1. Introduction
1. Le 27 janvier 2025, avec le
soutien de plus de 30 membres de l’Assemblée parlementaire présents
dans l’hémicycle, appartenant à cinq délégations nationales au moins,
Mme Boriana Åberg (Suède, PPE/DC) a contesté
les pouvoirs non encore ratifiés de la délégation géorgienne pour
des raisons substantielles sur le fondement de l’article 8 du Règlement
de l’Assemblée.
2. Les motifs de fond sur lesquels les pouvoirs ont été contestés
sont l'affirmation que les élections législatives du 26 octobre
2024 et les développements ultérieurs, y compris les violations
des libertés de réunion et d'expression et la répression de l'opposition
et de la société civile, sont en contradiction avec les obligations
de la Géorgie en tant que membre du Conseil de l'Europe et avec
les engagements qu’elle a souscrits lors de son adhésion au Conseil
de l’Europe.
3. Conformément à l’article 8.3 du Règlement, la commission pour
le respect des obligations et engagements des États membres du Conseil
de l’Europe (commission de suivi) a été saisie pour rapport et la commission
du Règlement, des immunités et des affaires institutionnelles pour
avis.
4. Lors de sa réunion du 27 janvier 2025, la commission de suivi
m’a désignée rapporteure.
2. Obligations et engagements contractés
lors de l’adhésion
5. Lors de son adhésion, la Géorgie
s’est engagée à respecter les obligations que l’article 3 du Statut
du Conseil de l’Europe (STE n° 1) impose à chaque État membre concernant
le pluralisme démocratique, la prééminence du droit et les droits
humains. Elle a également pris un certain nombre d’engagements spécifiques
dont la liste figure dans
l’Avis 209 (1999) «Demande d’adhésion de la Géorgie au Conseil de l’Europe»,
adopté par l’Assemblée le 27 janvier 1999.
6. Le 24 mai 2024, la Commission permanente de l’Assemblée a
tenu un débat d’actualité intitulé «La démocratie en Géorgie confrontée
à de nouveaux défis» après avoir entendu les déclarations du Président
du Parlement géorgien, M. Shalva Papuashvili, et de la Vice-Présidente
de la Commission européenne pour la démocratie par le droit (Commission
de Venise) et membre au titre de la République tchèque, Mme Veronika Bílkova.
7. Le 27 juin 2024, l’Assemblée a adopté, à la suite d’un débat
selon la procédure d’urgence, la
Résolution 2561 (2024) «Les défis pour la démocratie en Géorgie». Dans sa résolution,
l’Assemblée exprimait ses sérieux doutes quant à «l’engagement du
pays à l’égard des normes démocratiques internationales et de l’intégration
euro-atlantique, et quant à sa volonté d’honorer ses obligations
et engagements découlant de son adhésion au Conseil de l’Europe».
Notant que les élections législatives du 26 octobre 2024 constitueraient
un référendum de fait sur la trajectoire démocratique et l’alignement
avec l’étranger de la Géorgie, l’Assemblée a réaffirmé sa volonté
de coopérer et de dialoguer avec toutes les forces ainsi qu’avec
la société civile en Géorgie « afin d’enrayer les récents reculs
et d’assurer le respect des obligations et engagements contractés
par la Géorgie lors de son adhésion au Conseil de l’Europe ».
8. Des élections législatives se sont déroulées le 26 octobre
2024 en Géorgie. Malheureusement, ces élections n’ont pas totalement
respecté les normes européennes en matière d’élections démocratiques.
La Mission internationale d’observation des élections, dont l’Assemblée
a fait partie, a constaté que les élections avaient eu lieu dans
un environnement électoral extrêmement polarisé et conflictuel,
où des informations persistantes ont fait état de pressions généralisées
exercées sur les électeurs et électrices, en particulier sur les
fonctionnaires du secteur public, ainsi que d’un «traçage des électeurs
à grande échelle» le jour du scrutin et d’exemples fréquents de
violation du secret du vote, qui ont soulevé des préoccupations
quant à la capacité des électeurs à voter librement sans crainte
de représailles

