1. Introduction
1.1. Contexte et origine du rapport
1. Le 15 juillet 2020, les présidents
de la Chambre des représentants et du Conseil de la République de l'Assemblée
nationale de la République du Bélarus ont invité une délégation
de l'Assemblée parlementaire à observer l'élection présidentielle
au Bélarus le 9 août 2020. Le 20 juillet 2020, le Président de l'Assemblée
a dû décliner cette invitation en raison du peu de temps restant
avant l'élection, de l'absence des organisations partenaires habituelles
de l'Assemblée
,
en particulier la mission d'observation électorale du Bureau des institutions
démocratiques et des droits de l'homme de l'Organisation pour la
sécurité et la coopération en Europe (OSCE/BIDDH)
,
de la situation sanitaire liée à la covid-19 en évolution constante
et des restrictions de déplacement qui en découlent pour les membres
de l'Assemblée.
2. L'élection présidentielle a eu lieu le 9 août 2020, comme
prévu, le vote anticipé ayant débuté le 4 août 2020. Au total, cinq
candidats ont été autorisés à se présenter. D'après les résultats
officiels, le Président sortant, Alexander Loukachenko, a recueilli
80,10 % des voix, obtenant ainsi un sixième mandat consécutif. Mme Svetlana
Tikhanovskaya, considérée comme sa principale rivale, est arrivée
en deuxième position avec 10,12 % des voix. L'annonce des résultats
officiels a été suivie de manifestations de grande ampleur dans
le pays, qui ont été violemment réprimées par les forces de sécurité.
3. Le Président de l'Assemblée parlementaire, Rik Daems, a été
le premier représentant du Conseil de l'Europe à réagir le 10 août
2020, condamnant la violence et appelant les autorités à respecter
les droits humains et les normes de l'État de droit. Dans une déclaration
du 13 août 2020, la présidente de la commission des questions politiques
et de la démocratie (ci-après «la commission») soulignait que la
violence n'était pas un moyen d'avancer dans le processus politique
démocratique et espérait que les autorités du Bélarus engageraient
un dialogue inclusif avec la société.
4. Le 26 août 2020, le Président du Comité des Ministres, le
Président de l'Assemblée et la Secrétaire Générale du Conseil de
l'Europe publiait une déclaration commune. Les trois dirigeants
ont appelé les autorités du Bélarus et toutes les parties concernées
à «engager de toute urgence dans le pays un dialogue inclusif et large,
en y associant pleinement la société civile, afin de trouver une
issue pacifique à la crise actuelle et d'ouvrir la voie aux réformes
nécessaires dans l'intérêt de tous les citoyens bélarusses». Ils
ont aussi rappelé que la légitimité ne pouvait se fonder sur la
répression, mais «qu'elle découlait d'un processus électoral libre, équitable
et fondé sur l'État de droit»
. Au moment de la finalisation de
ce rapport, les manifestations entraient dans leur septième mois,
sur fond de violations massives des droits humains
.
5. Le 1er septembre 2020, plusieurs
membres de l’Assemblée ont, à mon initiative, déposé une proposition de
résolution intitulée «Nécessité urgente d’une réforme électorale
au Bélarus»
. En réaction aux protestations du
peuple du Bélarus, qui conteste massivement les résultats de l’élection
présidentielle et compte tenu des problèmes systémiques concernant
le processus électoral au Bélarus qui n’ont pas été corrigés au
fil des années, la proposition souligne l’urgence de soutenir toutes
les parties prenantes pour qu’elles entament une réforme globale
du système électoral, conformément aux recommandations précédentes
de l’Assemblée et en coopération avec la Commission de Venise, dont
le Bélarus est membre associé. Le 15 septembre 2020, cette proposition
a été renvoyée à notre commission pour rapport.
6. Parallèlement, une autre proposition intitulée «Appel en faveur
d'un processus politique national inclusif au Bélarus» a été initiée
par la présidente de la commission, Dame Cheryl Gillan, et déposée
par plusieurs membres de l'Assemblée
. Cette proposition réaffirme que
l'Assemblée est disposée à établir un dialogue inclusif et constructif
avec les autorités du Bélarus, l'ensemble des acteurs politiques
et la société civile, en vue de soutenir – sur le plan politique
et par son expertise – la mise en place dans le pays d'un processus
politique national pacifique et démocratique qui conduira à l'adoption
de réformes fondamentales, en commençant par la Constitution, et
ouvrira la voie pour aboutir à l'intégration du Bélarus dans la
famille européenne à laquelle il appartient. Cette initiative, qui
envisage une coopération à long terme avec l’ensemble des parties
prenantes du Bélarus, a aussi été renvoyée à notre commission pour
rapport. M. Kimmo Kiljunen (Finlande, SOC) a été désigné rapporteur.
