1. Introduction
1. L’origine de ce rapport est la proposition de résolution
(
Doc. 11462)
sur les déchets militaires et l’environnement, présentée par M. Ivan
Ivanov et plusieurs de ses collègues.
2. Afin de rassembler les informations nécessaires à l’élaboration
du rapport, la commission de l’environnement, de l’agriculture et
des questions territoriales a organisé une audition le 23 novembre 2009,
à Paris. Lors de cette audition, la commission a entendu un exposé
du lieutenant-colonel Nikolay Nikolov, qui fait partie du ministère
bulgare de la Défense et qui est un expert des problèmes liés aux
déchets militaires.
3. En décembre 2009, un questionnaire a été distribué aux Etats
membres avec les questions suivantes:
- Quels types et quelle quantité de déchets militaires inutilisés
sont stockés sur votre territoire national?
- Existe-t-il des informations accessibles à tous sur les
lieux de stockage des déchets militaires (y compris des déchets
radioactifs, le cas échéant)?
- Si tel est le cas, incluent-elles des renseignements sur
les déchets installés dans le lit de bassins hydrauliques ou enfouis
profondément dans le sol?
- Coopérez-vous avec d’autres Etats ou avec des institutions
internationales pour résoudre les problèmes posés par la gestion
des déchets militaires?
- Cette question fait-elle l’objet d’une législation spécifique?
4. Des réponses ont été reçues de 20 Etats (Andorre, Belgique,
Bulgarie, Croatie, République tchèque, Estonie, Géorgie, Allemagne,
Grèce, Pays-Bas, Hongrie, Italie, Lituanie, Pologne, Portugal, Serbie, République
slovaque, Slovénie, «l’ex-République yougoslave de Macédoine» et
Turquie).
5. La plupart des réponses sur le dépôt des déchets militaires
n’ont pas apporté beaucoup d’informations, ce qui explique le manque
de données disponibles sur cette question.
6. Neuf des Etats qui ont répondu ont indiqué avoir une législation
sur cette question. Cinq Etats ont dit collaborer avec d’autres
Etats ou institutions pour résoudre les problèmes liés aux déchets
militaires. Il est regrettable que 27 Etats n’aient fourni aucune
information.
7. Le manque d’information a rendu impossible une étude comparative
sur la législation des Etats membres du Conseil de l’Europe à ce
sujet, le but initial du rapporteur.
8. L’Allemagne a fourni une réponse extrêmement précise, ce qui
a été très apprécié par le rapporteur.
9. La commission a autorisé une visite du rapporteur et du secrétaire
de la commission au siège de l’OTAN à Bruxelles. En raison de problèmes
de transport, la réunion à l’OTAN s’est tenue en l’absence du rapporteur. Le
secrétaire de la commission a néanmoins rencontré les personnes
suivantes:
- M. Henrik Dam, chef
de la section JAIS (Joint Armaments and Industry Section) – Section
conjointe armements et industrie, Division investissement défense;
- M. Osman Tasman, chef de l’unité Armements terre, JAIS;
- Lieutenant-colonel Filip Martel, vice-président de la
CDNA (Conférence des directeurs nationaux des armements), Groupe
sécurité des munitions, sous-groupe 5 sur la logistique entreposage
et destruction;
- Mme Marie-Claire Mortier, secrétaire.
10. Les informations suivantes lui ont été communiquées:
11. La thématique des «déchets militaires» est un vaste sujet.
Il serait approprié de se focaliser sur un seul aspect, à savoir
les munitions conventionnelles. Ce choix écarterait, bien entendu,
les munitions nucléaires et chimiques.
12. L’OTAN a préparé un document sur la destruction des munitions
conventionnelles qui passe en revue les meilleures techniques de
destruction, pour faire ressortir les «meilleures pratiques» de
diffusion (les problèmes étant similaires partout, il conviendrait
d’éviter de réinventer la roue).
13. La zone géographique couverte par le Conseil de l’Europe coïncide
globalement avec celle couverte par le programme de l’OTAN «Partenariat
pour la paix».
14. Ayant appris que le rapporteur entendait se rendre en visite
d’étude en Ukraine, les interlocuteurs ont informé le secrétaire
de la commission que l’Ukraine a un vrai problème de «munitions
abandonnées». L’OTAN soutient l’Ukraine pour traiter ce problème
en mettant à sa disposition l’expertise de la NAMSA (l’Agence de maintenance
et d’approvisionnement de l’OTAN, qui a un bureau à Kiev). La NAMSA
travaille actuellement sur des contrats de destruction, pour les
munitions et pour les armes (seules des techniques respectueuses
de l’environnement seront utilisées).
