1. Introduction
1. L’émigration de l’Europe de
l’Est constitue un phénomène de grande importance et à l’étendue considérable.
En effet, les données recueillies par Eurostat montrent qu’en 2017,
plus de 4,5 millions d’Ukrainiens, 3 millions de Roumains, environ
2,5 millions de Polonais et près d’un million de Bulgares se sont établis
dans un autre pays de l’Union européenne. Ces déplacements ont des
motifs principalement économiques, d’où la part importante de personnes
en âge de travailler chez les migrants.
2. L’émigration de travail de l’Europe de l’Est a eu des conséquences
positives et négatives sur l’évolution sociodémographique des pays
concernés. Parmi les effets positifs pour les pays d’origine, l’on
peut citer les transferts de fonds envoyés par les migrants économiques,
l’encouragement des investissements dans des entreprises en participation,
les compétences additionnelles des anciens travailleurs migrants
qui choisissent de retourner dans leur pays d’origine pour y travailler
ou y créer leur propre activité, la baisse du chômage et la promotion
de la culture de ces pays à l’étranger.
3. Cela étant, l’émigration à des fins d’emploi dans certains
pays d’Europe de l’Est a entraîné des problèmes sociodémographiques
non négligeables: fuite des compétences, baisse de la population,
absence de cotisations sociales et problèmes familiaux graves, dont
le problème social inquiétant des enfants laissés au pays (par des
parents qui ont émigré en les confiant aux grands-parents ou à d’autres
membres de la famille).
4. Dans sa
Résolution
2137 (2016) relative à l’incidence de la dynamique démographique
européenne sur les politiques migratoires, l’Assemblée se déclare
préoccupée «par l’incidence négative des migrations de travail en
provenance de certains pays d’Europe orientale et ses effets sur
la dynamique de leurs populations et sur la situation sociale des
familles de migrants». Elle relève aussi le problème des enfants
séparés de leurs parents pour de longues périodes et confiés à la
garde de la famille élargie après le choix des parents de s’éloigner
considérablement pour travailler dans des pays où ils trouvent un
emploi mieux rémunéré. J’ai donc décidé de me pencher de plus près
sur ce problème en me concentrant plus spécifiquement sur la République de
Moldova, la Pologne, la Roumanie et l’Ukraine, pays où la situation
est particulièrement préoccupante.
5. J’ai été nommé rapporteur le 20 septembre 2017. La commission
m’a autorisé à effectuer une mission d’enquête en Pologne qui s’est
déroulée du 22 au 24 octobre 2018 et m’a permis de recueillir des
éléments importants pour mon travail. Le rapport se concentre sur
des pays ayant des problèmes particuliers d’émigration de main-d’œuvre,
à savoir l’Ukraine, la République de Moldova, mon propre pays la
Roumanie et la Pologne.
2. Portée et objectif du rapport
6. Ce rapport examine les conséquences
économiques, sociales et démographiques de la décision des migrants
d’Europe de l’Est de quitter leur pays. J’ai décidé d’élargir la
portée du rapport, d’autant qu’un autre rapport de la Commission
des questions sociales, de la santé et du développement durable
sur «Les conséquences de la migration des travailleurs sur leurs
enfants restés dans leur pays d’origine»
aborde les répercussions négatives
de la migration sur les pays d’origine des migrants en portant une
attention particulière à la situation des enfants. Pour ma part,
je n’ai évoqué cette question que brièvement dans les chapitres
ci-après. Je souhaite par ailleurs analyser les conséquences de
l’émigration de main-d’œuvre sur le pays d’origine autant que sur
le pays d’accueil.
2.1. Définitions
7. Le rapport prend pour point
de départ les engagements internationaux auxquels les États membres
ont souscrit au niveau européen, notamment l’Article 19 de la Charte
sociale européenne (révisée) (STE n° 163). L’instrument existant
au sein des Nations Unies – la Convention internationale des Nations
Unies sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants
et des membres de leur famille
–
n’a pas été ratifié par les États membres de l’Union européenne,
et ce malgré les appels du Comité économique et social européen qui
encourage depuis 2004 l’Union européenne et ses États membres à
le faire. Les Conclusions du Comité européen des Droits sociaux
sont citées à titre de référence dans les décisions prises concernant
la mise en application des articles pertinents de la Charte sociale
européenne (révisée)
. Cela étant dit, je tiens à rappeler que
la Charte sociale européenne (révisée) a été ratifiée par 34 États
membres du Conseil de l’Europe et que 11 autres pays l’ont signée
mais pas encore ratifiée
. En outre, plusieurs pays ayant
ratifié la Convention ont rejeté la totalité des dispositions de
l’Article 19 ou n’en ont accepté que quelques-unes
.
