1. Introduction
1. Les enfants ont toujours participé
de plusieurs façons à la vie de la société, que ce soit de manière informelle,
en famille, entre amis et au sein des communautés, ou de manière
plus formelle, dans les écoles, les clubs, les équipes sportives
et artistiques, le secteur bénévole, les collectivités locales,
les parlements nationaux, les parlements des jeunes, et par le biais
d’actions sur des questions spécifiques comme le changement climatique.
Néanmoins, dans le passé, la position qui prévalait, dans une large
mesure, était que les enfants devaient être «sages comme des images».
Nous supposions que les adultes savaient ce qui était dans l’intérêt
supérieur de l’enfant et qu’ils agissaient en conséquence. On prend
aujourd’hui de plus en plus conscience que ce n’est pas toujours
le cas, et que les décisions prises sans consulter les enfants peuvent avoir
des conséquences négatives sur leur bien-être et sur leurs chances
de réussite dans la vie.
2. Prendre en compte les opinions et les expériences des enfants
nous permet de leur offrir une meilleure prise en charge et une
meilleure protection, et cela leur donne la possibilité de développer
la capacité de contribuer à leur propre prise en charge et protection.
Lorsque les enfants sont associés de façon systématique à la prise
de décisions sur des questions qui les concernent, ils sont plus
susceptibles de développer un sentiment d’appartenance, de motivation
et la capacité à contribuer à leurs sociétés; ils s’en sortent mieux académiquement
et socialement. Cette participation profite non seulement aux enfants,
mais aussi aux adultes et aux institutions encourageant cette participation,
et permet d’avoir différents points de vue sur des sujets de préoccupation.
Des enfants participent aux conseils de l’UNICEF, ainsi que dans
les commissions et comités consultatifs d’autres organisations.
Je connais bon nombre de tels exemples, et les adultes concernés témoignent
des avantages que la participation des enfants et le fait de parler
d’expérience directe ont pour leur travail. Ces arguments, à mon
avis, soutiennent fortement l’abaissement de l’âge du droit de vote
à 16 ans dans toute l’Europe.
3. La question du droit de vote à l’âge de 16 ans a fait l’objet
de nombreux débats en Europe et dans le monde. En juillet 2007,
l’Autriche a été le premier membre de l’Union européenne à adopter
un âge de vote de 16 ans dans la plupart des cas. Une étude sur
le comportement des jeunes électeurs suivant les travaux du Parlement
européen en 2009 a montré que les jeunes étaient tout aussi capables
que les électeurs plus âgés d’exprimer leurs convictions et de prendre
des décisions. Plusieurs pays ont établi des lois visant à approuver le
vote à 16 ans. Il semblerait logique que le vote à l’âge de 16 ans
entraîne une plus grande sensibilisation aux droits de l’enfant
et aux systèmes politiques et encourage l’enseignement de l’instruction
civique et des droits dans les écoles et autres établissements pour
jeunes. Je soutiens personnellement cette idée et je continuerai
à soulever cette question au sein de mon parlement. En Écosse, depuis
2015, les jeunes de 16 ans peuvent voter aux élections nationales
et locales.
4. Écouter les enfants ne signifie pas les laisser faire comme
ils veulent. Au contraire, cela leur permet de réfléchir à leur
rôle dans la société et renforce leur capacité de s’exprimer de
manière appropriée. Je suis particulièrement préoccupée par la nécessité
d’impliquer les enfants vulnérables (les enfants qui vivent dans la
pauvreté, les enfants issus de minorités ethniques ou religieuses,
les enfants handicapés, les enfants migrants ou réfugiés, les enfants
qui s’identifient comme LGBT). Nous pouvons mieux connaître les
besoins des enfants en écoutant les enfants concernés. Comme le
disait une jeune femme lors d’un séminaire de notre Assemblée, «nous
sommes experts en raison de notre expérience.» Les enfants peuvent
être très clairs sur leurs besoins et, d’après mon expérience, ils
sont prêts à s’exprimer quand on leur demande de participer. L’expérience
de s’impliquer dans la prise des décisions peut profondément impacter
le développement de l’individu. On devient un «agent actif» plutôt
qu’un récepteur passif, ce qui améliore les sentiments d’estime
de soi et de confiance
.
5. Ancienne présidente de la sous-commission sur les enfants,
et ancienne enseignante, je suis, à titre personnel et professionnel,
attachée à la participation des enfants et je me réjouis de la voir
se développer. J’ai eu de nombreuses discussions à ce sujet avec
mes collègues de l’Assemblée parlementaire, ainsi qu’avec des organisations
de la société civile de toute l’Europe, y compris au niveau international,
et avec de nombreux groupes d’enfants et de personnes. Je suis persuadée
que la participation des enfants pourrait et devrait être davantage
encouragée. Ce constat m’a amenée à proposer que l’Assemblée élabore
un rapport sur ce sujet
. Depuis, j’ai
eu le privilège d’examiner ce qui entrave et ce qui favorise la
participation des enfants dans différents contextes. Ces discussions
ont nourri ma réflexion et mes idées. Je suis reconnaissante à toutes
les personnes qui ont généreusement consacré du temps pour participer
à cette initiative et je tiens à les en remercier. En raison de
la pandémie de covid-19, il a été particulièrement difficile de
travailler avec des enseignants, d’autres personnes travaillant
avec les enfants et les enfants eux-mêmes. L’initiative, ainsi que ses
objectifs initiaux ambitieux d’amener les parlementaires de 12 pays
à travailler avec des facilitateurs
pour dispenser des formations sur les droits de l’enfant et sur
les fonctions du Conseil de l’Europe, ont dû être fortement revus
à la baisse.
6. Toutefois, nous avons beaucoup appris et nous avons constaté
un grand nombre de bonnes pratiques qui seront décrites dans ce
rapport. J’ai la conviction que le moment est venu pour le Conseil
de l’Europe d’évaluer les progrès accomplis dans le domaine de la
participation des enfants et les mesures à développer. J’ai constaté
le potentiel pour les parlementaires de travailler avec les enfants
dans les communautés et d’encourager leur participation aux processus
démocratiques. D’après de nombreux collègues, et d’après ma propre
expérience, alors que la pandémie de covid-19 a eu des effets dévastateurs
sur les services locaux comme la santé et l’éducation, de nombreuses
communautés, et notamment les enfants, ont joué un rôle plus actif
en formulant leurs besoins et en demandant instamment des solutions.
Ce rapport vise donc à suggérer des manières d’écouter les enfants,
de prendre en compte leurs préoccupations et d’encourager la prise
de mesures, en s’appuyant sur ce qui fonctionne et sur ce qui serait
envisageable. Il décrit des exemples des mesures visant à favoriser
une participation des enfants qui ne reste pas au stade des bonnes
intentions et ne se limite pas à un exercice consistant à «cocher
des cases», mais contribue véritablement à améliorer la vie de tous
les enfants dans nos sociétés. J’espère que ces exemples seront
utiles pour renforcer la participation des enfants aux travaux de
l’Assemblée parlementaire, dans les parlements nationaux et dans
tous les autres contextes où des décisions les concernant sont prises.
2. Définitions: qu’entend-on par «participation
des enfants»?
7. Au lendemain de la Seconde
Guerre mondiale, des efforts ont été entrepris pour élaborer des
normes internationales en matière de droits humains. La promotion
des droits de l’enfant, et notamment le droit à la participation,
s’est inscrite dans cette démarche, même si elle a été plus difficile
et a pris beaucoup plus de temps. Si la Convention des Nations Unies
relative aux droits de l’enfant été adoptée qu’en 1989, elle trouve son
origine dans la philosophie de Janusz Korczak (1878-1942)
qui considérait que les enfants
devaient être respectés et écoutés, au lieu d’être façonnés à la
volonté des adultes. Aujourd’hui, l’élan donné à la promotion de
la participation des enfants vient d’une part, de l’évolution continue
des droits de l’enfant et d’autre part, du fait qu’il apparait de
plus en plus clairement que permettre aux individus d’avoir voix
au chapitre est le meilleur moyen de mettre au point des solutions
efficaces et durables.
8. Les stratégies sur les droits de l’enfant de la Division des
droits des enfants du Conseil de l’Europe, de la Commission européenne
et du Parlement européen sont fortement imbriquées et mentionnent spécifiquement
la participation des enfants. En effet, en 2020, la Division des
droits des enfants a élaboré un manuel sur la participation des
enfants intitulé «Écouter – Agir – Changer»
.
9. Le droit de l’enfant d’être entendu sur toute question l’intéressant,
consacré par l’article 12 de la Convention des Nations Unies relative
aux droits de l’enfant est l’un des quatre principes généraux qui
doivent être appliqués dans la réalisation de tous les autres droits.
Si l’article 12 n’inclut pas le terme «participation», le Comité
des droits de l’enfant considère que le droit de l’enfant d’être
entendu, ainsi que les droits à l’information et aux libertés d’expression,
de religion, de conscience, de réunion et d’association, relèvent
de la notion de participation
. Le terme est utilisé dans une acception
très large, qui englobe le droit de l’enfant de prendre part aux
décisions qui le concernent et de voir son point de vue être pris
en compte par les décideurs.
10. D’après le Comité des droits de l’enfant, le droit d’être
entendu s’applique de manière égale aux enfants en tant qu’individus,
ainsi qu’aux enfants en tant que groupe (par exemple une classe
d’écoliers, les enfants d’un même quartier ou les enfants d’un pays).
