1. Introduction
1. Le réchauffement climatique
continue d’entraîner des catastrophes écologiques de plus en plus fréquentes
dont les effets sont désastreux pour l’environnement naturel et
humain dans le monde entier. Tous les systèmes naturels (les ressources
hydriques, les mers et les océans, l’air, les écosystèmes ou la
santé humaine, par exemple) sont affectés, ce qui a de graves conséquences
pour l’agriculture et les populations.
2. D’après le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution
du climat (GIEC)
,
le réchauffement du système climatique est «sans équivoque». Des
observations directes de l’augmentation des moyennes mondiales (température
de l’air et de l’eau des océans, fonte généralisée des neiges et
de la glace, extension rapide des zones de désertification et augmentation
du niveau de la mer) permettent d’établir que les douze dernières
années ont été les plus chaudes depuis 1850.
3. Le Met Office Hadley Centre
(Institut
britannique de recherche météorologique) prévoit que 2007 sera l’année
la plus chaude jamais enregistrée, en raison de l’augmentation des
émissions de gaz à effet de serre (GES), qui sont responsables du
réchauffement de l’atmosphère, et de l’effet «El Niño», c’est-à-dire
de l’arrivée d’eaux anormalement chaudes le long de la côte nord-ouest
de l’Amérique du Sud, qui provoque une augmentation des précipitations
et de l’activité orageuse, ainsi que des inondations sur l’ensemble
du continent américain (notamment au sudouest des Etats-Unis et
au Pérou) et des conditions de sécheresse en Australie et dans d’autres
régions du Pacifique Ouest et de l’océan Indien.
4. L’effet de serre n’est pas un phénomène récent; en réalité,
il a commencé il y a 4 milliards d’années. Les gaz à effet de serre
absorbent le rayonnement infrarouge (c’est-à-dire la chaleur réfléchie
par la surface de la Terre), mécanisme sans lequel la température
de la planète serait de –18°C. Le dioxyde de carbone (CO2) agit
ainsi comme un thermostat: lorsque la température de la Terre baisse,
la quantité d’eau qui s’évapore diminue également, il pleut moins
et la quantité de CO2 éliminée dans l’atmosphère est moindre. A
l’inverse, lorsque la température augmente, il pleut davantage et
la quantité de CO2 éliminée augmente.
5. Toutefois, aujourd’hui, le phénomène est largement lié aux
activités humaines. Par exemple, chaque fois que nous allumons la
lumière, que nous utilisons un ordinateur, que nous regardons la
télévision ou que nous empruntons un mode de transport motorisé,
nous produisons du dioxyde de carbone, principal responsable du
réchauffement planétaire.
6. Le CO2, qui résulte principalement de la combustion des énergies
fossiles, du chauffage au bois, des changements d’affectation des
terres et de la fabrication de ciment, est le gaz à effet de serre
qui contribue le plus au réchauffement climatique (à hauteur de
55 %). Les deux autres principaux gaz qui participent à ce phénomène
sont le méthane (qui résulte de la production de gaz/pétrole/ charbon,
de l’élevage de ruminants, des rizières inondées, des décharges,
et de la combustion et de la dégradation de la biomasse), à hauteur
de 15 %, et les chlorofluorocarbones (ou CFC, contenus dans les
solvants, les réfrigérants et les aérosols), à hauteur de 24 %.
L’oxyde nitreux (N2O, provenant des fertilisants, de la combustion
d’énergies fossiles, de la déforestation et de l’agriculture), les
oxydes d’azotes, le monoxyde de carbone et les hydrocarbures non méthaniques
contribuent également au réchauffement climatique, dans des proportions
moindres.
7. L’histoire nous apprend que la première personne à avoir établi,
dès 1896, une relation quantitative entre le CO2 et le climat a
été le chimiste suédois Svante Arrhenius. Il avait ainsi avancé
l’hypothèse qu’un doublement de la concentration de CO2 dans l’atmosphère
entraînerait une hausse des températures de l’ordre de 5 à 6°C.
Mais le vrai suivi scientifique à une vaste échelle n’a commencé
que dans les années 1960, lorsque s’est dégagé, parallèlement au
choc de la découverte du «trou de la couche d’ozone», un consensus sur
le fait que l’activité humaine provoquait une augmentation de la
température comprise entre 0,3 et 0,6°C. D’après des estimations,
la concentration de CO2 en 1990 était supérieure de 30 % à celle
de la période préindustrielle.
8. La théorie d’Arrhenius ne semble pas si fausse, si l’on en
croit les prévisions pour l’année 2050: selon les modèles, les émissions
annuelles de carbone seront comprises entre 2 et 20 Gt, ce qui signifierait,
selon le scénario le plus pessimiste, que la concentration en carbone
doublerait, d’ici à 2050, par rapport à la période préindustrielle.
Le PNUE prévoit que l’augmentation de la température au cours de
ce siècle sera comprise entre 1,4°C et 5,8°C, soit une augmentation
équivalente à celle qu’a connue la Terre depuis la dernière période glaciaire,
mais en cent fois moins de temps.
2. Réchauffement climatique
et catastrophes écologiques
9. Comme nous le savons tous,
le réchauffement climatique ne touchera pas toutes les régions du
monde de la même manière. En effet, certains facteurs liés à l’activité
de l’homme ont, par nature, des conséquences planétaires sur le
climat; d’autres ont des impacts qui varient d’une région à l’autre.
Ainsi, bien que le CO2 soit uniformément réparti sur la planète,
indépendamment du lieu d’émission, les effets des aérosols de sulfate, qui
compensent en partie le réchauffement, tendent à être plutôt régionaux.