8. La distinction doit ensuite être établie entre les différentes
catégories de travailleurs migrants, car leur acceptation, leur
protection juridique et l’impact de leur arrivée dans le pays d’accueil
diffèrent énormément: les travailleurs migrants intracommunautaires,
les travailleurs migrants issus de pays bénéficiant d’un régime d’exemption
de visa ou d’un accord d’association conclu avec l’Union européenne
(certains des États membres du Conseil de l’Europe) et les travailleurs
migrants non européens, ces derniers étant exposés à un risque de
traite et d’exploitation abusive.
9. Le rapport s’interroge également sur ce que recouvre le terme
«conséquences sociales et démographiques», c’est-à-dire quelles
caractéristiques sociales et démographiques doivent être analysées. Les
rapports précédents portaient principalement sur l’impact économique,
qui est différent de l’impact social et démographique. Le terme
«sociodémographique» regroupe des caractéristiques sociales et démographiques
qui incluent, par exemple, l’âge, le genre, le niveau d’éducation,
le parcours migratoire et l’origine ethnique, la religion, la situation
familiale, la taille moyenne de la famille/du ménage, le statut patrimonial,
l’emploi et les revenus, ainsi que les antécédents médicaux, le
taux de natalité et de mortalité. Différentes variables d’indices
sont formées sur la base de variables sociodémographiques
.
10. L’analyse comparative de ce genre de données nécessite de
procéder à une harmonisation des variables indépendantes. Cela revient
à clarifier les concepts culturels ou nationaux qui sous-tendent
chaque variable de chaque culture et de chaque pays participant
aux enquêtes pertinentes. Par exemple, quels sont les critères utilisés
pour définir les ménages ou
comment sont organisés le système éducatif, le marché du travail,
le système fiscal, le système de protection sociale, etc.? L’établissement
d’une comparaison entre les comportements des différents répondants
des différentes enquêtes à partir de données harmonisées permettrait
une plus grande prévisibilité des futures évolutions et la mise
en place de services publics susceptibles de répondre aux besoins
des personnes qui réclament ces services.
2.2. Aperçu
de l’émigration de travail dans certains pays d’Europe centrale
et orientale (les effets sur les pays d’origine)
11. Les études sur l’évolution
démographique en Europe centrale et orientale (ECO) montrent que
cette région connaît des flux migratoires importants et de profonds
bouleversements démographiques associés à l’allongement de l’espérance
de vie et à la baisse du taux de fécondité, ce qui entraîne un vieillissement
de la population. Ces processus particulièrement marqués, combinés
à la domination persistante de l’émigration sur l’immigration, engendrent
d’importantes difficultés démographiques, sociales, économiques
et politiques. Sur la période 2005-2010, la Slovaquie, la Hongrie,
la Pologne et la Roumanie figuraient parmi les dix pays ayant le
plus faible taux de fécondité dans le monde (1,33) (Nations Unies
2013)
.
12. Alors que la population va continuer de croître au niveau
mondial, principalement du fait de l’explosion démographique dans
les pays moins développés, en particulier sur le continent africain,
les pays les plus développés devraient basculer dans une croissance
démographique négative à partir de la deuxième décennie du 21e siècle.
D’après certaines estimations prudentes, cette évolution devrait
aboutir d’ici 2050 à une diminution de la population en Europe de
96 millions de personnes, dont 83 millions en ECO. La population
de l’ECO se trouverait alors réduite de 27 % (Nations Unies 2004).
Les plus fortes baisses démographiques (20 à 30 %) mondiales sont
attendues dans cinq pays de la région ECO: la Bulgarie, la République
de Moldova, la Serbie, l’Ukraine et le Bélarus. La population des
pays post-communistes tels que la Lettonie, la Roumanie, la Croatie,
la Fédération de Russie, la Lituanie et la Géorgie, devrait diminuer
de plus de 15 %. D’autres pays ECO devraient connaître une baisse
légèrement moins forte, 11 % en Pologne par exemple (Nations Unies 2013).
De surcroît, la structure par âge de la population de la région
sera fortement affectée, marquée par une forte baisse de la part
des personnes en âge de travailler. Les statistiques semblent donc
nous montrer que l’Europe aurait tout à gagner d’une migration de
main-d’œuvre qui pourrait avec le temps contribuer à inverser la
tendance au vieillissement de la population.