Il s’applique également aux groupes vulnérables d’enfants
. Par exemple, dans un partenariat
connu sous le nom de «Reaching In», Eurochild, l’université de Central Lancashire
et des partenaires travaillant avec des enfants subissant la discrimination
coopèrent pour renforcer les possibilités de participation à la
prise de décision des enfants marginalisés. Le projet pilote se
concentre sur la prise de décision publique européenne et les politiques
locale, nationale et européenne en matière de santé des mineurs
roms. En collaboration avec des enfants, l’équipe «Reaching In»
recueille et partage des exemples de bonnes pratiques en matière
de participation et d’influence des enfants
.
11. Laura Lundy a conçu un modèle utile de participation qui combine
les notions suivantes: l’espace, grâce auquel les enfants peuvent
se réunir et exprimer leurs opinions; la voix, les enfants ont accès
à des informations et à un soutien; l’audience, les enfants ont
accès aux personnes qui prennent les décisions; et l’influence,
les points de vue des enfants sont dûment pris en compte et les
enfants sont informés des décisions qui sont prises et de la manière
dont elles ont été influencées par leurs opinions. Conformément
à ce modèle, la Recommandation (2012)2 du Comité des Ministres aux
États membres du Conseil de l’Europe définit la participation des
enfants comme «le fait, pour des particuliers et groupes de particuliers,
d’avoir le droit, les moyens, la place, la possibilité et, si nécessaire,
le soutien d’exprimer librement leurs opinions, d’être entendus et
de contribuer aux prises de décision sur les affaires les concernant,
leurs opinions étant dûment prises en considération eu égard à leur
âge et à leur degré de maturité
».
12. Cath Larkins, s’appuyant sur ses travaux sur le manuel du
Conseil de l’Europe sur la participation des enfants, est intervenue
comme consultante auprès de la sous-commission de l’Assemblée sur
les enfants dans des discussions sur la participation des enfants.
Elle a développé un modèle d’analyse de la participation des enfants
à l’Assemblée, qui inclut neuf principes inspirés de la Convention
des Nations Unies relative aux droits de l’enfant: une initiative
doit être transparente et instructive; volontaire; respectueuse;
pertinente; adaptée aux enfants; inclusive; appuyée par la formation;
sûre et tenant compte des risques; et responsable. Le modèle d’évaluation
inclut aussi une théorie du changement qui définit les résultats
attendus permettant de juger une initiative, tels que le nombre
d’enfants participant et leur diversité; les sentiments de sécurité,
de soutien et d’être informés; une meilleure sensibilisation; l’amélioration
des services; le renforcement des communautés; des lois ou des politiques
plus efficaces; une surveillance accrue des lois, politiques et
services; des maillons informés (par exemple entre les membres de
l’Assemblée et les enfants); des boucles d’apprentissage institutionnel;
des plans dotés de ressources suffisantes et des stratégies concrètes
.
13. Récemment, un parlementaire m’a dit: «Je ne souhaite pas uniquement
me tenir devant une assemblée formelle d’une centaine d’enfants
et parler de ce que je fais au parlement. Ce peut être un bon point
de départ, mais les enfants méritent d’être actifs lorsqu’ils découvrent
comment fonctionne vraiment le parlement et le rôle qu’ils pourraient
y jouer.» En d’autres termes, si la sensibilisation est importante,
elle est limitée, et une stratégie du Conseil de l’Europe en faveur
de la participation des enfants associant les parlementaires pourrait aller
bien plus loin.
14. J’ai été frappée par une récente étude conjointe de Rand Europe
et Eurochild sur la participation des enfants dans la vie politique
et démocratique de l’Union européenne réalisée pour la Commission
européenne. Eurochild s’est appuyé sur des membres de 10 pays différents
qui, à tour de rôle, ont organisé des consultations de groupes de
discussion d’enfants, auxquels ont participé plus de 200 enfants
et jeunes. D’après cette étude, les mécanismes de participation
des enfants les plus courants sont les suivants: les conseils des
enfants et des jeunes, les parlements des enfants et des jeunes,
et les médiateurs pour les enfants (ou instance équivalente). Des
actions sont aussi mises en place dans les écoles. Il a été observé
en outre que la plupart des mécanismes sont lancés par des adultes
et que s’ils permettent de formuler des idées, leur évaluation est
insuffisante pour montrer leurs effets. Les enfants qui y prennent
part sont généralement âgés de 12 ans et plus. Les informations
disponibles fiables sont insuffisantes. L’étude a montré le manque
de reconnaissance de la participation des enfants et de retour d’informations
aux enfants. Elle propose une liste de mesures visant à faciliter
la participation des enfants: promouvoir au sein de l’Union européenne
la participation des enfants à tous les niveaux de la vie politique
et démocratique: investir pour la participation des enfants; et
élaborer des lois et plans nationaux pour veiller à ce que les enfants
soient associés aux décisions gouvernementales
.
3. Expérimentation
de la participation des enfants à l’Assemblée parlementaire
15. En tant qu’ancienne présidente
de la sous-commission sur les enfants, j’ai souhaité étudier et
introduire la participation des enfants à l’Assemblée. D’autres
collègues étaient également motivés. L’idée d’une initiative sur
la participation des enfants à l’Assemblée a été développée après
la rencontre entre les représentants de la sous-commission sur les
enfants et la présidente de l’Assemblée parlementaire de l’époque,
Liliane Maury Pasquier, en vue de son soutien, qu’elle a volontiers
apporté. Un rapport sur les bénéfices de la participation des enfants
a été élaboré
et
une enquête a été réalisée auprès des membres de la sous-commission
. Douze
membres de la sous-commission ont manifesté leur souhait de prendre
part à cette initiative
. Des réunions
ont eu lieu pour déterminer la justification de ce projet et sa
mise en œuvre. Lors de la partie de session de juin 2019, la sous-commission
sur les enfants a organisé un petit-déjeuner de travail avec les représentants
de la Division des droits des enfants et le Service de la jeunesse,
des ONG, des enfants des écoles locales et le Cabinet de la Présidente
de l’Assemblée, afin d’élaborer un plan d’action provisoire, organique,
et inclusif. Deux experts sur les droits des enfants et la participation
des enfants ont été sélectionnés par la suite pour donner des conseils,
et un guide méthodologique
ainsi
qu’un modèle d’évaluation
ont
été élaborés et diffusés auprès des parlementaires. Une base théorique
a été élaborée, et beaucoup de modèles théoriques ont été discutés.
Ce rapport est un point de départ, et j’espère qu’il permettra au
Conseil de l’Europe de réexaminer les pratiques et d’avancer grâce
à toutes nos expériences.
16. Comme indiqué plus haut, la pandémie de covid-19 a gravement
compromis les projets initiaux. Des écoles et des centres d’éducation
ont fermé ou n’ont ouvert que de manière sporadique. Les enseignants,
les enfants et les parents ont subi une forte pression et il n’a
pas été possible de tenir des réunions physiques. Il a fallu revoir
les objectifs dans ces conditions difficiles et ce qui pouvait être
utile au rapport. La sous-commission sur les enfants a continué
de se réunir en ligne et de partager des mises à jour sur les progrès accomplis.
J’ai participé à plusieurs webinaires et autres réunions, écouté
les expériences des enfants (en particulier concernant la pandémie)
et procédé à des consultations en ligne avec des particuliers et
des organisations. Les parlementaires travaillant avec les écoles
et les clubs ont poursuivi leurs activités au mieux, afin d’encourager
la participation des enfants de différentes manières. La plupart
des travaux ont été réalisés en ligne. Ces réunions ont été indéniablement
moins satisfaisantes que des réunions physiques. Néanmoins, l’un
des avantages du travail en ligne est la possibilité de faire participer
davantage d’enfants, sur le plan national et international, que
ce qui aurait été possible autrement.
3.1. Royaume-Uni
17. Au Royaume-Uni, nous avons
travaillé avec l’école Burntwood à Londres. Il s’agit d’un établissement d’enseignement
général pour filles de 11 à 18 ans, de tous milieux (multiethniques
et multiconfessionnels). Il fait partie des Écoles respectueuses
des droits de l’UNICEF depuis 2008 et a obtenu la plus haute récompense de
l’UNICEF, la médaille d’or. L’école dispose de 100 «ambassadrices»
qui se chargent de l’organisation des assemblées scolaires et se
rendent dans les écoles primaires de la région pour parler des droits
des enfants. Comme l’a déclaré l’un des facilitateurs, «Les écoles
primaires adorent ce programme. Il y a une vraie connexion avec
les élèves plus âgés». Plusieurs élèves des classes supérieures
sont actifs au sein d’un réseau d’écoles qui organisent des conférences
en lien avec les Nations Unies et il existe un conseil d’école dynamique.
18. Lord Simon Russell of Liverpool, membre de l’Assemblée, a
pris contact avec l’école pour expliquer l’initiative du Conseil
de l’Europe. La directrice l’a approuvée et une directrice adjointe,
Katelyn Farrenson, en est devenue la facilitatrice. Elle a intégré
l’initiative du Conseil de l’Europe dans son programme sur «la responsabilité
sociale et la démocratie» qui implique des élèves de 11 à 17 ans
dans des discussions sur les droits et les responsabilités à l’école
et dans la société. Un petit groupe de participants et la facilitatrice
ont présenté l’initiative lors de deux réunions. Les enfants ont
été encouragés à trouver un sujet qui les passionnait (la santé
mentale, le changement climatique, par exemple) et à examiner les
solutions qu’ils pourraient mettre en œuvre, avec l’aide des parlementaires.
Lord Russell, et moi-même dans une moindre mesure, sommes restés
régulièrement en contact avec la facilitatrice. Les activités ont
été menées en ligne, excepté lorsque l’école n’était pas fermée.