Voici quelques-uns des critères qui aident à comprendre les prévisions
relatives aux incidences du réchauffement climatique:
- la latitude indique que le degré
prévu de réchauffement augmente généralement des tropiques vers
les pôles;
- les précipitations, qui dépendent également de la latitude,
risquent d’augmenter dans les régions circumpolaires, alors qu’elles
diminueront dans les régions proches des tropiques;
- l’emplacement des océans et des chaînes de montagne constitue
également un facteur important, car, d’après les prévisions, l’intérieur
des continents connaîtra un réchauffement plus important que les régions
côtières;
- les aspects les plus difficiles à évaluer sont la circulation
de l’atmosphère et des océans, ainsi que leurs régimes de variabilité.
10. L’impact des catastrophes écologiques dues au réchauffement
climatique, en termes de portée et de cible, sera ainsi différent
d’une région de la planète à l’autre, étant donné que chaque pays
présente des vulnérabilités spécifiques qui sont susceptibles d’aggraver
les conséquences. Il existe plusieurs facteurs de vulnérabilité
qui influent sur la capacité à anticiper une catastrophe, à y faire
face, à y résister et à s’en remettre. Ces facteurs sont la pauvreté
et la marginalisation, l’instabilité et les conflits sociaux, l’augmentation
de la population, le peuplement des zones côtières et des zones
d’inondation, la rapidité de l’organisation ou le manque de planification,
la surcharge des infrastructures et la dégradation de l’environnement.
Ce sont donc inévitablement les pays les plus pauvres qui sont les
plus vulnérables et les moins à même de faire preuve d’adaptation.
11. Cependant, certains impacts pourraient être bénéfiques pour
certains secteurs de l’agriculture et dans certaines régions.
2.1. Prévisions pour l’Europe
12. L’Europe connaît un réchauffement
plus rapide que le reste du monde, avec une augmentation de 0,95°C
depuis 1900, plus marquée en hiver qu’en été.
13. Ces changements, enregistrés à différents niveaux, montrent
qu’ils découlent d’exceptions possibles. Nous pouvons notamment
souligner les changements suivants:
- la température de l’air en Europe: au cours des cent dernières
années, elle a augmenté de 0,95°C, pour une moyenne mondiale de
0,2 à 0,7°C;
- les précipitations: les tendances annuelles en Europe
pour la période 1900-2000 montrent une opposition entre l’Europe
du Nord (10 à 40 % d’augmentation des précipitations) et l’Europe
du Sud (jusqu’à 20 % de diminution);
- les extrêmes météorologiques: au cours des cent dernières
années, le nombre des jours de froid et de gel a diminué dans la
plus grande partie de l’Europe, tandis que le nombre des jours avec
des températures supérieures à 25°C et des vagues de chaleur a augmenté;
- les glaciers: en Europe, huit régions de glaciers sur
neuf connaissent un recul, ce qui correspond à la tendance mondiale.
De 1850 à 1980, les glaciers des Alpes européennes ont perdu approximativement un
tiers de leur superficie et la moitié de leur masse. Depuis 1980,
20 à 30 % de la glace restante a disparu. Le recul actuel des glaciers
dans les Alpes atteint un niveau supérieur à celui des cinq mille dernières
années;
- enneigement: l’enneigement annuel de l’hémisphère Nord
a diminué d’environ 10 % depuis 1966. La période d’enneigement dans
l’hémisphère Nord a raccourci de 8,8 jours entre 1971 et 1994;
- élévation du niveau de la mer: le niveau des mers qui
entourent l’Europe s’est élevé d’entre 0,8 et 3,0 mm/an au cours
du siècle dernier;
- température à la surface des mers: depuis la fin du XIXe siècle,
la température moyenne à la surface des mers pour le monde entier
a augmenté de 0,6°C, ce qui correspond à l’augmentation de la température
de l’air. La Baltique, la mer du Nord et la mer Méditerranée ont
connu un léger réchauffement au cours des quinze dernières années,
d’environ 0,5°C;
- composition en espèces végétales: l’évolution du climat
au cours des trente dernières années a entraîné une diminution du
nombre d’espèces végétales à travers l’Europe, ainsi qu’une migration
de nombreuses espèces vers le nord.
14. Les extrêmes météorologiques enregistrés en Europe sont un
autre signe important qu’un réchauffement climatique d’origine humaine
s’est produit et se poursuit.
15. On peut citer plusieurs exemples de catastrophes étroitement
liées au changement climatique:
- Europe,
2003: la canicule a tué 33 000 personnes en Europe et entraîné 13
milliards d’euros de dommages. Elle a provoqué de terribles feux
de forêts dans le sud de l’Europe, qui ont détruit de vastes écosystèmes,
avec des effets considérables sur le tourisme. Les températures
extrêmement élevées ont entraîné une fonte sans précédent dans les
régions alpines, et la masse des glaciers a été réduite d’un dixième.
L’été 2003 a été le plus chaud des cinq cents dernières années;
- Italie, août 2004: les conditions météorologiques exceptionnelles
ont provoqué l’effondrement de certains des pics les plus célèbres
des Dolomites italiennes. Le processus d’érosion a été accéléré
par un été de tempêtes d’une violence inhabituelle et par un hiver
exceptionnellement froid et neigeux;
- Europe du Nord, 2005: les pays du nord de l’Europe ont
connu la tempête la plus rigoureuse depuis quarante ans, privant
d’électricité des centaines de milliers de foyers en Scandinavie,
en Lettonie, en Estonie et en Lituanie. Le nord de la Grande-Bretagne
a aussi été touché par cette tempête et a connu les plus fortes
inondations depuis des décennies;
- Roumanie, 2005: la plus forte inondation depuis quarante
ans a été suivie d’une deuxième inondation quelques mois plus tard.
Au total, 35 000 fermes et maisons ont ainsi été endommagées, et
les dégâts s’élèvent à 1 milliard d’euros.