1.1. L’utilisation des munitions
15. Les balles au plomb devraient être interdites du
fait de la pollution au plomb engendrée lors des tirs.
16. Les balles à l’uranium appauvri doivent être considérées comme
des munitions «conventionnelles». Il y a des discussions sur le
point de savoir si les balles à l’uranium appauvri ont été ou non
la cause de maladies dans les forces armées durant la guerre du
Golfe.
17. D’autres discussions portent sur le nettoyage des champs de
bataille.
18. Les sous-munitions sont interdites par la Convention d’Oslo
sur les armes à sous-munitions.
1.2. L’entreposage des munitions
19. Les munitions en entrepôt constituent une menace
permanente et grave pour l’environnement, la question n’étant pas
«si», mais «quand» l’entrepôt est susceptible de sauter. C’est pourquoi
les munitions ne devraient pas être entreposées à proximité (ou
dans) des zones résidentielles.
1.3. La destruction des munitions
20. La destruction de munitions coûte très cher, mais,
si les munitions ne sont pas détruites convenablement, elles finiront
par exploser.
1.4. Le transport des munitions
21. Pour le transport des munitions, des réglementations
civiles continuent de s’appliquer (ce qui est regrettable).
22. Parmi les questions à se poser, on pourrait se demander si,
pour détruire des munitions conventionnelles, il est encore acceptable
de les faire brûler à l’air libre. Une analyse de risque devrait permettre
d’y répondre.
23. Deux documents auraient pu être utiles pour les travaux sur
ce rapport:
- STANAG 2510: «Gestion
des déchets pour les activités militaires de l’OTAN»
- STANAG 2545: «Glossaire de l’OTAN sur la protection de
l’environnement», (STANAG = STANdardisation
AGreement)
Cependant, ces documents
ne pouvaient être confiés à des civils; ils ne peuvent être obtenus
que sur demande à une représentation nationale auprès de l’OTAN.
24. Dans ce contexte, il était difficile pour le rapporteur de
préparer une analyse très approfondie de la situation. Malgré son
désir que le rapport se fonde sur des informations fournies officiellement
par les Etats membres, une part importante des sources d’information
qui lui ont permis d’établir ce rapport provient des publications
des organisations non gouvernementales (ONG) et des médias.
2. Effets de la production et de la fabrication
25. La guerre fait non seulement de nombreuses victimes
et dévaste les paysages mais elle laisse aussi, dans son sillage,
de sérieuses séquelles qui peuvent handicaper un pays durant de
longues années, même une fois réglés les problèmes politiques. La
production d’armes de guerre, leur explosion et finalement le stockage
des matériaux dangereux utilisés ont des effets négatifs auxquels
il faut faire face. Un grand nombre de substances composant les
déchets militaires restent actives et peuvent porter préjudice à
l’environnement et à la santé de l’homme.
26. En outre, la recherche n’a montré que tout récemment les incidences
à long terme de l’exposition à des matériels ayant explosé et qui
se sont révélés très dangereux. Il ne suffit pas de déplacer les
déchets stockés, de passer sous silence le danger que représente
un arsenal laissé à l’abandon ou de mettre en œuvre des normes au
cas par cas dans chaque pays pour résoudre la question comme il
convient. Au cours de ces deux dernières décennies, une dizaine
d’incidents liés aux déchets militaires ont été signalés en Ouzbékistan,
en Albanie, en Bulgarie, en Russie, en France, en Ukraine, etc.
Ils ont fait des victimes, causé des dommages environnementaux et
entraîné des dépenses pour les réparer.
27. D’importantes quantités d’armes datant de la première guerre
mondiale, de la seconde guerre mondiale et de la guerre froide sont
toujours stockées par les forces militaires. Toutefois, la concurrence
qui a fait rage pendant la guerre froide en matière de production
d’armements et les progrès technologiques rapides font que la plupart
de ces armes sont devenues obsolètes.
3. Exemples de données recueillies pendant l’élaboration
du rapport
28. D’après les données collectées, environ 2,5 millions
de tonnes de déchets militaires sont stockés en Ukraine depuis l’époque
soviétique dans quelque 6 000 sites de stockage. Une partie de ces
déchets est entreposée sans mesure de précaution particulière.
29. Il importe d’accorder une attention spéciale au problème de
l’enfouissement des déchets radioactifs.
30. Il existe un programme national sur l’utilisation des armes
non nécessaires en Ukraine, qui couvre la période 2006-2017, ainsi
que plusieurs réglementations sur les procédures à suivre pour utiliser
et manipuler les armes. L’Ukraine a besoin d’aide pour résoudre
les problèmes liés aux déchets militaires.