1.2. Procédure
7. Le 8 septembre 2020, la commission
tenait un échange de vues sur «La situation au Bélarus à la suite de
l'élection présidentielle du 9 août 2020» auquel ont participé le
Président de l'Assemblée; Mme Svetlana Tikhanovskaya,
ancienne candidate à la Présidence du Bélarus; et M. Andrei Savinykh,
Président de la Commission permanente des affaires internationales
de l'Assemblée nationale du Bélarus
.Pendant l'échange
de vues, les membres de la commission ont fortement soutenu la mise
en place d'un dialogue inclusif pour surmonter la crise en cours
et ont montré un vif intérêt pour associer l'Assemblée au soutien
de ce dialogue. La nécessité d'une réforme électorale a été soulignée
et le sentiment a été que les autorités du Bélarus étaient prêtes
pour un dialogue éventuel avec les partenaires internationaux qui
pourrait porter sur des ajustements, notamment de la Constitution
et du Code électoral. Le soutien éventuel de l'Assemblée et de la Commission
de Venise a été clairement mentionné dans ce contexte. L’échange
de vues a suscité une importante couverture médiatique.
8. Le 15 septembre 2020, la Commission permanente tenait un débat
d'actualité sur le Bélarus et adoptait une déclaration déplorant
vivement que l'élection présidentielle du 9 août 2020 était loin
d'être une élection libre et équitable, appelant le Bélarus à lancer
un processus politique à l'échelle nationale qui soit à la fois démocratique,
transversal et inclusif, comme une étape préalable à une sortie
pacifique de la crise actuelle et qui ouvre la voie aux réformes
qui s'imposent, à commencer par les réformes constitutionnelle et
électorale. Dans sa déclaration, l'Assemblée s’est dit à nouveau
prête à soutenir ce processus, en concertation étroite avec les
organes consultatifs du Conseil de l'Europe, en particulier la Commission
de Venise
.
9. Lors de sa réunion du 23 septembre 2020, la commission me
désignait rapporteur sur la «Nécessité urgente d’une réforme électorale
au Bélarus» et tenait un échange de vues avec M. Gianni Buquicchio, Président
de la Commission de Venise. Se fondant sur l’expérience de cette
dernière concernant le Bélarus, M. Buquicchio a souligné l’importance
de la réforme du Code électoral en vue de garantir des élections
libres et équitables dans le pays. Cette réforme devrait toutefois
aller de pair avec une réforme constitutionnelle qui devrait mettre
en place les «conditions favorables» à l’exercice des libertés politiques.
10. Suivant ma désignation comme rapporteur, j’ai établi un questionnaire
en vue de recueillir des informations de première main sur le cadre
électoral du Bélarus, et en particulier sur les mesures spécifiques que
les autorités de ce pays pourraient avoir prises pour développer
le système électoral conformément aux normes internationales en
matière d’élections démocratiques et équitables depuis la dernière
observation des élections par l’Assemblée en novembre 2019. Étant
donné que l’Assemblée a dû décliner l’invitation d’observer l’élection
présidentielle du 9 août 2020, j’ai aussi inclus, dans le questionnaire,
une demande d’informations pertinentes sur celle-ci.
11. Le 29 octobre 2020, le questionnaire a été adressé au Président
de la Chambre des représentants de l'Assemblée nationale du Bélarus,
M. Vladimir Andreichenko, qui a été invité à le transmettre aux
autorités concernées. Il est aussi clairement indiqué dans la lettre
qui accompagne le questionnaire que je suis disposé et prêt à dialoguer
directement avec les autorités du Bélarus, y compris moyennant un
échange de vues sur la question de la réforme électorale. Malheureusement,
nous n'avons pas reçu de réponse à ce questionnaire conçu dans l’espoir
de faire entendre le point de vue des autorités du Bélarus, pas
même à la lettre de transmission signée par la présidente de la
commission et adressée au président de la Chambre des représentants.
Les autorités n’ont pas non plus donné suite à la proposition d'un
échange de vues avec moi, ce qui est également à regretter.
12. Le 30 novembre 2020, j'ai tenu un échange de vues avec les
représentants du Comité Helsinki du Bélarus et du Centre des droits
de l'homme Viasna. Ces deux organisations de la société civile ont
une expérience solide dans le domaine électoral dans la mesure où
elles coordonnent la campagne «Les défenseurs des droits de l'homme
pour des élections libres» dont l'objectif est d'évaluer les élections
au Bélarus du point de vue de la législation électorale en vigueur
dans ce pays et des normes internationales en matière d'élections
libres et démocratiques, ainsi que d'informer le grand public et
la communauté internationale sur le déroulement des élections et
les résultats des observations.
13. Enfin, le 1er décembre 2020, le 10 février 2021 et le 16 mars
2021 respectivement, j'ai échangé avec M. Gianni Buquicchio, Président
de la Commission de Venise, M. Andrei Kazakevich, conseiller au
Bureau de Svetlana Tikhanovskaya, politologue et directeur académique
de l’Institut des études politiques Political Sphere (Minsk), et
M. Alexander Shlyk, Représentant Spécial de Svetlana Tikhanovskaya
sur les élections.