Il s’est récemment rendu dans l’école et est intervenu auprès d’un
groupe d’élèves plus âgés. Les élèves ont rapidement intégré les
principes mis en œuvre dans les ressources du Conseil de l’Europe,
ce qui a permis d’approfondir les discussions. Du point de vue de
la facilitatrice, le Conseil de l’Europe avait donné un nouveau
regard sur l’apprentissage et a fait briller une lueur d’espoir
dans le climat difficile et stressant généré par la pandémie de
covid-19.
19. Lord Russell et moi-même envisageons d’inviter un groupe d’élèves
de l’école au parlement pour une réunion avec les parlementaires
qui travaillent dans un domaine choisi par les élèves et pour qu’il
assiste à une session parlementaire. Nous nous efforcerons aussi
de les associer aux travaux d’une commission qui les intéresse.
Nous nous rendrons dans l’école pour discuter du programme de la
visite et préparer les élèves. Nous prévoyons de visiter l’école
dans les mois à venir.
3.2. Irlande
20. Le sénateur irlandais Joe O’Reilly,
membre de l’Assemblée, a conduit l’initiative visant à associer l’organisation
Foróige aux travaux de l’Assemblée sur la participation des enfants.
Foróige compte des branches dans toute l’Irlande. Elle travaille
avec plus de 50 000 jeunes de 8 à 24 ans et 5 500 bénévoles. Sa vision
est la suivante: «Une Irlande qui croit dans chaque jeune, toi y
compris.» Elle met l’accent sur l’unicité, la créativité, la prise
de responsabilité, les relations avec les autres, le fait de faire
une différence dans le monde, d’avoir une influence et d’apprendre
de chaque situation. Le Médiateur de l’Irlande lui apporte son soutien
et sa collaboration. Les actions incluent le programme de mentorat
«Big Sister, Big Brother» (grande sœur, grand frère) et d’autres
programmes intitulés «Youth Citizens» (Jeunes citoyens), «Youth
Leaders up» (Jeunes leaders) et «Youth Entrepreneurship» (Jeunes
entrepreneurs). Elle a adopté sa propre Charte des droits. Elle
produit un vaste éventail de publications, notamment des affiches.
Foróige «travaille avec d’autres organisations, tels que le Service
irlandais de la justice pour mineurs et des programmes sur la santé
sexuelle. Les enfants sont associés à la définition des buts et
objectifs de chaque programme et participent à leur évaluation.
21. Le sénateur O’Reilly a maintenu des contacts avec Foróige
et l’a associée à deux interventions qui se sont tenues lors d’événements
du Conseil de l’Europe, sur les droits des enfants, le droit à la
sécurité en ligne et le changement climatique. Les méthodes de travail
sur les droits de l’enfant et le renforcement des connaissances
de la démocratie dans les sociétés sont décrits en détail dans le
rapport) soumis à l’Assemblée
et suivent les matériels élaborés
par l’Assemblée. Plus de 130 jeunes de 15 à 18 ans y ont participé.
Le sénateur O’Reilly a décrit son rôle au Conseil de l’Europe et
ses missions. Certains participants avaient entendu parler du Conseil
de l’Europe, mais au départ, ils ne connaissaient pas exactement
le rôle des différentes organisations européennes. Après la discussion,
ils ont relevé que la plus importante fonction du Conseil de l’Europe
était de défendre l’État de droit, la démocratie et les droits humains,
et de veiller à ce que les pays ne considèrent pas la guerre comme
une solution pour résoudre les conflits et les divergences.
22. Le groupe a mené des recherches et a examiné les droits des
jeunes, en s’appuyant sur les matériels du Conseil de l’Europe ainsi
que d’autres matériels similaires. Un sondage a été effectué sur
neuf thèmes, dont l’un d’eux serait présenté au Sénateur O’Reilly.
Le thème choisi est le droit à la protection lors de l’utilisation d’internet.
Le groupe a manifesté le souhait que l’Assemblée rationalise ce
thème dans les 47 États membres en l’inscrivant comme priorité et
associe les écoles et les groupes de jeunes au processus de consultation
. Le
groupe s’est aussi penché sur le rapport de ma collègue Mme Jennifer
De Temmerman sur le changement climatique et a élaboré sa propre
présentation incluant ses préoccupations et recommandations sur
les mesures que pourraient prendre les gouvernements. Ce travail,
présenté à la commission des questions sociales en décembre 2020
et en juin 2021, a mis en lumière la frustration des enfants concernant
le changement climatique et le manque de dialogue entre les générations.
Les participants ont traité des Objectifs de développement durable
et ont conclu que leur génération aurait une influence considérable
sur les changements futurs.
23. Les jeunes qui ont pris part aux débats ont exprimé leur satisfaction
quant à «la possibilité de participer directement à un processus
de consultation avec l’APCE». Ils ont aussi noté que le fait d’intervenir
devant un parlementaire leur avait donné l’impression de faire une
différence ou d’entamer le processus de changement et qu’il était
très important pour les jeunes de pouvoir s’impliquer et être entendus.
24. Trois membres du groupe et leur animateur produiront, avec
l’aide des consultants Cath Larkins et Zsusanna Rutai, une version
de ce rapport adaptée aux enfants.
3.3. France
25. En France, nos collègues, Mme Martine
Wonner et Mme Jennifer De Temmerman ont
travaillé avec plusieurs groupes d’enfants. L’école élémentaire
des Romains de Strasbourg Koenigshoffen a pris part à des discussions
en classe, a tenu des réunions avec Mme Wonner,
a assisté à des auditions de l’Assemblée et a préparé un rapport
écrit sur ses activités. Beaucoup de travail a été réalisé pendant
le temps scolaire, grâce à un enseignant engagé et à une administration
scolaire qui a soutenu cette initiative et qui l’a considérée comme une
véritable opportunité d’apprentissage pour les enfants et leur école.
L’association Themis a conseillé l’école et a facilité les contacts
et les échanges. Créée en 1990, Thémis est une association qui vise
à améliorer l'accès au droit pour les enfants et les jeunes. Elle
fournit des informations juridiques et un accompagnement personnalisé;
facilite et soutient l'éducation à la citoyenneté et aux droits
humains; et promeut la participation des enfants aux niveaux national
et européen
. Dans le cadre de ses activités
de sensibilisation, Themis a organisé plusieurs éditions du Forum
des enfants dans l'hémicycle du Conseil de l'Europe à Strasbourg.
Pour aider les enfants de l’école élémentaire des Romains à s’exprimer
et à participer aux travaux de la sous-commission, l’association
a assuré des interventions en classe, en s’appuyant sur des supports
adaptés.
26. Mme De Temmerman a travaillé avec
les écodélégués du lycée de l’institution Jeanne d’Arc de Colombes,
qui ont présenté leurs travaux lors d’auditions de l’Assemblée.
Ils ont suggéré que la démocratie doit être développée dans les
écoles autour de projets consacrés au développement durable. Dans
leur établissement, chaque classe compte au moins un écodélégué
qui mène des actions au sein de l’établissement et participe au
conseil de classe. Les écodélégués se réunissent toutes les trois
semaines avec l’enseignant coordonnateur pour discuter des actions
choisies. Il est possible d’inviter des parlementaires à ces débats.
Chaque année, les élèves se concentrent sur un thème différent,
comme l’énergie, l’eau ou la biodiversité. Un comité de pilotage
composé de parents et d’enseignants est mis en place pour élaborer
une stratégie sur la manière dont les objectifs spécifiques à ces
thèmes peuvent être atteints dans leur école. Certains maires participent
à ces comités. Cette année, les écodélégués ont commencé à utiliser
les médias sociaux pour partager leur travail avec leurs camarades
de classe.
27. Des contacts de travail ont également été établis avec des
membres du conseil des jeunes de la ville de Strasbourg. J’ai eu
le plaisir de les rencontrer en ligne et de discuter de leur travail,
ainsi que des défis auxquels ils sont confrontés dans le contexte
de la pandémie. Ils ont participé à une audition et fourni des contributions écrites
sur ce rapport (ainsi que sur le rapport “L’inaction face au changement
climatique: une violation des droits de l’enfant”
), y compris les propositions suivantes:
permettre aux jeunes de siéger à l’Assemblée; organiser des événements
où les jeunes peuvent s’exprimer publiquement; développer des cadres
permettant le dialogue entre les jeunes et les élus (par exemple,
des espaces de participation, des réunions, des débats, des sessions,
des forums, des plateformes numériques, des enquêtes). Si certaines
de ces propositions nécessitent des financements et des ressources
supplémentaires, et pouvaient ne pas être réalisables, du moins
à court terme, d’autres peuvent certainement être intégrées dans
le travail de l’Assemblée, de manière progressive et à petite échelle.
Les conseillers des jeunes ont effectué la majeure partie de ce
travail pendant leur temps libre. Au collège et au lycée, ils ont
été dispensés de cours à l’occasion de l’audition de l’Assemblée.
28. Les jeunes de la ville de Strasbourg ont notamment fait valoir,
de manière très pertinente, que le climat social se dégradait de
manière de plus en plus perceptible, engendrant un besoin accru
de protection et de sécurité des jeunes. Des textes européens (Convention
européenne des droits de l’homme, Charte sociale européenne) et
internationaux (Convention relative aux droits de l’enfant) garantissent
aux enfants et aux jeunes des droits sociaux qui devraient les prémunir
des violences et des situations nuisibles évoquées ci-dessus. Il
s’avère toutefois indispensable de consolider leur droit à la protection
et de renforcer son application pour leur garantir une vie sociale
plus apaisée et leur permettre de vivre des expériences collectives épanouissantes
et enrichissantes. «Non aux violences éducatives ordinaires! Place
aux droits des jeunes!» est une campagne d’affichage qui alerte
sur la place et le respect des droits des jeunes et qui dénonce
les situations graves dont certains jeunes sont les victimes. Ce
projet a été présenté à la Maire de Strasbourg et aux élus municipaux
en 2020
.