16. Publié à la fin de l’hiver le plus chaud jamais enregistré
en Europe, le 4e rapport d’évaluation
du GIEC (intitulé «Changements climatiques 2007») confirme que l’on
observe déjà bon nombre des premières conséquences du changement
climatique sur le continent.
17. D’après les prévisions, les tendances pour le climat européen
sont les suivantes:
- température
moyenne en Europe: de 1990 à 2100, alors que la température moyenne
mondiale devrait augmenter de 1,4 à 5,8°C, la température de l’Europe
augmentera de 2 à 6,3°C. Le réchauffement supérieur en Europe du
Nord en hiver entraînera la disparition des hivers extrêmement froids
d’ici à 2080. Un réchauffement de plus en plus important et intense
en été touchera la région méditerranéenne;
- précipitations: les projections pour l’Europe indiquent
une augmentation de 1 à 2 % par décennie des précipitations annuelles
dans la plus grande partie de l’Europe du Nord et une diminution
pouvant aller jusqu’à 1 % par décennie en Europe méditerranéenne
(en été, des diminutions de 5 % par décennie sont possibles);
- précipitations et agriculture: les climats plus tempérés
et plus humides dans les pays du Nord vont profiter à l’agriculture
et entraîner une migration de la production agricole vers ces pays,
mais ils aboutiront aussi à une élévation du niveau de la mer et
à une réduction des terres émergées dans d’autres régions du continent;
- sécheresses: un climat plus chaud, plus sec et davantage
sujet aux sécheresses en Europe du Sud, région déjà chaude et semi-aride,
devrait se solder par une sérieuse pénurie d’eau, réduisant ainsi
les moyens de subsistance et provoquant une diminution de la biodiversité
et une augmentation des feux de forêt;
- recul des glaciers: des précipitations sous forme de pluie
au lieu de neige, dans des régions qui, actuellement, sont enneigées
en hiver, entraîneront une baisse de 20 à 30 % de la quantité de
neige et un raccourcissement de la saison des neiges, avec des conséquences
considérables pour le tourisme;
- enneigement: sur le long terme, des glaciers européens
disparaîtront (jusqu’à 60 % dans certaines régions d’ici à 2080,
d’après les scénarios prévoyant les taux d’émissions les plus élevés).
Cela aggravera également la sécheresse en été, la quantité d’eau
résultant de la fonte des neiges étant moins importante;
- températures et précipitations extrêmes: le transport
de vapeur d’eau des basses latitudes vers les hautes latitudes augmentera
le risque d’inondations dues à des cyclones (comme celle qui a eu
lieu en Europe centrale en août 2002), de vagues de chaleur (la
canicule de l’été 2003, par exemple, qui a entraîné 15 000 décès
supplémentaires pour la seule France), de feux de forêt et de propagation
de maladies autrefois tropicales (la malaria, par exemple). On assistera
à une augmentation pouvant aller jusqu’à 25 % de l’activité orageuse
dans les pays d’Europe centrale et occidentale situés près de l’océan Atlantique;
- élévation du niveau de la mer: les prévisions pour la
période 1990-2100 indiquent une élévation de 2,2 à 4,4 fois supérieure
à celle du XXe siècle et le niveau de
la mer devrait continuer de s’élever pendant des siècles;
- température à la surface des mers: il est très probable
que le réchauffement des mers soit inférieur à celui des terres.
D’ici à 2100, la température à la surface des mers pour le monde
entier devrait avoir augmenté de 1,1 à 4,6°C par rapport à son niveau
de 1990;
- composition en espèces végétales: il y aura une nouvelle
migration des espèces végétales vers le nord et un grand nombre
d’espèces pourraient disparaître à l’occasion des changements climatiques
à venir.
18. Toutes ces évolutions ont des conséquences directes sur la
santé et la sécurité humaines; elles concerneront l’ensemble du
continent européen.
19. Toutefois, d’après les prévisions, le nord et le sud de l’Europe
ne devraient pas réagir de la même manière au réchauffement climatique,
le sud risquant d’être plus affecté que le nord.
20. Les changements se produisent à une vitesse telle que les
Européens doivent mettre en place des stratégies d’adaptation à
un climat hostile. L’objectif durable fixé à l’Europe est de limiter
l’augmentation de la température à 2°C par rapport aux températures
de la période préindustrielle. Ce chiffre devrait toutefois être dépassé
d’ici à 2050.
2.2. Prévisions pour la région
arctique
21. L’Arctique est la région qui
suscite le plus d’inquiétude. Elle connaît en effet un réchauffement
deux fois plus rapide que la moyenne mondiale et bon nombre des
conséquences de ce réchauffement auront de graves répercussions
sur d’autres régions de la planète. Le rapporteur renvoie à ce sujet
au rapport de l’Assemblée sur la situation spécifique de l’environnement
en région arctique (rapporteur: M. Vladimir Grachev), débattu conjointement
avec le présent rapport.
22. Depuis 1980, la partie européenne de l’Arctique a perdu entre
20 et 30 % de ses glaces de mer. De fait, la banquise de l’océan
Arctique diminue chaque été et la couche de glace restante s’affine.
La mer absorbant plus de chaleur que la glace, la fonte s’accentue
par rétroaction.
23. En outre, on prévoit un dégel de l’ordre de 20 à 35 % du pergélisol
de l’Arctique d’ici à 2050, ce qui devrait avoir localement des
répercussions sur les infrastructures, l’économie et le logement,
entraînant, selon le scénario le plus pessimiste, une réinstallation
coûteuse des populations. Sur le plan économique, le réchauffement
climatique affectera autant les deux extrémités du spectre – par
exemple, les compagnies pétrolières internationales et les communautés
de chasseurs inuits: l’infrastructure des pipelines sera très probablement
endommagée et, en raison de l’instabilité croissante de la glace,
il sera nécessaire de trouver de nouvelles pistes de chasse. De
plus, le dégel du pergélisol entraînera des risques très sérieux
dans les régions où le gélisol renferme des matériaux toxiques (dépôts
de méthane).