13. En ce qui concerne l’incidence de l’émigration de travail
sur les pays d’origine, il existe des avantages économiques évidents
comme la baisse du chômage et l’afflux massif de transferts de fonds
(9,3 milliards de dollars américains
pour l’Ukraine en 2017, 4,9 milliards
de dollars américains pour la Roumanie
et près de 1,2 milliard de dollars
américains
pour la République de Moldova),
qui représentent une part non négligeable du PIB national et contribuent
à réduire le déficit commercial. Cela étant, l’émigration de travail
comporte aussi de sérieux inconvénients, comme le bouleversement
de la vie familiale et de l’équilibre démographique. Les prévisions
démographiques pour les pays d’Europe de l’Est sont généralement
négatives, indiquant un vieillissement rapide de la population et
soulevant un certain nombre de questions quant à la viabilité du système
actuel de sécurité sociale. Au-delà du système de sécurité sociale
(retraite, santé), il convient aussi de s’intéresser aux problèmes
liés à l’évolution du dispositif de soutien social dans les familles
(les grands-parents vieillissants ne sont plus en mesure d’assumer
la responsabilité de la famille). Ces questions seront étudiées
plus en détail dans les chapitres suivants au travers d’exemples
spécifiques d’Ukraine et de la République de Moldova, ainsi que
de mon propre pays, la Roumanie.
2.3. L’émigration
de travail en Ukraine
14. Comme le révèle une étude effectuée
par la Banque mondiale, l’Ukraine est l’un des cinq premiers pays pourvoyeurs
de migrants dans le monde avec le Mexique, l’Inde, la Chine et la
Fédération de Russie. Plus précisément, le nombre de travailleurs
migrants ukrainiens à l’étranger avoisine les 2 millions, soit près
de 9,1 % de la population économiquement active de l’Ukraine
.
Les principales raisons qui poussent les Ukrainiens à quitter leur
pays sont la très faible rémunération moyenne (237 euros par mois)
et le niveau élevé de chômage (9,6 %). L’émigration de travail devient
donc le seul moyen pour de nombreux Ukrainiens en âge de travailler
d’accéder à un niveau de vie acceptable
. Leur processus d’émigration
se trouve facilité par le fait que les citoyens ukrainiens ont tendance
à obtenir le plus grand nombre de permis de séjour dans l’Union européenne
.
15. L’émigration de travail a un double impact en Ukraine: économique
et démographique. Ses effets sur le développement économique de
l’Ukraine sont considérables tout en restant ambigus. D’un côté,
l’argent supplémentaire qui entre dans le pays contribue à réduire
la pauvreté, stimule la production nationale et soutient la balance
des paiements; et de l’autre, l’exode des travailleurs à l’étranger
réduit l’offre du marché du travail intérieur et fait peser une
menace sur la stabilité du système de sécurité sociale. En outre,
l’émigration entraîne une perte de compétences, puisque des personnes
hautement qualifiées occupent généralement des postes non qualifiés
à l’étranger
.
16. Il y a un risque de sous-estimer le potentiel entrepreneurial
des travailleurs migrants et de leurs familles restées en Ukraine.
Les migrants qui exercent une activité commerciale à l’étranger
sont peu enclins à se lancer dans un projet d’entreprise à leur
retour en Ukraine, compte tenu des conditions insatisfaisantes qui encadrent
les activités des entreprises dans ce pays. C’est la raison pour
laquelle ce qui est vital pour l’Ukraine n’est pas tant l’évaluation
des effets existants des fonds envoyés par les migrants économiques
que l’évaluation des effets potentiels de l’activité entrepreneuriale
non réalisée par les migrants de retour et leurs familles. Au-delà
des retombées économiques, les conditions favorables à l’activité
entrepreneuriale – y compris un climat
économique exempt de corruption – constituent une condition préalable
au retour de l’émigration de la main-d’œuvre, devenu indispensable
pour l’Ukraine confrontée à des perspectives de pénurie de main-d’œuvre.
L’incidence financière éventuelle de l’activité entrepreneuriale
des migrants est un domaine pratiquement inexploré en ce qui a trait
à l’effet de la migration sur le développement socioéconomique de
l’Ukraine
.
17. Concernant l’incidence démographique de la migration de main-d’œuvre,
l’Ukraine traverse actuellement une grave crise démographique, avec
une population qui diminue et vieillit rapidement. Sachant qu’une
partie des adultes en âge d’avoir des enfants vit à l’étranger et
que près de 70 % des travailleurs migrants sont des femmes, de moins
en moins d’enfants naissent en Ukraine chaque année. On estime à presque
20 % la baisse de la population au début de l’année 2016
. En outre,
la majorité des migrants proviennent de zones rurales ou de petites
villes, ce qui signifie que leur départ pèse lourdement sur la vie
de petites communautés
.
2.3.1. La
situation des enfants laissés au pays
18. Les enfants restés en Ukraine
se divisent généralement en deux catégories: ceux qui restent mais
dont les parents vont revenir et ceux dont les parents ne reviendront
pas. D’après une étude menée par l’OIM, seulement un enfant sur
cinq resté en Ukraine sans ses parents est définitivement abandonné.
19. Selon le ministère de la Famille, de la Jeunesse et des Sports,
environ 200 000 enfants sont laissés en Ukraine par leurs parents.