. En outre, ce qui est très inquiétant
dans le contexte des résultats électoraux contestés, le rapport
final du Bureau des institutions démocratiques et des droits de
l'homme (BIDDH), qui a observé les procédures post-électorales,
conclut que dans l’ensemble, le traitement par les commissions électorales
et les tribunaux des recours formés au lendemain du scrutin a porté atteinte
au droit à une procédure régulière, n’a pas permis de proposer des
voies de recours efficaces et n’a pas répondu de manière exhaustive
aux préoccupations générales concernant l’intégrité des résultats
des élections

. La manière dont les recours
relatifs aux élections ont été traités soulève de graves questions
quant à l’indépendance du pouvoir judiciaire et au contrôle politique
dont il fait l’objet, ce qui confirme les préoccupations déjà soulevées
dans le dernier rapport de suivi présenté à l’Assemblée.
9. Ces graves lacunes dans la conduite des élections ont amené
M. Iulian Bulai (Roumanie, ADLE), président de la commission ad
hoc de l’Assemblée chargée d’observer les élections, à conclure
dans son rapport à l’Assemblée qu’il y avait de sérieuses préoccupations
«quant à l’exactitude des résultats des élections, à savoir si les
résultats des élections reflètent réellement la volonté des électeurs
et des électrices. En outre, de sérieux doutes persistent quant
à savoir si l’environnement électoral a fourni les conditions nécessaires
à une élection équitable, permettant aux électeurs de faire un choix
éclairé sans intimidation ni pression indue»
.
10. De vastes manifestations populaires ont éclaté à la suite
de l’annonce des résultats des élections. L’opposition géorgienne,
ainsi que la Présidente de la Géorgie, Mme Zourabichvili,
ont refusé de reconnaître les résultats de ces élections, invoquant
une fraude électorale à grande échelle, notamment par l’intimidation des
électeurs et électrices et la violation du secret du vote. Pour
ces motifs, la Présidente géorgienne ainsi que plusieurs député·es,
ont contesté les résultats des élections et la légalité des mandats
de l’ensemble des 150 député·es devant la Cour constitutionnelle.
Les quatre partis d’opposition ayant franchi le seuil pour entrer au
Parlement ont annoncé qu’ils n’en feraient pas partie. Trois de
ces partis d’opposition, à savoir «Coalition pour le changement»,
«Mouvement national uni» et «Géorgie forte», ont demandé à la Commission
électorale centrale (CEC) d’annuler la liste de leur parti et au
Parlement d’invalider leur mandat. Tout en indiquant clairement
qu’il ne reconnaît pas la légitimité du nouveau parlement et qu’il
ne participera pas à ses travaux, le parti de l’ancien Premier ministre
Giorgi Gakharia, «Pour la Géorgie», n’a pas formellement demandé l’annulation
de ses listes ni l’invalidation de ses mandats. La CEC a annulé
les trois listes respectives le 26 novembre 2024 et le Parlement
géorgien doit décider de la révocation des mandats lors de sa session
de février 2025. La décision de l’opposition regroupée de ne pas
entrer dans le nouveau parlement a supprimé un mécanisme institutionnel
important pour résoudre la crise sociale et politique en cours en
Géorgie. Il convient de rappeler que l’Assemblée, quels que soient
le bien-fondé ou les motifs d’une telle décision, a toujours été
très prudente voire réticente à soutenir les boycotts parlementaires.
11. Le 13 décembre 2024, les neuf député·es de Rêve géorgien qui
constituent la formation «Pouvoir du peuple» ont annoncé qu’ils
quitteraient la majorité au pouvoir et entreraient dans l’opposition
au motif que, «même s’ils ne sont pas fondamentalement en désaccord
avec la majorité», le pays a besoin d’une «
opposition saine»

. Bien que leur nature d’opposition
véritable soit remise en question en Géorgie, ils ont été reconnus comme
faisant partie de l’opposition au sein du parlement et ont bénéficié
des postes réservés et autres privilèges accordés aux partis d’opposition.
12. La première réunion du nouveau parlement a eu lieu le 25 novembre
2024. La légitimité de sa convocation a été remise en question par
l’opposition, ainsi que par plusieurs juristes constitutionnels,
au motif que le nouveau parlement n’aurait pas dû être convoqué
avant que la Cour constitutionnelle ne rende sa décision sur la
légitimité de l’ensemble des 150 député·es

.
Cette situation soulève des questions quant à la légalité des décisions
prises par le parlement nouvellement convoqué, y compris son appel
à une élection présidentielle le 14 décembre 2024