24. En outre, l’augmentation des températures de 3°C, associée
à la diminution des glaces de mer et au dégel du pergélisol, entraînera
une érosion de 3 à 5 m supplémentaires en Sibérie occidentale. Par
ailleurs, 10 à 50 % de la toundra arctique pourrait être remplacée
par de la forêt d’ici à 2100 et les étroites bandes de toundra situées
dans les parties russe et européenne de l’Arctique devraient disparaître.
25. Néanmoins, on pourrait être tenté de penser que les changements
climatiques auraient certaines conséquences positives qui amélioreraient
les conditions de vie de l’homme, parce qu’elles permettraient,
par exemple, l’expansion de l’agriculture et de la sylviculture
dans certaines régions. En outre, la diminution des glaces de mer
ouvrirait davantage l’Arctique à la navigation, tout en permettant
l’exploitation du pétrole et du gaz, et l’installation de pêcheries.
Toutefois, ce dont il faut se souvenir, c’est que les moyens de
subsistance des communautés arctiques et des populations autochtones
sont étroitement liés à leur environnement actuel et les points
positifs mentionnés ci-dessus pourraient se révéler décevants en
raison de l’apparition de nouveaux ravageurs et maladies, et de
modifications de la biodiversité estuarienne et marine en raison
du réchauffement planétaire.
26. Enfin, la fonte totale des inlandsis du Groenland et de l’Antarctique
occidental ferait monter le niveau de la mer de 7 et 5 m, respectivement.
C’est pourquoi il importe d’attirer l’attention sur les conséquences
qu’aurait le dégel du pergélisol dans le monde, et en particulier
pour les pays du nord de l’Europe et ceux des îles du Pacifique.
2.3. Pénuries d’eau et agriculture
27. Parmi les conséquences les
plus graves du réchauffement climatique, beaucoup frapperont les
pays qui ont le moins contribué à ce phénomène, c’est-à-dire par
exemple les pays les moins avancés (PMA) d’Afrique, d’Asie du Sud-Est
et des îles du Pacifique. Non seulement ces pays sont ceux qui contribuent
le moins aux émissions de carbone, mais ils sont aussi les plus
vulnérables et n’ont très souvent pas les moyens économiques, sociaux,
techniques et environnementaux de développer une capacité d’adaptation.
28. D’après les prévisions, d’ici à 2020, 75 à 200 millions d’Africains
seront confrontés à un stress hydrique croissant dû aux changements
climatiques. A l’échelle de la planète, ce sont 1 à 3,5 milliards
de personnes qui seront concernées d’ici à 2080, soit un tiers de
la population mondiale (chiffres fournis par l’ONG Christian Aid).
29. Les déserts seront aussi soumis à des pressions considérables
au cours des prochaines années. Ainsi, les changements des régimes
de précipitations et de températures affecteront les régimes hydriques
de manière irréversible, ce qui aggravera le déficit en eau, les
sécheresses, l’érosion et l’hétérogénéité des écosystèmes désertiques.
A cet égard, il a été estimé que la désertification augmenterait
probablement de 25 % d’ici à 2025. D’ailleurs, même les déserts
alimentés en eau par la fonte des neiges ou de la glace, tels que
ceux de l’Asie centrale ou des contreforts des Andes, seront touchés,
car la couverture neigeuse s’amenuisera, ce qui entraînera une diminution
des eaux de ruissellement.
30. L’infiltration d’eaux maritimes dans les eaux souterraines,
induite par l’élévation du niveau de la mer, pourrait aussi dégrader
les aquifères souterrains, ce qui obligerait ainsi à investir davantage
dans le dessalement. Ces pénuries d’eau, avec leurs conséquences
sur le potentiel agricole et industriel, affecteraient donc gravement
les possibilités de développement de nombreuses régions.
31. Evidemment, pour la plupart des pays les moins avancés, ces
évolutions auront pour conséquences des pénuries de nourriture liées
à la baisse de la production agricole et à la diminution de la pêche,
ce qui ne fera qu’aggraver la vulnérabilité des populations locales.
32. Pour ce qui concerne les îles du Pacifique, comme on l’a vu
plus haut, l’effet le plus notoire sera l’élévation sans précédent
du niveau de la mer, ce qui rendra plus vulnérables encore les 2
à 7 millions de personnes touchées du fait des répercussions sur
leurs terres agricoles, le tourisme et les infrastructures. Le scénario
le plus pessimiste prévoit une montée du niveau de la mer égale
à 1 m. Si ce scénario se réalise, des études montrent qu’il aurait
très probablement pour conséquences des inondations, l’érosion et
l’intrusion d’eaux maritimes dans les aquifères, entraînant un coût
à la fois économique et social supérieur aux capacités de ces pays.
En outre, des changements dans les régimes de précipitations (c’est-à-dire
une augmentation des précipitations dans le nord-est du Pacifique
et une baisse de ces dernières au sud-ouest) et l’augmentation de
la fréquence et de l’intensité des phénomènes cycloniques viendraient
aggraver la situation.
33. Ainsi, les effets du réchauffement climatique menacent l’existence
même de nombreuses îles de faible altitude, telles les îles Tuvalu,
que l’élévation du niveau de la mer rendra complètement inhabitables.