Dans les régions les plus touchées par l’émigration, près d’un quart
des enfants sont élevés par un seul parent. La majorité d’entre
eux sont des adolescents, un âge considéré par de nombreuses études
comme celui où les enfants sont le plus vulnérables. Par ailleurs,
dans le cas des familles transnationales en Ukraine, beaucoup d’enfants
laissés au pays sont abandonnés et négligés, ce qui peut nuire à
leur développement et à leur transition vers l’âge adulte
.
La délinquance juvénile est un autre problème largement répandu
chez les enfants laissés au pays.
20. De plus, l’émigration de travail n’affecte pas seulement les
enfants, mais la famille dans son ensemble. Il n’est pas rare que
le départ du parent ayant la responsabilité à titre principal de
la famille, en particulier la mère, s’accompagne d’une crise généralisée
des relations familiales et des conditions socioéconomiques
. L’éloignement des parents
pour de longues périodes nuit gravement aux relations parents-enfants
et certaines familles peuvent se retrouver séparées pour une durée
indéterminée, causant une rupture entre les enfants et leurs mères
.
2.3.2. La
réponse de l’Ukraine aux défis de l’émigration de travail
21. Les projets amorcés en Ukraine
en collaboration avec l’OIM et le gouvernement italien visent à
créer des emplois et à réduire la pression migratoire en soutenant
le retour volontaire des migrants, en dirigeant les flux des transferts
de fonds et en maximisant leur valeur, et en mettant en place des
programmes de développement interculturel. Ces programmes prévoient
également des initiatives sociales transnationales pour venir en
aide aux enfants laissés au pays et aux parents migrants et pour
proposer des formations aux psychologues, aux personnes ayant la
charge d’enfants, aux parents et aux enseignants afin de mieux répondre
aux besoins des familles restées au pays et des migrants eux-mêmes
.
22. En outre, une ordonnance de 2007 émise conjointement par les
ministères de l’Éducation, de la Santé publique, de la Famille et
de la Jeunesse, du Travail et de l’Intérieur invite les principaux
prestataires de services sociaux à renforcer leur collaboration
et à considérer les familles séparées par la migration comme des
bénéficiaires potentiels des services créés de manière plus générale
pour les familles en situation difficile. Il existe aussi d’autres
dispositions pour les enfants laissés en Ukraine: ils peuvent trouver
refuge dans une famille d’accueil ukrainienne – les familles SOS –
et y rester jusqu’à ce qu’ils puissent retourner dans leur famille
ou rejoindre une autre forme de prise en charge familiale
.
2.4. L’émigration
de travail en République de Moldova
23. Un autre pays profondément
affecté par les conséquences sociales et démographiques de l’émigration de
travail est la République de Moldova, où ce phénomène semble prendre
une dimension particulièrement importante. D’après des statistiques
récentes, les émigrants représentent 17,3 % de la population totale
du pays
et ils sont motivés par le
manque d’emplois, le faible niveau de rémunération et le coût élevé
des biens et des services
.
24. En ce qui concerne les effets positifs de l’émigration de
travail, la République de Moldova a l’une des proportions les plus
élevées de transferts monétaires en provenance de l’étranger (également
appelés transferts de fonds) par rapport à son PIB (produit intérieur
brut), soit 31 %. Toutefois, ces transferts de fonds ne contribuent
pas directement à renforcer l’économie du pays puisqu’ils sont utilisés
à des fins de consommation privée et ne participent donc pas à créer
une croissance économique durable
.
25. Toutefois, l’incidence négative la plus importante de l’émigration
de travail sur la République de Moldova se situe indéniablement
sur le plan démographique. Le scénario de base pour 2035 prévoit
que la République de Moldova comptera 28,4 % de citoyens en moins
par rapport à 2014, tenant compte du fait que son indice synthétique
de fécondité est le plus bas de l’Union européenne, des Balkans
et des pays partenaires d’Europe orientale réunis
. D’après la police des frontières
de la République de Moldova, il y a eu 761 970 migrants sur 3,5 millions
de Moldaves en 2014
, un phénomène
décrit comme un «hiver démographique»
. Par conséquent, la République de
Moldova est actuellement le pays où le déclin démographique est
le plus fort au monde. On estime en effet qu’elle devrait perdre
54,4 % de sa population d’ici 2100
. En outre, les prévisions établies
par les chercheurs confirment que d’ici 2050, une personne sur trois
sera âgée de plus de 60 ans en Moldova et que la part des personnes
âgées représentera entre 35 et 50 % de la population du pays
.
2.4.1. La
situation des enfants laissés au pays
26. La situation des enfants laissés
au pays est un effet secondaire particulièrement inquiétant de l’émigration
de travail en République de Moldova, avec près de 100 000 filles
et garçons considérés comme orphelins sociaux du fait que leurs
pères ou leurs mères travaillent
. Ces enfants représentent un groupe vulnérable
semblable à aucun autre et les conséquences de la migration de leurs
parents sont relativement graves
.