. Le 14 décembre, une commission
électorale entièrement contrôlée par le parti Rêve géorgien a élu
à l’unanimité M. Kavelashvili comme Président de la Géorgie; il
n’avait aucun candidat de l’opposition face à lui et il est connu
pour ses positions dures et sa rhétorique anti-occidentale. La légitimité
de son élection n’est pas reconnue par Mme Zourabichvili
et l’opposition en Géorgie, ni par une partie importante de la population,
qui considère toujours Mme Zourabichvili
comme la présidente légitime du pays.
13. La situation a radicalement changé le 28 novembre 2024, lorsque
la majorité au pouvoir a annoncé qu’elle mettait en pause toutes
les activités relatives à l’ouverture des négociations d’adhésion
avec l’Union européenne jusqu’en 2028, suspendant ainsi de fait
le processus d’intégration de la Géorgie dans l’Union, contrairement
à sa promesse électorale expresse d’être le garant d’une adhésion
rapide à l’Union européenne. Cette décision a provoqué une augmentation
massive, tant en nombre qu’en taille, des manifestations organisées
de jour comme de nuit à Tbilissi et dans de nombreuses autres villes
géorgiennes. De plus en plus, ces manifestations ont été le théâtre
de brutalités policières et de représailles contre les manifestant·es
et l’opposition, ce qui n’a fait que les renforcer, et elles se
sont transformées en un mouvement social en faveur de l’orientation
européenne du pays et de la fin d’un environnement politique polarisé,
radical et à somme nulle.
14. La suspension du processus d’adhésion à l’Union européenne,
les brutalités policières croissantes contre les manifestant·es
et les journalistes, et les mesures de répression contre les voix
de l’opposition ont été fermement condamnées par la communauté internationale,
et notamment par l’Assemblée. Le 29 novembre 2024, la Commission
permanente de l’Assemblée a dénoncé avec force «la répression brutale des
manifestations pacifiques», qui constitue une violation des droits
fondamentaux à la liberté d’expression et de réunion. Elle a instamment
invité «la Géorgie à rester fidèle aux valeurs européennes et à
respecter pleinement ses obligations et engagements en tant qu’État
membre du Conseil de l’Europe» et a déclaré qu’elle était «prête
à continuer à travailler, en étroite coopération avec le Secrétaire
Général du Conseil de l’Europe et le Comité des Ministres, à un
dialogue constructif avec les autorités géorgiennes, les forces démocratiques
et la société civile, en particulier les jeunes»

, en vue d’atteindre ces objectifs.
15. L’évolution de la situation en Géorgie a été marquée par des
brutalités policières et un usage disproportionné de la force contre
les manifestant·es, les journalistes et les dirigeant·es de la société
civile. De plus, les signalements d’attaques violentes contre des
manifestant·es et des journalistes par des « titushky » (voyous
masqués non identifiés) se multiplient, sans que la police intervienne.
Le défenseur public de Géorgie (médiateur) a publiquement dénoncé
les brutalités policières, les qualifiant de torture, et on ne compte
plus les arrestations de dirigeant·es de l’opposition et des mouvements
de contestation ni les perquisitions de leurs bureaux et de leur
domicile. Au total, plus de 400 personnes ont été arrêtées pour
avoir participé aux manifestations. Bon nombre de ces arrestations
se fondent sur des dispositions du code des infractions administratives
![(9)
Dans son dernier rapport
sur le respect des obligations et engagements de la Géorgie (Doc. 15497), l’Assemblée a conclu que «[cette loi] date de l’époque
soviétique et [que] sa révision complète aurait dû avoir lieu il
y a longtemps. Bon nombre de ses dispositions ont déjà été jugées
inconstitutionnelles par la Cour constitutionnelle de Géorgie, et
il en irait de même pour plusieurs autres si elles étaient contestées
devant cette dernière. Le cadre juridique permet donc une application
de portée excessive de la détention administrative, ainsi que des
amendes beaucoup trop élevées, et il favorise les abus».](/nw/images/icon_footnoteCall.png)
,
qui est controversé et favorise les abus politiques. Compte tenu
de ces préoccupations, le 23 décembre 2024, le Président de l’Assemblée
a demandé un avis urgent de la Commission de Venise sur la conformité
de la loi géorgienne relative aux infractions administratives avec
les normes du Conseil de l’Europe, en particulier en ce qui concerne
la liberté de réunion. La Commission de Venise a déjà commencé à
travailler sur cet avis. Récemment, les poursuites pénales contre
des manifestant·es se sont multipliées. Ces événements suscitent
des interrogations quant à l’existence de poursuites judiciaires
dictées par des considérations politiques et d’abus de pouvoir judiciaire
dans le but de réprimer la dissidence et les mouvements de contestation
ou d’exercer contre eux des représailles

