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Proposition de résolution | Doc. 10323 | 15 octobre 2004

L’araméen, la langue de Jésus

Signataires : Mme Carina HÄGG, Suède ; Mme Manuela AGUIAR, Portugal, PPE/DC ; Mme Helena BARGHOLTZ, Suède ; Mme Kaarina DROMBERG, Finlande ; Mme Lydie ERR, Luxembourg, SOC ; Mme Irina KROHN, Finlande ; Mme Fausta MORGANTI, Saint-Marin ; Mme Hermine NAGHDALYAN, Arménie, ADLE ; Mme Carina OHLSSON, Suède, SOC ; Mme Antigoni PAPADOPOULOS, Chypre ; Mme Naira SHAKHTAKHTINSKAYA, Azerbaïdjan, GDE ; Mme Ruth-Gaby VERMOT-MANGOLD, Suisse ; Mme Tana de ZULUETA, Italie

Cette proposition n'a pas été examinée par l'Assemblée et n'engage que ses signataires.

L’araméen est surtout connu comme la langue de Jésus. Cette langue sémitique, originaire de la région du cours moyen de l’Euphrate, avait essaimé jusqu’en Syrie et en Mésopotamie entre 800 et 600 avant Jésus- Christ. Les inscriptions les plus anciennes parvenues jusqu’à nous sont de cette période et sont écrites en araméen ancien. Sous l’Empire perse, l’araméen devint l’une des langues officielles, dans sa version connue aujourd’hui sous le nom d’araméen biblique. Les textes arabes de l’Ancien Testament sont écrits dans cette langue, tout comme la Peshitta, une traduction de la Bible remontant à 100-200 après Jésus-Christ.

Après la naissance de Jésus, les dialectes araméens furent utilisés comme langue littéraire par des groupes juifs, chrétiens et gnostiques, et ils sont encore aujourd’hui la langue liturgique des juifs et de chrétiens d’Orient qui se qualifient eux-mêmes d’assyriens, de syriaques, de chaldéens et de nestoriens, ainsi que des mandéens. Ces dialectes se classent en deux branches: l’araméen occidental et l’araméen oriental.

La conquête musulmane allait signer le déclin de l’araméen en tant que langue parlée, au profit de l’arabe. De nos jours, quelque 3 millions de gens parlent encore l’araméen (les trois dialectes – ceux parlés dans la région du Tour’Abdin et du lac d’Urmia, et le néomandéen – se fondent sur des formes d’araméen oriental, le dialecte parlé dans la région de Maaloula, en Syrie, sur une forme d’araméen occidental). Seuls l’assyrien et le dialecte de la région d’Urmia ont une forme écrite. La graphie de l’araméen, fondée sur une version de l’alphabet phénicien, a inspiré celles de l’hébreu et de l’arabe qui en sont une variante.

L’étude de l’araméen est importante en linguistique et en philosophie, mais pertinente aussi pour d’autres disciplines en sciences humaines, telles que l’histoire, les études de culture et de civilisation, et les études comparées de religion et de littérature. Or, cette langue est menacée d’extinction dans les régions d’où elle est originaire. Il est urgent d’enquêter sur le statut et la situation de cette langue et sur le soutien dont elle a besoin pour se développer et survivre.

Ces dernières décennies, les immigrants ont apporté avec eux l’araméen et ses traditions dans divers pays, mais, dans le même temps, les groupes parlant la langue d’origine ont vu leur nombre diminuer et la transmission de ces traditions aux générations suivantes en a été rendue plus difficile. Pour ceux dont il est la langue maternelle, l’araméen est important à la fois comme forme de communication et comme tradition. De plus, il est essentiel pour des études de théologie dans les domaines du judaïsme, de l’Eglise chrétienne primitive et de l’islam. Toutefois, actuellement, l’araméen n’a pas de «territoire d’attache»; il n’existe pas de centre chargé de cette langue. Pour pouvoir diffuser la langue écrite et faire en sorte que cette langue survive, il faut que les pays en prennent la responsabilité et coopèrent, que des centres soient établis pour son enseignement et qu’un dialogue soit instauré avec les groupes qui la parlent.