3.4. Auditions
29. Dans le cadre des activités
susmentionnées, des enfants d’Azerbaïdjan, de France, d’Irlande
et du Royaume-Uni, âgés de 10 à 18 ans, ont participé à des auditions
publiques en présentiel et en ligne organisées par la commission
des questions sociales entre novembre 2019 et novembre 2021. Ils
sont intervenus et ont pris part aux discussions. Ils ont exprimé
leurs sentiments, partagé leurs recherches, et formulé des recommandations
pratiques. Les enfants (de 10 à 18 ans) étaient accompagnés par
leurs enseignants ou des responsables d’ONG. Ces moments ont été
une expérience très enrichissante tant pour les enfants que pour
les parlementaires.
30. Les enfants y ayant participé ont considéré que les enfants
connaissent mieux leurs besoins et devraient participer à toute
discussion les concernant. Les enfants ont estimé que la participation
contribuait de manière importante à leur développement psychologique
et avait des répercussions positives en termes de maîtrise de soi,
responsabilité, compétences en matière de communication et capacité
à prendre en compte le point de vue d’autrui et à exprimer ses propres
opinions. Pouvoir parler de leurs problèmes et demander de l’aide
a permis aux enfants de faire baisser le niveau de stress et de
construire leur avenir sur de meilleures bases. La non-participation
a des effets négatifs, notamment des niveaux élevés d’incertitude
et d’anxiété. Les principales raisons qui expliquent la non-participation
des enfants sont le manque d’expérience et le manque d’occasions
d’exprimer leurs sentiments, leurs opinions et leurs souhaits. Les
adultes pourraient aider les enfants à se préparer dès leur plus
jeune âge à décider par eux-mêmes, en leur donnant la liberté de
choisir entre plusieurs possibilités, tout en exerçant un contrôle
et en offrant l’appui nécessaire. Ils pourraient aussi attirer l’attention
des enfants sur les conséquences possibles de leurs décisions. Enfin,
les adultes pourraient favoriser la participation des enfants à
différents niveaux, en fonction de leur âge et de leur maturité.
31. Les enfants ont trouvé que c’était une très bonne idée d’associer
les enfants aux travaux des parlements. Ils ont apporté de nombreuses
suggestions et idées pratiques, notamment la création d’une plate-forme
en ligne de débats à travers laquelle de nombreux enfants de nombreux
pays peuvent s’exprimer; l’ouverture d’une voie de communication
directe entre les enfants et les parlementaires qui visitent les
écoles, les associations et les quartiers (pas seulement par le
biais des conseils d’école); inviter des enfants élus de tous les
pays à venir contribuer à un débat à Strasbourg; la possibilité
de visiter leur parlement national et de soulever des questions
jugées importantes par les enfants; la tenue d’une Journée de la
Jeunesse; la commande de sondages d’opinion et d’enquêtes; l’organisation
de stages pour enfants; et partir d’une page blanche en mobilisant
des actions créatives. Parmi les sujets d’intérêt particulier, les
enfants ont mentionné le fonctionnement des écoles, les aménagements
de quartier, les procédures judiciaires, la santé mentale, la lutte
contre les discriminations, et le changement climatique et les droits
de l’enfant. Ils pensent que les enfants devraient choisir leurs
propres représentants et ils ont proposé de simplifier et de rendre
plus compréhensible le langage utilisé dans les consultations. Ils
pensent qu’il est important d’argumenter en faveur des mesures qui
fonctionnent et qu’il faudrait combiner différents outils de participation
et appliquer une approche graduelle.
32. Les enseignants et les représentants des ONG qui ont accompagné
les enfants lors de ces auditions ont souligné l’importance d’inclure
la participation des enfants dans les programmes scolaires, dans
la formation initiale et continue des enseignants. Ils ont demandé
la promotion d’une approche scolaire globale et de partenariats,
afin que tous les acteurs au sein de l’école et en dehors (par exemple
les parents, les autorités locales et les organisations de la société
civile) accordent de l’importance et soutiennent cette participation.
3.5. Prochaines
étapes
33. Comme mentionné précédemment,
une version du rapport adaptée aux enfants est en préparation, en étroite
collaboration avec les enfants d’Irlande, et en consultation avec
d’autres enfants. Il est proposé de diffuser une version provisoire
de ce document à l’occasion de l’adoption du rapport en janvier
2022, et de la finaliser après l’adoption. L’objectif est de partager
les informations sur le rapport et ses recommandations avec un large
public, et en particulier les enfants et les professionnels travaillant
avec eux. Nous espérons que ce rapport sera un bon exemple de la
manière dont les parlements peuvent travailler avec les enfants,
et qu’il pourra être reproduit dans les parlements nationaux et
ailleurs, le cas échéant.
34. Réussir la participation des enfants exige un effort, mais
le résultat est passionnant et épanouissant. Cette participation
peut être intégrée aux programmes et aux activités en place dans
les écoles et les ONG. Elle peut être très basique ou très ambitieuse,
en fonction des ressources disponibles. Elle nécessite un soutien
politique et un engagement individuel. Je suggère d’inscrire dans
le Règlement de l’Assemblée l’obligation de consulter les enfants
sur tous les rapports qui examinent des questions qui peuvent affecter
la vie des enfants (et pas nécessairement seulement ceux qui traitent
spécifiquement des droits des enfants), de proposer plusieurs modèles
simples, et de fournir des outils de participation pratiques et
faciles à utiliser. Les connaissances et les expériences en la matière
sont déjà nombreuses, et les matériels de soutien élaborés dans
le cadre de la préparation de ce rapport peuvent constituer un bon
point de départ.
35. L’Assemblée pourrait utilement organiser un débat sur l’abaissement
de l’âge du droit de vote. De nombreux collègues ont l’expérience
d’être impliqués dans de tels débats dans leur propre pays et il
serait utile de partager cette expérience et son impact.
4. Tour
d’horizon des pratiques existantes
36. Dans cette partie, je vais
examiner quelques autres pratiques existantes, qui illustrent les
mesures envisageables pour encourager les enfants à découvrir les
principes démocratiques et les droits humains; pour les aider à
acquérir des compétences en matière de participation, et pour les
associer efficacement aux processus décisionnels. Les contextes
de la participation des enfants incluent les parlements, les écoles,
les organisations de jeunesse, les organisations internationales,
le gouvernement local et le secteur associatif (les ONG). Je sais
que mes collègues rencontreront beaucoup d’autres exemples de bonnes
pratiques qui, je l’espère, seront utiles dans les délibérations
futures sur la manière dont le Conseil de l’Europe, cette Assemblée
et les parlements nationaux pourraient faire progresser les travaux
sur une stratégie en matière de participation des enfants comme
principe fondamental des sociétés démocratiques.
4.1. Le
Conseil de l’Europe
37. Le Conseil de l’Europe, créé
avec l’objectif de protéger et promouvoir les droits humains, la
démocratie et l’État de droit dans ses 47 États membres, considère
que la participation des enfants est d’une importance cruciale pour
la réalisation de ses objectifs. Sa Stratégie pour les droits de
l’enfant est élaborée par la Division des droits des enfants. Elle
encourage la participation des enfants tant comme un objectif stratégique
clé que comme une approche transversale qui est intégrée aux activités
normatives, de suivi et de coopération de l’Organisation. Pour soutenir
cette participation, une politique de protection des enfants est
en cours d’élaboration par le Conseil de l’Europe. Elle couvrira
des thématiques très variées, de la protection des données et des
modalités du consentement au fait de veiller à ce que les procédures
de passation de marchés n’impliquent pas le travail d’enfants. La
Division des droits des enfants met actuellement à jour la Stratégie
du Conseil de l’Europe pour les droits de l’enfant, avec l’implication
de plusieurs contributeurs, y compris des enfants, des ONG et des
parlementaires. La nouvelle stratégie doit être lancée à Rome les
7 et 8 avril 2022 sous la présidence italienne du Comité des ministres
du Conseil de l’Europe.
38. Le Conseil de l’Europe œuvre pour soutenir ses États membres
à renforcer la démocratie et les droits humains en facilitant le
développement de normes de base communes en accord avec les gouvernements (activités
normatives / standard-setting),
en mettant en place des procédures de suivi afin de vérifier si
ces normes sont respectées (activités de suivi / monitoring), et en aidant ses États
membres à travailler ensemble pour remédier aux lacunes (coopération
/ co-operation). En ce qui
concerne les droits des enfants, les contributeurs principaux sont
la Division des droits des enfants et les Services de la jeunesse
et de l’éducation, mais quasiment tous les autres secteurs de l’Organisation
sont impliqués.
4.1.1. Élaboration
de normes: convenir de règles communes
39. En 2012, les États membres
ont adopté la Recommandation sur la participation des enfants et
des jeunes de moins de 18 ans
, qui prévoit des lignes directrices
pratiques sur les droits des enfants et des jeunes d’être entendus
dans tous les contextes. En 2012 également, les États membres ont
adopté la Recommandation sur la Charte du Conseil de l’Europe sur
l’éducation à la citoyenneté démocratique et l’éducation aux droits
humains, s’engageant ainsi à promouvoir la gouvernance démocratique
dans tous les établissements pédagogiques, «à la fois comme une
méthode à part entière de gouvernance souhaitable et bénéfique et
comme un moyen pratique d’apprendre et d’expérimenter la démocratie
et le respect des droits humains». Ces recommandations témoignent
du consensus politique sur la participation des enfants et fournissent
une base utile pour l’élaboration d’une législation nationale. Elles
sous-tendent aussi les activités de coopération qui réunissent les
hauts fonctionnaires, les professionnels et les représentants de
la société civile des 47 États membres.