.
16. Les violations des droits humains et les abus judiciaires
contre des manifestant·es, des journalistes et des membres de l’opposition
ont été fermement condamnés par la communauté internationale, notamment
par les corapporteur·es de la commission de suivi, qui ont publié,
le 10 décembre 2024, une déclaration

pour condamner les violences policières
et exprimer leur inquiétude quant à la possibilité d’une administration
de la justice dictée par des considérations politiques. Le 19 décembre
2024, trente-huit États participants de l’Organisation pour la sécurité
et la coopération en Europe (OSCE) ont invoqué le «mécanisme de
Vienne» face aux préoccupations concernant la liberté de réunion
pacifique, les arrestations et détentions arbitraires, le ciblage
de l’opposition politique et de journalistes, et les mauvais traitements
susceptibles de constituer des actes de torture

. En outre, l’Union européenne et
la plupart de ses États membres ont maintenu une politique de fait
de non-coopération et de non-engagement avec les autorités géorgiennes
pour protester contre les brutalités policières et les violations
du droit à la liberté d’expression et du droit à la liberté de réunion.
17. Le dialogue et les échanges entre le Conseil de l’Europe et
les autorités géorgiennes, l’ensemble des forces démocratiques et
la société civile se sont poursuivis de manière intensive afin de
trouver une solution à la crise actuelle. Le Secrétaire Général
du Conseil de l’Europe, M. Alain Berset, s’est rendu en Géorgie
du 18 au 20 décembre 2024

. Les corapporteurs de la commission
de suivi, M. Claude Kern (France, ADLE) et Mme Edite
Estrela (Portugal, SOC), ont effectué une visite d’information en
Géorgie du 14 au 16 janvier 2025

. En outre, le Commissaire aux droits
de l’homme s’est rendu en Géorgie du 21 au 23 janvier 2025