1.3. Objectif et portée du rapport
14. Les différents éléments présentés
ci-dessus montrent que, depuis le début de la crise politique qui
a éclaté au Bélarus au lendemain de l'élection présidentielle, l'Assemblée
est disposée et prête à s'engager dans un dialogue inclusif et constructif
avec toutes les parties prenantes concernées et à soutenir un processus politique
national pacifique et démocratique dans ce pays en vue de l’adoption
de réformes fondamentales. Le présent rapport découle précisément
de cette volonté et de cette disponibilité, qui visent à contribuer
à la stabilité à long terme du pays ainsi qu’à son rapprochement
du Conseil de l’Europe, et en fin de compte à son adhésion à l’Organisation,
sur la base des valeurs et des principes de cette dernière
.
15. La proposition de résolution à l'origine de ce rapport fait
référence à des «problèmes systémiques» concernant le processus
électoral au Bélarus. En fait, depuis plus de vingt ans, l'Assemblée,
l'OSCE/BIDDH, la Commission de Venise ainsi que la société civile
du Bélarus ont constamment signalé les mêmes lacunes dans le système
électoral, en formulant des recommandations pour y remédier et en
demandant une réforme du cadre juridique (voir le chapitre 2.1 ci-dessous).
Sur la base de leurs constatations et conclusions, le présent rapport
vise à soutenir une réforme électorale au Bélarus en vue de mettre
le système électoral en conformité avec les normes internationales
en matière d’élections démocratiques et équitables. Plutôt que de
fournir une liste exhaustive des questions découlant de la législation
et de la pratique électorales au Bélarus, il recense les principaux
domaines de préoccupation qui doivent être abordés en priorité et
formule un certain nombre de recommandations, avec l'ambition de
mettre en place une base durable et à long terme pour que des élections démocratiques,
libres et équitables puissent se dérouler dans ce pays. Sachant
que le choix des systèmes politiques et électoraux est une décision
souveraine du Bélarus, le rapport offre – n’impose pas – une feuille de
route pour établir un système électoral propice à des élections
véritablement libres et équitables et perçues comme telles par le
monde entier, à condition que cela soit le souhait du peuple et
des autorités du Bélarus. De la même façon, il souligne que la Commission
de Venise demeure prête à fournir des conseils concernant les changements
techniques et procéduraux à apporter à la législation et pratique
électorales, s’il devait y avoir une demande dans ce sens.
2. Élections au Bélarus: rappel à la
réalité
2.1. Un système électoral aux problèmes
systémiques
16. Depuis 1992, année où le statut
d'invité spécial a été octroyé à l'Assemblée nationale du Bélarus
, l'Assemblée
a observé un référendum (en 1996) et cinq élections au Bélarus (trois
élections législatives (en 1995, 2016 et 2019), et deux élections
présidentielles (en 2001 et 2015)) sur trois référendums et 13 élections au
total
pendant
cette période. Ce calendrier sporadique mis à part, les conclusions
de l'Assemblée ont été cohérentes dans la mesure où elles ont à
chaque fois relevé les mêmes lacunes juridiques et pratiques du processus
électoral précédemment mises en évidence, dont la composition déséquilibrée
des commissions électorales, fortement influencée par l'exécutif;
l'absence de liste électorale centralisée; le déroulement des procédures
de vote anticipé; les lourds obstacles à l'inscription des partis
politiques et des candidats ainsi qu’aux droits des observateurs;
la couverture médiatique déséquilibrée de la campagne électorale.
17. Les élections au Bélarus n'ont donc jamais satisfait aux normes
internationales de liberté et d'équité et l'Assemblée n'a eu de
cesse de recommander au Bélarus de modifier sa législation et sa
pratique électorales pour résoudre ces problèmes systémiques. D'après
l'avis conjoint de la Commission de Venise et de l’OSCE/BIDDH demandé
par notre commission, les amendements apportés au Code électoral
en 2009 – concernant la liberté de faire campagne et le financement
des campagnes électorales, la composition et la nomination des commissions
électorales, l'inscription des candidats, l'intégrité du vote anticipé,
les procédures d'appel et le décompte des voix – étaient peu susceptibles
de résoudre le problème sous-jacent lié au fait que le cadre législatif
électoral du Bélarus ne permet toujours pas de garantir des élections
véritablement démocratiques
.
18. Malheureusement, la délégation de l'Assemblée qui a observé
les dernières élections législatives en novembre 2019, que j'ai
eu le privilège de mener, a conclu que les problèmes susmentionnés
demeuraient non résolus et a confirmé les recommandations formulées
de longue date par l'Assemblée et par la Commission de Venise exigeant
que la législation et la pratique électorales du Bélarus soient
modifiées pour résoudre ces problèmes
.