D’après certains experts, les enfants laissés au pays sont confrontés
à de nombreux effets néfastes, y compris des difficultés à l’école,
telles que la détérioration des résultats scolaires, l’augmentation
de l’absentéisme et le manque de motivation. Il faut dire que l’implication
des parents dans l’organisation de l’emploi du temps scolaire est
très importante, puisqu’ils exercent un rôle de suivi et d’orientation.
Or, le manque de contrôle et de soutien induit par le fait que les
parents sont à l’étranger a pour conséquence que 22 % des enfants
de migrants ne vont plus à l’école
. Certains
problèmes de santé peuvent également se faire jour, car les enfants
de migrants n’ont pas toujours facilement accès aux services de
soins de santé dont ils ont besoin. La consommation de drogues semble
être particulièrement problématique, puisque les jeunes moldaves
connaissent une prévalence de la consommation de drogues injectables
plus élevée que dans les autres pays de l’Union européenne, avec
93,5 % de jeunes qui connaissent une personne qui consomme de la
drogue
. La stabilité familiale et
le développement personnel sont aussi menacés, puisque les enfants courent
un risque de développer des problèmes psychoémotionnels susceptibles
de générer du chômage chez les jeunes et de la délinquance juvénile.
Entre 1993 et 2000, les enfants laissés au pays représentaient presque
60 % des jeunes délinquants
.
2.4.2. La
réponse de la République de Moldova aux défis de l’émigration du
travail
27. La première loi sur l’émigration
a été adoptée après l’indépendance moldave en 1991, mais le problème des
enfants laissés au pays n’a été traité que bien plus tard. Dans
le cadre du Plan d’action national 2010-2011 de la République de
Moldova pour la protection des enfants privés de soutien parental,
un partenariat a été établi entre le ministère du Travail, de la
Protection sociale et de la Famille, l’Agence tchèque de développement,
l’OIM, le Fonds des Nations Unies pour la population et l’Université
d’État de Moldova afin d’établir un corpus complet de recherche
pour contribuer à l’élaboration de politiques pertinentes concernant la
problématique des enfants laissés au pays, des familles et des personnes
âgées
.
28. Même si quelques premiers pas ont été faits, il reste encore
des mesures importantes à prendre. Pour améliorer le bien-être des
enfants laissés au pays, les gouvernements pourraient mettre en
place des formations à destination des psychologues, des travailleurs
sociaux et des enseignants qui travaillent auprès des enfants restés
sur place et de leurs familles
. Une
campagne menée récemment par Terre des hommes Moldova comprenait
des activités et des documents d’information prodiguant des conseils
sur la manière de maintenir une relation saine entre des enfants
et leurs parents qui travaillent à l’étranger
. Par ailleurs, l’Organisation internationale
pour les migrations propose que les autorités moldaves obtiennent
un soutien supplémentaire pour nouer des liens entre les organisations
de la diaspora établies dans différents pays et pour considérer
les associations de la diaspora comme des interlocuteurs et des
acteurs de la conception et de la mise en œuvre des politiques migratoires
et de développement
. Enfin, le PNUD propose d’adopter l’approche
suisse, qui relie les migrants à leurs communautés d’origine en
République de Moldova par une démarche en cinq volets: 1) nommer
des points focaux locaux de la migration qui servent de lien entre
la diaspora et les communautés d’origine; 2) créer des bases de
données qui cartographient l’effet de la migration et facilitent
la saisie des possibilités d’investissement; 3) écouter les voix
des migrants et les consulter sur les priorités locales en intégrant
leurs suggestions dans les plans de développement; 4) mettre en
place des «associations de villes natales» qui rassemblent des gouvernements
locaux, des populations locales, des migrants internes et la diaspora
pour collaborer autour d’initiatives de développement local et;
5) renforcer la transparence et établir un climat de confiance entre
la diaspora et les gouvernements locaux au cours du processus. Cette
approche a déjà été utilisée dans le village de Chiscareni et a
produit d’excellents résultats
.
29. Un certain nombre de mesures pourraient aider à atténuer les
effets de cette émigration, y compris des changements structurels
de l’économie, la création d’emplois dans des secteurs où les travailleurs
migrants sont employés à l’étranger, la lutte contre la corruption
et la mauvaise gouvernance, la mise en place de réformes juridiques
encourageant le retour des travailleurs qualifiés et la prévention
de la traite des êtres humains et du trafic illicite de migrants.