.
3. Situation
actuelle et perspectives
18. La crise politique et constitutionnelle
qui a éclaté après les élections s’est transformée en une profonde crise
sociale lorsque la majorité au pouvoir a suspendu le processus d’intégration
à l’Union européenne, allant contre les aspirations et les intérêts
de la population géorgienne. Cette crise se caractérise par une
perte totale de confiance de la société géorgienne dans les institutions
politiques du pays, ce qui met à mal la légitimité de ces dernières.
19. Les protestations et manifestations quotidiennes à Tbilissi
et dans d’autres villes géorgiennes se poursuivent sans relâche
et ne montrent pour l’instant aucun signe de ralentissement. Il
importe de noter que ces manifestations sont spontanées et largement
suscitées par la population. Elles représentent un mouvement social
qui n’est ni contrôlé ni dirigé par les partis politiques d’opposition.
Par conséquent, la marge de manœuvre des partis politiques est limitée
et toute solution à la crise actuelle doit nécessairement comprendre
et associer ces actrices et acteurs sociaux ainsi que la société
civile.
20. Le pays est actuellement dans une impasse politique totale,
aucun des camps n’étant disposé ou en mesure d’infléchir sa position.
Les principales exigences de l’opposition et de la société civile
sont l’organisation de nouvelles élections et la libération de tous
les manifestant·es arrêtés. Beaucoup rejettent expressément toute
forme de médiation nationale ou internationale qui ne respecterait
pas ces exigences fondamentales, citant comme exemple de mauvais
augure l’échec de l’accord négocié par l’ancien président du Conseil
européen, Charles Michel, à la suite des élections de 2020, accord
dont le parti Rêve géorgien s’est retiré peu de temps après la signature.
Pour sa part, la majorité au pouvoir maintient qu’elle représente
la volonté du peuple et qu’elle a donc pour mission de mettre en
œuvre les politiques et les décisions qu’elle juge nécessaires pour
le pays. Elle a rejeté les demandes de réformes juridiques et politiques
adressées par l’UE, les qualifiant de chantage politique, et ne
cache pas son désir de dissoudre l’opposition, qu’elle considère comme
les représentant·es financés par l’étranger d’un obscur parti de
la guerre mondiale, dont l’objectif serait d’entraîner le pays dans
une guerre totale avec la Fédération de Russie.
21. Dans ces circonstances, la crise de confiance et de légitimité
des institutions politiques ne peut être résolue que par la société
géorgienne elle-même. Dans une société démocratique, la réponse
la plus appropriée – et peut-être la seule – à un schisme social
et politique aussi profond est de soumettre la question aux citoyen·nes
au moyen d’élections démocratiques. Toutefois, il apparaît clairement
que l’organisation de nouvelles élections sans que soient d’abord
corrigées les nombreuses lacunes et insuffisances de l’environnement
électoral relevées par les observatrices et observateurs nationaux
et internationaux des élections ne permettrait pas de résoudre la
crise actuelle en Géorgie. La première étape devrait donc être le lancement
d’un processus inclusif associant toutes les parties prenantes et
tous les actrices et acteurs sociaux, notamment la majorité au pouvoir,
l’opposition et la société civile, afin de corriger de toute urgence
les déficiences et les lacunes constatées lors des récentes élections
législatives et de créer un environnement électoral propice à la
tenue d’élections véritablement démocratiques. Cette solution fournirait
également un cadre limité, mais bien défini, pour les échanges entre
les différentes parties.
22. Mais, de toute évidence, un tel processus inclusif ne peut
être mis en œuvre dans des conditions de brutalité policière, d’oppression
et de représailles contre les manifestant·es, les journalistes et
les représentant·es politiques. Pour créer les conditions préalables
à la résolution de la crise actuelle, les autorités doivent mettre
fin immédiatement à ces pratiques incompatibles avec les obligations
qui incombent à la Géorgie en tant qu’État membre du Conseil de
l’Europe et libérer les personnes arrêtées ou placées en détention
provisoire.
4. Conclusions
23. Les événements survenus depuis
les élections législatives du 26 octobre 2024, notamment les violations
des libertés de réunion et d’expression ainsi que la répression
à l’encontre de l’opposition et de la société civile, sont en contradiction
avec les obligations de la Géorgie en tant que membre du Conseil
de l'Europe et avec les engagements qu’elle a souscrits lors de
son adhésion au Conseil de l’Europe. L’Assemblée a par conséquent
besoin d’assurances claires de la part des autorités quant à leur
volonté réelle d’inverser le recul démocratique et d’assurer le
respect des obligations contractées lors de l’adhésion du pays au
Conseil de l’Europe.
Option A
24. Au vu de ces considérations
et en signe de sa volonté de maintenir le dialogue, l’Assemblée,
dans l’attente d’un réexamen des pouvoirs de la délégation géorgienne
et d’une réévaluation globale de la situation dans le pays lors
de sa partie de session d’avril 2025, devrait décider de ratifier
lors de cette partie de session les pouvoirs de la délégation de
la Géorgie tout en insistant dans le même temps auprès des autorités géorgiennes
afin qu’elles:
24.1. lancent immédiatement
un processus inclusif impliquant toutes les parties prenantes et
tous les acteurs sociaux, y compris la majorité au pouvoir, l'opposition
et la société civile, afin de remédier d'urgence aux déficiences