31. Malheureusement, le rapporteur n’a pas été en mesure de se
rendre en Ukraine pour se faire une idée plus précise de la situation.
Nos données fournissent des renseignements sur une série d’explosions
et d’incidents survenus entre 2004 et 2006 dans l’arsenal de Novobohdanivka.
Certains éléments permettent de croire que la situation reste préoccupante
en Ukraine eu égard à la gestion et à l’utilisation des déchets militaires,
et qu’elle n’a pas vraiment évolué depuis. Cette situation complexe
s’explique en partie par l’insuffisance des ressources financières
pour apporter une réponse appropriée à ce problème.
32. En Moldova, environ 20 000 tonnes d’armes et de munitions
sont stockées au poste de Cobasna sur le territoire de la Transnistrie.
Aucune donnée supplémentaire n’est disponible sur cette question
.
33. D’après un rapport de l’OSCE de 2007, l’utilisation de déchets
militaires a eu au Bélarus de graves conséquences pour l’environnement,
et a notamment obligé les autorités locales à nettoyer un territoire d’environ
300 000 hectares, correspondant à l’emplacement d’anciennes bases
militaires.
34. D’après un article de Peter Szyszlo
, la commission
russe présidée par Yablokov a estimé que l’URSS a déversé depuis
1965 dans l’océan un total de 2,5 millions de curie de déchets radioactifs
enfermés ou non – parmi lesquels 16 réacteurs de sous-marins et
de brise-glace nucléaires – dans les golfes situés près de Novaja
Zemlja. Il est établi dans le même document que, entre 1964 et 1991,
entre 11 000 et 17 000 conteneurs de déchets radioactifs liquides
et solides ont été déversés dans la même région. Certains des conteneurs
ont été percés pour faciliter leur immersion. Les zones dans lesquelles
cette méthode d’élimination très dangereuse a été employée à l’époque
soviétique, entraînant un risque de pollution radioactive, sont,
d’après le même article, les mers de Barents et de Kara et les environs
de Novaja Zemlja. Ce «cimetière nucléaire», selon Peter Szyszlo,
ne servait «pas uniquement pour les déchets radioactifs mais aussi
pour les réacteurs, les navires à propulsion nucléaire déclassés
et, plus récemment, pour les armes nucléaires démantelées».
35. Le rapporteur souhaiterait mettre en relation ces informations
avec celles sur la situation dans la région arctique, qui ont été
communiquées par les autorités norvégiennes lors de l’audition organisée
à Tromso en 1999 par la commission de l’environnement, de l’aménagement
du territoire et des pouvoirs locaux.
36. Pour le rapporteur, il serait très important et opportun que
la Fédération de Russie accepte de coopérer avec le Conseil de l’Europe,
l’Union européenne et les Nations Unies en vue de résoudre ce problème
qui n’est manifestement pas uniquement un problème national.
37. On dénombre actuellement dans la Fédération de Russie 27 textes
juridiques qui réglementent l’utilisation des déchets militaires,
mais aucune législation n’a été adoptée en la matière. Un programme
fédéral sur l’utilisation des armes et des techniques militaires
a été adopté en 2005 et sera en vigueur jusqu’à la fin de 2010.
Il vise à réduire de 70 % les dépenses consacrées au stockage des
armes non nécessaires. La Fédération de Russie possède également
une loi fédérale sur la coopération technique militaire avec d’autres pays,
qui porte notamment sur la question de l’utilisation des armes et
des techniques militaires.
38. Le rapporteur n’a pas eu à sa disposition d’autres renseignements
sur les engagements pris par la Fédération de Russie pour résoudre
les problèmes posés par les anciens sites d’élimination des déchets militaires,
et en particulier par les déchets déposés dans des bassins hydrauliques.
39. Un article de Jonathan Owen paru dans l’hebdomadaire britannique The Independent on Sunday du 22 juin
2008, sous le titre «Soldiers dumped munitions with household waste»
(Des soldats jettent des munitions avec les ordures ménagères),
rend compte d’environ 20 incidents de ce genre qui se sont produits en
Grande-Bretagne, les qualifiant d’«habitude militaire dangereuse
manquant cruellement de professionnalisme», passible de sanctions
par le Bureau de la santé et de la sécurité (Health and Safety Executive)
et l’Agence pour l’environnement (Environmental Agency). La Chambre
des communes a tenu le 20 mai 2008 une discussion sur les déchets
radioactifs militaires, au cours de laquelle cette question a été examinée.
40. La Bulgarie possède son programme national, adopté en 2004,
pour l’utilisation et la destruction des munitions excédentaires
sur son territoire. Quatre grandes sections de la législation portent
également sur la question de leur utilisation.