2.5. L’émigration
de travail en Roumanie
30. Les effets négatifs de l’émigration
de travail sont similaires à ceux décrits ci-dessus pour l’Ukraine
et la République de Moldova. Cependant, ces aspects négatifs s’accompagnent
d’un certain nombre de conséquences positives de la migration sur
le développement socioéconomique des pays d’origine, au-delà de
l’effet bien connu des transferts monétaires directs, ou transferts
de fonds. L’impact le plus positif à court terme est la baisse du
chômage, comme ont pu l’observer tous les grands pays qui connaissent
une émigration de leur main-d’œuvre, notamment la Roumanie, mais
aussi la Pologne, la Slovaquie ou la Bulgarie. Comme cette émigration
concerne surtout des personnes sans emploi, des effets positifs
se ressentent également sur le budget national (puisqu’il y a moins
de prestations chômage à verser). Par ailleurs, les répercussions sociopolitiques
favorables ne peuvent être ignorées. En effet, un taux élevé de
chômage s’accompagne généralement de fortes tensions sociales et,
par conséquent, de dépenses budgétaires importantes pour maintenir
la stabilité sociale (en particulier dans les régions avec un très
fort taux de chômage). L’émigration a réduit la pression des réformes
qui pesait sur le gouvernement roumain. Dans certaines zones/régions, l’émigration
de travail a permis de dépressuriser le marché du travail local
et les dispositifs d’assistance sociale dont les migrants étaient
des bénéficiaires potentiels
.
31. Comme évoqué précédemment au sujet de l’Ukraine, l’un des
effets socioéconomiques de l’émigration de travail sur les pays
d’origine est l’augmentation des activités entrepreneuriales. L’émigration
de travail et l’entrepreneuriat sont des stratégies de vie étroitement
liées. L’expérience de travail à l’étranger s’associe positivement
au comportement entrepreneurial et à l’intention de monter une entreprise.
En effet, comme les migrants accumulent un capital financier, humain
et relationnel à l’étranger et que leurs besoins essentiels sont satisfaits,
ils ont tendance à investir leur capital dans des activités productives,
devenant eux-mêmes des entrepreneurs. Pour une grande partie des
migrants roumains, travailler à l’étranger constitue une stratégie intermédiaire
préalable à la stratégie entrepreneuriale, comme le révèle la forte
corrélation qui existe entre l’expérience de travail à l’étranger
et l’orientation entrepreneuriale
.
2.6. L’émigration
de travail en Pologne
32. Du 22 au 24 octobre 2018, je
me suis rendu en Pologne pour une mission d’enquête. J’ai eu l’occasion de
rencontrer M. Kilion Munyama et M. Jarosław Obremski, tous deux
membres de la délégation polonaise à l’Assemblée parlementaire au
sein de cette commission; des représentants du gouvernement (ministère
des Affaires étrangères [M. Jerzy Baurski, M. Janusz Wołosz et M. Hubert
Czerniuk], ministère de l’Intérieur et de l’Administration [Mme Beata
Szczęch, sous-secrétaire d’État], Bureau des Étrangers [M. Tomasz
Cytrynowicz] et ministère de la Famille, du Travail et des Politiques
sociales [M. Stanisław Szwed, secrétaire d’État]); des représentants
d’organisations internationales (Mme Anna
Rostocka, directrice du Bureau de l’Organisation internationale
pour les migrations [OIM] en Pologne, et M. Witold Naturski, directeur
adjoint du Bureau de la Commission européenne en Pologne); et enfin,
des représentants de la société civile et du monde universitaire (le
Conseil du Forum de l’immigration polonaise [Mme Agnieszka
Kosowicz, présidente du conseil d’administration] et le Centre of
Migration Research [CMR] [Dr hab. Paweł Kaczmarczyk, directeur],
ainsi que le professeur Jean-Pierre Cassarino de la Chaire de la
Politique européenne de Voisinage au Collège d’Europe à Natolin).
33. Au cours de ces dix dernières années, la Pologne est devenue
une destination importante pour les migrants non ressortissants
de l’Union européenne
, surtout pour les citoyens ukrainiens,
avec la mise en place de la «Carte du Polonais». Il s’agit d’un
document prouvant le lien avec la Pologne comme pays d’origine, l’ascendance
polonaise et la culture polonaise
. Cette situation découle d’un certain
nombre de facteurs y compris la demande croissante de main-d’œuvre
bon marché, la proximité géographique et culturelle et l’existence
de politiques migratoires relativement libérales par rapport à celles
des autres pays d’Europe centrale
. L’émigration de travail vers la
Pologne a façonné le développement de certains secteurs, tels que le
bâtiment et l’agriculture, comblant le vide laissé par les Polonais
partis à l’étranger. Les Ukrainiens représentent par ailleurs plus
de 53 % de l’ensemble des étudiants étrangers en Pologne, dont le
nombre ne cesse d’augmenter. Ces statistiques ne reflètent toutefois
pas systématiquement l’émigration temporaire et saisonnière de travail.
Concernant les demandeurs d’asile, les principaux pays d’origine
sont la Fédération de Russie, l’Ukraine et le Tadjikistan.