et aux lacunes constatées lors des récentes élections législatives
et de créer un environnement électoral propice à de nouvelles élections
véritablement démocratiques;
24.2. prennent des mesures immédiates et efficaces pour permettre
à la Géorgie de reprendre le processus d’adhésion à l’Union européenne,
conformément aux aspirations européennes de la population, et de
poursuivre avec détermination les réformes nécessaires;
24.3. mettent immédiatement un terme aux brutalités policières
et aux violations des droits humains, enquêtent efficacement sur
ces pratiques et mettent fin à l’utilisation abusive des procédures
judiciaires visant à dissuader les manifestant·es, les journalistes
et les dirigeant·es de la société civile, ou à exercer des représailles
à leur encontre, et respectent pleinement le droit à la liberté
d’expression et de réunion;
24.4. renforcent la coopération avec le Conseil de l’Europe
et s’engagent de bonne foi dans le processus initié par le Secrétaire
Général du Conseil de l’Europe;
24.5. répondent sans délai aux préoccupations et aux recommandations
de l’Assemblée exprimées dans la
Résolution 2438 (2022) et la
Résolution 2561
(2024), y compris la recommandation d'abroger la loi sur la
transparence de l'influence étrangère dans sa forme actuelle, et
les préoccupations concernant la loi relative à la transparence
de l’influence étrangère sur les infractions administratives, qui
devraient être traitées en tenant compte de l'avis urgent à venir
de la Commission de Venise;
24.6. continuent de participer pleinement à la procédure de
suivi de l’Assemblée,.
25. Parallèlement, pour envoyer un signe clair de sa condamnation
des brutalités policières et autres violations des droits humains,
auxquelles les autorités n’ont jusqu’à présent apporté aucune réponse, l’Assemblée
devrait suspendre les droits suivants de la délégation géorgienne:
25.1. le droit d’être membre titulaire
ou remplaçant des commissions suivantes: la commission des questions
politiques et de la démocratie, la commission de suivi, la commission
des questions juridiques et des droits de l’homme, la commission
sur l’élection des juges à la Cour européenne des droits de l’homme
et la commission du Règlement, des immunités et des affaires institutionnelles;
25.2. le droit d’être membre d’une commission d’observation
des élections;
25.3. le droit d’être désigné rapporteur·e;
25.4. le droit d’être candidat·e à la présidence de l’Assemblée,
à la présidence ou à la vice-présidence d’une commission ou d’une
sous-commission;
25.5. le droit de représenter l’Assemblée au sein des organes
du Conseil de l’Europe sur décision du Bureau et le droit de représenter
l’Assemblée à titre occasionnel (sur décision du Bureau ou des commissions)
à des évènements, réunions ou conférences organisés par des organes
du Conseil de l’Europe, des organisations internationales ou des
assemblées interparlementaires.
26. L’Assemblée devrait en outre étudier les moyens de renforcer
la participation de l’opposition extra-parlementaire et de la société
civile géorgiennes à ses actions concernant la Géorgie, notamment
dans le cadre de la commission de suivi.
27. L’Assemblée aura l’occasion de réexaminer les pouvoirs de
la délégation géorgienne, y compris la suspension des droits susmentionnés,
lors de sa partie de session d’avril 2025, à la lumière des progrès accomplis
en ce qui concerne les questions mentionnées au paragraphe 11, dans
les conditions prévues à l'article 9 de son règlement.
Option B
28. Par conséquent, l'Assemblée
ne devrait pas ratifier les pouvoirs de la délégation géorgienne.
29. En outre, l'Assemblée devrait insister que les autorités géorgiennes:
29.1. lancent immédiatement un processus
inclusif impliquant toutes les parties prenantes et tous les acteurs
sociaux, y compris la majorité au pouvoir, l'opposition et la société
civile, afin de remédier d’urgence aux déficiences et aux lacunes
constatées lors des récentes élections législatives et de créer un
environnement électoral propice à de nouvelles élections véritablement
démocratiques;
29.2. prennent des mesures immédiates et efficaces pour permettre
à la Géorgie de reprendre le processus d’adhésion à l’Union européenne,
conformément aux aspirations européennes de la population, et de
poursuivre avec détermination les réformes nécessaires;
29.3. mettent immédiatement un terme aux brutalités policières
et aux violations des droits humains, enquêtent efficacement sur
ces pratiques et mettent fin à l’utilisation abusive des procédures
judiciaires visant à dissuader les manifestant·es, les journalistes
et les dirigeant·es de la société civile, ou à exercer des représailles
à leur encontre, et respectent pleinement le droit à la liberté
d’expression et de réunion;
29.4. renforcent la coopération avec le Conseil de l’Europe
et s’engagent de bonne foi dans le processus initié par le Secrétaire
Général du Conseil de l’Europe;
29.5. répondent sans délai aux préoccupations et aux recommandations
de l’Assemblée exprimées dans la
Résolution 2438 (2022) et la
Résolution
2561 (2024), y compris la recommandation d’abroger la loi sur la
transparence de l’influence étrangère dans sa forme actuelle, et
les préoccupation concernant la loi sur les infractions administratives,
qui devraient être traitées en tenant compte de l’avis urgent à
venir de la Commission de Venise.
30. L'Assemblée devrait en outre étudier les moyens de renforcer
la participation de l’opposition extra-parlementaire et de la société
civile géorgiennes à ses actions concernant la Géorgie, y compris
dans le cadre de la commission de suivi.