont publiées sur les médias sociaux, et diverses restrictions
aux libertés d’expression, d’association et de réunion. Selon M. Forst,
les personnes qui œuvrent pour la défense des droits des «personnes
en déplacement» sont aujourd’hui particulièrement en danger
. Les États doivent protéger
les défenseurs des droits de l’homme, quelle que soit l’identité
des personnes défendues par ces derniers. Parallèlement, les États ont
le droit et même le devoir de défendre l’État de droit, pour autant
que les lois qu’ils défendent ne contreviennent pas elles-mêmes
aux normes internationales en matière de droits de l’homme. L’incrimination de
certaines activités des défenseurs peut donc aller à l’encontre
de ces normes.
39. Face à la multiplication des actes de représailles contre
les défenseurs des droits de l’homme, l’Assemblée devrait rappeler
une fois encore aux États membres l’obligation de protéger les défenseurs
et de respecter leurs libertés et droits fondamentaux. Il ne s’agit
pas seulement des droits liés à leur participation à la vie publique
(libertés d’expression, de réunion et d’association consacrées par
les articles 10 et 11 de la Convention), mais aussi de l’interdiction
de la détention arbitraire et du droit à un procès équitable, notamment dans
le contexte des nombreuses procédures engagées contre des défenseurs
pour des infractions liées au terrorisme ou d’autres chefs d’accusation.
L’Assemblée devrait demander aux États de mettre fin à ces représailles,
de protéger les défenseurs contre les agressions commises par des
acteurs non étatiques et de mener des enquêtes effectives sur les
actes de cette nature. Les États devraient réviser leur législation
pour se conformer aux normes internationales en matière de droits
de l’homme et à la Déclaration des Nations Unies sur les défenseurs
des droits de l’homme, et, en particulier, abroger les lois qui
facilitent la répression ou les actes de représailles. Ils doivent
garantir un environnement propice aux activités des défenseurs des droits
de l’homme et à leur participation à la vie publique. Les États
devraient également faciliter la délivrance en urgence de visas
ou de permis de séjour ou l’octroi en urgence de l’asile aux défenseurs
des droits de l’homme qui sont en danger dans leur propre pays et
leur fournir, en cas de besoin, un refuge temporaire. Une attention
spéciale devrait être accordée aux militantes de la défense des
droits de l’homme, qui sont souvent agressées en raison de leur
travail sur des thèmes culturellement sensibles remettant en question
les coutumes traditionnelles. De leur côté, les parlements nationaux
devraient consulter les défenseurs au sujet de tout projet de loi
relatif à ces thèmes ou aux droits de l’homme et aux libertés fondamentales
en général.
40. Nous célébrons cette année le 70e anniversaire
de la Déclaration universelle des droits de l’homme et le 10e anniversaire
de la Déclaration du Comité des Ministres sur l’action du Conseil
de l’Europe pour améliorer la protection des défenseurs des droits
de l’homme et promouvoir leurs activités. Il convient de saisir
cette occasion pour appuyer les initiatives lancées par le Conseil
de l’Europe en vue d’aider les défenseurs des droits de l’homme;
l’ancien Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe,
M. Nils Muižnieks, a publié une
Déclaration
à l’occasion du 10e anniversaire de la Déclaration du Comité des
Ministres sur l’action du Conseil de l’Europe pour améliorer la
protection des défenseurs des droits de l’homme et promouvoir leurs activités le 6 février 2018. Comme l’a proposé le CDDH dans l’étude
susmentionnée, le Conseil de l’Europe pourrait, par exemple, organiser
un séminaire de haut niveau afin de célébrer cet anniversaire et
de repenser l’action menée par les États membres, l’Union européenne
et d’autres organisations internationales (à savoir l’Organisation
pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et les Nations
Unies) pour mieux protéger les défenseurs.
41. Le Conseil de l’Europe réfléchit déjà de manière approfondie
à cette question et a commencé à prendre des mesures concrètes,
mais les mesures adoptées jusqu’à présent ne sont pas encore suffisantes.
Aussi ai-je proposé la prise de certaines mesures dans le projet
de recommandation. En particulier, suivant en cela l’exemple de
mon prédécesseur, Mme Reps, j’appuie
l’idée de mettre en place une plateforme pour protéger les défenseurs
des droits de l’homme, qui signalerait les nouveaux actes de représailles
commis dans les États membres du Conseil de l’Europe, à l’instar
de la
Plateforme
pour renforcer la protection du journalisme et la sécurité des journalistes. L’index des agressions et des menaces à l’encontre
des défenseurs des droits de l’homme tenu par
Protect
Defenders pourrait également constituer une source d’inspiration.
De plus, l’Organisation devrait accorder une attention et une protection
particulières aux défenseurs des droits de l’homme qui coopèrent
avec le Conseil de l’Europe et la Cour européenne des droits de
l’homme. L’Assemblée devrait également poursuivre son action à cet
égard. Comme Mme Reps, je souscris à
l’idée de nommer un rapporteur général de notre commission sur la
situation des défenseurs des droits de l’homme
, car cette question devrait rester au premier
rang des priorités de l’Assemblée. Le rapporteur général pourrait
suivre de près les cas d’actes de représailles commis contre des
défenseurs des droits de l’homme, y réagir et entretenir des contacts
de travail réguliers avec les autres organes du Conseil de l’Europe.
L’Assemblée pourrait également favoriser la coopération internationale
entre parlements nationaux pour l’échange d’informations sur les
bonnes pratiques relatives à la promotion des activités des défenseurs
des droits de l’homme et sur les abus dont ils sont victimes. Elle
pourrait, par exemple, mettre en place un réseau de parlementaires
qui appuieraient le travail des défenseurs, condamneraient tout
acte de représailles à leur encontre et porteraient la situation
des défenseurs œuvrant dans les autres pays à l’attention de leurs
parlements respectifs.
42. En conclusion, le Conseil de l’Europe doit aller plus loin
dans ce domaine. À l’occasion des anniversaires dont il a été question
plus haut, l’Organisation devrait rendre une fois de plus hommage
à l’action inestimable des défenseurs des droits de l’homme et saluer
la mémoire de ceux qui ont perdu la vie en défendant les droits d’autrui.