41. Il y avait, en 2003, en Bulgarie 59 000 tonnes de munitions
excédentaires. Après la réforme qui a débuté en 2005 et qui visait
à transformer l’armée en une armée professionnelle, ce chiffre est
passé à 67 000 tonnes. Il existe actuellement en Bulgarie un plan
de gestion des déchets militaires, qui devrait être pleinement mis
en œuvre d’ici à 2015.
42. Une grosse explosion de munitions excédentaires s’est produite
près de Sofia le 3 juillet 2008, causant des dommages matériels
mais heureusement pas de victimes.
43. Des explosions similaires de munitions excédentaires ont eu
lieu le 15 mars 2008 dans le village de Gerdech près de Tirana en
Albanie, le 17 juillet 2008 dans les entrepôts de missiles et d’artillerie
près de la ville de Kagan en Ouzbékistan, le 4 septembre 2009 dans
l’usine «Parvi Partizan» près de la ville d’Uzjice en Serbie, le
13 novembre 2009 dans les entrepôts Arsenal-31 près de la ville
d’Ulianovsk en Fédération de Russie, etc.
4. Effets de la production d’armes sur la santé et
l’environnement
44. La pollution de l’environnement qui résulte de la
fabrication d’armes et de matériels militaires est sans conteste
un problème mondial auquel de nombreux pays doivent faire face.
Qu’il s’agisse de la contamination de l’air, de l’eau ou du sol,
les problèmes environnementaux engendrés par la fabrication d’armes
devraient faire l’objet d’un examen sérieux même s’ils ne sont pas
immédiatement perçus comme les conséquences proprement dites de
conflits. C’est pourquoi ces problèmes sont souvent laissés de côté
au profit d’autres questions qui, apparaissant plus urgentes, sont
placées au cœur du débat écologique.
45. La production d’armes nucléaires entraîne le rejet de matériels
cancérigènes et mutagènes, comme le plutonium, l’uranium, le strontium,
le césium, le benzène, les polychlorobiphényles (PCB), le mercure
et le cyanure. Ces produits chimiques restent nocifs pendant des
milliers, voire des dizaines de milliers d’années. Etant donné les
méthodes d’élimination actuellement employées, ces matériels se
diffusent dans l’eau potable, les eaux souterraines et les sols.
A l’heure actuelle, le contaminant spécifique qui retient l’attention
est le perchlorate. Ce produit chimique dont la production est de
plusieurs milliers de tonnes par an est le composant primaire des
agents propulseurs. Il est employé depuis des dizaines d’années
pour les propergols solides et la fabrication de roquettes et de
missiles; le perchlorate, qui se dissout et se diffuse facilement
dans l’eau, a ainsi été retrouvé dans l’eau potable et dans des
produits alimentaires. Des recherches ont montré qu’il était nocif
pour la thyroïde et provoquait des retards de croissance.
5. Emissions dues aux explosions
46. Un point peut-être encore plus important oublié dans
le débat environnemental concerne les effets à long terme des matériels
dangereux qui subsistent longtemps après le départ des forces armées
dans les pays qui ont été ravagés par la guerre. Ces incidences
sur l’environnement sont souvent les plus difficiles à détecter si
aucune attention particulière ne leur est accordée. Etant donné
que c’est à la guerre moderne que l’on doit l’utilisation des produits
chimiques les plus manifestement nocifs, il existe peu d’études
de cas donnant des résultats fiables sur la question.
6. Déchets militaires dangereux
47. Pour certaines régions d’Europe orientale, les conséquences
environnementales de l’après-guerre portent sur plusieurs secteurs
écologiques et constituent toujours une grave menace pour l’approvisionnement en
eau, la qualité de l’air et la sécurité des populations qui y vivent.
Etant donné l’occupation soviétique qui a précédé, les pays concernés
se retrouvent avec des bases militaires abandonnées, des armes non
détectées et des déchets nocifs et radioactifs. En outre, ces problèmes
sont aggravés par une réglementation laxiste. A elle seule, la Moldova
se heurte aujourd’hui à la difficulté de gérer 8 000 tonnes de déchets
toxiques qui sont stockées en toute illégalité et de façon anarchique,
entraînant une contamination de l’eau. Selon les chiffres à notre
disposition, il y a aussi 20 000 tonnes d’armes et de munitions
intransportables qui se trouvent en totalité sur le territoire de
la Transnistrie. L’explosion de ces munitions provoquerait sans
aucun doute une catastrophe humanitaire. En Ukraine, 2,5 millions
de tonnes d’armes, de munitions et de déchets militaires sont abandonnées.