40. En 1995, le Conseil de l’Europe a introduit un système de
cogestion novateur dans le secteur de la jeunesse. Dans le cadre
de ce système, les représentants des pouvoirs publics responsables
des questions de jeunesse et les jeunes Européens participent sur
un pied d’égalité et échangent des idées et des expériences. Cette
coopération établit un esprit de compréhension et de respect réciproques
et confère une légitimité aux décisions prises, permettant leur
mise en œuvre effective
. L’un des principaux objectifs de
ce système est d’introduire une perspective de jeunesse aux travaux
du Conseil de l’Europe, et ses délibérations aboutissent souvent
à l’adoption de résolutions, recommandations et traités, comme la
«Charte européenne révisée de la participation des jeunes à la vie
locale et régionale»
. Récemment, une proposition de résolution a
été déposée auprès de l’Assemblée pour la création d’un statut de
partenaire de jeunesse auprès de l’Assemblée
. Le Congrès des pouvoirs locaux
et régionaux met en œuvre un programme de délégués jeunes, dans
le cadre duquel un délégué jeune par État membre, sélectionné à
l’issue d’un appel à candidatures ouvert, participe aux sessions
du Congrès pendant un an, développe des projets et donne son point
de vue au Congrès sur différentes questions
.
4.1.2. Suivi
et évaluation: mesurer les progrès
41. Des efforts ont été entrepris
pour inclure les enfants aux activités de suivi, dans l’objectif
d’évaluer la mesure dans laquelle les pays respectent les engagements
qu’ils ont souscrits en toute liberté au titre de plusieurs traités.
La Convention du Conseil de l’Europe sur la protection des enfants
contre l’exploitation et les abus sexuels (STCE n° 201, Convention
de Lanzarote) exige l’incrimination des infractions sexuelles contre des
enfants. Les pays qui ont ratifié la Convention (Parties à la Convention)
s’engagent à prévenir la violence sexuelle, à protéger les enfants
victimes et à poursuivre les auteurs. Le Comité des Parties à la
Convention (le Comité de Lanzarote) s’assure que les Parties mettent
effectivement en œuvre la Convention. Elle sollicite l’avis de la
société civile et demande aux Parties d’encourager «la participation
des enfants, selon leur stade de développement, à l’élaboration
et à la mise en œuvre des politiques et des programmes publics ou
autres portant sur la lutte contre l’exploitation et les abus sexuels
concernant des enfants» (article 9, paragraphe 1). Des lignes directrices
sur la mise en œuvre de la participation des enfants ont été élaborées
pour soutenir le 2ème cycle de suivi thématique sur «la protection
des enfants contre l’exploitation et les abus sexuels facilités par
les technologies de l’information et de la communication (TIC)».
42. Le rôle du Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de
l’Europe est de promouvoir le respect effectif des droits humains,
d’identifier les lacunes éventuelles de la législation et de la
pratique, et d’aider les États membres à mettre en œuvre les normes
de protection des droits humains. La Commissaire Dunja Mijatović
accorde une très grande importance à la participation des enfants
et a récemment rappelé que quelques rares gouvernements «se sont
efforcés de manière systématique d’institutionnaliser des mécanismes
à différents niveaux pour favoriser la participation active et effective
des enfants à toutes les décisions qui les touchent. Mais dans beaucoup
de pays, les enfants rencontrent encore des difficultés pour accéder
à l’information relative à leurs droits et aux politiques nationales
les concernant
».
43. Les enfants jouent un rôle actif dans les événements marquants
sur l’évaluation, comme la Conférence intitulée «Préparer l’Europe
de demain: renforcer les droits de l’enfant», qui a été organisée
en 2019 afin d’évaluer les avancées liées à la Stratégie pour les
droits de l’enfant
à mi-parcours. De même, la conférence «Apprendre
à vivre ensemble», qui a eu lieu en 2017, visait à examiner la mise
en œuvre de la Charte sur l’éducation à la citoyenneté démocratique
et aux droits humains.
44. L’Outil d’évaluation de la participation des enfants fournit
des indicateurs permettant d’évaluer les progrès réalisés dans la
mise en œuvre de la Recommandation sur la participation des enfants
et des jeunes de moins de 18 ans. L’outil s’accompagne d’un Guide
de mise en œuvre avec une feuille de route et des conseils détaillés
sur la récolte d’informations et les groupes de discussion, à partir
des résultats obtenus dans la procédure de présentation devant le
Comité des droits de l’enfant des Nations Unies. Il a été mis en
œuvre en Bulgarie, en Estonie, en Irlande, en Italie, en Lettonie
et en Roumanie.
4.1.3. Coopération:
travailler ensemble pour améliorer la situation
45. En avril 2021, le Conseil de
l’Europe et ses partenaires de la République tchèque, de la Finlande,
de l’Islande, du Portugal et de la Slovénie, ont lancé le projet
conjoint Union européenne-Conseil de l’Europe «CP4EUROPE – Renforcer
les cadres et actions nationaux de participation des enfants en
Europe» qu’ils mettront en œuvre jusqu’au 31 mars 2023. Les résultats
attendus comprennent des évaluations de la participation des enfants
et l’amélioration des cadres nationaux, ainsi que la création d’un
réseau de leadership en matière de participation des enfants, et
une nouvelle page web pour faciliter le partage de ressources et d’expériences.
46. Pour la réussite de la participation des enfants, les adultes
qui travaillent avec eux doivent être bien préparés et formés. Le
Conseil de l’Europe développe des matériels concrets basés sur les
pratiques existantes et les enseignements tirés. Parmi les derniers
exemples en date, on peut citer la publication de “
New and innovative
forms of youth participation in decision-making
processes” (Les nouvelles formes innovantes de participation
des jeunes aux processus décisionnels)
et celle du Manuel sur la participation
des enfants «Écouter – Agir – Changer», toutes deux destinées aux
professionnels qui travaillent avec des enfants
.
La formation en ligne HELP sur une justice adaptée aux enfants et
les droits des enfants encourage la participation des enfants au
sein du système judiciaire
.
47. La campagne «4Children-by-Children»
[Pour les enfants, par les enfants] et le matériel pédagogique associé
font partie de l’initiative DOSTA! visant
à aider les enfants à faire face aux préjugés et à combattre les stéréotypes
sur les Roms. Soixante-dix enfants âgés de 12 à 15 ans, originaires
d’Albanie, d’Espagne et de Hongrie, ont pris part à des activités
de réflexion spécialement conçues à l’issue d’un processus de consultation
des enfants et ont contribué à l’élaboration de matériel adapté
aux enfants.
48. La participation des enfants est aussi encouragée par le Prix
de l’Europe, créé en 1955 par l’Assemblée pour récompenser les villes
qui défendent les idéaux européens, par le biais de jumelages, de
manifestations européennes ou d’échanges entre des établissements
d’enseignement. Les villes doivent tout d’abord présenter leur candidature
pour le Diplôme européen, puis le Drapeau d’honneur, et enfin la
Plaquette d’honneur. La sous-commission du Prix de l’Europe, dont
je fais partie, se prononce sur chaque catégorie tous les ans. En
2021, un nouveau trophée du Prix de l’Europe a remplacé le trophée
original. Il a été conçu par une équipe de jeunes graphistes de
Strate-École de design en France. C’est la ville de Khmelnitski,
en Ukraine, qui a remporté le trophée en 2021. Je suis toujours
ravie de constater, lorsque nous examinons les candidatures, l’importance
qui est accordée à la participation des enfants et des jeunes. Cette
année, par exemple, j’ai visité (virtuellement) la ville de Meudon
(près de Paris) pour présenter la Plaquette d’honneur. Meudon associe
les enfants à la vie de la ville de façon remarquable. La ville
gère des Clubs Europe afin de sensibiliser les jeunes aux questions
européennes, organise des visites dans les institutions européennes
pour les jeunes des centres de jeunesse de la ville et pour les
jeunes élus du conseil municipal des jeunes, et associe les enfants
aux commémorations de la Seconde Guerre mondiale. Outre cette compétition
officielle, nombre de parlementaires sont au fait des nombreuses
activités mises en place dans leurs villes locales qui permettent
aux enfants de prendre part aux services locaux et aux conseillers
locaux d’encourager la participation des enfants.
4.2. Les
autres institutions internationales
49. L’Union européenne a affirmé
clairement son engagement en faveur de la participation des enfants, notamment
dans la Charte des droits fondamentaux (article 24), la Stratégie
de l’Union européenne sur les droits de l’enfant, et le Programme
de l’Union européenne en matière de droits de l’enfant. Comme mentionné précédemment,
en 2021, la Commission européenne a publié une «Etude sur la participation
des enfants à la vie politique et démocratique»
. L’étude couvre un large éventail
de mécanismes mis en œuvre depuis 2012 dans 28 pays. Au cours de
cette recherche, plus de 200 enfants et jeunes ont partagé leurs
expériences. Grâce à de grandes organisations de défense des droits
de l’enfant, la Commission a reçu en ligne plus de 10 000 observations
d’enfants concernant la nouvelle stratégie de l’Union européenne
sur les droits de l’enfant. La Commission publie en outre des versions
adaptées aux enfants du rapport et de la Stratégie. Le Forum européen
sur les droits de l’enfant est une conférence annuelle, qui rassemble
les principaux acteurs, organisations internationales, ONG, médiateurs
pour les enfants, praticiens, universitaires, et institutions de l’Union
européenne afin de promouvoir les bonnes pratiques.