34. L’aggravation du climat extrême des déserts et le risque de
submersion des îles de faible altitude soulèvent la question redoutable
des réfugiés écologiques. D’après l’ONG Christian Aid, qui a publié
en mai 2007 un rapport intitulé «Human Tide, the real migration
crisis» (Marée humaine: la véritable crise migratoire), si aucune
mesure effective n’est prise pour combattre les changements climatiques,
le réchauffement de la planète aura pour conséquence directe, d’ici
à 2050, d’engendrer 1 milliard de réfugiés. Il n’est pas difficile d’imaginer
les tensions économiques et sociales qu’engendreraient le déplacement
puis la réinstallation d’un milliard de personnes sur notre petite
planète. Ce processus a d’ailleurs déjà débuté, avec les réfugiés écologiques
qui fuient dès à présent les îles Tuvalu, de plus en plus confrontées
depuis 2002 à l’infiltration d’eaux salines, à des cyclones, à la
sécheresse et à l’érosion côtière. Ces populations, déplacées pour
des raisons environnementales, ont, jusqu’à présent, été rejetées
par certains pays voisins, tels que l’Australie, et sont traitées
comme des demandeurs d’asile illégaux. Au contraire, d’autres pays
voisins, et notamment la Nouvelle-Zélande, les ont accueillies avec
plus de considération et d’humanité.
35. Pendant de nombreuses années, on a tardé à prendre des mesures
contre l’effet de serre parce que, si l’origine du phénomène était
connue, il subsistait des incertitudes quant au lien de cause à
effet entre les gaz à effet de serre et les dérèglements de l’environnement.
Il restait également à définir l’étendue des catastrophes écologiques
possibles, car les modèles climatiques et les prévisions n’étaient
pas fiables. Des progrès ont été effectués dans l’acquisition et
l’analyse des données, ce qui a permis de couvrir une zone géographique
plus étendue et de lever une partie des incertitudes qui subsistaient.
Cependant, à l’heure actuelle, plutôt que de parler de prévisions
de modèles climatiques, nous pouvons parler de faits, car de nombreuses
conséquences de l’effet de serre sont déjà perceptibles.
36. Pour reprendre les paroles de Keith Allot, directeur du programme
sur le changement climatique du WWF (World Wildlife Fund, Fonds
mondial pour la nature), «nous n’avons plus le temps de tergiverser.
Le changement climatique est bel et bien là; il fait des morts et
détruit la biodiversité, qui est essentielle à notre survie. Les
scientifiques disent que les effets des changements climatiques
se font déjà sentir aux niveaux régional et mondial, et que la situation
ne fera qu’empirer. Nous sommes donc confrontés à une urgence mondiale,
à laquelle il nous faut apporter d’urgence une réponse mondiale.
(…) L’une des raisons pour lesquelles la crise du climat n’est pas
traitée de manière aussi urgente qu’il le faudrait est que la plupart
des gens pensent que le réchauffement climatique est un processus
qui se déroule très lentement».
3. Action
3.1. Atténuation ou adaptation?
37. Les activités d’atténuation
ont pour objet d’aider à prévenir ou à réduire l’impact environnemental, humain
et économique d’une catastrophe naturelle. Un tel concept pose la
question du traitement des changements climatiques. Par exemple,
qui devrait être chargé de la lourde tâche de réduire les émissions
de gaz à effet de serre? Quelles autres stratégies pourraient être
mises en œuvre pour réduire la concentration de CO2 dans l’atmosphère?
Etc.
38. A cet égard, il est important de garder à l’esprit que, si
aucune mesure n’est prise pour atténuer les changements climatiques,
ces derniers dépasseront probablement, à long terme, la capacité
des systèmes naturels et humains à s’adapter. Même les efforts les
plus acharnés pour tenter d’atténuer ces effets ne pourront empêcher
les nouvelles conséquences des changements climatiques dans les
années à venir. C’est pourquoi l’adaptation est essentielle, notamment
pour faire face aux impacts à court terme. De fait, l’adaptation sera
nécessaire pour faire face aux conséquences du réchauffement climatique
qui résultent déjà inéluctablement des émissions passées.
39. De plus, les mesures d’adaptation peuvent s’appuyer sur l’expérience
acquise face aux phénomènes climatiques extrêmes, dans le cadre
d’une mise en œuvre spécifique des plans d’adaptation proactifs
visant à gérer les risques de changements climatiques. Toutefois,
cette adaptation doit s’effectuer par anticipation, faute de quoi
elle aura un coût supérieur et une moindre faisabilité.
40. Pour anticiper les effets des changements climatiques, l’une
des solutions consiste à améliorer la capacité d’adaptation d’un
pays donné, ce qui peut passer, par exemple, par la réduction de
la pauvreté, l’amélioration de l’éducation et de l’information,
par une participation élevée et représentative dans les processus
de décision ou encore par le fait d’accorder un caractère prioritaire
aux réponses intégrées.
41. En conclusion, ce débat qui oppose l’atténuation à l’adaptation
nous conduit à nous poser la question de savoir quels sont les pays
qui devraient prendre en charge les coûts de l’adaptation et quels
sont ceux qui devraient réduire leurs émissions. Pour répondre à
ces questions, la partie suivante propose une brève évaluation du
Protocole de Kyoto et s’interroge sur ce qui devrait être fait pour
améliorer l’impact de ce dernier sur la réduction du réchauffement
climatique.
3.2. Les limites du Protocole
de Kyoto
42. Le Protocole de Kyoto, mis
au point en 1997, engage les pays développés et diffère l’engagement
des pays les moins avancés (voir l’annexe B du protocole). Certains
ont considéré que le protocole, parce qu’il établit pour chaque
pays industrialisé des limites légalement contraignantes et chiffrées
en matière d’émissions de GES, constitue une grande avancée. Toutefois,
de nombreux autres facteurs, aujourd’hui, donnent à penser que ce
traité, tel qu’il s’applique actuellement, ne tient pas compte des
déséquilibres relatifs à la puissance économique des pays, ni des
questions historiques.