2.2. L'élection présidentielle du 9 août
2020
19. Malgré l'absence de missions
internationales d'observation sur le terrain menées par l'Assemblée
et l’OSCE/BIDDH, les initiatives locales de suivi et d'observation
ont
permis de dresser un bilan complet des irrégularités généralisées
et des violations des droits politiques concernant l'élection présidentielle
du 9 août 2020.
20. Le rapport final sur l’observation des élections publiées
dans le cadre de la campagne «Les défenseurs des droits de l'homme
pour des élections libres» indique que les autorités du Bélarus
n'ont pas mis en œuvre une seule des recommandations de l'OSCE et
des observateurs nationaux faites à la suite des élections précédentes
. Il s’avère donc que le cadre juridique
régissant les élections reste inchangé depuis les dernières observations
d’élections menées par l'Assemblée en 2015 (présidentielle) et en
2019 (parlementaires), et que l'élection présidentielle de 2020
s'est déroulée dans le même cadre juridique qui a valu au Bélarus
d’être critiqué dans le passé. En conséquence, on peut conclure
que l'élection présidentielle de 2020 a aussi été fondamentalement
entachée d’irrégularités, et qu’elle n’était ni libre ni équitable.
21. Les résultats de l'évaluation réalisée dans le cadre de la
campagne «Les défenseurs des droits de l'homme pour des élections
libres» confirment ce constat et indiquent que l'élection présidentielle
ne peut pas être considérée comme libre et équitable en raison d'un
certain nombre de violations flagrantes des normes internationales
en matière d'élections démocratiques et équitables. En particulier,
le manque d'impartialité de l'administration électorale à tous les
niveaux a été largement observé. La composition des commissions électorales
était complètement déséquilibrée puisque la grande majorité de leurs
membres représentait les cinq principales associations publiques
pro-gouvernementales. Seuls deux candidats des partis d'opposition ont
été inclus dans les commissions électorales territoriales et six
seulement dans les commissions de bureau de vote, représentant respectivement
0,1 % et 0,009 % des membres de ces commissions.
22. La nomination et l’inscription des candidats ont été entachées
par des violations des normes relatives aux élections libres et
démocratiques. Les candidats populaires ont été exclus de la course
électorale, tandis que les ressources administratives ont été activement
utilisées en faveur de l’élu sortant (par exemple, la collecte des
signatures pour sa nomination a souvent été effectuée pendant les
heures de travail, sur le lieu des entreprises et des institutions,
avec la participation directe de leurs administrations).
23. La phase de campagne électorale s'est déroulée dans des conditions
inéquitables. L'accès aux médias était inégal et les possibilités
de recevoir des informations sur les candidats à la présidence étaient
très limitées, les comités exécutifs locaux ayant fortement réduit
le nombre de lieux de campagne électorale. Dans de nombreux cas,
ces lieux n’étaient pas adaptés pour ce type d’événement (ils étaient
éloignés et peu accessibles par les transports).
24. Lors du vote anticipé (41,7 % des électeurs ont participé
au vote anticipé, ce qui constitue un record historique pour les
élections présidentielles au Bélarus), des observateurs indépendants
ont documenté de nombreux faits de vote organisé et forcé de certaines
catégories d'électeurs (personnel militaire, employés d'institutions
gouvernementales et d'entreprises publiques), ainsi que des faits
nombreux et généralisés de gonflement du taux de participation.
25. Les principales procédures électorales ont été rendues complètement
opaques, notamment par des restrictions imposées par les résolutions
de la Commission électorale centrale qui ont perturbé l'observation de
tous les types de vote (vote anticipé, vote le jour du scrutin et
vote à domicile) ainsi que le décompte des voix
.
Les recours et les réclamations déposés durant les différentes étapes
de l'élection n'ont pas eu d'impact notable sur les procédures électorales.
Aucune des 3 000 plaintes déposées par les observateurs de la campagne
«Les défenseurs des droits de l'homme pour des élections libres»
auprès de divers organes de l'État et de commissions électorales
supérieures pendant toute la période des élections n'a été acceptée.
3. Réforme électorale: domaines prioritaires
26. Les éléments présentés ci-dessous
remettent fondamentalement en question l'indépendance de l'administration
électorale, la transparence et le contrôle du processus électoral,
l'intégrité électorale et, en fin de compte, la «crédibilité» de
l'ensemble du processus électoral. Ce dernier élément fait tristement
défaut au Bélarus depuis plus de vingt ans de pratique électorale
et a entraîné une perte de confiance du public dans le processus
électoral et ses résultats.
27. En effet, selon un rapport de 2017 établi dans le cadre de
la campagne «Les défenseurs des droits de l'homme pour des élections
libres», une partie considérable de la société ne fait pas confiance
aux résultats des élections en raison de graves violations des droits
et libertés électoraux, ainsi que de la procédure opaque de décompte
des voix. Souvent, les autorités formées lors des élections ne sont
pas reconnues en tant qu’organes démocratiquement élus, ce qui nuit
à leur légitimité interne et externe
.