Des déchets radioactifs gisent enfouis dans le sol de quatre des
sites concernés. De plus, 39 % des eaux usées sont contaminées et
25 % retournent dans la nature. Le Bélarus, quant à lui, est confronté
à l’élimination des armements laissés par l’Union soviétique qui
sont à la fois radioactifs et toxiques. Les pouvoirs locaux doivent
maintenant nettoyer les hydrocarbures et les produits radioactifs
abandonnés sur 300 000 hectares de sites militaires.
7. Méthodes de traitement et de stockage des déchets
militaires radioactifs
48. Nombre de recommandations antérieures relatives au
traitement de ces menaces environnementales ont négligé d’aborder
les problèmes posés par le stockage de déchets à grande échelle.
Ce processus de stockage lui-même peut aggraver les problèmes écologiques,
être coûteux et inefficace.
49. Il n’est pas facile de recueillir des informations sur les
déchets militaires en général, et sur les déchets militaires radioactifs
en particulier.
50. Pour les Etats-Unis, la Russie et plusieurs autres pays, il
est devenu tentant d’envisager d’exporter tout simplement les déchets
dangereux. Dans le cas de la Russie, la perspective de recettes
futures tirées de l’importation de déchets a relégué au second plan
les considérations de santé et de sécurité publiques. Moscou projette
d’importer 20 milliards de tonnes de déchets radioactifs, de les
stocker pendant plusieurs années, puis de les «retraiter», pratique
qui n’est encore que vaguement définie. La Russie a défendu ce plan en
qualifiant les déchets de matière première précieuse dont il serait
possible d’extraire du plutonium pour faire fonctionner un type
spécial de réacteur nucléaire. Se pose déjà un problème de plus
en plus grave, à savoir le rejet à grande échelle de déchets militaires
provenant de réacteurs dont le stockage dans la zone arctique de la
Russie n’est toujours pas traité comme il convient. De nombreux
pays du tiers-monde envisagent d’importer des déchets comme source
de revenus; cependant, le déplacement des déchets ne permet pas
de traiter le problème à l’échelon mondial. Pour choisir une méthode
de stockage, il faut prendre en compte les incidences techniques
de l’exploitation de sites de stockage et d’élimination sûrs, ainsi
que les questions financières liées au coût de leur sécurité, de
leur déclassement, de leur décontamination et de leur dépollution.
8. Stockage des déchets militaires
51. Les déchets militaires qui ne sont pas détruits ou
recyclés sont enfouis dans le sol, stockés dans des dépôts souterrains
ou bien déversés au fond des mers ou des océans.
52. Les armes immergées dans le fond des mers ou des océans constituent
une catégorie spéciale de déchets militaires dangereux. Or, la plupart
de ces déchets restent chimiquement actifs et risquent d’engendrer non
seulement de graves problèmes environnementaux, mais également des
problèmes économiques. Cette question a déjà été examinée par l’Assemblée
dans son rapport sur les munitions chimiques déversées dans la mer
Baltique (
Doc. 11601 et
Résolution 1612 (2008)).
9. Levée de la confidentialité
53. Les Etats membres devraient fournir des informations
précises sur les types et quantités réelles de déchets militaires
afin de permettre une évaluation exacte du problème. Ces informations
ne peuvent pas être classées sous la rubrique «confidentiel». Il
est manifeste que les Etats n’ont plus besoin de ces matériels.
Il est indispensable de garantir la liberté d’accès aux informations
concernant l’environnement.
10. Suivi
54. Les pouvoirs publics nationaux devraient prendre
immédiatement des mesures de suivi environnemental concernant les
dépôts de déchets militaires.
11. Conclusions
55. Le problème des déchets militaires ne peut pas être
traité uniquement au niveau national. C’est un problème commun à
tous les pays européens. Il faut, par conséquent, mettre en place
une politique et une méthodologie communes pour traiter cette question.
56. Il faudrait aussi étudier les possibilités de recyclage d’une
partie de ces déchets militaires (notamment les métaux), vu la pénurie
de ressources et la nécessité d’assurer un développement durable.
57. Il serait bon de mettre en place un nouvel organe européen
ou international pour traiter cette question, coordonner les actions
des Etats membres, coopérer avec les pays voisins de l’Europe pour
garantir une utilisation des déchets militaires qui soit sans risque
pour l’environnement et mettre en œuvre un mécanisme de contrôle.
Il serait, en outre, utile que cet organe collabore avec la branche
environnementale de l’OTAN et d’autres alliances militaires afin
d’harmoniser les politiques et les méthodes concernant l’utilisation
des déchets militaires.