34. Il convient de noter toutefois que, malgré une hausse de l’immigration
en Pologne, ce pays reste un pays de forte émigration avec 2 397 000 Polonais
résidant à l’étranger, principalement au Royaume-Uni, en Allemagne,
aux Pays-Bas et en Irlande. D’après une enquête de 2013, près de
14 % des adultes polonais ont travaillé à l’étranger depuis 2004
(dont environ un quart pendant plus d’un an); 69 % ont un membre
de leur famille ou un ami proche qui vivent à l’étranger et 24 %
environ se déclarent ouverts à l’immigration. La
majorité des migrants polonais ou de ceux qui souhaitent partir
sont jeunes: d’après une enquête de 2014, environ 90 % des Polonais
âgés de moins de 34 ans ont envisagé d’émigrer d’une manière ou
d’une autre. Depuis une dizaine d’années, les migrants ont clairement
de plus en plus tendance à être jeunes et instruits. Dernièrement, la
Pologne a pris des mesures favorisant le retour des migrants installés
à l’étranger
,
notamment au Royaume-Uni. L’effet de ces politiques doit faire l’objet
d’une évaluation plus approfondie et les mesures prises pourraient
servir d’exemple à des pays comme la Roumanie.
3. L’intégration
des migrants et leur capacité à contribuer efficacement au développement économique,
social et culturel des sociétés européennes
35. L’Europe rencontre d’importantes
difficultés dans ses efforts pour s’assurer que les migrants et
leurs descendants s’intègrent dans la société et y participent.
L’intolérance, la xénophobie et le racisme qui alimentent les crimes
haineux et la discrimination à l’égard des migrants ou des réfugiés
et leurs descendants soulèvent des inquiétudes dans de nombreux
États membres. Dans le même temps, un certain nombre d’États membres
de l’Union européenne encouragent la participation équitable des
migrants et de leurs descendants à la société, de façon à ce qu’ils
contribuent aux objectifs de l’Union européenne en matière de croissance inclusive.
Dans son Plan stratégique 2013-2017, l’Agence des droits fondamentaux
de l’Union européenne (FRA) reconnaît que l’intégration doit se
dérouler dans un cadre qui respecte les droits fondamentaux. L’un des
principaux défis identifiés par ce Plan concerne l’intégration des
migrants et les droits associés à leur capacité à contribuer efficacement
au développement économique, social et culturel des sociétés européennes.
36. Les politiques de l’Union européenne ont un impact sur les
migrations de travail en Europe centrale et orientale. L’Union est
une destination majeure des migrations. D’après l’OCDE, l’Union
européenne accueille davantage de migrants que toute autre destination
de l’OCDE – la moitié de tous les flux enregistrés dans l’OCDE ont
pour destination ses États membres de l’Union européenne (Union
européenne-OCDE)
. Au cours des années 2000, le nombre
d’adultes nés à l’extérieur de l’Union européenne a augmenté de
plus de 42 % dans les pays de l’UE15 pour atteindre plus de 30 millions
de personnes, soit un tiers de tous les migrants signalés par les
pays de l’OCDE.
37. Les États membres de l’Union européenne ont mis en place des
cadres pour les migrations de main-d’œuvre afin de concurrencer
d’autres destinations de l’OCDE. Les politiques relatives aux migrations
de main-d’œuvre des divers États membres de l’Union européenne résultent
de politiques nationales qui ont évolué au fil des dernières décennies,
mues par les différents objectifs nationaux. Les États membres de
l’Union européenne se sont toutefois accordés sur la nécessité d’attirer
des talents, y compris des étudiants étrangers. Chacun des États
membres de l’Union européenne vante son propre avantage comparatif
dans la concurrence pour les compétences étrangères, et certains
profitent de liens historiques avec des pays tiers qui déterminent les
flux migratoires. Tandis que de nombreux États membres ont imposé
des conditions de formation, de profession ou de salaire qui peuvent
faire obstacle au recrutement, d’autres gèrent globalement l’immigration en
limitant le nombre ou le volume des admissions. D’autres encore
pratiquent des tests d’aptitude au marché de l’emploi ou font confiance
au marché pour se réguler tant que certaines conditions sont respectées.
Certains États membres refusent l’entrée à toute la main-d’œuvre
peu qualifiée tandis que d’autres les acceptent uniquement pour
des travaux saisonniers
.
38. Le Service de l’Union européenne pour l’action extérieure
a hérité du cadre des relations avec les pays tiers – l’Approche
globale de la question des migrations et de la mobilité (AGMM) –
par lequel l’Union européenne peut faciliter les négociations avec
des pays tiers, mais ne peut leur proposer des dispositifs garantis
de migration de main-d’œuvre. L’Union européenne coordonne également
les relations avec les pays tiers par le biais de ses Partenariats
de mobilité, qui encadrent la coopération, et par son soutien aux
divers types de programmes d’échanges et de renforcement des capacités.