43. Premièrement, les Etats-Unis, le plus grand pollueur au monde,
reste le dernier des pays les plus développés à refuser de ratifier
le protocole, alléguant que le fait de s’engager à réduire leurs
émissions de GES porterait préjudice à leur économie. Cette situation
réduit considérablement l’efficacité du traité. La récente ratification
du Protocole de Kyoto par l’Australie, le plus grand exportateur
mondial de charbon, est une excellente nouvelle.
44. Deuxièmement, le Protocole de Kyoto prévoit actuellement trois
mécanismes qui permettent aux pays industrialisés de ne pas réduire
leurs émissions de GES. En effet, les objectifs des différents pays
s’équilibrent, conformément au système d’échange des droits d’émissions,
qui autorise les pays du Nord à émettre entre 92 et 108 % du niveau
d’émission de l’année 1992. D’après Greenpeace, ces mécanismes permettront
aux pays industrialisés d’augmenter leurs émissions de 0,3 %, plutôt
que de les obliger à les réduire de 5,2 %. En outre, les deux autres
mécanismes, à savoir le Mécanisme pour un développement propre et
la Mise en œuvre conjointe, permettent de diminuer davantage les
objectifs de réduction si les pays s’engagent, en contrepartie, à
mettre en œuvre des projets d’atténuation dans les pays non visés
à l’annexe B et ceux visés à l’annexe B, respectivement.
45. Troisièmement, beaucoup considèrent que l’adoption du Mécanisme
pour un développement propre ne fait qu’aggraver la controverse
sur les inégalités, car bon nombre de ces projets d’atténuation
consistent à consacrer des terres et des forêts à des puits de carbone.
Ils sont lancés à l’initiative des pays du Nord et posent des problèmes
politiques. D’une part, il est difficile d’évaluer leur potentiel
de piégeage et des incertitudes subsistent concernant les pertes
possibles (la plantation de forêts et leur protection ne font-elles que
déplacer la déforestation ailleurs?). D’autre part, la solution
des puits peut détourner l’attention et faire oublier les stratégies
d’atténuation, pourtant éminemment nécessaires. De plus, on risque,
pour ce faire, de prendre des terres agricoles ou appartenant aux
populations locales, renforçant ainsi les structures de pouvoir néocolonialistes.
46. A l’heure actuelle, les pays les moins avancés n’ont pas d’objectifs
de réduction des émissions de GES pour plusieurs raisons liées à
leur passé (ils sont les moins responsables du réchauffement climatique
actuel), à leur droit au développement (les réductions d’émissions
ne doivent pas être utilisées afin de freiner leur développement)
et au fait qu’ils ne disposent pas des technologies nécessaires
pour atténuer leurs émissions. Néanmoins, la Terre est exposée à
de sérieuses menaces dont l’impact se fera très probablement sentir
en premier lieu et de la manière la plus importante dans les pays
en voie de développement, qui devraient devenir les plus gros pollueurs
dans les prochaines années. Aussi ces derniers devront-ils également
être soumis à des mesures visant à la réduction de leurs émissions.
La Chine, par exemple, a ratifié le Protocole de Kyoto à condition
de ne pas être obligée de réduire ses émissions pour l’instant.
Toutefois, à l’instar de l’Inde et de la Corée du Sud, elle s’oppose
catégoriquement à l’idée d’objectifs contraignants pour les pays
en voie de développement.
47. En échange d’objectifs juridiquement contraignants, les pays
les moins avancés demandent à ce que les pays du Nord leur transfèrent
les technologies nécessaires à la réduction des émissions. Voilà
un nouveau point critique qui oppose les deux camps. Les pays développés
sont hostiles à cette solution qui, d’après eux, n’est pas réalisable
(parce que les technologies appartiennent au secteur privé) et risquerait
d’entraîner une diminution des investissements dans la recherche
et le développement.
3.3. Conférence des Nations Unies
sur le changement climatique, Bali, 3-14 décembre 2007
48. La 13e Conférence
des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques
(CCNUCC) et la 3e réunion des Parties
au Protocole de Kyoto se sont tenues à Bali, en Indonésie, du 3
au 14 décembre 2007.
49. La conférence, accueillie par le Gouvernement indonésien,
a rassemblé plus de 10 000 participants incluant des représentants
de plus de 180 pays, des observateurs d’organisations intergouvernementales
et non gouvernementales, et des journalistes.
50. La conférence faisait suite à la publication, le 17 novembre
2007, du 4e rapport du groupe de travail 1 du
Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC),
qui confirmait la gravité des menaces pesant sur notre planète à
cause du changement climatique.
51. Un premier pas important a été franchi lorsque l’Australie
a annoncé le premier jour de la conférence qu’elle ratifierait le
Protocole de Kyoto, ce qui a certainement infléchi le cours des
négociations. Les Etats-Unis sont désormais le seul grand pays développé
qui refuse de ratifier le protocole.
52. Malgré les faibles chances de succès et la participation du
gouvernement Bush, les résultats ont été au-delà de ce que l’on
pouvait raisonnablement attendre et prévoient:
- un accord de principe sur une
cible de réduction de 50 % des émissions de gaz à effet de serre
en 2050;
- un accord sur la négociation d’un pacte contraignant en
2009, une fois que le gouvernement Bush aura quitté le pouvoir,
et le réexamen des objectifs à court terme;
- un accord sur l’aide aux pays en développement en matière
d’atténuation du changement climatique et d’adaptation à ce changement;
- un accord avec la Chine sur la poursuite d’actions mesurables,
descriptibles et vérifiables, visant à réduire les émissions de
gaz à effet de serre.