3.1. Administration électorale
28. «La composition et le fonctionnement
des commissions électorales (l’administration électorale) sont déterminants
pour la conduite d'élections véritablement démocratiques
». Des commissions
électorales indépendantes et impartiales devraient être mises en
place pour garantir le bon déroulement des élections. Hélas, le
manque d'indépendance et d'impartialité de ces commissions a été
l'un des problèmes les plus récurrents des élections au Bélarus,
principalement en raison des règles régissant la nomination de leurs membres.
29. Les élections sont administrées par une hiérarchie de commissions
électorales comprenant la Commission électorale centrale (CEC) et
divers niveaux de commissions subordonnées jusqu'aux commissions
de bureau de vote, leur hiérarchie variant selon le type d'élection
. La principale institution
de décision et de supervision est la CEC, organe permanent doté
d'un mandat de cinq ans et composé de six membres nommés par le
Président (y compris le ou la président·e) et de six membres nommés
par le Conseil de la République (chambre haute de l'Assemblée nationale).
Les membres des commissions électorales de niveau inférieur à celui
de la CEC sont nommés par les autorités locales. Le Code électoral
exige que les candidats des partis politiques et des associations
publiques représentent au moins un tiers du nombre total de membres
de ces commissions, mais il n'existe pas de critères juridiques
relatifs à leur nomination.
30. Le rôle de la présidence dans la nomination des membres de
la CEC et l'influence potentielle qu'elle pourrait exercer sur eux
ont été remis en question à plusieurs reprises par la Commission
de Venise, l'Assemblée et l'OSCE/BIDDH. Étant donné que la CEC prend
ses décisions à la majorité du total de ses membres, il suffit que
l'un des membres désignés par le Conseil de la République vote avec
les membres «pro-présidentiels» pour que la présidence prenne le
contrôle effectif de la CEC. En outre, en l'absence de critères juridiques
relatifs à la nomination des membres, les autorités locales disposent
de fait de toute latitude dans le processus de nomination des commissions
de niveau inférieur et ont systématiquement utilisé ce pouvoir contre
les candidats de l'opposition pour les exclure de la composition
de ces commissions. Dans toutes les élections qui ont été observées,
les représentants de l'opposition ou les candidats indépendants
ne représentaient qu'une petite fraction de la composition des commissions
électorales. Par conséquent, il existe depuis longtemps un manque
de confiance dans l'administration électorale au sein de la population,
en particulier envers la CEC, qui symbolise la fraude électorale.
3.2. Absence d'une liste électorale centralisée
31. L'inscription des électeurs
est considérée comme l'une des principales lacunes du système électoral
au Bélarus. Il n'existe pas de liste électorale centralisée et les
électeurs peuvent être ajoutés à une liste la veille, voire le jour
du scrutin, sous réserve de la présentation d'une pièce d’identité
valide et d’un justificatif d’un lieu de résidence dans la circonscription.
32. L'absence d'une liste électorale centralisée exclut la possibilité
de vérifier l’absence de doubles inscriptions dans les différentes
localités. Cette lacune, combinée à la possibilité d’inscrire les
électeurs jusqu'au jour du scrutin, n’offre aucune protection contre
un éventuel vote multiple
. Étant donné que le système
ne permet pas un contrôle public et une évaluation indépendante
des listes électorales (qui ne sont pas publiquement affichées),
celles-ci peuvent facilement être manipulées et il existe un risque
énorme de fraude électorale, notamment de participation gonflée.
3.3. Vote anticipé
33. L'opacité du processus de vote
anticipé et l'absence de protections permettant d’assurer son intégrité (par
exemple en vue d'assurer l'inviolabilité du matériel électoral)
sont l'un des principaux sujets de critique des observateurs nationaux
et internationaux, ainsi que des participants au processus électoral.
Le vote anticipé a été associé à de nombreux faits d'abus de ressources
administratives visant à forcer les électeurs à prendre part au
vote, ainsi qu'à de nombreux cas de participation gonflée dans les
bureaux de vote, en vue de manipuler les résultats.
3.4. Décompte des voix
34. Le décompte des voix est un
enjeu majeur des élections au Bélarus. Le Code électoral n'établit
pas de procédure claire pour que le dépouillement des bulletins
de vote soit effectué de manière transparente et correctement observable,
ce qui rend le processus opaque. En fait, la loi contient une description
des différentes étapes du processus de décompte mais n’indique pas
précisément la manière dont le dépouillement des bulletins de vote
doit être réalisé. Dans la pratique, les membres des commissions
de bureau de vote organisent un dépouillement commun et simultané
des bulletins de vote: les votes ne sont pas annoncés publiquement,
les bulletins ne sont pas présentés aux membres de la commission
ou aux observateurs et les résultats des élections dans chaque bureau
de vote ne sont pas non plus annoncés publiquement ou affichés.