L’Union européenne assume par ailleurs un rôle de relations publiques
par la promotion de l’Union européenne à l’étranger et la diffusion
d’informations sur les politiques migratoires de ses États membres.
39. Dans la perspective de développer un capital humain utilisable
dans plus d’un Etat membre de l’Union européenne, des mesures de
formation et la coopération avec les établissements d’enseignement
pourraient améliorer le volet «mobilité des talents» des partenariats.
La Directive de l’Union européenne sur la «Carte bleue européenne»
a contribué à ouvrir la voie à des migrations légales de travailleurs.
Il faudrait toutefois souligner l’importance de rationaliser la
procédure de reconnaissance des qualifications acquises à l’étranger –
et ainsi lever un des principaux obstacles à l’intégration des travailleurs
migrants. Il faudrait aussi consentir un effort supplémentaire pour
réduire le temps nécessaire pour obtenir un titre de séjour permanent.
40. Selon l’OCDE, si l’Union européenne souhaite améliorer l’intégration
des travailleurs migrants, elle pourrait commencer par une amélioration
du cadre de reconnaissance des qualifications des ressortissants
de pays tiers et des procédures correspondantes. Elle pourrait,
pour faire correspondre l’offre à la demande en matière d’emploi,
mettre en place, à l’échelle de l’Union, des bases de données compatibles
avec les flux et les dispositifs de migration pour l’emploi. Elle
pourrait aussi augmenter les possibilités de mobilité au sein de l’Union
en levant les obstacles, y compris pour les travailleurs saisonniers,
les étudiants diplômés et les autres ressortissants de pays tiers
légalement présents sur son territoire. L’harmonisation des permis
de séjour dans les pays de l’Union et d’autres mesures pertinentes
offriraient un filet de sécurité supplémentaire facilitant l’intégration.
Un certain degré de normalisation pourrait s’avérer nécessaire (tests,
formulaires de demande pour les travailleurs migrants, portabilité
des périodes de séjour dans la cadre de la mobilité, abaissement
des seuils de revenus pour les plus jeunes salariés et ceux qui
viennent d’obtenir leur diplôme dans l’Union européenne)
.
41. Enfin, il conviendra de prendre des mesures pour offrir aux
réfugiés l’accès aux régimes plus favorables de migration de main-d’œuvre
au sein de l’Union européenne. L’initiative du Conseil de l'Europe
pour la reconnaissance des qualifications des réfugiés devrait être
mieux connue et appliquée en Europe. Le Passeport européen des qualifications
des réfugiés élaboré par le Conseil de l'Europe est un document d’évaluation
des qualifications obtenues dans l’enseignement supérieur qui se
fonde sur les documents disponibles et un entretien structuré. Il
fournit également des informations sur expérience professionnelle
et les compétences linguistiques de l’intéressé. Ce document contient
des informations fiables en vue de l’intégration et de l’accès à
l’emploi et à des études complémentaires, y compris pour les personnes
qui ne sont pas en mesure de fournir toutes les preuves documentaires
à leur arrivée
.
4. Conclusions
42. La persistance d’une forte
émigration à partir de l’Europe de l’Est s’associe à des changements démographiques
induits par la baisse du taux de fécondité et l’allongement de l’espérance
de vie. Cette situation entraîne une diminution constante de la
population autochtone dans la région, ainsi que son vieillissement.
D’un côté, cela peut aboutir à une baisse du taux d’émigration.
D’un autre côté, la modernisation, le développement économique et
la segmentation accrue du marché du travail devraient attirer un
afflux de migrants. Comme on peut s’y attendre, la demande de main-d’œuvre
dans certains États entraînera un nouveau statut de l’immigration
pour ces pays.
43. L’émigration de travail est un facteur clé de modification
des pratiques et des législations nationales dans les pays d’accueil,
y compris par l’établissement de normes basées sur la Charte sociale
européenne (révisée) et le droit du travail de l’Union européenne
. Beaucoup reste à faire pour la
mise en application de l’Article 19 de la Charte sociale européenne
(révisée) par les États membres du Conseil de l’Europe, à commencer
par l’acceptation de toutes les dispositions de cet article par
les États membres qui ont ratifié la Charte, et la ratification
de la Charte par ceux qui l’ont signée seulement.
44. L’intensification des efforts en faveur de l’intégration des
migrants travailleurs pourrait sérieusement renforcer les effets
positifs de l’émigration de travail dans les pays d’accueil. Cela
pourrait promouvoir la diversité et favoriser le vivre ensemble.
Toutefois, il reste encore beaucoup à faire pour que ces processus deviennent
évidents et s’ancrent naturellement dans le fonctionnement quotidien
des sociétés européennes. Les recommandations contenues dans le
rapport proposeront des moyens de traduire ces efforts en mesures concrètes
aux niveaux national et international et de les promouvoir par le
biais des parlements nationaux et du Conseil de l’Europe.