53. Si l’on peut regretter l’absence d’accord sur des objectifs
chiffrés à court terme à l’issue des négociations qui viennent de
s’achever, la conférence a cependant débouché sur l’adoption de
la feuille de route de Bali qui planifie le déroulement d’une nouvelle
série de négociations devant aboutir en 2009 et finalement conduire
à un accord international sur le changement climatique après 2012.
54. Parmi les éléments centraux de la feuille de route, figurent
des choix innovants tels que la création d’un fonds d’adaptation
et des décisions en matière de transferts de technologie et de réduction
des émissions de gaz à effet de serre dues à la déforestation.
55. Les autres décisions prises par la Conférence de Bali sont
consultables sur le site web de la CCNUCC à l’adresse suivante:
http://unfccc.int/2860.php (en anglais uniquement).
4. Conclusions
56. Le WWF a réaffirmé l’urgence
de la situation dans son rapport intitulé «Vision énergétique du
WWF pour 2050», présenté le 15 mai 2007. L’organisation démontre
qu’il est encore possible d’éviter des changements climatiques qui
s’avéreraient catastrophiques, mais que le monde ne dispose que
de cinq ans pour agir, les principaux changements en matière d’énergie
devant ainsi intervenir avant 2012.
57. Le rapporteur renvoie en particulier aux résolutions et recommandation
suivantes de l’Assemblée parlementaire:
Résolution 1243 (2001) relative au Protocole de Kyoto sur les changements climatiques: nécessité
d’un engagement international solidaire;
Résolution 1292 (2002) relative au Sommet mondial sur le développement durable:
dix ans après Rio;
Recommandation
1594 (2003) sur le suivi du Sommet mondial sur le développement
durable: un défi commun; et
Résolution
1406 (2004) sur le réchauffement climatique: au-delà de Kyoto.
58. Les plans d’action généraux pour la mise en œuvre du Protocole
de Kyoto s’appuient sur des mesures, d’une part, de réduction des
émissions de gaz à effet de serre et, d’autre part, d’absorption
de ces gaz. A cette fin, il est nécessaire d’encourager et de développer
le deuxième moyen, par son importance, de lutte contre le changement
climatique, à savoir le piégeage et le stockage du dioxyde de carbone
par la biomasse. A cet égard, le rapporteur rappelle la
Résolution 1552 (2007) de l’Assemblée sur le piégeage du dioxyde de carbone pour
lutter contre les changements climatiques.
59. Il conviendrait de renforcer les mécanismes d’application
du Protocole de Kyoto en imposant des sanctions plus sévères aux
pays qui ne respectent pas ses dispositions, en portant leur nom
sur une liste noire en cas de rapport défavorable, etc., et tous
les gouvernements doivent s’engager dans le nouveau processus de
négociation à conclure d’ici à 2009 qui mènera à un accord international
«après-Kyoto» 2012 sur les changements climatiques.
60. L’Assemblée devrait soutenir les travaux du Forum directif
pour la séquestration du carbone – avec la participation notable
des Etats-Unis – dont les participants coopèrent à la promotion
des technologies qui peuvent réduire les émissions de gaz à effet
de serre des centrales électriques qui utilisent du charbon, et produire
de l’hydrogène destiné à servir de source d’énergie, en particulier
dans le secteur des transports.
61. Les efforts doivent être renforcés en matière de mise en œuvre
de mécanismes efficaces pour la promotion des nouveaux processus
technologiques qui contribuent au piégeage du carbone et à la conservation
des ressources énergétiques.
62. L’Union européenne devrait donner l’exemple en harmonisant
les politiques énergétiques et en s’engageant à réduire ses émissions
de GES d’au moins 30 % par rapport aux niveaux d’émissions de CO2 de
l’année 1990 d’ici à 2020, en vue de limiter le réchauffement à
une augmentation de 2°C par rapport aux températures de la période
préindustrielle.
63. De plus, tous les pays du monde devraient s’engager à réduire
leurs émissions de 50 % d’ici à l’an 2050 en signant un traité pour
la période de l’après-2012. Cela implique toujours, pour commencer,
que les Etats-Unis ratifient le Protocole de Kyoto et que les pays
les moins avancés, qui seront les plus gros pollueurs dans les cinquante
prochaines années (notamment la Chine, l’Inde, le Brésil et la Corée
du Sud), s’engagent dans la deuxième phase des négociations.
64. Par ailleurs, il est nécessaire d’améliorer les mécanismes
actuels du Protocole de Kyoto, à la lumière de l’expérience acquise
au fil des années. Ainsi, pour garantir la réussite du mécanisme
des échanges des droits d’émissions, il est nécessaire de définir
clairement les droits de propriété et de mettre en place des systèmes de
comptabilité efficaces. Il s’agit de parvenir à surmonter les difficultés
liées à l’impossibilité de quantifier les stocks de carbone et de
mesurer les émissions de chaque entreprise, individu, gouvernement,
etc. Des systèmes de comptabilité intergouvernementaux doivent aussi
être établis afin de garantir le suivi des objectifs pour les pays
les plus pollueurs, mais aussi pour les pays moins avancés.
65. Il est urgent de renforcer les efforts visant à réduire les
émissions mondiales de gaz à effet de serre et de développer des
processus nouveaux et économiquement avantageux visant à réduire
le volume de dioxyde de carbone libéré par les centrales électriques
au charbon. Des solutions innovantes sont nécessaires pour la production
commerciale et l’utilisation d’énergies propres pour la production
d’électricité et en tant que sources d’énergie pour l’industrie
et les transports. La poursuite des recherches doit être soutenue
dans des domaines tels que la séquestration du carbone, la production
et le stockage d’hydrogène, la conversion de la biomasse, la gazéification,
les technologies des carburants propres et les technologies d’épuration
des gaz.