Il en résulte un manque de transparence pour les observateurs (ainsi
que pour les autres membres de la commission) qui ne peuvent pas
suivre le décompte et qui n'ont donc aucun moyen de corréler les
résultats de l'observation avec les données figurant dans le protocole
sur les résultats du vote. Des cas de fraude, y compris de participation
gonflée dans les données officielles, de bourrage d'urnes et de
votes multiples ont été signalés de manière récurrente.
3.5. Règles régissant le travail des observateurs
35. La participation d'observateurs
nationaux et internationaux à l'ensemble du processus électoral
est un élément important pour garantir la transparence et le contrôle
du processus électoral. À cette fin, les observateurs devraient
avoir la possibilité la plus large possible de participer à l'exercice
d'observation des élections.
36. Le Code électoral prévoit que les élections sont ouvertes
au public et aux observateurs et décrit les droits et les limites
de ces derniers. Les observateurs ont, notamment, le droit d'être
présents aux réunions des commissions électorales
,
dans les bureaux de vote et lors du dépouillement des bulletins.
Cependant, la loi leur interdit explicitement de se trouver à «proximité»
des urnes et des bulletins de vote. Dans la pratique, une interprétation
restrictive de cette disposition conduit à interdire systématiquement
aux observateurs de s'approcher des tables ou des membres du bureau
de vote pour observer le décompte des voix ou vérifier les listes
électorales et les signatures. Cela rend impossible toute observation
pertinente de l'ensemble du processus de vote.
3.6. Inscription des candidats
37. Les candidats de l'opposition
qui veulent se présenter aux élections présidentielles ou législatives
se heurtent à des obstacles majeurs. Le processus de nomination
est caractérisé par des dispositions juridiques restrictives pour
l’inscription des candidats, notamment un système qui exige la présentation
d'un certain nombre de signatures pour être admis à l'élection,
ainsi que des obstacles formalistes. Il n’existe pas de règles claires
concernant la vérification des signatures – qui n'est ni publique
ni compréhensible – et un pouvoir discrétionnaire énorme est attribué
aux autorités qui peuvent ainsi refuser l’inscription ou désinscrire
les candidats pour des points techniques mineurs (un pouvoir qui
a été abondamment utilisé pour disqualifier des candidats potentiels).
3.7. Litiges électoraux
38. Le Code électoral contient
un nombre limité de cas soumis à un contrôle juridictionnel. Dans
la pratique, une grande majorité de réclamations et de recours sont
rejetés sans qu’aucune enquête appropriée sur des faits ne soit
menée ou sur la base de motifs douteux, ce qui nuit à l'efficacité
des recours et sape la confiance du public dans le règlement des
litiges électoraux. La décision de la CEC sur l'établissement des
résultats des élections n'est pas soumise à un contrôle juridictionnel,
ce qui fait que la commission n’a pas à rendre de comptes devant
la loi sur la question des résultats définitifs.
4. Recommandations
39. Un certain nombre de recommandations
peuvent être formulées en vue de traiter les domaines prioritaires
présentés ci-dessus. Bien mises en œuvre, ces recommandations devraient
jeter les bases durables et à long terme d'élections libres, équitables
et démocratiques au Bélarus.
40. Avant tout, l’indépendance et l’impartialité de l'administration
électorale devraient être garanties. À cette fin, une représentativité
adéquate devrait être assurée en son sein et la législation devrait
établir les bases d'une composition équilibrée:
- en exigeant que la CEC inclue
des représentants nommés par les principaux acteurs politiques, notamment
les différents partis politiques et les représentants de la société
civile, avec un droit de vote à part entière;
- en établissant des règles claires régissant le processus
par lequel les membres des commissions électorales de niveau inférieur
à celui de la CEC sont nommés par les autorités locales, y compris l'exigence
d'inclure des membres de commissions proposés par tous les candidats.
41. Une liste électorale nationale devrait être créée afin d'accroître
la transparence et le contrôle du processus d'inscription des électeurs.
Un registre général et national complet de tous les électeurs permettrait un
recoupement sérieux des différentes listes électorales. Ce registre
devrait être accessible non seulement aux autorités mais aussi aux
citoyens, ainsi qu'aux observateurs internationaux. La possibilité
de s'inscrire le jour du scrutin devrait être supprimée.
42. Compte tenu du nombre considérable d'électeurs votant de manière
anticipée, le vote anticipé devrait être réglementé de manière exhaustive.
En fait, si l'octroi de la possibilité de participer au vote anticipé
est en principe compatible avec les normes internationales en matière
d'élections démocratiques, le processus de vote anticipé devient
problématique en l’absence de contrôle, de réglementation et de
procédures claires. Dès lors, il convient de garantir le caractère
exceptionnel de ce type de vote en introduisant des exigences plus strictes
pour y prétendre et de prendre toutes les mesures nécessaires pour
renforcer la transparence et l'intégrité des procédures associées.