50. Au sein du Parlement européen, les
Parlamentarium de
Bruxelles et Strasbourg proposent un jeu de rôle aux jeunes de 14
ans et plus. Entre 16 et 32 joueurs peuvent y participer dans un
espace réservé dans le cadre d’une exposition permanente. Le jeu
de rôle dure environ 2h30 et doit être réservé près de 4 mois à l’avance.
Les jeunes jouent le rôle de députés européens de quatre groupes
politiques qui discutent de deux cas fictifs, le but étant de simuler
le processus législatif. Le processus est totalement automatisé,
et les participants utilisent des téléphones portables pour s’orienter
dans le jeu
.
51. Créé en 1987, le Parlement européen des jeunes (PEJ) est un
programme éducatif entre pairs mis en œuvre dans 40 pays de toute
l’Europe. Sa mission est d’inspirer les jeunes Européens et de leur
donner les moyens de devenir des citoyens ouverts, tolérants et
actifs. Il s’appuie sur un réseau d’organisations de commissions
nationales à travers l’Europe et offre aux jeunes un espace où ils
peuvent exprimer leurs points de vue sur des sujets très divers.
La plupart des participants sont âgés de 16 à 25 ans. De manière
générale, le Parlement européen des jeunes organise chaque année
plus de 500 événements au niveau local, national et international,
qui rassemblent plus de 30 000 jeunes.
52. Les enfants contribuent aux procédures de rapports dans le
cadre des mécanismes des Nations Unies, et notamment la Convention
des Nations Unies relative aux droits de l’enfant, l’Examen périodique
universel et le Programme de développement durable à l’horizon 2030
du d et les objectifs de développement durable. Le Comité des droits
de l’enfant des Nations Unies a intégré la participation des enfants
à ses travaux de bien d’autres manières. Les enfants participent
à l’élaboration, à la planification et à l’organisation des Journées
de discussion générale
. Le Comité consulte les enfants
pendant le processus d’élaboration de ses observations générales.
Il associe les enfants à différents événements, et notamment les
anniversaires de la Convention relative aux droits de l’enfant.
4.3. Les
parlements: l’expérience de la démocratie
53. Plusieurs parlements du monde
entier sont engagés dans des initiatives et des programmes qui associent
les enfants. La publication «
Parliaments
promoting Democracy» (Les parlements au service de la démocratie)
montre comment une cinquantaine
de pays dans le monde assurent la promotion de la démocratie, en
particulier auprès des jeunes. Elle fait suite à une enquête réalisée
par le Parlement autrichien à la veille de la 5ème Conférence mondiale
des présidents de parlement en août 2020, qu’il a organisée virtuellement
avec l’Union Interparlementaire (UIP) et les Nations Unies. Un Guide
de participation des enfants aux travaux du parlement publié en
2014 par l’Union interparlementaire et l’UNICEF a pour but «d’apporter
aux parlementaires des informations sur une grande variété de mécanismes
capables de garantir que la participation des enfants aux travaux
parlementaires soit constructive, reflète les opinions des plus marginalisés
et contribue à l’élaboration des politiques, lois et budgets afin
de réduire les disparités et les inégalités dont souffrent les enfants
du monde
». L’étude récemment publiée «Study
on child participation in EU political and democratic life»
[Étude sur la participation des
enfants à la vie politique et démocratique de l’Union européenne]
présente un aperçu des parlements nationaux d’enfants et de jeunes.
Je ne propose ci-après qu’un instantané des différentes approches,
mais de plus amples informations sont disponibles sur les sites
internet des programmes concernés ou en prenant contact avec eux.
4.3.1. Activités
de sensibilisation: exemples de l’apprentissage des droits et de
la démocratie
54. Au Royaume-Uni, le parlement
met en œuvre un programme d’engagement et s’est doté d’un service de
l’éducation
. Des visites du parlement sont organisées
pour le public et des ressources pour les enfants tels que des brochures,
des vidéos et des affiches sont envoyées sur demande. Il existe
des ressources spécifiques en fonction de l’âge des enfants. Les
ateliers destinés aux écoles sont menés par le personnel du service
de l’éducation qui s’appuie sur des méthodes participatives, et
notamment les discussions de groupe, les jeux de rôle et autres
jeux, selon l’âge, afin d’aider les enfants à comprendre le fonctionnement
du gouvernement et ce qu’ils peuvent faire pour y contribuer. Dans
le cadre des activités de sensibilisation, les parlementaires et
les pairs se rendent dans les écoles ou d’autres lieux fréquentés
par les jeunes pour présenter les actions du Parlement et leur rôle
au sein de celui-ci. Les parlementaires ont aussi des liens avec les
structures gouvernementales locales et peuvent présenter cet aspect
de la démocratie aux enfants. Dans le cadre du programme “
Learning with the Lords” (Apprendre
avec les Lords)
, les pairs se rendent dans les écoles
et invitent les écoles au parlement. Récemment, le Président de
la Chambre des Lords m’a demandé de créer un petit groupe de pairs,
d’enfants et de conseillers, participant à ce programme en vue d’examiner quelles
structures parlementaires travaillent avec les enfants et les jeunes
et de quelle manière précisément, et de lui en rendre compte. Des
recommandations en vue d’un développement ultérieur seront incluses.
Nous espérons faire rapport en mars prochain.
55. Le Parlement autrichien prévoit un programme éducatif
, qui inclut un atelier sur la démocratie
, consistant en plusieurs ateliers
pour les élèves de la 3ème à la 9ème année. Ces ateliers participatifs présentent
les fondements de la démocratie et de la vie parlementaire, et notamment
le rôle des institutions européennes. J’ai eu le plaisir, alors
que j’étais en Autriche pour une réunion de l’Assemblée, d’assister
à l’un de ces ateliers et d’être conviée à une discussion à l’issue
de l’atelier. Les élèves se sont montrés curieux et informés sur
l’Europe. Ils ont posé des questions et répondu avec confiance.
Le parlement gère aussi un Parlement des jeunes et un Forum des
apprentis. Au sein du Parlement des jeunes, les participants tiennent des
discussions de groupe, font valoir leurs points de vue, et votent
sur des questions d’actualité. Les procédures sont filmées et un
journal couvre ces activités. Au sein du Forum des apprentis, les
participants apprennent la démocratie et sa signification pour chacun
d’entre eux, le rôle du parlement et comment les citoyens peuvent
influencer le processus démocratique. Le Service de l’éducation
civique organise ces ateliers et travaille en liaison avec le ministère
de l’Éducation sur la participation des écoles.
56. Tous les deux ans, le Danemark tient des «élections scolaires»
pendant trois semaines, au cours desquelles les 13-16 ans simulent
la totalité d’une véritable élection parlementaire (de l’annonce
de l’élection jusqu’à la diffusion des résultats du vote à la télévision).
Le programme vise à renforcer la confiance des élèves dans la participation
au processus politique et à approfondir leur compréhension du fonctionnement
des élections. Les résultats des élections suscitent un intérêt
considérable dans la presse danoise.
57. Le Jeu de la démocratie est un programme de jeu de rôle sur
une journée entière destiné aux élèves de l’enseignement secondaire
en Hongrie. Il présente le processus législatif à travers l’exemple
d’un projet de loi fictif. Quatre groupes participent en même temps,
représentant plusieurs partis avec des valeurs différentes. Les
profils des partis accompagnés du projet de loi fictif leur sont
envoyés plusieurs semaines avant l’événement. La période de préparation
leur permet d’élaborer des amendements et de se familiariser avec
les propositions d’amendements des autres partis. Le jour J, les
participants participent à des séances plénières, des réunions de
commissions et des réunions de groupes parlementaires, pour finir
avec le vote final. À la fin de la journée, ils tiennent une conférence
de presse. La spécificité du programme est que la coalition n’a
pas la majorité au parlement, de sorte que tous les groupes de partis
doivent coopérer s’ils veulent réussir.
4.3.2. Participer
à la démocratie: consultation pour évoluer
58. Finalement, le but de la participation
des enfants est de garantir que leurs avis sont pris en compte quand
il s’agit de prendre des décisions impactant leurs vies, y compris
par les parlements. Un exemple de comment cela peut se faire est
le projet visant à soutenir la réalisation du modèle Barnhaus (Maison des enfants) en
Slovénie, mis en place par la Division des droits des enfants du
Conseil de l’Europe en 2019-2021 pour aider les victimes et les
témoins de violence sexuelle sur des enfants. En 2020, le ministère
de la Justice a tenu des consultations publiques sur le projet de
loi à laquelle 104 enfants ont participé. Ces consultations ont
été menées conformément aux normes du Conseil de l’Europe et à d’autres
normes internationales. Elles ont abouti en 2021 à l’adoption par
l’Assemblée nationale slovène de la Loi sur la protection des enfants
(«Loi Barnhaus»). Les enfants
ont évalué positivement ce processus. Ils ont apprécié que leurs
points de vue soient pris en compte et ont exprimé le souhait de
prendre part à des activités similaires dans le futur.
59. Certains parlements, comme ceux de l’Allemagne et de la Turquie,
ont mis en place des commissions sur les droits de l’enfant qui
examinent toutes les lois et politiques, ainsi que le budget national,
du point de vue des droits de l’enfant. Ces commissions peuvent
non seulement inviter des enfants à participer à leurs procédures
et à intervenir, mais aussi créer des mécanismes de participation
continue.