66. Outre les gouvernements, tous les acteurs doivent être associés,
à tous les niveaux, à la lutte contre les changements climatiques:
les ONG, la société civiles, les pouvoirs locaux et régionaux, les
sociétés et groupes financiers internationaux, etc.
67. Il serait bon que des investissements étrangers et des transferts
de technologie soient effectués, «à des conditions favorables» (par
le biais de joint ventures ou
de financements publics, par exemple), dans le cadre du Mécanisme
pour un développement propre, afin d’impliquer les pays les moins
avantagés dans les objectifs de réduction d’émissions de GES.
Références
Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat
(GIEC) 2007, 4e rapport d’évaluation
du GIEC «Changements climatiques 2007» (http://www.ipcc.ch).
Christian Aid, 2007, «Human tide: the real migration crisis»
(http://www.christianaid.org.uk).
GIEC, 2007, «Bilan 2007 des changements climatiques: conséquences,
adaptation et vulnérabilité, Résumé à l’attention des décideurs»
(http://www.ipcc.ch).
Stockholm Environment Institute, The World Conservation Union,
the International Institute for Sustainable Development, Worldwatch
Institute, 2007, «Adapting to climate change: Natural Resource Management
and Vulnerability reduction» (http://www.wri.org).
Organisation des Nations Unies, 2007, «On better terms – A
Glance at the Key Climate Change and Disaster Risk Reduction Concepts», Consultation Version.
Programme des Nations Unies pour l’environnment (PNUE), 2007,
«Adaptation to climate change key challenge for Artic People and
Artic Economy», Press Release April 2007 (http://www.unep.org).
PNUE, 2007, «Europe set for warmer northern winters, hotter
southern summers and worsening drought and floods», Press Release
April 2007 (http://www.unep.org).
PNUE, 2006, «Deserts will confront growing pressure in the
coming decades» (http://www.unep.org/geo/gdoutlook/007.asp).
WWF, 2007, «Stormy Europe, the power sector and extreme weather»
(http://www.wwf.org.uk/).
WWF, 2007, «Climate change: five years left to change the
world» (http://www.wwf.org.uk/news/n_0000003917.asp).
WWF, 2007, «Climate change; time to prevent biggest disaster
in history» (http://www.wwf.org.uk/news/n_0000003767.asp).
CESAP-ONU, 2000, «Climate change and the Pacific Islands»
(http://www.unescap.org/mced2000/pacific/background/climate.htm).
Commission chargée du rapport: commission de l’environnement,
de l’agriculture et des questions territoriales.
Renvoi en commission: Doc. 11199 et Renvoi no 3334 du 16 avril
2007.
Projet de recommandation adopté à l’unanimité par la commission
le 20 décembre 2007.
Membres de la commission: M. Walter Schmied (Président),
M. Alan Meale (1er Vice-Président),
M. Pasquale Nessa (2e Vice-Président),
M. Ruhi Açikgöz, M. Milos Aligrudić, M. Gerolf Annemans, M. Ivo
Banac, M. Tommaso Barbato, M. Rony Bargetze, M. Paul Bradford (remplaçante:
Mme Cecilia Keaveney),
M. Ivan Brajović, M. Mauro Chiaruzzi, Mme Pikria
Chikhradze, M. Valeriu Cosarciuc, M. Osman Coşkunoğlu, M. Taulant
Dedja, M. Hubert Deittert,
M. Tomasz Dudziński, M. József Ékes, M. Savo Erić, M. Bill Etherington, M. Nigel Evans, M. Iván Farkas, M. Adolfo Fernández Aguilar, M. György Frunda,
Mme Eva Garcia Pastor, M. Konstantinos
Gioulekas, M. Peter Götz, M. Vladimir Grachev,
M. Rafael Huseynov, M. Stanisław Huskowski, M. Jean Huss, M. Fazail Ibrahimli, M. Ilie Ilaşcu, M. Mustafa Ilicali, Mme Fatme
Ilyaz, M. Ivan Ivanov, M. Bjørn Jacobsen, M. Gediminas Jakavonis, Mme Danuta
Jazłowiecka, M. Victor Kolesnikov, M. Juha Korkeaoja, M. Gerhard
Kurzmann, M. Dominique Le Mèner, M. François Loncle, M. Aleksei
Lotman, Mme Kerstin Lundgren, M. Theo
Maissen (remplaçant: M. John Dupraz),
Mme Maria Manuela de
Melo, M. José Mendes Bota, M. Vladimir Mokry, M. Stefano
Morselli, M. Tomislav Nikolić, Mme Carina Ohlsson, M. Pieter Omtzigt, M. Germinal
Peiro, M. Ivan Popescu, M. Cezar
Florin Preda, M. Jakob Presečnik, M. Lluís Maria de Puig, M. Jeffrey Pullicino Orlando,
Mme Adoración Quesada Bravo (M. Gabino Puche), M. Dario Rivolta, M. René Rouquet, Mme Anta
Rugāte, M. Fidias Sarikas, M. Herman Scheer, M. Andreas Schieder, M. Mher Shahgeldyan,
M. Steingrímur J. Sigfússon, M. Hans Kristian Skibby, M. Ladislav
Skopal, M. Christophe Spiliotis-Saquet, M. Rainder Steenblock, M. Vilmos
Szabó, M. Bruno Tobback, M. Nikolay Tulaev,
M. Victor Tykhonov, M. Tomas Ulehla, M. Rudolf Vis, M. Harm Evert Waalkens, M. Mykola Yankovskyi,
Mme Maryam Yazdanfar, M. Blagoj Zasov,
Mme Roudoula Zissi.
N.B. Les noms des membres présents à la réunion sont indiqués
en gras.
Voir 4e séance, 22 janvier 2008
(adoption du projet de recommandation amendé); et Recommandation 1823.