À cette fin, la législation devrait:
- n'autoriser le vote que dans des cas spécifiques et aux
électeurs qui peuvent prouver qu'ils ne peuvent pas être présents
à leur lieu de résidence le jour du scrutin (sur présentation d'un
document justificatif);
- décrire en détail des mécanismes clairs pour assurer la
sûreté et la sécurité des urnes lors d'un vote anticipé (par exemple,
utilisation de scellés en plastique à usage unique pour les urnes,
interdiction de la présence de personnes non autorisées dans les
locaux de vote où sont entreposés les urnes, les bulletins de vote
et autre matériel électoral);
- limiter le nombre de bureaux de vote pour le vote anticipé
(des bureaux de vote dédiés au vote anticipé).
43. Des procédures claires et transparentes pour le décompte des
voix devraient être établies et strictement appliquées afin que
tous les observateurs présents puissent vérifier que les résultats
sont comptés de manière authentique et communiqués honnêtement.
À cette fin, il conviendrait d'introduire dans la législation des dispositions
exigeant que chaque bulletin de vote soit montré, le vote annoncé,
et que les résultats des élections dans chaque bureau de vote soient
communiqués publiquement et affichés.
44. La législation devrait être améliorée pour permettre aux observateurs
nationaux et internationaux de mener à bien leur mission. Elle devrait
garantir aux observateurs un accès sans restriction tout au long
du processus électoral, mais en particulier le jour du scrutin,
sans interférer dans le fonctionnement des commissions électorales.
La législation devrait clairement autoriser les observateurs:
- à s'approcher des membres du
bureau de vote pour vérifier les listes électorales et les signatures
et observer le décompte des voix de manière directe et effective
(par un accès visuel direct et effectif);
- à être présents durant la vérification des signatures
soumises pour la nomination des candidats;
- à avoir accès à l'entreposage des bulletins de vote et
des urnes pendant le vote par anticipation, y compris en dehors
des heures de travail.
45. La législation devrait inclure des critères clairs, complets
et transparents pour l’inscription des candidats. Les restrictions
au droit d'être nommé candidat à la présidence et au parlement devraient
être réexaminées. La législation devrait également permettre que
des réclamations et des recours soient formés devant les tribunaux
contre toute décision des commissions électorales et d'autres organes
de l'État relative aux élections, y compris pour contester les résultats
électoraux.
5. Conclusions
46. Avant que de nouvelles élections
aient lieu, l’idéal serait qu’une réforme électorale complète et appropriée
ait lieu au Bélarus, précédée de consultations publiques avec les
parties prenantes concernées, notamment la société civile (à la
fois pour lui permettre de contribuer à la réforme et en signe de reconnaissance
pour l’action qu’elle mène de longue date dans le domaine des élections),
mais aussi la Commission de Venise (pour collaborer à l’élaboration
de propositions détaillées en vue de leur adoption dans la loi),
sachant qu’une telle réforme ne peut avoir lieu qu’après l’amélioration
de la situation sur le terrain. Une réforme complète devrait viser
à mettre en œuvre toutes les recommandations antérieures de l’Assemblée,
de l’OSCE/BIDDH et de la Commission de Venise, dont une liste limitée
– de nature essentiellement législative – figure dans le présent
rapport.
47. Cependant, une telle réforme prendra du temps et le fait qu’elle
est nécessaire ne doit pas être utilisé par les autorités comme
un prétexte pour repousser indéfiniment la tenue d’élections ou
d’un référendum. De plus, l’instauration d’élections démocratiques
au Bélarus nécessitera non seulement des modifications législatives
mais aussi un changement d’état d’esprit dans leur mise en œuvre,
car «aucune loi, si bonne soit-elle, ne peut garantir la conformité
d’une élection avec les engagements contractés dans le cadre de
l’OSCE et du Conseil de l’Europe et avec d’autres normes internationales.
La qualité des futures élections au Bélarus dépendra non seulement
de la qualité de la législation mais aussi de sa mise en œuvre en
toute bonne foi»
. La législation devra
être interprétée et appliquée de manière à garantir l’égalité des
chances entre les candidats, une véritable compétition, la libre
expression de la volonté des électeurs et l’équité du processus électoral
.
48. Certains des acteurs locaux et internationaux appelant à la
tenue d’élections anticipées au Bélarus soutiennent que la législation
électorale du Bélarus dans sa forme actuelle peut être utilisée
pour des élections anticipées raisonnablement équitables (par exemple,
par le biais de résolutions de la CEC et d’un changement de l’état
d’esprit officiel concernant la mise en œuvre des lois applicables).
Je vois l’intérêt d’envisager ces solutions non législatives dans
le cadre d’une CEC réformée, à condition que celle-ci soit véritablement indépendante
et impartiale, que ses résolutions garantissent, au minimum, la
transparence du dépouillement et une représentation équilibrée au
sein de l’administration électorale
, ne soient pas contraires à la loi
et que des observateurs nationaux et internationaux puissent surveiller
de manière appropriée l’ensemble du processus électoral. Toutefois,
il est clair que cette approche, destinée à apporter rapidement
des changements essentiels aux règles électorales sans impliquer
un processus législatif complet, ne peut être qu’une «solution provisoire»,
compte tenu en particulier du contexte bélarussien dans lequel la
tenue d’élections libres et pluralistes n’est pas encore devenue
une pratique normale.