60. Au Royaume-Uni, les All Party Parliamentary
Groups (groupes parlementaires comprenant des membres
venant de tous les partis politiques siégeant à la Chambre des communes
et la Chambre des Lords) invitent souvent des experts dans un domaine
particulier afin d’accroître leurs connaissances. Plusieurs de ces groupes
travaillent sur des questions en rapport avec les droits et le bien-être
des enfants. Des ministres sont aussi souvent invités à s’adresser
à ces groupes. Des enfants prennent la parole et assistent à des
réunions où leurs intérêts sont en jeu. Cette implication d’enfants
peut avoir un impact sur les points de vue des ministres et des
membres de ces groupes. Il arrive souvent que l’on demande des consultations
de suivi aux enfants après ces réunions. La commission d’enquête
parlementaire mixte sur les droits humains (select
Parliamentary Joint Committee on Human Rights) sollicite
l’avis des enfants, le cas échéant.
4.4. Le
secteur associatif
61. Le secteur associatif et ses
ONG revêtent une importance unique en matière d’accompagnement des enfants.
Il existe un grand nombre d’organisations internationales de défense
des droits de l’enfant (tels que Save the Children, le Réseau international
des droits de l’enfant (CRIN), Defence for Children International (DCI)
et Child Rights Connect), et chaque pays a ses propres ONG spécialisées
dans les questions liées à l’enfance qui coopèrent le cas échéant
(par exemple la sécurité en ligne). Le Centre pour la promotion
des droits de l’Homme de Genève dispose d’une section sur les droits
humains avec laquelle le Conseil de l’Europe a travaillé spécifiquement
sur la question de la protection des enfants et des jeunes dans
le sport. Les ONG disposent d’informations de base sur les enfants
dans tous les contextes et peuvent informer directement les parlementaires,
via des réunions. Au Royaume-Uni, elles apportent une aide précieuse
au Groupe parlementaire multipartite sur les enfants et d’autres
sujets. Toutes les ONG que je connais comptent des enfants dans
leurs organes directeurs ou créent des groupes consultatifs séparés,
comme c’est le cas du Commissaire à l’enfance. Certaines proposent
des services, comme des formations professionnelles. Save the Children
a élaboré une trousse à outils du suivi et de l’évaluation de la
participation des enfants
. Elle fournit un cadre conceptuel,
des conseils sur la manière de procéder au suivi et à l’évaluation,
ainsi que des outils pratiques, pour les organisations qui travaillent
directement avec des enfants, les organisations dirigées par des
enfants ou des jeunes, et les gouvernements qui s’engagent à respecter
leurs obligations en matière de respect du droit de l’enfant de
participer.
62. Eurochild est un réseau d’organisations et d’individus qui
travaillent avec et pour les enfants en Europe. Ses membres à travers
l’Europe s’engagent à promouvoir la participation des enfants. Eurochild
travaille en coopération étroite avec l’Union européenne et le Conseil
de l’Europe. Le réseau dispose d’un Conseil des enfants, de Forums
nationaux et d’un groupe de référence sur la participation des enfants.
Il a produit une ressource élaborée avec les enfants et pour les
enfants qui explique la Recommandation de la Commission européenne
intitulée «Investir sur l’enfance». Il organise des webinaires et
soutient la participation des enfants dans les enceintes concernées,
comme l’événement de haut niveau organisé par le Parlement européen
à Bruxelles pour le 30e anniversaire de la Convention des Nations
Unies relative aux droits de l’enfant
. Eurochild produit des notes d’information,
des documents de travail et des rapports sur des questions qui affectent
la vie des enfants. L’adhésion est ouverte à toutes les organisations
et à tous les individus qui s’intéressent aux droits et au bien-être
des enfants et des jeunes.
4.5. Les
établissements scolaires et le secteur de la jeunesse
63. Beaucoup d’établissements scolaires
contribuent activement à la promotion de la participation des enfants.
On peut citer par exemple le Programme des Écoles respectueuses
des droits géré par l’UNICEF-Royaume-Uni. D’autres comités nationaux
de l’UNICEF œuvrent activement aussi en la matière, notamment ceux
de l’Islande, de l’Irlande, des Pays-Bas et de la France. Plus de
5 000 écoles de tout le Royaume-Uni interviennent actuellement auprès
de 1,7 million d’enfants et de jeunes. Parmi elles figurent des
écoles d’enseignements primaire et secondaire, des établissements
pour enfants ayant des besoins particuliers et des services d’orientation
des élèves (pour les enfants en rupture). L’objectif est de travailler
avec les écoles pour créer des lieux d’apprentissage sûrs et stimulants,
où les droits des enfants sont respectés, leurs talents encouragés
et où ils peuvent s’épanouir. Le programme vise quatre domaines
clés pour les enfants: le bien-être, la participation, les relations
et l’estime de soi. L’idée de base est que les enfants qui comprennent
leurs droits comprennent comment ils devraient être traités; leur
estime d’eux-mêmes s’en trouve renforcée.
64. Un important site internet soutient le programme, avec des
conseils et des études de cas. Il prévoit un programme de formation
pour les enseignants qui partagent ensuite leurs connaissances avec
leurs collègues. La responsable du programme au Royaume-Uni, Frances
Bentley, a suggéré dans un entretien que les établissements doivent
s’approprier le programme. Ils ne se contentent pas seulement d’utiliser
les matériels de l’UNICEF, mais les adaptent pour créer leurs propres
supports. Il est important que le chef d’établissement et les responsables
qui soutiennent le programme adoptent une approche scolaire globale
pour autonomiser le personnel et les élèves. Le programme est lié
à d’autres initiatives mises en place dans les écoles par le gouvernement,
les pouvoirs locaux et le secteur associatif. Une école peut présenter
sa candidature pour les prix des Écoles respectueuses des droits
(d’abord le bronze, puis l’argent et enfin l’or). Un certain nombre d’élèves
de l’école qui ont poursuivi leurs études supérieures ont élaboré
leur propre version du programme. Il est applicable dans d’autres
contextes que l’école, par exemple dans les madrasas (écoles
religieuses, qui sont rattachées aux mosquées). La directrice adjointe
qui est responsable du programme à Burntwood travaille aussi avec
un groupe LGBT en dehors de l’école.
65. Les répercussions du programme sur les élèves, les enseignants
et les établissements dans leur ensemble ont été largement évaluées.
Entre 2017 et 2019, l’UNICEF a collecté des éléments factuels auprès de
190 000 élèves et 20 000 membres du personnel. Cette enquête a observé
que les enfants connaissaient leurs droits, pouvaient les exercer,
se sentaient valorisés et reconnaissaient les droits d’autrui. Les observations
des directeurs d’établissements et du personnel sur le programme
étaient largement positives
. En 2020, les commissions pour l’égalité
et les droits de l’homme ont publié un rapport sur dix écoles qui participent
au programme. Ce rapport a montré les effets sur les résultats scolaires,
la fréquentation et une réduction du racisme et des autres attitudes
fondées sur les préjugés
.
66. Je peux personnellement témoigner de la réussite de ce programme.
Il y a quelques années, je faisais partie du conseil d’administration
d’une école primaire dans le sud de Londres. C’était un établissement
difficile avec plusieurs familles sans domicile et un nombre élevé
de repas servis gratuitement à la cantine (indicateur de pauvreté).
Ses élèves parlaient plus de 40 langues différentes à la maison
et beaucoup d’enfants ne parlaient pas anglais au début de leur
scolarisation. La qualité de l’enseignement et les normes comportementales
étaient faibles. Elle avait été classée par l’inspection comme école
«ayant des besoins particuliers». Le conseil d’administration a
nommé une nouvelle directrice qui avait travaillé dans des Écoles respectueuses
des droits. Elle a immédiatement mis en place le programme. Le personnel
a été formé, l’apparence de l’école a changé avec des fresques et
d’autres travaux des élèves affichés dans les locaux, chaque classe
a défini un ensemble de règles de vie en classe, un Conseil des
élèves a été créé. Une salle pour les parents et un jardin ont été
mis à disposition dans l’école. Des animaux domestiques vivaient
dans les salles de classe à l’école et les enfants ont été chargés
de s’en occuper. De nouvelles méthodes d’enseignement ont été adoptées.
L’absentéisme a baissé et les comportements se sont améliorés, les résultats
scolaires ont augmenté et davantage de parents se sont impliqués
et ont apporté leur soutien. En deux ans, l’école a été jugée, par
les inspecteurs, comme excellente.
4.6. Collectivités
locales
67. En Turquie, au niveau local,
dans plusieurs municipalités, il existe des «conseils d’enfants
– municipalités d’enfants», et plusieurs sont en cours de création.
Les règles d’élection/sélection diffèrent selon les municipalités,
tout comme leurs activités et leur participation effective aux processus
de décision locaux. Ces conseils sont soit sous l’égide des conseils
municipaux, soit sous celle des gouvernements locaux. La plupart
de ces conseils tiennent des réunions et prennent des décisions
en interne; seuls quelques-uns d’entre eux ont une relation institutionnellement
contraignante/effective avec les autorités dirigeantes et les processus décisionnels
locaux. La municipalité métropolitaine d’İzmir est en train d’institutionnaliser
cet effort, dans le but de créer des exemples de véritable participation
démocratique des enfants. Dans les petites municipalités – comme
la municipalité de Kadıköy à Istanbul, et la municipalité de Şavşat
à Artvin – l’interaction entre le conseil des enfants et la municipalité
est souvent directement liée au processus décisionnel.