49. Il ne faut pas non plus oublier qu’il existe un lien étroit
entre les élections et les violations des droits humains et que
des «élections démocratiques ne sont pas possibles sans respect
des droits de l’homme, et notamment de la liberté d’expression et
de la presse, de la liberté de circulation à l’intérieur du pays,
ainsi que de la liberté de réunion et d’association à des fins politiques,
y compris par la création de partis politiques»
. Au Bélarus, ces libertés sont restreintes
par diverses pratiques et dispositions juridiques qui sont régulièrement instrumentalisées
pour faire taire les opinions dissidentes, refuser toute possibilité
d’inscription aux partis politiques et interdire arbitrairement
les manifestations pacifiques. L’ensemble du système est conçu pour réguler
et limiter strictement le pluralisme, la concurrence politique et
l’indépendance des médias qui sont l’essence même du processus électoral
.
50. Aujourd’hui plus que jamais, les opposants politiques, les
défenseurs des droits humains, les journalistes, les professionnels
des médias, les observateurs électoraux indépendants
et
les citoyens du Bélarus font l’objet d’attaques massives. La vague
de violences sans précédent, les arrestations massives, l’intimidation
et la persécution de ces groupes de personnes sont totalement inacceptables
et ne peuvent pas conduire à un climat favorable à la tenue d’élections
libres et équitables. Bien que ces questions ne relèvent pas du
champ d’application du présent rapport, il convient de souligner
qu’en termes absolus, une réforme électorale sans le libre exercice
des libertés politiques ne saurait apporter de changement réel.
Par conséquent, le Bélarus devrait mettre sa législation et sa pratique
dans le domaine de la liberté de réunion et d’association, de la
liberté d’expression et de la liberté des médias en conformité avec
les normes internationales. Pour y parvenir, il s’avère impératif,
entre autres, d’éliminer tous les obstacles à la création de partis
politiques, notamment en réformant la loi sur les partis politiques,
en supprimant les sanctions pénales pour diffamation et en réformant
la loi sur les médias ainsi que la loi sur les manifestations de
masse. Comme l’a souligné le Président de la Commission de Venise
(voir paragraphe 9), cela requiert également une réforme constitutionnelle,
qui mettra en place les «conditions favorables» à l’exercice des
libertés politiques. Cependant, une telle réforme – qui pourrait
inclure entre autres l’équilibre des pouvoirs entre le président
et le parlement et entre les deux chambres du parlement – ne peut
pas remplacer une réforme électorale, sachant qu’une constitution
révisée ne remédie pas aux mauvaises lois électorales. Dans ce contexte,
les informations selon lesquelles les autorités du Bélarus pourraient
s’intéresser à certains éléments de la réforme constitutionnelle
et laissant entendre qu’une réforme électorale ne serait alors pas
nécessaire, sont très inquiétantes. Une réforme constitutionnelle
devrait être également inclusive. À ce sujet, il est regrettable qu’aucun
représentant de l’opposition n’ait été autorisé à assister ou contribuer
à l’Assemblée populaire pan-bélarusse qui s’est tenue les 11 et
12 février 2021.
51. J’avais espéré que les autorités du Bélarus se tiendraient
prêtes à un éventuel dialogue avec l’Assemblée et que cette ouverture
se concrétiserait par des actions tangibles, notamment par une réaction positive
au questionnaire que je leur avais envoyé. Malheureusement, ces
autorités continuent de refuser de coopérer avec l’Assemblée et
elles ne font preuve d’aucune ouverture ou volonté de discuter de
la crise actuelle et des moyens d’y mettre fin. Cela dit, j’ai été
informé que le 18 mars 2021, les autorités du Bélarus ont soumis
des commentaires, dans le cadre de la préparation de l’avis de la
Commission de Venise sur la compatibilité avec les normes européennes
de certaines dispositions de droit pénal utilisées pour poursuivre des
manifestants pacifiques et des membres du «Conseil de coordination»
(avis demandé par la commission des questions juridiques et des
droits de l’homme)
. Je salue ce développement
et encourage les autorités à nouer des contacts également avec d’autres
secteurs du Conseil de l’Europe.
52. Je tiens à souligner une fois de plus que l’Assemblée, de
concert avec la Commission de Venise, est prête à fournir des orientations
pratiques et techniques pour aider les autorités du Bélarus à apporter
des changements essentiels au cadre électoral. Elle est fermement
convaincue que cette réforme et d’autres réformes nécessaires ouvriront
la voie à un nouveau Bélarus fondé sur les droits humains, la démocratie
et l’état de droit.