5. Conclusions
68. Le Conseil de l’Europe, par
le biais de ses divisions, comités et commissions, a produit un
travail considérable et remarquable sur le bien-être, la protection
et l’autonomisation de l’enfant. Bon nombre de personnes parmi le
personnel et les parlementaires sont très investies et particulièrement
compétentes. D’après moi, il nous serait utile d’élaborer ensemble
des initiatives; cela nous permettrait d’avoir une vision de nos
activités en matière de participation des enfants, de la manière
dont elles sont reçues et des mesures à prendre pour développer
les progrès obtenus. Je suggère de réunir un groupe d’experts composé
de parlementaires, d’un membre du Comité Directeur pour les droits
de l’enfant, d’un membre du Comité de Lanzarote, d’un représentant
de la Division des droits des enfants, des Services de la jeunesse
et de l’éducation, d’Eurochild, d’un nombre convenu d’enfants et
d’un expert indépendant de la participation des enfants. Ce groupe
d’experts aura pour mandat de réunir des informations (en particulier,
des exemples de l’influence des enfants sur les lois et les politiques)
et de proposer des mesures à mettre en œuvre. Le groupe d’experts
pourrait être présidé par le Président de l’Assemblée parlementaire
ou sa Secrétaire générale.
69. Au cours de la préparation de mon dernier rapport («L’impact
de la pandémie de covid-19 sur les droits des enfants»
), j’ai été impressionnée par la
volonté des représentants de la Commission européenne et du Parlement
européen de travailler en coopération sur les sujets en question.
En octobre 2021, j’ai eu une nouvelle occasion de discuter de la
question de la participation des enfants avec Mme Ewa
Kopacz, coordinatrice du Parlement européen pour les droits de l’enfant.
Des échanges utiles ont également eu lieu avec M. Colin Scicluna,
chef de cabinet de la Commissaire européenne Dubravka Šuica et M. Emilio
Puccio, coordinateur de l’intergroupe du Parlement européen sur
les droits de l’enfant. En outre, lors d’une conférence internationale
de haut niveau qui s’est tenue le 21 octobre de cette année
, des experts, dont des enfants,
ont fait part de leurs expériences en matière de participation des
enfants. J’ai eu le plaisir d’être invitée à présider une discussion
avec trois enfants du Portugal et de Slovénie. Les enfants ont largement
participé aux sessions. Valeria Setti, coordinatrice de la Commission
européenne pour les droits de l’enfant, a réaffirmé l’engagement de
la Commission à développer et à soutenir la participation des enfants
en Europe, avec un certain nombre d’initiatives en cours et prévues.
La mobilisation actuelle des institutions de l’Union européenne
pour promouvoir la participation en général, et la participation
des enfants, est louable. Je suis convaincu que l’union des forces
en matière de participation des enfants pourrait être productive
et efficace. Il appartiendra évidemment à ces trois organisations
de décider des modalités de fonctionnement d’un tel projet.
70. Ce rapport indique, tout comme les personnes avec qui j’ai
travaillé lors de son élaboration, que les points de vue et les
idées des enfants doivent être pris en compte dans tous les contextes,
et notamment dans la conception et l’évaluation des politiques dans
les institutions démocratiques. La participation des enfants devrait
s’inscrire dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques
dans les domaines comme la santé, l’éducation, les migrations, la
famille et les questions communautaires. Les enfants se sont à maintes
reprises montrés capables de participer à la prise de décisions.
Comme l’a déclaré un enfant de 9 ans, «Nous, les enfants, sommes
plus légitimes et dignes de confiance que ne le reconnaît la société.
Donnez-nous la possibilité de participer
.»
71. La pandémie a été une période difficile pour nous toutes et
tous. Les enfants en ont souffert de manière disproportionnée. Dans
le même temps, elle a probablement permis à chacun, individu comme
groupe, de faire le bilan sur son identité, ses objectifs, comment
aider autrui, ainsi que sur les avantages et les risques de la participation
en ligne. De nombreuses communautés ont vu le jour au niveau local
pendant les restrictions liées à la pandémie. Il pourrait être stimulant
et utile de repenser les possibilités de participation des enfants
aux sociétés démocratiques. Je pense que le moment est venu pour
nous d’évaluer ce que nous avons réalisé et ce que nous pourrions
encore faire.
72. Certes, le principe de la participation des enfants est largement
reconnu, mais les enfants ne sont souvent consultés que pour la
forme; le processus n’entraîne donc pas de vrai changement dans
leur vie. La principale conclusion qui est ressortie de mes discussions
avec différents partenaires est que la participation des enfants
doit être constructive et durable. Elle doit pour cela être soigneusement
conçue, dotée de ressources suffisantes, et intégrée dans les structures
et méthodes de travail existantes.
73. Un domaine clé sur lequel nombre de mes interlocuteurs ont
insisté est le renforcement des capacités de participation des enfants.
Il est important d’inclure la participation des enfants dans les
programmes d’éducation et de formation de tous les professionnels
s’occupant d’enfants, ainsi que d’envisager des formations pour
les parlementaires et les fonctionnaires. Les organisations européennes
pourraient peut-être se mettre d’accord sur un modèle de «formation
des formateurs», dans lequel une expertise est accumulée dans une
localité particulière et ces experts forment d’autres personnes
dans les écoles, les clubs de jeunes et dans d’autres lieux pertinents.
Il s’agit d’un moyen efficace et économique de travailler et de
développer l’esprit communautaire. L’Assemblée a l’avantage d’avoir
des parlementaires dans des circonscriptions de toute l’Europe.
Nombre d’entre eux se sont déjà révélés être de bons ambassadeurs
du travail sur la participation des enfants et pourraient inspirer
et soutenir les initiatives locales, par exemple en encourageant les
visites aux organisations européennes de Strasbourg et de Bruxelles
(compte tenu des conditions financières) ainsi qu’aux organisations
politiques et syndicales locales. Des conseils et des orientations existent
déjà, comme je le reflète dans ce rapport. Le modèle du programme
«Rights Respecting School»
et son «modèle en cascade» ont fait leurs preuves, tout comme d’autres
initiatives. Ils servent à ancrer la formation et le développement
des ressources au niveau local et sont donc appropriés par les enfants
et les animateurs locaux.
74. Mettre en place une participation qui compte exige plus que
le simple fait de parler avec l’enfant. Beaucoup d’enseignants et
d’animateurs jeunesse sont désormais familiarisés avec les méthodes d’enseignement
qui donnent la parole aux enfants, comme le travail en groupe et
les jeux de rôle. D’autres ne sont peut-être pas confiants quant
aux résultats de leur participation à ce travail participatif. Mais
un modèle tel que je l’ai décrit peut apporter une aide pratique,
tout comme une formation bienveillante dont il existe un certain
nombre d’excellents modèles, que j’ai mentionnés.
75. Il faut sérieusement s’efforcer d’atteindre des enfants de
différents milieux, notamment issus de groupes vulnérables. Comme
je l’ai dit précédemment, je m’inquiète particulièrement pour les
enfants qui sont vulnérables et défavorisés ou qui souffrent de
préjugés (les enfants vivant dans la pauvreté, les enfants handicapés,
les enfants issus de minorités, les enfants migrants ou réfugiés,
les enfants qui s’identifient comme LGBTI+). Il peut arriver que
ces enfants ne participent pas aux activités comme les débats, les parlements
des jeunes et les conseils scolaires, souvent parce qu’ils manquent
de confiance ou sont simplement ignorés. Nous devons en être conscients
et faire en sorte que tous les enfants aient les mêmes chances.
Il m’a également été mentionné que les enfants vivant dans les zones
rurales ne sont parfois pas inclus dans les plans visant à renforcer
la participation.
76. Les retours des enfants montrent qu’ils se sentent plus responsabilisés
lorsqu’ils sont associés à toute la procédure et lorsqu’ils ont
la possibilité de rencontrer d’autres enfants. Ils se sentent écoutés
et s’engagent souvent par la suite pour la défense des droits humains.
Les espaces et les procédures menés par les adultes sont souvent
décourageants.
77. Je suis convaincue que les parlementaires peuvent jouer un
rôle essentiel et constituer une force positive, en encourageant
les enfants à participer et à contribuer à une approche organisationnelle
dans le contexte des sociétés démocratiques, ainsi qu’en connaissant
leurs droits. La participation des enfants doit être placée plus
haut sur l’échelle des priorités au sein des parlements et devrait
être intégrée dans les méthodes de travail, via le règlement et
les travaux des commissions.
78. Tous les travaux avec les enfants doivent être menés avec
soin. Comme pour les professionnels de santé, «ne pas nuire» doit
être le principe sous-jacent de chaque action. Les adultes et les
enfants doivent être bien formés et préparés, afin de garantir le
respect et la protection contre une exposition excessive ou des abus.
Toutes les organisations qui travaillent avec des enfants doivent
se doter d’une politique de protection, ainsi que de mécanismes
visant à prévenir et réduire les expériences négatives, et à résoudre
tous les problèmes de manière rapide et efficace. J’ai souvent jugé
utile de consulter des ONG spécialisées en matière de protection
des enfants lorsque les enfants visitent le parlement, par exemple.
79. Les droits des enfants et le concept de sociétés démocratiques
sont étroitement liés. L’apprentissage des droits renforce le poids
des démocraties et l’apprentissage de la démocratie renforce la
nécessité de comprendre les droits. Considérant que la démocratie
est aujourd’hui confrontée à de nombreux défis, la participation
des enfants est un outil essentiel pour poser les fondations d’une
Europe de demain prospère, pacifique, équitable et bienveillante.